Sonnés, aucun de hommes ne parvînt à comprendre ce qu'il venait de se passer. Allongés sur la plage, chacun d'eux s'éveilla de leur brève inconscience dans un capharnaüm de cris et gémissements, leurs corps tremblant frénétiquement à mesure qu'une gerbe de sang jaillissait brusquement de leurs tympans. Terrassés par la douleur de leurs acouphènes, leurs mains s'enfoncèrent dans le sable, leurs lèvres se pincèrent avec hargne, leurs traits se défigurèrent d'une grimace et leurs visions se troublèrent sous l'élan de leur mal. Un mal étrange, vif et cinglant… un mal électrisant, vicieux et brûlant… un mal dont la seule sensation manqua de leur briser une dent. Qu'était-il arrivé ? Par quoi avaient-ils été frappés ? Trop choqués pour ne serait-ce que se le demander, aucun d'eux ne parvint à le deviner… pas plus qu'à faire le rapprochement entre l'odeur de carbonisé qui leur étreignait le nez, et l'étrange grondement céleste qui les accablait. Non à la place, ils restèrent au sol… prostrés, pétrifiés, incapable de bouger, de parler ou de se redresser. Semblable à une horde d'ivrognes désœuvrés, certains allèrent même jusqu'à vomir, convulser pendant quelques secondes ou s'étouffer entre milles prières latines, leurs figures ensablées grimaçant violemment sous l'éclat du soleil qui n'avait jamais cessé de les couvrir. Un spectacle tout aussi chaotique qu'incompréhensible, qui avait cependant relevé l'exploit de mettre un terme à leur furie collective…

A terre, Ursus, Bestia et Aper avaient lâché leurs glaives, Spica et Pulex s'étaient entravés dans leurs filets, Aulus et le Boiteux crachaient milles glaires tandis que tous les autres s'époumonaient entre deux prières … Comment en étaient-ils arrivés là ? Avaient-ils subi le joug de Marise ? Une nouvelle malédiction de l'île ? Ou une tout autre forme de magie ? Même Voldemort se le demanda, une Hermione mortifiée accrochée à son bras… Confus, groggy et mal en point, les deux sorciers haletèrent violemment face à l'accablante détresse des mutins, une nouvelle panique délavant brusquement leurs teints. Assommés par la mesquinerie d'un piège aussi assassin, ils se regardèrent sans respirer, s'occultèrent d'un coup d'œil effrayé et se redressèrent baguettes armées, prêt à en découdre avec l'auteur de cette tentative ratée… Pourtant et bien qu'ils n'aient tous deux subit qu'un tiers du mal qui terrassait les hommes, ils n'eurent besoin que d'un regard sur Connor pour comprendre la nature d'un tel sort.

- J'ai dit, assez !

Déchirant le ciel d'un puissant jet de lumière, un nouvel éclair s'écrasa sur le sable dans le plus effroyable des coups de tonnerres, renversant alors le peu d'homme étant parvenus à s'assoir à terre… L'évitant de justesse, Ursus roula au sol dans un cri de détresse, ses frères se recroquevillèrent sur eux-mêmes et les pirates jurèrent au nom de Lucifer, leurs mains douloureusement plaquées contre leurs oreilles. Cherchant désespérément à fuir ce nouveau calvaire, certains d'entre eux tentèrent de ramper, de se lever et de courir vers les navires dans le seul espoir d'être épargné ; mais c'était sans compter Connor et la nouvelle rage qui le possédait... une rage comme il n'en avait encore jamais existé, et qui plus qu'un caprice ou qu'une colère d'enfant frustré, pétrifia les sorciers dans un silence horrifié. Bon Dieu… tout cela semblait impossible. Inconcevable ! Chimérique ! Pour ne pas dire profondément inimaginable ! Mais ils ne rêvaient pas. Connor usait de magie... et pas de n'importe quelle magie ! Non, il… il usait de la magie de l'île ; d'une magie harassante, vive et vindicative. D'une magie incandescente, brute et destructrice ! Que dire ! D'une magie tout aussi létale que dévastatrice ! Et encore, ce n'était pas le pire… car alors même que Voldemort avait bien faillit y laisser sa propre magie, que son corps avait lutté pour ne pas faillir et que son esprit avait manqué de se fracturer sous l'étau d'un pouvoir aussi nocif, jamais ils ne virent Connor tressaillir…

Comme si l'île l'avait fait Zeus, Roi du tonnerre et Empereur Cieux, il se tenait droit, fière et intransigeant devant eux, ses mains vibrant frénétiquement sous la chaleur d'un pouvoir jusqu'alors resté indomptés des Dieux. Un pouvoir par nature instable, capricieux et incontrôlable, mais qui tel un affront lancé à la face des plus grands Mages, jonglait docilement entre la courbure de ses petits doigts… Par Salazar, avait-il seulement conscience de ce qu'il faisait ? De l'incroyable pouvoir qu'il maniait ? Ou de ce que cela signifiait ?! Bien sûr, ils avaient toujours eu connaissance du potentiel qu'il possédait ! De même que du fait que l'île et la magie de l'Autre Versant lui obéissait… mais ses précédentes démonstrations n'avaient rien de similaires. A vrai dire, rien ne pourrait jamais l'être ! Car son exploit ne se caractérisait pas par ses éclairs, son vent, sa tempête ou son tonnerre ! Loin de là ! Non, l'exploit résidait dans le fait que la magie de l'île semblait s'être liée à l'âme de son Capitaine… Comme s'il ne s'agissait là que d'une banalité, d'un tour de passe-passe ou une simple démonstration d'autorité, il la pliait à sa volonté, la possédait, la modulait, la contrôlait, l'étreignait et l'exploitait sans jamais sourciller, rependant chaos et destruction sur un rivage désormais dévasté. Imprégné de plus de puissance qu'un enfant ne devrait jamais en posséder, il abattit foudre, terreur et grondements, cibla chacun des hommes qui parvenait à se relever sur ses jambes et transforma leur assemblée en un parterre de corps prostrés et d'impacts fumants. Indifférent à leurs cris, prières et supplications, il les accabla sans doute, crainte ou hésitation, se laissa griser par leurs peurs et milles frissons, et œuvra pour que chacun de ses éclaires effleurent jusqu'aux poils de leurs mentons ! Une scène pour le moins… édifiante, qui ne parvînt qu'à plonger les sorciers dans la plus ahurissante des consternations.

- Connor ! S'écria Hermione.

Mais il ne l'entendit pas…

- Connor ! Arrête !

Pas plus qu'il ne s'arrêta avant d'avoir la certitude que chacun de ses hommes tremblait désormais d'effroi…

- Bande de scélérat ! Cracha-t-il avec hargne. Bande de rats !

- Cap… Capi…

- Capitaine !

- On… on voulait pas…

Ils ne voulaient pas ? Comme par hasard ! Quelle vaste blague…

- On est d.. désol…

- Arrête !

- Par pitié !

- Pitié ? Répéta Connor en apnée. Pitié ?!

Des nouveaux éclairs…
De nouveaux cris…
Et l'assurance qu'il ne leur accorderait aucun sursit.

- Connor !

- On est désolé ! S'époumona le bourreau.

- On l'fera plus !

- Pard…

- La ferme !

En transe, le petit garçon les assomma de son hurlement, le regard fou et une fièvre au front. Galvanisé par le pouvoir qu'il avait déchaîné, son corps semblait parcouru d'électricité, son souffle haletait, son cœur battait à un rythme effréné et ses mains frémissaient sous la myriade d'étincelles qui les taraudaient. De quoi pétrifier ses hommes entre deux hoquets mortifiés, et instaurer un silence que nul ne chercha plus à briser…

- Je vous ai dit que je ne tolérerais aucune insulte… siffla-t-il entre ses dents. Que je ne tolèrerais aucun affront !

- Mais… mais c'est lui qui…

- Vous l'avez dit vous-même, c'est un étranger ! Il ne connait rien de nos coutumes !

- Mais…

- J'ai dit, la ferme !

S'aplatissant violemment, les hommes se recroquevillèrent dans un jappement, désespérés à l'idée d'essuyer un nouvel assaut de foudre brûlante. Incapable de soutenir le regard de leur capitaine, ils n'émirent plus la moindre objection, plus le moindre doute ou moindre idée de rébellion, se contentant alors de fixer le sable dans l'espoir que leur soumission suffise à leur repentance ; dans l'espoir que Connor s'apaise et tourne les talons… et qu'enfin cesse leurs insoutenables tourments. Un spectacle tout aussi tragique qu'étrangement dérangeant, face auquel Hermione laissa échapper un frisson…

Par tous les Dieux… C'était… C'était… Confuse, la jeune femme ignorait s'il existait un mot capable de décrire ce qu'elle voyait ; ce qu'elle ressentait et ce qu'une telle scène lui évoquait. De l'angoisse ? De la terreur ? De la gêne ? De l'horreur ? Non. Pourtant, cela n'aurait pas manqué de sens – en particulier devant ce capharnaüm de cris et de supplications ! Mais face à Connor et ses mains crépitantes… à sa hargne et son intransigeance… à sa force et son incontestable puissance… un seul sentiment la laissa chancelante : de l'admiration. Oui, c'était cela… une profonde, déconcertante et incroyable admiration, qu'elle senti lui foudroyer le cœur aussi violemment que son bon sens. Et pour cause… elle aurait dû se scandaliser. Que dire ! D'indigner ! S'écrier et tout faire pour qu'il cesse de les accabler ! A juste titre d'ailleurs ! Ces pauvres hommes ne méritaient pas de mourir carbonisé – et ce, même si son Maître devait très certainement approuver cette idée ! Pourtant, c'est profondément troublée que la jeune femme se contenta de le regarder… avant de ne se sentir fatalement hypnotisée. Comme si esprit s'était aliéné, elle ne vit de ce tableau d'éclairs effrénés que la figure de ce petit garçon aux mains transcendées, que la beauté de ses joues légèrement rosées, que la conviction de ses pupilles acérées et la majesté de tout ce qu'il représentait. Oui… elle ne vit de lui que puissance, détermination et souveraineté. Que force, prestige et invulnérabilité ! Ainsi que tout ce que son Maître avait vu en elle à son arrivée : un potentiel inexploité. Car tous deux le voyaient désormais... Connor n'avait nullement besoin d'aide pour contenir ses hommes ; pas plus que de soutien, de gardes ou de renforts !

Non… il était le seul Maître à bord.
Le seul à donner les ordres.
Le seul à accorder le droit de vie ou de mort…

- Vous me faîte honte… Leur cracha-t-il alors d'une voix changée.

Oui… il était le seul à décider.

- Bande d'imbécile… relevez-vous. Ordonna-t-il brusquement.

- Qu… quo…

- Non…

- On… on veut p…

- Relevez-vous ! Répéta-t-il plus fort.

N'hésitant pas à les attraper par le col, Connor marcha entre leurs rangs d'un pas impatient, secoua les plus tremblant, redressa les plus vacillant, traîna Spica et Pulex hors de filets branlants et alla même jusqu'à essuyer certaines de leurs figures en sang… une attitude inquiète, sincère et déconcertante après un tel déferlement, qui bien qu'elle soit accompagnée de petites gifles et de quelques grondements, laissa Hermione bouché bée un court instant. Etait-il bipolaire ? Changeant ? Elle le crut, mais se trompait lourdement… car contrairement à elle, Voldemort vit claire dans ses intentions ; et plus important encore, il comprit enfin les véritables raisons de sa « malédiction ». Et pour cause ! Un tel pouvoir aurait pu les contraindre à lui obéir. Un tel pouvoir aurait pu étouffer leur mutinerie, les accabler de milles supplices et leur faire oublier jusqu'à la seule idée de quitter l'île ! Et pourtant, c'est délibérément que Connor avait choisi de les endormir… de ne pas user de magie et de les garder auprès de lui, cacher à l'abris dans les cales dans leurs navires ; de s'abstenir de tout conflit et de se contenter de leur présence silencieuse, calme et invisible. Pourquoi ? La réponse était facile.

Il ne désirait pas voir ses hommes souffrir.

« Je sais que tu penses que mes hommes ne sont rien de plus qu'une bande de barbares bon à ramper… mais ce sont mes hommes… »

Il ne voulait pas se battre contre sa seule famille.

« Nous étions complices, fiers, soudés et unis. Nous nous battions les uns pour les autres, déjouions tous les paris, défions la mort et écrasions nos ennemis ! Nous étions… nous étions une famille. »

Et certainement pas les humilier en les condamnant à le servir…

« Mes cicatrices sont les serments de mes hommes. Chacune d'elle représente leur loyauté, leur dévotion, leur fidélité et promesses de protection. Sans elles, je ne suis qu'un enfant… mais avec elles, je suis Capitaine de Forbans ! »

Oui... Il voulait qu'ils le choisissent ; qu'ils décident de rester avec lui et désirent sincèrement honorer leur serment envers l'île ! Leur serment envers lui… et non pas qu'ils soient retenus prisonniers par la main d'un Capitaine tyrannique. Etait-ce juste ? Clément ? Ou risible ? Voldemort n'aurait su dire, mais ne put s'empêcher de porter un tout autre regard sur le petit… l'un de ceux que même les Dieux n'auraient pu décrire, mais qui pour la première fois depuis leur arrivée sur cette île, laissa le monde frémir.

- Allez ! Débout ! Scanda-t-il.

Enragé à la vue de leurs boitillements et tremblements effrayés, Connor se pinça les lèvres dans un râle résigné, sa culpabilité l'étouffant plus que jamais devant leurs regards constamment baissés… Bon sang, il détestait ça. Il détestait devoir utiliser le don de magie que le Grand Sorcier lui avait accordé ! Il détestait devoir user de la force pour se faire respecter ! Les effrayer jusqu'à ce qu'ils soient prêts à ramper et les réduire à une horde de corps prostrés ! Plus encore, il détestait renvoyer l'image d'un Capitaine torturant ses hommes ! D'un meneur despotique, devant constamment les menacer de mort ou d'un sadique incapable de faire exécuter ses ordres ! Mais face à leurs insubordinations, moqueries, insultes et provocations… que pouvait-il espérer ? L'obéissance n'avait jamais été leur plus grande qualité ! Pas plus que la décence, la politesse ou le respect ! Et se faisant, il n'avait que son lègue de magie pour les faire plier à sa volonté… et restaurer un semblant d'autorité. Une nécessité toute aussi avilissante qu'incroyablement humiliante pour le jeune garçon, qui lui fit amèrement grincer des dents devant sa nouvelle assemblée de pirates tremblants…

- Entendez-moi, car je ne me répèterais pas… cet homme et cette femme sont mes invités ! Tonna-t-il avec force. Mes protégés ! Ainsi, aucune offense à leur égard ne sera tolérée ! Aucun commentaire, aucune insulte, aucun regard ou allusion déplacée… absolument rien !

Sonnés, les pirates se regardèrent sans respirer, leurs figures défaites n'offrant qu'abnégation et coups d'œil déboussolés…

- Et je jure devant le Grande Sorcier que le prochain que je surprendrais entrain les provoquer, de les moquer ou de ne serait-ce que de mal les regarder, en viendra à regretter le jour où Marise ne l'a pas laissé se noyer…

Un frisson.
Un silence…
Et la plus absolu des soumission…

- Quant à la fille, bien sûr qu'elle est mariée ! Ajouta-t-il outré. Alors pour l'amour du ciel, cessez de la reluquer comme un os à ronger ! Nous sommes des pirates… pas une bande des porcs tout juste bons à forniquer dans une étable !

Frappés par la connotation d'une insulte aussi osée, Voldemort vis les hommes se renfrogner dans un grondement frustré, symbole de leurs espoirs mort-nés et écœurante avidité. En espérant que ce bref avertissement calme leurs ardeurs pour la journée…

- Pour le reste, ils sont innocents et n'ont rien à voir avec nos histoires… Conclut-il d'une voix grave. C'est tout ce que vous avez besoin de savoir, alors oubliez-les et bouclez-la !

Essoufflé, Connor sentit son échine s'hérisser à l'écho du profond silence qu'insufflèrent ses dernières paroles. Le seul qui parvînt véritablement à apaiser la rage qui le possédait… et à restaurer un semblant de paix sur ce rivage désormais seulement parcourus de fumée et des tremblements de ses hommes. Aussi, c'est la sueur aux tempes et le cœur tremblant que le petit garçon inspira avec force, cherchant en vain à calmer la magie palpitant frénétiquement dans son corps. Un instant étonnement long, pesant et morne… qui après plusieurs minutes, sembla annihiler les derniers désaccords.

- Pardonne nous… souffla brusquement Bubo. Nous ignorions que ces naufragés étaient si importants pour toi.

- Et nous ferons de notre mieux pour leur témoigner tout le respect que le peut nos cœurs de pirates ! Ajouta le Bourreau.

- Nous te le jurons…

Hochant vigoureusement la tête, les trois quarts de l'équipage s'aligna dans le sillage dans cette promesse, désireux de regagner la foi de leur capitaine ; les trois quarts excepté les triplés, le Boiteux et quelques désœuvrés sans cervelles, qui frappés plus que les autres par l'avalanche d'éclairs, ne réussirent qu'à grimacer entre deux craquements de vertèbres.

- Jurez le pour vous-même… Soupira Connor. Auquel cas, ce sera à vous de payer la trahison de cette promesse.

Un prix que nul ne voulait payer, et dont la seule évocation suffit à faire taire toutes les fiertés…

- Compris ?

Approuvant davantage à l'intransigeance de sa voix, Connor cacha son soulagement derrière le soupir d'une grimace, le tremblement de ses mains s'apaisant peu à peu à la vue de leurs effrois. Aussi, c'est dans l'éclat d'un nouveau regard qu'il se tourna vers les Sorciers, leurs pupilles effarées le détaillant avec anxiété. Le jugerait-il pour ce qu'il avait fait ? Pour le pouvoir qu'il venait d'utiliser ? Son manque de clémence ? Et son apparente cruauté ? Il refusa de l'imaginer, horrifié à l'idée que les seules personnes au monde l'ayant toujours traité avec bonté puissent ne voir en lui qu'un monstre bon à enfermer. Pourtant et contrairement à la crainte qu'il s'était imaginé, ce n'est qu'un profond ahurissement qu'il lut sur leurs visages stupéfiés ; mélange d'admiration, de choque et d'apnée, ils le fixaient sans respirer, incapable de parler après cette incroyable démonstration de force et d'autorité… Etait-ce bon signe ? Il ne chercha pas à le deviner, encore top honteux pour ne serait-ce que se rassurer. Du moins, jusqu'à ce que Voldemort ne lui renvoie un hochement de tête silencieux et ne recule d'un pas dans la promesse de son propre vœu : celui de se taire à son tour et de ne plus jouer avec le feu…

- Bien… finit-il par dire. Maintenant que les bases sont posées, revenons à l'essentiel.

- Qui est ?

Il ne voulait pas le dire…
Il ne voulait pas y revenir !
Mais aucun déni, aucune honte, aucun répit ne pourrait jamais effacer les conséquences de leur mutinerie.

- Vous savez très bien de quoi je veux parler… déclara-t-il sans respirer.

Oui, ils le savaient… plus encore, ils le ressentaient dans leurs tripes ! Et pourtant, aucun d'eux ne parvenait encore à mettre de mot sur le châtiment qu'ils avaient subi. Bien sûr, ils avaient tous leurs théories ! Colère de Marise, rhum périmé, enchantement de l'île, gueule de bois carabiné… ils n'avaient que l'embarras du choix en matière de supposition et croyances infondées ! Mais de là à imaginer que Connor les avait maudits ? Qu'ils les avaient piégés, trahi et froidement endormi ? Par tous les Sangs… cela leur aurait semblé tout droit sorti d'une fantaisie ! Que dire ! D'une odieuse calomnie ! Une évidence face à laquelle se résigna douloureusement le petit…

- Ça me va… déclara Pulex d'une voix grave. D'tout façon, j'en ai rien à foutre d'eux ; moi ce que je veux savoir, c'est pourquoi on s'est réveillé dans les cales !

- C'est vrai ça… on a les poches pleines de sable ! Renchérit Spica.

- Et les figures couvertes de sels !

- On ressemble à un banc de méduses qui se serait échoué au soleil !

- Et pourquoi on a aussi soif ?

- T'as soif toi ?! Je t'ai vu descendre une barrique !

- Moi j'ai faim…

- C'est pas normal !

Peu surpris par leurs nouvelles questions, Connor se mordit la langue. « Pas normal » … Oui, ils avaient raison ; rien de tout cela ne l'était. Ni leurs conflits, leurs défiances, leur mutinerie ou insubordination… tout cela n'avait pas le moindre sens ! Mais comment aurait-il put leur reprocher leur confusion ? Il était le seul auteur de leur malédiction…

- Vous avez sûrement beaucoup de questions… Souffla-t-il douloureusement. Des questions qui puissent vous paraître… étrange.

- Un peu qu'un on a !

- Dis-nous ce qui s'est passé !

- On veut savoir !

- On le mérite !

Oui… ils le méritaient.

- C'est vrai… mais je ne suis pas sûr que les réponses vous plaisent.

Effrayé par la connotation d'une réponse aussi éludée, les hommes se regardèrent sombrement, brusquement inquiets devant la gravité de ses balbutiements. Loin d'être habitués à voir leur Capitaine aussi mal à l'aise, ils ne surent qu'en penser, tout aussi mitigés qu'étrangement gênés devant la furtivité de ses coups d'œil baissés… ou était-ce à cause des soudains tremblements de sa voix éraillée ? De la culpabilité qui semblait l'étrangler ? Ou encore de son incapacité à soutenir leurs regards sans flancher ? Aucun d'eux n'aurait pu le deviner… pour la simple et bonne raison qu'aucun d'eux n'était prêt à entendre l'horreur de sa vérité.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Souffla Bubo inquiet.

Ne parvenant plus à respirer, Connor chercha ses mots, se mordit la langue, frappa le sol de ses pieds et s'étouffa sous la lourdeur de son propre silence. Incapable d'ordonner ses pensées, il chercha par quelle bride de l'histoire commencer… par quelle tournure de phrase il pourrait s'exprimer… et par quel miracle il pourrait s'en sortir sans manquer de se faire tuer. Et pourtant, ce n'était pas faute de s'être entraîné ! D'avoir passé ces dernières années à imaginer ses aveux, ses excuses, raisons, justifications et les milles réactions ! Mais ni son ancienneté, son expérience ou son autorité, ne lui inspirèrent le moindre courage pour entamer le récit de ses cinq cent dernières années… Et pour cause ! Il était désarmé. Partagé entre sa honte et sa colère, il ne savait plus qui blâmer pour les raisons de leur calvaire. Entravé entre ses regrets et ses peines, il ignorait s'il devait pleurer ou les assommer de nouveaux éclairs. Pris au piège entre son honneur et sa tristesse, il n'arrivait même plus à parler sans se voir déjà pendu les pieds en l'air ! Car il ne se faisait aucune illusion… aucun de ses hommes ne réagirait bien à ses révélations – non pas qu'ils soient véritablement légitimes à orchestrer une nouvelle rébellion aux vues de leur constante insubordination… D'ailleurs, peut-être devrait-il faire taire leur hypocrise ?! Leur rappeler leur mutinerie, piège et tromperie ?! Retracer le déroulé de leur projet de fuite et les blâmer avant même d'avouer les avoir à son tour trahi ? Après tout, cela pourrait être en mesure de les refroidir ! De les contraindre à l'écouter avant qu'ils ne cherchent à le punir ! Ou alors, devait-il jouer la carte de l'honnêteté ? Avouer sans se cacher ? Leur présenter ses excuses d'emblée et prier pour que le choc d'une telle révélation les laisse muet ? Bon Dieu… il ne savait plus quoi penser ; quoi croire ou envisager ! Ne lui restait donc que ses angoisses comme seules vérités, et la certitude qu'aucune de ces approches ne serait en mesure de le sauver…

- Je… je pourrais vous mentir. Dit-il subitement. Je pourrais vous cacher la vérité, prétendre ne rien savoir, vous assommer de fausses excuses ou encore vous assurer que le rhum est seul responsable de votre sommeil dans les cales. Bien sûr, ce serait plus simple… mais ce ne serait pas juste. Et je m'y refuse.

Bouleversée, Hermione sentit un sanglot l'étrangler… Seigneur, il semblait si affligé. Si désespéré ! A tel point que pas même Spica, le nain, le Boiteux ou les Triplés ne purent le regarder sans trembler.

- Vous méritez de connaître la vérité. Vous méritez de savoir ce qu'il s'est passé !

Oh non…

- Malheureusement, il n'existe aucune bonne manière de dire ce que je m'apprête à vous révéler. Fit-il du bout des lèvres. Aucun bon mot, aucun bon discours, aucune justification… rien capable d'alléger le poids de mes réponses.

Effrayés, les hommes s'agitèrent entre deux murmures, incapable de comprendre pourquoi leur Capitaine se montrait aussi dramaturge ; mais l'était-il vraiment ? Là fut leur première question… et véritable appréhension.

- Je… je…

« Je vous ai trahis… »

- Je…

« Je vous ai maudis… »

- C'est que, je…

« Je vous ait privé de cinq cent ans de vie… »

- Capitaine ? S'inquiéta le bourreau.

Par Marise… il n'arrivait pas à le dire.

- Il lui arrive quoi là ?

- Ça va pas ?

- C'est quoi le problème ?

- Vas-y ! On t'écoute !

- Ça a l'air grave…

- Tu crois ?

- On veut savoir !

Accablé par leur impatience, Connor se sentit grincer des dents, sa confiance s'effritant un peu plus à mesure que grandissait l'écho de leurs grondements. Mais il n'avait pas le choix… car tel était le prix de sa pénitence.

- La vérité est que…

Un souffle…

- … la vérité est que j'ai…

Un deuxième…

- … j'ai fait quelque cho…

Avant qu'un cri ne déchire violemment le ciel.

- Hermione !

Un silence.
Un instant.
Un doute.

Avant qu'un nouveau cri ne les mette en joug.

- Hermione !

Incertaine, la jeune femme sentit un frisson lui couper le souffle… une nausée délaver ses joues… une nouvelle fièvre embraser son pouls… et un étrange pressentiment la faire vaciller sur ses genoux. Comme si elle venait de tomber d'une falaise, que le ciel lui tombait sur la tête ou qu'un revenant apparaissait devant elle, c'est tout son être qui se paralysa de lui-même, ne laissant d'elle qu'un corps inerte accroché au bras de son Maître… Un Maître à la figure blême, aux balbutiements muets et stupéfaction mortelle, qui tout aussi bouleversé qu'elle, manqua de chavirer devant la force de ce cri irréel.

- Hermione !

Seigneur… elle devait rêver. Halluciner. Délirer. Fabuler. Divaguer !

- Hermione !

Et pourtant, jamais ce cri ne cessait… à tel point qu'ils ne purent plus croire l'imaginer et qu'une nouvelle panique se mit à les pétrifier.

- Hermione ! Hermione !

Ebranlés, les sorciers haletèrent dans une nouvelle apnée, les Pirates se figèrent entre deux cris étouffés et Connor pâlit aussi soudainement que le vent se mit à souffler ; un vent tout aussi nouveau que puissant, et qui sans que personne ne puisse le comprendre, s'accompagna d'un puissant hennissement… suivit d'une ombre volante…

- Hermione ! C'est moi !

Ne parvenant plus à respirer, penser ou ne serait-ce que comprendre ce à quoi elle assistait, la jeune femme sentit son monde vaciller, mélange d'ahurissement et d'incrédulité. Au bord du malaise, son regard se perdit entre nuage et soleil, ses pupilles cherchant désespérant à chasser le mirage qui lui brûlait les prunelles. Mais elle ne rêvait pas… pas plus que son Maître, qui s'était mis à fixer les cieux avec effroi.

- C'est moi !

Un effroi qui ne tarda pas à gagner les pirates, désormais criant au Diable.

- Là-haut !

- Regardez !

- Enfer et Damnation !

- C'est quoi ça ?!

- Un démon !

- Oh mon Dieu !

- Ça vole !

- Aux armes !

- On est attaqué !

- Vite !

- Il arrive sur nous !

- Courrez !

Par tous les dieux… ce n'était pas possible. Cela ne pouvait pas arriver ! Pas là ! Pas sur cette île ! Mais l'ombre volante les couvait déjà de son présage fatidique ; et avec elle, la certitude que ce qu'ils voyaient transcendait toute logique…

- Mais c'est… c'est…

Incapable de le dire sans s'étouffer, Voldemort tituba dans son apnée. Et pour cause ! Il n'y croyait pas. Hermione non plus d'ailleurs… mais la puissance de cette paire d'ailes ne mentait pas ; pas plus que ce squelette drapé de noir, cette musculature osseuse digne des pires cauchemars ou ce hennissement devenu hymne de désespoir.

- C'est un… c'est un…

Oui… c'en était un.

- Un Sombral.

Un Sombral.
Un Sombral.
Un… un… un Sombral !

- Dépêchez-vous !

- Il arrive !

- Protégez le Capitaine !

- Les arcs ! Prenez-vous vos arcs !

- Aller ! Aller ! Aller !

- Il va se poser !

- Oh non !

- Vite !

Partagé entre la panique des pirates et l'incompréhension profonde qui les liquéfiaient sur place, les sorciers n'entendirent plus les hommes crier, le vent souffler ou l'île s'animer. A vrai dire, ils ne se souvinrent même plus de l'aveu que Connor s'apprêtait à livrer, du procès que ce dernier aurait engendré ou encore des combats qui en aurait naturellement découlé ! Non… ils n'entendirent plus que ce cri, ne virent plus que ces ailes, ne perçurent plus que cette folie ainsi que tout ce qu'elle apportait avec elle…

- Hermione !

Car cette chevelure blond platine ne trompait pas. Pas plus que ce regard… cette voix… et l'armature de ce Sombral.

- Hermione !

Et tous deux le savaient… il n'existait qu'une seule femme en ce monde capable d'une telle audace.

- Luna…


Abasourdi, Hermione senti son monde tourner au ralenti... Comme si un voile s'était apposé sur son esprit, ses pensées s'engourdirent, ses sens s'assoupirent, ses joues blêmirent et son corps se transit. Incapable de parler, ses lèvres se cousirent entre deux hoquets ahuris, ses membres furent pris de tétanie et ses propres pupilles se figèrent face à tant d'images incompréhensibles. Des images qu'elle se mit à détailler sans le moindre bruit, et qui alors même qu'elles auraient dû lui faire l'effet d'une gifle, ne parvinrent qu'à la laisser muette… et livide.

- On est attaqué !

- Vite !

- Aux armes ! Aux armes !

Pourtant il n'y avait pas de quoi rester aussi stoïque… après tout, ce n'était pas comme si elle n'avait jamais vu de Sombral de sa vie ! Certes, il aurait mieux valu pour elle qu'ils lui restent à jamais invisible ; qu'elle ne connaisse jamais leur existence et ne soit jamais dotée d'un don de vue aussi… indélébile. Mais pour cela, il aurait fallu que sa vie soit paisible ; qu'elle n'endure ni trahison, ni guerre, ni douleur ou supplice... qu'elle ne connaisse rien des bains de sang et de leurs flaques carmines, des charniers et de leur odeur putride, du deuil qui vous retourne les tripes et de la nécessité d'enterrer ses amis dans des tombes creuser à la va-vite ! Mais avant tout, il aurait fallu que la mort elle-même ne soit pour elle qu'une notion toute aussi vague qu'irréaliste. Qu'un mirage tout aussi rare qu'impossible ! Malheureusement, rien de tout cela ne lui semblait désormais crédible… pour la simple et bonne raison que la mort faisait aujourd'hui partie intégrante de sa vie. Et de ce fait, ces créatures aussi.

- Tout le monde en position ! S'écria Connor hors d'haleine.

Pourtant, cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas vu… bien sûr, elle n'avait pas pour coutume de leur rendre la moindre visite impromptue ! Encore moins dans une Forêt Interdite devenue refuge des créatures encore fidèle à l'Elu ! Mais oui… cela lui semblait étrange d'en revoir un après tant de temps ; de voir le contour de son squelette se dessiner lentement par de là les couleurs de l'horizon, d'entendre son hennissement d'outre-tombe résonner macabrement dans les échos du vent et de sentir la puissance de ses battements d'aile lui donner un frisson…

- Quartier-Maître, rameutez les hommes ! Je veux trois rangées de six archers ! Quatre de glaives et cinq de boucliers !

Oui. Il lui était étrange de rencontrer à nouveau cet être de mythe et de légende… mais de là à se figer aussi violement ? A rester pétrifiée ? Ebranlée ? Et mortifiée devant une créature qu'elle avait elle-même chevauchée par le passé ? Cela semblait exagéré. Pour ne pas dire, déplacé ! Et pourtant, jamais Hermione ne parvînt à bouger…

- Les archers au pas de courses !

Ni quand Connor se mit à hurler…

- Il ne doit pas pouvoir se poser au sol !

Ni quand les hommes se mirent à s'exécuter…

- Matelots, Moucheurs ! Aux boucliers !

Et pas même quand son Maître se mit subitement à trembler…

- Allez ! Plus vite que ça ! Plus vite que ça !

Loin de la confusion, de la cohue ou des cris qui avaient envahi le rivage, elle ne vit plus rien des figures des pirates, n'entendit plus rien du hurlement des vagues, ne sentit plus les tourbillons de sables et ne perçut même pas Voldemort tituber l'air hagard…

- Il arrive !

- Oh bon sang !

Pourquoi ? La réponse était aussi évidente que fatale… car ce n'était pas le Sombral qui la fit se liquéfier sur place. Pas plus que les ordres de Connor ou la rage des pirates ! Non… c'était elle.

Luna.

- Orbem formate ! Orbem formate ! Orbem formate !* *(Formation romaine pendant laquelle les légionnaires formaient un cercle pour protéger les archers)

Luna.
Luna.
Luna.

- Canonniers, Gabiers, Artilleurs ! Aux canons !

Oui, elle ne se trompait pas. Luna était là… Luna et ses longues boucles blondes. Luna et ses grands yeux bleus aux reflets d'argent. Luna et sa peau de lait fouettée par le vent. Luna et sa floppée de hurlements…

- Vite ! Vite ! Vite !

Il n'y avait aucun doute possible. Aucune hésitation, aucune incertitude, ni indécision ! C'était bien elle sur ce Sombral. C'était bien qui s'époumonait à tout va ! C'était bien elle qui venait de chevaucher des kilomètres d'Océan à la recherche du moindre îlot de sable ! Pourquoi ? Elle ne savait pas, mais comprit à l'éclat de son visage que sa présence n'avait rien d'une simple balade…

- Délestez les boulets ! Rassemblez la poudre ! Allumez les torches !

Pourtant, elle ne devrait pas être là… à vrai dire, une telle chose n'aurait pas dû être possible ! Et pour cause ! Cela allait l'encontre de toutes les lois du Grand Versant ! Du désert de la Grande Duchesse ! De la vague de Marise ! Et de la nature même de la Magie de l'île !

- Cible en approche à quatre cent pieds !

Alors comment ?

- Vitesse estimée à 50 nœuds !

Comment pouvait-elle être là ?

- Il va trop vite Capitaine !

Et plus important encore… comment avait-elle pu les trouver dans un tel endroit ?!

- Pas si vous allez plus vite que lui !

- Mais…

- Obéissez !

Cela semblait surréaliste. Chimérique ! Impossible ! Impossible qu'elle ait pu les trouver à l'autre bout du monde ! Impossible qu'elle ait plus les pister jusque dans l'Autre Versant ! Et impossible qu'elle se tienne là, à une centaine de mètre d'eux, les joues rouges et les cheveux aux vents ! Mais aucun d'eux ne rêvait… et se faisant, l'évidence la frappait.

Sa Graciée l'avait retrouvée.

- Hermione ! L'entendit-elle crier plus fort.

Par Rowena…

- Luna… Souffla-t-elle mortifiée.

Sa Graciée l'avait retrouvée.
Sa Graciée l'avait retrouvée.
Sa Graciée l'avait retrouvée !

- Archers !

Elle était là ! Elle arrivait ! Elle était là !

- En position !

Elle arrivait ! Elle allait se poser ! Elle arrivait ! Elle allait se posait ! Du moins, c'est ce que la jeune femme se mit à imaginer ; avant que son esprit ne s'éveille, que son regard ne se pose enfin sur les pirates et leur Capitaine… et que son cœur ne vacille devant leurs flèches pointées vers le ciel.

- Prêts !

Oh non…

- Connor !

- Non !

- Décochez !

Horrifiée, Hermione s'entendit hurler, son regard désormais ancré sur le scintillement des flèches volant vers sa dernière alliée. Des flèches acérées, crantées et destinées à tuer ; des flèches que rien n'aurait semblé capable d'arrêter… mais des flèches qui avant même qu'elle ne puisse respirer, se virent balayer par le plus puissant jet de magie auquel les pirates n'aient jamais assisté.

Une magie lancée dans l'élan d'un cri enragé…
Une magie projetée avant même que Voldemort ne se rende compte de ce qu'il venait de déclencher...
Une magie qui alors même que les conflits s'étaient apaisés, suffit à tout dégénérer…

Pétrifiés devant leurs flèches réduites en un amas cendre volantes, les pirates s'échangèrent un regard effaré, mélange d'incompréhension et de cris étouffés. Incapable de croire en ce qui venait d'arriver, tous détaillèrent les cieux d'un air consterné, leurs petits esprits s'agitant violemment à mesure que leurs visages se décomposaient… Des esprits confus et ankylosés. Des esprits sonnés et mortifiés. Des esprits qui n'avaient plus été témoins de véritable magie depuis l'aube de leurs destinées, et qui très vite, peignirent toute l'horreur de leur révélation sur leurs figures boursoufflées. Par tous les Dieux… qu'avait-il fait ? Baguette en main, buste en avant et sueur au front, Voldemort n'osa plus bouger, une Hermione tremblante à ses côtés. Assourdit par l'adrénaline qui l'avait possédé, ses pensées s'agitèrent aussi violemment qu'il vit les yeux de Connor s'écarquiller, symbole de la folie qu'il venait de réaliser. Une folie loin d'être calculée, induite par la stupéfaction d'avoir été retrouvé et la peur de voir la Graciée de son Initiée se faire froidement assassiner… Une folie qui n'aurait jamais dû arriver mais que leurs flèches et canons chargés ne lui avaient laissé aucun luxe d'éviter… Une folie qui alors même qu'une sueur froide le tétanisait, le fit amèrement frissonner.

« Ne les laissez jamais deviner que vous êtes sorciers… »

Par Salazar… il les avait mis en garde.
Il leur avait dit de ne pas user de leurs pouvoirs !
Il avait tenté de les sauver d'un drame…

Pourquoi ? Voldemort n'osa le deviner, sa gorge se nouant d'une violente nausée à mesure que l'assemblée se mettait à les dévisager. Le souffle coupé, il sentit ses muscles se contracter devant leurs grimaces horrifiées, sa magie s'embraser face à leurs yeux exorbités, ses joues s'enfiévrer à la vue de leurs rangées de gencives édentées et son corps se transir de tous les instincts qu'il n'avait cessé de refréner… des instincts synonymes de danger, qui galvanisés par les frissons de son Initiée, lui ordonnèrent instamment de tous les tuer.

- Hermione !

Incapable de pressentir ce qui se préparait, Luna hurla dans le vide, le regard des pirates désormais vissés sur leurs nouvelles cibles. Qu'allait-il se passer ? Allaient-ils attaquer ? Exulter ? Fuir ? Tant de questions en ce bref instant d'éternité… tant de doutes et de défiance en une seule seconde de face-à-face pétrifiés. Plongé dans un silence macabre, on n'entendit plus que les battements d'ailes du Sombral, le bruissement de l'eau sur le rivage et l'écho des cœurs encore battant de rage… Combien de temps cela dura ? Combien de temps restèrent-ils tous là, sonnés et béats ? A attendre que l'un d'eux ne déclenche le premier combat ? Le Mage ne le sut pas, sa magie l'assourdissant plus que jamais devant l'ombre de leurs mentons enduit de bave… du moins, jusqu'à ce que n'arrive l'inévitable… et que le premier hurlement ne leur retourne l'âme.


Enragé, Ursus fut le premier à attaquer.

Suivit de ses frères et de leurs poings levés, ils s'élancèrent tous trois à grandes enjambées, leurs couteaux et épées scintillants plus que jamais sous la pulsion de leur nouvelle cruauté. Défigurés par la haine de leurs cœurs outrés, leurs yeux se voilèrent d'un éclat ensanglanté, leurs fronts se bosselèrent sous la palpitation de leurs veines gonflées et leurs mâchoires manquèrent de se décrocher, leurs cris de possédés résonnants un peu plus fort à chaque pas qu'ils parcouraient. Pourquoi une réaction aussi démesurée ? Pourquoi une telle rage envers les sorciers ? Plusieurs théories auraient pu l'expliquer… Peut-être craignaient-ils de se retrouver sous le joug d'un nouveau sorcier capable de les assommer d'un serment qu'ils finiraient par regretter ? Peut-être haïssaient-ils la seule idée de se retrouver en présence d'une magie un tant soit peu similaire à celle qui les enchaînaient à cette île désormais détestée ? Peut-être estimaient-ils que nul autre Sorcier ne devait exister si ce n'est celui qui les avait sauvé ? Ou que leurs esprits étriqués assimilaient la moindre magie à celle des profanes, maudits et damnés ? Et que cette dernière se devait d'être éradiquée telles les sorcières que l'on traînait aux buchers ?! Certes, chacune de ses suppositions se contredisaient… mais bien qu'elles lui semblent toutes crédibles, Hermione n'eut pas le temps de les approfondir ; car c'est dans ce déferlement de chaos, de tintement d'épée et de cris, que le reste des pirates se mit à soudainement à rugir. Galvanisés par la férocité des triplés, ils se jetèrent dans la vésanie d'une course endiablée, laissant alors libre court à l'ingéniosité de leurs siècles de cruauté et combats acharnés. Empressés, les archers encochèrent leurs flèches, les canonniers allumèrent les mèches, les soldats levèrent leurs glaives et les matelots se saisirent de chaînes, tous guidés par la seule puissance de leur haine... Dépourvus de tout bon sens, de toute logique et de toutes pensée, plus aucun d'eux ne vit le Sombral voler, plus aucun d'eux n'entendit leur Capitaine s'écrier et plus aucun d'eux ne chercha à rester en retrait… pour la simple et bonne raison que plus aucun d'eux ne voulut les épargner.

Pourtant et face à eux, Voldemort ne ressentit ni crainte, ni doute ou peur hasardeuse ; pas même un frisson ou inquiétude anxieuse ! Non, il ne ressentit rien de tout cela… rien ce n'est un profond ennuie, qui alors même que ses tympans vibraient sous la force de leurs cris, ne parvînt qu'à lui arracher un soupir. Bon Dieu… existait-il plus imbécile ? Plus bête ? Et plus idiot ? Voldemort se posait cette question chaque fois que ses mangemorts relevaient l'exploit d'être toujours plus sots… mais eux ? Par tous les Dieux, il n'avait plus les mots. Mais était-ce une si mauvaise chose ? Etait-ce vraiment regrettable de les voir agir tels des animaux ? De les voir céder à la bassesse de comportements aussi bestiaux et se transformer en une horde de barbares médiévaux ?! A la vue de leurs regards désœuvrés, Voldemort n'en fut pas certain… en particulier quand il sentit ses pupilles s'échauffer d'un éclat carmin et sa baguette trembler doucement entre son poing. Regretterait-il sa décision ? S'en voudrait-il d'infliger à Connor la vue d'un combat aussi sanglant ? De ne pas chercher à calmer la rage qui incendiait son propre sang ? Et de sourire à la seule idée de laver le monde de leur odieuse existence ? Il ne connaissait pas encore la réponse ; mais savait une chose… il savourerait chacun de ces instants. Aussi, c'est sans même leur accorder plus de dix pas que Voldemort se redressa, inspira profondément et leva son bras… avant de lancer son premier Sort Noir.

Incapable de l'éviter, Ursus s'écroula avant même de se voir tomber, son corps s'arquant violemment sous le Doloris qui venait de le frapper. Accompagné des cris d'un Connor désespéré, il s'époumona sans respirer, sa mâchoire se disloquant brusquement sous la déformation horrifique de ses traits. Une vision pour le moins terrifiante, macabre et calculée, dont le seul écho suffit à donner la nausée à ses deux cadets… pétrifiés, tous deux s'étaient figés dans leurs lancées, leurs figures balafrées se décomposant un peu plus à chaque hurlement que leur aîné poussait. Mais c'était sans compter l'exigence de leurs soifs de sang, qui déjà galvanisée par l'audace d'une telle offense, s'allia au plus dévastateur désir de vengeance… Plus enragés que jamais, ils s'élancèrent à nouveau, contractèrent jusqu'aux derniers muscles de leurs dos et s'écrièrent dans l'élan de cet ultime assaut, déterminés à écarteler ce Sorcier et draper leurs couchettes de sa peau ! Mais Voldemort n'avait que faire de leurs rites brutaux ; pas plus que de leurs supplices féodaux et colliers d'os… Et c'est du même flegme, qu'il les fit valser du plus cinglant des Reducto.

Qu'arriva-t-il par la suite ?

Hermione sentit sa baguette frémir.
Voldemort lui lança un sourire.
Et comme le ciel l'avait prédit, tous deux déversèrent leurs magies.

Accablé, Aulus essuya un nouveau Doloris. Le Boiteux se vit renvoyer toutes les lames qu'il se mit à jeter. Le Nain fut projeté contre les archers. Les flèches se retournèrent contre les canonniers. Spica se vit entraver par ses propres filets. Les matelots se virent tous renverser. Cae s'écroula sous la puissance d'un sortilège informulé. Les quatre soldats romains s'enlisèrent dans un sable enchanté. Et plus de la moitié des hommes se vit presque instantanément désarmée ! Un palmarès au premier abord peu sanglant pour Voldemort et son Initiée… mais dont la retenue ne suffit cependant pas à amoindrir la rage qui les possédaient. Et pour cause ! Aucun d'eux n'était prêt à capituler. Et aucun d'eux n'était prêt à se laisser déjouer… Aussi, il ne fallut pas longtemps avant que Spica n'éventre son filet, que le Nain ne relève les archers, que les triplés ne se rassemblent entre deux crachats ensanglantés, que Cae n'aide les quatre soldats à s'extirper et qu'ils ne cherchent tous à sa réarmer… tout comme il n'en fallut pas longtemps à Voldemort pour voir leurs balafres, brûlures, entailles et blessures de sorts Noirs se refermer. Un détail que ni lui, ni Hermione ne purent manquer et qui alors même qu'ils s'attelaient déjà à se rassembler pour mieux répliquer, les fit violemment frissonner. Bon sang… ils auraient dû s'en douter. Plus encore, ils auraient dû l'anticiper !

La magie de l'île les protégeait.

Plus vive que jamais à cette heure de combats acharnés, elle renforça leurs cœurs, pansa leurs plaies, apaisa leurs douleurs et redora leur santé, fière et loyale à ceux qui l'avaient toujours protégée ! Mais se faisant, elle se faisait leur allié… et le nouvel ennemi des sorciers. Une évidence que Voldemort sentit le faire amèrement grimacer, et dont l'indéniable danger ne manqua pas de le déstabiliser. Car là encore, une nouvelle contrainte se laissait deviner… ils ne pouvaient pas les tuer.

Ils ne pouvaient pas les tuer !
Ils ne pouvaient pas les tuer !
Ils ne pouvaient pas les tuer !

Par Merlin, quelle honte… Quelle infamie ! Quel piège immonde ! Ne pas être en mesure de tuer ses propres assaillant ; ne pas être en mesure d'infliger davantage de dégâts que quelques égratignures sanglantes ! Ne pas être en mesure de dignement se défendre… Existait-il plus fourbe ? Plus avilissant ? Plus odieux ? Et dégradant ? Il n'était pas certain de vouloir connaître la réponse. Pourtant, Connor les avait prévenues… la magie de l'île avait ses élus. Et se faisant, ces pirates n'étaient pas de simples briguant… mais de véritables soldats à l'épreuve de temps. Aussi vieux que le monde, chacun d'eux possédait un savoir de plus de deux mille ans, des corps à l'endurance de légende, une ténacité défiant toute concurrence ainsi qu'un sens du devoir tout aussi unique qu'implacablement puissant… Fiers, insoumis, féroces et archaïques, ils constituaient à eux seul l'exemple même du parfait ennemi : celui que l'on ne peut battre armé d'artifice. Et dans le cas précis… de magie. Une vérité que les Sorciers eurent du mal à accepter, et qui bien qu'ils s'entêtent à les assiéger de tous les sorts qu'ils possédaient, se sentirent rapidement dépasser.

Impassibles, tous recommençaient à s'élancer…
Inconscients, tous recommençaient à hurler…
Invulnérable, tous recommençaient à attaquer !

Et bien que tous recommençaient presque aussitôt à voler sous les vagues de leurs magies déchaînées, tous ne cessaient jamais de se relever…

Assiégée de tous côtés, Hermione répliquait autant qu'elle le pouvait, ses sortilèges embrasant sa baguette plus rapidement que ses lèvres n'hurlaient. Maudissant rageusement chacun des hommes qui avait l'inconscience de l'attaquer, elle tentait de les désarmer, de les blesser, de les immobiliser et les contraindre à abandonner, son cœur se brisant un peu plus à chaque cri que Connor poussait. Mais face à une telle armée, que pouvait-elle tenter ?! Aussitôt qu'un tombait, trois se relevaient. Aussitôt qu'un hurlait, six attaquaient. Et aussitôt qu'un la manquait, dix l'assaillaient ! Plus violents que les Centaures et fourbes que les Vampires, ils attaquaient en groupe, se dispersaient pour la mettre en joug, lui lançaient filets, flèches, mèches et fourches, et s'acharnaient à la mettre à genoux ! Alors que faire ? Que faire ?! Elle n'avait pas le temps de chercher à les épargner. Elle n'avait pas le temps d'essayer de les sauver ! Et n'en avait que moins à la vue de Luna qui s'apprêtait à se poser ! Ne lui restait donc que l'espoir de les contraindre à se raviser… et la désolation de les voir s'entêter. Semblables à de véritables boumerangs, ils guérissaient plus vites, se battaient plus forts, et revenaient plus unis, déterminés à user de la moindre faiblesse de leur ennemi pour les frapper de leurs courroux fatidiques ! Une tactique guerrière basée sur l'assaut de masse, l'endurance, la disparité des attaques et leurs vitalités toujours plus grandes, qui ne manqua pas de leur arracher un frisson… avant que Voldemort ne sente ses tympans vibrer sous l'écho d'une effroyable détonation… et que ne résonne l'impact d'une paire d'aile contre un boulet de canon.

Abasourdis, les sorciers ne comprirent pas immédiatement ce qui suivit… Ils ne comprirent pas pourquoi un attroupement de pirates se mit brusquement à exulter de joie. Ils ne comprirent pas pourquoi certains se désintéressèrent des combats, le regard soudainement tourné vers le large. Ils ne comprirent pas pourquoi Connor manqua de s'arracher les cheveux et s'écria à en perdre la voix. Et plus important encore… ils ne comprirent pas pourquoi les hommes désertèrent le rivage. Comme s'ils craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête, qu'un Dieu ne les frappe d'un coup de poing céleste ou que le soleil ne s'écrase à terre, ils fuirent à toute jambes dans un rayon de plusieurs mètres, une étrange fièvre aux lèvres… pourtant, cela ne leur ressemblait pas. Pas plus que cette étonnante joie, qui n'avait pas plus de sens que leurs rires gras ! Des rires dignes d'une victoire, que les sorciers ne comprirent pas… avant que ne dessine devant eux la pire vision qu'il leur ait été donné de voir…

Celle d'un Sombral aux ailes éventrées, prêts à s'écraser sur le rivage.

- Non !

Par tous les Dieux… ils n'avaient jamais vu ça. Et pour cause, cela sembla inconcevable ! Que dire ! Inimaginable ! Mais ils ne rêvaient pas… pas plus qu'ils n'imaginaient les cris d'horreurs de cette pauvre Luna ! Le Sombral avait été touché... Pourtant, cela n'aurait jamais dû arriver ! Les Sombrals étaient des créatures puissantes, aux réflexes acérées et rapidités inégalées ! Des êtres tout aussi légendaires qu'intemporels que rien ne pouvait concurrencer ! Jamais l'un d'eux ne pourrait… Oh bon sang. Le canon.

Ils avaient tiré aux canons !
Ils avaient tiré aux canons !
Ils avaient tiré aux canons !

Vif et tranchant dans la mélodie mortelle de son sifflement, il avait fendu les aires plus rapidement que le vent, ne laissant dans son sillage que nuage de poudre et promesses sanglantes. Perdu dans le chaos de cris et sorts retentissants, sa détonation n'avait suscité pas plus d'effroi que les précédentes… mais sa mission, elle, n'en avait été que plus horrifiante. Car dans leurs combats, adrénalines et soifs de sang, les sorciers en avaient presque en oublié la véritable raison d'un tel acharnement… cette même raison qui sous leurs yeux épouvantés, se mit à tomber des cieux entre deux hennissements.

- Luna !

Déséquilibrée par le trou béant de son aile déchiquetée, la pauvre créature tenta vainement de se redresser, de gagner de la hauteur, d'endiguer sa chute et de lutter contre la douleur… mais son aile semblait sur le point de s'arracher, son corps osseux s'agitait de frissons incontrôlés, ses sabots frappaient le vide d'un élan désespéré et son encolure s'affaissait sous le poids de sa cavalière désarmée. Entraînée par l'élan de sa chute, Luna tenta de s'accrocher, d'agiter sa baguette, de les sauver ou de ne serait-ce que de résister… mais le sol se rapprochait, les pirates exultaient et le Sombral capitulait. Aussi, il ne servait à rien de le nier… ils allaient s'écraser. Une certitude qu'Hermione peina à soutenir sans sentir une nausée l'étrangler…

Seigneur…

Sa Graciée allait s'écraser.
Sa Graciée allait s'écraser.
Sa Graciée allait s'écraser.

Or un tel affront, une telle offense, une telle cruauté… suffit à venir bout de sa dernière once de lucidité.

Assiégée par plus de rage qu'elle ne put en supporter, la jeune femme perdit tout contrôle sur la soif de sang qui l'étreignait. Possédée par la pire cruauté qu'on n'eut jamais vu exister, elle entendit l'appel harassant de la vengeance qui l'étouffait, trembla sous l'avidité des Sorts Noirs qui l'aveuglait et embrasa les Ténèbres dont son âme regorgeait… Incapable de résister à l'assauts des pulsions qui la submergeait, son corps rayonna d'un halo mortel, ses poings s'embrasèrent d'un millier d'étincelles et son propre Maître se pétrifia devant l'éclat de son regard acerbe. Un regard comme il n'en avait que rarement vu chez elle, dont le seul souvenir parvînt à faire frémir l'esprit des millions de sirènes gisant en Enfer… Car oui. Ce n'était pas Hermione que ces pirates venaient d'offenser… mais bien la Déesse que nul ne voulait rencontrer.

Qu'allait-il leur arriver ? Voldemort ne fut pas certain de pouvoir le deviner… jusqu'à ce que la magie de son Initiée ne s'infiltre de haine et que les fondations de l'île ne vacillent violemment sous le poids de son présage mortel. Oui… elle en avait assez de jouer. Et c'est ainsi que de sa seule volonté, le combat fut gagné.

Frappés de plein fouet par une vague de magie plus dévastatrice qu'ils ne purent en supporter, les pirates furent projetés à terre… Traînés au sol telles de vulgaires poupées, leurs corps se fracassèrent contre les rochers, leurs os se brisèrent avec brutalité, leurs arcs volèrent dans les aires, leurs lames se désintégrèrent, leurs filets brûlèrent à leurs pieds, leurs cannons explosèrent en fumée et un nouveau tonnerre se mit à gronder… Allant jusqu'à transcender la magie dont l'île n'avait cessé de les nourrir, ils s'écroulèrent sans trouver la force de laisser échapper le moindre cri, l'essence même de leurs êtres gisant presque morte sous l'étau d'une puissance aussi destructrice. Une puissance face à laquelle Voldemort et Connor blêmirent, et dont l'issue joncha le rivage de corps livides… Oh bien sûr, l'île ne laisserait aucun d'eux mourir ! Mais cela suffit à ce que le rivage soit libre ; et donna suffisamment de temps au Mage Noir pour ensorceler le Sombral de sa magie… Loin de suffire à ce qu'il puisse convenablement atterrir, l'animal henni en sentant ses ailes battre dans son dos, le soulageant alors brièvement de la charge de ses deux poids morts l'entraînant fatalement vers l'eau… Usant de ses dernières forces, ses sabots cherchèrent un ultime appuie, un ultime espoir, une ultime chance de survie !

Mais bien que Voldemort ensorcelât une butée de sable, que sa magie se répandit sur tout le rivage et que ces quelques secondes de gagné les sauvèrent probablement d'un drame, c'est dans un fracas effroyable, un cri de douleur innommable et un bruissement d'ailes fatal, que Luna et son Sombral s'écrasèrent violemment sur la plage...


Et voilà les amis ! Le dernier chapitre de l'année 2022 est enfin sorti ! :D Et comme vous pouvez le voir il n'est pas sans surprise XD Et oui... Luna les a retrouvé. Comment ? Pourquoi ? Comme vous pouvez vous en doutez, quelque chose de grave est probablement arrivé. Est-ce à cause des Centaures ? De la guerre ? De la Résistance ? Vous le saurez bientôt !

Mais comme je vous l'ai dit, ce ne sera pas ce mois-ci... je prends une petite pause de fin d'année pour prendre de l'avance et ne rien bâcler. La suite de l'histoire va être TRES mouvementée et autant vous dire que je ne veux rien négliger ! Mais ne vous en faîte pas, ce n'est pas encore la fin de l'histoire ! Seulement son ultime entracte avant que ne démarre sa troisième et dernière partie... mais on en est encore loin je vous rassure ! Il reste encore une trentaine de chapitres à venir ! ;)

Je reviendrais donc comme promis début janvier avec de nouveaux chapitres ! (plusieurs bien sûr ;))

En tout cas, j'espère que cet ultime rebondissement vous aura plu !
N'hésitez pas à me donner vos pronostiques pour la suite, j'y répondrais avec plaisir !

Merci encore de me soutenir après tout ce temps, je vous embrasse et vous souhaite le meilleur Noël du monde :-*
BIZZEEEESSSS