Faire son procès…
Faire son procès…
Faire son procès…
Intrigué, le Mage Noir jeta un coup d'œil à son Initiée, un sourire savamment caché derrière son air faussement outré.
Faire son procès…
Faire son procès…
Faire son procès…
Intéressant… on ne lui avait presque jamais faîte. Mais venant de Potter ? Il devait l'admettre… c'était une véritable première.
Faire son procès…
Faire son procès…
Faire son procès…
Subsistait cependant un mystère ; pourquoi faire ? Pour le destituer ? Le faire juger ? Condamner ? Humilier ? Et tuer ? Qui sait, peut-être même espérait-il secrètement qu'on lui coupe la tête, comme ce bon vieux Louis XVI ? Qu'on exhibe sa dépouille entre deux réjouissances et fêtes ? Qu'on crache sur son corps avant de lui en arracher les viscères ? Et qu'on n'oublie jamais le jour où l'Invulnérable Seigneur des Ténèbres aura été déjoué par l'intransigeance du système Judiciaire ?! Souriant franchement à cette dernière pensée, Voldemort se redressa dans un silence mesuré, un rire moqueur retroussant légèrement son nez. Par Lucifer… faire son procès. Son procès. SON procès ! Autant attendre que Dumbledore revienne d'entre les morts pour l'achever ! Comme que même cette hypothèse semblait plus crédible que l'espoir de le voir se faire menotter…
- Je vois...
Que de beaux mots pour d'aussi viles lèvres.
Que de grands espoirs pour d'aussi grotesques rêves.
Que de belles menaces pour d'aussi vaines promesses...
- J'imagine donc que le MagetMagot est au courant de ta démarche ? Demanda-t-il soudainement.
Surpris par une telle réponse, Harry siffla rageusement entre ses dents.
- Le MagetMagot est corrompu jusqu'à la moelle…
- Le Comité d'Ethique et de Protection de la Magie ?
- Une bande de lâches cachée derrière des toges de bureaucrates ! Hurla-t-il.
- La Cour Internationale de Magie de la Haie ?
- Un cirque déguisé en tribunal !
Eh bien… voilà qui en disait long sur sa connaissance des lois et de leur système carcérale.
- Donc si je comprends bien… tu as l'intention de me détrôner, de me faire un procès, de me condamner, de me faire tuer et de prendre ma place en tant que Souverain incontesté, sans la moindre base légale ni légitimité ?
Pantois devant l'étrangeté d'une telle remarque, Harry resta sans voix pendant de longues secondes, son regard s'écarquillant davantage à mesure que son esprit tentait vainement d'en assimiler le sens. Un sens critique, calculé et intransigeant. Un sens décisif, savamment pensé et déterminant. Mais un sens qui lui parût si étranger, futile et impertinent, qu'il ne réussit qu'à lui arracher un râle désobligeant...
- Comment osez-vous parler de légitimité ? Lança-t-il. Vous avez pris le pouvoir par la force !
- Il est vrai que mon ascension au pouvoir n'a pas été très appréciée… acquiesça-t-il. De nombreux Ministères ont tenté de me défier, certaines Institutions ont comploté pour me renverser, des Pays entiers ont contesté mon autorité et mêmes certains Présidents moldus ont eu l'audace de me rejeter ! Mais au cas où tu semblerais l'avoir oublié… quatre années se sont écoulées depuis la fin de la guerre ; quatre années pendant lesquelles j'ai régné en Maître…
- Quatre années de tyrannie !
- Peut-être… mais des Accords Internationaux ont été signés, des Alliances se sont formées, des Routes Commerciales ont été négociées, notre Economie a prospéré, nos anciens ennemis sont devenus nos plus fidèles alliés, l'intégralité des pays du monde a reconnu ma légitimité, et le Monde Sorcier a grandi dans une nouvelle ère d'abondance et de prospérité !
S'étouffant ouvertement, Harry bafouilla d'ahurissement, le cœur révulsé par l'horreur de telles croyances.
- De prospérité ? Répéta-t-il outré. Notre vie n'a jamais été plus miséreuse !
- Parce que tu t'es obstiné à me défier. Rétorqua-t-il simplement. Parce que tu as refusé de t'agenouiller, de me prêter allégeance et d'abandonner ce ridicule concept de Résistance. Mais c'était ton choix… pas le mien.
Nauséeux à la vue du rictus que lui inspira son dernier mot, le Survivant senti une étrange sueur ramper le long de son dos. Et pour cause… un millier de regard pesaient sur ses épaules.
- Un choix ? Quel choix ?! Cracha-t-il. Vous ne nous avez jamais laissé aucun choix ! Ni à moi, ni à ma famille, mes amis et les milliers d'innocents que vous avez asservis !
- Contrairement à ce que tu sembles croire, le monde ne tourne pas autour de toi… pas plus que la vie de tous les sorciers ayant choisi de vivre sous mes lois.
- Vous les avez manipulés ! Hurla-t-il outré. Piégés ! Et menacés !
Quel petit esprit étriqué…
- Je leur ai proposé un marché : une vie prospère sous mon règne ou une mort inutile dans la misère… je conçois qu'un tel ultimatum ne soit pas à prendre à la légère, mais je n'ai jamais tué quiconque de manière arbitraire !
Maquant de s'étrangler, Ron sentit ses joues s'empourprer d'une haine incontrôlée… Quel menteur. Quel hypocrite ! Quelle horreur ! Quelle satire ! Se faire passer pour un Saint ? Un innocent ? Un bon souverain ? Alors même que ses geôles regorgeaient d'innocents condamnés à mort au prochain matin ! Quelle honte… Quelle honte ! Quelle honte !
- Ceux qui cautionnent votre règne et acceptent de vivre selon vos règles ne sont que des lâches sans cervelles… Siffla le Weasley amer. Des complices ! Des traîtres !
- C'est vrai. Reprit Harry. Vous appâtez les plus faibles… Vous les manipulez ! Les ensorcelez ! Et les faîtes rêver avec de fausses promesses pour mieux les duper !
Tiquant soudainement à l'emplois de termes aussi mensongers, Voldemort sentit un étrange frisson le secouer. Imperceptible, fugace et presque léger, il vint agiter sa paupière d'un balbutiement crispé, figea ses pommettes d'un sourire pincé, serra sa gorge d'un grondement étouffé et illumina son regard d'un éclat jusqu'alors oublié… le genre que ses hommes avaient pris l'habitude de redouter… le genre qu'Hermione elle-même avait appris à ne jamais provoquer… mais surtout le genre que nul n'attisait sans le regretter.
- De… de fausses promesses ? Répéta-t-il du bout des lèvres.
- Oui ! Vous les avez endoctrinés, envoûtés et privés de leurs propres pensées !
Impressionné, Voldemort se mordit la lèvre dans un gloussement exalté, ses pupilles s'élargissant davantage à mesure que sa stupidité le frappait.
- Vous en avez fait des esclaves tout juste bon à ramper !
Par tous les Dieux… il ne savait pas de quoi il parlait.
- Des lâches trop terrorisés pour se révolter !
Il ne savait rien de ce qu'il avançait !
- Et le pire est que vous êtes parvenus à les convaincre que c'était leur souhait !
A tel point qu'il ne parvînt plus à le supporter…
- C'était leur souhait ! Hurla-t-il.
Frappée de plein fouet par la puissance que son cri se mit à déverser, l'intégralité des armées se pétrifia dans un souffle muet, incapable de bouger devant les frémissements de son corps ensanglanté... devant les ténèbres de son regard embrasé... devant l'écrasante aura de sa rage excédée et la létalité que son seul souffle se mit à dégager. Une létalité qui ne tarda pas à tous les paralyser.
- Misérable vermine ! Tu ignores tout de ce que tu dis ! Cracha-t-il avide.
- Je…
- La ferme !
Semblable à un Dieu prêt à les frapper de son courroux, Voldemort se grandit devant eux dans la clameur assourdissante de son pouls. Aveuglé d'une rage jusqu'alors restée sourde, il senti ses veines se gonfler sous la peau de son cou… se mit à les toiser avec autant de haine que de dégoût… s'avança lentement dans l'inéluctabilité de son joug… et laissa l'écho de ses pas les accabler de son inextricable tambour, leurs échines tremblant plus que jamais devant sa stature de feu, son visage de sang et ses yeux fous. Un instant pendant lequel aucun Centaure, aucun Résistant et aucun mangemort ne parvînt à respirer ; un instant pendant lequel même Harry et Ron se mirent à trembler… mais un instant que tous contemplèrent avec autant de terreur que de stupeur horrifiée.
- Tu crois donc que je leur ai menti ? Articula-t-il. Que je les ai… manipulé ? Trompé ?!
- Vous…
- Tous savaient ce qui les attendaient ! Tonna-t-il acerbe. Tous savaient ce qu'ils risquaient ! Tous savaient dans quoi ils s'engageaient ! Il n'y avait aucun piège… aucun mensonge, aucune fausse promesse !
Sursautant un peu plus à chacun de ses hurlements, on vit certains Résistants déglutir péniblement, éponger la fièvre de leurs tempes et baisser le regard dans un jappement, le cœur au bord de l'arrêt devant la fureur de sa transe…
- J'ai toujours revendiqué qui j'étais !
… devant l'intransigeance de sa puissance…
- J'ai toujours revendiqué ce que je faisais !
… devant l'effervescence de son indignation…
- J'ai toujours revendiqué mes projets !
… mais également devant l'aura, les tremblements et l'incroyable violence de son incommensurable magnificence.
- Alors prétendre que je les ai trompés ? Leurré ? Et manipulé ?!
Non… il n'avait pas le droit de dire ça. Pas après tout ce qu'il avait fait. Pas après tout ce qu'il avait engagé. Pas après tout ce qu'il avait réalisé ! Et certainement après tout ce qu'il avait sacrifié pour rester fidèle à son identité ! Car bien sûr… il aurait été facile de mentir ; de se faire passer pour un autre, de les trahir et de renier ses propos une fois que ses sujets auraient jurés de leur servir ! Mais cela n'aurait été que la preuve de la plus somptueuse des hypocrisies… de la plus infâme des bassesses et de la plus suprême des bêtises ! Des choses qu'il exécrait plus que n'importe qui… et dont la seule allusion lui donna envie de vomir.
- Ce sont des affronts. Siffla-t-il. Des mensonges ! Des déblatérations toutes aussi impies que vides de sens ! Pire encore ! Des litanie toutes aussi grotesques, que les médiocres espoirs que tu portes en ta quête ! Car ce n'est pas que moi que tu oses insulter ! Ce n'est pas que moi que tu oses bafouer ! Et humilier ! Mais bien l'intégralité de mes sujets !
Approuvant chacun des mots de leur Maître avec ferveur, les mangemorts resserrent les rangs une nouvelle fièvre au cœur, l'âme conquise par la véracité de son ardeur. Car il disait vrai… ce n'était pas uniquement son idéologie qu'il défendait ; mais bien celle de tous les sorciers qui avaient choisi de le suivre de leur plein gré.
- Alors oui Potter…
Seigneur…
- Je suis un dictateur !
Il était enragé.
- Je règne grâce à la terreur, la répression, la douleur, la violence et l'intimidation !
Plus rien ne pouvait plus l'arrêter.
- Je torture et assassine froidement ceux ne me prêtant pas allégeance !
Plus rien ne pouvait plus l'apaiser.
- Je terrifie, fait chanter et asservi des populations !
Plus rien ne pouvait plus le raisonner.
- Je me repais du pouvoir, de l'oppression, de l'influence et de la soumission que me confère ma position !
Oh bon sang…
- Mais contrairement à ce que tu laisses honteusement sous-entendre… je n'ai jamais promis quoi que ce soit d'autre à quiconque.
Ne sachant plus quoi dire, Harry s'entendit douloureusement déglutir, la langue clouée d'un profond mutisme devant l'aura mortelle de son ennemi. Pourtant et face à leurs balbutiements et teints livides, Hermione elle, ne put s'empêcher d'esquisser un fin sourire. Bon sang… qu'ils étaient naïfs. Bêtes et naïfs ! Et pour cause ! Bien qu'il soit détestable, Voldemort n'avait jamais menti. Il n'avait jamais trompé, fait rêver ou trahi ! L'idée ne lui était même jamais venu à l'esprit ! Pourquoi l'aurait-il fait d'ailleurs ?! Il avait toujours revendiqué sa tyrannie, sa perfidie, ses crimes et son ignominie ! Un détail qui les laissa tous aussi pantois que profondément fébriles… mais qui ne réussit qu'à la ravir.
- J'aimer tuer ! J'aimer torturer ! J'aime terrifier ! Je ne m'en suis jamais caché, je ne l'ai jamais nié et je n'ai même jamais cherché à le changer !
Incontestablement…
- Au contraire même, je suis fier de tout ce que j'ai fait !
Précisément…
- Mais contrairement à vous autres, misérables désœuvrés qui n'avaient pour honneur que votre lâcheté… je n'ai jamais cherché à m'en dédouaner. Je n'ai jamais cherché à me justifier, à m'innocenter ni même à me complaire dans le mensonge d'une fausse bonté !
Transcendée, Hermione vit Harry et Ron se perdre dans leur apnée, le souffle court à mesure que le mage les assommait de son discours enragé, pupilles embrasées et hurlements excédés. Où était-ce à cause de tous les yeux qui le détaillait ? De tous les murmures qui s'élevaient ? Et de l'incertitude qui grandissait ? Elle ne sut pas… mais ne put s'empêcher de savourer cet instant avec joie. Par tous les Dieux… elle avait tant prié pour assister à cela ; tant prié pour entendre ses anciens geôliers s'essouffler entre deux regards, pour sentir leurs arrogances s'étioler dans le noir et voir leurs joues se délaver devant sa grandeur macabre ! Oui… pendant plus de deux longues années, elle avait attendu cet instant dans l'étau d'un désir insatiable, d'une haine incommensurable et d'une impatience inextricable, ne parvenant jamais à se satisfaire de son imagination toujours trop affable pour ses rêves de cauchemars ! Mais maintenant qu'elle était là… qu'elle les voyait se décomposer avec effroi et que leur silence trahissait leur médiocrité sans égale… une profonde allégresse illumina radieusement son visage. Etait-ce déplacé ? Mal venu ? Et profondément rancunier ? A n'en pas douter ! Mais comment aurait-elle pu s'en empêcher ? Ils l'avaient tant bafoué ; tant humilié… tant rabaissé ! Jamais elle ne pourrait guérir de ce qu'ils lui avaient fait endurer ! Alors les voir ainsi ? En difficulté ? En apnée ? Et démuni face à leur propre stupidité ? Seigneur… ses prières s'exhaussaient. Et pourtant… il y a quatre ans de çà, les rôles étaient inversés. Pour preuve !
C'était elle qui se tenait à leurs côtés, sotte et révoltée.
C'était elle qui fulminait, sa baguette arquée entre son poing serré.
C'était elle qui le maudissait, écœurée par son arrogance à peine déguisée.
C'était elle qui bafouillait, la langue clouée de haine et d'injures ne demandant qu'à être hurlées…
Mais aujourd'hui… quatre ans après la plus cinglante défaite de toute sa vie… c'est plus fière que jamais qu'elle contemplait son Roi les frapper de son mépris. Un retournement de situation à la satire presque comique, qui ne manqua cependant pas de la faire frémir de son ironie. A croire qu'on ne sait jamais ce que nous réserve l'avenir... et encore, le plus tragique était à venir ! Car alors même qu'un nouveau silence prenait pace, que le monde retenait son souffle et qu'Harry semblait en nage, Ron lui, n'en supporta pas davantage… Horrifié, écœuré et profondément, il sentit sa cage thoracique s'opprimer, ses poings trembler, sa gorge brûler et ses yeux se révulser. Une rage plus grande que sa lucidité, qui devant tous, le fit craquer…
- Comment… comment osez-vous ?
- Pardon ?
- Comment osez-vous ?! S'écria-t-il plus fort.
Surpris par une intervention aussi osée, Voldemort haussa un sourcil amusé devant sa haine si mal cachée. A croire que ce Weasley ne cesserait jamais de l'étonner de sa profonde inutilité…
- Il me semble que ton sbire souhaite s'exprimer Harry... Siffla-t-il avec mépris. Peut-être devrais-tu lui donner la parole ?
- Espèce de…
- Ron !
- Vous n'êtes rien ! S'époumona-t-il violemment.
Oh bon sang…
- Vous pensez que votre honnêteté vous honore ? Que le fait de revendiquer vos crimes mérite que l'on vous pardonne ? Ou que votre transparence fait de vous un Saint Homme ?! Mais ce n'est qu'un mensonge ! Qu'un piège ! Qu'une nouvelle manipulation !
- Ron !
- Vous n'êtes pas un Roi ! Continua-t-il. Non, vous… vous n'êtes qu'un fou ! Un monstre ! Un démon ! Un détraqué maudit par ses parents ! Une erreur de la nature né sous potion ! Une abomination que personne n'a voulu pour rejeton ! Un… un bâtard qui n'aurait jamais dû venir au monde !
Un silence.
Un deuxième.
Et le monde vacilla sur lui-même.
Essoufflé entre ses propres cris, on n'entendit plus que la respiration de Ron résonner au milieu d'un silence ahurit. Un silence assurément surpris, pétrifié et abasourdi ; mais un silence qui contrairement aux autres, ne tarda pas à se faire profondément et intrinsèquement… craintif. Et pour cause ; une limite venait d'être franchie… celle que les Dieux eux-mêmes n'avaient jamais osé salir.
Un silence.
Un deuxième.
Et Hermione manqua d'air.
Non… non, il n'avait pas osé. Il n'avait pas osé. Il n'avait pas osé. Il n'avait pas osé. Il… il… par tous les Dieux… il venait de se condamner. Incapable d'y croire, la jeune femme sentit ses yeux s'écarquiller d'effroi, un frisson mortel lui nouant déjà l'estomac à mesure que le monde entier restait béat. En apnée, elle ne parvînt plus à respirer, à penser ou à parler, son propre cœur s'étant instantanément stoppé devant le suicide auquel elle venait d'assister… devant le crime qui venait d'être perpétré… devant l'horreur qui ne tarderait pas les frapper ! Car il ne s'agissait plus de guerre désormais ; d'idéologie, de combats ou de règne ! Non… mais bien de la plus fatale des insultes de cette ère : celle portant sur la naissance du Seigneur des Ténèbres.
Un silence.
Un deuxième.
Et les armées se soulevèrent.
Comme si ces simples mots venaient de transpercer la terre, de déchirer le ciel, d'incendier l'air et renverser le cours même de cette guerre, on vit les Résistants lever leurs baguettes, Harry jurer dans une grimace amère et l'intégralité des Mangemorts reculer d'un pas derrière leur Maître, tous guidés par l'étau d'un instinct devenu réflexe… Horrifié, chacun d'eux se mit à le détailler la peur aux viscères, s'attendant à tout instant à le voir exploser en un dédale de sorts et de Ténèbres… se muer en un monstre de feu et de haine… personnifier la Mort et Lucifer… et incarner les pires fléaux des Enfers ! S'attendant à tout instant à le voir renverser l'Univers…
Un silence.
Un deuxième.
Et les Dieux tremblèrent.
Frappé par l'inconscience de son impair, Ron ne sut plus où se mettre, une nouvelle sueur imbibant le pli de ses paupières. Pourtant et alors que tous se préparaient déjà à subir les foudres du Maître, à endurer ses vices abjects et à fuir avant qu'il n'éventre la terre, c'est animé d'une étrange nonchalance que Voldemort se mit subitement à jauger le Weasley… Calme, silencieux et presque amusé par l'effervescence qui les entouraient, il se pinça distraitement les lèvres, leva les yeux au ciel et ne saisit même pas sa baguette, l'éclat de son regard d'ébène s'habillant de nouvelles braises à mesure que l'agitait une joie mortelle. Une joie froide, cinglante et horriblement cruelle, face à laquelle Hermione elle-même s'empressa de se mettre en retrait…
Un silence.
Un deuxième.
Et un sourire étira ses lèvres...
- Et donc ? Demanda-t-il simplement.
Un silence.
Un deuxième.
Et Ron devînt blême.
- Qu… quoi ?!
Abasourdis, aucun homme n'osa réagir. Qu'av… qu'avait-il dit ?!
- Et donc ? Répéta-t-il nonchalant. Tu sembles vouloir nous apprendre quelque chose… alors j'attends.
Il attendait ? Un traître-à-son-sang venait de l'insulter de la pire des manières, de profaner le plus défendus des secrets et de le frapper du plus profond des irrespects, et il… il… il attendait ? Lui ?!
- Mais… mais vous… vous…
- Je suis bel et bien un enfant né sous potion. Acquiesça-t-il. Un orphelin maudit par ses parents. Un monstre et une abomination qui n'aurait jamais dû venir au monde… mais une fois encore, je ne vois pas la pertinence de ton intervention.
Manquant de chavirer à ses côtés, Hermione dévisagea son Maître d'un air effaré, l'intégralité des mangemorts l'imitant brusquement dans l'écho d'un hoquet stupéfait. Grand Dieu, mais… que se passait-il ? Où était la furie ? Les meurtres ? Les cris ? Et les supplices ? Où était ses promesses de morts ? De douleurs ? Et de cataclysmes ? C'était ce qui était promis ! Attendu et même prédit ! Et pourtant… jamais un seul frisson ne le fit tressaillir. Comme si son feu s'était fait de glace, qu'il était passé outre son ascendance profane ou que chacune de ses odieuses insultes lui était égale, il ne blêmit pas, n'hésita pas et ne gronda même pas, un profond calme parcourant les traits de son visage… un calme mais également un sourire, dont les seuls prémices les pétrifièrent tous de leurs échos morbides. Par tous les Dieux… pourquoi réagissait-il ainsi ? Pourquoi une telle retenue ? Un tel contrôle ? Et un telle malice ? Aucun ne le sut, l'esprit aliéné et le souffle fragile ; une réaction partagé de tous, qui ne réussit qu'à le ravir.
- Mais vous… vous êtes un monstre ! Répéta Ron sans savoir quoi répondre. Ce que vous êtes est… est… est immonde !
- Il me semble que tu l'as déjà dit.
- Mais vous… vous… vous ne…
Las de le voir gaspiller son temps en bafouillements et autres déclarations vides de sens, le Mage Noir se redressa dans un grondement, son aura se décuplant soudainement au rythme de son exaspération.
- Harry, soit aimable je te prie… musèle ton subalterne et épargne nous ses inepties.
Oh bon sang…
- Son su… subalterne ?! S'étrangla Ron ahurit.
- Hum hum… à moins que ce terme ne soit pas assez vulgaire pour ta condition de parvenu analphabète ?
- Quoi ?! Mais…
- Que préfères-tu Weasley ?! S'exclama-t-il alors dans un sourire espiègle. Valet ? Laquais ? Domestique ? Sous fifre ? Chien ? Larbin ? Choisi vite, l'un de ces termes sera gravé sur ta tombe au matin !
Oh. Bon. Sang.
- A moins bien sûr qu'Harry ne te nomme d'aucune manière, et se contente simplement de te siffler au pied en agitant ta laisse…
Sonné, humilié et enragé, Harry se mit à partager les tremblements de Ron dont le souffle s'était coupé. Incapable de parler, de respirer ou de penser sans avoir l'impression d'être sur le point d'exploser, les deux sorciers regardèrent le Mage avec plus de haine qu'ils n'en avaient jamais éprouvé, son sourire narquois délitant davantage leurs consciences à mesure que ce dernier le toisait de ses contours orgueilleusement ourlés ; des contours synonyme de puissance, de réjouissance, d'intelligence et de délectation, dont la seule vue manqua de leur briser une dent… Pourtant et malgré leur mutisme tremblant, une seule personne sembla véritablement galvaniser le feu de leur sang ; une personne qu'ils se mirent à détailler avec colère, honte et écœurement… mais qui jamais ne fit cure de leurs grondements.
- Toi…
Elle.
- Tu… tu…
Hermione.
- Comment… comment peux-tu…
Peinant à lui parler sans s'étrangler d'une nouvelle nausée, Harry leva le poing dans un râle excédé, ses joues se crispant douloureusement derrière sa barbe mal taillée. Et pour cause…
Elle était là.
Elle entendait tout cela.
Elle les voyait essuyer ces insultes et milles outrages !
Et pourtant, elle ne réagissait pas… Ne parlait pas. Ne s'offusquait pas. Ne ripostait pas. Ne les défendait pas ! Et ce alors même qu'elle était là quand leurs amis avaient succombé des mains de ce barbare ! Quand leurs familles avaient été contraintes de fuir leur pays natal ! Quand le monde entier avait sombré sous le joug de la magie Noire ! Et quand leurs vies avaient viré au cauchemar ! Mais non… loin de s'émouvoir, de le contredire ou de ne serait-ce que serrer la mâchoire, Hermione les contemplait le dos droit, le menton haut et le regard froid, indifférente aux mots cruels de ce monstre impitoyable. Allant même jusqu'à esquisser un sourire devant leurs grimaces, elle ne semblait s'encombrer d'aucune peine, d'aucune larme, d'aucune tristesse, d'aucune rage. Ou si… d'une seule chose ; de la joie… Oh oui ! Il pouvait le lire dans son regard, elle était heureuse d'être là. Elle était heureuse de les voir. Elle était heureuse qu'il les assaille ! Elle était heureuse de ces massacres ! Elle était heureuse de tout cela ! Oui… bien qu'il ne comprenne pas pourquoi, elle était heureuse de se tenir devant eux ce soir… aux côtés du démon à qui elle avait vendu son âme. Pourtant et bien que cette idée le rende malade, lui retourne les entrailles et retrousse ses lèvres d'un inaudible Avada, jamais le Survivant ne parvînt à détourner le regard de son visage…
Celui de sa plus chère amie, au service du Diable...
Celui de sa plus chère amie, une Marque des Ténèbres au bras…
Celui de sa plus chère amie, devenue la plus Grande Traîtresse de l'Histoire…
Malédiction ? Hasard ? Ou karma ? Il ne chercha pas à le savoir. Mais par tous les Dieux, que n'aurait-il pas donner pour effacer le sourire qui striait son visage ? Pour le rayer de la carte du monde ? Le plonger dans le noir ? Le laisser pourrir dans l'ombre ? Et ne plus jamais le revoir ?! Il ne savait pas… mais comprit qu'à cette heure, Voldemort n'était presque pas la personne la plus immonde de ce champ de bataille.
- Comment peux-tu… te tenir à ses côtés ? Déclara-t-il d'un air écœuré.
Accueillant froidement ses mots, Hermione ne réagit pas à la floppée de murmures qui s'éleva dans son dos.
- Comment peux-tu tolérer ce… ce qu'il est ?!
Impassible, elle ne tressaillit pas non plus quand il cracha au sol, la mâchoire serrée aux côtés des jappements indignés de Ron.
- Comment peux-tu le servir après ce qu'il… ce qu'il a fait ?
Non… elle ne dit rien.
- Après ce qu'il nous a fait ?!
Ne fit rien.
- A nous et à tous ceux qu'on aimait ?!
Ne ressentit rien.
- N'as-tu donc aucune honte ? Aucun remords ? Aucune décence ?! Hurla-t-il plus encore.
Pourquoi une telle indifférence ? Une telle désinvolture ? Et ignorance ? Chacun se posa la question, tout aussi troublé qu'étonné devant son manque d'émotion… mais qu'attendaient-ils donc ? Qu'elle joue la comédie ? Feigne des pleures ? Hurle de colère ? Ou plaide la folie ? Non… elle n'était pas hypocrite. Elle n'était une actrice. Elle n'était pas Bellatrix ! Et ne le serait certainement pas pour une bande de malandrins despotiques… une vérité alliée à une insensibilité quasi cathartique, qui ne manqua cependant pas d'intriguer les spectateurs de cet étrange cirque.
- Répond ! S'écria Ron en transe.
Répondre…
Répondre…
Répondre…
- Assume ta trahison !
Répondre…
Répondre…
Répondre…
- Assume ta honte !
Répondre…
Répondre…
Répondre…
- Assume ton impudence !
Sa trahison. Sa honte. Son impudence… que de beaux mots pour une si vile condamnation. Et pourtant, la jeune femme ne trouva rien à y répondre.
- Allez ! Réponds !
Ancrée dans leurs pupilles, Hermione laissa sa silhouette s'y refléter dans un silence placide, mélange d'indifférence traîtresse et d'imperceptibles sourires… Toujours muette, froide et impassible, elle n'avait pas bougé, parlé ou réagit, les laissant alors se languir de ses hauts discours et profonds soupirs. Mais quand bien même elle l'aurait voulu, qu'aurait-elle pu dire ? Ils connaissaient déjà ses motivations ; les raisons de son allégeance et les circonstances de sa trahison. Alors s'acharner ? Hurler ? Et s'expliquer ? Elle l'avait déjà fait… et aucun d'eux n'avait jamais écouté. Aussi, c'est sans jamais se laisser intimider que la jeune femme les laissât la maudire de leurs petits yeux révulsés. Incapable de lui faire face sans s'étrangler, ils ne lui offrirent que rictus et rage outrés, leurs cœurs s'offusquant plus que jamais devant son regard inanimé… son indifférence assumée… et son silence presque ennuyé. Des détails qui ne tardèrent pas à les faire exploser.
- Réponds ! S'étouffa le Weasley.
Répondre…
Répondre…
Répondre…
- Ma honte ? Se contenta-t-elle de répéter.
- Tu nous as trahi pour lui ! Cracha Ron enragé. Après toutes ces années, après tout ce que nous avons traversé, après tout ce que nous avons juré, tu… tu nous nous trahi pour le servir ! Tu… tu n'es qu'une traîtresse ! Une lâche !
Levant les yeux aux ciel, Hermione détourna le regard en se mordant la lèvre. Bon Dieu, ne changeraient-ils donc jamais de vocabulaire ?
- Une meurtrière ! Une…
Traîtresse.
Lâche.
Meurtrière.
Honte.
Pariat.
Folle.
Criminelle.
Monstruosité.
Faible.
- Une honte pour tous ceux…
Elle connaissait déjà leurs insultes. Elle connaissait déjà la haine de leurs rictus… l'hypocrisie de leurs regards abattus… la fausseté de leurs grimaces imbues… et l'orgueil de leurs discours corrompus. Oui, elle avait déjà tout vu. Tout entendu. Tout perçu. Tout reçu !
- Tu as déshonoré notre cause ! Tu as déshonoré les nôtres !
Ne restait donc plus que sa lassitude…
- Et tout ça pourquoi ?
Et la certitude que ces hurlements n'était qu'un début…
- Pour ramper devant son trône ?! S'étrangla-t-il.
Au bord de l'implosion, Hermione entendit son Maître gronder à ses côtés, un éclair de folie embrasant ses pupilles dilatées. Bien sûr, il ne faisait aucun doute qu'il voulait les tuer… les torturer pour leurs propos outranciers et se faire un collier du peu de cervelles qu'ils possédaient ! Pourtant et contrairement à lui, la jeune femme n'éprouvait ni colère, ni douleur, ni rage, ni rancœur... Au contraire, elle était ravie de les voir cracher leur haine avec autant de baume au cœur ! Après tout, peut-être en avaient-ils besoin ? Peut-être cela leur faisaient-ils du bien ? Peut-être s'étaient-ils languis de ne pas pouvoir la couvrir de leurs venins ?! Pourtant et bien qu'elle les aurait volontiers laisser continuer, un infime détail la fit grimacer…
- Tu as tout détruit !
Elle en avait assez.
- Tout ce que nous avons construit !
Assez de les entendre parler.
- Tout ce que nous avons sacrifié !
Assez de les voir se lamenter.
- Tout ce que nous…
Assez de les supporter.
- … et ce alors même que nous avons tout fait pour te sauver !
Assez de les voir exister…
- Ronald ? L'interrompit-elle.
Déstabilisé par la neutralité de son ton, le Weasley se sentit parcouru d'un frisson, le souffle court et les joues en feu après plusieurs minutes de hurlements furibonds. Pourtant, il se tu presque instantanément… tout comme Harry et l'intégralité des Résistants qui se mirent à la détailler entre deux jappements. Sûrement s'attendaient-ils à obtenir sa réponse ? Ses revendications ? Et peut-être ses aveux larmoyants ? Mais Voldemort le comprit à l'aura de son serpent… il n'en était nullement question.
- Quoi ?! Cracha-t-il avec hargne.
Un silence.
Un deuxième.
Et les souffles se coupèrent.
- Avada Kedavra.
Et voilààààà :))))))
J'espère que ce chapitre vous a plu et que la fin ne vous aura pas trop choquée ! Personnellement je mourrais d'impatience de le publier depuis des semaines... je suis sûr que vous comprenez pourquoi ^^' En tout cas et comme vous pouvez vous en douter, la suite sera haute en couleur ! Mais peut-être pas de la façon dont vous l'imaginez... ;)
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !
Et ce sur beau suspens, je vous dit à la semaine prochaine ! ;)
