- Avada Kedavra.
Un nouveau silence retentit.
Un silence plus lourd, plus sauvage et plus morbide.
Mais un silence que nul ne comprit…
- Non !
Oui… personne ne comprit ce qu'il venait de se passer.
- Ron !
Personne ne comprit pourquoi un éclair les éblouit, pourquoi la Mort habita la nuit, pourquoi le monde entier se mit à frémir, pourquoi le ciel sembla s'obscurcir, pourquoi les soldats se pétrifièrent d'un spasme ahurit, pourquoi les blessés cessèrent de gémir, pourquoi Ron se mit si brusquement à blêmir… et pourquoi il s'écroula raide mort sous leurs yeux ébahit.
- Ron !
Personne ne comprit pourquoi Harry se mit à hurler, pourquoi Ginny accourut à ses côtés, pourquoi Molly s'évanouit sans respirer, pourquoi Neville se mit à chavirer, pourquoi l'intégralité de la Résistance se liquéfia dans un hoquet horrifié, pourquoi les Centaures brandirent leurs épées, pourquoi une nouvelle rage se mit à les galvaniser… et pourquoi tous se jetèrent sur le cadavre du Weasley.
- Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu !
Personne ne comprit pourquoi Voldemort se mit subitement à sourire, pourquoi Hermione resta impassible, pourquoi sa baguette l'avait si violemment pris pour cible, pourquoi les mangemorts s'extasièrent entre mille cris, pourquoi les Sombrals se mirent à hennir, pourquoi une nouvelle frénésie agita les esprits… et pourquoi Ron resta mortellement immobile.
- Non ! Non ! Non !
Personne ne comprit pourquoi le Survivant se mit à le secouer, pourquoi Ginny et Abelforth s'empressèrent de l'ausculter, pourquoi Victor et Dean se jetèrent sur Charlie pour l'empêcher d'attaquer, pourquoi Arthur se mit à pleurer, pourquoi les rangs s'agitèrent de cris terrifiés, pourquoi tous commencèrent à trépigner… et pourquoi Ron avait si violemment cessé de respirer.
- Ron !
Oui… personne ne comprit.
- Un médicomage ! Vite !
Personne ne comprit pourquoi Hermione l'avait frappé de sa magie.
- Ron !
Mais l'avait-elle vraiment fait ? N'était-ce pas une illusion ? Une erreur ? Ou un faux semblant destiné à pétrifier leurs cœurs ? Ils le crurent. Non… ils s'en persuadèrent. A tel point que pendant plusieurs secondes, chacun d'eux se mit à croire en un piège ; en une stratégie secrète conçue par Hermione dans seul le but de tromper le Seigneur des Ténèbres… en un plan savamment élaboré avant la guerre entre les garçons et elle… en une tentative toute aussi audacieuse qu'incroyablement téméraire ! Oui. Tout s'en persuadèrent. Tous l'espèrent. Tous se conditionnèrent ! Pour la simple et bonne raison qu'aucun ne put se résoudre à imaginer le contraire… et quand bien même, comment l'auraient-ils pu ? Elle était Hermione Granger ! Non pas seulement leur amie, compagne ou alliée… mais leur sœur ! Une Résistance de toujours, guidée par de profondes valeurs ! Une sorcière se battant pour le juste et l'honneur ! Un esprit sain répugnant la cruauté, le vice ou la terreur ! Une âme égarée seulement corrompue par la magie d'un dictateur ! Elle… elle ne pouvait pas commettre une telle horreur ! Elle ne pouvait pas s'être transformée en prédateur ! Elle ne pouvait être devenue le reflet de son nouveau Seigneur ! Elle ne pouvait avoir assassiné un individu de bon cœur ! Elle… elle… elle ne pouvait pas avoir commis un tel meurtre !
- Ron !
Non… elle ne pouvait pas l'avoir tué.
- Je t'en prie !
Elle ne pouvait pas l'avoir tué !
Elle ne pouvait pas l'avoir tué !
Elle ne pouvait pas l'avoir tué !
- Réveille-toi !
C'était inconcevable. Impossible ! Inenvisageable ! Chimérique ! Elle… elle n'était pas comme ça. Qu'importe qu'elle soit Initiée, Mangemorte, folle furieuse ou détraquée ! Qu'importe qu'elle soit marquée, endoctrinée, conditionnée ou envoûtée ! Qu'importe qu'elle ait même exterminé les Sirènes sans sourciller ! Elle n'était pas comme ça…
- Ron ! Ron !
Elle n'était pas comme ça !
Elle n'était pas comme ça !
Elle n'était pas comme ça !
- Allez !
Elle n'était pas un monstre ! Elle n'était pas cruelle ! Elle n'était pas une abomination ! Elle n'était pas une meurtrière ! Elle… elle ne pouvait pas l'être ! D'ailleurs pourquoi le serait-elle ? Il s'agissait de Ron ! De son ami d'enfance ! De son compagnon ! De son confident ! De celui qu'elle avait juré d'aimer avec passion ! De celui qu'elle avait juré de protéger avec dévotion ! D'un des deux piliers de leurs existences ! Que dire… de l'homme qui représentait à lui seul le cœur brûlant de la résistance !
- Ron ! Réveille-toi !
Un cœur qui gisait cependant devant eux, sans le moindre battement…
- Je t'en supplie !
Mais comment savoir s'ils avaient raison ? Comme en être certain ? Comment différencier une cruauté malsaine d'un stratagème malin ? Aucun ne le sut. Aucune ne le devina. Aucun ne le comprit. En particulier ceux qui refusèrent de croire en une telle ignominie… et qui s'attelaient déjà à se cacher derrière les affres de leurs dénis.
- Ron !
Pourtant et malgré la vésanie latente qui agitaient ses pupilles, c'est toujours profondément impassible que la jeune femme contempla leur agitation avec ennuie. Indifférente à leur cris, elle n'avait pas bouché, parlé ou tremblé ; à vrai dire, elle n'avait même pas hésité, sa baguette toujours fermement pointée sur le corps inanimé du Weasley. Un corps qu'elle se mit à détailler avec une étrange curiosité, et dont la nouvelle pâleur la fit soudainement frissonner. Car ils auraient beau le nier, aucun d'eux n'avait rêvé. Aucun d'eux n'avait fabulé. Aucun d'eux ne l'avait imaginé ! Non, elle… elle l'avait vraiment fait.
Seigneur…
Elle l'avait vraiment fait.
Elle l'avait vraiment fait.
Elle l'avait vraiment fait.
Elle lui avait jeté un Avada. Elle l'avait condamné à un sort fatal. Elle avait éteint la lueur de son âme. Elle avait fait de son corps un cadavre. Elle… avait tué Ronald.
Elle l'avait tué.
Elle l'avait tué.
Elle l'avait tué.
Oui… après deux longues années, son rêve s'était enfin réalisé. Après deux longues années, son honneur avait enfin été restauré. Après deux longues années, son agonie avait enfin été vengée ! Une évidence qu'elle mit plusieurs secondes à réaliser, mais dont la bonheur, la délivrance et la légèreté, ne tardèrent pas à la faire vaciller. Par tous les Dieux… c'était fait. C'était fait. C'était fait ! Le jour qu'elle avait tant attendu était arrivé ; le jour où il ne pourrait plus l'insulter, la bafouer, la torturer, la condamner et la hanter ! Le jour où elle pourrait enfin lui faire payer son vice, sa cruauté, ses mensonges et sa vanité ! Le jour où elle pourrait enfin le voir succomber d'une mort mille fois méritée !
- Qu'est-ce que tu as fait ?! Lui hurla Harry éploré.
Mais maintenant que sa baguette était levée… que sa magie l'avait frappé… que son corps était tombé… que ses traits s'étaient figés… que son souffle s'était arrêté… et qu'Harry la dévisageait… un étrange sentiment se mit à l'habiter. Etait-ce de la tristesse ? De la pitié ? Du regret ? Ou de la culpabilité ? Non… rien de tout cela. Au contraire même, elle n'avait jamais été plus heureuse que devant son cadavre ; devant les traits pétrifiés de son visage, le silence salvateur de sa voix et l'éclat vitreux de son regard ! Et pourtant, jamais ce sentiment ne la quitta… Puissant, troublant et viscérale, il se mit à enserrer son âme, à hanter son esprit, à retourner ses entrailles et à dilater ses pupilles, mélange de tremblements, de sueur froide et d'adrénaline. Incapable de lui échapper, de le vaincre ou même de le nier, elle le sentit transir ses muscles de frissons incontrôlés, parcourir ses veines d'une douleur inavouée et déliter ses pensées d'une clameur enfiévrée, la laissant alors gésir sous le poids de son odieuse vérité ! Pourquoi ? Oh elle le savait déjà… mais l'admettre aurait interrompu sa plus grande joie.
- Co… comment tu as pu ?! S'étouffa-t-il.
Or et à cet instant précis, elle aurait tout donné pour rester là.
- Comment tu as pu ?!
Pour regarder son cadavre se décomposer dans le noir…
- Ron !
Pour admirer son corps se fondre dans la mélasse…
- Je t'en prie !
Et contempler ses restes disparaître sous les crocs des charognards…
- Ron !
Mais un tel rêve n'avait pas sa place… en particulier devant la mise en scène de cette odieuse mascarade.
- Quand penses-tu qu'ils vont s'en rendre compte ? Lui souffla subitement le Mage.
Incertaine, Hermione ne sut que répondre devant son Maître, le cœur torturé par l'amertume qui empoisonnait ses veines... une amertume alliée à une profonde haine ; une amertume étrangère à la honte, à la culpabilité ou à la peine ! Mais une amertume connu sous un nom plus cruel : la frustration… non pas de l'avoir tué ! Mais de savoir que son plus grand rêve était mensonger.
- Je ne sais pas… Admit-elle.
Et c'était vrai… elle ne savait pas quand Ron allait s'éveiller, quand Harry se rendrait compte de sa stupidité et quand tous comprendraient la raison de son geste ô combien calculé. Mais qui aurait-pu la blâmer d'espérer se tromper ? D'espérer l'avoir véritablement achevé ? Et de ne jamais le voir se relever ?! Après tout, elle venait tout juste de le tuer ! Mais bien sûr, un tel bonheur était trop beau pour durer…
- Peut-être jamais ? Souffla-t-elle entre ses lèvres.
- Ne te tourmente pas… lui dit-il amusé. Son heure viendra.
- Peut-être a-t-elle déjà sonné ?
Détournant le regard avec fatalité, Hermione sentit son cœur se plomber sous l'étau de son œillade courroucée, plus consciente que jamais de ses espoirs mort-nés. Mais bon sang… qu'il était bon de rêver.
- Hermione…
- Oui… je sais. Grinça-t-elle avec regret.
Ainsi et bien qu'un nouveau chaos semble sur le point d'exploser, personne ne comprit pourquoi Hermione soupira d'un air défait, pourquoi Voldemort commença à trépigner, pourquoi les mangemorts se mirent à reculer, pourquoi la terre commença à trembler, pourquoi l'air se chargea d'électricité… et pourquoi le corps de Ron se mit brusquement à scintiller.
- R… Ron ?
Personne ne comprit pourquoi Harry haleta, pourquoi Ginny se pétrifia, pourquoi Neville hyperventila, pourquoi les rangs s'agglutinèrent autour de son cadavre, pourquoi les Centaures le fixèrent d'un œil hagard, pourquoi la lumière s'intensifia… et pourquoi sa poitrine se souleva.
- Qu'est-ce… qu'est-ce qui se passe ?!
Oui…
- Regardez !
Personne ne comprit.
- Oh mon dieu…
Mais plus important encore…
- Ron !
Personne ne comprit pourquoi il était toujours en vie…
- Par Merlin…
Bouleversé, on entendit Harry hoqueter dans un silence mortifié, sa mâchoire tombant brusquement à ses pieds à mesure que son ami se mettait lentement à balbutier.
Un ami livide et pétrifié.
Un ami confus et désorienté.
Un ami au souffle court et irrégulier.
Mais un ami dont le cœur battait…
- R… Ron ?
Déconnecté de la réalité, le jeune homme s'étrangla dans l'écho d'une toux enrouée, ses poumons souffrant amèrement de la magie dont ils étaient encore imprégnés. Une magie qui s'était cependant évincée, et face à laquelle tous se sentirent violemment vaciller… Et pour cause ! Ron vivait. Là, sous leurs yeux, Ron vivait ! Encore trop choqué pour parler, ses paupières s'étaient misent battre avec difficulté, son visage à grimacer, son souffle à siffler, ses oreilles à bourdonner et sa tête à dodeliner sur le côté, ne laissant alors de lui qu'un corps ankylosé à la respiration hachée. Et pourtant, aucun doute ne subsistait…
- Ron ?!
Il était en vie.
- Mais…
Il était en vie !
- Mais… mais comment…
Mais cela n'aurait pas dû être possible…
- Comment tu… comment tu as...
Pour preuve, cela enfreignait toutes les lois de magie ! Tous les fondements, toutes les bases, toutes les logiques ! Que dire… tout ce que les sorciers du monde avaient toujours pris pour acquis ! Et pourtant, il était en vie…
- Tu étais…
Avaient-ils tous perdu l'esprit ? Avaient-ils halluciné ? Déliré ? Défailli ? Fabulé ? Ou sombré dans la folie ? Peut-être ! Après tout, beaucoup de sortilèges pouvaient sembler mortels ; s'apparenter à un Avada et pétrifier un adversaire ! Mais aucun d'eux ne pouvait imiter pareil éclair… pareille lumière… pareil vert ! A moins que cela fasse parti d'un stratagème ? Qu'Hermione n'ait délibérément choisi de leur jouer un tour cruel ? De venger leurs pertes ? Ou encore de raviver les combats de cette guerre ?! Là encore, cela semblait faisable… mais aucunement crédible aux vues de l'amertume qui cillait déjà son visage ; aux vues de ses soupirs, de sa rage et des tremblements orgueilleux qui ne cessaient d'agiter sa mâchoire ! Non… aucun ne pouvait se voiler la face : Hermione avait bel et bien cherché à le tuer ce soir. Elle avait bel et bien jeté un Avada. Elle avait bel et bien espéré le voir gésir entre les cadavres ! Et n'était nullement responsable de ce miracle…
- Tu… tu étais…
Bouleversé, Harry ne sut même pas par où commencer, une Ginny effondrée à ses côtés. Car aucun d'eux n'avaient rêvé… il était mort. Il était mort ! Il était mort ! Pour preuve, tous l'avaient vu être frappé par le sort ! Tous l'avaient vu être projeté au sol ! Tous avaient vu la soudaine rigidité de son corps ! Tous s'étaient étranglés devant son regard morne ! Tous avaient entendu le soupir défait d'Abelforth ! Tous avaient vu Molly Weasley s'évanouir au pied d'un Centaure ! Tous avaient vu Charlie se battre contre Dean et Victor ! Tous avaient cru perdre l'un de leur plus précieux mentor…
- Ha…
Mais bien que cela ne semble pas croyable…
- Harry ?!
Concevable…
- Qu'est…
Ou seulement envisageable…
- Qu'est-ce qui…
La mort elle-même avait épargné son âme.
- Qu'est-ce qui… s'est passé ?!
Il était vivant… voilà ce qu'il se passait, il était vivant ! Alors même que l'Avada l'avait frappé de plein fouet, que son cœur s'était arrêté, que son souffle avait cessé, que ses yeux s'étaient voilés, que sa famille s'était mise à hurler et que leurs ennemis semblaient les avoir une ultime fois affligés… la vie ne l'avait pas quitté.
- Tu… tu…
La vie ne l'avait pas quitté !
La vie ne l'avait pas quitté !
La vie ne l'avait pas quitté !
- Tu es vivant… Souffla Harry sans respirer.
Oui… il l'était.
- Oh bon sang… tu es vivant ! Tu es vivant !
Désorienté, Ron vacilla sous l'étreinte de son ami éploré, son souffle se coupant brusquement devant ses cris et joues détrempées. Incapable de comprendre les raisons d'une réaction aussi disproportionnée, de son émoi ou encore de la terreur collective qui semblait régner, c'est plus confus que jamais qu'il le regarda l'enlacer, son esprit peinant à assimiler les derniers souvenirs qui l'habitaient. Des souvenirs teintés de magie, de violence et de souffles coupés ; des souvenirs habités de douleur, de surprise et de brutalité… mais des souvenirs porteurs d'une seule et même vérité : quelque chose lui était arrivé. Quoi ? Il ne put le deviner ; à vrai dire, il ne sût même pas par où commencer ! Avait-il été blessé ? Hermione l'avait-elle attaqué ? Voldemort l'avait-il piégé ? Quant était-ce arrivé ? Pourquoi ne parvenait-il pas à se relever ? Pourquoi Harry semblait-il si effondré ? Et les mangemorts si déçus de le voir se redresser ? Il aurait pu le demander, exiger une réponse et les interroger… mieux encore, il aurait été en droit de paniquer, de hurler de les assommer de questions empressées ! Mais alors même que sa vue se troublait, que son corps frissonnait et que sa tête bourdonnait, le Weasley ne put que se liquéfier devant les sanglots de sa sœur effondrée… devant sa famille et leurs prières effrénées… devant ses hommes et leurs soupirs délivrés… ainsi que devant Voldemort et son sourire amusé.
- J'arri… j'arrive pas à y croire ! S'écria Harry. C'est… c'est un miracle !
Oui… ensuqué par la rigidité de ses membres, la migraine de ses tempes, le bonheur du Survivant et la violence de ses questions, Ron ne comprit absolument rien de ces effusions, de ses mots ou encore du sifflement qui terrassait ses tympans.
- Un miracle ! Un miracle !
Mais ne put s'empêcher de redouter le pire quand Hermione se mit à le détailler dans un grondement…
- Comment… comment c'est possible ?! S'étrangla Harry.
- Po… possible ? Répéta-t-il sans comprendre.
- Tu étais… tu étais…
- Quoi ?
- Tu… étais parti…
- Parti ?!
Trop choqué pour ne pas s'étrangler devant ses grands yeux inquiets, Harry bégaya dans un sanglot muet, l'intégralité des Weasley pleurant davantage à ses côtés. Un état de tristesse, de deuil et de terreur comme Ron n'en avait que peu rencontré, mais qu'Hermione ne put s'empêcher de contempler dans l'éclat d'un mépris mal caché. Par tous les Dieux… il était en vie. Et se faisant, elle était maudite. Maudite ! Oh bien sûr, ce n'était pas une surprise… D'ailleurs, il n'y avait aucun suspens ! Aucun doute ! Aucun mystère ! Mais un tel savoir ne parvînt qu'à lui arracher une grimace amère…
- Qu'est… qu'est-ce que tu veux dire ? Souffla-t-il.
- Tu… tu étais…
Oui. Il était… mais n'était plus ; de quoi frapper la jeune femme d'un soupir vaincu. Bon sang, que n'aurait-elle pas donné pour l'avoir véritablement tué ? Pour avoir enfin débarrassé le monde de cette charogne affamée ? Et avoir dignement vengé l'honneur qui lui avait été arraché ?! Rien… oui, rien n'aurait été trop cher payé ; trop douloureux ou trop demandé ! Mais la guerre n'était pas encore gagnée… et son réveil n'en était que la preuve éhontée.
- Je… je ne comprends pas. Dit Ron pantois.
Et il ne le pourrait jamais…
- Qu'est-ce… qu'est-ce qui s'est passé ?!
- Tu… tu te ne souviens pas ?
- Non, je… enfin, je… je ne…
Grimaçant douloureusement sous le flot de ses pensées, Ronald balbutia sans respirer, son esprit cherchant vainement à combler les blancs qui l'aveuglait. Pourtant, rien de grave ne semblait être arrivé ! Il avait hurlé… Voldemort avait souri… Hermione l'avait interpellé… et une lueur l'avait ébloui. Trop vive pour qu'il ne puisse la discerner, elle l'avait frappé avant même qu'il ne voit ses lèvres bouger, le plongeant alors dans la plus complète des obscurités. Mais pour le reste ? Seigneur… il ne savait pas quoi en penser.
- Je… je ne sais pas.
- Ron, tu… tu étais…
Il était quoi ? Quoi ?! Quoi ?! Quoi ?! Inconscient ? Etourdi ? Absent ? Evanoui ? Tant d'idées assiégèrent son esprit ; tant d'hypothèses, de questions et de théories ! Mais aucune capable d'expliquer l'incroyable lueur qui l'avait ébloui… l'irradiante douleur qu'il avait ressenti… l'implacable froideur qui l'avait assailli… et l'indescriptible frisson qui l'avait envahi. Etait-ce le résultat d'un Doloris ? D'un Impero ? Ou d'une toute autre forme de Magie ? Il voulut y croire, convaincu que la fébrilité de son état ne pouvait ressortir d'un véritable sort Noir… que ce n'était rien de grave et qu'il y avait eu plus de peur que de mal ! Et pourtant… rien ne semblait capable d'expliquer la profondeur de leur désespoir.
- Elle a… elle… elle t'a…
- Quoi ?!
Mais comment le dire ? Comment l'expliquer ? Comment ne serait-ce que mettre des mots sur ce qui était arrivé ?! Hermione l'avait tué ! Tué ! Là ! Sous leurs yeux ! Sans hésiter ! Sans sourciller ! Sans même éprouver la moindre once de regret ! Or, il vivait… Alors même que la vie lui avait été arraché, il vivait ! Il… il était ressuscité.
Une chose qui semblait tout aussi lunaire qu'imaginée.
Une chose qui n'aurait jamais dû pouvoir arriver.
Une chose que nul en ces lieux ne sut expliquer !
Si ce n'est bien sûr le seul Sorcier dont le rire se mit brusquement à résonner…
- Eh bien Potter !
Sursautant tel un seul homme à la voix du Mage, l'intégralité des Résistants le dévisagea d'un air hagard, leurs joues encore mouillées de larmes se délavant fatalement devant la malice de son regard… une malice tout aussi cruelle que profondément hilare, dont l'arrogance, l'espièglerie et la joie, les firent se liquéfier sur place.
- Ne soit pas si surpris ! Lança-t-il.
Seigneur… se pouvait-il que ce soit lui qui… ? Qu'il ait choisi de… ? Et qu'il soit en mesure de… ? Non. Non, c'était impossible. Impossible ! Impossible ! D'ailleurs, pourquoi lui aurait-il sauvé la vie ? A lui ? Le meilleur ami de son plus grand ennemi ?! Cela n'avait aucun sens ! Aucun fondement ! Aucune logique ! Mais un doute se mit à agiter leurs esprits… vorace, vif et létal, il envahit leurs pensées à l'image de son sourire joviale, les laissant alors gésir entre les griffes d'une incertitude macabre. Car ils le savaient… de tous, lui seul était capable d'un telle apothéose. D'un tel exploit. Que dire, d'une telle névrose ! Pour la simple et bonne raison que lui seul se revendiquait capable de vie et de mort sur toute chose... Or, et si tel était le cas ; s'il était véritablement capable de cela et que sa magie pouvait désormais transcender toutes les lois… Par tous les Dieux, ils n'avaient aucune chance de le battre. Ainsi, c'est tout aussi traumatisé, confus et désorienté que chacun se mit à le détailler avec effroi, leurs cœurs se pétrifiant brusquement à l'idée qu'il puisse détenir de tels pouvoirs ; une idée cependant incontestablement et irrémédiablement fausse, que Voldemort se réjouit de balayer d'un revers de paume...
- Allons… ne soit stupide ! Rit-il à Harry. Jamais je n'aurais sauvé sa misérable vie !
- Mais… mais comment il… enfin, elle… elle l'a…
- Tué ? Oui, en effet…
- Pardon ?! S'étouffa Ron horrifié.
- Et je n'aurai aucun mal à recommencer. Siffla Hermione avec dureté.
Aberré, Ron se sentit vaciller dans une nouvelle nausée. Incapable d'ordonner ses pensées ou de seulement comprendre ce qui se disait, sa vue oscilla entre la rage d'Harry, les rires de Voldemort, les pleures de sa famille et l'amertume d'Hermione ; un tableau bien sûr agrémenté des grondements des Centaures et des cris des mangemorts, qui suffirent à le clouer définitivement au sol.
- Comment as-tu pu faire ça ? Cracha Harry. Comment as-tu pu lui jeter un Avada ?!
- Elle a… elle a quoi ?! Bafouilla Ronald.
« Comment ? » Souriant franchement à l'absurdité d'une telle question, Hermione se mordit la langue dans un frisson. Décidément, leurs stupidités ne cesseraient jamais de la surprendre…
- Ne fais pas l'étonné… toi mieux que quiconque sais depuis quand j'en rêvais. Cracha-t-elle.
- Il était mort !
- J'étais quoi ?!
- Je sais. Mais ne t'en fais… la prochaine fois, il le restera.
- Espèce de sale…
- Il suffit !
Les pétrifiant de sa seule sommation, Voldemort les fit taire d'un grondement, son aura vrombissante suffisant à les prostrer dans un profond silence. Un silence emplit de haine, de rage et de frustration. Un silence emplit de doute, de pleures et de questions. Mais un silence qui ne tarda pas à leur glacer le sang… Rougeoyantes, ses pupilles s'étaient dilatées avec véhémence, sa figure semblait parcourue de frissons et ses poings ne cessaient de crépiter entre deux gerbes étincelantes… un état à la fureur latente, qui ajouté à son impatience, les firent tous gronder entre leurs dents.
- Qu'importe que ton subalterne soit en vie ! Cingla-t-il. Ce n'est pas cela qui compte ! Mais ce que cela signifie en revanche… ça c'est important.
- Et qu'est-ce que cela signifie, si ce n'est qu'Hermione soit passée Maître dans l'art des plus odieuses traîtrises ?! Répliqua-t-il enragé.
Se mordant la langue pour ne pas répliquer, la jeune femme s'accrocha à la couture de son haut dans un spams enragé… un geste que Voldemort partagea dans un pincement de lèvres étouffé et dont le grondement sourd fit trembler leur propre armée.
- Trois choses. Articula-t-il avec intérêt.
Trois évidences auxquelles Harry était resté aveugle.
- La première est que ce défilé de lamentations toutes aussi grotesques que puériles va – Merlin soit loué – enfin s'achever…
Trois vérités qu'avait éclipsé son orgueil.
- La deuxième est que les négociations tant attendues par nos armées vont véritablement pouvoir commencer…
Trois certitudes qui le drapaient déjà de son linceul.
- Et la troisième ?! S'impatienta-t-il.
Qu'il n'était qu'un imbécile.
Qu'un ignare dénué d'esprit.
Qu'un sorcier insipide à la valeur factice.
Qu'un fou dépassé par ses propres convoitises…
- La troisième et ma préférée… est que tu n'as aucune idée des pouvoirs de l'arme que tu as volé.
Se figeant à ses derniers mots, Harry sentit une nouvelle sueur froide ramper dans son dos. Muet, mal à l'aise et plus pâle que jamais sous les lueurs de l'aube, de nouveaux regards alourdirent ses épaules, d'inaudibles murmures se mirent à résonner en écho et l'intégralité des armées se vit prendre de sursauts… une réaction collective agrémentée de soupirs, qui laissa son cœur gésir sous la poigne d'un implacable étau, et son corps s'agiter de frissons infernaux. Et pour cause ! Une telle insinuation n'était pas gratuite ; en particulier devant le nouvel éclat de ses pupilles… un éclat qui délava son teint déjà livide et pétrifia Ron dans un hoquet complice.
- Une… une arme ? Dit-il mal assuré.
- Je t'en prie… ne gaspille pas notre temps en comédie. Se moqua-t-il avec mépris.
Troublé, le Survivant sentit son souffle se couper devant l'éclat de son regard embrasé… un regard tout aussi lucide qu'irrémédiablement amusé, dont la clairvoyance suffit à le paralyser.
- Je… je ne vois pas à quoi vous faite référence.
- Et s'il te plaît ! Claqua-t-il. N'insulte pas mon intelligence… cette situation est déjà bien assez embarrassante.
Mal à l'aise, Harry déglutit amèrement sous son regard de braise, une nouvelle inquiétude ourlant soudainement ses lèvres ; avant que son front ne commence soudainement à s'enfiévrer, que ses paupières ne se mettent à tressauter et que ses joues ne se décolorent dans un spasme de culpabilité…
- Allons… croyais-tu vraiment que je ne m'en rendrais pas compte ? Demanda-t-il.
Oh non…
- Que tu pourrais me voler impunément ?
Il savait.
- Et t'en tirer aussi facilement ?
Oui… Il n'y avait plus de doutes possibles. De faux semblants ! Ou d'hypocrisie !
- Je veux bien reconnaitre que les circonstances étaient opportunes ! Admit-il. Mais de là à croire que cela pourrait marcher ? Et que tu pourrais me piéger ?!
Voldemort savait pour le cœur prophétique.
Voldemort savait pour l'attaque des Navires.
Et plus terrible encore, il savait pour leur plan ultime…
- Soyons sérieux un instant ! S'exclama-t-il. Ton plan ne pouvait qu'échouer…
Echouer…
Echouer…
Echouer…
Non… non, il n'avait pas échoué.
Echouer…
Echouer…
Echouer…
Pas après tout ce qu'il avait fait.
Echouer…
Echouer…
Echouer…
Pas après tout ce qu'il avait enduré.
Echouer…
Echouer…
Echouer…
Pas après tout ce qu'il avait sacrifié !
Echouer…
Echouer…
Echouer…
Et pourtant, jamais la joie de Voldemort ne sembla s'étioler…
- Bien… maintenant que cela est dit – et afin d'illustrer ta profonde bêtise – laisse-moi te donner un cours accéléré de magie ! S'exclama-t-il.
Etonnement heureux, Voldemort agrémenta sa déclaration d'un rire amusé, ses deux bras s'ouvrant gracieusement devant eux tel un professeur d'élèves attardés. Non pas que cette comparaison soit foncièrement erronée…
- Premièrement, un Cœur Prophétique est un artéfact unique. Sa magie est instable, hermétique, peu maniable et extrêmement destructrice. Je ne pense pas qu'il soit utile de citer le moindre exemple en la matière, mais au cas où vous auriez la mémoire courte, je me contenterais de vous rappeler le sort de nos si peu regrettées Sirènes…
Manquant de s'étouffer, Harry baissa le regard dans un pincement de lèvres outré, l'intégralité des Centaures hennissant furieusement à l'évocation des Sirènes et de leur extinctions si trivialement revendiquée. Pourtant, ce n'était pas leur sort qui arracha au Survivant son soupir excédé… mais bel et bien la suffisance, le sourire, l'arrogance et le mépris de celui qui en riait.
- Deuxièmement, il est à parts égales composé de Magie Divine et Prophétique, faisant donc de lui non seulement un Oracle, mais également l'un des objets les plus puissants du Monde Magique. Il offre à son utilisateur la possibilité de lire l'avenir, de bénéficier de capacités inédite, de créer de nouvelles formes de magie et – si tel est votre désir – de tuer l'intégralité de vos ennemis…
Respirant avec difficulté, Ronald se redressa lentement à ses côtés, une nouvelle ride prenant place entre les plis de son front trempé. Et pour cause ; Voldemort savait de quoi il parlait… et pourquoi il en parlait.
- Troisièmement et c'est à mon sens le point le plus important… l'aura qu'il dégage peut être assimilée à une sorte de gilet par balle. Elle est puissante, immuable, irradiante et impénétrable ; et se faisant, elle n'aurait aucun mal à protéger son détenteur d'une attaque, d'un mauvais sort, de Magie Noire ou plus précisément… d'un Avada.
Ça y est, c'était dit…
La raison pour laquelle Hermione s'était permise de lui jeter un sort aussi fatidique.
La raison pour laquelle Voldemort s'était mis à trépigner devant ses joues livides.
La raison pour laquelle Ron était toujours en vie en dépit de son maléfice…
Tout cela ne relevait d'aucune folie ; d'aucun acte irréfléchi, d'aucune hérésie, d'aucun vice ! Non… tout cela n'était que la face émergée d'une plus grande stratégie. D'un plan que nul n'aurait eu l'audace de prédire ! D'un Tout resté jusqu'alors invisible ! Un Tout menant immanquablement au Cœur Prophétique… Car Hermione et Voldemort l'avaient compris ; jamais Ron et Harry ne mettraient en lumière leur seule et unique arme de destruction massive. Ils étaient bien trop peureux, paranoïaques et craintifs ! Convaincus qu'ils perdraient l'effet de surprise, ils le dissimuleraient jusqu'à ce qu'ils soient certains de l'employer au moment le plus décisif ! Mais pour cela, il leur fallait rameuter l'intégralité des troupes ennemis, s'assurer qu'ils soient tous dans la même ligne de mire et les distraire de leurs cris, rancœurs et discours ô combien stériles ! Avant bien entendu de prétendre vouloir négocier le paix… de leur offrir une réédition toute aussi humiliante que mensongère… et de les exterminer d'un seul et unique éclair.
Un plan tout aussi sadique que grotesque.
Un espoir tout aussi sordide qu'ubuesque.
Mais une stratégie à l'image de leur petitesse…
- Alors ? Des remarques ?! Demanda Voldemort amusé.
Manquant de s'étouffer devant la joie de son sourire carnassier, Harry se mordit la langue sans respirer, ses narines se dilatant brusquement à mesure que l'enfiévrait son apnée. Bon sang… qu'il avait été naïf. Naïf ! Naïf ! Pourtant, il n'aurait pas dû être surpris ! Nul n'était jamais parvenu à tromper Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom depuis plusieurs décennie… nul n'était jamais parvenu à le leurrer de vils artifices ou encore à le piéger d'une quelconque calomnie ! Et pourtant, c'est en parfaite connaissance de cause qu'il avait choisi d'en prendre le risque ; de tenter le tout pour le tout et de consolider leur victoire de cet espoir excentrique ! Mais il devait l'admettre… nul ne pouvait lui faire concurrence dans ce domaine ; en particulier quand il s'agissait d'oublier toute décence, de commettre un vol ou de jouer avec un artefact alloué aux services des Ténèbres.
- C'est une bien belle histoire…
- N'est-ce pas ? Renchérit-il ravi.
Mais il ne pouvait pas se permettre de dévoiler ses cartes…
- Néanmoins, je ne vois pas en quoi elle nous concerne. Siffla-t-il amer.
Ahurit, Voldemort haussa un sourcil surpris… avant que sa gorge ne se mette soudainement à tressaillir… que ses lèvres ne s'étirent avec délice… et que l'air ne s'emplisse joyeusement de son rire.
- Tu… tu ne vois pas en quoi elle te concerne ?! S'éclaffa-t-il.
- Non.
Par tous les Dieux… il n'avait plus les mots. Sa bêtise, son arrogance, son égo… c'était trop beau. Trop brillant. Trop gros ! Plus encore, c'était un véritable cadeau ! Une offrande toute aussi belle qu'il n'était sot ! Une stupidité assumée avec le plus grand des brio ! Un retournement digne des plus extravaguant scénarios ! Que dire… la plus incroyable des apothéoses ! De quoi le ravir plus que milles fléaux et lui faire essuyer ses paupières larmoyantes entre deux sursauts…
- Je vois… je vois… Hoqueta-t-il.
Incapable de calmer son hilarité, Harry le regarda avec autant de rage que de grondements outrés, ses nerfs s'échauffant douloureusement à la vue d'une moquerie aussi effrontée… mais qu'aurait-il pu dire ? Il ne pouvait pas échouer.
- Bien ! Bien ! Finit-il par dire après s'être calmé. Si tu m'affirme le contraire, j'imagine que tu dois avoir raison… mais avant, permets-moi une dernière petite vérification.
Frémissant violemment sous la soudaine cambrure de son serpent, Hermione sentit une nouvelle chaleur se répandre dans son sang… une chaleur sourde, brûlante et exigeante, dont l'ordre implicite n'eut besoin d'aucune explication pour se faire comprendre.
- Une… une quoi ? Souffla-t-il méfiant.
Une preuve de son mensonge.
- Initiée… Souffla-t-il.
- Avada Kedavra !
Un deuxième sortilège jailli.
Un deuxième éclair les éblouis.
Un deuxième corps s'écroula sans vie.
- Non !
Mais il était trop tard.
- Dean ! Dean !
Dean Thomas les avait quittés ce soir.
- Non ! Dean !
Et contrairement à Ron, il ne se relèverait pas…
- Dean ! Dean, je t'en prie !
Peu sensible à la vue du corps de son ancien ami, Hermione laissa échapper un soupir. Bon Dieu… quelle mort inutile. Oh bien sûr, elle n'était pas mécontente de s'être vengée d'un de ceux qui l'avait attaché au piloris ; qui l'avait dénudé pour la laisser mourir de froid en pleine nuit, et qui s'était gaussé de rire alors même que Ron la fouettait jusqu'à ce qu'elle en vomisse ! Pourtant et bien que la vue de son corps éveille en elle une joie morbide, sa mort ne lui inspira qu'un profond ennuie… à croire qu'aucun meurtre ne pourrait apaiser sa frustration de savoir Ron toujours en vie.
- Mais… pourquoi… pourquoi vous avez fait ça ?! S'écria Ginny en larmes.
- Pour prouver mes dires très chère ! S'exclama le Mage.
- Vous êtes fous !
- Peut-être, mais seule la possession du Cœur Prophétique aurait pu le sauver d'une mort certaine ! Or, il semblerait que votre ami ne bénéficiera pas de la chance de votre frère…
- Espèce de sale…
Transcendée, Ron se jeta sur sa sœur avant qu'elle ne se mette à charger, sa baguette crépitante ne demandant qu'à assouvir sa soif de tuer. Aveuglée par sa rage, elle s'écria entre ses bras, se débattit avec hargne et le mordit à sang pour échapper à sa poigne, ses autres frères devant la plaquer au sol pour éviter un nouveau scandale. Une scène teintée de cris, de douleur et de gémissements éplorés, face à laquelle Harry devînt blafard…
- Bien ! Tonna subitement le Mage. Cela vous suffit-il ?
- Harry ! S'écria Neville.
- Ou dois-je continuer à tuer d'autres de vos amis ?!
- Arrête ça !
- Rassurez-vous, je peux continuer toute la nuit ! S'empressa-t-il d'ajouter.
- Non ! Pleura Ginny.
- Hermione aussi d'ailleurs !
- Harry ! S'égosilla Victor.
- A moins bien sûr que ce chez Harry Potter ne se décide enfin à révéler le Cœur !
- Ça suffit !
S'interrompant de rire face aux cris désespérés son ennemi, Voldemort se tu dans l'élan d'un sourire. Vaincu, sonné et abattu, le survivant le regarda sans rien dire, un tressaillement haineux agitant furieusement ses pupilles. Incapable de parler, il le jaugea d'une grimace irascible, sa figure se tordant plus que jamais devant le dilemme qui se jouait devant lui… mais également devant le corps de son ami, qui malgré lui, commençait déjà à refroidir. Horrifié, il sentit la douleur de sa culpabilité fracturer son esprit, agrémentant alors son mutisme de tremblement frénétiques. Prêt à exploser, les Résistants virent son souffle s'alourdir, ses joues se pincer et ses paupières frémir, symptôme lattent de la rage qui semblait l'envahir… une rage cependant bien peu utile après que l'irréparable ait été commis, et qui ne réussit qu'à gonfler son cœur d'amertume, de regret et de folie.
- Ça suffit… répéta-t-il transit.
Oui… il en avait assez.
Assez de jouer.
Assez de payer.
Assez de pleurer !
Et si ce monstre avait tant envie de négocier, soit ! C'est avec plaisir, qu'il s'y plierait.
- Ron. Appela-t-il brusquement.
Hésitant, le Weasley se mordit la langue face à son regard brûlant… le seul qu'il n'avait pas le courage de défier le Survivant.
- Maintenant…
Oui… il était temps ; et c'est dans cette même certitude, que Ron baissa la tête avec obéissance. Bien sûr, il aurait été plus pertinent de peser le pour et le contre ; de mettre en place un nouveau plan et de prier pour que celui-ci épargne quelques vivants ! Mais Voldemort n'était pas un homme que l'on faisait attendre… pas plus qu'Hermione qui n'attendait qu'un mot pour assouvir enfin sa vengeance. Aussi, c'est après quelques secondes de réflexion et un regard douloureux sur sa sœur implorante, que Ron grinça des dents… cracha au sol… soupira gravement… et plongea une main dans sa poche. Un instant pendant lequel chacun le détailla avec attention. Un instant pendant lequel on entendit résonner inquiétude, stupeur et impatience. Mais un instant qui contînt leur seule et unique chance…
- Inutile de tuer davantage. Souffla le Weasley au Mage.
Oui… inutile.
Car enfin, apparaissait devant eux l'outil de leur survie.
Le seul et unique Cœur Prophétique.
Hello ! Et voilà le premier retournement de situation de cet affrontement ! ;) Ne vous en faîtes pas, les prochains arrivent très vite !
Bizzzeeee
