Seigneur…
Il était là.
Le Cœur était là.
- C'est fini Tom… Cracha Harry.
Le Cœur de la Reine-Mère.
Le Cœur Prophétique Millénaire.
Le Cœur de paix au service de l'Enfer.
Le Cœur capable de mettre un terme à cette guerre !
- Tu as perdu.
Perdu…
Perdu…
Perdu…
- Tu as perdu !
Perdu…
Perdu…
Perdu…
Méditant un court instant cette pensée, Voldemort regarda le Survivant se saisir du Cœur d'une poigne enragée, son regard s'animant d'une étrange lueur sous les reflets de ses volutes bleutées. Semblable à un fou, il le brandit dans les aires telles une épée, le contempla dans un grondement affamé et l'agita devant eux dans l'éclat de ses pupilles aliénées… un éclat digne de celui des damnés, dont les seules étincelles ne parvinrent qu'à lui donner la nausée. Seigneur… quelle indignité. Quelle honte. Quelle médiocrité ! Pourtant, il aurait dû s'en douter ; nul ne pouvait concurrencer le vice qui l'habitait. Que dire… l'ignominie qui le constituait ! Certes, il était mal placé pour le juger – en particulier après qu'il ait lui-même volé bon nombre d'artefacts sacrés ! Mais de là à s'en glorifier comme s'il venait de révéler sa destinée ? A s'en vanter sans une once d'intégrité ? Et le revendiquer après les avoir assommés de mensonges éhontés ? Bon sang… l'un de ses amis était mort pour ce secret ! Pire encore, son corps n'avait même pas encore été mis en terre ! A croire que cela ne devait pas être cher payé pour quelques secondes de mensonges supplémentaires…
- Le Cœur Prophétique est à nous ! S'écria-t-il.
Pourtant et bien qu'Harry s'attèle déjà à le menacer, à le narguer et à jouir des cris de ses soldats déchaînés, le Mage Noir n'entendit presque rien de ses revendications éhontées ; à vrai dire, il ne chercha même pas à feindre le moindre intérêt... Pourquoi ? Oh, la réponse était vite trouvée ! Et plus précisément, elle tremblait à ses côtés…
- A nous !
Aliénée, Hermione semblait sur le point d'exploser. Incapable de respirer, de parler ou de réfléchir sans sentir son esprit se fracturer, c'est l'intégrité même de ses pensées que la jeune femme sentit s'étioler, mélange d'aberration et de fureur incontrôlée. Révulsées, ses paupières tressautaient, ses joues s'enfiévraient, ses poings tremblaient et sa baguette crépitaient, symbole de la rage qui l'annihilait… de l'horreur qui l'étouffait… de l'effroi qui l'ensuquait… et de l'indignation qui l'étreignait. Non pas seulement à cause du vol qu'il avait commis, de sa veine tentative de dissimulation hypocrite ou encore du corps de Dean qui n'avait même pas encore refroidis… mais bien à cause de la joie infâme qui le faisait tressaillir. Et encore ! Il y avait pire… car plus elle le détaillait, plus son indécence lui donnait envie de vomir ; à peu près autant que l'endroit où il avait entreposé le Cœur Prophétique…
- Alors Hermione ? Lui Lança-t-il.
Seigneur… elle n'avait pas rêvé. Elle n'avait pas rêvé, il… il avait dissimulé le Cœur dans une poche.
- Dis nous !
Une poche.
Une poche.
Une poche.
- Qu'est-ce que ça fait de revoir un vieil ami ?
Une poche.
Une poche.
Une POCHE !
Une…
Grand Dieu… elle ne pouvait pas y croire. Elle ne pouvait pas y croire ! Elle ne pouvait pas y croire ! D'ailleurs, comment aurait-elle pu ?! Il ne s'agissait pas là d'un simple tribu ! D'une ridicule bibelot achetée à l'Allée des Embrumes ! D'une maigre artifice aux pouvoirs inconnus ! Ou encore d'une marchandise à troquer entre âmes corrompus ! Non, il… il ne s'agissait rien de moins que du seul et unique Cœur Prophétique ! De l'artefact le plus puissant du Monde Magique ! De l'outil des plus grands fléaux bibliques ! De la quintessences des armes de destructions Massives ! Que dire… de l'incarnation même de la foudre et des malédictions Divines arraché à même la poitrine d'une Reine Antique ! Et pourtant… c'est sans le moindre scrupule, honte ou considération, que cet énergumène l'avait caché entre les plis d'un manteau trop grand ; d'un habit mal taillé, couvert de boue, de cendre et de sang… d'un simple, ordinaire et insipide vêtement. Mais pas n'importe lequel, non ! Celui du Weasley le plus horripilant… Ronald.
Oui… elle ne rêvait pas. Il avait caché le Cœur dans la poche de Ron. De Ron ! De RON ! Bien sûr, elle savait que sa survie impliquait qu'il le possède ; mais elle avait naturellement pensé à un sort de dissimulation ! A une cachette magique ou tout du moins un minimum décente ! Mais non ! D'ailleurs pourquoi l'auraient-ils fait ? Pourquoi respecter une arme capable de les éradiquer ? Veiller à sa sécurité ? Et l'entreposer dans un endroit un minimum adapté ? Quand on pouvait simplement le jeter dans une poche à moitié déchirée ! Et par n'importe laquelle de surcroit… celle d'un dégénéré ! De ce désœuvré sans cervelle ! De cet abject insecte ! De cette vermine perverse ! De ce fou tout aussi vile qu'analphabète ! De ce… de ce… par Salazar, les mots lui manquaient pour exprimer sa haine, son indignation, son horreur et aberration. Et pour cause… jamais Hermione n'avait assisté à une telle insolence ; une telle folie, décadence, ignominie et démence ! Et encore, les mots étaient faibles comparé à l'outrage que représentait un acte aussi indécent ! Affligeant ! Infâmant ! Horripilant ! Humiliant ! Et atterrant ! Non pas que cela soit véritablement surprenant venant d'une bande de barbares tout juste bons à applaudir aux premiers coups de sifflets… mais de là à commettre un tel affront ? A tomber dans une telle bassesse ? Et à s'en enorgueillir fièrement ?! Par Morgane… quelle honte. Quelle honte ! Quelle honte ! Mais elle devait se reprendre… en particulier quand elle pouvait sentir son Maître la détailler de ses pupilles ardentes.
- Alors ?! Cracha Harry avec hargne. Tu n'as rien à dire ?!
Rien à dire ?! Par tous les Dieux… elle n'aurait pas assez d'une vie pour lui hurler toute la haine qui lui rongeait l'esprit ! Mais il lui fallait être maligne ; un détail qui la fit péniblement déglutir avant de feindre un léger sourire.
- Je pourrais dire que je suis surprise… mais ce serait mentir.
- Tien donc ?!
- Hum hum… j'ai appris à ne plus me surprendre de ta profonde bêtise ; mais je regrette de constater que pour ta part, tu n'as jamais rien appris.
La jaugeant d'un sale œil, Harry la détailla au travers des scintillements du cœur, un rictus mauvais révélant alors son orgueil. Pourtant et loin de la terreur dont il avait espéré la voir trembler, c'est avec insolence que la jeune femme n'affichait qu'une profonde impassibilité, ses longs doigts caressant distraitement le serpent qui s'était enroulé autour de son poignet... Une image qui lui donna la nausée, mais qui ne manqua pas de raviver la haine dont il débordait.
- Oh mais détrompe-toi… ces derniers mois m'ont appris la seule chose que je devais savoir.
- Comment faire pousser des fleurs de Rabia ? Cingla-t-elle.
Un sourire…
Un regard…
Avant une déclaration macabre.
- Comment exterminer en masse.
Se mordant la joue pour ne pas répliquer, Hermione serra les dents devant un affront aussi ciblé. Et pour cause… elle savait pertinemment sur quel terrain il allait l'emmener ; un terrain face auquel son propre Maître se mit à gronder.
- Mais rassure-toi… Continua-t-il. Je n'ai pas l'intention de surpasser ton exploit !
Elle devait respirer. Respirer. Respirer. Respirer…
- A vrai dire, je doute que quiconque en soit un jour capable ! En particulier quand on sait que tu as exterminé une race entière de créatures magiques ancestrales…
Respirer.
Respirer.
Respirer.
- D'ailleurs, j'avoue que je suis curieux ! Sourit-il. La gazette n'a pas été très claire quant à la façon dont tu avais éradiqué les Sirènes…
Ne pas craquer.
Ne pas craquer.
Ne pas craquer.
- Bien entendu, nous savons tous que tu as froidement assassiné cette pauvre Reine-Mère, que tu t'es servi de son Cœur pour anéantir l'intégralité de son espèce et que cela t'a permis de prouver ton allégeance au Seigneur des Ténèbres…
Respirer.
Respirer.
Respirer.
- Mais dis-moi…
Ne pas craquer.
Ne pas craquer.
Ne pas craquer.
- Est-ce vrai qu'elle était toujours en vie, quand tu as plongé ton poing dans sa poitrine ?
Respirer.
Respirer.
Respirer.
- Que tu riais alors qu'elle hurlait d'agonie et implorait pour sa vie ?
Ne pas le tuer.
Ne pas le tuer.
Ne pas le tuer.
- Et que l'as éventré devant ses propres filles ?
Elle allait le tuer… elle pouvait le sentir aux tremblements de sa baguette embrasée, elle allait le tuer ! Là ! Maintenant ! Sans doute, ni sommation ! Sans peur, ni explication ! Sans crainte, ni hésitation ! Une certitude qui commençait déjà à se dessiner dans la fureur de son regard mordoré… mais dont elle était loin d'être la seule à rêver. Immobile à ses côtés, Voldemort n'avait pas bougé, les lèvres pincées et les poings serrés en dépit du silence qui l'étranglait. Le regard vissé sur le Survivant, sa baguette s'était mise à trembler, ses pupilles à se resserrer et son souffle à s'accélérer, symbole de la frénésie qui commençait à le gagner. Car, elle le savait… son apparente impassibilité n'était qu'un drap posé sur un brasier. Une éclipse sur le point de se dissiper. Un mensonge horriblement mal déguisé ! Ainsi, ce n'était qu'une question de temps avait qu'il ne les fasse taire à jamais...
- Alors ? La nargua-t-il.
Seigneur, qu'il se taise…
- Tu n'as rien à nous dire ?
Qu'il se taise !
Qu'il se taise !
Qu'il se taise !
- Toi, la Déesse des Génocides !
Manquant de se fendre une dent, Voldemort dû user de toutes ses forces pour ne pas l'éventrer dans l'instant. Pourtant et en dépit de ses nouveaux grondements, c'est à peine si la jeune femme le remarqua sous la brûlure de son sang... ou était-ce à cause de la fièvre de ses tempes ? Du tambour de son cœur battant ? Ou encore de la tétanie de sa langue ? Elle ne sut pas… mais ne parvînt plus à feindre l'indifférence. Oui… elle ne pouvait pas le laisser parler de choses qu'il ignorait ; elle ne pouvait pas le laisser se moquer de son plus grand méfait ! Mais elle pouvait saisir l'opportunité qu'il lui offrait… Aussi et bien que cela lui coûte tout ce qu'elle avait, c'est tout en ravalant sa haine qu'Hermione fit l'effort d'esquisser un sourire entre ses lèvres. Une réaction face à laquelle le Survivant devînt muet, mais qui n'était que les prémices de sa future peine…
- Laisse-moi réfléchir… souffla-t-elle.
Le dos droit et le regard fier, la jeune femme l'asséna d'une joie légère, le frappa d'un sourire espiègle et s'efforça même de calmer les ardeurs de sa fièvre, le visage soudainement radieux en dépit de son teint blême. Et pour cause ! Il voulait jouer au plus cruel ? Soit… elle se ferait un plaisir de lui en apprendre les règles.
- Voyons voir… je me souviens avoir enchaîné ses mains et ses chevilles. Articula-t-elle dans un sourire. Je me souviens lui avoir lancé une bonne dizaine de Doloris. Je me souviens l'avoir regardé s'étouffer entre ses cris. Je me souviens l'avoir vu s'étrangler dans son vomi…
Livide, Victor se pétrifia violemment à l'écho de ses souvenirs…
- Je me souviens l'avoir éventré de la pointe de mon talon aiguille...
Des souvenirs qui les firent tous frémirent…
- Je me souviens également l'avoir suspendu dans les airs pour avoir une meilleur prise. Je me souviens lui avoir lancé une dizaine d'autres Doloris. Je me souviens avoir tout fait pour prolonger son agonie. Je me souviens l'avoir entendu implorer pour sa vie…
Des souvenirs que Voldemort écouta avec délice.
- Mais il est vrai que… je me souviens surtout avoir plongé ma main dans sa cage thoracique.
Des souvenirs que la Résistance écouta dans un profond mutisme.
- Je me souviens de son sursaut quand j'ai empoigné son cœur encore battant de vie. Je me souviens de sa terreur quand je l'ai pressé entre mes doigts imbibés de magie. Je me souviens de ses prières quand son sang a commencé à ruisseler sur le tapis.
Des souvenirs bien différents de son Génocide.
- Je me souviens de son regard quand j'ai arraché son cœur de sa poitrine.
Mais des souvenirs tout aussi terribles…
- Je me souviens de ses trois dernières inspirations avant que son corps ne se ramollisse.
… que nul ne put entendre sans en vouloir vomir.
- Et je me souviens avoir ri… ri et encore ri, quand j'ai vu la vie s'éteindre lentement aux creux de ses pupilles.
En apnée, Harry l'écouta dans un silence mortifié, les yeux exorbités devant le descriptif d'une telle cruauté. Une cruauté qu'il n'avait pu qu'imaginer… une cruauté qu'il avait espéré exagérer… mais une cruauté mille fois plus ignoble que celle qu'il avait supposé.
- Je me souviens ensuite avoir mis sa tête sur une pique, avoir vu les corbeau se gaver de ses orbites, les charognard dévorer ses tripes et avoir laissé son corps pourrir sur…
Un silence.
Un effroi.
Un rire…
- Oh… dit-elle faussement gênée. Qu'elle idiote !
Avant le plus beau des supplices…
- Toutes mes excuses ! Je croyais que tu voulais connaître la mort de Seamus…
C'en était trop…
Trop pour Harry.
Trop pour Ron.
Trop pour Ginny.
Trop pour Victor.
Trop pour Neville.
Et pour tous ceux qui virent Voldemort éclater de rire…
- Avada Kedavra !
- Protego !
Les deux cris retentirent en un seul écho.
Les deux sortilèges se percutèrent en un seul faisceau.
Les deux camps tressaillirent à l'avènement d'un nouveau chaos.
- Meurtrière ! Monstre !
Enragé, Ron s'époumona tel un possédé, les yeux révulsés devant Hermione et le bouclier que son Maître avait immédiatement dressé.
- Traîtresse ! Meurs ! Meurs !
Incapable de se calmer, Harry et ses frères se jetèrent à quatre pour le maîtriser, sa rage se décuplant davantage devant les grondements de Voldemort et sa baguette armée.
- Meurs espèce de chienne ! Meurs ! Meurs !
- Un mot de plus de sa part Harry, et je jure devant les Dieux que ses jours s'arrêteront ici. Tonna le Mage.
Mais rien n'aurait su le raisonner…
- Tu vas le payer ! Tu vas le payer !
Fou, aliéné et hystérique, ses cris se confondirent avec les pleures de sa familles, ses coups se perdirent entre deux élans de furie et ses frères l'agrippèrent à bout de bras dans l'espoir de le garder immobile ; une scène tout aussi douloureuse que profondément tragique, mais pour laquelle nul ne trouva le courage de le maudire. En particulier devant celle qui lui avait fait livrer le cœur de l'un de ses plus chers amis…
- Ron ! Ron ! Implora Ginny.
- Elle doit mourir ! Elle doit mourir !
- Ron ! Calme toi !
- Non ! Non !
Horrifié, Harry regarda son ami s'époumoner à mesure que ses aînée le maintenait allongé, sa tête à moitié enfouie dans la boue et terre retournée. Pourtant, rien ne parvenait à le faire taire… pas plus qu'à canaliser sa haine.
- Elle doit mourir ! Elle doit mourir !
Il ne pourrait plus se calmer ; il ne pourrait plus s'apaiser ou ne serait-ce que se contrôler ! Cette ère était passée… et avec elle, le reste de sa lucidité.
- Tue-la Harry ! Tue-la ! Tue-la ! S'écria-t-il.
Une évidence dont les deux sorciers ne purent que se délecter.
- Utilise le Cœur ! Utilise-le ! Maintenant ! Maintenant !
- Ron ! Scanda Charlie.
- Non ! Elle doit mourir ! Elle doit mourir !
Oui… elle devait mourir. Il n'y avait plus de doute possible ; de scrupules ou de remord à ressentir ! L'Hermione qu'ils avaient tant aimé était partie… ne restait alors plus que le sourire sadique de sa nouvelle ignominie, la jouissance malsaine de ses innommables crimes et la certitude qu'elle avait perdu le droit de vivre.
- Comment… comment as-tu pu faire ça ?
Surprise, Hermione le regarda la détailler dans un souffle démuni, les joues livides à mesure que Ron commençait à faiblir…
- Seamus était notre ami ! S'écria-t-il. Tu… tu l'as vu grandir ! Tu étais là quand il a fait exploser sa table en cours d'Arithmancie, tu as ris avec lui pendant les matchs de Quidditch, tu l'as consolé après la mort de sa famille, tu l'as vu se battre pour nous sauver la vie, tu… tu… tu… tu l'as connu toute ta vie !
Se rongeant la lèvre pour ne pas hurler, Hermione serra les dents devant son discours enragé. Certes, il disait vrai… tous deux avaient partagé de nombreux moments au cours de ces dernières années. Et pourtant, cela ne l'avait pas empêché de la fouetter… de la torturer… de l'humilier… de la bafouer… et d'avoir ri alors qu'elle implorait.
- Comment as-tu pu lui faire subir une telle horreur ? Comment… comment as-tu pu le torturer et lui arracher le cœur ?!
- Seamus n'était qu'un faible... Cracha-t-elle.
- Pardon ?!
- Seamus n'était qu'un faible ! Hurla-t-elle hors d'elle. Un monstre ! Et un immonde pervers !
Assommé, Harry n'osa rien répliquer. En particulier quand les pupilles de Voldemort se mirent brusquement à trembler…
- Il n'avait aucune volonté… Aucun honneur ! Aucune bonté !
- Mensonges !
- Tu crois que je lui ai arraché le cœur ?! Lança-t-elle. La vérité est qu'il n'en a jamais eu ! Tu crois que je l'ai torturé pendant des heures ?! La vérité est qu'il en méritait plus !
- Il était ton ami !
- Un ami ? S'étouffa-t-elle. Un ami ?!
Au bord de l'implosion, Hermione leva sa baguette dans un frisson. Un ami… quel mot immonde.
- Cet « ami » m'a fouetté à sang… siffla-t-elle amèrement. Cet ami m'a regardé agoniser en riant. Cet ami m'a arraché mes vêtements. Cet ami m'a craché au visage avant de tourner les talons. Cet ami m'a humilié comme personne ne l'avait fait au monde !
Un silence.
Un deuxième.
Et Neville baissa la tête…
- Et je devrais culpabiliser ?!
Un silence.
Un deuxième.
Et Harry se mordit la lèvre…
- Alors que je ne lui ai fait goûter qu'un dixième de ce que j'ai enduré ?!
Un silence.
Un deuxième.
Et Ginny trembla de tout son être…
- De ce que vous m'avez tous fait endurer ?!
Un silence.
Un deuxième.
Et Victor regarda le ciel…
- Sa mort n'est que le juste prix de sa propre cruauté ! Finit-elle par cingler.
Un silence.
Un deuxième.
Et Ron gémit à terre…
- Et que les Dieux m'en soit témoins ! Jamais je n'ai été plus comblée que lorsque j'ai senti son cœur palpiter entre mon poing ! Jamais je n'ai été plus comblée que lorsque j'ai vu son sang recouvrir mes mains ! Et jamais je n'ai été plus comblée que lorsque j'ai vu sa tête plantée sur une pique au petit matin…
Abasourdi, aucun résistant ne trouva quoi dire… Pétrifiés, tous avaient baissé la tête dans un souffle inaudible, la figure blême tandis qu'elle revendiquait fièrement son crime, qu'elle les mettait face à leur hypocrisie et qu'elle les assommait de sa vérité inflexible. Etait-ce par peur ? Honte ? Inquiétude ? Colère ? Ou surprise ? Voldemort n'aurait su dire. Pourtant, aucun n'aurait su mentir ; tout comme aucun ne parvînt à cacher l'irréfutable culpabilité qui les fit tous frémir...
Une culpabilité sourde, muette et latente.
Une culpabilité lourde, cruelle et étouffante.
Mais une culpabilité toute aussi réelle qu'effroyablement brûlante.
Car rien ne servait de le nier… tous savaient ce qui lui était arrivé. Tous savaient ce qu'ils lui avaient fait. Et tous savaient pourquoi personne n'osait parler. Oui… la plupart d'entre eux était là quand Harry avait cherché à la désensorceler. La plupart d'entre eux était là quand Ron s'était mis à la fouetter. La plupart d'entre eux était là quand Dean avait commencé à la frapper. La plupart d'entre eux était là quand Seamus et les autres l'avaient déshabillé la nuit la plus froide de l'année. Et la plupart d'entre eux était là quand elle avait imploré d'être délivrée… des souvenirs collectifs, bruyant et indélébiles, qui alors même qu'ils rayonnaient amèrement dans l'éclat de leurs pupilles, ne leur arracha pas la moindre regret ou sentiment d'injustice. A croire qu'il n'y avait rien à attendre d'une bande de fous assoiffés de sang… pas même un minimum de décence. Pourtant et bien qu'il soit l'un des principaux auteurs de ses châtiments, c'est sans jamais trembler qu'Harry toisa la jeune femme avec indifférence. Loin de s'émouvoir de ses hurlements, de sa haine ou du rappel de ses odieux traitements, il la détailla la rage au dent, une grimace de dégoût remontant jusqu'à ses tempes… une grimace que le Mage Noir contempla pendant de longues secondes, avant que ses mots n'embrasent son sang.
- Ça ne change rien… cracha-t-il lâchement.
Ça ne change rien…
Ça ne change rien…
Ça ne change rien…
- Tu es un monstre.
Un monstre.
Un monstre.
Un monstre.
Sonné, Voldemort sentit ces mots résonner contre ses tempes, une nouvelle folie annihilant ses sens. Une folie qu'il avait senti grandir depuis leur premier affrontement… une folie qu'il avait tenté de contenir avec autant de peines que de frustration… mais une folie, qui en ce seul instant, renversa irrémédiablement sa conscience. Et pour cause… Il y avait beaucoup de choses que le Mage avait toléré venant du Survivant : ses insultes, défiances, menaces, affronts et tourments ; ses plans, rébellions, complots, espions, attaques et infiltrations… Certes, tout cela était agaçant, contraignant et particulièrement exaspérant ! Mais après tout ce temps, ce cirque infernal était presque devenu monnaie courante… pour preuve, il avait régné pendant plus quatre ans et n'avait jamais perdu le sommeil en pensant à la Résistance ! Mais aujourd'hui… aujourd'hui, quelque chose était différent. Quelque chose de puissant, d'avilissant, d'incompréhensible et de renversant. Quelque chose qu'il avait appris à ses dépens, qui coulait dans ses veines tel un poison et délitait ses sens à chaque instant. Quelque chose qu'il peinait à comprendre, contre lequel il avait lutté vainement et dont le brasier le dévorait un peu plus à chaque seconde. Mais quelque chose pour lequel il aurait mis le monde à feu et à sang… et qui portait son nom.
Elle.
Non plus sa simple subordonnée, mais sa partenaire.
Non plus sa talentueuse Initiée, mais sa Reine.
Non plus son alliée, mais sa Déesse.
La Seule et Unique Femme de son Règne.
Et cet homme… cette aberration… cet être aussi abject, vile et répugnant… se permettait de la jauger avec arrogance ? De la toiser avec insolence ? De la moquer avec véhémence ? Et de rire de ses souffrances ? Alors qu'il les lui avait lui-même infligé sans la moindre compassion ?! Pitié ?! Ou décence ?! Non… non, ce n'est pas un affront ; pas plus qu'une insulte ou qu'une simple provocation ! Mais la plus belle et incroyable des occasions.
- Un monstre… répéta-t-il subitement.
Surpris, Harry le regarda sans comprendre.
- C'est bien ce que tu as dit ? Un monstre ?
- Elle a commis le plus grand Génocide de l'Histoire du Monde Magique. Siffla-t-il. Elle a arraché le Cœur de l'un de mes meilleurs amis. Elle a planté sa tête sur une pique ! Alors oui… elle est un monstre. Une abomination ! Une…
- Elle est l'Initiée d'Honneur du Seigneur des Ténèbres ! Tonna-t-il.
Frappé par l'aura de pur Magie qui les terrassa, l'intégralité des armées vacilla, assourdit par la brutalité, la puissance et la rage de sa seule voix.
- L'Unique Héritière de ma couronne et de mon règne !
Une voix que nul ne connaissait au Mage.
- La Déesse Rouge et Terreur des Sirènes !
Une voix aux échos plus foudroyants que l'orage.
- La Plus Grande Sorcière de notre ère !
Mais une voix, qui alors même que le cœur prophétique scintillait du côté des barbares, ne s'arrêta pas.
- Et je refuse de tolérer le moindre nouvel affront de ta langue de vipère…
Muette, Hermione frissonna en le voyant se dresser vers le ciel, le souffle court et le regard de braise… mais plus encore quand elle le vit s'avancer devant eux dans l'écho d'une fureur acerbe, et Harry se renfrogner dans un frisson mal à l'aise.
- Entends-moi bien Potter… siffla-t-il. Tu es libre de m'insulter, de me provoquer, me défier, me voler et même de tenter de me tuer ! Mais adresse toi de nouveau à mon Initiée comme tu viens de le faire… et je jure sur tout ce que j'ai de plus cher, que la prochaine fois que l'on t'entendra hurler sera depuis les bas fond des Enfers.
Ahurit, on vit les Résistants se jeter un coup d'œil craintif, mélange de confusion et de surprise à mesure que Voldemort les assiégeait de son courroux nocif. Pourtant et bien que ses menaces les terrifient, que ses paroles les pétrifient et que leurs confiances vacillent, c'est bien sa rage qui les paralysa devant lui. Une rage bien plus létale qu'ils n'y étaient habitués… une rage bien plus macabre qu'ils n'auraient pu le supposer… mais une rage dont les motifs ne manquèrent pas de les déstabiliser. Et pour cause ! Ce n'était pas lui qui était visé ; ce n'était pas lui qui état insulté, et ce n'était pas lui vers qui le cœur était tourné ! Mais son Initiée… une Initiée qu'il avait faîte sa protégée, sa priorité et sa plus précieuse alliée ; mais également la seule femme du royaume pour qui il semblait prêt à tuer. Une dévotion pour le moins surprenante, étrange et profondément troublante, qu'Harry ne put s'empêcher de contempler dans un profond silence. Etait-il fou ? Dérangé ? Ou trop ancré dans sa haine pour ne pas en être aveuglé ? Il l'envisagea ; et pourtant, jamais il n'avait vu une telle réaction agiter le Mage… un tel désir de protection, une telle démence, une telle dévotion, une telle… une telle… affection ? Non ! Non, il perdait la raison. Mais jamais son regard n'avait été aussi brûlant…
- Je vois que les rôles sont inversés. Cracha Harry écœuré. De toute évidence, c'est elle qui vous a ensorcelé.
Gloussant à cette réflexion, Hermione soupira dans sa propre exaspération. Décidément, elle était le fruit du démon !
- Hermione n'a nul besoin d'enchantements pour être traitée avec un minimum de considération. Siffla-t-il.
- Dans ce cas j'imagine que c'était écrit… et que deux monstres ne peuvent que vivre en harmonie.
Esquissant un sourire, Voldemort senti un frisson lui parcourir l'échine. Oui… c'était écrit.
- Peut-être… mais j'imagine néanmoins que des remerciements s'imposent ! S'exclama-t-il.
- Des… des remerciements ?
- Bien sûr ! J'ai beau être Mage Noir, je n'en suis pas pour autant un ingrat…
Mal à l'aise, Harry le vit se réjouir dans une joie espiègle, un sourire cruelle dansant sur ses lèvres… un sourire mais également une idée dont les seuls contours le firent frissonner de tout son être.
- Je ne comprends pas.
- Voyons… c'est évident ! Jamais Hermione ne serait devenue mon Initiée sans le concours de votre incroyable stupidité ! Sans les innombrables tortures que vous lui avez fait endurer ! Sans les infâmes humiliations dont vous l'avez accablé ! Et sans bien sûr votre égoïsme, cruauté, bêtise, médiocrité, vice, vanité et puérils espoirs de me renverser…
Un frisson.
- En fait… si vous l'aviez traité avec un minimum d'égard et d'affection, elle n'aurait sans doute jamais compris l'insignifiance de vos existences ; tout comme l'absurdité de vos aspirations ou encore la naïveté de vos convictions !
Un regard.
- Elle n'aurait sûrement jamais ressenti le besoin de se joindre à mes rangs, de vivre aux côtés d'une famille aimante, d'être reconnue pour ses talents… et d'être enfin traitée avec respect, dignité et bienveillance.
Un silence.
- Alors merci à vous… à vous tous ! S'exclama-t-il. Votre indignité m'a donné la plus exceptionnelle des Initiées qu'un Mage Noir puisse rêver !
Avant le coup de grâce.
- Et la plus incroyable des Reines avec laquelle régner...
Manquant de s'étouffer, Harry vacilla dans une nouvelle apnée. Il n'avait pas rêvé. Il n'avait pas rêvé ! Il… l'avait appelé « Reine ». Il l'avait appelé « Reine » ! Elle ! Hermione ! Cette traîtresse sans honte ni vergogne ! Cette fausse Déesse à l'allure de mangemort ! Cette succube au cœur de charogne ! Ce… ce monstre aux crimes ignobles ! Non… non, ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas avoir dit cela d'une femme aussi indigne ! Que dire ! D'un être aussi vil ! C'était inconcevable ! Incompréhensible ! Il… il…
Incapable de suivre le cours de ses pensées, on vit le Survivant se liquéfier dans une grimace horrifiée, Ron l'imitant soudainement alors même que sa face était à moitié écrasée. Une réaction toute aussi collective que spontanée, qui ne manqua de s'agrémenter de froncements de sourcils, de grimaces intriguées, d'écarquillements de pupilles et de regards hébétés… mais une réaction dont Voldemort ne put que se délecter. Bouleversés, les Résistants semblaient sur le point de se révolter, leurs figures se décomposant un peu plus à chaque froncement de nez. Le détaillant sans savoir quoi penser, ils observèrent le Mage et son sourire amusé, incapable de savoir s'il leur mentait… incapable de croire qu'il puisse dire vrai… incapable d'admettre une annonce aussi insensée ! Mais ce n'est que quand ils étudièrent les mangemorts et leurs élans de fierté, que leurs têtes se mirent à tourner. Seigneur… Etait-ce vrai ? Régnait-elle vraiment à ses côtés ? Elle, la petite Hermione trop acharnée ? La Gryffondor trop entêtée ? Le rat-de-bibliothèque qui n'avait pas plus d'ambition que celle d'enseigner ? La traîtresse qui les avait reniés ?! Par tous les Dieux… nul ne pouvait l'imaginer. D'ailleurs, cela ne pouvait qu'être mensonger ! Pourquoi Voldemort chercherait-il quelqu'un avec qui régner ? Avec qui partager son autorité ? Ses pouvoirs ? Et sa renommée ? Il n'était pas homme à partager ce qu'il possédait ! Et encore moins avec une Sang de Bourbe de son pédigré ! A moins que ce ne soit qu'une manière de parler ? Ou un plan conçut pour les ridiculiser ? Aucun ne parvint le deviner, le sourire du Mage s'élargissant davantage à chaque figure outrée… Pourtant, seule l'une d'elle se mit à véritablement les déstabiliser… la seule que tous se mirent à fixer.
Hermione.
Loin de paraître surprise, choquée ou offensée, la jeune femme n'avait pas bougé. A vrai dire, elle n'avait même pas réagi, ne laissant alors qu'un faible sourire répondre à cette annonce inédite. Un sourire pour le moins énigmatique, qui ne manqua pas de les déconfire... Pourtant et ne leur en déplaise, seuls leurs hommes semblèrent manquer d'air ! Car les mangemorts eux, n'avaient encore jamais semblé plus fiers… Identique à un front de convertis glorifiant leur nouveau Messi, un nouveau souffle les avait transis. Heureux et tremblants d'euphorie, leurs figures s'étaient élargies de sourires extatiques, leurs regards s'étaient animés d'une lueur euphorique, leurs cris avaient retenti avec frénésie et leurs mains s'étaient mises à applaudir en rythme, envahissant alors leurs rangs de liesses et de joie honorifique. Une dévotion pour le moins unique, révélatrice et explicite, dont les clameurs suffirent à les prostrer dans un nouveau mutisme. Seigneur… ce n'était pas possible. Ce n'était possible ! Ce n'était pas possible ! Pourtant, aucun d'eux ne rêvait.
En dépit de son passé, ces soldats l'adulaient.
En dépit de son pédigré, ces mangemorts l'adoraient.
En dépit de tout ce qu'elle avait représenté, ces hommes l'aimaient.
Pourtant, cela n'aurait pas dû être possible. Jamais ! Elle… elle était une Sange de Bourbe ! Une ennemie ! Une ex-Résistante ! Une impie ! ! Mais aucun ne la voyait autrement que comme leur Reine promise… Certes, tous l'avaient profondément jugé à son arrivée ; tout comme pendant sa nomination et ses premiers mois d'exercices en tant qu'Initiée ! Mais bien que cela ait été difficile, elle n'avait jamais renoncé. Elle ne s'était jamais défilée, ne les avaient jamais trompés et ne s'était même jamais adonnée aux vices de les tourmenter ! Non, elle… elle leur avait prouvé sa valeur ; son ardeur, son honneur, sa ferveur et sa rage de cœur ! Mais plus important encore, elle leur avait prouvé son affection et sa loyauté envers leur Seigneur… sans parler bien entendu de sa capacité à insuffler mille terreurs, à arracher des cœurs et à créer de véritables cataclysmes en moins de quelques heures ! Mais même sans ces excès, Hermione avait quelque chose de plus profond qu'une simple Initiée ; qu'une simple élève ou fidèle gradée ! Oui… elle avait cette chose dont peu peuvent se vanter. Cette chose qui terrifie sans devoir tuer. Cette chose qui envoûte sans devoir parler. Cette chose qui impressionne sans devoir oppresser. Cette chose que même Voldemort n'avait jamais possédé ! Qu'était-ce ? Beaucoup se l'était demandé ; tout comme beaucoup s'étaient interrogés sur l'obsession que le Mage lui portait. Pourtant, il n'y avait rien à questionner…
Hermione était née pour régner.
Hermione était née pour inspirer.
Hermione était née pour être aimée.
Ainsi et bien qu'Harry ne cesse de trembler, que Ron semble sur le point d'exploser et que l'intégralité des Résistants se soit décomposée, aucun mangemort n'hésita à le revendiquer ; à le hurler, le scander, le crier et le confirmer ! Hermione était leur Reine… et ils étaient son armée.
- Bien ! S'exclama subitement le Mage. Maintenant que cela est dit, reprenons !
Satisfait du trouble qu'il avait causé, Voldemort ricana devant leurs regards confus et figures assommées. Loin de comprendre ce qu'il avait déclaré, Harry mis plusieurs secondes avant de retrouver le fil de ses pensées, son regard toujours infailliblement ancré sur son Initiée… une Initiée plus heureuse que jamais, dont le sourire manqua de l'achever.
- Qu… quoi ? Souffla-t-il.
- Reprenons ! Tu as le Cœur, l'armée, le désir de me tuer… nul ne sert d'attendre plus longtemps !
Le Cœur…
L'armée…
Le désir de le tuer…
- Alors ?
Oui… il avait toutes ces choses.
- Quelles sont tes revendications ?
Et il était grand temps de mettre un terme à cette névrose…
Hello tout le monde ! L'étau se resserre, les révélations se font et attention... la semaine prochaine, vous aurez enfin l'issue de cet ultime affrontement ! :)))
En tout cas j'espère que ce chapitre vous a plu ! J'ai adoré l'écrire, en particulier quand Hermione sort enfin du silence, et que Voldemort et les mangemorts revendiquent son titre et son ascension ! Ils sont désormais un seul et unique front et rien ni personne le tolèrera leurs affronts ! Sur ce, j'ai hâte de connaître vos réactions ! ;)
Je vous dis à la semaine prochaine avec la fin de la guerre ! ;)
BIZZEEEEE
