Hello tout le monde !
Préparez-vous, voici les deux derniers chapitres de cette guerre ! Beaucoup de choses vont se passer et j'espère qu'elles vous plairont !
Cependant et avant que vous ne commenciez, voici une rapide petite annonce : je vais devoir faire une petite pause dans les publications ! Rien de bien méchant, mais j'ai plusieurs déplacements pro à honorer et vus comment c'est parti, je vais en avoir jusqu'à mi-mai !
Mais si tout se passe bien et que je n'ai pas d'imprévus, cela devrait normalement être la toute dernière pause avant la fin de l'Histoire ! :D
Ne vous inquiétez pas, il reste encore BEAUCOUP de chapitres, mais c'est la phase finale et comme vous le savez... après la guerre viendra la menace des Prophéties ! ;)
En tout cas, j'espère que tout cela vous plaira !
Je vous retrouve le mois prochain pour la suite ;)
BIZZEEEE
- Quelles sont tes revendications ?
Resserrant sa prise sur le Cœur Prophétique, Harry se grandit dans un frisson inaudible, le souffle court et le regard endurcit face aux milles pupilles qui se tournèrent vers lui…
Ses revendications...
Ses revendications...
Ses revendications...
Oui… c'était le moment. C'était maintenant ! Le jour où il pourrait enfin venger ses parents ! Le jour où il pourrait enfin être un Grand ! Le jour où il pourrait enfin être le Gagnant…
- Votre reddition. Tonna-t-il durement.
Peu surpris, Voldemort esquissa un sourire. Que le spectacle commence…
- Mais encore ?
- Ordonnez à vos hommes de cesser le combat. Dîtes-leur de capituler, de jeter les armes, de ne plus riposter et de nous laisser l'absolu contrôle de Poudlard !
De mieux en mieux…
- Je vois… quoi d'autre ? Demanda-t-il.
- Nous voulons un communiqué du Ministère reconnaissant officiellement votre défaite ainsi que la fin de votre règne. Nous voulons la libération de tous nos prisonniers de guerre, l'assurance qu'aucun de vos alliés ne tentera de nous faire la guerre et…
- Et ?
- Et votre entière collaboration jusqu'à l'heure de votre procès…
Eh bien, eh bien ! Que de belles exigences, que de beaux rêves et de coûteuses demandes ! Pourtant, seule l'une d'elle le fit serrer la dents… la seule qu'il n'avait pas anticipée venant du Survivant.
- Mon procès ? Répéta-t-il surpris.
- Le vôtre, celui d'Hermione, de vos mangemorts ainsi que de tous ceux ayant participé, encouragé ou cautionné votre règne…
Hochant vaguement la tête, le Mage Noir se pinça lentement les lèvres, une gerbe d'étincelle agitant délicatement sa baguette. Pourtant et loin de sembler inquiet par des allégations aussi désuètes, c'est dans l'éclat d'une curiosité nouvelle qu'il demanda d'un air espiègle…
- J'en déduis donc tu n'as pas l'intention de me tuer aujourd'hui ?
Irrité, Harry peina à déglutir, une nouvelle rancœur imbibant subitement sa salive. Non pas que ce soit une surprise… cette mesure était la seule qu'il n'avait pas choisie ; la seule qu'il avait tenté d'interdire, la seule qui lui donnait envie de vomir ! Mais la seule que Ginny, les Weasley, Neville et ses amis l'avaient imploré de voir comme un juste compromis... celui d'un procès respectueux des lois en vigueur dans le Monde Magique, afin de briser le cercle de la vengeance, de la violence et de l'injustice. Bien sûr, Ron n'avait pas été de leur avis ! Pas plus que les Centaures qui n'attendaient qu'un mot de leur part pour en finir ! Mais il avait réfléchi… et bien que cette idée lui semble toute aussi dangereuse que foncièrement stupide, il n'avait pas été en mesure de contrer un avis aussi collectif. Sûrement qu'une tyrannie ne s'encombrait pas d'inconvénients aussi futiles ; mais leur démocratie était ainsi… crédule et naïve. Ainsi, c'est la peste aux lèvres que le Survivant lutta contre sa furie, son indignation grandissant plus que jamais devant le Mage et son sourire… mais il avait promis, et n'avait d'autre choix que de s'y tenir.
- Dans l'hypothèse où vous accepteriez de vous rendre… où vous capituleriez sans conditions, où vous reconnaitriez la victoire absolue de la Résistance et où vous nous laisseriez vous enfermer pacifiquement jusqu'à votre jugement… oui. Grinça-t-il péniblement.
Etonné, Voldemort ne sut pas s'il devait rire ou s'étouffer. Se rendre ? Capituler ? Reconnaître la victoire de la Résistance ? Et se laisser enfermer ? Pacifiquement qui plus est ?! Par tous les Dieux… il rêvait ! Pire encore, il l'insultait ! Un affront qu'il n'avait jusque-là encore jamais rencontré, mais dont la seule idée lui donna une soudaine nausée. Par Salazar, croire un seul instant qu'il puisse accepter son marché… se laisser appâter par le mirage d'un procès… et désirer être jugé avec justice et équité. Existait-il plus écœurant ? Plus fourbe ? Plus humiliant ?! Il ne voulait même pas connaître la réponse ! Mais Voldemort n'était pas homme que l'on pouvait tromper de mensonges savants ; en particulier avec une haine aussi évidente…. Aussi, c'est tout en se moquant ouvertement de ses tremblements que le Mage choisi de ne pas réagir à ces fabulations, une malice hilare cachée au creux de la langue. Décidément, sa bêtise dépassait l'entendement.
- Je vois… Dit-il après un court un instant. Et que se passera-t-il si j'y consens ?
- Vous serez jugé par un Tribunal libre et condamné à mort pour vos crimes selon les lois du Monde Magique. Hermione et vos mangemorts aussi…
Intéressant… mais rien de véritablement surprenant.
- J'imagine que ce n'est pas tout ?
Peu surpris par sa perspicacité, Harry laissa échapper un rire amusé. Non, ce n'était pas tout… mais quel délice de le voir enfin tenu en joug.
- Votre nom, votre passé, votre règne, vos pouvoirs… tout sera effacé des livres d'Histoire. Tout comme nous avons brûlé Poudlard, nous veillerons à éradiquer chaque trace, chaque registre, chaque preuve et chaque vestiges ; et ce jusqu'à la moindre phrase relatant votre vie, vos crimes ou votre idéologie... Ainsi, il ne restera rien… et vous tomberez dans l'oubli.
L'oubli… comme torture ultime.
L'oubli… comme châtiment sublime.
L'oubli… comme pénitence divine.
- Plus personne ne se souviendra de « celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ». Ajouta-t-il. Plus personne ne se souviendra de votre puissance, de votre vie ou de vos exactions ! Et d'ici une à deux générations, le monde entier aura oublié jusqu'à votre seule existence...
Partagé entre frissons et nausées, Voldemort le contempla un court instant sans parler. Et pour cause… bien que rien de tout cela n'arriverait jamais, il savait d'avance qu'il jubilait du seul fait de l'imaginer.
- Et si je refuse ?
- Si vous refusez ? Sourit-il amusé.
Oui… il jubilait.
- Vous, Hermione, vos fidèles, vos mangemorts, vos armées et l'intégralité de vos forces seront immédiatement condamnés à mort… et exécutés avant l'aurore.
Exécutés…
Exécutés…
Exécutés…
- C'est donc un ultimatum ?
- Oui.
C'est donc ainsi qu'il comptait gagner.
C'est donc ainsi qu'il comptait le renverser.
C'est donc ainsi qu'il comptait le remplacer.
En exterminant non pas un Roi, mais l'intégralité de ses sujets ; de ses appuis et alliés, de ses fidèles et conseillers, de ses complices et délégués… soit plus de la moitié d'une population qui n'avait rien demandé. Ingénieux ! Il ne pouvait le nier ! Mais de là à le tolérer… il rêvait.
- C'est fini Tom. Finit-il par souffler.
Fini…
Fini…
Fini…
- Fini ? Répéta-t-il.
Non… loin de là.
- Oui… siffla-t-il. Aujourd'hui le monde sera enfin sauvé de votre tyrannie. Aujourd'hui, le monde sera enfin lavé de vos crimes ! Aujourd'hui, le monde sera enfin libre !
- Et comment comptes-tu faire cela ? Demanda-t-il simplement.
Surpris, Harry perdit subitement son sourire. Qu'avait-il dit ?!
- Quoi ?!
- Comment ? Insista-t-il. Que comptes-tu faire après m'avoir tué ? Quel est ton plan pour prendre ma place et régner ? Pour instaurer un nouvel ordre et te faire respecter ?! Et convaincre les puissances internationales de devenir tes alliés ?
Désarmé par des questions aussi soudaines, le Sorcier s'entendit déglutir avec difficulté. Et pour cause ! Il aurait dû être terrifié… que dire ! Mortifié ! Epouvanté ! Acculé ! Horrifié ! Et entrain de l'implorer ! Pas debout devant lui, une grimace intriguée plaquée sur son visage ensanglanté… et certainement pas inquiet du sort du Royaume qu'il s'apprêtait à lui laisser. Pourtant et bien que cela semble mal placé, une véritable curiosité l'habitait... Crédible, vibrante et tangible, elle agita les troupes de son questionnement explicite, le contraignement presque à calmer les ardeurs de sa haine irascible.
- Ce n'est pas un tout de me tuer. Ajouta-t-il. Il te faut une stratégie ! Une politique ! Un ligne directrice !
Bon sang, pourquoi s'y intéressait-il ? Cherchait-il à gagner du temps ? Ou à se faire passer en martyre ?! Il n'aurait su dire… mais ne put s'empêcher de frémir quand tous se tournèrent vers lui.
- Premièrement… tous ceux ayant été nommé au Ministère sous votre règne seront arrêtés, jugés et mis à mort pour Crimes de Guerre et complicité avec le Seigneur des Ténèbres. Leurs causes pourront éventuellement être plaidées en cas d'Impero ou de chantages avérés… mais uniquement si ces derniers sont expressément prouvés et attestés par une Commission spécialement prévue à cet effet. Il en est fini de l'injustice, chacun doit payer pour ce qu'il a fait !
Roulant des yeux au ciel, Voldemort sourit amèrement entre ses lèvres… à croire que ce morveux avait hâte de couper des têtes !
- Deuxièmement, nos commerces avec des pays autrefois ennemis et ne respectant pas les Droit de l'Homme et du Sorcier cesseront. Il est inadmissible que nous encouragions et soutenions d'autres tyrans !
Belle moralité… si on mettait de côtés les fonds qui leur étaient alloués et l'impact économique qu'une telle mesure engendrerait.
- Après quoi, nous entamerons un remaniement de fond. Le Ministère sera lavé de toute corruption, avec à sa tête un nouveau Conseil exclusivement composé des Membres de la Résistance !
Comme c'est étonnant…
- Ensuite, Poudlard sera intégralement reconstruite. Elle redeviendra une école libre et accueillera tous ses élèves sans la moindre distinctions de rang, de sang ou de famille.
Faisable. Inintéressant, certes… mais faisable.
- De même, les Nés-moldus pourront à nouveau faire libre usage de leur magie ! Ils seront autorisés à voter, à participer à la vie politique, à s'éduquer... et devront être traité avec comme n'importe quel autre sorcier de ce pays !
Quelle surprise…
- Ainsi, le monde pourra à nouveau prospérer sans tyrans, crime et discrimination. Argua-t-il. Ainsi, tous ceux que vous avez enfermé seront libérés !
Sentant un nouveau frisson le parcourir, Voldemort perdit subitement son sourire… Une réaction face à laquelle Hermione se sentit fatalement blêmir et que tous contemplèrent sans rien dire, mais que même les Résistance ne purent regarder sans frémir. Et pour cause… son regard avait rougi, ses pupilles s'étaient rétrécies, son souffle s'était alourdit et son corps s'était grandi. Loin de l'l'intrigue amusée qui l'avait habité jusqu'ici, autre chose se mit à le transir, mélange de haine, de répulsion, de colère et de furie. Un mélange pour le moins nocif, qui ne tarda pas à déliter son esprit.
- Tous ceux que vous avez ensorcelé seront sauvés !
Il pouvait l'entendre déblatérer des inepties.
Il pouvait l'entendre l'accabler de mille crimes.
Il pouvait même l'entendre essayer de parler de politique !
- Tous ceux que vous avez asservis seront délivrés !
Mais il en avait assez de ses tirades.
Il en avait assez de ses maudites fables.
Il en avait assez de ses leçons de morales...
- Ainsi, tous ceux que vous avez tué seront vengé !
En particulier venant d'un gamin aussi incapable…
- Je ne les ai jamais ensorcelés… gronda-t-il.
- Quoi ?
- Je ne les ai jamais ensorcelés !
Surpris par son indignation, Harry serra les dents…
- Inutile de vous défendre… vous êtes un monstre qui n'a fait qu'engendrer d'autre monstres !
- Je n'ai que leur offrir un choix ! Tonna-t-il. Un choix qu'ils ont tous sciemment et délibérément assumé !
- Quel choix ? Cracha Harry. Celui de mourir ?!
- Celui de vivre !
Des frissons.
- De vivre pour moi !
Des grondements.
- De vivre avec moi !
Des mâchoires tombantes.
- De vivre sous mes lois !
Des échos bourdonnants.
- De vivre avec un Grand Roi !
Avant que ses pupilles ne corrompent leurs sangs…
- Chacun a fait son choix… mais je n'en suis nullement responsable.
- Et quel choix leur restent-t-ils quand ils savent qu'ils vont être tué ?! Lança-t-il.
Amusé, Voldemort sourit franchement devant sa grimace outrée, peu convaincu devant sa vaine tentative de le piéger. Pourtant, il n'avait rien à cacher ! Quel choix restait-il à tous ceux qui le défiait ? Le reniait ? Lui manquait de respect ? Et méprisaient son autorité ? Facile…
- Celui de mourir avec un minimum de dignité. Dit-il sans sourciller.
Assommé, le survivant tressaillit dans sa nausée, sa figure se distordant un peu plus chaque fois qu'il se risquait à le regarder… pourtant et bien qu'il soit mortifié, aberré et profondément outré, c'est dans l'éclat d'une étrange obscurité que Voldemort cessa de respirer.
Mourir avec un minimum de dignité…
Sonné par les mots qu'il venait tout juste de prononcer, une étrange torpeur se mit à la paralyser. Comme si on venait de le gifler, de l'insulter ou de le frapper d'un sortilège informulé, son cœur tonna d'un écho incontrôlé, son visage s'imprégna d'une étrange gravité, ses lèvres ses pincèrent dans un grondement étouffé et l'intégrité même de son âme se mit à trembler, mélange d'inquiétudes et de réflexions poussées... Incapable de rétorquer, de s'entendre penser ou de ne serait-ce que poursuivre son discours avec désintérêt, ses tempes commencèrent à s'échauffer, son esprit à s'enfiévrer et sa conscience à s'étioler. Pourquoi ? Il ne le sut pas… et pourtant, celle seule impression le tétanisa.
Mourir avec un minimum de dignité…
Semblable à une émotion, une sensation ou un pressentiment, le Mage sentit son souffle s'alourdir dans un frisson, le désarmant presque autant que le jour où Hermione lui avait fait sa déclaration. Pourtant, il n'y avait aucune raison ! Mais son esprit se dédouanait de toute raison, ses pensées s'entremêlaient avec confusion et une horrible fièvre dévorait son front ; à tel point que pendant un court instant, ses plus grandes certitudes furent réduites à un brouillon… à un miasme informes d'idées et de fausses croyances, de folies et de superstitions, de doutes et d'aberrations ! Oui… pendant un court instant, Voldemort ne reconnut plus le monde ; ou plus précisément… son monde.
Mourir avec un minimum de dignité…
Mourir avec un minimum de dignité…
Mourir avec un minimum de dignité…
Par tous les Dieux… ces mots le hantaient ; plus encore, ils l'accablaient ! Le frappaient ! L'assaillaient ! Plus lancinant que jamais, chacun d'eux résonnait dans l'écho d'un clameur nouvelle, heureux et fier de le pétrifier à la pire heure de cette guerre ! Pourtant, ils n'avaient aucune raison d'être ! Aucune clairvoyance, ni même pertinence concrète !
Mourir avec un minimum de dignité…
Mourir avec un minimum de dignité…
Mourir avec un minimum de dignité…
Mais plus ils résonnaient, plus Voldemort y pensait.
Mourir avec un minimum de dignité…
Mourir avec un minimum de dignité…
Mourir avec un minimum de dignité…
Et plus il y pensait, plus Voldemort tremblait...
Mourir avec un minimum de dignité…
Mourir avec un minimum de dignité…
Mourir avec un minimum de dignité…
Avaient-ils raison ? Etaient-ils corrects ? Opportuns ? Et pertinents ? Devait-il croire en leur promesse de rédemption ? De justesses ? Et de libération ? Il se posa la question, ses pupilles s'embrasant un peu plus face aux milles regards qui le détaillaient avidement. Mais qu'aurait-il pu dire ? Ou seulement prétendre ?! Ces mots s'étaient fait poison dans son sang… et leurs vérités s'était ancrée dans sa conscience.
Mourir avec un minimum de dignité…
Semblable à une idée qu'il n'avait jamais imaginée, un concept auquel il n'avait jamais pensé ou à un plan tout aussi suicidaire qu'insensé, ils l'assourdirent de théories, de doutes et d'idioties, allant jusqu'à lui faire reconsidérer tout ce qu'il avait toujours pris pour acquis… tout ce qu'il avait toujours cru au cours de sa vie… et tout ce qu'il avait prié ne jamais subir !
Mourir avec un minimum de dignité…
Mais face à la lueur du Cœur Prophétique, au regard désœuvré d'Harry et aux menaces qu'il proférait avec hystérie, il ne put plus se cacher derrière le moindre déni ! Oui… une décision devait être prise.
Mourir avec un minimum de dignité…
Une décision que rien n'aurait su décrire.
Une décision qu'il n'aurait jamais cru devoir saisir.
Mais une décision qui vaudrait peut-être la peine de vivre…
Mourir avec un minimum de dignité…
Aussi, c'est tout en jetant un regard à son Initiée que Voldemort se sentit chavirer. Seigneur… elle était si belle ; si jeune, si fière, si téméraire ! Jamais elle n'aurait dû se trouver mêlée à cette guerre ; tout comme jamais elle n'aurait dû subir les affres d'un destin aussi cruel ! Mais ce qui était fait était fait. Ne lui restait que l'avenir comme source de rêves… et comme espoir de vivre loin de cette misère.
Mourir avec un minimum de dignité…
Oui, il pouvait le faire.
Il devait le faire.
Il allait le faire !
Mourir avec un minimum de dignité…
Pour elle…
Mourir avec un minimum de dignité…
Ne restait plus qu'à prier pour que ses doutes ne soient que fabulations passagères… et qu'il ne s'éveille pas en Enfer.
- Je refuse ton offre. Tonna-t-il subitement.
- Pardon ?!
- Je refuse ton offre. Articula-t-il durement.
Un instant.
Un silence.
Un apnée.
- La reddition, la paix, l'enfermement, le procès… je refuse tout en bloc.
Et plus personne n'osa respirer…
- Vous… vous refusez ?! Répéta Harry sans y croire.
- C'est exact.
- Et… et pourquoi ?
- Par honneur, descente, dignité, bon sens et respect pour mon armée… mais principalement par lassitude. Dit-il légèrement.
- Lassitude ?! S'étouffa-t-il.
- Hum hum… ces négociations sont toutes aussi inopportunes que vides de sens, alors autant les ajourner sans attendre.
Ahurit, Harry ne sut plus quoi dire ; à peu près autant que la Résistance qu'il entendit être plongée dans un profond mutisme. Et pour cause… ses mots les avaient laissés livides. Inopportunes, vides de sens… Seigneur, c'était donc ainsi qu'il voyait les négociations les plus décisives de son existence ? Celles-là même qui pouvaient le condamner à mort dans l'instant ?! Par tous les Dieux… c'était une plaisanterie ! Une blague ! Une hérésie ! Et pourtant, c'est plus sérieux que jamais qu'il avait cessé de rire.
- Alors vous… vous abandonnez ? Souffla-t-il ébranlé.
- J'ai dit que je refusais. Rectifia-t-il. Pas que j'abandonnais…
- Et pourtant votre refus signe votre arrêt de mort.
Hochant vaguement la tête, le Mage esquissa un sourire amusé entre ses lèvres. Le genre de sourire qui n'était pas ce qu'il semblait être, mais qui suffit à couronner ses propos d'une moquerie cruelle.
- Voyons Harry… restons réalistes.
- Que voulez-vous dire ?
- Que nous savons tous deux comment cette histoire va se finir.
Inquiète, Hermione sentit un violent frisson lui parcourir les vertèbres. Tout aussi fugace que mortel, il la terrassa dans un sursaut éclair, la paralysant alors plus que jamais à mesure qu'elle se mettait à détailler son Maître. Un Maître anormalement nonchalant, détendu et insolent. Un Maître anormalement souriant, heureux et arrogant. Un Maître qui de toute évidence, avait un nouveau plan…
- Et comment va-t-elle se finir ? Demanda-t-il.
- Comme toutes les précédentes… autrement dit avec toi, qui n'aura pas su saisir ta chance.
Oh non…
- Vous… vous croyez que je n'aurais pas le cran de vous tuer ? Siffla-t-il outré.
- Honnêtement ? Non.
Oh non, non, non, non…
- Vous plaisantez ?! Souffla-t-il sans respirer.
- J'aimerais ! Cela donnerait à cette guerre un certain cachet ! Mais je regrette… pour moi, tes espoirs de me tuer sont aussi vains que ta quête.
Manquant de se fendre une dent sous l'horreur de son silence, Hermione frissonna douloureusement devant l'éclat de son regard rougeoyant, un étau de plomb lui perforant brutalement le ventre. Par tous les Dieux… ce regard, cette intonation, cet air grave, cette sommation… elle les connaissait. Plus encore, elle les ressentait ! Et se faisant, elle savait…
- Vous croyez ?!
Elle savait ce qu'il s'apprêtait à faire.
- J'en suis même certain ! Pour preuve, une arme de destruction massive repose entre ton poing et pourtant tu ne cesses de geindre !
Elle savait comment il s'apprêtait à le faire.
- Un véritable meneur aurait déjà gagné la bataille, exterminé mon armée, marché sur mon cadavre et pris le pouvoir sans discuter ! Mais toi tu… tu te contentes de piailler ; de t'agiter et de nous déblatérer ta rancœur comme si cette dernière était censée nous intéresser !
Et plus terrible encore, elle savait pourquoi il allait le faire…
- Alors non Harry… je ne crois pas que tu aies le cran de me tuer.
Une certitude qui empourpra ses joues d'une nouvelle fière, mais que la magie de son allégeance fit taire aussi brutalement que son serpent parti se terrer sous sa brassière…
- Pas plus que tu n'aies le cran de gouverner.
S'empourprant devant lui, Harry ne sut même pas quoi dire… était-ce à cause de sa honte ? De son affront ? De son humiliation ? Ou du couteau que chacun de ses mots insérait dans son ventre ? Il ne fut pas certain de pouvoir faire la différence ; mais ce qu'il sut avec certitude en revanche, était que tout cela n'était que mensonges. Car il se trompait… il avait soif de sang.
- Vous… vous ne savez rien ! Cracha-t-il. Vous ne savez…
- Je sais, Harry. Tonna-t-il. Je sais… Plus que ne le pourront jamais tes amis, plus que tu n'apprendras jamais en mille vies, et plus que ne peut l'imaginer ton esprit !
Non… il ne savait rien.
- Je sais, et c'est ainsi…
Rien ! Rien ! Rien !
- Mais tu devrais t'en réjouir ! S'exclama-t-il. Car je vais t'apprendre quelque chose aujourd'hui…
Tressaillant violemment à sa nouvelle intonation, Hermione sentit la brûlure de sa marque ébouillanter son sang… A à peu près autant que ses mots indignèrent celui d'Harry et des Résistants.
- Ceux que tu cherches tant à venger dans cette guerre… ils ne sont pas à plaindre ou à pleurer. Ils ne sont pas à glorifier, à mystifier ou à consacrer ! Non… ce ne sont que des hommes et des femmes ayant choisi leurs destinées. Des sorciers libres ayant choisi la route qu'ils souhaitaient emprunter. Mais aucunement les victimes d'un sort injustifié…
Ecœuré, Ron se redressa dans l'écho d'un frisson enragé, ses oreilles peinant à entendre les inepties que ce monstre s'évertuait à déverser…
- Comment osez-vous dire ça ? Siffla-t-il sur le point d'exploser.
- J'ose, car c'est ainsi ! Claqua-t-il. Tous ont décidé de rester fidèles à leurs principes ! Plus encore, tous ont préféré mourir plutôt que de les trahir ! Et se faisant, aucune de leur mort n'a été gratuite… mais purement et simplement choisi.
Non… il n'avait pas le droit dire ça. Il n'avait pas le droit ! Il n'avait pas le droit !
- Choi… choisi ? Bégaya Harry. Choisi ?!
- Parfaitement !
- Comment pouv…
- Il est temps que tu regardes la vérité en face mon garçon ! S'écria-t-il brusquement. Je ne suis jamais allé à Godrick Solo dans le seul but d'assassiner tes parents ! Je n'ai jamais tué tes camarades de classes par ennuie ou simple amusement ! Tout comme je n'ai jamais déclenché la Bataille de Poudlard pour faire couler sang !
Marchant devant lui avec mépris, Voldemort lui offrit un sourire de dépit, mélange de pitié et de satisfaction morbide. Car Harry n'en doutait pas ! Il était heureux de lui dire cela… il était heureux de jouer avec sa douleur, sa peine, son deuil et son désespoir ! Pire encore, il s'en délectait à grande joie ! Un évidence qui ne tarda pas à l'asphyxier dans sa propre rage, mais qu'Hermione ne put s'empêcher de contempler la mort dans l'âme.
Seigneur…
C'était lancé.
C'était acté.
C'était entamé !
Aussi et bien qu'elle veuille hurler, s'indigner, se scandaliser et même pleurer, Hermione ne put que trembler dans un sanglot asséché. Car elle le savait... plus rien ne pourrait l'arrêter.
- A vrai dire, aucune des personnes que tu as aimées ne serait morte si elle s'était simplement contentée de me laisser prendre le pouvoir sans esclandre !
- Non… ragea-t-il.
- Mais ils ont choisi de se battre… et en ont payer le prix.
- Non, c'est… faux !
- Tes parents se sont volontairement interposés ! Tes camarades ont consciemment riposté ! Tes alliés ont fièrement décidé de lutter ! C'était leurs choix, leurs destins, leurs volontés !
Au bord du malaise, Harry se sentit défaillir…
- Tout comme il a été la mienne de les tuer.
Au bord de l'implosion, Ron se mit à rougir…
- Mais ne vient pas me faire la morale, quand chacun d'eux n'a fait qu'assumer les conséquences de leurs choix !
Tressaillant jusqu'aux tréfonds de son être, Hermione sentit sa marque s'agiter furieusement sous l'effervescence de ses Ténèbres, son serpent hurlant plus que jamais sous son aura mortelle. Puissante, dévastatrice et intemporelle, elle s'allia à une clameur nouvelle, une force guerrière et un torrent de haine, dont les cris épars se propagèrent rageusement dans le ciel… se répandirent furieusement dans la terre… et asphyxièrent sauvagement l'air… avant que chacun ne se mette brusquement à trembler sous sa grandeur délétère.
- Enfin et pour ce qui est de ceux que tu qualifies honteusement de traîtres, de lâches et de faibles ; ceux qui me craignent davantage qu'ils ne me respectent, qui me tolère sans pour autant partager l'idéologie de mon règne ou encore ceux qui ne me vénère que par intérêts, cupidité et ambition malsaine … eux aussi ont librement choisi.
- Ça suffit…
- Ils ont choisi de s'accommoder de mes règles.
- Assez !
- De vivre selon mes préceptes !
- Vous mentez !
- Mais plus important encore, ils ont préféré une existence prospère et imparfaite, à une mort inutile et vaine ! Chose que tes parents, tes amis ou tes misérables soldats n'ont jamais eu le courage de faire !
Fiers devant les sursauts et autres frissons des Résistants, les mangemorts gonflèrent le torse avec conviction, heureux de voir leur Seigneur revendiquer sa position. Oh bien sûr, la vie n'était jamais simple au service d'un tyran ! Les nés-moldus étaient surveillés avec attention, ne pouvaient plus vivre librement et n'avaient le droit de pratiquer la magie que sous certaines conditions. Les arrestations étaient devenues monnaies-courantes, certains enlèvements étaient passés sous silence et la police ministérielle se faisait extrêmement vigilante. Les tribunaux n'avaient plus la moindre clémence, le marché noir se faisait de plus en plus présent et de nombreux sorciers préféraient partir à l'étranger que de vivre dans la peur d'un possible emprisonnement. Et oui, beaucoup de mangemorts se seraient volontiers passés des excès de leur Maître, de ses colères, ordres, tortures passagères et autres traitements. Mais à la finale, chacun y trouvait son compte… après tout, les grande famille avaient désormais l'assurance de la pureté de leurs sang, le Ministère embauchait non plus les mieux nés mais les plus compétents, le Système de Santé n'avait jamais été aussi bienfaisant, tous sorcier sans logement était hébergé à vie gratuitement, chaque enfant né sorcier pouvait désormais bénéficier de la meilleur des éducations – et ce qu'importe le niveau de vie de ses parents –, les pupilles du Ministères étaient désormais des références d'excellence, certaines magies proscrites pouvaient à nouveaux être pratiquées librement, le nombre de crimes et d'agressions avait baissé de façon toute aussi radicale qu'impressionnante, l'économie n'avait jamais été aussi fleurissante, plus aucun Présidents Moldus n'ignorait leurs existences, et leur pays faisait désormais parti des plus respectés et craints au monde ! Certes, cela n'était pas au goût de tout le monde… mais jamais leur Seigneur ne leur avaient fait l'affront de les charmer du moindre mensonge. Tous savaient ce qui les attendaient en lui prêtant allégeance ! Tous savaient ce qu'ils risquaient en sa présence ! Mais tous savaient également où était leurs véritables chances… un état de fait dont tous avaient conscience, et dont la profonde honnêteté leur fit lever leurs baguettes avec fierté et reconnaissance.
- Alors oui… Reprit-t-il. Il est vrai que chacun d'eux me craint profondément ; c'est un fait, je ne vais pas le nier. Mais chacun t'affirmera qu'il préfère me voir régner, plutôt de que de vivre avec pour souverain un misérable garçon traumatisé par sa puberté…
Non… non, ce n'était que des mensonges ! Des fadaises ! Un discours savamment rôdé par les écervelés siégeant au Ministère ! Mais ce qu'il disait ne serait jamais la réalité… Non, jamais ! Jamais !
- Vous croyez ?! Le nargua-t-il.
- Oh je t'en prie... Railla-t-il. Restons un minimum réaliste ! Quand bien même tu utiliserais le Cœur Prophétique – chose qui, nous le savons tous les deux, n'arrivera pas – tu n'aurais toujours aucun appuie ! Aucune force, aucun soutien, aucune voix ! Tu n'es qu'un gamin immature, frêle et influençable ! Tes fréquentations se limitent à une bande de criminels en fuite et de barbares ! Ta conquête ne repose que sur des carnages infâmes ! Ton armée n'a ni foi ni morale ! Tu as brûlé Poudlard et des milliers de siècles d'Histoire ; et le tout, en dévastant ton propre pays pour prendre le pouvoir !
Sonnés par le sens de mots aussi abruptes, on vit certains résistant se regarder, murmurer, hésiter et trembler dans une nouvelle apnée… Comme frappés par une crainte qu'ils n'avaient jusqu'alors jamais envisagé, beaucoup commencèrent à trépigner, mal à l'aise devant le regard de braise de Voldemort et ses mots malicieusement tournés. Des mots que rien ne sembla capable de contrer… de mots que les Résistants sentirent les pétrifier… des mots qu'Harry et Ron ne surent comment effacer… des mots qui se mirent peu à peu à résonner dans un silence mortifié… et dont l'écho les fit tous mortellement vaciller. Oh bien sûr, ils ne doutaient pas de leur meneur ou du bienfondé de leur combat acharné ! Mais bien de ce que de telles paroles pouvaient signifier… du sens qu'elles laissaient supposer et des présages qu'elles invoquaient ! Le genre de chose auquel aucun d'eux n'avait véritablement pensé au cours de ces nombreuses années, mais dont l'étau se mit brusquement à les étouffer entre deux spasmes inquiets. Et pour cause ! Aucun d'eux n'avait envisagé l'après…
L'après-guerre.
L'après-Voldemort.
L'après-ère de désespoir et mort.
Certes, ils l'avaient tous imaginé… rêvé… et prié ! D'ailleurs, beaucoup d'entre eux avaient même commencé à le planifier au travers de quelques projets de vie de familles, de foyer et de paix ! Mais rien de tout cela ne suffisait à créer une réalité. Un pays. Une unité. Un gouvernement. Une stabilité ! Et encore moins après tout ce qu'ils avaient sacrifié pour triompher…
- Alors ? Dis-moi ! S'impatienta-t-il. Quelle institution, pays ou tribunal te soutiendra ?
Incapable de rétorquer, Harry sentit son souffle se couper, son cœur se fendillant un peu plus à l'écho de paroles aussi insensées. Que dire… devant les coutures d'une tirade aussi vile et calculée ! Et de ces mensonges tous méticuleusement tournés ! Des mensonges que tous ne cessaient cependant d'écouter avec autant de fascination, de colère et de confusion… que d'intérêt.
- Tu vois… sourit le mage devant son air béat. A la finale, tu ne vaux pas mieux que moi.
- Non… non, je ne suis pas comme vous !
- Peut-être pas. Souffla-t-il. Mais après tout ce que tu as fait pour te tenir ici ce soir, je peux t'assurer que personne au monde ne te soutiendra... Aucun sorcier ne t'approuvera. Aucun peuple ne t'acceptera. Aucune institution ne te reconnaîtra. Et aucun trône ne te légitimisera…
Enragé, on entendit la mâchoire d'Harry se contracter, ses poings se serrer, sa baguette crépiter et son souffle s'accélérer… une réaction profonde, puissante et viscérale, dont Voldemort ne put que se délecter.
Par Merlin…
Il était si simple à manipuler.
Il était si simple à enrager.
Il était si simple à blesser !
Un seul mot de sa part suffisait à l'aliéner, le désœuvrer et le plonger dans une hystérie incontrôlée, ne laissant alors de lui qu'un pantin dansant entre ses ficelles entremêlées ! Qu'une poupée de chiffon sur le point de s'effilocher ! Que dire… qu'un petit enfant sur le point de pleurer ! Une évidence d'autant plus frappante, qu'il ne lui restait qu'une chose à dire pour l'achever ; la seule qui scellerait à jamais leurs destinées…
- Tu sais… je te haïssais il y a quatre ans Potter. Mais malgré cela, je te respectais pour ton honneur ; pour ta détermination et ta loyauté envers tes valeurs ! Or aujourd'hui…
Une grimace.
Un regard.
Avant la fracture de son âme…
- Aujourd'hui, je me dis que tes parents sont morts pour un vulgaire imposteur.
- Ça suffit !
Un profond silence suivit son hurlement…
Un silence lourd, cruel et étrangement pensant…
Mais un silence gorgé de toute la folie du monde…
- Ça suffit ! Répéta-t-il. Ça suffit ! Ça suffit !
Luttant pour ne pas exploser de rire face à la détresse de son cris, Voldemort se mordit la joue dans un sourire. Un sourire sincère, profond et fier, qui alors même qu'il voyait son ennemi se perdre entre ses cris hystériques, lui donna l'impression de toucher le ciel...
- Ça suffit ! Ça suffit ! S'époumona-t-il avide.
Seigneur… qu'il était facile de briser un esprit.
- Vous savez comment parler… c'est vrai ! Dit-il avec frénésie. Vous savez comment infiltrer les esprits, jouer de votre influence, agenouiller des pays et régner par le sang, mais… mais… mai aujourd'hui… aujourd'hui ! Aujourd'hui tout… tout est différent !
Comme si toute lucidité avait quitté son esprit, Harry jeta un regard au Cœur prophétique, une lueur hystérique agitant ses pupilles. Une lueur mais également un sourire qui aurait presque suffit à concurrencer celui de Bellatrix, dont la vue les fit tous pâlirent…
- Tout est différent ! Tout est différent ! Répéta-t-il en transe.
Feignent l'indifférence, Voldemort le regarda en riant… pourtant et contrairement à ce qu'on aurait pu croire, Hermione elle, ne réussit qu'à déglutir entre deux frissons. Loin de partager la joie de son Maître, la jeune femme resta en retrait dans son propre silence, sa mâchoire se serrant plus que jamais à mesure qu'elle se mordait la langue à sang. Incapable de contempler cette scène sans sentir une lame lui éventrer le ventre, son regard se faisait fuyant, ses mains tremblantes et son souffle haletant, ses lèvres frémissant un peu plus à chaque mot qu'Harry hurlait dans sa transe. Mais il ne s'agissait pas là de compassion ; de tristesse, de culpabilité ou de honte… mais d'une terreur sans nom. D'un effroi cinglant. Que dire… d'un véritable épouvante ! Non pas à cause de ce que Voldemort disait si cruellement ; mais de l'issue vers laquelle cette stratégie les menait si fatalement.
- Différent ? Répéta le Mage.
- Oui ! Scanda-t-il en sueur. Je possède le Cœur Prophétique ! Moi et moi seul ! Je… je possède le Cœur Prophétique ! Je possède le Cœur Prophétique !
Aliéné, Harry le brandit dans un souffle exalté, sa fureur se galvanisant davantage à mesure que les mots du Mage lui revenait…
- Pas vous !
A mesure que sa conscience se disloquait…
- Pas Hermione !
A mesure que sa décence s'étiolait…
- Moi ! Hurla-t-il.
A mesure que Voldemort se réjouissait…
- Et de ce fait, je suis seul juge de votre sentence ! De ce fait, je suis seul artisan de ma vengeance !
Il allait le faire.
Il allait vraiment le faire.
Il allait déchaîner les pouvoirs de l'Enfer…
- Bien, dans ce cas… impressionne moi. Déclara le Mage.
- Qu… quoi ?
- Tue moi. Tonna-t-il durement.
Aberré, on vit les mangemorts se liquéfier devant un affront aussi revendiqué, leurs teints se délavant davantage à la vue du Cœur s'apprêtant à les frapper. Pourtant et contrairement à ce que tous avaient imaginé, aucune peur, aucun doute et aucune terreur ne vînt effleurer le visage du Sorcier... Indifférent, fier et presque impatient, il toisait le survivant de son habituelle véhémence, un air de défi se devinant presque dans ses pupilles ardentes. Pourquoi ? Aucun ne le devina ; aucun ne le comprit, ni même ne spécula, l'esprit trop ensuqué pour comprendre les motifs d'une telle audace. Mais Hermione les connaissaient déjà ; un savoir tout aussi cruel qu'insupportable, dont l'inéluctabilité manqua de le faire vaciller dans le noir…
- Pardon ? S'étouffa le Survivant.
Car c'était évident…
- Tue moi. Dit-il légèrement.
Voldemort le défiait ouvertement.
Voldemort le provoquait volontairement.
Voldemort le poussait dans ses retranchements…
- Je t'en prie, Harry ne me force pas à t'implorer ! S'exclama-t-il faussement amusé.
Pourquoi prendre un tel risque ?
Pourquoi le provoquer au péril de sa vie ?
L'humilier sans répit ?
Briser son esprit ?
Le plonger dans la folie ?
Galvaniser son vice ?
Et encourager son crime ?
- Vas-y ! Insista-t-il.
La réponse était facile…
- Prouve moi que j'ai tort !
Il voulait le voir prendre sa vie.
- Tue moi !
Il voulait le voir utiliser le Cœur Prophétique.
- Maître ! S'écria un soldat apeuré derrière lui.
Mortifiées par la scène qui s'apprêtait à se jouer, d'autres voix commencèrent à s'élever…
- Mais c'est pas possible !
- Vous êtes fous !
- Arrêtez !
- Il va vous tuer !
- Non !
Des voix inquiètes, blessées, terrifiées et paniquées…
- C'est de la folie !
- On va tous mourir !
- Oh mon dieu !
- Il faut partir !
Des voix qui ne virent cependant pas Hermione lever les yeux aux ciel…
- Arrêtez le !
- Il va le faire !
- Il a le cœur !
- Oh non !
… et souffler une ultime prière.
- Qu'est-ce que tu attends, mon garçon ?! Dit-il plus fort. Tu as le cœur… Alors vas-y, n'ai pas peur !
Il savait ce qu'il faisait.
Il savait ce pourquoi il le faisait.
Mais plus terrifiant encore… il savait comment le faire craquer.
- C'est moi que tu veux ! S'écria-t-il plus encore. Pas Poudlard ! Pas mes hommes ! Pas mes pouvoirs ! Pas Hermione !
Oh Seigneur...
- Moi... Insista-t-il. Moi et moi seul !
- Vas-y Harry ! S'époumona Ron.
Tout aussi enragé que lui, Voldemort s'avança dans un élan transit, une fièvre foudroyante lui ravageant l'esprit. Comme s'il implorait la mort de le saisir, qu'il défiait Harry et qu'il s'impatientait à l'idée de mourir, il écarta les bras dans l'écho d'un sombre rire, ses pupilles frémissant un peu plus à l'approche de son heure promise… et de son ultime réussite.
- C'est de moi dont tu veux te venger ! Scanda-t-il.
- Vas-y Harry ! Vas-y !
- C'est moi que tu veux tuer ! Continua-t-il.
- Fais-le !
- C'est moi que tu veux faire payer !
- Tue-le !
Il allait le faire…
- Tue-le ! Tue-le !
Il allait le faire !
Il allait le faire !
Il allait le faire !
- Ce sera ta seule et unique chance Harry… susurra le Mage avide.
Il allait le faire !
Il allait le faire !
Il allait le faire !
- La seule et unique chance de ta vie !
Il allait le faire !
Il allait le faire !
Il allait le faire !
- Sauf si bien sûr, tu as trop peur de la saisir…
Non…
- Tom Elvis Jedusor ! Hurla-t-il en transe.
Qu'importe que le monde le traite de monstre cruel !
Qu'importe qu'il soit relégué au titre d'abomination génocidaire !
Qu'importe qu'il soit jugé, condamné et à jamais rejeté par la justice mortelle !
- Moi, Harry James Potter !
Aujourd'hui, il gagnait la guerre.
Aujourd'hui, il accomplissait son plus grand rêve.
Aujourd'hui, il tuait le plus Grand Seigneur des Ténèbres…
- Vous condamne à mort !
