Hello tout le monde ! Gros chapitre en perspective aujourd'hui, alors posez-vous tranquillement et prenez le temps de le lire... j'espère qu'il vous plaira autant que les réponses qu'il contient ;) !
A très vite :-*
« La division de l'âme se doit d'être effectuée dans le respect des règles ancestrales de la Magie Noire, mais se doit également d'être en accord avec les bases fondamentales du Plan Astral du cobaye ; associé au Diagramme de Morgane, cet élément est en tout point essentiel à la résurrection de ce dernier et à l'intégrité future de son âme, une fois celle-ci reconstituée. A savoir qu'il n'est pas là question de la prise en compte de la Théorie de Brosgnaq, cette dernière ne s'appliquant que dans le cas d'un dédoublement spirituel de l'âme, et/ou d'une suspicion de transfiguration induite par à un sortilège de Niveau 6 ou un maléfice de Magie Noire. »
Ils l'avaient traité de fou… de dément.
Ils l'avaient traité d'aliéné… de délirant.
Ils l'avaient traité de malade… de déviant.
« L'hypothèse d'une résurrection partielle n'est pas à écarter, en particulier dans le cas où l'âme du cobaye n'aurait pas été méticuleusement préparée à la réintégration de son corps. Les rites de préparations ne sont donc pas à ignorer et constitueraient même selon certains, l'élément primordiale à toute division d'âme. Bien sûr, leurs effets ne sont optimaux que dans le cas d'une division correspondant aux Niveaux 1 à 3, les autres niveaux ne nécessitant non plus seulement de rites de préparation, mais également d'enchantements de conservation et de potions de médico-divinations appropriées à une futur reconstitution et/ou réintégration de l'âme dans le corps du cobaye. »
Ils lui avaient dit de se faire une raison.
Ils lui avaient dit de retrouver son bon sens.
Ils lui avaient dit d'abandonner sans attendre.
Ils lui avaient dit de ne rien espérer de ses fabulations.
Ils lui avaient dit de cesser immédiatement ses expériences.
« Le corps du cobaye est lui aussi un élément clé : son état, son endurance ainsi que la nature de sa constitution impacteront grandement les chances de réintégration de son âme. En ce sens et afin d'assurer les effets de sa conservation avant réintégration, il devra être entreposé à l'abris de toute interférence, ces dernières pouvant gravement affecter le déroulement du processus de résurrection. Bien entendu, ces dites interférences n'impliquent aucunement les sorts de conservations établis aux chapitres précédents et permettant le rétablissement du métabolisme initial du cobaye à l'heure de son trépas… »
Ils lui avaient dit de la laisser rejoindre les anges…
« Afin de garantir ses chances de succès et dans l'hypothèse où la division d'âme n'aurait pas causé de trop grands dommages corporels, le corps du cobaye doit impérativement rester au côté de l'objet ayant entreposé son âme – Horcrucx – après son trépas. Si cette consigne n'est pas inhérente à toutes les méthodes de résurrections, elle l'est néanmoins dans le cas où le cobaye aurait subi une quelconque altération de conscience avant l'achèvement de la division. Dans le cas contraire, une désobéissance à cette règle aggraverait significativement les conséquences de cette altération initiale et constituerait un frein à la reconstitution intégrale de l'âme du cobaye ainsi qu'à sa réintégration et fatalement, à sa résurrection finale. »
Mais il n'avait rien voulu entendre.
« De même, le processus de résurrection dépend en grande partie de la méthode de dissociation choisi à l'heure de la création de l'Horcrucx. Vous trouverez le référencement de ces dites méthodes au chapitre prochain ainsi que leurs différents effets sur la conservation de l'âme et du corps… »
Alors ils s'étaient mis à le regarder avec désolation…
« Au cas où un Sort Noir aurait causé le trépas du cobaye, la résurrection devra s'établir avec autant de prudence que de réserve. Les traces de ce genre de magie sont persistantes et constituent à elles seules une importante interférence, capable non seulement de retarder le processus de résurrection et les effets des sorts de conservation, mais également de dégrader l'intégralité corporelle du cobaye. A savoir que dans le pire des cas, ces interférences peuvent également altérer l'essence spirituelle de l'âme et affecter les bases du Plan Astral sur lesquelles reposes l'entièreté du potentiel de résurrection du cobaye. Bien entendu et dans de telles hypothèses, la Théorie de Hugman sur la dissociation par Sorts Noirs et l'estimation de Vermoth sur la Conceptualisation d'un Plan Astral à Double Voies ne s'appliquent pas. Il en va de même pour l'utilisation du Prisme Divinatoire, dont les projections spectrales seraient indéniablement inexactes ».
Ils s'étaient mis à interroger sa capacité de réflexion…
Ils s'étaient mis à douter de la fiabilité de son raisonnement…
Ils s'étaient mis à croire que la guerre était venue à bout de sa raison…
Ils s'étaient mis à réduire ses espoirs de miracles à de simples désillusions…
« Il va de soi qu'une mutation du Plan Astral d'une âme pourrait absorber les effets indésirables dû à une interférence résiduelle provoquée par l'utilisation d'un Sort Noir. Cependant et pour cela, il faudra prendre en compte la signature vitale de l'âme du cobaye, cette dernière étant déterminante au succès d'une telle démarche. Dans l'hypothèse où cette dernière serait optimale et n'aurait donc pas subi le moindre dommage après trépas, les chances de mutation du Plan astral seraient divisées par trois selon le Théorème de Solverne ; néanmoins et si tel n'est pas le cas, les conséquences pour le cobaye seraient toutes aussi désastreuses que pour son âme. »
A croire qu'aucun d'eux ne connaissait la définition du terme « persévérance ».
A croire qu'aucun d'eux n'avait jamais assisté à la peine d'un homme en transe.
A croire qu'aucun d'eux n'avait connu la perte de l'être qu'ils aimaient le plus au monde…
« Cette constatation nous parvient des travaux de Gima Guard – Célèbre Sorcière Nécromancienne de l'Âge d'Or – qui atteste sans équivoque qu'altérer le Plan Astral d'un âme à la faible signature vitale causerait une altération irréversible de son essence spirituelle, pouvant aller de la simple défaillance à l'aliénation la plus totale... »
A moins que… à moins qu'il ne s'agisse là que des prémices d'une nouvelle fronde ? Peut-être que les esprits critiques n'étaient que de nouveaux ennemis tapis dans l'ombre ? Que les murmures inquiets se gaussaient en secret devant le désespoir qui intoxiquait son sang ? Que l'extinction des centaures n'avait pas suffi à terroriser les rangs ? Que de nouveaux complots émergeaient malicieusement entre deux silences ? Que de nouvelles âmes vengeresses se galvanisaient honteusement devant les tombes des résistants ? Que les sourires et remerciements n'étaient que les masques tombants d'une prochaine mutinerie sanglante ? Et que tous ceux qui se revendiquaient alliés ne cherchaient en réalité qu'à tirer profit de son infâme distraction ?! Peut-être… ou peut-être pas.
Mais comment savoir ?
Peut-être s'agissait-il uniquement d'une nouvelle fabulation ? D'un apanage de théories toutes aussi fumeuses que dénuées du moindre fondement ? Que son esprit troublé ne cherchait qu'un prétexte pour étancher sa soif de sang ? Que nul en ce royaume ne cherchait à lui nuire en de telles circonstances ? Que tous comprenaient le désarroi qui l'étreignait si durement ? Que tous redoutaient simplement qu'il perde la raison ? Que tous ceux qu'il congédiait si violemment n'étaient en réalité que des fidèles désespérés de le voir sombrer sous l'étau d'une telle souffrance ? Qu'il n'avait aucune raison de voir des affronts là où ne gisait que des regards ignorants ? Qu'il devait se raisonner et faire preuve de clémence ? Que ses colères n'étaient induites que par une paranoïa dévorante ? Et que toutes ses suspicions ne résultaient que de la plus sordide des imaginations ?! Peut-être… ou peut-être pas.
Mais comment savoir ?
Peut-être était-ce même plus grave que sa simple imagination ? Peut-être… peut-être que tous avaient raison ? Qu'il s'acharnait dans le vent ? Qu'il perdait son temps ? Qu'il refusait de voir l'évidence ? Qu'il avait perdu tout bon sens ? Qu'il se confortait dans un déni tout aussi inutile que délirant ? Que ses espoirs n'étaient que le résultat d'une douleur trop grande ? Qu'il s'abaissait à croire aux fantasmes d'une quête inexistante ? Qu'il se laissait guider par les mirages de fausses croyances ? Que rien de tout ce qu'il espérait accomplir n'avait de sens ? Que tout ce qu'il tenait pour vrai n'était que mensonge ? Qu'il s'aveuglait entre milles espérances ? Qu'il devait accepter la fatalité de son sort sans lutter avec véhémence ? Que c'était ainsi que tournait le monde ? Qu'aucune magie ne le sauverait de cette tourmente ? Et que la douleur passerait aussi sûrement que se laverait le sang ?! Peut-être… ou peut-être pas.
Mais comment savoir ?
Etait-il vraiment fou ou seulement clairvoyant ?
Comment savoir ?
Comment savoir ?
Comment savoir ?
Comment savoir ?
Avait-il tort ou raison ?
Comment savoir ?
Comment savoir ?
Comment savoir ?
Comment savoir ?
Etait-ce censé ou profondément délirant ?!
Comment savoir ?
Comment savoir ?
Comment savoir ?
Comment savoir ?
Il aurait aimé connaître la réponse… Il aurait aimé la trouver là ! Maintenant ! Quelque part dans l'un des milles grimoires qui lévitaient dans sa chambre ! Quelque part dans l'un des milles recueils qu'il connaissait sur le bout des ongles ! Quelques part dans l'un des mille ouvrages qu'il récitait avec acharnement ! Quelque part dans l'une des milles pages qu'il relisait encore et encore et encore et encore dans l'espoir d'y trouver ne serait-ce qu'un seul mot capable de donner un sens à sa démence ! Mais dans leur mutisme écrasant, les réponses se faisaient attendre… et dans leur joie malfaisante, la douleur se faisait puissante. Une douleur comme il n'en existait pas de plus infâmante et qui, après presque dix jours de tortures harassantes, avait pris racine au cœur même de sa conscience pour corrompre jusqu'au moindre souffle de son existence… Son existence ? Non, ce terme était mensonge. Car en cette heure Voldemort le savait mieux que quiconque… il n'existait plus vraiment. D'ailleurs, que restait-il de lui si ce n'est une ombre flétrie aux murmures balbutiants ? Un esprit transi, rampant sur un tapis de cendre ? Un regard ébahi, vivotant entre deux grimoires volants ? Une figure livide, se décharnant sous ses songes ? Un corps engourdi dans l'élan de sa propre décadence ? Et une âme meurtrie, agonisant dans la pénombre ? Rien ; rien d'autre n'existait à cet instant… rien d'autre si ce n'est cet écrin d'épouvante, de décrépitude et de transe moribonde, dont les contours vacillants et mirages branlants s'étaient fait geôliers de sa nouvelle prison. Non, pas une prison ; un sanctuaire de flagellation… un temple de mortification… un antre de lamentation ! Un lieu abandonné des Dieux où ne résidaient que monstre et démons, où n'existaient ni espace ni temp, où ne survivaient ni pensée ni raison, et où ne subsistaient ni espoir ou expiation ! Un véritable gouffre de mort et de désolation ! Un palais de sang et de plaintes hurlantes ! Une chapelle maudite par Satan ! Un Royaume dont il était aujourd'hui le souverain tout puissant… mais dans lequel ses chaînes l'entraînaient irrémédiablement par le fonds. Alors non ; il n'était plus question de vie, de survie ou de la moindre existence… mais seulement de souffrance.
Une souffrance devenue poison, toxine et feu s'attelant à le dévorer vivant.
Une souffrance devenue maîtresse d'un soir, compagne d'une vie et obsession.
Une souffrance devenue Reine incontestée de sa pénitence… et unique confidente.
Pourtant, il aurait dû s'y attendre... s'y préparer, l'accepter et la subir en silence ! Pour preuve, il était seul artisan de cette agonie sans nom ! Seul créateur ! Seul parent ! Seul instigateur ! Seule raison ! Mais dans son indéfectible arrogance, un détail avait échappé à sa clairvoyance ; le seul qu'il n'avait pas pris en compte mais qui aujourd'hui l'éventrait de sa plus odieuse évidence… son Initiée souffrait tout autant.
Seigneur…
Son Initiée souffrait tout autant…
Son Initiée souffrait tout autant…
Son Initiée souffrait tout autant…
Une idée qui plus la douleur l'habitait, plus le dévorait vivant. Car là était toute la subtilité de son tourment ! Ce n'était pas sa propre douleur qui lui donnait envie de s'arracher la peau du crâne à sang ; de se plonger un couteau dans le ventre ou de s'étrangler avec sa propre langue ! Non ! D'ailleurs, ça n'aurait pas eu le moindre sens… en particulier après plus de quinze ans d'agonie permanente ! Mais savoir que la femme qu'il aimait le plus au monde, la subissait en ce même instant… qu'elle gisait devant lui, inerte dans son propre silence… que son cœur ralentissait à chaque battement… que son esprit s'étiolait un peu plus à chaque seconde… et que son âme haletait désespérément sous l'étau de cette torture incandescente... Seigneur, il n'existait pas d'équivalent. Ou si… peut-être un : celui de savoir qu'il était seul responsable de cette aberration.
Car Voldemort le savait… lui seul avait scellé les portes de sa prison, lui seul l'avait plongé dans l'infâmie de ce cauchemar hurlant, lui seul avait attisé le feu dont elle brûlait si injustement, lui seul l'avait enchaîné à ce cruel miasme d'existence ! Mais dans l'apothéose de cette horreur indécente, les Dieux avaient décidé que ce serait elle qui devrait payer le prix de son impardonnable défaillance... Une défaillance que Voldemort peinait encore à comprendre, à discerner et à entendre à ses heures de démence ; mais une défaillance dont elle payait amèrement les conséquences.
- Maître… avait soufflé son médicomage.
Pourtant, il avait essayé.
- Son cœur… son cœur faiblit un peu plus chaque jour.
- Je sais. Avait-il craché, désabusé
- Et ses blessures ont… ont cessé de guérir.
Il avait tenté d'y remédier.
- Ne pensez vous pas qu'il… qu'il serait plus judicieux de la laisser partir ? Lui avait-il demandé.
- Pardon ?!
- Mais… elle… elle agonise !
Il avait tenté de l'empêcher.
- Non… non, je peux y arriver. Ce n'est qu'une question de temps, je peux y arriver ! S'était-il exclamé.
- Maître…
- Je peux la réveiller ! Je le peux ! Je dois juste… je dois juste trouver un moyen d'ancrer son âme et de résorber les distorsions de son plan astral ! Rien de plus !
Il avait tenté de la sauver.
- Mais son corps dépérit et ses forces s'amenuisent ! Son âme ne supportera jamais le moindre ancrage ! Avait-il argué, désemparé.
- Non… non, son âme le supportera !
- Mais…
- Elle n'a pas le choix !
Mais il aurait dû le savoir…
- Elle… elle n'a pas le choix. Avait-il répété sans le regarder. Elle doit le supporter ! Elle doit s'ancrer ! Elle doit se réveiller !
- Mais dans quel état ?! C'est à peine si son cœur bat, son énergie vitale n'a jamais été plus basse, son corps est infecté par la Magie Noire et…
- Elle survivra ! Avait-il hurlé.
Son cœur n'était pas prêt à recommencer à battre.
Son esprit n'était pas prêt à endurer ce cauchemar.
Son corps n'était pas prêt à subir tant de Magie Noire.
- Maître, je vous en conjure… Avait-il supplié.
- Je refuse d'abandonner !
- Mais son âme se décharne !
Et son âme n'était pas prête à se rattacher à son cadavre…
- Non… non, je peux le faire ! Il… il me faut juste… un peu de temps.
- Combien ?! Avait-il demandé. Nous avons déjà dû la réanimer trois fois, et ce n'est pas dit qu'elle tienne jusqu'à…
- Elle tiendra le coup. Elle… elle tiendra…
Il l'espérait… il y croyait, il s'en persuadait ! Mais à la lueur de sa nouvelle démence, les regards qui l'avaient autrefois adulé s'étaient figés d'effarement, les langues qui l'avaient autrefois adoré s'étaient tues d'hésitation, les mains qui l'avaient autrefois acclamé avaient frémi de réticence et les cœurs qui l'avait autrefois vénéré, s'étaient ourlés de méfiance. Car pour la première fois de sa vie, lui… le Grand et Célèbre Voldemort… avait fait preuve de négligence. Pire encore ! Il s'était montré insouciant, frivole, imprévoyant, désinvolte et inconscient ! Un véritable sot à la bêtise affligeante ! Un benêt à la stupidité effarante ! Un idiot comme il n'en avait encore jamais existé au monde ! Et se faisant, il avait prouvé la véritable valeur de sa soi-disant « toute-puissance » … il avait prouvé qu'il n'était que le reflet d'un mensonge. A croire que cet insecte de Weasley avait raison finalement ; il n'était qu'une abomination. Car il le savait… pour sa faute, il n'aurait droit à aucun pardon. Aucune clémence. Aucune rédemption ! D'ailleurs, comment aurait-il pu en être autrement ?!
Il avait éteint le seul soleil de son monde.
Il avait étouffé le seul espoir de son néant.
Il avait profané le seul souffle de vie de son existence…
Et pourtant… il avait cru prendre la bonne décision. Il avait cru agir dignement ! Il avait cru avoir raison ! Pour preuve, Hermione était encore vivante ! Un exploit tout aussi inattendu que lui-même avait cru l'avoir perdu pour de bon ! Mais n'était-ce pas là l'ironie même du dicton ? L'Enfer était toujours pavé des meilleures intentions… Malheureusement et bien que les siennes se soient voulues bienveillantes, qu'il ait réussi à la sauver d'une mort certaine et qu'elle ne soit qu'à un pas d'une véritable résurrection, Voldemort ne pouvait nier l'évidence… il avait jeté son Initiée en pâture à la magie la plus inconstance au monde. Une magie qui loin de ses promesses miroitantes, n'avait pour véritable talent que de faire envier la mort à toute existence.
- Son temps est compté mon Seigneur… avait soufflé le médicomage atterré.
- Le temps n'est qu'une illusion…
- Mais…
- Je l'ai déjà trompé par le passé ! Avait-il craché. Mieux encore, je l'ai transcendé ! Et je peux recommencer…
Bon Dieu…
- Vous oui, mon Seigneur… mais elle ?
- Elle est plus forte que le commun des mortels !
- Peut-être… mais est-elle aussi forte que vous ?
Existait-il plus aberrant ?
- Elle doit l'être…
- Mais…
- Elle le sera !
- Mais ce qu'elle endure… ce que vous avez vous-même enduré pendant quinze longues années… pensez-vous vraiment que son âme peut le supporter ?
Plus cruel ?
- Je… je…
Plus horrifiant ?!
- Je ne sais pas…
Oui… et en toute honnêteté, il n'était pas certain de vouloir connaître la réponse, son esprit peinant déjà à s'articuler autour de ses milles hurlements. Mais ce qui était certain, était que cette vérité n'était pas la seule à se faire entendre. En particulier quand la plus terrible de toute le lorgnait grassement depuis l'ombre de ses petits yeux frémissant…
Une vérité bien plus sombre, vicieuse et profonde.
Une vérité bien plus lourde, douloureuse et impactante.
Une vérité qui s'était faîte Mère de sa plus grande honte…
Car Voldemort le savait mieux que quiconque… la survie d'Hermione ne relevait d'aucune chance. D'aucun miracle. D'aucune providence ! A vrai dire, elle ne dépendait même pas de sa propre magie ou puissance ! Non… elle ne tenait qu'en une seule et unique décision ; une décision qu'il avait prise il y a de çà bien plus longtemps et dont il avait toujours tu les conséquences… mais qui constituait aujourd'hui la preuve irréfutable de sa plus odieuse trahison.
Oui… trahison.
Un mot qu'il s'était toujours gardé de dire à voix haute mais qui révélait toute la gravité de leur situation. Car Hermione n'avait jamais rien su de ses véritables plans ; de ses véritables desseins, ambitions, espoirs et intentions ! Et se faisant, elle n'avait jamais rien su de ses véritables sentiments... Non pas que ces derniers soient un tant soit peu pertinents aux vues des circonstances ; mais c'étaient bien eux qui avaient façonné l'arc de sa trahison… c'étaient bien eux qui avaient tissés le fil de son mensonge… et c'étaient bien eux qui avaient fondé les bases de sa décision. Une décision dont la Genèse remontait à un autre temps ; mais dont les souvenirs le hantait avidement…
- Comment avez-vous fait ? Lui avait-elle demandé intriguée.
- Quoi donc ?
- Mes blessures, elles… elles sont presque guéries.
Un temps encore vierge de cette ultime guerre.
- Les blessures de vampires sont plus simples à soigner qu'on ne peut le penser…
- Oh… et ma marque ?
- Ta marque ? Avait-il feint sans sourciller.
Un temps où Hermione n'avait pas de pire ennemi qu'elle-même.
- Elle... elle me brûle. Avait-elle grimacé.
- Ce n'est rien… juste quelques petits ajustements.
Un temps où il avait bien cru la retrouver morte sur l'autel de la Dynastie Erzeg…
- Quoi ?!
- N'aie pas l'air si surprise. Avait-il déclaré avec désintérêt. Tu ne pensais quand même que je te laisserais me désobéir sans prendre de nouvelles mesures ?!
Un temps où cette seule idée l'avait plongé dans la plus macabre des transes meurtrières.
- Quels… quels ajustements ? S'était-elle inquiétée.
- Tu le sauras bien assez-tôt.
Un temps où tout lui avait semblait plus supportable que de la perdre...
- Mais…
- Assez discuté. Avait-il tranché.
Seigneur…
La Dynastie Erzeg, Elias, Samuel, Aloff, la Báthory… tout cela semblait remonter à un autre siècle ; mais bien qu'il soit parvenu à le tromper, le surpasser et le moduler à son aise, le temps était une chose toute aussi cruelle qu'espiègle. Aussi et bien qu'il soit immortel et déroge à l'intégralité de ses lois universelles, Voldemort devait l'admettre… il peinait encore à croire en tout ce qu'il avait vécu avec elle. Sûrement parce ce qu'il n'avait jamais rencontré quelqu'un comme elle ? Qu'il n'avait jamais eu à supporter un tel caractère ? Qu'elle avait balayé ses certitudes d'un seul revers ? Et qu'il s'était laissé séduire par l'obstination de ses frasques aventurières ? Peut-être… mais cela n'en restait pas moins extraordinaire. Parcourir le monde, éradiquer les Sirènes, explorer des Catacombes, profaner des sanctuaires, exhumer des tombes, dénaturer des espèces, combattre des monstres, déclencher une guerre, rassembler les rangs, prendre la mer, découvrir l'Autre Versant, s'abandonner à leur fièvre… par tous les Dieux, ces souvenirs semblaient n'être qu'un rêve ! Que dire… qu'une illusion toute aussi fantasque qu'imaginaire ! Pour preuve, il n'en avait jamais vécu de plus intenses en près d'un siècle – et ce alors même qu'il avait transcendé les lois de l'Univers ! Pourtant et bien que leurs épreuves semblent n'être que l'apanage des plus beaux mirages et cruelles chimères, que toutes se confondent entre fléaux et calvaires et que seule la Mort paraisse bercer les prochaines, Hermione avait su rendre chacune d'elles intemporelles... Vivantes, tangibles, puissantes et indélébiles, elle les avait inscrits dans le ciel à la chaleur de ses lèvres, les avait gravés dans sa chaire à la douceur de ses caresses, les avaient baignés de lumière à la candeur de ses prières… et les avaient immortalisé à la splendeur de son être. Des instant de vie, de bonheur et d'allégresse comme Voldemort n'aurait jamais cru en connaître ; mais des instants qu'il n'avait certainement pas l'intention de voir disparaître...
Alors oui… il l'avait trahi.
Alors oui… il lui avait menti.
Alors oui… il s'était montré égoïste.
Mais quand bien même… qu'aurait-il pu faire ? Hermione était impulsive ! Obsessionnelle ! Insoumise ! Rebelle ! Inflexible ! Aventurière ! Et plus que toute autre chose… elle était mortelle. Or, il le savait désormais : son éternité n'avait de sens qu'avec elle. Une évidence qu'il n'avait jamais voulu admettre, mais qui l'avait submergé le jour où il avait entendu le tambour de la Dynastie Erzeg… où il l'avait vu haleter sous les griffes de Samuel… où il avait entendu ses os se briser comme du verre… où il avait vu son sang imbiber la terre… et où il avait senti sa vie lui échapper de justesse. Ainsi et depuis ce jour, une certitude avait transcendé son être. Une certitude ? Non… une promesse.
Jamais plus il ne prendrait le risque de la perde.
Qu'importe qu'elle le déteste, le maudisse ou le rejette.
Qu'importe le respect, le libre arbitre ou le propre de sa nature humaine.
Qu'importe les lois temporelles, l'équilibre universel ou les mœurs de cette terre...
Jamais plus il ne prendrait le risque de la perde.
Ni aujourd'hui.
Ni dans une semaine.
Ni dans un demi-siècle…
Jamais plus il ne prendrait le risque de la perdre.
Ainsi, sa promesse s'était inscrite dans le ciel.
Ainsi, sa promesse avait été bénie par Lucifer.
Ainsi, sa promesse avait été de la rendre immortelle...
Oui… immortelle.
Lui Voldemort, avait juré de la rendre immortelle… Plus qu'un simple souhait, cette prédiction s'était faite mère de ses ténèbres, gardienne de ses rêves, maîtresse de son règne et geôlière de sa raison d'être. Guidant chacun de ses pas vers une vésanie toujours plus mortifère, il s'était laissé porter par la pâleur de ses lèvres carnassières, mélange d'absolu et d'éternel… de folie et de détresse… de désir et d'obsession pêcheresse… jusqu'à ce que leurs étaux ne le transperce et que sa propre existence ne se réduise au succès de cette promesse. Or et pour cela, il lui fallait commettre le crime le plus cruel, le plus terrible et le plus abjecte… priver Hermione de sa nature la plus primaire. Ainsi il n'était pas seulement question d'Horcrucx, de sortilèges, d'artefact ou de Magie sacrificielle ; pas plus que d'une simple altération temporelle ou transgression des lois naturelles ! Non… il lui fallait corrompre la nature même de son être ; surpasser les fondements de sa condition humaine, altérer son intégrité corporelle, déliter les bases de son équilibre spirituel et fatalement… transcender son essence mortelle. Un acte à la complexité toute aussi laborieuse qu'herculéenne, qu'il n'avait cependant pas hésiter une seule seconde à commettre… Ainsi, aucun doute n'avait réfréné sa baguette. Aucun remords. Aucun scrupule. Aucun regret. Juste une certitude : Elle serait sienne… à jamais. Voldemort n'avait donc pas seulement « ajusté » sa marque après l'épisode de la Dynastie Erzeg ; pas plus qu'il n'avait renforcé son pouvoir ou amplifié sa portée par crainte de la voir à nouveau disparaître. Non… il avait officiellement entamé la profanation de sa nature la plus élémentaire.
Comment avait-il fait ? Par quel moyen ? Plan ? Et procédé ? Il n'était pas certain de pouvoir le formuler ; l'expliquer ou ne serait-ce que le synthétiser en quelques mots nonchalamment lancés… mais ce qu'il savait, était que ça avait marché.
Ainsi, l'Avada l'avait tué l'avait bel et bien tué… mais sa magie l'avait ramené.
Ainsi, l'Avada l'avait tué l'avait bel et bien tué… mais sa magie l'avait réanimé.
Ainsi, l'Avada l'avait tué l'avait bel et bien tué… mais sa magie l'avait sauvé.
Comment ? Grâce à la Magie des Horcrucx... ou tout du moins, ce qui s'en rapprochait le plus. Ainsi et bien qu'il n'ait en ce temps aucun recul sur les possibles effets d'une expérience aussi corrompue, il s'était tout d'abord contenté d'imprégner sa marque de Magie brut… d'en altérer irréversiblement la signature… et d'y dissimuler de nouvelles runes… avant bien entendu de céder à ses propres espoirs d'absolu, et de la moduler de telle manière à ce qu'elle puisse un jour contenir un véritable Horcrucx. Une idée initialement prometteuse, sans risque et ingénue, qui bien qu'elle soit orchestrée à son insu, avait semblée idéale à l'accomplissement de son but ! Mais bien qu'il y soit théoriquement parvenu, que les premiers symptômes de magies soient apparus et qu'Hermione n'en ai rien vu entre les effets secondaires de son sevrage et leurs milles disputes… il n'avait s'agit que d'un préambule. Que dire, d'un infime début ! D'imperceptibles prémices à l'issue encore inconnue ! Mais que les Dieux lui en soi témoin… il y avait cru. Avec mesure ? Vigilance ? Retenue ? Et précaution ? Non, bien sûr que non… il avait cru pleinement. Ardemment. Naïvement. Fièrement. Aveuglement. Passionnément. Désespérément ! A tel point que dans son engouement, sa joie et soulagement, il en avait oublié le plus important : la Magie Noire exigeait toujours un paiement. Or et dans l'hypothèse où cette dette n'était pas honorée par le sang, ne restait alors que deux options : la mort… ou la plus atroce des souffrances.
Là, avait été sa première négligence.
Là, avait été sa première désillusion.
Là, avait été sa première défaillance.
Mais comment aurait-il pu s'en rendre compte ?! Après tout, en ce temps Hermione n'avait jamais semblé plus vivante ! Son corps avait éliminé les dernières traces de Sang de Dragon, son métabolise s'était remis des effets du manque, son esprit avait retrouvé sa clairvoyance, sa hargne avait retrouvé toute sa substance, sa confiance n'avait jamais été plus grande… soit un succès retentissant ! D'ailleurs, comment aurait-il pu en être autrement ?! Il lui avait ouvert les portes d'une vie à la magnificence éclatante ! A la puissance incandescente ! A la gloire flamboyante ! Du moins, jusqu'au jour où la Magie Noire avait exigé son amer paiement. Un jour à jamais gravé dans le sang, les larmes et la honte…
Celui où ils avaient traversé l'Autre Versant…
Celui où leur navire s'était fait balayer par une lame de fond…
Celui où Hermione avait tragiquement, douloureusement et incompréhensiblement perdu sa jambe…
Ironique, non ? Il avait fallu qu'il l'ampute lui-même d'un membre pour réaliser l'ampleur de son arrogance. Car la vérité de cet accident était frappante ! Aucun de ses sortilèges ne l'avait protégé de cette souffrance… aucune de ses manigances ne lui avait épargné un tel déchirement… et aucune de ses magies n'avait sauvé sa jambe. Etait-ce à cause de l'Autre Versant ? De sa magie ? Et de ses milles interférences ?! Dans son déni éhonté, il y avait pensé… mais si tel avait été le cas, sa propre immortalité en aurait été affectée. Or, aucun de ses propres pouvoirs n'avaient été véritablement altéré ! Pour preuve, même Marise n'était pas parvenu à l'achever ! Ainsi et en toute logique, ses sorts de protection auraient dû marcher… l'aider, la sauver ou ne serait-ce que la préserver des milles atrocités qu'elle avait enduré ! Et pourtant… ni les charmes de longévités, les enchantements de vitalité et la magie des Horcrucx dont il avait commencé à l'imprégner, n'avaient eu le moindre effet.
En d'autres termes et bien qu'il ait mis plusieurs mois à pleinement le réaliser, la Magie Noir l'avait belle et bien piégé… le paiement de chair et de sang avait été honoré… et se faisant, les Dieux avaient une ultime fois abandonné son Initiée pour la jeter en pâture à un océan de douleur et de décharnement prémédité. A croire que l'Univers lui-même n'avait œuvré que dans le but de la martyriser ? La tourmenter ? Et la réduire à implorer une clémence qui ne lui serait jamais accordée ? Peut-être… à moins que là encore, les rôles ne se soient inversés ? Que leurs épeures n'aient été que la face émergée d'une manipulation savamment orchestrée ? Et que dans son omniscience inégalée, l'Univers avait tenté de le convaincre de s'acharner ? S'acharner pour la sauver, s'acharner pour la protéger, s'acharner pour la préserver, s'acharner pour que rien ne puisse plus jamais lui arriver… s'acharner pour lui offrir une véritable et inébranlable immortalité ? Bien sûr, il l'ignorait… mais cela ne changeait rien à ce qui avait été fait – et plus précisément, à ce qu'il avait fait. Car l'histoire ne s'arrêtait pas à cet échec éhonté. Au contraire… elle n'avait fait que commencer.
Mortifié à la vue du moignon de son Initiée, aliéné par l'idée qu'elle puisse succomber et enragé par l'ineffectivité criantes des magies sur lesquelles il comptait pour la protéger, Voldemort avait senti son esprit se déliter… son cœur s'éventrer… et son monde s'écrouler. Plongée dans une transe qu'aucun mot n'aurait pourrait jamais exprimer, c'est l'intégrité même des fondements de son existence qui s'étaient fracturé ; et se faisant, il avait pris conscience de la plus amère des vérités : sa propre vulnérabilité. Oui… c'est ce jour-là qu'elle l'avait frappé ; ce jour-là qu'elle l'avait aveuglé, ce jour-là qu'elle l'avait percuté, ce jour-là qu'elle s'était concrétisée ! Le jour où ses mains s'étaient couvertes du sang de son Initiée… le jour où il avait enveloppé son membre arraché… le jour où il avait à nouveau senti sa vie lui échapper. Certes, il l'avait déjà éprouvé par le passé – d'où le début de ce processus de damnés ! – mais jamais l'imminence de sa mort ne l'avait autant bouleversé. A croire que l'on ne sait jamais ce que l'on ressent pour une femme avant de devoir l'amputer… mais aucune ironie ne pouvait contrebalancer l'horreur d'une telle atrocité. Ainsi et à la lueur macabre de ses nouvelles pensées, tout avait changé ; ses idées, ses convictions, sa naïveté, ses plans… tout avait été balayé d'un seul frisson, ne laissant de lui qu'une échine courbée sous le poids d'un échec aussi moribond. Un échec qui ne méritait aucun pardon, mais qui lui avait donné la plus précieuse des leçons… ne jamais croire en l'immortalité d'un seul et unique moment. Car là était la source de sa défaillance ! Pour preuve, Hermione n'avait jamais été immortelle en ce temps ! Pas plus qu'invulnérable, plus résistante, intouchable ou endurante ! Et pourtant cela ne l'avait pas empêché de surestimer sa toute-puissance… de se laisser aveugler par l'idéal d'un bref instant… et de croire en la somptuosité de son mensonge. Une prise de conscience toute aussi coûteuse qu'insolente, qui avait néanmoins écrit le brouillon de sa nouvelle ambition...
En ce sens, il n'avait plus été question de simples mesures de sécurité, de sortilèges tempérés ou de Magie Noire édulcorée ; pas plus que d'expériences mesurées, de plans mitigés ou d'idées à peines formulées ! Non… tout cela avait déjà été tenté. Tout cela avait été déjà été fait ! Et tout cela avait déjà échoué… Ainsi, il ne lui était resté qu'une seule issue ; celle-là même qu'il avait toujours envisagé avec retenue, ébauché sans conclure et étudié avec autant de doute que d'incertitudes… mais la seule capable de véritablement sauver son élue : faire d'Hermione son propre Horcrucx.
Oui… SON Horcrucx.
Artefact de Magie Noir, réceptacle d'âme, magie profane… beaucoup pensait savoir ce qu'un tel mot impliquait ; tout comme beaucoup pensait connaître le sacrifice qu'il en coûtait. Mais tous se trompaient… et personne ne savait. Personne ne savait ce que cela faisait de scinder son âme, d'en arracher un morceau de son plan astral, de la projeter hors de sa carcasse, de sentir les balbutiements de son énergie vitale et de vivre à jamais dans l'ombre de cette douleur cannibale… mais lui si. A tel point qu'après plus de quinze ans, cette douleur était devenue son amie. Alors pourquoi aurait-il hésité ? Tergiversé ? Ou seulement culpabilisé ?! Il savait déjà ce qu'il allait endurer, avait retenu les milles leçons que ses erreurs lui avaient enseignées, n'avait besoin d'aucune autre magie pour l'aider, ne ferait enfin qu'un avec son Initiée, pourrait toujours la protéger, l'aurait éternellement à ses côtés… en d'autres termes, ce plan était parfait ! Mieux encore ! Il était ce dont il rêvait ! Car contrairement à ses Horcrucx passés, son âme était désormais immortelle… et se faisant, Hermione serait à jamais habitée par sa grâce éternelle.
Etait-ce égoïste ? Profondément.
Avait-il dépassé les limites ? Assurément.
Avait-il songé à lui dire ? Souvent.
Avait-il préféré mentir ? Evidement !
Mais le regrettait-il ? Non… jamais.
Jamais Voldemort n'avait regretté sa décision. Jamais il n'avait regretté sa trahison. Jamais il n'avait regretté ses mensonges ! Jamais il n'avait regretté son silence ! Et pour cause… ils étaient la seule et unique raison pour laquelle elle était encore vivante. Alors qu'importe la décence ; qu'importe la honte, la bienséance ou les convenances ! Il n'avait pas à les entendre ! Ne compterait que son jugement… à elle. Car le Mage Noir le savait ; jamais Hermione ne lui pardonnerait. Pourquoi le ferait-elle d'ailleurs ? Il avait outrepassé ses droits, ne lui avait laissé aucun choix, l'avait conformé à sa loi, menti pendant des mois, jeté en pâture à la Magie Noire et fait gardienne d'un morceau de sa propre âme ! Mais le problème n'était pas là… non, le problème était lui bien plus grave.
Car pour la première fois, Voldemort était dans l'impasse. Pourquoi ? Parce qu'il avait omis un détail ; un seul et unique détail qui suffisait à transformer un plan savamment rôdé en un véritable cauchemar…
Son âme n'avait plus de point d'ancrage.
Qu'était-ce que cela signifiait ? Une absurdité odieuse aux conséquences désastreuses ; en particulier après une mort aussi vicieuse, une réanimation aussi douloureuse… et une résurrection aussi laborieuse.
Son âme n'avait plus de point d'ancrage.
Car là était l'hypocrisie de ce maudit jeu ! Il avait fait d'Hermione son Horcrucx afin de lui offrir une part de son immortalité. Et ça avait marché…
Son âme n'avait plus de point d'ancrage.
Mais cela n'avait cependant pas empêché l'âme de son Initiée de se décharner… de se déliter… de s'étioler… et de fatalement se perdre dans les méandres de la plus létale des obscurités.
Son âme n'avait plus de point d'ancrage.
Ainsi et aujourd'hui, son corps ne parvenait plus à cicatriser
Ainsi et aujourd'hui, son âme n'avait plus rien à quoi se rattacher.
Ainsi et aujourd'hui, son esprit ne pouvait pas pleinement s'éveiller.
Son âme n'avait plus de point d'ancrage.
Ainsi et aujourd'hui, sa vie n'était pas véritablement sauvée…
Son âme n'avait plus de point d'ancrage.
Une vérité face à laquelle Voldemort ne pouvait que s'étouffer, mais qui n'était que la preuve vivante de son plus grand pêché… celui d'avoir corrompu, profané et altéré une âme en parfaite santé, par seule crainte que cette dernière lui soit un jour arraché. A croire que cette tragédie n'en était que l'amer prix à payer… et qu'aucun sacrifice ne suffirait. Pourtant, cela n'aurait pas dû arriver… jamais ! Au contraire même ! Habitée par la pouvoir de son immortalité, son âme aurait dû retrouver son intégrité, être capable de se restaurer, s'ancrer naturellement une fois son corps ranimé et retrouver sa juste place sans la moindre difficulté ! Mais quelque chose était arrivé ; quelque chose que son Horcrucx n'avait pas été en mesure d'empêcher… et qui aujourd'hui, les torturaient. Aussi, c'est sous l'étau de cette horreur inavouée que Voldemort errait, sourd et aveugle au monde qui l'entourait. Comme si la guerre ne s'était jamais achevée, qu'il n'avait jamais gagné, que les Centaures n'avaient jamais été exterminés et que la Résistance n'avait jamais capitulé, il restait là… à trembler… à ressasser… à penser… à hurler… à étudier… à chercher… et à voir la femme qu'il aimait le plus au monde, agoniser. Assis au pied de son lit, son regard divaguait entre ses livres, ses pensées s'égaraient entre ses souvenirs et ses lèvres saignaient entre ses cris, ne laissant alors de lui qu'un corps prostré sur un tapis… qu'une ombre rampant dans la nuit… qu'un fou murmurant devant dans l'abîme… qu'un homme désespéré sombrant lentement dans la folie. Un état critique, morbide et horrifique aux affres quasi-schizophréniques ; mais un état qui n'était rien comparé à ce qu'il redoutait de vivre…
L'instant où plus aucun ancrage ne serait possible.
L'instant où les dommages de son âme seraient irréversibles.
L'instant où quoi qu'il fasse, Hermione ne pourrait plus lui revenir…
Combien de temps lui restait-il ? Bien trop peu pour qu'il ait le courage de le dire… mais juste assez pour qu'il tente à nouveau l'impossible.
