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- Vous serez heureux d'apprendre que conformément à vos ordres, les Ministères de la Magie Français, Suisse et Belge ont officiellement rouverts leurs portes. Les travaux portant sur les édifices principaux ont pris fin la semaine dernière, et bien que quelques infrastructures soient encore en cours de réhabilitation, nos hommes sont confiants. Ce n'est donc plus qu'une question de temps avant que l'intégralité de leurs bureaux ne soient enfin réintégrés par nos effectifs…
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- Pour ce qui des Pays-Bas et du Danemark cependant, les Ministères ne sont pas encore opérationnels… nos équipes ont fini d'évacuer les décombres, les corps et les vestiges d'infrastructures ennemies, mais il reste encore les populations à reloger ainsi que les habitations civiles à reconstruire. Cela pourrait prendre bien plus de temps que prévus car… enfin… comme vous pouvez vous en douter, les civiles ont enduré d'innommables supplices et subi d'innombrables pertes au cours de l'occupation ennemie. Pour tout vous dire, nous… nous n'avons toujours pas fini d'évacuer les milliers de cadavres disposés le longs des berges du Danube, et… et nous ne sommes toujours pas en mesure d'estimer le nombre officiel de victimes ; celui-ci ne cesse de croître chaque jour, et pour ce qui est de l'identité des morts, autant vous dire que les Centaures ont rendu toutes tentatives d'identification impossible…
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- Il… il faudra du temps à la population pour s'en remettre ; tout comme à nos homme restés sur place d'ailleurs… mais nous avons commencé à rapatrier nos soldats et j'ai bon espoir de les voir tous rentrer au pays avant la fin du mois. Pour ce qui est de nos morts, beaucoup de funérailles et d'inhumations ont dû se produire sur place, mais nous tentons d'acheminer leurs cendres et objets personnels à un maximum de leurs familles. Du moins quand… quand l'identité du soldat en question est possible.
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- En ce qui concerne les Ministères Hongrois, Croate et Autrichien, nous ne sommes malheureusement pas plus avancés. Nous avons réhabilité les frontières et repoussé les derniers clans de Centaures vers l'Est, mais un tiers de la Croatie reste encore occupée par l'ennemi. De plus, la frontière Croate - Autrichienne n'est toujours pas sécurisée et serait même régulièrement attaquée par ce qu'il semblerait être des Centaures Nomades… nos éclaireurs ne sont pas parvenus à identifier leur meneur, mais ils seraient une centaine et chercheraient à se sédentariser. Aux vues de cette possibilité et afin d'endiguer l'escalade d'un nouveau conflit, j'ai envoyé cinq escadrons de mangemorts sécuriser la zone concernée, et cinq autre protéger les villages moldus environnant… nous ignorons encore s'ils sont toujours sous l'emprise de la Fleur de Rabia mais nous ne désirons plus prendre le moindre risque.
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- Il… il est également important que vous sachiez que… que la majorité des populations sorcières Croates, Hongroises et Autrichiennes ont également été délocalisées à l'Ouest. Bien sûr, beaucoup de sorciers sont encore sur place – soit par choix ou impossibilité de déplacement – mais nous nous efforçons d'évacuer un maximum de familles. Heureusement, les Ministères Français et Allemand ont accepté de les prendre en charge, ce qui vues les circonstances est un soulagement de taille… mais je tiens à préciser que tout cela n'est que temporaire. Il est prévu de les rapatrier aussitôt que la zone de conflit sera sécurisée, désarmée et sans danger…
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- J'ai bien conscience qu'il est question d'un déportement de plusieurs milliers de sorciers, que les coûts sont particulièrement conséquents et que… et que cette décision aurait dû être préalablement débattue par le Conseil de Guerre ainsi qu'approuvé par vos soin avant d'être appliquée ! Mais… mais nous redoutons de nouveaux assauts de la part de ces clans Nomades et… et en toute honnêteté, je ne souhaite prendre aucun risque.
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- Je sais bien que cela ressemble à une décision hâtive mais… les pertes civiles que nous avons répertoriées dans ces régions sont… sont bien trop importantes. Les populations sont pauvres, effrayés, confuses et traumatisées ; elles… elles ne savent plus vers qui se tourner ! Ajouté à l'occupation active de ces derniers Centaures, nous craignons que les affrontements dégénèrent et causent un dépeuplement magique sans précédent dans l'histoire des Ministères de l'Est. Bien sûr, nos experts restent optimistes quant à l'hypothèse d'un possible Babyboom d'ici les cinq prochaines années, mais nous… nous ne sommes pas à l'abris de nouvelles pertes et aux vues de la conjecture actuelle, cela ne peut être ignoré.
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- Enfin et pour ce qui est du Ministère de la Magie Italien, nous…
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- Heu…
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- Nos… nos relations avec les Von Bassito n'ont… n'ont jamais été plus prospères.
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- Leur nouveau Roi, Alphonso Lorenzo Dante Guiseppe Santo Von Bassito, a officiellement prêté serment et… et a publiquement revendiqué son allégeance envers votre couronne.
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- Dans cette optique et afin de prouver sa bonne foi, il a envoyé pas moins d'une centaine de ses plus fidèles soldats participer à la reconstruction du Ministère, des monuments et des habitations civiles. Il a également tenu à prendre en charge l'intégralité des frais engendrés par – je cite – « la sauvagerie, la barbarie et l'incivisme de sa Dynastie », ces derniers impliquant notamment les coûts de reconstruction, de rénovation et de réhabilitation de nos infrastructures, ainsi que de transports des populations civiles sorcières et moldues…
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- Il a par ailleurs envoyé pas moins de deux escadrons armés en soutient à nos forces postées le long des frontières, et nous a assuré de sa plus entière et dévouée coopération… Bien sûr, tout cela ne l'exempte pas de notre plus absolue méfiance qui – et cela lui a été rappelé à de nombreuses reprises – est « toute aussi légitime qu'intemporelle aux vues des innombrables crimes, trahisons et subterfuges perpétrés par son prédécesseur ».
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- Mais il a assuré devant témoins comprendre notre position, respecter nos décision et désirer faire de sa Dynastie l'exemple même de la servitude, de la dévotion et de l'absolution… chose qui bien entendu, ne pourra être prouvé qu'avec le temps.
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- Beaucoup de temps…
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- Pour ce qui est de notre politique interne, le Conseil de Guerre s'est réuni hier pour discuter des futures procès, condamnations et exécutions des prisonniers Résistants…
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- Il est en l'espèce question des individus suivants : Harry Potter, Ginny Weasley, Victor Krum, Neville Londubat, Horace Slughorn, Abelforth Dumbledore, Angelina Johnson, Lee Jordan et Olivier Dubois… D'autres résistants jusqu'alors inconnus de nos services de renseignements ont également été fait prisonniers, mais dans la mesure où les arrestations sont toujours de rigueur et où tous les complices de Potter n'ont pas encore été arrêtés, je m'assurerais de vous faire transmettre une liste définitive aussitôt que celle-ci aura fini de s'allonger.
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- Bien sûr, je… j'ai bien conscience qu'il n'ait pas encore question d'entamer le moindre procès, mais la question du châtiment a été soulevée et… et je… enfin, je…
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- Je me suis permis de proposer au Conseil deux exemples de châtiments, qui – à mon sens – pourrait-être approprié compte tenu des crimes de ces individus… Bien entendu, il ne s'agit là que de simples propositions ; leurs considérations n'ont été que purement théoriques et aucune d'elle n'a fait l'état d'une étude plus approfondie. Toute décision à ce sujet vous revient naturellement de droit et se faisant, le Conseil et moi-même nous plieront sans condition à votre avis tout puissant…
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- Un avis que… que le Conseil et moi-même serions ravi d'apprendre de votre bouche.
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- M… Maître ?
Incertain quant au regard qu'il devait lui porter, Drago se mordit la lèvre sans respirer, le souffle court et le pouls effréné face à l'écho de son silence inquiet ; le tout premier silence qu'il se risquait à initier… le tout premier silence qu'il se risquait à assumer… le tout premier silence de sa tirade ô combien redoutée… mais également le tout premier silence de son incontrôlable apnée. Non pas que cette dernière soit très pertinente à relever ! Mais face à Lui… à son ignorance… à son désintérêt… et implacable puissance… c'est à peine si Drago parvînt à tenir debout sans chanceler devant son regard noir de cendres.
Et Seigneur… il y avait tant de cendres.
Du sol au plafond, des rideaux aux ornements, des meubles aux encadrements, des boiseries aux moindres bibelots branlants… il y en avait partout. Partout où son regard se portait. Partout où ses pieds trépignaient. Partout où ses poumons inspiraient ! Epaisse, dense et autoritaire, elle nappait égoïstement chaque recoin de cet antre mortuaire, recouvrait inlassablement chaque centimètre de ce paysage lunaire et intoxiquait malicieusement l'air de ses effluves incendiaires… une tactique de propagation à l'efficacité toute aussi fulgurante que mortelle, qui alors même qu'il n'aurait suffi que d'un seul coup de baguette pour la faire disparaître, était parvenu à recouvrir jusqu'aux ombres du Seigneur des Ténèbres. Aussi, Drago le savait… cette cendre n'était pas qu'un simple étalage de poussière ; pas plus qu'elle n'était qu'une simple traîtresse ! Non ! Cette cendre s'était auto-proclamée Reine. Impératrice. Déesse. Dictatrice ! Et Maîtresse incontestée de l'échine courbée sur laquelle elle régnait avec délice… une évidence que peu aurait pu contester sans mentir, et dont la gravité ne réussit qu'à le faire frémir.
- Maître ?
Ou alors ne s'agissait-il là que d'une extrapolation ? D'un mauvaise interprétation ? Ou d'une surréaction ? La question ne manquait pas de sens… après tout, il s'agissait de son Maître tout puissant, du Seigneur des Ténèbres et du Plus Grand Sorcier de tous les Temps ! Mais bien que son incommensurable respect aille de pair avec la plus absolue des dévotions, que rien au monde ne l'aurait fait douter de sa raison et qu'il n'aurait suffi que d'un mot de sa part pour qu'il se couvre lui aussi de cendres, c'est le regard grave et fuyant que le Malfoy ne put s'empêcher de réprimer un frisson… Etait-ce à cause des restes de ses grimoires encore fumants ? De ses centaines de feuilles volantes ? Des lambeaux de ses vêtements ? De l'aura de ses pupilles ardentes ? De l'opacité de son silence ? Ou encore des ruines qu'étaient devenues ses appartements ? Il n'aurait su dire, peu désireux de détailler ouvertement le taudis dans lequel son Maître passait tout son temps ; mais que Merlin lui en soit témoin, jamais une telle vision ne lui avait tant glacé le sang…
Celle de son Maître, à l'apogée de la plus tragiques des déchéances.
Bien sûr, il n'était pas sans connaître les raisons de sa nouvelle démence… pas plus qu'il n'ignorait ce que son Maître tentait désespérément d'accomplir en ce coupant si abruptement du monde ! Mais c'était si dur ; si dur de le voir ainsi, si dur de le laisser se détruire, si dur de le voir dépérir, si dur de ne rien dire, si dur de mentir… et si dur d'attendre qu'il réussisse. Car il n'existait là aucun déni, aucune hypocrisie, ni fausse modestie !
Attendre était le véritable supplice.
Celui-là même que Drago endurait à cette heure précise…
Celui-là même qui obscurcissait ses jours et irradiait ses nuits…
Celui-là même avec lequel il vivait depuis le génocide de leurs ennemis…
Celui d'attendre que son Maître sauve enfin sa famille.
Etait-ce égoïste de penser ainsi ? De n'attendre que cela de lui ? De prier jour et nuit ? Et de se désintéresser des conséquences d'un tel prix ? Peut-être… mais n'était-ce là pas le but même de son hérésie ? De sa folie ? Et de son cirque incessant de cris, de silence et d'explosion de magie ?!
Sauver le plus précieux joyaux de l'Empire.
Si… mais y parviendrait-il ? Réussirait-il à la sauver ? A la libérer ? A la ramener ? A l'arracher à ce coma inexpliqué ? Et à ramener leur Reine tant aimée ? Face à de telles questions, Drago préférait ne rien espérer ; mais que Merlin lui en soit témoin… jamais il n'avait autant prié.
Prié ne pas désespérer…
Pourtant et bien qu'il se languisse désespérément du sourire impertinent de sa petite sœur, qu'il supplie mille Dieux de voir Voldemort réussir son œuvre et qu'il redoute le trépas de sa Reine adorée à chaque heure… le Malfoy n'était pas sans cœur. Loin de là même ! Ainsi et face à ses vêtements déchirés, cheveux décoiffés, joues creusées, teint de craie, murmures essoufflés et spams incontrôlés, Drago ne pouvait le nier : assister à la décadence du Plus Grand Sorcier ayant jamais existé, lui donnait la nausée…. Sous-alimenté, épuisé, prostré au sol, muet, couvert de cendre et le regard aliéné, Voldemort ne ressemblait plus qu'à une statue de pierre que l'on aurait entreposée ! Qu'au tableau d'une nature morte que l'on aurait esquintée ! Qu'à un fou allié que l'on aurait entravé ! Et pourtant, Poudlard tout entier le savait… jamais le Mage Noir n'avait autant été enclin à hurler ; à exploser, châtier, condamner, torturer et incendier ! La preuve étant les milliers de cris, de maléfices, de sorts et qu'injures que les elfes et autres passants percevaient depuis ses portes fermées ! Mais en cette heure précise, Drago le savait… aucun mot, aucun regard, aucun ordre, aucun égard ne lui serait adressé.
- Vous… vous m'entendez ?
Ainsi et bien qu'il lui ait dicté les derniers rapports de guerres, Voldemort ne fit aucun commentaire.
Ainsi et bien qu'il lui ait transmit les nouvelles de ses émissaires, Voldemort ne frémit d'aucun paupière.
Ainsi et bien qu'il lui ait rapporté les discussions et inquiétudes de son Conseil, Voldemort ne leva même pas la tête…
- Maître ?!
Un état de fait tout aussi désespérant qu'indéniablement primaire, que le jeune Malfoy ne put qu'accepter dans l'écho d'un soupir défait…
- Ce n'est pas grave. Je… j'imagine que… que nous y reviendrons plus tard. Finit-il par souffler.
Plus tard… ou jamais.
- Mise à part ça, vous… vous serez sûrement heureux d'apprendre que conformément à vos ordres, les membres du Comité International d'Ethique et de Protection de la Magie ont été arrêtés et fait prisonniers. Ils sont actuellement en cellules avec leurs conseillers, espions, informateurs et alliés… détail qui ne manquera pas d'être à notre avantage.
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- De plus, j'ai le plaisir de vous annoncer que nous avons également arrêté le Directeur du MagetMagot ! Il avait pour projet de demander l'asile au Ministère de la Magie Mexicain quand nos mangemort l'ont intercepté à la frontière. Je doute que ses informations soient d'une très grande valeur mais sa position et son influence restent non-négligeables, ce qui devrait d'ailleurs être très utile dans les prochains mois.
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- Pour le reste, notre économie semble commencer à se stabiliser… j'ai bien conscience que cela est un grand mot – en particulier aujourd'hui – mais nos experts semblent confiants quant à la reprise de nos industries.
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- Enfin et pour finir, il semblerait que votre… heu…
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- … que votre côté de popularité n'a jamais été plus haute ! Un récent sondage nous a permis d'établir que notre population vous fait désormais pleinement confiance, qu'elle vous estime comme étant le seul et unique Sorcier capable de véritablement protéger ses intérêts et qu'elle éprouve une infini reconnaissance. Je doute que cela ait la moindre importance pour vous, mais vos ministres en sont particulièrement ravis et vous conseillent – à titre indicatif bien sûr – de profiter de cette lancée pour affirmer davantage votre position en tant que Roi incontesté et Souverain Tout Puissant.
Ne cachant presque pas son soulagement, Drago ferma son calpin dans un frisson, heureux d'en avoir enfin fini avec son interminable et inutile déblatération…. Ou était-ce parce qu'il pourrait enfin sortir de cet antre obscure et se débarrasser de cette infâme odeur de cendre ? A bien y réfléchir, ça n'avait pas la moindre importance… il avait accompli son devoir et pourrait à nouveau respirer librement.
- Cela est tout mon Seigneur.
Un silence.
Un deuxième.
Un troisième.
- Puis-je… puis-je me retirer ? Demanda-t-il empressé.
Un silence.
Un deuxième.
Un troisième.
- Maître ?
Un silence.
Un deuxième.
Un troisième.
- Maître ?!
Un silence.
Un deuxième.
Un troisième.
- Bien… dit-il mal à l'aise.
Avant que le quatrième ne l'achène.
- Je… je vous laisse.
Se reculant d'un pas vers la sortie, le Malfoy lutta pour contenir l'empressement de son soupir, ses poumons se languissant plus que jamais de leur première inspiration à l'air libre. Cependant et alors même qu'il s'apprêtait à abaisser la poignée de sa main factice, à quitter cet écrin de poussière morbide et à retrouver les joies d'un air pur et dénué de vapeurs toxiques, un détail lui assailli brusquement l'esprit… le genre de détail qu'il aurait volontiers ignoré d'un haussement de sourcil, passé sous silence et laissé s'éteindre dans la désinvolture de son mutisme… mais le genre de détail dont l'importance, l'engagement et les conséquences ne parvinrent qu'à faner son sourire. Et pour cause ! A cet instant précis, le doute le prenait pour cible… pire encore, il l'accablait de ses irréversibles torpilles ! Pourquoi ? La réponse était facile. A vrai dire, sa dernière besogne l'était aussi ! Mais sauter le pas ? Se lancer ? Faire preuve de courage ? Et risquer de l'offenser ? Seigneur… là était la vrai difficulté.
- Oh… heu… Maître ?
Une difficulté qui – et il le savait plus que jamais – ne serait rien à côté de celle qu'il aurait s'il jamais il se défilait…
- Il y a une… un dernière chose.
Bon sang… il n'accepterait jamais. Jamais ! Mais dans sa pitié, le Malfoy avait promis d'essayer. Plus encore ! Il s'était juré de tout tenter ! Tout tenter pour essuyer les larmes d'un certain regard bleuté…
- Je… je sais que cela ne me regarde pas mais…
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- Enfin, il… il m'a été demandé…
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- Co… Connor m'envoie vous demander si… si vous accepteriez de le recevoir ?
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- Je lui ai déjà expliqué à de nombreuses reprises à quel point vous étiez occupé ces derniers temps, mais il… il insiste et comme vous pouvez vous en douter, il ne… il n'est pas très patient.
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- Bien entendu et conformément à vos ordres, ma mère et Luna veillent à ce qu'il ne manque de rien, à ce qu'il soit bien nourri et à ce qu'il reçoive les meilleurs soins ! D'ailleurs, ça lui a bien réussi ! Il… il a commencé à reprendre du poids, il ne mord presque plus les médicomages, ne dors plus dans des hamacs et… et ma mère est presque parvenu à le faire arrêter de boire !
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- Enfin, nous… nous avons appris qu'il volait du rhum dans les cuisines, mais c'est en bonne voie !
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- Je… j'ai bien conscience qu'il est jeune et… et impertinent mais… c'est…
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- C'est un enfant formidable…
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- Je vous jure, c'est un vrai petit Salazar ! Il est plein de questions, d'énergie, de vivacité, de répondant et de soif d'apprendre ! Mais il a un fort caractère et… en toute honnêteté, il… il vit mal le fait que…
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- Que vous lui ayez interdit de… de la voir.
Essoufflé dans sa propre apnée, Drago n'osa plus respirer, s'attendant à tout instant à voir son Maître le châtier pour un remarque aussi osée… pourtant et une fois de plus, seul son implacable silence se mit à résonner.
- Ça le contrarie beaucoup.
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- Et je n'ai pas pu m'empêcher de constater que… que vous lui manquiez, vous aussi.
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- Il ne demande pas beaucoup de votre temps ! D'ailleurs, il… il ne demande jamais rien, mais… mais il serait très heureux de pouvoir enfin vous voir. Ne serait-ce que quelques minutes ! Il… il a même promis d'être sage !
Un silence.
Un deuxième.
Un troisième.
- Maître ?
Un silence.
Un deuxième.
Un troisième.
- Que… que dois-je lui dire ? Demanda-t-il.
Un silence.
Un deuxième.
Un troisième.
Seigneur… pourquoi insistait-il ?
Un silence.
Un deuxième.
Un troisième.
C'est à peine s'il clignait des cils !
Un silence.
Un deuxième.
Un troisième.
- Je vois… grimaça-t-il. Veuillez m'excusez.
Grimaçant dans l'ombre de son ultime révérence, Drago soupira entre ses dents, un air de déception gravé au creux du menton ; un air qu'il ne tarderait pas à voir fleurir sur le visage du pauvre petit garçon… et qui, une fois de plus, le replongerait dans le rhum et le bourbon.
- Je vous laisse.
Prêt à partir, Drago rassembla son calpin sans rien dire et recula sans plus de cérémonie, le dos droit et le regard placide. Un enchaînement de petit mouvements relativement rapides, secs et hâtifs, qui ne réussirent qu'à trahir la nouvelle douleur de son soupir. La douleur ? Oui… la douleur d'être témoin d'une telle apathie. D'une telle indifférence. Et d'un tel mépris. Non pas que ces derniers constituent une véritable surprise ! Mais il le savait… son absence de réponse, de considération et de missives, ne parviendrait qu'à réduire à néant les derniers espoirs de ce petit ; des espoirs qu'il avait vainement espéré pouvoir faire vivre… mais que Voldemort s'assurait constamment de détruire.
- Bonne journée Maître.
Pourtant et alors que sa main se saisissait déjà de la poignée, que ses derniers espoirs s'étaient définitivement brisés et qu'il réfléchissait déjà au discours qu'il tiendrait face à Connor et son regard embué, c'est dans l'écho d'une soudaine voix enrouée que le jeune homme senti son cœur s'arrêter…
- Drago.
Une voix semblant sortir d'un tombeau hanté.
Une voix semblant sur le point de se briser.
Une voix qu'il avait presque oublié…
- Drago. Répéta-t-il.
Pétrifié devant la porte d'entrée, le Malfoy ne parvînt plus à respirer, le corps tremblant face à l'aura que ces seuls mots se mirent à dégager. Une aura plus asphyxiante, pesante et assommante que jamais ; mais une aura dont le simple écho échauffa sa marque d'un étau familier…
- Ou… oui, Maitre ?
Abaissant immédiatement la tête en lui faisant face, le Malfoy contempla ses chaussures d'un air hagard, son calpin fermement serré contre son poitrail… et la peur aux entrailles.
- Il… il va bien ?
- Pardon, Maître ?
- Connor. Dit-il plus fort. Il va bien ?
Etonné par la gravité d'une question aussi spontanée, le Malfoy ne sut que répliquer. Seigneur… il lui parlait. Il lui parlait. Il lui parlait. Il lui parlait ! Et… et il s'intéressait ! A Connor qui plus est ! Par tous les Saints, ce jour était à marquer d'une pierre blanche ! Mais avant cela, il attendait une réponse ; une réponse que le jeune homme n'avait malheureusement pas notée dans son calpin et qui ne tarda pas à le laisser aussi hésitant qu'incertain… Et pour cause ! Connor était un enfant unique, drôle, gentil, attachant et plein d'esprit ! Mais il était également un enfant atteint de stress post-traumatique… d'un très sérieux problème d'alcoolisme… d'insomnies chroniques… et d'épisodes d'hyperactivité pouvant mener à de terribles crises d'hystérie. Soit le parfait mélange de Salazar et de Godrick, le tout condensé dans trente kilos d'expressions antiques, de sourires angéliques, de remarques passives-agressives et d'insultes latines…
- Eh bien, il… il s'acclimate et…
- Est-ce qu'il va bien ? Insista-t-il.
Oh bon sang…
- Oui. Mais vous… vous lui manquez.
Le regard toujours rivé sur ses grimoires, Drago attendit de lui un mot, une phrase, un signe ou ne serait-ce qu'une grimace… mais ne parvînt à déceler de lui qu'un rapide et fugace tressaillement de mâchoire.
- Dis-lui d'être patient.
- Qu… quoi ? Bafouilla-t-il en apnée.
- Dis-lui d'être patient.
Patient ?! Grand Dieu… la réserve de rhum ne tiendrait plus si longtemps !
- Mais je… enfin, il ne…
- Dis lui ça. Claqua-t-il plus bas.
- Mais…
- Et que je ne l'oublie pas.
Frappé par la douleur avec laquelle il vit Voldemort se renfrogner, Drago n'osa plus rien répliquer. Pourtant et bien que sa tête ne se soit toujours pas levée, que son regard n'ait jamais dévié et que ses lèvres se soient à nouveau scellées pour le reste de la journée, le Malfoy en aurait mis sa dernière main à couper… ses paupières avaient tremblé. D'émotion ? De contrariété ? De fatigue ? Ou de désintérêt ? Il ne chercha pas à le demander, conscient qu'il n'obtiendrait rien de plus que cette confession murmurée et douleur inavouée… soit les mêmes qu'il lirait dans les pupilles bleutés d'un petit garçon au cœur brisé.
- Bien Maître…
Hello tout le monde !
Chapitre un peu plus court cette semaine (pour compenser l'énorme de la semaine prochaine ^^') !
Il y a un peu plus de contexte sur le monde magique post-guerre, que je pensais quand même un minimum nécessaire !
Et surtout, il y a quelques prémices sur la nouvelle vie de Connor... je n'en dis pas plus, mais votre petit pirate ne va pas tarder à revenir sur le devant de la scène !
Sur ce, j'espère que ce chapitre vous aura quand même plu ! Merci infiniment pour tous vos retours ; ils me permettent de discuter avec vous et vous êtes justes incroyables !
A très vite ! ;)