D'immenses plaques de marbre noir… des veinures couleur or et corail… des joints plus fins qu'une feuille de tabac… des reliefs dignes des profondeurs abyssales… une clarté aux reflets miroirs… des plaintes à la découpe incroyable… une précision de pose inégalable… en trois mots : du grand art. Et encore ils étaient faibles ! Certes, quelques raccords avaient été refaits, certaines mesures étaient imparfaites et une poignée de joints méritait une nouvelle jeunesse… mais jamais en plus de deux millénaires de trésors, d'épopées et de conquêtes, Connor ne s'était assis sur un sol aussi parfait. Oui, c'était le mot... parfait. Rêveur. Irréel. Enchanteur. Extraordinaire. Que dire… un véritable travail d'orfèvre ! Une perfection digne des plus belles architectures Romaines ! Un ravissement pour tous ceux ayant l'œil d'un tailleur de pierre ! Et Connor le savait... jamais un tel œil ne lui avait manqué. A tel point que même après plus de trois heures de contemplation enfiévrée, jamais son regard ne parvint à s'en détacher.

- C'est vraiment magnifique… souffla-t-il les yeux écarquillés.

Oui… ça l'était.

- J'ai jamais vu un travail aussi sublime… Reprit-il. J'te jure ! Les joints sont lisses, le grain est fin, le rebords sont polis, les raccords sont précis…

Et pourtant, la luminosité qui l'entourait ne rendait nullement hommage à ce travail d'acharné. Plongé dans la plus complète des obscurités, le marbre sommeillait silencieusement sous les reflets vacillants de quelques bougies à moitié consumées, leurs brefs éclats ne révélant qu'un dixième des milles veinures qui le parcouraient… Comme si leurs flammes cherchaient à cacher sa beauté, à la garder pour elles et n'en laisser apparaître que les traits les plus grossiers, chacune d'elle semblait se hâter, se presser et se déliter dans la précipitation d'une course déjà gagnée, leurs cires rampant langoureusement le longs de leurs bougeoirs dorés. Pourtant, une telle beauté n'avait pas à être gardée, privée ou cachée ; au contraire même ! Tous méritaient de la contempler ! De l'admirer ! Et de s'en inspirer ! Mais ces flammes se faisaient jalouses et empressées, désireuses de voir leur trésor sombrer entre les bras protecteurs de l'obscurité…

Une obscurité profonde, froide et exigeante.
Une obscurité latente, trouble et oppressante.
Une obscurité devenue Maîtresse incontestée de cette maudite chambre…

Mais il était inutile de se fier à ces quelques apparences… en particulier quand cette sacrosainte obscurité ne résultait que d'une paire de rideaux doublés et d'une nuit d'encre. Une nuit emplit de non-dits, de pleures et de silence ; une nuit comme Connor n'en avait pas connu depuis plus de mille ans… mais une nuit dans laquelle on n'entendit résonner que les émois de son admiration.

- Bon dieu… je pourrais le contempler toute la journée.

Emerveillé, le petit garçon se laissa rouler sur le marbre dans un soupir amusé, son petit corps frissonnant d'allégresse au contact de la roche finement ciselée. Allongé au sol depuis plus d'heures qu'il ne pouvait en compter, il laissa échapper un rire étouffé, heureux de sentir son esprit se vider de toutes pensées à mesure que sa chevelure bruissait délicatement sur les dalles laquées. Aussi, c'est presque comblé qu'il étendit ses jambes dans un craquement avorté… laissa retomber sa tête sur le côté… savoura la fraîcheur du sol sur sa joue légèrement rosée… et frémit au doux frottement de son pyjama molletonné, sa symphonie cotonneuse se mêlant délicatement à celle de ses cheveux détachés. Un bref instant de paix, de douceur et de légèreté, qui alors même que ses yeux étaient encore rouges de sel et méchamment gonflés, parvînt à lui arracher un sourire volé. Le premier depuis qu'il avait escaladé les combles d'un passage secret… qu'il était entré dans cette chambre calfeutrée… et qu'il s'était allongé au sol pour pleurer.

- Celui qui a fait ce sol doit être un grand homme. Souffla-t-il. J'veux dire… les détails, la minutie, la qualité, la finesse… tout est parfait !

Oui… parfait. Tout comme la distraction que ce marbre lui offrait.

- Et il est confortable ! S'exclama-t-il plus fort. J'te jure, je pourrais presque dormir là ! Et crois-moi sur parole, un sol pareil, c'est le grand luxe pour un pirate !

Une distraction qui animait son regard…

- J'exagère pas ! Insista-t-il. On dort le plus souvent sur des planchers mouillés, cloutés ou à moitiés rongés par l'humidité ! Sinon, on se laisse balancer dans des hamacs troués, des sacs en toiles charriés par la marée ou encore des paillasses pleines de tiques où les rats cachent leurs portées…

Une distraction dont il exploitait les moindres failles…

- C'est vrai que dit comme ça, ça fait pas rêver… mais y a pire ! Une fois le Boiteux s'est endormi dans son propre vomi ! C'était courant pour lui, mais l'odeur… par Marise, je m'y suis jamais fait !

Une distraction qu'il espérait capable d'apaiser son mal…

- J'sais qu'on est des pirates, que j'suis pas un exemple en la matière et qu'on a peu de commodités en mer… mais tout de même ! Rouspéta-t-il.

Une distraction qu'il espérait capable de réconforter son âme…

- C'est d'ailleurs pour ça que je les jetais tous à la mer après un voyage ! J'te jure, sans Marise pour les décrasser, ces imbéciles auraient fini par embaumer l'Autre Versant tout entier !

Une distraction qu'il espérait capable de lui apporter humour et joie…

- Autant te dire que ça leur a fait bizarre de voir vos soldats se laver après la bataille ; alors imagine quand ils ont rencontré Narcissa ! Gloussa-t-il hilare.

Mais une distraction bien futile face au silence morbide qui l'entoura.

- La pauvre a failli faire une attaque mais… c'était amusant de les voir sentir du parfum pour la première fois !

Laissant son rire résonner dans la petite chambre marbrée, le petit garçon contempla le plafond dans un sourire fatigué, ses joues se retroussant joyeusement au souvenir de ses hommes et de leurs regards éberlués. Un air qui ne les avait jamais quittés devant un pays emplit de sorciers, de magie et de modernité… et dont les étonnantes mœurs, libertés, coutumes, codes et incroyables opportunités avaient bien failli les achever. Non pas qu'on puisse véritablement les blâmer ! En particulier après qu'ils aient appris que les femmes avaient obtenu le droit de voter, de travailler, de gouverner, de ne pas enfanter, de ne pas se marier ou encore de vivre librement avec un homme dans le péché…

- Oui, c'était… c'était drôle.

Drôle… mais fatalement bref.

- Enfin, je… j'veux dire… c'était amusant. Souffla-t-il pour lui-même.

Amusant… mais indéniablement temporaire.

- Et puis, même… même si c'était pas long, on… on a passé de bons moments.

De bons moments… mais incontestablement éphémères.

- Enfin bref ! Je… je ne devrais plus en parler. Se reprit-il dans une nouvelle apnée. Tout ça, c'est… c'est du passé.

Oui… du passé. Pourquoi ? Oh, la question ne se posait pas ; ou tout du moins, plus maintenant… et certainement pas dans cette chambre. Pourtant et bien qu'il se soit juré de passer cet épisode sous le silence, de ne rien en dire et de l'effacer du fil de son existence, c'est avec peine que le petit garçon sentit un frisson lui retourner le ventre… le genre de frisson qu'il subissait dans la douleur, le deuil et la résignation, mais qui plus le temps passait, plus lui donnait envie de sauter d'un balcon.

- Et puis… c'est pas important !

Pas important ? Si ça l'était… plus encore même, ça l'habitait. Le dévorait. L'asphyxiait. L'intoxiquait ! Mais que pouvait-il en dire à l'heure même où la guerre venait à peine d'être gagnée ? A l'heure même où tout un pays était endeuillé ? A l'heure même où les morts n'étaient pas tous enterrés ? A l'heure même où Tom semblait sur le point de s'effondrer ? A l'heure même où Hermione agonisait dans l'obscurité ? Et à l'heure même où tout le Grand Versant commençait à peine à se relever ?! A côtés de cela, ses enfantillages et quelques déboires ne valaient pas la peine d'être divulgués ! Connus ! Ou seulement évoqués ! En particulier quand sa triste petite personne était la seule concernée…

- Je… je ferais mieux de les oublier. Souffla-t-il alors sans respirer.

Oublier.
S'y faire.
Se résigner.
Se taire.
L'accepter.
L'omettre.
Se résilier.

- Ce… ce serait mieux pour tout le monde.

Voilà ce qu'il essayait de faire… mais comment pouvait-il y arriver quand son propre esprit en était imbibé ? Quand son propre corps en était tétanisé ? Quand sa propre âme en était scarifiée ? Et quand sa propre vie en était à jamais transformée ?! Pour preuve, il ne s'agissait pas de quelques souvenirs ensanglantés, de frissons effrénés ou encore d'un quelconque deuil que l'on cherche simplement à surmonter ! Non… mais d'absolument tout ce qui le constituait. Un détail qu'il se garda bien de laisser franchir ses lèvres, mais qui ne manqua pas de le faire brusquement taire… de lui rappeler pourquoi il gisait si tristement à terre… et de lui arracher une grimace amère. Une deuxième. Une troisième. Et une quatrième. Avant qu'une larme solitaire ne vienne subitement mouiller sa pommette…

- Par Marise… renifla-t-il.

La mille et unième depuis la fin de la guerre.
La mille et unième depuis leur victoire génocidaire.
La mille et unième depuis les centaines de défilés funèbres.
La mille et unième depuis qu'Hermione avait failli disparaître.
La mille et unième depuis qu'il avait mis dix de ses hommes en terre.
La mille et unième depuis que Luna et Narcissa l'avaient pris sous leur aile.
La mille et unième depuis qu'il apprenait à vivre dans ce nouveau millénaire.
La mille et unième depuis que Tom se terrait sous la rage, la cendre et la poussière.
La mille et unième depuis… depuis… depuis…

- Allez Connor…

… depuis que son équipage avait repris la mer.

- Reprends-toi ! Ragea-t-il entre ses lèvres.

Oui… il essayait. Mais jurer, grommeler, se flageller ou dévaloriser sa propre émotivité ne l'aiderait pas à se relever ; un autre détail qu'il se garda bien de s'avouer mais dont l'omniprésence ne réussit qu'à l'agacer… avant que de nouveaux sanglots ne commencent subitement à l'étrangler. Sentant son sourire se tordre douloureusement entre ses lèvres, le petit garçon agita furieusement la tête, une nouvelle migraine lui rongeant la cervelle à mesure que ses larmes commençaient à noyer ses paupières. Impuissant, démuni et brusquement tremblant, il se couvrit le visage entre deux tressautements, le corps lourd et le souffle haletant. Un état de nerf et de douleur devenu presque monnaie courante, dont l'inéluctabilité lui fit mordre sa joue à pleine dent…

- Allez ! S'exclama-t-il en se frappant le front.

Bon sang… ce n'était pas le moment ! Au contraire même, il devait se montrer fort ! Grand ! Courageux ! Endurant ! Et pourtant, c'est le souffle court et les joues brûlantes que Connor se surprit à ne plus savoir quoi dire dans l'écho de son propre silence… Epais, lourd et pesant, il assourdit ses tympans d'un acouphène assommant, symbole des milles pensées, souvenirs et hurlements dont regorgeait si copieusement sa conscience ; mais également symbole des milles efforts qu'il faisait pour ne pas les entendre… Avait-il raison ? Etait-ce justifié ? Légitime ? Ou la preuve d'une lâcheté sans nom ? Il n'était pas certain de vouloir se poser la question. Mais ce qu'il savait, était que quoi qu'il fasse, espère ou tente, ce combat avilissait chaque goutte de son sang… un combat tout aussi épuisant et que particulièrement harassant, qui alors même qu'il œuvrait pour garder ses pensées à distance, les faire taire et les toiser avec indifférence, ne parvenait qu'à révéler ses propres défaillances. Un état de faiblesse qu'il n'avait jamais le luxe d'ignorer très longtemps… en particulier quand son propre esprit se liguait contre lui pour le jeter en pâture à ses démons.

- Désolé Capitaine…

- On avait un accord.

- On a gagné ta guerre.

- Et on a tenu parole…

Mais ne s'agissait-il pas là de divagations ? D'inutiles tergiversations ? D'infantiles émotions ? Et d'inepties seulement relatives à sa condition d'enfant ? Il s'était posé la question, espérant alors trouver un moyen de dédramatiser ses souffrances… mais Connor le savait, il ne fabulait nullement. Au contraire même… il ne faisait que perdre le contrôle de sa propre distraction. Une évidence qui ne tarda pas à lui arracher hoquets, apnée et grondements… et qui sans qu'il ne puisse lutter, le ramena à la tourmente qu'il fuyait si ardemment. La seule qu'il priait d'effacer de son existence, mais qui telle une gangrène à l'appétit dévorant, se repaissait de ses restes dans l'écho d'un rire cinglant.

- Oui… on a honoré notre promesse.

- Tous autant que nous sommes !

- C'est vrai…

- Et on a même enterré nos morts…

Un bref instant pendant lequel sa vue se troubla, son souffle se coupa et ses mains tremblèrent.
Un bref instant pendant lequel son cœur se souleva, son visage se figea et ses oreilles sifflèrent.
Un bref instant pendant lequel son estomac se noua, sa poitrine s'oppressa et ses souvenirs affluèrent…

- L'heure est venue !

- Oui…

- On a assez attendu.

Avant qu'une étrange chaleur se commence soudainement à faire trembler sa fossette, à enfiévrer ses pommettes et à engourdir ses paupières… Une chaleur qu'il commençait désormais à connaître, à maudire et à mater entre deux sursauts éclairs ; mais une chaleur qui plus il luttait, plus l'incendiait de ses braises pour le laisser agoniser sous les souvenirs de son nouveau calvaire… celui-là même qu'il avait espéré ne jamais connaître, mais qui bien qu'il le combatte chaque jour avec haine, irradiait jusqu'à la dernière parcelle de son être.

- Désolé Capitaine…

- On est tous unanime !

- Et c'est pour aujourd'hui…

Comment tout cela était-il arrivé ? Pourquoi ? Et par quel procédé ? Il ne voulait pas davantage y penser… mais quand bien même il s'y serait risqué, par où pouvait-il seulement commencer ? Par la Guerre et les milliers de corps carbonisés ? Par leur victoire et centaines d'ennemis incarcérés ? Par ses cauchemars et leurs cris effrénés ? Et par ses propres hommes qu'il avait dû enterrer ? Cela serait un bon début en effet… mais comment l'aborder sans passer par Hermione et son âme décharnée ? Par sa peur de ne jamais la voir se réveiller ? Par Tom et ses cris effrénées ? Et par sa douleur de le voir si tragiquement sombrer ?! Non… non, tout cela serait trop long à expliquer. A moins qu'il ne commence directement par ses hommes et leur décision de l'abandonner ? Par leur fuite qui ne cessait de le hanter ? Par la douleur constante de se savoir éternellement rejeté ? Et par son passage de Capitaine respecté à celui de misérable petit orphelin désœuvré ? Là encore, cela semblait approprié… mais pourquoi voudrait-il y penser ? Pourquoi voudrait-il en parler ? Pourquoi voudrait-il se le rappeler ?! Il n'avait besoin d'aucun souvenir pour justifier le mal qui l'habitait… en particulier quand ce dernier était tout ce qui lui restait. A moins que là encore, il ne se laisse injustement submerger ? Pour preuve, il pouvait aborder des sujets plus légers comme… Luna par exemple, et sa tendresse inespérée ! Narcissa et ses sourires aimant quoi qu'irrémédiablement endeuillés ! La chambre que les deux femmes avaient insisté pour lui attribuer ! Les nouveaux vêtements qu'elles s'évertuaient chaque jour à lui confectionner ! Drago et ses conseils avisés ! Et les mangemorts qui bien qu'ils semblent étrangement l'éviter, s'étaient mis à le respecter ! Oui… cela pouvait marcher. Mais Seigneur, tant de choses étaient arrivées. Tant de douleurs avaient été endurées. Tant de déceptions avaient été essuyées. Tant de larmes avaient coulé… Pour preuve, il ne savait même plus pourquoi il pleurait ! Pour lui ? Pour Hermione ? Pour Tom ? Pour ses hommes ?! Il l'ignorait ! Du moins, qu'il croyait… car bien que son cœur soit affligé, que ses pensées soient emmêlées et que son âme soit acculée, le pauvre petit ne pouvait se leurrer.

- On est désolé.

Il pleurait tout ce qu'il n'arrivait pas à hurler…

- On sait que c'est rapide…

- Mais on veut pas s'éterniser ici.

- Oui…

- Notre décision est prise.

Prise… oui, il l'avait compris. En particulier quand les derniers membres de son unique famille, ses frères d'armes et camarades de vie, l'avaient salué depuis leurs nouveaux navires… l'avaient regardé sur le rivage dans l'éclat d'un glorieux sourire… et avaient levé leurs voiles vers un horizon gorgé d'avenir. Un souvenir à la saveur toute aussi douce qu'effroyablement acide, qui alors même qu'il s'était efforcé de garder le sourire, n'était parvenu qu'à marquer le début de son nouveau supplice.

- C'est… c'est dommage qu'ils soient pas restés plus longtemps… Souffla-t-il brusquement entre ses dents.

Oui… dommage.

- J'veux dire… je suis content d'avoir brisé leur malédiction et qu'ils aient pu partir explorer le Grand Versant, mais… mais…

Mais c'était si dur de lutter quand le sort s'acharnait, si dur d'espérer quand la vie l'affligeait, si dur de mentir quand son âme agonisait, si dur de sourire quand les Dieux l'accablaient ! Et si dur de croire encore au bonheur quand ceux qu'il aimait… l'abandonnait.

- Tu… tu penses que je… que je leur manquerais un jour ? Demanda-t-il pour lui-même. Ou qu'ils… qu'ils viendrons me rendre visite ?

Peu surpris par l'opacité du silence, Connor se mordit la lèvre dans un soupir tremblant, le cœur lourd et le regard larmoyant. Pourtant et bien que cela lui arrache le cœur de l'accepter, de l'admettre ou de ne serait-ce que de se l'avouer, cela faisait partie de leur marché... et se faisant, il ne servait à rien d'espérer. Ses hommes, ses amis, son équipage et les seuls témoins de son éternité, l'avait bel et bien quitté.

Oui… quitté.

Du Bourreau à Spica… de Pulex à Aulus… de Primus aux Triplés… du Boiteux à l'intégralité de ses archers… aucun n'était resté. Aucun n'avait hésité. Aucun ne s'était retourné. Tandis que le seul qui l'avait toujours aimé, encouragé, valorisé, respecté et qui serait volontiers resté à ses côtés – Bubo, le petit vieillard édenté – avait succombé d'un tragique coup d'épée… un deuil tout aussi douloureux qu'inopiné, qui après plus de deux millénaires de combat, de guerres et de voyages acharnés, leur avait à tous rappelé le prix de leur tant rêvée liberté : une implacable et inexorable mortalité. Pourtant et bien que cela frôle l'aliénation, aucune blessure, mutilation, brûlure et enterrement n'avait su étouffer le feu qui coulait dans leur sang… un feu que Connor avait regardé prendre la mer dans l'ombre lointaine d'un soleil couchant, et dont les seules images avaient donné vie à de nouveaux hurlements.

- Je… je veux pas être égoïste. Souffla-t-il subitement. Mais j'aurais juste voulu qu'ils… qu'ils…

Peinant à finir sa phrase sans s'asphyxier sous la douleur de son poitrail, Connor grimaça sous la chaleur de ses larmes. Seigneur… qu'il était pitoyable.

- … qu'ils restent un peu.

C'est ce qu'il avait demandé.
C'est ce qu'il avait imploré.
C'est ce qu'il avait supplié…

- Pas longtemps, mais…

Mais aucun d'eux n'avait voulu rester…

- … juste… juste un peu.

Juste un peu…

- C'est pas grave… Dit-il à voix basse.

Grave…

- Après tout, peut-être… peut-être que c'est mieux comme ça ?

Mieux…

- Peut-être qu'ils… qu'ils seront plus heureux ailleurs ?

Ailleurs…

- Et… et sans moi.

Sans lui…

- Je… je l'espère en tout cas. Renifla-t-il tout bas.

C'était vrai... il l'espérait. Pourtant, il le savait ; il ne devrait pas souffrir de leur absence... pas plus qu'il ne devrait leur en vouloir d'être partis à la première occasion ! Mais cela ne changeait rien à l'agonie qui avait pris racine dans son ventre ; à cet inextricable sentiment d'abandon, qui après plus de deux millénaires de constante pénitence, berçait toujours aussi jalousement les frasques de son existence…

- C'est pas grave. Répéta-t-il pour se rassurer. Je… je m'en remettrais !

Il l'espérait… il l'implorait… il le priait… Mais malgré sa témérité, son endurance et ses milliers d'années de commandement acharné, jamais Connor ne s'était senti aussi… oublié. Oui, c'était le mot : Oublié. Rejeté. Délaissé. Et éternellement abandonné… A croire que les Dieux s'étaient donnés pour mission de le faire payer, et que ses cinq derniers siècles de solitude sur une île inhabitée ne seraient jamais assez.

- Enfin bref ! S'exclama-t-il brusquement.

Ravalant douloureusement le sanglot qui l'étranglait, Connor déglutit avec peine dans un soupir étouffé, une nouvelle tristesse rayonnant depuis l'éclat ses pupilles bleutées. Des pupilles désormais vides, ternes et embuées ; des pupilles qui avaient passé ces dernières heures à pleurer sur le sol marbré… des pupilles qui bien loin de leurs étincelantes vaillance, foi et curiosité, ne laissèrent de son regard que deux billes orageuses aux cils mouillés.

- Ne… ne parlons plus de ça. Souffla-t-il la voix changée.

Toujours plongé dans la pesanteur de cette semi-obscurité, le petit garçon se mordit la lèvre sans rien ajouter, le cœur lourd et le souffle coupé à mesure qu'il se redressait sur ses pieds. Luttant contre la moindre de ses pensées, il s'empressa d'essuyer ses larmes dans un râle agacé, épousseta les pans de son pyjama froissé et rabattit ses cheveux d'un revers de poignet, ses mèches indisciplinées retombant constamment sur son nez. Non pas qu'il puisse véritablement les blâmer après la tournure de sa soirée… mais Dieu qu'il peinait à les supporter. Plus décoiffé que jamais après sa nuit de cauchemars effrénés, ses pleurs horrifiées et son escalade improvisée, ses cheveux se dressaient sur sa tête en un dédale de boucles emmêlées, mélange insidieux de nœuds et de mèches électrisées. A croire que gravir une porte condamnée, exhumer des combles barricadées et ramper dans un faux plafond rempli de toiles d'araignées n'était pas la meilleure des idées… pas plus que de rester allongé des heures sur un sol marbré. Aussi, c'est profondément résigné que Connor les plaqua contre son crâne dans une grimace exaspérée ; horrifié de les voir gagner en nœud, volume et électricité, il ne mit pas moins de deux bonnes minutes avant de parvenir à les discipliner… un combat qu'il crut avoir momentanément gagné, mais qui se corsa davantage quand il les sentit s'accrocher au bandage dont sa nuque était ornée. Un bandage qui bien sûr avait commencé à s'effilocher et dans lequel sa chevelure resta coincée…

- Maudite tignasse...

Parcourus d'insupportables frissons, Connor jura entre ses dents, sa nuque s'électrisant un peu plus à mesure qu'il sentait ses cheveux effleurer ses brûlures et autres blessures toujours en cours de cicatrisation. Une lutte bien entendu perdue d'avance, qui alors même qu'il luttait chaque jour pour ne pas arracher les milles pansements dont Luna et Narcissa le couvrait si maladivement, lui fit amèrement regretter l'époque de ses dreads locks pétrifiés par le sel, le soleil et le temps…

- Bon sang !

Qui sait… peut-être Narcissa avait-elle raison ? Peut-être valait-il mieux qu'il les coupe avant qu'ils ne soient trop longs ? C'était une idée… mais bien qu'elle soit un peu plus tentante chaque jour, là n'était pas la priorité.

- Et merde…

Abandonnant tout espoir de les apprivoiser, Connor se laissa retomber à terre dans un soupir défait, une liasse de cheveux arrachés accrochés à son poignet. Bon dieu… il n'aurait jamais dû laisser Hermione les lui coiffer ; pour preuve, ils ne l'avaient jamais dérangé par le passé ! Au contraire même, ils étaient parfaits ! Statiques, cachés, unis, attachés… Certes, ils étaient pétrifiés par le sel, couverts miel et porteurs d'autant de poux que de pinces de crabes séchées par le soleil, mais ils ne venaient jamais lui chatouiller le nez ou l'étrangler dans son sommeil ! Un luxe qui ne lui était aujourd'hui plus accordé et qui bien qu'il tente de les tresser, ne réussissait qu'à le désespérer. Pourtant Connor le savait, sa colère capillaire n'avait rien de très concret. Non, elle n'était que la face émergée d'une amertume bien plus ancrée ; ou plus précisément d'une douleur inavouée… celle de savoir qu'Hermione n'était plus là pour les lui coiffer. Une vérité qu'il se garda bien d'avouer devant l'immense lit à baldaquin qui le surplombait, mais dont la symbolique ne tarda pas à le faire frissonner…

- Désolé… souffla-t-il alors avec culpabilité. C'est pas correct de jurer.

Sentant un nouveau sanglot l'étrangler, le petit s'empressa de secouer la tête et de se redresser, désireux de chasser les larmes dont son cœur se languissaient. Aussi et bien qu'il soit à peine plus haut que le sommier, c'est sans plus de cérémonie qu'il s'empressa de traverser l'obscurité, de se saisir de l'une des chaises installées en retrait et de la porter près de la table de chevet. Vacillant sous le poids de son dossier en bois massif et de ses milles ornements gravés, il prit garde à ne pas la faire traîner, inquiet à la seule idée de laisser une trace sur le sol immaculé. Un réflexe étonnement plus habituel qu'il n'y paraissait, et qui comme chaque soir depuis la fin de la guerre, lui arracha un soupir épuisé…

- Faut vraiment que je pense à ramener un petit tabouret… Souffla-t-il éreinté.

Disposant délicatement la chaise contre le lit, Connor s'empressa d'enlever ses chaussons et de les ranger avec minutie, veillant à chaque instant ne pas faire trop de bruit. Loin de vouloir signaler sa présence en des lieux aussi interdits, il marcha sur la pointe des pieds, contourna les rebords du lit, gravit la chaise sans respirer, tangua sous la précarité de son équilibre et s'accrocha même aux couvertures pour ne pas tomber… un processus étonnement lent et détaillé sur lequel il ne lésinait jamais, mais qui le laissait constamment essoufflé.

- Bon sang, ce lit est beaucoup trop haut ! Rouspéta-t-il. On dirait un perchoir… et j'ai passé ma vie à dormir dans des hamacs suspendus à des branches d'arbres, alors je sais de quoi je parle !

N'attendant aucune véritable réponse, le petit garçon grommela dans son silence, vexé de devoir escalader une chaise et un sommier pour atteindre la hauteur d'une misérable table de chevet. Mais il devait se faire raison… chez lui ou dans le Grand Versant, le monde ne serait jamais taille enfant.

- C'est fou d'être aussi petit ! Se révolta-t-il brusquement. J'veux dire… regarde-moi ! Les enfants d'ici font deux têtes de plus que moi !

Oui, enfin... des enfants non-pirates, non-millénaires, non-capitaines et non-porteurs d'une des magies les plus puissantes de l'univers.

- J'avais l'habitude sur l'île, mais… c'était différent ! Y avait que mes hommes et c'étaient tous des géants ! Sauf Pulex bien sûr… et encore, même lui me paraissait grand !

Ce qui en disait long…

- Alors qu'ici… bah… tout est différent.

Ici, il n'était qu'un tout petit enfant.
Ici, il n'était qu'un orphelin maigrichon.
Ici, il n'était qu'un bébé dont on cherchait les parents.

Une vérité toute aussi humiliante que profondément dégradante, qui bien qu'il tente de se faire entendre, de surpasser son apparence et de montrer son intelligence, ne laissait derrière lui que doutes, questions, regards inquiets et soupirs fuyants… Oh bien sûr, il était respecté, écouté et bien traité ! Mais jamais pour le Capitaine qu'il était. Jamais pour l'homme fort que son petit corps abritait. Et jamais pour les millénaires de vie qu'il avait déjà endurés... Un autre constat qu'il peinait à accepter, mais qu'aucun miroir ne lui permettait d'oublier.

- Faut croire que le Grand Versant porte bien son nom finalement. Soupira-t-il. Tout y est… grand.

Grand.
Bruyant.
Etrange.
Troublant.
Effrayant.
Intimidant.
Harassant.
Oppressant.
Submergeant…

Des mots puissants, avides et frappants, qui incarnaient à eux seuls toute le détresse qui l'habitait depuis son arrivée dans le Grand Versant. Mais des mots qu'il tentait chaque jour d'oublier, de taire et d'étouffer derrière son orgueil de Capitaine des forbans… soit le dernier qui le restait pour affronter ce nouveau monde.

- Je… je me souviens d'une question que tu m'as posé quelques jours après notre rencontre. Dit-il brusquement. Je… j'sais pas si tu t'en rappel mais, tu m'avais demandé si j'avais déjà voulu être… être grand.

Seigneur… cela remontait à si longtemps.

- Je t'ai dit que je ne m'étais jamais vraiment posé la question ; et je t'ai aussi dit que… même si mes hommes s'amusaient à me le rappeler de temps en temps, ils m'avaient jamais vraiment traité comme un enfant.

Oui…

- C'est pour ça que d'une certaine façon je… je me suis jamais vraiment vu comme un enfant. Et que je voyais pas non plus en quoi le fait d'être « grand » pouvait être si différent !

Très longtemps.

- Mais aujourd'hui, je… je t'avoue que je sais pas trop. Souffla-t-il dans un haussement d'épaule. J'veux dire… ici, les gens ne me voient que comme un enfant ! Et… et c'est insultant.

Peinant à tourner ses phrases, le petit garçon renifla entre deux grimaces. Bon sang… il ne voulait pas paraître ingrat. Il ne voulait pas paraître lâche. Il ne voulait pas paraître ce qu'il n'était pas ! Mais c'était si dur d'affronter le procès des regards… et la sentence des miroirs.

- Les gens me parlent comme si j'étais stupide… gronda-t-il. Comme si je connaissais rien de la vie et que j'étais une sorte de bébé qu'il faut protéger à tout prix. C'est mignon au début mais… mais c'est pas moi !

Non… ça ne l'était pas.

- Je… je suis un Capitaine Pirate ! J'ai combattu des armées, gagné des guerres, renversé des Rois, fendues les mers, affranchi des esclaves, parcouru la terre, causé des massacres, je… j'ai vécu le naissance de l'Histoire !

Mais personne ne parvenait à y croire…

- Je suis pas une petite chose fragile ! Je ne l'ai jamais été !

Se frappant le front d'exaspération, le petit garçon siffla entre ses dents, las et fatigué de ne pas parvenir à se faire entendre… las et fatigué de ne voir que des regards confus et sourires abêtissant… las et fatigué de ne renvoyer que l'image d'un petit avorton.

- C'est pour ça que… je me rend compte que ce serait pas si mal d'être grand finalement.

Grand.
Respecté.
Entendu.
Apprécié.
Reconnu.
Ecouté.
Considéré.
Accepté.

- Oui…

Que de choses dont il rêvait, mais dont il était privé.
Que de choses dont il rêvait, mais qui lui était refusé.
Que de choses dont il rêvait… mais qu'il n'aurait jamais.

- Ça a l'air bien…

Luttant contre la mélancolie qui se mit soudainement à l'assaillir, le petit garçon secoua la tête et se força à sourire. Bon sang… il n'avait pas le droit de se plaindre ! Il n'avait pas le droit de geindre ! Il n'avait pas le droit de se laisser atteindre ! Et pour cause… tout cela était futile ! Risible ! Egocentrique ! Et inutile ! D'autant plus devant ces bougies, ce marbre et ce lit…

- Toujours est-il que… qu'un tabouret serait pas facile à glisser dans le faux plafond ! Dit-il après un court instant de réflexion. Et puis, Tom serait pas très content !

Et encore, c'était un euphémisme ! En particulier depuis que le Mage Noir avait récemment déclaré cette chambre comme zone interdite, qu'il l'avait calfeutré avec autant de murs blindés que de barrières magiques, qu'il la faisait surveiller de jour comme de nuit… et qu'il avait officiellement proscrit la moindre visite.

- C'est fou quand même… Soupira-t-il. Je comprends toujours pas pourquoi il veut que personne te rende visite !

Et pour cause… cela n'avait aucune logique ! Aucun sens ! Ni raison crédible ! Mais plus important encore, cela lui semblait terriblement égoïste.

- J'aime pas te savoir ici… toute seule sans jamais personne pour te tenir compagnie. Souffla-t-il.

Toute seule… sans famille.

- C'est triste…

Toute seule… sans ami.

- Cette chambre est triste !

Toute seule… comme lui.

- Et je… je veux pas que tu sois triste.

Oui… il ne voulait pas la savoir seule ici. Il ne voulait pas la savoir seule dans ce grand lit. Il ne voulait pas la savoir seule sous ces bougies. Il ne voulait pas la savoir seule et en proie à l'oublie ! Malheureusement pour lui, Tom ne semblait pas de cet avis. Un état de fait en tout point incompréhensible, face auquel Connor était resté ahurit, béat et démuni… mais que nul n'avait jamais trouvé le courage de contredire. Or, c'était bien ce dernier détail qui aliénait son esprit ; non pas le fait que Tom sombre lentement dans la folie, frôle le despotisme et semble n'être plus que le vaisseau d'une nouvelle vésanie – ça malheureusement, c'était écrit… mais que nul en ce maudit pays, n'ait tenté de s'opposer à sa directive. De se révolter. De donner son avis. Ou de ne serait-ce que réagir ! D'ailleurs pourquoi ? Pourquoi personne n'avait rien dit ?! Pourquoi tous avaient obéi ?! Pourquoi tous s'étaient empressés d'encercler cette chambre de magie ? Pourquoi tous semblaient s'en réjouir ?! Et pourquoi avait-il été le seul à rugir ?! Au début, Connor ne l'avait pas compris… non pas que ce soit une véritable surprise. Après tout, il était habitué aux mutineries, aux combats, cris, trahisons, cataclysmes, rébellions et malédictions dévastatrices ! Mais certainement pas au mutisme, hochements de tête craintifs, regards soumis et sourires dociles d'une telle tyrannie… un spectacle d'éloges, de faux semblants et d'artifices tout aussi dérangeants que profondément impies, qui dans son ahurissement de pirate primitif, n'était parvenu qu'à lui donner envie de vomir.

- Oui… Y a des choses que je comprends pas bien ici. Souffla-t-il.

Mais les choses étaient ainsi ; les mœurs avaient changé, l'intégrité, l'honneur et la vaillances des cœurs aussi… et se faisant, ne restait en ce monde qu'un repère de valets sans esprit. Un constat à la gloire des indignes, des faibles et des hérétiques, qui semblait s'être fait loi incorruptible du nouvel ordre de ce pays…

- Pourtant j'essaye… j'te jure !

Oui, il essayait ; encore et encore et encore et encore et encore…

- Mais c'est… tellement difficile.

Et encore, c'était peu dire… Tout ici était difficile ! Mais tenter de se rallier à cette soumission collective ? De la cautionner ? Et de ne rien en dire ? Alors même que son âme ne demandait qu'à s'insurger devant ces faux sourires ?! Par Marise… il n'avait jamais rien connu de pire.

- A moins que… que je me trompe sur toute la ligne ? Réfléchit-il.

Oui… après tout, peut-être que l'évolution du monde n'avait rien changé aux Monarchies ? Que tous les peuples continuaient de se plier aveuglément aux ordres de leurs Egéries ? Que nul n'avait la volonté de donner son avis ? De faire preuve de la moindre force d'esprit ? Et que les hommes se complaisaient dans la médiocrité de leur obédience et évidente bêtise ? Oui… en un sens cela ne manquait pas de logique. Pour preuve, il avait lui-même rencontré des peuples dont les dogmes les forçaient à rester sous l'emprise de leur Seigneur, Prête ou Dieux factices ! Mais il avait cru cette ère finie… A moins que ces comportements ne soient que l'effet à retardement d'une cause encore plus triste ? Que la guerre n'ait laissé en ces terres qu'une bande de cœurs fragiles ? D'âmes faibles ? Et de courages fébriles ? Là encore, cela semblait crédible… mais cela n'expliquait pourtant pas pourquoi chacun ici avaient semblé heureux de s'aplatir devant Tom et ses Doloris ! Sauf si bien sûr il se trompait d'énigme… et que tout ne résultait que de leur Maître chéri…

- Tu… tu penses que c'est possible ? Demanda-t-il brusquement. Que… que ce soit Tom qui les asservissent autant ?

Tiquant brusquement à cette pensée, le petit garçon grimaça dans un silence tourmenté. Et pour cause ! Il n'aimait pas envisagée de telle possibilité ; mais elle ne manquait pas de crédibilité…

- C'est vrai que c'est pas un souverain facile… admit-il.

Oui… et encore, ces quelques mots semblaient n'être qu'un doux euphémisme. Pourtant et bien qu'il gouverne d'une poigne irascible, qu'il ait tout d'un Roi despotique et incarne à lui seul toute la grandeur d'un Tyran de Grand Empire… tout cela n'était qu'une apparence factice. Qu'un rôle. Qu'une comédie ! Car Connor le savait mieux que quiconque dans ce pays ; en dépit de sa soi-disant cruauté, aigreur et barbarie, Tom n'en restait pas moins un homme sensible… quelqu'un de foncièrement tendre, soucieux et émotif qui ne demandait qu'à être compris ! D'ailleurs, cela n'avait rien d'un mythe ! Ils avaient tous deux passés plus de six mois à cohabiter sur son île, à boire du rhum, à rire, danser, sourire, se baigner, courir, se chamailler et se faire tourner en bourrique ! Sans parler des centaines de repas, de comptines, de promenades, de railleries, d'histoires et de souvenirs qu'ils avaient partagés entre deux œillades malignes ! Or, rien de tout cela n'aurait été possible s'il avait été aussi mauvais qu'il s'acharnait à le dire… Malheureusement, le monde ne connaissait rien de cet aspect de lui ; rien si ce n'est ses boucheries, sa magie et la menace constance de sa tyrannie.

- Ou peut-être… peut-être qu'y'a rien à comprendre finalement ?

Possible… peut-être était-il simplement trop vieux pour s'accoutumer à ces nouveaux principes ? Pour accepter la bêtise de quelques sujets en mal d'esprit ? Et tolérer cet apanage d'obéissances soumises ? Allez savoir… et puis, peut-être était-ce simplement normal ici ? Que le monde ne se résumait plus qu'à un défilé d'imbéciles ? De pourceaux inutiles ? Et d'ignares futiles ? En soit, cela ne serait pas surréaliste ; seulement décevant et répétitif… un constat qui bien qu'il le méprise, ne manqua pas de lui arracher un nouveau soupir.

- Désolé de te parler de ça. Dit-il alors à voix basse. J'veux pas que tu penses que je fais un caprice ou que j'suis qu'un p'tit ingrat ! Non, c'est juste que… que j'ai un peu de mal à trouver ma place.

Se redressant tristement sur sa chaise, le petit garçon se mordit la langue dans l'écho du silence mortuaire, un étrange sanglot caché au coin des lèvres. Seigneur… il était ridicule. Après tout, peut-être était-ce lui le problème ? Peut-être était-il trop dur avec ce monde ? Ces coutumes ? Populations ? Mœurs ? Et nouvelles générations ? Peut-être avait-il simplement du mal à vivre avec son temps ? A s'adapter ? A trouver sa place loin de l'Océan ? Et que sa colère n'était que le résultat de sa frustration ? De sa tristesse ? Et de son incompréhension ? Il l'espérait, peu désireux de ne vivre qu'au travers de la haine qui intoxiquait son sang… de détester tous ceux qu'il n'estimait pas digne du moindre rang… et de s'engluer dans l'image du petit orphelin sauvageon.

- Bon sang…

Mais comment savoir s'il avait raison ?! Il avait tellement de questions ! Tellement de doutes ! Tellement de frissons ! Pas étonnant qu'il maudisse quiconque n'allant pas dans son sens ! Il se sentait sur le point d'exploser à tout instant…

- En tout cas, une chose est sûre… j'ai jamais autant ressenti mes deux milles ans.

Deux milles ans… dans un corps d'enfant.

- Qu'importe ! S'exclama-t-il. Ça change rien de toute façon… et puis ce qui compte, c'est que j'ai réussi à atteindre ta chambre ! Alors oui… je sais que c'est pas bien de désobéir, de fouiner, de mentir, d'espionner et de me servir des pouvoirs de l'île pour traverser vos barrières magiques… mais reconnais que c'est bien pratique !

Quand bien même, qu'aurait-il pu dire ? Il était ainsi ! Têtu, intrépide, borné, inflexible, entêté, difficile… et déterminé à ne pas obéir.

- Je sais aussi que tu serais la première à me gronder si t'étais pas endormis… mais si tu y réfléchis bien, techniquement parlant, je suis même pas d'ici ! Argua-t-il. Je ne suis pas anglais, sorcier ou lié à vos créatures magiques ! Je ne connais rien de vos coutumes, rites et modes de vie ! J'ai jamais mis un seul pied sur vos rives ! J'ai jamais prêté allégeance ni à Tom, Drago ou l'un de leur ministre ! Et mes seuls pouvoirs magiques ne viennent même pas de ce Versant, mais de mon Île ! En tout logique et par la Grâce de Marise… je n'ai donc aucune obligation envers les lois de ce pays !

Oui, enfin… si on omettait le fait qu'il était l'invité officiel du Souverain de ce dit-pays et qu'il habitait chez lui.

- Et puis, en toute honnêteté je…

Il n'arrivait pas à dormir.
Il n'arrivait pas à rester immobile.
Il n'arrivait pas à supporter la nuit.
Il n'arrivait pas à faire taire ses cris.
Il n'arrivait pas à distraire son esprit.
Il n'arrivait pas à calmer ses vertiges.

- Enfin, je… je…

Il… il n'arrivait pas à la savoir loin de lui.

- Tu me manquais… finit-il par dire.

Manquais…

- Tu… tu me manquais trop.

Trop… un bref petit mot, pour une définition de chaos. Car elle ne lui manquait pas « trop », non… mais horriblement. Douloureusement. Effroyablement. Terriblement. Inconditionnellement. Atrocement. Eperdument. Indescriptiblement. Désespérément. Affreusement. Irrévocablement. Cruellement. Furieusement. Abominablement. Incurablement. Monstrueusement. Ignoblement. Irrationnellement… et plus encore qu'il ne pouvait l'admettre sans en rougir de honte.

- Et… et c'est pas facile.

Non… ça ne l'était pas. Mais à qui parlait-il ? Aux vues des circonstances, la question aurait pu sembler risible. Pourtant et à la lueur de cette obscurité égoïste, elle n'avait jamais été plus légitime ; en particulier face à la froideur de cet immense lit… à la pâleur de son teint de cire… à la raideur de son corps livide… et à la lourdeur de son souffle inaudible.

- J'suis pas seul tu sais… tu leur manque tous.

Un souffle difficile.
Un souffle imperceptible.
Un souffle presque sans vie.
Celui de la nouvelle première femme de sa vie…

- Narcissa, Luna, Drago, les Mangemorts, Tom… ils ont tous peur de perdre. Avoua-t-il.

Plus douloureux que jamais, le silence d'Hermione lui arracha un hoquet ; le genre qu'il gardait muet, taisait et refoulait… mais qui face à sa peau de lait, redoublait.

- Ils… ils ont tous peur que tu te réveilles jamais.

S'étranglant subitement dans un sanglot refoulé, Connor déglutit dans une nouvelle apnée. Largement embués de larmes et de prières avortées, il se frotta les yeux d'un revers de poignet, peu désireux de n'offrir à la jeune femme que l'image d'un petit garçon apeuré. Et pourtant… c'est ce qu'il était. Apeuré. Effrayé. Mortifié. Dépassé. Horrifié. Et encore tant de chose qu'il ne pouvait nommer…

- Je… j'ai peur que tu réveilles jamais.

Incapable de reprendre son souffle, Connor cessa à nouveau de respirer sous la chaleur de ses joues. Conscient de sa fébrilité, de ses tremblements et milles larmes refoulées, il secoua la tête et tenta de résister, le cœur lourd et les lèvres pincées. Et pour cause ! Il ne voulait pas recommencer à pleurer. Il ne voulait pas recommencer à prier. Il ne voulait pas recommencer ses tirades éplorées ! Mais par tous les Dieux… c'était si dur de lutter ; si dur d'être là, à ses côtés comme si de rien n'était… de lui parler de ses journées comme si elle l'écoutait… de lui confier ses peines comme si elle les partageait… et de la border avec tendresse comme elle-même le faisait. Pourtant Connor le savait… bien qu'elle soit endormie, paralysée, immobile, prostrée et presque sans vie devant lui, aucune douleur n'était plus grande que de la savoir seule dans ce grand lit. Une douleur aux allures d'agonies, dont l'horreur était un peu plus insupportable à chaque nouvelle nuit…

- Mais… mais c'est que temporaire. Dit-il alors d'une voix fébrile.

Il l'espérait.

- Tom va te réveiller.

Il l'implorait.

- Il… il va te ramener.

Il le priait…

- Il me l'a juré !

Oui… il n'avait pas le choix, il devait la ramener ! D'ailleurs, il ne pouvait pas échouer ! Il était Voldemort, le Plus Grand de tous les Sorciers ! Le Dieu de ce Versant et de tous ses sujets ! Le Premier homme à avoir atteint l'immortalité ! Le Seul et Unique Roi de ce monde de damnés ! Et pourtant, presque vingt jours étaient passés depuis qu'Hermione était tombée… et depuis que la mort s'était mise à entreposait sa beauté.

Une beauté meurtrie, usée et affaiblie.
Une beauté fragile, malmenée et livide.
Mais une beauté que rien n'aurait su flétrir…

Semblable au bourgeon d'une fleur de lys, son visage émergeait gracieusement des couvertures de son lit. Endormi depuis plus de jours qu'il n'aimait le dire, ses traits illuminaient la chambre d'une aura angélique, ne laissant alors apparaître que repos et douceur salvatrice… que somptuosité et contours graciles… que légèreté et souffle inaudible… que beauté et splendeur indescriptible. Oh bien sûr, la guerre ne l'avait épargné de quelques blessures et nouvelles cicatrices ! Amaigries, ses pommettes striaient ses joues de leurs contours livides, de nouveaux points de sutures ornaient son front et ses sourcils, d'innombrables bandages remontaient de ses pieds jusqu'à sa poitrine tandis qu'une étonnante pâleur avait pris possession de ses lèvres autrefois carmines… pourtant et malgré les vestiges de ses combats et blessures ô combien gravissimes, jamais Connor ne croyait avoir déjà vu de beauté plus sublime. Plus parfaite. Plus… féérique. Rayonnant sous la lueur des bougies, ses longs cheveux l'auréolaient de leurs mèches et boucles indociles, ses paupières s'agitaient furtivement sous la dorure de ses cils, un doux parfum embaumait son cou d'eau de rose et de vanille, tandis qu'un infime souffle d'air soulevait délicatement sa poitrine… un tableau à l'envoûtement irréversible, à la fascination exquise et à la perfection ultime, dont aucune pupille ne pouvait s'en détourner sans frémir. Oui... comme si elle eut été un ange oublié des bibles, un cadeau des Dieux évincés des mythes ou une Reine tombée dans l'oubli, sa magnificence étincelait depuis de l'éclat de son silence maudit. Incapable de parler, de se mouvoir ou de hurler les feux de son agonie, elle n'en restait pas moins cet être d'enchantement, de rêve et de majesté divine… cette déesse de grâce, de noblesse et de grandeur lyrique… cette mère de cœur, de vie et d'amour infini. Ainsi, il n'était presque pas étonnant que la Mort la garde si jalousement entre ses griffes…

- Ne t'inquiète pas… souffla-t-il.

Elle était l'incarnation même de la splendeur de la vie.

- Je reste avec toi.

Aussi, c'est guidé par l'espoir fragile d'apaiser son supplice que le petit garçon s'empressa de lisser les pans de couvre-lit, de vider la cire des bougies, d'ôter la poussière de sa table de nuit, de replacer le col de sa chemise de nuit et de raffermir son oreiller à moitié avachi… avant de dégager son front de quelques boucles intrépides et de laisser un baiser furtif sur ses joues livides. Un petit rituel de douceur, d'amour et d'harmonie qu'il savait bien entendu interdit, mais qu'il n'aurait pas échangé contre dix milles navires… Pourquoi ? Oh, rien ne servait de mentir ! Hermione avait bouleversé sa vie. Oui, bouleversé… Transcendé. Métamorphosé. Sauvé. Illuminé. Elle… elle l'avait enchanté. Comment y était-elle arrivée ? Il n'aurait su l'expliquer, son esprit peinant encore à assimiler les vingt derniers jours d'horreur qu'il avait enduré ; mais quand bien même, à quoi bon se le demander ? S'interroger ? Ou tergiverser ?

De sa seule beauté, elle l'avait envoûté.
De sa seule témérité, elle l'avait captivé.
De sa seule sincérité, elle l'avait subjugué.
De sa seule loyauté, elle l'avait époustouflé !

Et de son seul amour, elle l'avait éveillé…

Oui… sans même le réaliser, Hermione avait exhumé ce qu'il croyait avoir enterré il y a des milliers d'années ; ce qu'il croyait avoir refoulé, caché, brisé, asséché et assassiné au fil de ses milles épopées. Mais il s'était trompé… un cœur ne meurt jamais. Une certitude aujourd'hui devenue vérité, qui sans qu'il ne puisse le contrôler, s'était tatouée à même la chaire de son petit cœur d'orphelin mal aimé…

- Narcissa pense que c'est une bonne chose que je puisse pas te rendre visite. Dit-t-il alors. Elle pense que te voir dans cet état pourrait me… me faire du mal, me perturber ou me rendre triste.

Mais comment cela pourrait-il être une bonne chose ? Elle était si belle. Si brillante. Si sincère. Si aimante. Si parfaite ! Et la vie était si cruelle…

Si cruelle de la laisser là, muette dans cette agonie.
Si cruelle de la laisser là, seule dans cet immense lit.
Si cruelle de la laisser là, vivante et pourtant si loin de lui…

- Oh ! J'allais presque oublier !

S'accroupissant brusquement sur sa chaise, le petit garçon s'empressa de fouiller sa poche, un nouveau sourire aux lèvres. Heureux, impatient et étrangement fier, il en sortit un petit mouchoir que Narcissa lui avait donné le matin même. Un mouchoir qu'il prit garde à manipuler avec délicatesse, attention et tendresse… et dont il sortit l'une de ses plus précieuses richesses.

- Je t'ai apporté un p'tit cadeau ! C'est pas grand-chose, mais… enfin je…

Bafouillant avec lui-même, Connor se gratta la tête, les joues rouges et le regard brillant de gêne. Pourtant, ce n'était pas grand-chose… mais il n'était pas habitué à offrir le moindre cadeau. A vrai dire, il n'en avait même jamais offert un qui n'ai pas été au préalable volé sur un bateau ! Mais celui-ci était différent… celui-ci venait tout droit de l'Autre versant.

- Je… je l'ai fait moi-même.

Oui… déterminé à lui offrir quelque chose d'unique et d'intemporelle, le petit garçon s'était lancé corps et âme dans la confection d'une petite relique ; non pas une amulette, un collier de perle ou un bijoux à la quelconque valeur monétaire… mais un souvenir qu'il avait voulu rendre immortel : l'un de plus précieux de ses deux derniers millénaires.

- Je… je suis pas très doué et… tu voudras sûrement jamais le porter ! S'empressa-t-il d'ajouter. Mais avec un peu de chance je… je me suis dit que ça te plairait.

Dévoilant son maigre présent à la lueur des bougies, Connor sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il est vrai que vu sous cet angle, il n'était pas très joli ; ou tout du moins, pas autant qu'il l'aurait espéré après plusieurs de travail acharné et d'efforts de minutie ! Mais bien qu'il ne soit pas parfait, il était unique... tout comme la place qu'elle avait pris dans sa vie.

- J'ai… j'ai entendu dire qu'on offrait des cadeaux aux gens qu'on aimait.

Se taisant un court instant sous la douleur de son cœur battant, Connor serra les dents.

- Aussi loin que je me souvienne, personne ne m'en a jamais offert. Souffla-t-il tremblant. Mais c'est pas grave parce que… parce qu'aujourd'hui, c'est à mon tour d'honorer cette tradition !

Emu, c'est avec dévotion que Connor embrassa son cadeau du bout des lèvres, les yeux humides mais le cœur dénué de la moindre tristesse. Heureux de vivre un tel instant, il sentit son cœur battre d'une nouvelle fière, mélange d'impatience et bonheur irréel… un bonheur à l'apparence rudimentaire, mais qui se mit à le faire trembler de tout son être. Oui…

Aujourd'hui, c'était à lui de faire ce geste.
Aujourd'hui, c'était à lui de prendre soin d'elle.
Aujourd'hui, c'était à lui de lui dire… je t'aime.

Aussi, c'est avec la plus grande des délicatesses que le petit garçon quitta sa chaise, s'assit à côté d'elle et fit une petite prière… avant de lentement saisir son poignet et d'y attacher son bien le plus cher. Bien sûr, il ne s'agissait pas là d'un bijoux en or, en argent ou en fer ! Mais d'un petit bracelet torsadé, à l'allure modeste ; un bracelet qu'il avait lui-même tissé à partir du bandana qui avait orné sa tête pendant près de deux millénaires… le même bandana qu'Hermione avait maudit quand elle tenté de démêler sa crinière.

- Je voulais te l'offrir avant qu'on quitte l'île mais… j'ai été un peu dépassé par les évènements. Avoua-t-il dans un sourire.

C'était le cas de le dire…

- Je sais que c'est pas grand-chose et… et je sais qu'il est pas très bien fait, mais j'ai pensé que ce serait un beau souvenir !

Un beau souvenir ; le plus merveilleux de toute sa vie…

- Je l'ai tissé moi-même ! S'exclama-t-il. Je voulais qu'il soit unique et vous rappel nos aventures sur l'île, alors j'ai… j'ai utilisé mon vieux bandana, une de mes mèches de cheveux et petit un bout de voile que j'ai récupéré avant que les navires prennent en feu.

Le souvenir d'un moment en famille.

- J'en ai fait trois en tout ; un pour toi, moi et Tom ! J'ai pas encore eu l'occasion de lui offrir le sien mais… j'espère bientôt !

Oui… bientôt Hermione serait réveillée.
Bientôt Tom porterait son bracelet au poignet.
Bientôt, tous leurs maux seraient enfin oubliés.

Souriant une dernière fois à la jeune femme, le petit garçon soupira entre deux espoirs, le regard emplit d'étoiles à mesure qu'un puissant frisson étreignait son âme ; un frisson tout aussi revigorant qu'étrangement vorace, qui allié à sa fatigue et son émoi, ne tarda pas à le bercer de ses sursauts épars. Apaisé, heureux et étrangement délassé, il ne mit pas longtemps avant de bailler, de s'ensuquer et de sentir ses pensées s'étioler… un instant pendant lequel il hésita à rentrer se coucher, mais dont le futur périple ne réussit qu'à davantage l'épuiser. Aussi, c'est sans plus s'interroger que Connor se laissa aller à la douce chaleur de l'obscurité ; s'allongeant délicatement à ses côtés, il se blotti contre ses couvertures molletonnées, inspira avec force le doux parfum de sa Déesse bien-aimée et entrelaça leurs doigts dans un soupir comblé… avant de lentement se laisser sombrer entre les bras de Morphée.


Et voilà les amis... un chapitre entier consacré à notre petit Connor.

Comme vous pouvez le voir, la fin de la guerre ne l'a pas épargné... mais ne vous en faîte pas, son bonheur ne va pas tarder !
J'espère en tout cas que ce chapitre vous a plu et qu'il n'était pas trop triste ! Je sais qu'il est dense, mais ça me tenait à cœur d'explorer ses pensées, ses doutes et ce qu'il avait enduré ! En espérant que je ne m'y sois pas trop emmêlé ^^'

Sur ce je vous dis à très vite !
BIZZEEEEE