- Connor ?!
Terrassé, sonné et aliéné, Voldemort ne sut pas comment il réussit à rassembler ses pensées, à retrouver un semblant de lucidité et à renouer avec le sens de sa réalité ; il ne sut pas non plus comment il réussit à surpasser la douleur qui l'assaillait, à se redresser sur son tapis calciné et à oublier l'apnée qui l'étranglait... mais ce qu'il sut en revanche, était que quelque chose de grave se passait ; quelque chose qu'il ne réussit pas à s'expliquer, à comprendre, ni même à analyser… mais quelque chose qui alors même que le silence régnait, se mit à hurler.
- Tom !
Oui…
- A l'aide !
Connor hurlait.
- Tom !
Connor l'appelait.
- Vite !
Connor le suppliait.
- Dépêche-toi !
Un détail qui alors même que son esprit vacillait, que son souffle s'épuisait et que ses sens s'étiolaient, le frappa d'un bref temps d'arrêt… avant qu'une soudaine horreur ne délave ses traits.
- Connor ! S'écria-t-il horrifié.
Se relevant sans même respirer, le Mage Noir détailla sa chambre d'un air troublé, le cœur battant et le front trempé. Incapable de comprendre d'où ses hurlements provenaient, pourquoi leurs échos se décuplaient et par quels moyens Connor était entré, il mit plusieurs secondes à contempler le désordre qui l'entourait, mélange de meubles renversés et de livres calcinés. Pourtant il n'avait pas rêvé… Connor hurlait. Connor l'appelait. Connor le suppliait ! Connor… Connor était en danger.
- Co… Connor ?!
- Tom !
Oui… il pouvait le sentir dans l'écho latent de sa voix terrifiée, Connor était en danger ! Mais comment ? Pourquoi ? Où ? Par qui ? Et par quoi ?! Il ne chercha pas à se le demander ; à vrai dire, il n'eut même pas le temps d'y penser… en particulier quand les mots du petit garçon l'assaillir de plein fouet.
- Je t'en prie ! Viens vite !
Terrassé par la violence d'un cri aussi exacerbé, Voldemort vacilla brusquement dans le sifflement d'un acouphène effréné, ses deux mains se plaquant alors furieusement contre ses oreilles gonflées. Comme s'il avait été frappé en plein visage, que son cœur avait cessé de battre et que son appel avait perforé son âme, il se sentit brusquement haleter, trembler, suer et tanguer, le souffle court et la vue troublée... Un étrange instant emplit de grimaces et de hurlements étouffés, pendant lequel il sentit ses tympans saigner, ses yeux se révulser et sa tête sur le point d'exploser.
- Tom ! Au… au secours !
Pourtant et alors que ses sens le trahissait, que son insupportable douleur empirait et que sa panique grandissait, ce n'est pas la puissance de son cri qui le terrifia… mais bien l'urgence de son absolu et incontestable désespoir. Un désespoir puissant, étrange et implacable ; un désespoir vibrant, troublant et viscérale… un désespoir dont la seule existence, lui retourna les entrailles.
- Co… Connor ! Hurla-t-il. Connor !
Il était là… il pouvait le sentir, il était là !
- Connor ! Où es-tu ?!
Il était là ! Il était là !
- Connor ! Réponds-moi !
Mais où ? Comment ? Pourquoi ?! Ses appartements n'avaient rien de vaste ! Il n'était entouré que de feuilles volantes et de quelques grimoires ! Et plus troublant encore, sa magie ne détectait pas la moindre menace ! Pourtant et bien qu'il peine à y croire, ses cris lui donnait l'impression de résonner depuis l'intérieur de son crâne…
- Là !
Là…
- Je… je suis là !
Là… là… là… mais où là ?! Il n'y avait rien !
- Tom !
A moins que…
- Par Morgane… souffla-t-il ahurit.
N'osant pas achever le cours de sa propre pensée, Voldemort déglutit dans une nouvelle apnée. Non… non, il ne pouvait pas être là où il pensait. C'était impossible ! Irréaliste ! Risible ! Pour ne pas dire profondément stupide ! Mais sans grande surprise, les Dieux le narguaient de nouveaux supplices…
- Connor !
Aussi et bien que son corps lui semble sur le point de se disloquer, que chacun de ses pas lui arrache un cri étouffé et que tout son être peine à suivre le rythme de son cœur endiablé, c'est happé par l'élan d'un instinct plus grand que son éternité que le Mage Noir s'élança dans une course effrénée... Une course bien plus courte qu'on aurait pu l'imaginer, mais dont la destination ne manqua pas de le pétrifier.
- Oh non, non, non, non… Connor ! Connor ! S'étrangla-t-il paniqué.
Hurlant à pleins poumons devant la petite porte dissimulée à côté de sa cheminée, Voldemort la martela de coups de poing enragés, mortifié à la seule idée que le petit garçon puisse se trouver de l'autre côté. Une hypothèse qu'il espéra erronée, insensée et toute aussi dérisoire que son flot infernal de pensées ; mais une hypothèse qui ne réussit qu'à lui donner la nausée quand un puissant frisson se mit à le parcourir de la tête aux pieds… le genre de frisson qu'il n'avait pas ressenti depuis plusieurs années et qui sans qu'il ne puisse lutter, lui confirma la plus grande horreur de sa journée.
- Tom !
Par tous les Dieux…
- Co… Connor ?! Appela-t-il désemparé. Tu es là ?!
Il était dans sa chambre.
- Je suis là ! Je suis là ! Entendit-il résonner.
Connor était dans sa chambre.
Connor était dans sa chambre.
Connor était dans sa chambre !
- Aide moi !
Sa chambre… à elle.
- Vite !
Pourtant ça n'aurait pas dû être possible… pour preuve, tous accès à cette chambre étaient interdits ! Scellés ! Proscrits ! Calfeutrés ! Bannis ! Et condamnés par le sceau insubmersible de sa propre magie ! Et encore, c'était un euphémisme ! En particulier quand on savait que chacun de ses murs avait été imbibé de puissants sortilèges défensifs… que chaque fenêtre avait été équipée d'un savant système de sécurité permettant la détection de toute présence intrusive… que le sol lui-même avait été ensorcelé de manière à déclencher une alerte capable de réveiller tout le pays… et que quiconque pénétrant dans cette enceinte sacrée à part lui, était censé se voir immédiatement assaillis d'une magie toute aussi brutale que nocive.
- Oh bon sang… hyperventila-t-il.
Alors comment ?! Comment avait-il fait ? Comment était-il entré ? Par quels moyens ? Miracle ? Magie ? Aide ? Subterfuge ? Et plan savamment orchestré ? Voldemort n'aurait su dire, incapable de comprendre ni même de concevoir comment une telle chose était possible… non pas qu'il ait véritablement le temps de s'interroger ; en particulier quand ses cris se mirent à redoubler.
- Tom !
S'écriant par-delà la porte dissimulée, le petit garçon s'égosilla tel un possédée, une puissante terreur résonnant dans l'écho de sa voix enrouée… une terreur que le Mage crut entendre s'aggraver entre deux vrombissements étouffés et dont l'omniprésence le fit brutalement déchanter.
- Connor ! S'écria-t-il horrifié.
- Tom !
- Je suis là ! Ne t'inquiète pas je… je vais te sortir de là !
Le cœur au bord des lèvres, Voldemort s'empressa de saisir sa baguette, prêt à faire exploser la porte et ses milles barrières d'un seul sortilège ! Mais avant même qu'il ne puisse la toucher, la désensorceler ou la faire exploser, c'est sans comprendre comment ni pourquoi que le Mage se vit immédiatement désarmé. Oui… désarmé. Volant brusquement depuis sa main jusqu'à l'autre bout de ses appartements, c'est le regard ahurit et le pouls branlant que le Mage vit la Baguette de Sureau se faire balayer tel un vulgaire bâton… Soufflé en moins d'un dixième de seconde, elle ricocha contre un mur et roula sous un tapis de cendre, ses étincelles s'étouffant fatalement sous les affres d'une onde de choc jusqu'alors restée latente.
- Oh non…
Une onde de choc que Voldemort senti peu à peu croître depuis les contours dissimulés de la chambre.
Une onde de choc dont l'étrange résonnance ne tarda pas à perforer davantage ses tympans.
Une onde de choc dont la seule présence suffit à retourner son sang…
- Connor ! S'écria-t-il.
Ce n'était pas normal ; Connor, ces cris, cette onde, cette magie... ce n'était pas normal ! Pour preuve, cette onde ne devrait pas pouvoir exister, sa baguette n'aurait jamais dû pouvoir lui échapper et cet insupportable écho ne devrait pas pouvoir résonner ! Mais tout cela s'enchaînait, s'accumulait, se décuplait, s'accélérait, s'aggravait… alors même qu'Hermione et le petit était à coincé de l'autre côté.
- Connor ! Hurla-t-il en transe. Connor !
Une idée qui plus que toutes les autres, suffit à l'aliéner.
- Connor !
- Tom ! Vite !
S'acharnant sur la porte entre milles cris désespérés, le Mage Noir tenta de l'enfoncer, de la briser et de la faire céder, son épaule s'écrasant frénétiquement contre son pans de bois ensorcelé… mais ni cette dernière, ses poings, ses pieds ou sa magie excédée, ne réussirent à la faire trembler. Irrémédiablement scellée en dépit du vrombissement assourdissant qui s'en dégageait et de ses assauts acharnés, ses gongs restaient ancrés, sa façade immaculée et sa solidité incontestée… une évidence qui ne tarda pas à le mortifier.
- Connor ! Connor ! Ouvre la porte ! Scanda-t-il paniqué.
- Je… je peux pas !
Par tous les Dieux…
- Mais qu'est-ce qui se passe ?! S'époumona-t-il.
Il devait lui dire ! Il devait savoir ! Il devait l'aider à comprendre quel nouveau fléau était en train de prendre racine dans le noir ! Mais les échos et vrombissements se faisaient de plus en plus voraces, puissants et insoutenables… à tel point qu'il ne fallut pas longtemps avant que sa voix ne se fasse rare.
- Co… Connor ?!
Au bord de l'arrêt cardiaque, Voldemort colla son oreille en sang contre le pans de bois, cherchant alors par tous moyens à l'entendre par-delà cette atroce vacarme…
- Connor ! Hurla-t-il plus fort.
Mais seule cette onde terrassait son crâne.
- Connor ! Parle… Parle-moi !
Un silence.
Un deuxième.
Mais rien ne résonna.
- Connor ?!
Un silence.
Un deuxième.
Mais rien ne s'éleva.
- Connor !
Un silence.
Un deuxième.
Et son cœur flancha.
- Non, non, non… psalmodia-t-il. Connor ! Connor, réponds-moi !
Horrifié par le présage d'un silence aussi insensé, Voldemort senti son corps fourmiller entre deux hoquets inquiets, mélange d'adrénaline et de terreur incontrôlée. Seigneur… il avait cessé de hurler. Il avait cessé de hurler ! Pourquoi avait-il cessé de hurler ?! N'était-il plus en danger ? Avait-il trouvé un moyen de s'évader ? Cette horreur était-elle sur le point de cesser ?! Ou… ou un plus grand drame venait-il de se passer ? Au bord de l'étouffement, Voldemort ne trouva pas la force de l'imaginer, son cœur peinant à battre face aux contours de cette seule idée… une idée qui suffit cependant à le transcender.
- Connor !
Délesté de toute raison, le Mage Noir s'acharna plus encore. Le souffle court, il usa de toutes ses forces, martela la porte, lui lança des sorts et y jeta son propre corps, désespéré de n'être qu'à un maudit pan de bois de Connor ! Mais il avait beau lutter, s'écrier et tout tenter… rien ne marchait.
- Connor !
Oui… rien ne marchait.
- Réponds-moi bon sang ! Réponds-moi !
Il ne criait plus.
Il ne parlait plus.
Il ne répondait plus…
- Je t'en prie ! Parle-moi !
Par tous les Dieux… Il devait entrer. Il devait le libérer. Il devait le sauver ! Il devait trouver un moyen de le sortir de cet écrin d'échos, de cris et drames dissimulés ! Mais il avait beau chercher, son silence persistait… tandis que cette onde, elle, se décuplait. Semblable à la palpitation d'un cœur sur le point d'exploser, à un raz de marée se préparant à les balayer ou à un volcan s'apprêtant à les éradiquer de son magma enragé, elle l'accablait de sa force inexpliquée… l'assaillait de tous côtés… le frappait sans s'essouffler… et le terrassait en vagues désordonnées. A tel point qu'il ne fallut pas longtemps avant que ses assauts ne le forcent à s'accrocher à la porte pour ne pas s'écrouler… Incapable de la surpasser, de la combattre ou d'y résister, elle lui arracha un cri étranglé, le désarmant un peu plus à chaque seconde passée. Une puissance qui le laissa tout aussi abasourdi que profondément démuni ; mais une puissance dont le chaos, l'anarchie et la brutalité allèrent presque à lui rappeler celle de… de… de…
- Grand Dieu…
… celle de l'Île.
- Oh bon sang ! Connor ! S'étrangla-t-il.
C'était la magie de l'Île.
- Connor ! Connor !
C'était la magie de l'Île.
C'était la magie de l'Île.
C'était la magie de l'Île.
- Connor !
Comment était-ce possible ? Connor en était-il à l'origine ? Etait-il en pleine crise ?! Trop sonné pour y réfléchir, le Mage Noir dû s'accouder contre la porte pour ne pas faillir, son corps peinant à endurer les assauts d'une magie aussi primitive. Pourtant il le savait… il pouvait y résister. Il pouvait la surpasser. Il pouvait la déjouer ! Pour preuve, il l'avait déjà fait ! Plus encore, il l'avait leurré, canalisé, modelé, détourné et même utilisé ! Certes, un tel procédé avait failli le tuer ; et sa survie n'aurait sûrement pas été possible sans le concours d'une sphère prophétique et d'un Pentagramme inversé… mais aujourd'hui, rien de tout cela importait. Pourquoi ? Parce qu'en dépit de sa primitivité, de sa force et de son pouvoir de décision inégalée, cette magie n'avait pour fondement que la plus puissante et irréversible des loyautés… et se faisant, elle ne quittait jamais ceux qui parvenaient à la dompter. Non… elle s'y s'accrochait. Elle persistait. Elle rayonnait. Elle grandissait. Elle se propageait !
Elle… elle vivait.
- Allez…
Aussi, Voldemort le savait : en cet instant précis et bien qu'ils soient à des milliers de kilomètres de l'Île, une partie de cette magie vivait en lui.
- Tu peux le faire…
Oui… il n'avait pas à la subir.
Oui… il n'avait pas s'y montrer hostile.
Oui… il n'avait pas à lutter pour s'en faire obéir.
- Ô… Ô toi, île de mes rêves… je lève mon verre en ton nom et implore ton pardon.
Peinant à articuler sous la douleur de ses joues crispées, Voldemort frissonna entre deux apnées.
- Pardonne mon offense et entend ma prière.
Il pouvait y arriver.
- Je t'en supplie… laisse-moi rejoindre ton Capitaine.
Il pouvait lui parler !
- Et je jure sur tout ce que j'ai de plus cher que... tout comme ma vie, ma grandeur et mon règne, ma reconnaissance sera éternelle.
Au bord d'un malaise, Voldemort se mordit la lèvre dans un frisson éclair, son pouls l'assourdissant presque autant que sa prière. Pourtant et bien qu'il y mette toute l'ardeur de sa fière, toute la témérité de son être et la sincérité de son cœur de pierre, c'est dans un capharnaüm digne des plus grands enfers, que les assauts redoublèrent…
- Ô… Ô toi, île de mes rêves ! Répéta-t-il plus fort. Je lève mon verre en ton nom et implore ton pardon ! Pardonne mon offense et entend ma prière ! Et par la grâce de Marise, je t'en supplie… laisse-moi rejoindre ton Capitaine ! Je jure sur tout ce que j'ai de plus cher que ma reconnaissance sera éternelle !
Des assauts qui le forcèrent à mettre un genoux à terre.
- Ô toi, île de mes rêves ! Je lève mon verre en ton nom et implore ton pardon ! Pardonne mon offense et entend ma prière ! Et par la grâce de Marise… je t'en supplie, laisse-moi rejoindre ton Capitaine ! Je… jure sur tout ce que j'ai de plus cher que ma… ma reconnaissance sera éternelle !
Des assauts qui lui retournèrent les viscères.
- Ile de mes rêves ! Hurla-t-il entre ses lèvres. Je lève mon verre en ton nom et implore… et implore ton pardon ! Pardonne mon offense et entend ma prière ! Et… et par la grâce de Marise… je t'en supplie, laisse-moi rejoindre ton Capitaine ! Ma… ma reconnaissance sera éternelle !
Des assauts qui lui firent baisser la tête.
- Ile de… île de mes rêves ! Je… je lève mon verre en ton nom et implore ton… ton pardon ! S'il te plaît, pardonne mon offense et entend… entend ma prière ! Par la grâce de Marise je… je t'en supplie, laisse-moi… laisse-moi rejoindre ton Capitaine.
Des assauts qui après plus d'un minute de déferlement cruel, finirent par lui arracher une grimace amère…
- S'il te plaît…
S'il te plaît…
S'il te plaît…
S'il te plaît…
- J'ai dit… s'il te plaît !
S'il te plaît…
S'il te plaît…
S'il te plaît…
- Allez !
S'il te plaît…
S'il te plaît…
S'il te plaît…
- Je t'en prie !
Ne croyant presque plus en ses chances, Voldemort maudit le ciel, une nouvelle rage au bord des lèvres ; une rage qu'il aurait volontiers hurler à grande voix face à cette magie acerbe… mais dont l'impuissance ne réussit qu'à galvaniser sa haine.
- Par Lucifer…
Maudit soit cette île…
Maudit soit sa magie…
Maudit soit ses pouvoirs impies !
- Par Lucifer !
Et maudit soit son incontestable suprématie…
- Par pitié ! Que cela cesse !
N'entendant même pas son cri sous la force de son acouphène, le Mage Noir senti un frisson parcourir ses vertèbres… le tout premier d'une nouvelle centaine, qui alors même qu'il crut que son crâne allait exploser, que son corps allait s'effondrer et que les Dieux allaient l'abandonner, se mua brusquement un murmure étouffé. Loin des sifflements qui ne cessaient de l'accabler, des ondes qui s'attelaient à le faire plier ou encore des échos de cette magie de damnés, il sembla se distinguer de par sa clameur plus mesurée, mélange de souffles et de prière inavouée… mélange de soulagement et douceur désintéressée… mélange de répits et de promesses engagées. Un murmure tout aussi inédit qu'indescriptiblement familier, qui alors même que tout semblait sur le point d'exploser, suffit à surpasser cet enchevêtrement d'onde et de chaos insensé. Comment ? Voldemort n'aurait su l'expliquer ; à vrai dire, il ne fut même pas certain de ne pas l'avoir imaginé ! Mais ce qu'il fut certain de ne pas imaginer en revanche, fut ce qu'il vit sous ses yeux effarés… des yeux qu'il avait rouvert sans grands espoirs, mais qui sans qu'il ne sache comment ni pourquoi, virent la porte qui lui faisait face disparaître en un claquement de doigts.
Oui… disparaître.
Comme s'il avait halluciné, que la porte n'avait jamais existée et qu'il frappait dans le vide tel un dégénéré, un trou béant l'avait remplacé, ne laissant alors qu'un immense vide contre le mur de sa cheminée ; un vide qu'il n'eut cependant pas le temps de contempler, d'étudier ni même d'interroger… mais qui lui offrit la vision la plus effrayante qu'il put imaginer.
- Oh non…
Un Connor inconscient, aux joues creuses et yeux révulsés…
- Co… Connor ?!
… allongé au côté d'une Hermione aux joues pleines et au teint rosé.
- Hermione ?!
Une image toute aussi incompréhensible qu'impossible à expliquer, qui le paralysa davantage quand il vit la chambre dévastée… leurs doigts entrelacés… la magie de l'Île rayonner… Hermione balbutier… et Connor cesser de respirer.
Il était étrange de vivre… de se sentir naître du vide… de croître au cœur d'une immensité cosmique… de percevoir chaque battement de son harmonie… de se fondre dans son incandescence divine… et de s'unir aux entrailles célestes de son infini. Pourquoi une telle étrangeté ? Cette question semblait légitime. Mais Grand Dieu… il y aurait tant à dire. Tant à montrer. Tant à décrire. Et pourtant, aucune échelle de temps ne suffirait à couvrir ne serait-ce que la moitié des raisons pour lesquelles cet instant était tout ce qu'une âme pouvait espérer vivre.
Un instant de parfaite communion.
Un instant de céleste magnificence.
Un instant d'éternelle d'omniscience.
Mais n'était-ce vraiment qu'un instant ? Pouvait-on seulement lui donner une mesure de temps ? Le quantifier à un simple amas de secondes ? Et le réduire à une échelle d'existence ? Peut-être pas… d'ailleurs comment savoir ? Comment l'identifier ? L'analyser ? L'évaluer ? Ou ne serait-ce que prétendre être en mesure de percevoir l'étendu de sa complexité ?! Cela ne semblait pas possible ; concevable ou seulement imaginable ! Non… cet instant était indéfinissable. Indescriptible. Inexprimable. Indivisible ! Il… il était l'éternité en un battement de cil. L'immuabilité en un frisson d'échine. L'intemporalité en une simple esquisse. La perpétuité en un souffle inaudible. Et plus encore qu'aucun mot ne serait jamais en mesure de retranscrire…
Oui.
Quoi qu'il puisse être – une seconde, une minute, une heure, une année, un siècle, un millénaire ou encore une constante à la temporalité universelle – l'essence de cet instant là ne pouvait être contenu aux travers de simples lettres ; de simples mots résonnant fébrilement dans l'air, d'inutiles phrases à la tonalité légère ou de quelques discours à la gravité éphémère ! Non… cet instant était un souffle d'éternel. Un morceau d'identité céleste. Un fragment d'univers contenu dans une petite cuillère. Sans début ni fin, sans frontière ni chemin, sans contour ni destin, sans veille ni lendemain, sans limite ni déclin, sans plan ni dessein, il semblait incarner l'omniscience d'un souffle divin… le tout contenu au creux d'une main. Et que les Dieux lui en soit témoin, jamais Hermione Jean Granger Malfoy n'aurait un jour imaginé porter pareil écrin d'absolu en son sein. Car c'en était un ! Un écrin… dont elle était le cœur carmin. Cela avait-il le moindre le sens ? La moindre logique ? Ou résonnance ? Pas vraiment… mais à quoi bon se poser la question ?
Pour la première fois de son existence, Hermione voyait avec clairvoyance.
Pour la première fois de son existence, Hermione amorçait une véritable renaissance.
Pour la première fois de son existence, Hermione se sentait acquérir les clé de sa délivrance.
Et plus sublime encore… pour la première fois de sa pénitence, Hermione ne ressentait plus la moindre souffrance.
Etrange ? Ça l'était. Impossible ? Ça l'était aussi. Mais magnifique ? Somptueux ? Exquis ? Prodigieux ? Inouï ? Miraculeux ? Ça l'était bien plus que tout ce qu'elle aurait pu imaginer connaître. Alors oui, quitte à manquer de bon sens, de lucidité et de raison, Hermione était volontiers prête à se laisser aller à toutes les divagations… car cet instant n'avait aucun équivalent.
Pourtant, cet instant ne devrait surprendre personne. Au contraire même ! L'infini, l'incandescence, la grandeur divine, la délivrance, l'expansion cosmique, la résonnance, le but de toute existence… tout cela n'était que le berceau même de la vie, des mondes, des astres, des cieux et de leurs mélodies. Plus encore ! Il s'agissait là de l'essence même de l'Eternel, de ses vœux et desseins mystiques ! Du nectar d'une conscience à l'absolutisme métaphysique, lyrique et cathartique ! De la quintessence d'une promesse d'omniscience salvatrice, bienfaitrice et protectrice ! Mais par-delà ces cieux et cette promesse exquise, il n'existait malheureusement aucune place pour la moindre vérité séraphique… pour la moindre magnificence divine, connaissance ultime, grandeur sublime et idéal d'un tout uni. Non… ici-bas, tout cela n'était alors qu'allégations chimériques, qu'imagination irréaliste, discours fictifs et divagations fantasmagoriques ! Des mots bien hypocrites, à l'insulte facile et aux blasphèmes abusifs ; mais des mots dont les auteurs, parents et autre géniteurs égoïstes, n'étaient rien de moins que l'apanage d'une ignorance dynastique…
Une ignorance à l'image de leur doctrine, mensonges et intolérance dogmatique.
Une ignorance élue égérie d'un scepticisme archaïque, d'une crainte fanatique et d'une bêtise sectatrice.
Une ignorance désignée génitrice, alliées et amie de la plus terrible, perfide et destructrice des boulimies…
Car telle était la pathologie de si petits esprit ! Des esprits malades, aux joues pleines et ventres faméliques, qui n'avaient pour appétit que ce qu'ils s'empressaient si désespérément de vomir… Ainsi et de leurs bouches trop pleines mais bientôt vides, ne se dégageaient que l'odeur putride de leur plus insatiable désir : un savoir qu'il se refusait d'acquérir… un savoir avec lequel il refusait d'interagir… un savoir qu'il s'attelait à vomir. Ne restait alors comme vestige de leurs vices que la brûlure acide de leur bile, que l'amertume de leurs esprits vides, et la certitude d'une satiété interdite : une satiété de vie…
Or, Hermione le réalisait aujourd'hui ; bien malgré elle, elle avait été cette boulimique.
Elle avait été cet esprit vorace de connaissance futiles.
Elle avait été cette bouche trop pleine de critiques sceptiques.
Elle avait été ces joues creusées par l'amertume d'une ignorance archaïque.
Elle avait été ce ventre creusé, osseux, grondant et affamé de vérités tangibles.
Elle avait été cette gorge brûlante, gonflée et palpitante de bile aux rancœurs toxiques !
Elle… elle avait été ce corps famélique en quête de satiété de vie.
Mais aujourd'hui… aujourd'hui prenait fin son agonie. Aujourd'hui cessait sa boulimie. Aujourd'hui commençait sa véritable vie ! Car aujourd'hui, naissait les bases de son nouvel esprit… De quelle manière cela allait-il se produire ? Elle n'aurait pu le décrire. Pourquoi cela se passait-il aujourd'hui ? Elle n'aurait su le dire. Qu'allait-il advenir ? Elle ne tarderait pas à le découvrir. Mais par-delà ses derniers doutes, une certitude ne cessait de grandir… tout cela n'était que le début de son voyage ultime.
Un voyage qui avait commencé à l'effleurement d'une magie.
Un voyage qui avait commencé au contact d'un sourire.
Un voyage qui avait commencé à l'amour de son fils.
Hello tout le monde ! Voilà la suite tant attendue avec un nouveau suspens de fin ! ;D
J'avais hâte d'en venir enfin à ce fameux passage et d'à nouveau insérer le point de vue d'Hermione dans le déroulé de l'histoire ! J'ai bien conscience qu'il est un peu abstrait et qu'il se veut très poétique (peut-être un peu trop même ^^') mais il me tenait à cœur... et ce n'est pas tout, car il est le premier d'une longue série de prises de conscience, d'éveil, de réalisation et de nouveaux bouleversements... qui seront nombreux, croyez-moi ! En particulier après ce chapitre-ci, dont j'ai hâte d'avoir vos avis !
Oh ! Et je tenais à vous remercier pour toutes vos théories ! Vous avez tous soulevé des points particulièrement précis et j'ai hâte de pouvoir vous révéler l'intégralité des circonstances du réveil d'Hermione (ou du non-réveil, qui sait ? ;)) ! Malheureusement et j'en suis désolée, cela ne sera pas pour tout de suite...
Et oui, je vais devoir refaire une petite pause estivale ^^' ! J'avais espéré pouvoir continuer de publier jusqu'à mi-Août, mais mon emploi du temps à un peu changé et avec lui, quelques unes de mes obligations professionnelles. Ne vous en faîte pas, je reviendrais très vite avec toutes les réponses à vos questions et des chapitres bien plus conséquents ! Mais pas avant la rentrée, j'en ai bien peur... Comme vous avez pu le voir, je n'ai pas pu avoir le rythme de publication que j'espérais avoir en cette première partie d'année ; mais avec un peu de chance et une fois la rentrée passée, les choses devraient se régulariser... du moins, je l'espère !
En tout cas, sachez que j'ai toujours l'intention de faire de mon mieux et de vous offrir le meilleur de mon écriture jusqu'à la fin de cette histoire (qui sera encore très longue tout compte fait !) J'ai encore pleins d'aventures, de retournements de situations et de révélations à vous partager et je me languis déjà de vous retrouver à la rentrée.
Et surtout... merci à vous tous du fond du cœur. Le fait de pouvoir converser avec vous, de débattre et même d'apprendre à vous connaître est tout bonnement incroyable pour moi. Et savoir que vous continuez à me lire avec autant de passion, d'attention et de fidélité me touche au delà de tout. Promis, je ferais de mon mieux pour que la suite ne vous déçoive pas et vaille votre attente.
Sur ce, je vous dis à très vite 3
Bizzeeee
