Voici la suite, selon le point de vue de Raditz, cette fois.
Laissez-moi savoir si vous aimez :)
xx
La femme aux cheveux bleus était partie depuis quelques minutes déjà. Mais Végéta n'avait toujours pas bronché, les yeux encore rivés sur un point invisible, en direction de la porte d'entrée par laquelle elle avait disparu.
Juste à côté de lui, Nappa et Raditz se foutaient de sa gueule plus que jamais.
- Tu as vu sa tronche? s'esclaffa Raditz.
- C'est vraiment du sérieux. On dirait qu'elle vient de lui en mettre une en plein sur la gueule, renchérit Nappa.
- Tu crois qu'il va s'en remettre tout seul? Est-ce qu'il faut qu'on intervienne? Après tout, on ne l'a pas souvent vu interagir avec les femelles. Et quand elles sont aussi belles…
- C'est l'amour au premier regard.
Tous deux rirent grassement.
- Il va avoir besoin de mes conseils, on dirait, dit Nappa en se frottant les mains.
- Des conseils? De toi? Tu veux qu'il la fasse fuir en courant? Non, il va avoir besoin de moi sur ce coup-là.
- Vous allez la fermer, oui? tonna soudainement Végéta en se tournant vers eux.
L'hilarité des deux hommes augmenta d'un cran. Il en fut de même pour l'agacement du troisième, dont les joues avaient pris une teinte légèrement rosée.
Nappa s'approcha de Végéta et lui donna une tape sur le bras qui aurait pu défoncer n'importe quel mur de béton.
-Allons Végéta, je t'agace. Ça arrive aux meilleurs d'entre nous. Après tout ce temps à ne pas voir d'aussi belles femmes, tes hormones te jouent des tours. Et à ta défense, elle était vraiment, vraiment jolie, yeux bleus ou pas.
- Si elle m'avait regardé comme ça, moi, je serais déjà en train de courir derrière elle, dit Raditz en se frottant l'entre-jambes par-dessus son armure. Je sais pas comment t'as fait pour ne pas lui sauter dessus.
- Tu vois, c'est pour ça qu'il a besoin de MES conseils, pas les tiens, lui dit Nappa en jouant avec sa fine moustache.
Végéta serra les dents. Les commentaires ingrats des deux autres l'agaçaient exponentiellement. Il commençait à regretter d'être venu sur cette foutue planète, devant cette putain de boîte de nuit. Mais Raditz n'y pouvait rien. Toute cette faune exotique le déconcentrait. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas mis les pieds sur une planète qui offrait autre chose que du sable et des créatures à la peau gluante.
-Imbéciles, cracha Végéta à leur intention. Je n'ai besoin des conseils de personne. Si je voulais vraiment cette Humaine, je pourrais me l'approprier sans difficulté. Foutez-moi la paix, restez concentrés et fermez-là!
Raditz ravala la moquerie qui lui brûlait les lèvres. Végéta avait l'habitude d'être intensément appliqué à la tâche, surtout lorsqu'on lui assignait une mission aussi importante que celle-ci. Il ne l'avouerait jamais, mais cette femme avait réussi à attirer son attention pourtant difficile à capter. Depuis toutes ces années à le côtoyer, jamais Raditz n'avait vu son prince aussi captivé par autre chose que par ses propres intérêts.
Et surtout, jamais il n'avait vu ses joues s'enflammer de convoitise.
Voilà pourquoi, nonobstant le fait que Végéta avait la gâchette facile sur la menace de mort, Raditz, avide de découvrir ce que ce caillou avait à lui offrir, décida de flatter la bête dans le sens du poil. Il n'allait certainement pas laisser passer une telle opportunité.
-Allons, Végéta, insista-t-il. On pourrait aller à l'intérieur et essayer de la retrouver. Tu pourrais te la faire avant que ça se mette à chauffer.
- J'ai dit non. J'ai d'autres priorités.
- Tant qu'on n'a pas eu le signal, il n'y a rien à faire. Et rien qu'à regarder les Humains qui sont ici, cette mission est déjà gagnée d'avance. Il n'y a rien à préparer. Et putain, je parie qu'elle t'attend déjà à l'intérieur!
- Et n'oubliez pas que je suis affamé. J'ai besoin de manger, renchérit Nappa.
Raditz lui envoya un sourire entendu. Nappa était toujours de son côté lorsqu'il s'agissait de convaincre Végéta d'avoir un peu de bon temps. Ils s'approchèrent tous deux de la porte d'entrée. Végéta n'avait toujours pas riposté, ce qui était bon signe.
-Je sais que tu as faim, toi aussi. Tu voulais goûter à un… burger… c'est ça? C'est maintenant ou jamais!
Végéta resserra ses bras autour de sa poitrine, grogna un coup, puis se mit en mouvement pour les suivre. Raditz poussa un petit cri de victoire avant de se diriger vers l'entrée par laquelle ils avaient vu les deux femmes entrer.
L'Humain qui était posté devant la porte les salua poliment. Il était tout de noir vêtu, un veston sur les épaules ainsi que des chaussures particulièrement bien cirées. Il portait une arme Humaine à la ceinture, détail que tous trois avaient vite fait de remarquer.
- Vous devez faire la file d'attente si vous voulez entrer, dit l'homme avec nonchalance.
- Tu as bien laissé passer les deux femmes avant nous, répliqua Nappa.
- Ici, c'est l'entrée privée. Leurs noms étaient sur la liste d'invités. Si votre nom n'est pas sur cette liste, vous devez attendre, comme tout le monde.
L'homme désigna d'un geste las la file d'attente qui continuait de s'allonger. Raditz leva un sourcil et afficha un sourire à son intention. Il s'approcha de lui en jouant distraitement avec la bande rouge qui enserrait sa cuisse dénudée. L'homme se raidit, et il recula instinctivement de deux pas.
Avec ses plus de deux mètres, la tonne de muscles qui saillait sous sa peau et l'armure démesurée qui reposait sur ses épaules larges, Raditz pouvait facilement être qualifié d'intimidant.
Il s'arrêta juste devant l'homme et son sourire s'élargit lorsqu'une odeur familière lui chatouilla les narines. Cet Humain puait la peur.
Bien. Ça allait être facile.
-Toi, dit Raditz à voix basse en enfonçant son doigt en plein centre de la poitrine du garde de sécurité. Tu pourrais m'inviter.
L'homme cligna des yeux. Une, deux, trois fois.
-Heu…, fit la seule chose qui sortit de sa bouche.
Raditz se pencha vers lui sans le quitter des yeux. Il fit un pas supplémentaire et l'air autour d'eux sembla s'échauffer.
-Tu sais, chuchota-t-il à son oreille, à mi-chemin entre menace et séduction, les hommes comme toi, je pouvais leur arracher les membres dès l'âge de cinq ans. Je te laisse imaginer ce que je pourrais te faire, là, maintenant, si tu ne m'invites pas, moi et mes amis.
L'homme baissa le regard et déglutit bruyamment. La main de Raditz s'était mise à jouer avec sa cravate. Lentement, très lentement, il en resserra le nœud. La peau de son cou se tordit sous le tissu qui s'enfonçait progressivement dans sa chair. Sa respiration devint rapidement laborieuse. Une goutte de sueur perla sur le front de l'homme et Raditz se releva pour la lécher.
-Tu as chaud, on dirait? Ne t'inquiète pas. Je fais cet effet-là à tous les hommes et les femmes qui se retrouvent sur mon chemin.
Raditz se redressa pour toiser l'Humain qui n'en menait pas large. Derrière lui, Nappa rigolait en se frottant le poing, tandis que Végéta nettoyait négligemment une saleté qui s'était incrustée dans sa botte. Tout indiquait que cette petite scène n'était que routine. Avec deux doigts, Raditz tira sur le tissu de la cravate, qui se sectionna d'un coup, et l'homme se mit à haleter pour renouveler l'oxygène dont il avait été privé. Horrifié, il regarda son agresseur enrouler la cravate autour de son propre cou.
-Un souvenir, dit Raditz en passant devant lui pour pénétrer dans l'immeuble, suivi des deux autres hommes en armure.
Tous trois avancèrent sans se faire interpeller par qui que ce soit.
Une fois à l'intérieur, la musique devint vite assourdissante. Les lumières virevoltaient dans tous les sens, créant des jeux de couleurs hypnotisant sur leurs peaux. La foule était dense, l'ambiance était électrisante. Sur la scène, derrière la mer de gens qui dansaient serrés les uns contre les autres, des Humains particulièrement attirants et très légèrement vêtus se déhanchaient harmonieusement sous des projecteurs.
Raditz sourit. Dans le vaisseau principal, on lui avait souvent parlé de ses soirées décadentes où le seul objectif était d'avoir du plaisir. Cette ambiance était pile ce à quoi il s'était attendu. Partout où il posait ses yeux, il y avait des gens qui riaient, qui mangeaient, qui buvaient, qui s'embrassaient. Partout, ses sens aiguisés détectaient alcool, nourriture et sexe, à profusion. Raditz, ayant toujours été un peu plus épicurien que ses compatriotes, se trouvait servi.
Derrière lui, Nappa observait la faune avec des yeux arrondis et Végéta était… eh bien, il était Végéta. Les bras bien serrés sur sa poitrine, Raditz fut certain de l'entendre grommeler quelque chose du genre « je vais lui arracher la tête ». Rien de bien inhabituel.
Une moue satisfaite sur le visage, il les guida vers le comptoir-bar le plus près, où quelques bancs libres les attendaient. Juste derrière, des Humains s'affairaient à préparer des boissons de toute sorte. L'un d'eux les accueillit avec un sourire qui s'étirait tellement qu'il était impossible de discerner la couleur de ses yeux. Ses boucles blondes lui tombaient sur le front avec désinvolture.
-Voici notre menu boissons, dit-il en leur tendant chacun un énorme carton plastifié. Je viens de préparer des Shirley Temple. Je peux vous en offrir un pour commencer?
- Je vais prendre tout ce que tu as à m'offrir, répondit Raditz en se penchant par-dessus le comptoir.
L'homme se mit à rougir. À sa gauche, Végéta s'installa sur le banc en soufflant de l'air par ses narines avec dédain.
-Tu es pathétique, lui dit-il en parcourant le menu des yeux. Mais qu'est-ce que c'est que ce charabia? Je n'y comprends vraiment rien. C'est quoi, un Bloody Mary?
- Aucune idée, répondit Nappa. De la viande bien saignante, j'imagine? J'y comprends pas grand-chose non plus. On pourrait leur demander de nous servir tout ce qu'il y a sur le menu? J'ai trop faim pour attendre qu'on m'explique ce que c'est un Cham-pa-gne.
Raditz jeta au coup d'œil aux innombrables options qui figuraient sur le carton en se grattant la tête. Entre les dizaines d'options de bières, vins, cocktails et spiritueux, il ne savait pas par quoi commencer, se demandant de quel type de nourriture il pouvait bien s'agir. L'homme aux boucles blondes était parti servir d'autres clients. Raditz fit mine de l'interpeller de la manière la plus grossière qui soit pour s'assurer d'avoir son attention. Heureusement pour le pauvre serveur, il fut interrompu.
-Salut! dit une voix à leur gauche.
Le menu encore entre ses mains, Raditz tourna la tête pour voir qui était à l'origine de ce son si mélodieux. Nappa l'imita. Végéta, lui, se tendit sur sa chaise.
Oh putain.
Il n'en croyait pas ses yeux. La femme aux cheveux bleus, celle qui avait littéralement scié les jambes de Végéta quelques instants plus tôt, s'était assise sur le banc voisin de celui-ci. Elle s'était accoudée au comptoir et le scrutait avec intérêt, tandis que lui prenait grand soin de l'ignorer.
Raditz étouffa un rire en anticipant la suite.
Voyant que personne ne la saluait en retour, la jeune femme leur adressa un sourire aux dents parfaitement droites et immaculées. Raditz y répondit. Nappa afficha un air amusé et Végéta demeura impassible.
-On a de la difficulté à choisir? demanda-t-elle gaiement en désignant les menus d'un geste de la main.
Elle s'était adressée aux trois soldats, mais ses yeux étaient rivés sur Végéta. Elle s'était approchée un peu de lui pour se faire entendre malgré la musique. Voyant qu'il ne répondait pas, elle leva un sourcil interrogateur. Raditz et Nappa, qui n'osaient pas s'immiscer dans la conversation qu'elle tentait visiblement d'initier avec le plus petit du groupe, échangèrent un regard. Ils ne voulaient surtout par empiéter sur les plates-bandes de leur supérieur.
La conversation unilatérale commençait tranquillement à se transformer en malaise.
-Tu n'es pas très bavard, dis donc, dit la femme, nullement embarrassée par le rejet qui se pointait le bout du nez.
Elle jeta un coup d'œil aux deux autres qui l'observaient. Ses yeux bleus étaient vifs et drôlement, Raditz se sentit intimidé par ce petit Humain qui ne devait pas peser plus qu'un Saiyan juvénile.
- À moins que vous ne sachiez pas parler le langage des Humains? demanda-t-elle en regardant de nouveau Végéta, un doute dans le regard.
- Je sais parler ton langage, répondit froidement ce dernier.
- Oh! dit-elle en souriant. Moi qui commençais à penser que vous n'aviez pas de langue du tout. On ne sait jamais, avec vous, les extraterrestres.
Elle pencha la tête sur le côté, ses cheveux ruisselant telle une cascade sur son épaule.
Ouf. Si Végéta ne manifestait pas son intérêt dans la minute qui suivait, Raditz allait s'y mettre, lui. L'Humaine était tellement jolie, et audacieuse en plus. Elle avait tout ce qu'il fallait pour attiser son intérêt de guerrier.
Elle plissa les yeux pour regarder le visage impassible de Végéta, qui n'avait toujours pas daigné lever les yeux de son incompréhensible menu.
- Vous venez bien de l'espace, hein? Je me pose la question parce que… eh bien vous portez l'armure des soldats de Frieza, mais vous nous ressemblez beaucoup, à nous les Humains.
Végéta serra les dents, lança rageusement le menu sur le comptoir et pivota la tête pour faire face à la femme.
Enfin! Une réaction qui se rapprochait de la normalité.
-Comment oses-tu nous prendre pour des Humains, sale insolente? C'est une offense de comparer mon peuple à des êtres vivants aussi minables, cracha-t-il.
Il se redressa pour la toiser. Il tentait probablement de l'intimider, mais visiblement, ça ne fonctionnait pas, car elle se redressa à son tour. Contrairement à lui cependant, elle ne tentait pas d'entretenir la confrontation, mais paraissait plutôt excitée d'avoir enfin réussi à attirer son attention.
Elle battit des paupières à quelques reprises, surprise qu'il lui parle de cette façon. Elle soutint son regard avec véhémence. Puis sourit.
Végéta, lui, ne broncha pas. Il se contenta de la fixer en retour, comme hypnotisé par ce petit bout de femme qui venait, sans le savoir, d'insulter l'un des guerriers les plus redoutables de l'univers. Le moment s'éternisa et Nappa se racla la gorge pendant que Raditz se grattait la nuque. Il leur était inhabituel de voir un Végéta aussi peu réactif. Et ils pouvaient facilement ressentir cette tension asphyxiante émaner de lui.
Enfin, un coin de la bouche de Végéta s'étira. L'extrémité de sa queue soigneusement enroulée autour de ses hanches se mit à se balancer subtilement dans son dos.
-Mais si tu veux vraiment savoir… nous venons effectivement d'une autre planète. Nous sommes des Saiyans, finit-il par souffler sans la quitter des yeux.
Raditz laissa échapper un petit soupir de résignation. Il haussa les épaules en direction de Nappa. Clairement, jamais il ne pourrait tenter sa chance avec cette femme.
Il se tourna et jeta son dévolu sur le serveur aux boucles blondes qui était revenu prendre leur commande.
-Apporte-nous à manger, l'Humain, lui dit-il avec un grand sourire. Nous sommes affamés, et cette soirée s'annonce plus qu'intéressante.
