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"Le changement est toujours porteur de cadeaux."

Price Pritchett

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Bella Swan se réveilla avec un mal de tête cuisant, une sensation bizarre dans le ventre et une lueur de détermination dans les yeux. Elle avait le temps de planifier et de comploter. Elle ne pouvait rien faire tant qu'Esmée et Carlisle étaient là mais c'était très bien ainsi. Elle avait besoin de temps pour trouver une stratégie qui lui permettrait à la fois d'atteindre son but et d'être assez douce pour Edward. Il était trop abimé pour être traité brutalement, trop précieux pour être blessé, même avec les meilleures intentions du monde.

Hier soir, Esmée et elle avaient abusé de la boisson mais elles n'avaient pas été aussi loin que leurs hommes l'avaient soupçonné. Esmée et elle avaient un bien meilleur sens de l'alcool que leurs partenaires. Ainsi, lorsque l'"équipe Y" - comme Bella et Esmée avaient surnommé tous ceux qui étaient porteurs d'un chromosome "y" - étaient allés se coucher, les deux femmes avaient rangé la vodka et siroté des tisanes en s'asseyant sur le canapé et avaient entamé une véritable conversation.

Esmée Cullen était une force avec laquelle il fallait compter. Si Bella n'avait pas appris à bien la connaître au téléphone, elle aurait pu être intimidée par quelqu'un comme Esmée. Mais en l'état actuel des choses, elles ne faisaient que poursuivre une amitié qui s'annonçait déjà très prometteuse.

Bella n'avait jamais été contrainte par un sens trop strict des limites. En fait, elle était souvent d'avis que les gens causaient beaucoup de leur propre stress en gardant trop de choses à l'intérieur. Un bon défoulement de temps en temps, déclarait-elle, était aussi nécessaire à la vie que manger et respirer. Elle avait même, à une occasion mémorable, dit à son père qu'une bonne session de garce était comme un laxatif pour l'âme. Mais Bella se sentait un peu ligotée, au sens figuré bien sûr.

Elle avait donc choisi de s'épancher auprès de la seule personne au monde qui pouvait espérer la comprendre.

"Ce n'est pas comme si notre vie sexuelle n'était pas géniale," confia Bella. "Je veux dire... waouh."

Esmée se tortilla un peu, mais à son crédit, elle fit signe à Bella de continuer.

"J'ai juste l'impression que... qu'il retient quelque chose," dit Bella à voix basse.

"Qu'est-ce qui te fait penser ça ?" demanda Esmée.

Bella prit une gorgée de thé. "Eh bien, pour commencer, même si je suis couverte en matière de contraception, il refuse de faire l'amour sans préservatif."

Esmée resta silencieuse un moment, comme si elle contemplait son neveu et ses diverses excentricités. Il était clair qu'elle pensait que cela sortait de son domaine d'expertise habituel mais l'expression de Bella était si sincère et confuse qu'elle se sentait obligée d'au moins essayer de faire quelque chose pour l'aider. Cette jeune femme était devenue trop importante pour Edward. Ils étaient exactement ce dont l'autre avait besoin et n'importe quelle personne un tant soit peu sensée pouvait s'en rendre compte.

Elle était sur le point de dire à Bella de lui donner plus de temps quand la voix triste de Bella l'interrompit. "Je n'arrive pas à croire que je te dis ça mais il est évident que je ne peux pas en parler à mon père." Bella frémit. "C'est un type formidable mais je pense que cela mettrait à rude épreuve ses capacités de compréhension, si tu vois ce que je veux dire…"

"Oui, j'imagine que c'est le cas," dit Esmée sobrement, en pensant que cela mettait aussi son propre pouvoir à rude épreuve.

"Le truc c'est que... le truc c'est que j'ai presque l'impression qu'il a peur de - Dieu, ça sonne si mal et s'il te plaît, s'il te plaît, ne pense pas que c'est ce que je ressens - qu'il a peur de, je ne sais pas, de me salir ou quelque chose comme s'il... tu sais..."

Esmée s'assit et soupira. "Oui, j'ai bien peur que tu aies raison."

Bella acquiesça vigoureusement. "Je le savais. Je m'en doutais. J'ai juste eu ce drôle de sentiment. Je veux dire qu'il ne veut même pas jouir dans mon..." Elle coupa brusquement les mots, provoquant un rire étouffé de la part d'Esmée.

"J'ai compris," dit Esmée avec délicatesse. Elle marqua une pause puis soupira à nouveau. "Environ deux ans après les événements, Edward aidait Carlisle à l'atelier. C'était un grand pas pour lui, tu sais. Revenir dans un atelier, même un atelier aussi banal que le petit espace de Carlisle, c'était un grand pas pour lui."

Bella hocha la tête en signe de compréhension.

"Quoi qu'il en soit, ils travaillaient sur un projet simple depuis environ deux semaines. C'était la fête des mères et Edward avait dit à Carlisle qu'il voulait me faire un cadeau. J'ai toujours aimé jardiner et j'aime que les oiseaux viennent dans le jardin. Ils m'ont donc construit une cabane à oiseaux." Son sourire était tendre et triste à la fois. "Quoi qu'il en soit, comme ces choses-là arrivent parfois, il - Edward - s'est coupé. Assez gravement, en fait, et il a saigné sur tout le sol."

Ses yeux se portèrent sur Bella. "Carlisle a essayé de lui envelopper la main, pour voir les dégâts mais Edward ne l'a pas laissé faire. Quand Carlisle a finalement insisté, Edward s'est mis à trembler, à sangloter et à perdre connaissance. A ce moment-là, j'ai entendu le vacarme et j'ai couru jusqu'au garage pour voir ce qu'il se passait."

Elle fit une pause et ferma les yeux. "Edward était recroquevillé dans un coin, serrant sa main contre sa poitrine, marmonnant encore et encore. Je ne pourrais pas dire ce qu'il disait, mais... Bref, il est resté comme ça, jusqu'à ce que je m'approche de lui. J'avais une serviette à la main, j'étais en train de plier le linge. J'allais enrouler la serviette autour de sa main. Mais dès que je me suis approchée, il a commencé à crier puis il s'est levé d'un bond et m'a repoussée d'un coup d'épaule. Il m'a crié de m'éloigner du sang... de son sang." Esmée prend la main de Bella. "Il m'a dit que son sang était sale, qu'il était mauvais."

"Oh mon Dieu," murmura Bella.

"Alors je pense que, peut-être dans l'esprit d'Edward au moins, il essaie de te protéger de ce qu'il imagine vivre à l'intérieur de lui," dit Esmée.

"Son mauvais sang," murmura Bella. "Son sang sale."

"Nous savons toutes les deux qu'Edward est plutôt rigide dans ses habitudes," dit Esmée. Bella ricana. "Et, pour aller avec, il a une personnalité très protectrice. Il l'a toujours été, même si je ne suis pas sûre qu'il s'en rende compte. Même quand il était petit, c'est lui qui prenait la défense de l'enfant qui se faisait toujours embêter dans la cour de récréation, c'est lui qui parlait aux nouveaux élèves le premier jour d'école et qui s'asseyait avec eux au déjeuner, c'est lui qui apportait de l'aspirine et un verre de thé frais à sa mère quand elle avait mal à la tête." Esmée sourit.

"Il aime choyer et prendre soin des autres, il aime les garder en sécurité. J'imagine qu'il a l'impression d'avoir manqué à sa mère d'une manière ou d'une autre et que chaque jour depuis sa mort a été consacré à une sorte de pénitence. Chaque routine qu'il a est un moyen de l'empêcher de blesser qui que ce soit. Mais tu le savais déjà. Tu as déjà vu clair dans tout cela. Maintenant, tu dois l'aider à le savoir et à le comprendre."

"Cela ne va pas être facile," observa Bella.

"Non, ce n'est pas facile," acquiesça Esmée. "Mais je pense que si quelqu'un peut le faire, c'est bien toi. Il a besoin de toi, Bella. Il a besoin de toi plus que vous ne le pensez tous les deux. Alors s'il te plaît, sois patiente. S'il te plaît, essaie de l'aider à comprendre."

Les lèvres de Bella étaient serrées l'une contre l'autre et son menton se releva. "Je n'irai nulle part. Même s'il le veut, même s'il me repousse, tant que je suis bonne pour lui, je suis là."

Esmée sourit. "Bien, c'est ce que je voulais entendre." Elle secoua la tête et rit. "Nous devrions aller nous coucher. Je suis trop vieille pour boire autant."

Bella se leva et tendit la main à Esmée. "Nos hommes sont des poids plume, tu le sais, n'est-ce pas ?"

Esmée lui fit un petit clin d'œil narquois. "Cela restera notre petit secret."

"Tout à fait."


Carlisle et Esmée partirent dimanche après-midi. Edward avait été à la fois triste et heureux de les voir partir. Triste, parce qu'ils lui manquaient toujours bien plus qu'il ne le pensait jusqu'à ce qu'il les revoie. Heureux, parce qu'une fois de plus, il avait Isabella pour lui tout seul. Enfin, pour lui et pour Barney. Barney avait fait la tête pendant un certain temps après leur départ parce que Carlisle lui donnait toujours des friandises en cachette.

Isabella avait été d'humeur calme toute la journée. Elle n'était pas en colère, parce qu'Isabella ne laissait jamais personne douter quand elle était en colère. Elle n'était pas une boudeuse et elle ne répondait jamais par un "ça va" alors qu'en fait, elle n'allait pas bien. Si elle avait un problème avec Edward, elle le résolvait. Clairement et sans timidité. Lorsqu'ils se disputaient, ils le faisaient proprement, parvenaient à une résolution et laissaient l'affaire derrière eux. Elle n'était pas rancunière et ne ruminait pas. En vérité, c'est Edward qui ruminait. Isabella le sortait gentiment de sa torpeur et le ramenait vers la lumière qui semblait l'entourer. Et il y restait... jusqu'à la prochaine fois que les démons le tourmenteraient. Elle répétait simplement le processus.

Mais cette fois-ci, il s'agissait de quelque chose de nouveau, de quelque chose de différent. Edward Cullen n'aimait pas la nouveauté et la différence en règle générale, et ce n'était qu'un exemple de plus de ce qu'il n'aimait pas.

Ils s'assirent sur le canapé, faisant semblant de regarder un film. Il ne cessait de jeter des regards inquiets vers elle. S'était-elle désintéressée de lui ? Avait-elle réalisé qu'il n'était pas digne d'elle ? S'était-elle simplement lassée de lui ? Il étudia son expression.

Elle n'avait pas l'air contrariée. Ni en colère. Ou même dégoûtée. Non, Isabella semblait... déterminée.

Déterminée ?

Son cerveau analysait son visage encore et encore, calculant chaque petit geste et chaque soupir mais il arrivait toujours à la même conclusion.

Déterminée.

Mais déterminée à faire quoi ?

Finalement, vers la moitié du film, Isabella se leva d'un bond et lui tendit la main. "Viens, j'ai besoin d'une douche."

Docilement, encore effrayé et confus, Edward mit sa main dans la sienne et la suivit dans la salle de bains. En silence, elle fit couler l'eau puis se tourna vers lui et commença à le déshabiller. Son contact était tendre, mais pas sexuel, tandis qu'elle retirait lentement sa chemise, puis l'incitait à lever les pieds pour enlever ses chaussettes. Sa ceinture suivit et elle tomba sur le sol avec un petit bruit sourd. Elle déboutonna son pantalon, le fit descendre le long de ses hanches et de ses cuisses et s'agenouilla devant lui. Il se stabilisa en posant sa main sur son épaule lorsqu'il en sortit.

Elle le laissa là, en sous-vêtements pendant qu'elle tirait son tee-shirt par-dessus sa tête et le laissait tomber sur le sol. Ensuite, elle se tortilla pour enlever ses sous-vêtements. Il avait la bouche sèche et sa bite devenait dure, se heurtant au coton de son boxer.

Isabella testa l'eau et fit un signe de tête de satisfaction. Elle se retourna vers lui et posa ses mains sur ses hanches, traçant de légers motifs qui frôlaient le chatouillement.

Puis elle posa ses lèvres sur les siennes, sa langue le taquinant et le séduisant, le faisant gémir et l'attirant dans ses bras. Sans réfléchir, il plaqua son bassin contre le sien, à la recherche de cette friction que seule Isabella pouvait offrir.

Ses mains fines poussèrent son sous-vêtement, le faisant glisser de ses hanches à ses cuisses. Il tomba sur le sol et il en sortit en la raccompagnant vers la douche. Ils y entrèrent ensemble, tous deux sursautant de surprise sous la chaleur de l'eau.

Ils s'embrassèrent tranquillement pendant plusieurs minutes, Isabella se serrant contre lui de la manière la plus délicieuse qui soit, frottant sa jambe contre la sienne, ses mains pétrissant ses fesses puis remontant le long de son dos. Finalement, elle s'enroula autour de lui comme une vigne et il sut qu'il devait être en elle ou qu'il mourrait.

"Allons dans la chambre," dit-il.

"Non," insista-t-elle. "Ici."

Il jeta un coup d'œil à ses vêtements. Il avait un préservatif dans son portefeuille. Leurs appétits sexuels sains lui avaient appris la sagesse de garder un préservatif à portée de main à tout moment. Mais le préservatif était juste hors de portée, dans son pantalon, dans son portefeuille, et Isabella ne montrait aucun signe de vouloir le laisser partir assez longtemps pour le prendre.

"Isabella," chuchota-t-il. "Le préservatif..."

"Bella," lui rappela-t-elle automatiquement.

Il sourit. "Bella..."

Tout ce qu'il aurait pu dire d'autre fut interrompu par le sifflement qu'il poussa lorsqu'Isabella glissa le long de son corps pour s'agenouiller devant lui. Sa bite tressaillit et palpita et il gémit à la sensation de son souffle chaud contre elle. "Bella," souffla-t-il.

Puis sa bouche était sur lui, le léchant, le taquinant, le suçant jusqu'à ce qu'il devienne inconscient, et poussant dans sa bouche avec un abandon insouciant. " Mon Dieu ! " gémit-il tandis que sa main tirait légèrement sur ses testicules et les caressait. Il sentit son orgasme commencer à le traverser, menaçant d'éclater en lui et en elle.

En elle.

Merde. Il essaya de se retirer de sa bouche mais elle l'avait manœuvré de façon à ce que son dos soit contre la paroi de la douche et qu'il n'ait nulle part où aller. Il tira sur ses bras et elle secoua obstinément la tête, laissant en même temps ses dents glisser sur sa longueur douloureuse. Elle se dégagea et il poussa un soupir de soulagement mais celui-ci fut de courte durée lorsqu'elle le prit dans ses mains et le caressa légèrement, juste assez de stimulation pour le maintenir au bord du gouffre.

"Edward ?"

Il ne pouvait pas parler et il laissa sa tête retomber contre le carrelage, essayant au moins de respirer.

"Je t'aime, Edward Cullen," murmura-t-elle, continuant à caresser lentement sa queue, en prenant ses couilles dans ses mains.

"J'ai besoin de quelque chose, Edward," lui dit Isabella.

"Tout ce que tu veux," jura-t-il et il le pensait vraiment. Il ferma les yeux et essaya de se concentrer pour ne pas jouir.

"Je te fais confiance, Edward," ajouta-t-elle et il se força à la regarder, là, à genoux, avec sa bite dans les mains et son cœur qui brillait dans ses yeux. "Tu me fais confiance, Edward ?"

"Je te confierai ma vie," répondit-il. Il la protégerait de sa vie. Il lui donnerait sa vie. Elle devait certainement le savoir. Tout ce qu'elle voulait de lui était à elle.

"Tu me fais confiance pour savoir ce qui est bon pour moi ?" demanda-t-elle, léchant légèrement le bout de sa bite après avoir parlé. Il gémit, luttant contre l'envie d'enfouir sa queue dans la bouche chaude et accueillante de la jeune femme et de s'enfuir loin, très loin, pour la garder propre et sans souillure. C'était une question plus délicate, celle-ci, parce qu'Isabella semblait avoir décidé qu'il était bon pour elle, alors qu'il savait très bien que ce n'était pas le cas.

"Mon Dieu, Bella," gémit-il, ses hanches se tordant inutilement, cherchant à en avoir plus. Cherchant à en avoir moins. S'abandonner. S'échapper.

"Ce dont j'ai besoin de ta part, Edward, c'est la confiance," dit Bella doucement. "Une confiance totale et absolue, comme celle que j'ai en toi. Que j'aurai toujours en toi."

Il commença à trembler, et le sentit devenir une tempête sauvage qui faisait rage à l'intérieur de lui. Elle le lécha à nouveau et ils gémirent tous les deux.

"Tu as un goût si bon pour moi," dit-elle. "Et je te veux en entier. Je ne veux plus avoir l'impression que tu retiens quoi que ce soit de moi. S'il te plaît... s'il te plaît... j'ai besoin de toi en entier. Mon amour, c'est pour toi en entier. S'il te plaît, donne-moi juste ça..." Des larmes coulèrent sur ses joues, se mêlant à l'eau de la douche.

Il cligna des yeux en la regardant, se sentant à la fois impuissant et puissant. C'était mal, ce qu'il voulait faire. Très, très mal. Mais... Isabella avait toujours eu raison. Jusqu'à présent, elle ne les avait pas égarés. Et si... et si elle avait raison sur ce point aussi ?

Mais si ce n'était pas le cas ?

Une fois de plus, elle le prit dans sa bouche mais resta là, sans bouger, le regardant simplement avec des yeux qui lui disaient ce qu'elle voulait. Elle ne lui prendrait rien mais elle lui demanderait tout. Edward prit une grande inspiration et fit une petite prière. Il ne savait pas s'il demandait de la force, du pardon ou simplement de la gratitude.

Puis il croisa son regard et hocha la tête en même temps qu'il s'enfonçait dans sa bouche. Il bougea ses hanches, faisant glisser sa bite sur ses lèvres pulpeuses et ses dents blanches, la laissant glisser sur sa langue. Il allait et venait, caressait, donnait, prenait, demandait, suppliait, espérait...

Et l'extase le traversa comme une lumière aveuglante, le laissant essoufflé, faible et tremblant contre le mur de la douche. Sa bouche l'accepta, l'avala, le prit à l'intérieur et en fit une partie d'elle-même.

Pour toujours.

Il sentit le monde basculer et les étoiles s'éteindre. L'univers avait changé en un instant. Son univers. Sa réalité.

Du fait de Bella.