Rose poussa un soupir exaspéré, pour aussitôt grimacer. Elle frotta machinalement là où ses battements de cœurs tambourinaient, y appuyant le bout de ses doigts, froissant son chemisier.
- Tu as toujours mal ?
- Qu'est-ce que t'en sais si j'ai mal, marmonna-t-elle pour toute réponse, toujours perplexe face à ce qu'il venait de dire en même temps qu'elle.
- Ça fait au moins une semaine que tu fais ça, répliqua-t-il sur le même ton.
- Dis donc, pour quelqu'un qui m'ignore, tu es bien au courant de mes faits et gestes, lança-t-elle avec acidité.
Elle lui jeta un coup d'œil pour constater qu'il avait toujours les bras croisés et l'air buté. Ses yeux repartirent se poser vers une des fenêtres de la chambre, toute décidée qu'elle était de ne pas le regarder franchement.
- T'es gonflée quand même.
- Pardon ?
- C'est toi qui m'ignores depuis dix jours, je te signale !
Cette fois elle poussa un cri outré et leurs yeux se rencontrèrent finalement, sans se détourner.
- Mais je t'ignore parce que tu fais comme si je n'existais pas ! s'écria enfin Rose. Tu ne veux plus me parler, très bien, qu'est-ce que tu veux que je fasse, je vais pas te poursuivre partout dans l'espoir que tu daignes m'adresser la parole ! Alors voilà, je te réserve le même traitement que celui que tu m'infliges, termina-t-elle, le volume de sa voix baissant de plus en plus.
Flûte, tu vas pas te mettre à pleurer hein.
- Pourquoi tu rigoles ?! s'indigna-t-elle, les yeux écarquillés.
C'était pire que tout. Il riait, de la voir défaite, à deux doigts de pleurer. Ses yeux s'emplirent de larmes et elle baissa la tête.
- Je rigole parce que, c'est tellement stupide… expliqua-t-il. Toi, tu crois que je t'ignore alors tu boudes, et moi… je crois que tu m'ignores, alors je boude… C'est pas un peu… Rose ! Pleure pas !
Il fit quelques pas vers elle et elle recula d'autant, essuyant rageusement ses yeux.
- Je pleure pas, protesta-t-elle en replantant son regard dans le sien.
- Très bien, concéda-t-il avec un sourire. Bon, c'est pas un peu débile, notre malentendu ?
- Un peu, admit-elle à voix basse. Et je t'ignore depuis quand ?
- Depuis ma rupture avec Rebecca, lâcha-t-il doucement. Et moi ?
- Pareil, murmura-t-elle.
Il hocha lentement la tête.
- Et pourquoi tu pensais que je ne voulais plus te parler ?
- Parce que je ne t'intéressais plus, je sais pas moi, répondit Rose après réflexion. Parce que tu ne voulais plus qu'on soit amis, je suppose. Et toi ?
L'air gêné de William fit hausser un sourcil à Rose.
- Hé bien parce que… merde, Rose… pardon, ajouta-t-il en voyant son expression. Parce que j'ai pensé qu'après ce qui s'était passé avec Rebecca, tu ne voudrais plus jamais m'adresser la parole.
Il se pinça l'arête du nez alors qu'elle haussait de nouveau un sourcil pour l'inciter à continuer.
- Je suis pas dupe, je me doute que tu sais pourquoi elle a rompu avec moi, Idriss est beaucoup trop bavard pour son bien.
Rose le considéra un instant, attendant une suite qui ne venait pas. Il la regarda et inspira, perplexe.
- T'es pas au courant ? souffla-t-il d'un coup.
- Pour ?
- Le euh… l'erreur de prénom ?
- Ah. Si.
Elle croisa les bras et fronça les sourcils.
- Mais je vois pas le rapport. Pourquoi je ferais la tête parce que tu as commis une erreur avec ta copine ?
- Pourquoi ?! fit-il avec incrédulité. Parce que j'ai dit ton prénom au lieu du sien, peut-être ?
- Et ?
Rose pencha la tête sur le côté, multipliant les efforts pour ne pas visualiser William et Rebecca dans leur « moment intime ».
- Désolée mais je ne vois pas pourquoi je me serais vexée pour ça. Je suis pas responsable de ce qui se passe dans ta tête… ni de ce que tu dis. Je vais pas te mentir, c'est vraiment bizarre comme situation. J'aurais pas aimé être à la place de Rebecca.
Il eut une expression indéchiffrable sur laquelle Rose préféra ne pas s'arrêter. Si, évidemment qu'elle aurait aimé être à la place de Rebecca, mais pas dans ces circonstances…
Elle se racla la gorge et l'observa à son tour.
- Donc… tu croyais que je te détestais à cause de ton lapsus malheureux ?
- Plus ou moins, avoua-t-il.
- Et tu t'es dit que le mieux, c'était de m'ignorer complètement, sans même qu'on en parle au moins une fois ?
- Tu peux parler, rétorqua-t-il en croisant à nouveau les bras.
Elle acquiesça pour lui accorder cela. Elle n'avait pas été mieux, enfermée dans sa fierté qui l'empêchait d'aborder William la première.
- Bon… on peut redevenir amis alors ? demanda-t-elle avec douceur.
Maintenant que leur souci était réglé, elle aurait bien aimé que leur tête à tête s'achève. Ce n'était pas bon pour son mental qu'ils soient enfermés à deux dans une pièce. Elle risquait à tout moment de briser l'intégralité des règles qu'elle leur avait imposées. Mais William n'avait pas la même idée, de toute évidence.
- On a encore le temps de parler avant qu'ils reviennent.
- D'accord, murmura-t-elle, résignée. De quoi tu veux parler ?
- Pourquoi tu as mal à la poitrine depuis dix jours ?
- À ton avis ? maugréa-t-elle. Parce que je suis en colère contre toi.
- Ah, tu vois que tu étais fâchée…
- Parce que tu m'ignorais, termina-t-elle en haussant les épaules. Maintenant que c'est clarifié…
- Tu as reçu une réponse de ton père pour ta baguette ?
Elle haussa un sourcil.
- Je ne savais pas que tu avais suivi cette histoire.
- Ce n'est pas parce que je ne parle pas que je n'écoute pas, dit-il avec un léger sourire.
- Pas de réponse pour le moment. Ce qui participe à…
Elle tapota sa cage thoracique au-dessus de son cœur et laissa le silence s'étirer entre eux.
- Après la fête d'Halloween, commença William avec calme, attirant l'attention de Rose. Je n'ai pas été complètement honnête avec toi.
Ils échangèrent un long regard et le rythme cardiaque de Rose s'accéléra sans que ça ait un rapport avec son Animagus.
- À quel sujet ? murmura-t-elle, terrifiée.
- Quand je t'ai couchée.
- J'ai fait un truc déplacé, c'est ça ? paniqua-t-elle. J'en étais sûre… écoute, je suis vraiment, vraiment désolée, mais il ne faut rien y lire, c'était ma jumelle maléfique comme tu l'as si bien dit et…
- Je me souviens de tout ce que tu as dit.
Rose resta la bouche ouverte, les mots mourant sur ses lèvres.
- J'ai fait comme si de rien n'était après. J'ai préféré ne pas aborder le sujet avant toi car je n'étais pas sûr que tu te souvenais de ce que tu avais dit et je ne voulais pas te mettre mal à l'aise.
Elle restait interdite, face à lui. Il se rappelait ses aveux alcoolisés. Par Circée.
- Je me souviens, chuchota-t-elle, incapable de parler à voix haute. Je me souviens de ce que j'ai dit. Je croyais parler à Derek.
- Je sais, répondit-il sur le même ton. J'ai compris au bout d'un moment.
- Pourquoi tu m'as pas empêchée de parler si tu savais que je ne m'adressais pas à toi ? geignit-elle, au désespoir.
- La curiosité, avoua-t-il avec embarras. J'avais envie de savoir une fois que tu avais commencé à parler de moi.
Rose décroisa les bras, les recroisa et changea de pied d'appui pendant qu'il la regardait, clairement anxieux.
- Bon, fit-elle finalement. Très bien, voilà, tu sais. C'est pas du tout humiliant. Je ne boirai plus jamais d'alcool. C'est pour ça que tu étais un peu distant ?
Il sourit malgré lui face à sa réaction et son regard se fit hésitant.
- Un peu. Mais surtout parce que je voulais réfléchir, ajouta-t-il rapidement.
- Au meilleur moyen de m'esquiver pour le restant de tes jours ? Je comprends.
- Pas du tout. Je voulais comprendre pourquoi, si tu n'arrivais pas à passer à autre chose et moi non plus, on n'essayait pas quelque chose, ensemble…
- D'accord, je comp… pardon, tu as dit quoi ?
William perdit légèrement son air nonchalant et son assurance devant le regard vert mêlant suspicion et incrédulité. Il se racla la gorge et répéta :
- J'ai dit que je me demandais pourquoi on n'essayait pas de faire quelque chose si on n'arrivait ni l'un ni l'autre à s'oublier.
- Tu…
Elle pointa vers lui.
- Et moi…
Cette fois, elle se désigna.
- Et on n'oublie pas ?
Après ces trois phrases d'une grande cohérence, elle secoua la tête et leva une main. Ce n'était pas possible entre eux, se rappela-t-elle vigoureusement.
- Vous avez terminé ? questionna une voix, et la tête de Nassim apparut dans l'encadrure de la porte.
Ils ne l'avaient pas entendu déverrouiller. William secoua la tête tandis que Rose se contenta de le fixer.
- Bon, quinze minutes de plus alors…
Et il disparut aussi vite qu'il était arrivé.
- Écoute William, reprit Rose d'un ton plus posé, je ne pense pas qu'on devrait « essayer quelque chose ensemble ».
- Mais je…
- Attends, laisse-moi terminer, demanda-t-elle avec un petit sourire. Si on… toi et moi…, on sait déjà comment ça se terminera : huit jours après, tu passeras à une autre fille.
- Six, d'après tes calculs, répliqua-t-il avec humeur.
- Ou six, concéda-t-elle patiemment. Et, pour moi, c'est pas possible. Je ne veux pas être une fille de plus sur la liste.
- Le tableau de chasse, corrigea-t-il.
- T'as pas oublié ça hein… Bref, qu'on soit d'accord : tu gères ta vie sentimentale comme tu le souhaites, je ne te jugerai pas là-dessus car ça ne me regarde pas. Mais moi, ça ne me convient pas.
- Et qui t'a dit que moi ça m'allait ?
Elle resta muette un instant puis fit un vague geste de la main.
- Hé bien, la brochette de filles qu'on voit défiler depuis quelques mois ?
- À ton tour de m'écouter, annonça-t-il, ce qui lui fit hocher la tête. La brochette de filles, comme tu le dis… je m'en contrefiche.
Rose pencha automatiquement la tête sur le côté.
- Je n'ai aucun sentiment d'affection envers elles. Aucune d'entre elles.
Elle ferma les yeux et leva une main devant elle pour l'arrêter.
- Vraiment, je ne veux rien savoir…
- Si, tu vas savoir.
Son ton déterminé fit taire Rose.
- Je n'ai aucune honte à admettre qu'elles ne voulaient rien dire pour moi. C'était juste une manière de me… divertir l'esprit, je pense. Elles savaient très bien à quoi s'attendre, je n'ai jamais caché que je n'étais pas intéressé par une vraie relation, ni par quoi que ce soit sur le long terme. Je voulais seulement…
Il marqua une pause pendant laquelle Rose oublia de respirer.
- Essayer de t'oublier. Ce qui a été, j'en suis parfaitement conscient, un terrible échec et pas la meilleure de mes idées. J'ai commencé à sortir avec Megan quand j'ai su pour toi et Zabini. Puis j'ai enchainé avec d'autres… j'ai rompu avec Ludmila après notre baiser dans la chambre. Pendant les BUSE, j'ai cru que toi et lui… mais non. Alors, j'ai laissé Alicia m'approcher…
C'était fascinant de l'écouter parler des filles avec lesquelles il était sorti. Rose commençait à voir le schéma se dessiner et ouvrait de plus en plus la bouche, stupéfiée.
- Cet été, j'ai vraiment cru que tu ne voudrais plus jamais me voir après que j'ai mis une droite à Zabini… et tu as rompu avec lui. Fin août, j'espérais que quelque chose nous arrive… mais tu as décidé que tu ne voulais plus de vie sentimentale, alors j'ai respecté ton règlement, évidemment. Enfin, à peu près.
Il lui jeta un œil furtif.
- Quand on s'est embrassés après le diner chez Slughorn, j'ai été tellement assommé par ta déclaration que je n'ai rien dit. Et quelques jours après…
- Tu as commencé à voir Rebecca, compléta Rose.
William hocha la tête.
- Tu dois me trouver minable… et ridicule. Tu as le droit, ajouta-t-il en la voyant rouvrir la bouche. Moi-même, je suis pas hyper fier de mon comportement pour être honnête…
Elle secoua la tête pour nier mais n'ajouta rien.
- Ah, et la sortie à Pré-au-Lard ? J'allais rompre avec Rebecca. J'avais prévu de faire ça le soir. Mais je t'ai vue par la fenêtre du pub… collée à ce type, à moitié sur sa bouche…
- Ernie, souffla Rose en se remémorant sa presque chute.
- Voilà, celui avec qui tu passes tout ton temps pour « étudier les Moldus », résuma William, l'air mauvais.
- Numéro cinq, répliqua Rose en esquissant un sourire.
Il sourit légèrement à son tour.
- Et donc, tu n'as pas rompu avec Rebecca, mais tu es allé vérifier l'intégrité de ses amygdales pour le restant de la sortie, termina-t-elle sur un ton léger. Ce qui était idiot de ta part…
- Je sais, j'y étais.
- Parce qu'Ernie m'a seulement rattrapée alors que j'allais m'étaler dans la neige. Il était autant gêné que moi de m'avoir touchée et tenue si près de lui.
- Oui, ça va, je sais, je suis un abruti.
Un pouffement échappa à Rose.
- Non. Ou du moins, on l'est autant l'un que l'autre… j'ai cassé la fenêtre de la Salle Commune tout à l'heure, révéla-t-elle.
- C'était toi ?!
Elle eut une moue embarrassée qui le fit sourire.
- Je pensais que c'était Rebecca.
- Parce que ?
- Parce que j'ai fait exprès d'enlacer Grace en sachant qu'elle me regardait. Ah ne me fais pas cette tête étonnée.
- Je fais la tête que je veux, rétorqua-t-elle sèchement. Je ne savais pas que toi et Rebecca, c'était reparti pour un tour.
- Mais pas du tout ! Enfin, moi je ne veux pas…
- N'essaie pas de me faire croire qu'elle est partante, s'amusa Rose.
Son regard très sérieux la fit douter.
- Elle m'a coincé dans un couloir il y a deux, trois jours… Elle voudrait qu'on se donne « une deuxième chance » ou un truc du genre… Ferme la bouche, moi non plus je n'y croyais pas.
- T'as dit quoi ? questionna Rose de l'air le plus dégagé possible.
- Je t'ai dit, je ne veux pas… surtout après ce qu'elle a dit sur toi et ta famille pendant la fête. Mais elle est persistante, il faut lui accorder ça. Alors tout à l'heure, j'ai saisi ma chance d'avoir une fille à portée de main pour essayer de lui faire comprendre que c'était terminé.
Rose croisa les bras et sentit sa colère monter, gardant tout de même dans un coin de la tête qu'il avait vraiment écouté toutes les conversations auxquelles elle avait participé depuis deux semaines, même s'il avait arrêté d'y réagir. Il dut voir son irritation car il leva deux mains en signe de défense.
- Rose, att…
- Tu es un mufle.
- Oui, c'est…
- Comment oses-tu utiliser Grace pour ennuyer Rebecca ? C'est vraiment bas de ta part. Je t'interdis de te servir de tes coéquipières pour tes histoires pourries. Ni même d'aucune autre fille, en particulier des plus jeunes qui pourraient être éblouies par ta personnalité sans être capable de prendre le recul nécessaire pour comprendre que tu les manipules, grogna-t-elle.
- Oui Madame, souffla-t-il, les épaules basses.
- Je rigole pas !
- Moi non plus, crois-moi.
Ils s'affrontèrent un moment du regard, puis Rose se détendit en constatant qu'il était sincère… et penaud. Elle secoua la tête en levant les yeux au ciel, il s'autorisa un sourire.
- Et c'est moi qui tombe dans le panneau en plus, grommela-t-elle.
- C'était pas le but, ajouta-t-il d'une voix basse. Alors, ma personnalité est éblouissante ?
- Ça m'étonnait aussi, soupira Rose.
Ils se sourirent timidement. Rose croisa à nouveau les bras et partit dans ses réflexions. William la laissa faire et attendit patiemment qu'elle se décide à le regarder de nouveau.
- Ça ne change rien, tout ça… tenta-t-elle doucement. Toi et moi, c'est pas une bonne idée. Au bout d'une semaine, tu vas te lasser et moi je vais finir avec le cœur brisé.
- À nouveau, murmura-t-il.
Elle haussa un sourcil et fit le lien.
- J'ai dit ça à Halloween aussi ?
- Oui, et j'avoue que je n'ai pas compris. Tu parlais de Zabini ?
- Euh, non, je parlais de toi, avoua-t-elle.
- À moi d'écouter, décida William en la regardant avec intensité.
Rose acquiesça et chercha ses mots. Bon, quitte à être honnête une bonne fois pour toutes… peut-être même que ça l'aiderait à tourner la page, qui sait ?
- En février, après la bataille contre les Serpentards, resitua-t-elle. Tu te souviens, je t'ai tout raconté…
- Je me souviens, confirma-t-il. Le combat, ta peur, ta visite à l'infirmerie…
- Justement, ma visite à l'infirmerie. Tu te rappelles, quand je suis venue te voir, on a commencé à parler en même temps, et tu as pris les devants ?
- Parfaitement. Encore une fois où j'aurais mieux fait de me taire.
Un petit sourire étira les lèvres de Rose, puis elle se concentra de nouveau sur le fil de son histoire.
- La dernière fois, je t'ai laissé croire que j'allais seulement te raconter la bataille et te parler de la peur que j'avais eue de t'imaginer mort…
Elle se racla la gorge pour reprendre le contrôle de sa voix.
- Mais c'est faux. Je n'avais pas l'intention de t'en parler, en tout cas pas à ce moment-là.
Son silence dût s'étirer car William l'interpella doucement. Elle lui adressa un regard rapide et détourna les yeux à nouveau.
- J'allais te dire… Merlin ça me parait stupide d'en parler maintenant.
- Continue, l'encouragea-t-il.
- J'allais te dire que je t'avais choisi. Je voulais même te dire que je n'avais pas eu besoin de compter de points, seulement que tu frôles la mort, ajouta-t-elle en s'autorisant un faible sourire.
Ce fut au tour de William de rester comme paralysé, les yeux rivés sur Rose, qui regretta immédiatement de lui avoir dévoilé ce détail.
Allez, termine.
- C'est quand tu m'as dit que tu voulais qu'on arrête que ça m'a brisé le cœur. J'étais tellement abasourdie que je n'ai pas su réagir correctement, et je me suis complètement fermée, je n'ai même pas essayé de te contredire. J'ai juste attendu que tu termines.
S'il savait à quel point elle regrettait… mais c'était inutile de s'éterniser là-dessus. Voilà, maintenant, il savait.
- Et Zabini ?
- Quoi, Zabini ? s'étonna Rose.
- Si tu m'avais choisi, pourquoi tu t'es jetée dans ses bras alors ?
Impossible de manquer l'amertume dans sa voix. Rose haussa un sourcil sans répondre, trouvant l'ironie de la situation plutôt intéressante.
- De toutes les personnes que je connais, s'il y en a une qui peut comprendre, c'est bien toi.
- Pour oublier, devina-t-il en poussant un léger soupir.
Elle eut un geste d'évidence et tourna la tête vers la porte.
- Encore quinze minutes, lança-t-elle alors que les yeux de Derek la scrutaient. Tout va bien.
- À tout à l'heure.
La fermeture magique de la porte fit sourire Rose. Elle eut un petit sursaut de surprise en constatant que William se tenait à une cinquantaine de centimètres d'elle. Reprenant sa contenance, elle haussa un sourcil, ce qui ne manqua pas de le faire sourire.
- Oui ?
- J'étais trop loin de toi, je ne t'entendais pas bien.
- C'est ton grand âge, ça. Tu as grandi, remarqua-t-elle soudainement.
Les yeux bleus pétillèrent.
- Ah, tu as remarqué ! Tu aurais pu me le dire à Halloween, on était encore plus près l'un de l'autre.
- J'étais déjà chanceuse de reconnaitre ma droite de ma gauche, fallait pas trop m'en demander non plus.
- Quand on a dansé ensemble, tu étais si ivre que ça ? s'inquiéta-t-il.
- Non, admit-elle. J'avais des talons, c'est sûrement ça qui m'a empêchée de voir que tu étais plus grand.
- Je me disais aussi que tu étais trop grande ce soir-là, marmonna-t-il.
- Tu m'as enlevé mes chaussures, t'avais pas fait le lien ?
- Dis, moi non plus je tournais pas à l'eau hein… et puis j'avais un peu l'esprit ailleurs imagine-toi bien.
Elle fronça les sourcils sans comprendre.
- J'essayais de calmer l'homme préhistorique en moi qui insistait pour que je me couche à côté de toi. En tout bien tout honneur, bien sûr.
- Bien sûr.
- J'aurais dû l'écouter quand on dansait, tiens.
- Qu'est-ce qu'il te disait ?
- Qu'il était urgent et capital que je t'embrasse. Et que je ne te laisse plus jamais partir.
- Plus jamais pendant six jours ?
- Plus jamais, plus jamais, insista-t-il.
Elle réprima un frisson alors que la main de William glissait sur son bras. Il réprima à grand peine un sourire avant d'ajouter :
- Bon, je ne vais pas te mentir, quand tu as dit que tu pensais à quelque chose de pas très poétique, il a failli t'embarquer dans sa chambre.
- Pour m'embrasser ? demanda Rose, feignant l'innocence en battant des cils.
- Oui ma Rose, c'est ça, juste pour t'embrasser, rit-il doucement en liant leurs doigts. Paf, deux règles d'un coup.
- Ça fait trois depuis le début de notre conversation, s'amusa-t-elle tout en caressant sa main avec son pouce.
Elle s'attendait vraiment à ce qu'il continue à briser chacune des règles restantes, mais il se redressa un peu, sans la lâcher, et sembla pensif.
- Tu sais, la première règle, concernant l'attraction physique… elle est un peu hypocrite.
- Pourquoi ?
- Parce que toi et moi, ça n'a jamais été que physique. C'est juste une excuse qu'on s'est donnée cet été. T'es pas d'accord ?
Rose n'eut même pas besoin d'y réfléchir à deux fois.
- Si.
- Donc, celle-là, on peut l'éliminer.
Son air sérieux ne dissimulait qu'à moitié son sourire joueur et Rose le laissa continuer, amusée. Il se pencha vers son oreille.
- Si je vois encore Summerby te taper la conversation pendant des plombes en te bavant dessus, je me chargerai de lui faire comprendre que t'es pas intéressée. Définitivement.
- Il ne me bavait pas dessus ! rit Rose en lui mettant une tape sur le torse. Et numéro quatre, bravo.
- Tu es peut-être une sorcière très talentueuse, mais honnêtement, tu es un peu bigleuse parfois. Tu lui as clairement tapé dans l'œil, dès le début.
- Je suis à peu près sûre qu'il ne connait même pas mon prénom.
- Pas besoin de connaitre ton prénom pour ce qu'il a envie de faire avec toi, ronchonna-t-il.
Elle leva les yeux au ciel.
- De toute façon, je n'aurais pas été intéressée, avec ou sans intervention de ta part.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il n'est même pas capitaine de son équipe de Quidditch ! Seulement un joueur lambda. Aucun intérêt.
La bouche entrouverte de William n'appelait qu'à un seul geste, alors Rose lui fit un clin d'œil. Il se mit à rire aussitôt.
- Numéro six, félicitations. Je comprends ton désintérêt pour les types qui ne sont même pas capitaines. Ils n'ont rien à t'apporter, ceux-là.
- Tu suggères quoi ? Que je laisse tomber les joueurs de Quidditch ?
- Non, quand même pas… écoute, concentre-toi sur les capitaines qui font gagner leurs équipes, ce sera déjà bien.
- Tu penses à Harry ? demanda-t-elle avec innocence. Oui, pourquoi pas, il est sympa…
Un grognement lui répondit et elle ne put s'empêcher de sourire.
- Non, pas celui-là, non…
- Ah, celui de Serdaigle ? Oui j'ai entendu parler de lui, mais tu sais, il parait que c'est un sacré… coureur de jupons, termina-t-elle en chuchotant.
Tout en parlant, elle avait laissé sa main droite glisser sur le torse de William, qui l'avait regardée faire, comme subjugué. Il se reprit et elle sentit son bras se glisser autour de sa taille alors qu'il répondait.
- Et moi j'ai entendu dire qu'il n'était intéressé que par un seul jupon, depuis bien longtemps. Et qu'il n'a pas l'intention de le laisser filer une nouvelle fois.
En scrutant ses yeux, il sembla y trouver une question à laquelle il répondit d'une voix douce et posée.
- Même après six jours. Ou soixante. Ou encore plus longtemps, tant que le jupon veut bien de lui.
Elle crispa involontairement ses doigts sur la chemise à carreaux qu'il portait.
- Tout le temps où tu me supporteras, je serai là, lui susurra-t-il.
Il délia leurs doigts, guida la main de Rose dans son dos et glissa sa paume contre la joue de Rose, qui pencha légèrement la tête pour apprécier le contact de sa peau et ferma les yeux un instant.
- Est-ce que je peux briser la règle numéro trois, ma Rose ? murmura-t-il.
- S'il te plait, souffla-t-elle, à deux doigts de le faire elle-même.
Il sourit et pencha la tête vers elle. Leurs yeux se fermèrent automatiquement alors que leurs lèvres se frôlaient avec douceur. Le bras de William raffermit sa prise autour d'elle et il pressa sa bouche contre la sienne avec plus de fermeté. Rose retint un soupir de bien-être, ne pouvant s'empêcher de penser qu'elle était dans le meilleur endroit du monde : dans les bras de William. Ses mains caressèrent son torse pour venir se lover dans le creux de son cou, retrouvant un geste naturel qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps. Les doigts de William s'étaient emmêlés dans ses cheveux, le pouce de son autre main lui caressait le dos alors qu'il la plaquait de plus en plus contre lui, comme pour l'empêcher de disparaitre. Sa langue lécha en douceur la lèvre de Rose, alors elle entrouvrit la bouche, avide de la sentir en elle et de la caresser à son tour. Elle le laissa explorer sa bouche de sa langue, cramponnée à sa chemise en flanelle, les genoux cotonneux. Elle referma les lèvres autour d'elle lorsqu'il voulut la retirer et la suçota langoureusement, arrachant un gémissement rauque à William qui accueillit la langue de Rose en lui. Leurs deux muscles jouèrent l'un avec l'autre tandis que William attrapait sans y réfléchir la jambe que Rose avait soulevée et commencé à enrouler autour de lui.
Rose recula brusquement la tête et rompit leur baiser, provoquant un froncement de sourcils perdu à William. Elle dégagea rapidement sa jambe et désigna la porte du doigt, puis s'éloigna de lui en lui adressant un petit clin d'œil et un sourire joueur. Elle tourna le dos à la porte et croisa les bras après avoir discipliné ses cheveux. Amusé, William croisa les bras à son tour et recula vers son lit. La porte s'ouvrit.
- Toujours en pleine discussion ? demanda Nassim.
- Toujours, confirma Rose, la voix apparemment pleine de colère.
- On pensait pas que ça prendrait autant de temps, marmonna leur geôlier. Vous êtes en train de rater toute la fête.
- Ben fallait y penser avant de nous enfermer là-dedans, rétorqua Rose aussitôt, les épaules tendues.
- Donne-nous une demi-heure cette fois, soupira William, visiblement éreinté.
- Ok…
Leur ami disparut et referma la porte magiquement. Rose se retourna prudemment et scruta un instant la porte avant d'adresser un sourire rayonnant à William.
- Mais quelle comédienne, s'amusa-t-il avant que ses yeux ne s'assombrissent. Bon, on en était où ?
Il franchit la distance qui les séparait et saisit Rose par la taille avant de la soulever facilement.
- Enroule tes jambes autour de moi, ordonna-t-il avant de la soutenir en la tenant sous les fesses. Maintenant tu m'embrasses.
- Oui mon capitaine.
- Parfait, marmonna-t-il, lui arrachant un sourire.
Leurs lèvres se pressèrent moins délicatement que précédemment, trop avides de se retrouver. Rose sentit William avancer alors qu'ils s'embrassaient passionnément, leurs langues déjà l'une contre l'autre, leurs dents mordillant régulièrement la peau fine de leurs bouches. Elle comprit la manœuvre lorsqu'elle sentit son dos être plaqué à un mur. Elle glissa ses doigts dans ses cheveux pour s'y agripper comme elle le put, enivrée, très consciente du bassin de William collé au sien. Une main cessa de la soutenir et partit en exploration le long de sa jambe, pour remonter le long de son bas. William joua un instant avec le haut de son bas, y glissa un doigt, puis deux, pour le repousser plus bas et pouvoir caresser sa cuisse plus facilement. Il arrêta de l'embrasser un instant pour regarder ce qu'il faisait, hypnotisé par sa peau blanche, ce que Rose trouva très érotique. Il releva la tête pour lui adresser un sourire.
- C'est là que tu avais ta baguette ?
Elle confirma d'un hochement de tête.
- Pas mal. La prochaine fois, c'est moi qui vais la chercher.
Les épaules de Rose se soulevèrent sous son rire et elle s'entendit répondre :
- Si tu veux.
- Si tu savais comme…
Il se racla la gorge, elle haussa un sourcil.
- Dis-moi, chuchota-t-elle. Même si c'est pas très poétique.
- Si tu savais comme j'ai fantasmé sur cette robe, avoua-t-il, la voix rauque.
Puis il l'embrassa à nouveau, noyant le « pourquoi » qu'elle s'apprêtait à lui rétorquer. Tous les muscles de Rose se contractèrent – d'accord, principalement ceux de son bas-ventre – sous l'assaut de sa bouche et elle ne put retenir un petit gémissement, enhardissant visiblement William qui vint poser des baisers dans son cou, léchant la peau fine, mordillant le lobe de son oreille. Un deuxième gémissement échappa à Rose qui se sentit rougir – il ne faisait que l'embrasser par Merlin ! Il s'éloigna de son visage et ses deux mains reprirent leur position sous ses fesses. Il désigna les attaches sur l'avant de sa robe d'un signe de tête.
- Défais ça.
Il regarda les mains de Rose faire, aussi concentré qu'elle.
- Très pratique, constata-t-il. Baisse la robe.
Elle obéit instantanément, le souffle court.
- Enlève un bouton du chemisier. Deux autres, commanda-t-il après réflexion. Tes mains sur mes épaules. C'est bien.
Rose était muette de stupéfaction de le voir tout diriger ainsi… et parfaitement excitée aussi, il fallait bien l'avouer. Ses réflexions se noyèrent dans le désir lorsque des lèvres virent embrasser sa peau mise à nue par l'ouverture de son chemisier, elle resserra instinctivement ses jambes autour de la taille de William, qui grogna légèrement et eut un mouvement de bassin qui fit voir des étoiles à Rose pendant une seconde.
- Pardon, souffla-t-il sur sa peau.
- Recommence, miaula-t-elle.
William obtempéra et un gémissement roula dans la gorge de Rose pour terminer dans la bouche de William, qui était revenu contre ses lèvres. Elle sentit son petit sourire contre elle et l'imita inconsciemment.
- Tu es… comestible, ma Rose, lança-t-il, lui provoquant un rire. Je te repose par terre, d'accord ? Déroule tes jolies jambes…
Elle fit une moue déçue mais s'exécuta. Elle eut un geste pour rattraper son bas défait qui commençait à glisser, mais William repoussa ses mains pour le faire à sa place. Agenouillé, il remonta le fin tissu avec précaution puis le positionna sur sa cuisse.
- C'est bon comme ça ?
Rose secoua la tête et parvint à articuler.
- Trop bas, je les mets plus haut. Regarde.
Elle souleva spontanément sa robe pour lui montrer sa jambe gauche. Les yeux de William brillèrent d'un éclat encore plus sombre et elle se mordilla la lèvre quand il caressa le haut de sa cuisse, puis y posa les lèvres. Il déposa plusieurs baisers, allant de plus en plus vers l'intérieur de sa cuisse alors qu'elle le regardait faire, à deux doigts de perdre le contrôle de ses muscles et de tomber à genoux à son tour. Il frotta sa joue lisse contre sa peau en allant embrasser l'autre cuisse et Rose ferma les yeux, avant d'esquisser un sourire amusé.
- Quoi ? marmonna une voix en bas.
- C'est à ça que je pensais, à Halloween… qui n'était pas très poétique.
Il recula son visage de ses jambes et elle regretta d'avoir souri. Il lui fit signe de continuer et s'appliqua à rajuster le bas mal mis tout en l'écoutant.
- Je me demandais quelle serait la sensation de ta barbe… à l'intérieur de mes cuisses… Oh !
Une langue venait de s'insinuer brièvement entre ses cuisses maintenant serrées, à la lisière de ses bas. William embrassa une dernière fois chaque jambe avant de se redresser tandis qu'elle papillonnait des yeux, emportée par la sensation foudroyante de sa langue à cet endroit.
- On va voir pour satisfaire ta curiosité sous peu, promit-il, lui arrachant un sourire plein de désir.
Ils s'embrassèrent à nouveau fiévreusement, les mains de William se baladant le long de ses bras, pour arriver, elle ne sut comment, juste sous ses seins. Il attendait clairement un accord de sa part, alors elle prit ses mains dans les siennes et les posa sur ses seins, qu'il pressa aussitôt légèrement, la faisant expirer bruyamment. Il les caressa à travers le chemisier et le soutien-gorge, puis les prit en coupe et passa son pouce sur les tétons.
- Oh, gémit Rose avant de plaquer la main sur sa bouche, honteuse d'être aussi bruyante avec quelques caresses.
William repoussa sa main et l'embrassa.
- Ne cache pas tes cris, susurra-t-il. J'adore t'entendre.
Il ondula du bassin contre son corps et elle crut perdre la tête un instant. Ses doigts coururent sur son torse qu'elle voulait sentir sous ses doigts, alors elle repoussa la chemise à moitié ouverte et le t-shirt, puis glissa enfin contre sa peau chaude. William ferma les yeux et laissa Rose explorer son corps. Elle soulevait ses vêtements, avide de l'observer en plus de le toucher, se mordillant la lèvre en regardant sa peau plus dorée que la sienne, les poils bruns qui couraient de son nombril à son bas-ventre, ses côtes qu'elle embrassa, ses pectoraux qu'elle gratifia de quelques mouvements de langues, résistant à l'envie de mordiller. Elle passa la main dans les poils bruns de sa poitrine et embrassa tout ce qui lui tombait sous les lèvres. William eut la bonne idée de retirer enfin son t-shirt et sa chemise – elle n'avait pas osé le faire à sa place, préférant attendre que cela vienne de lui. Elle recula la tête juste pour le contempler dans son entièreté, torse nu, ses muscles dessinés appelant des caresses de ses doigts. Elle ne se fit pas prier et caressa toute la peau devant elle, puis appela sa bouche contre la sienne en passant la pointe de sa langue sur ses lèvres. Ses mains dévièrent de plus en plus bas et touchèrent la ceinture de cuir noir, puis continuèrent plus bas… elle passa la paume de sa main contre l'érection qu'elle sentait, tendue contre le jean, et un gémissement profond résonna dans ses oreilles. Deux grandes mains se plaquèrent de part et d'autre de la tête de Rose et il expira lentement. Elle ne résista pas à la tentation de presser doucement sa paume encore une fois et fut récompensée par un autre gémissement.
- Ma Rose, gronda-t-il en retrouvant ses yeux verts. Si tu savais comme j'ai envie de toi…
Il saisit sa bouche et força ses mains à venir s'enrouler autour de sa nuque. Rose répondit à son baiser avec ferveur et défit prestement quelques autres boutons de son chemisier avant de plaquer son torse contre celui de William, qui réagit en l'enlaçant de nouveau et en glissant ses doigts contre la peau de son ventre, caressa ses côtes et hésita un instant.
- Vas-y, touche-moi…
Elle sentit ses seins être enveloppés d'une nouvelle chaleur par-dessus son soutien-gorge et son souffle court fit sourire William entre deux baisers. Il relâcha ses lèvres et s'éloigna un peu d'elle, puis ses mains quittèrent sa peau. Elle eut l'air perdu et il sourit encore.
- Ne me regarde pas comme ça… j'ai très envie de continuer à te toucher…
- Alors pourquoi tu arrêtes ?
- Range-moi cette moue boudeuse qui commence à beaucoup trop m'exciter, lâcha-t-il avec un sourire charmeur.
Elle fit un effort et tenta, un peu vainement, de retrouver une expression neutre.
- J'arrête parce que la demi-heure est bientôt écoulée.
- Oh… déjà ?
William eut un rire et vint tracer le contour de ses lèvres du bout des doigts avant de l'embrasser encore. Elle posa aussitôt sa main sur son torse et accrocha un doigt dans un des passants de son jean pour l'attirer contre elle. Il se laissa faire et leur baiser s'approfondit… avant qu'il ne recule.
- Tu n'as aucune volonté, lui reprocha-t-il.
- Non, confirma-t-elle. Surtout quand tu es torse nu devant moi.
Le sourire charmeur spécial Rose s'étala sur son visage.
- Et que tu me souris comme ça, soupira-t-elle. Ça me donne envie…
- Envie de quoi ? s'enquit-il.
- De retirer tous mes vêtements. Et les tiens ensuite.
- Merlin, tu vas me mener à ma perte.
Et il l'entraina dans un nouveau baiser passionné qui les laissa pantelants.
- Décroche ta jambe, ma Rose, demanda-t-il, faussement fâché, après un silence pendant lequel ils reprirent leur souffle.
- Pardon, murmura-t-elle en reposant le pied par terre.
- Arrête de me mater comme ça, grommela-t-il.
- Désolée… tu es irrésistible.
Elle leva la main et traça des dessins sur sa peau pour profiter encore une fois de sa douceur. Il se laissa faire, puis vint saisir son poignet, clairement amusé.
- Ils vont arriver et on va être à moitié nus, prévint-il.
- Ben c'est bien, ils sauront qu'on est réconciliés…
Il se mit à rire et embrassa l'intérieur de son poignet, puis son avant-bras. Rose l'observa faire à travers ses yeux mi-clos avant qu'il ne lâche son bras et soupire.
- On vaut pas mieux l'un que l'autre, s'amusa-t-elle en voyant le désir dans ses yeux.
- Absolument. Bon, j'allais te proposer de t'aider à te rhabiller, mais ça va sûrement dégénérer…
- C'est probable.
Ils échangèrent un petit rire et William se pencha pour ramasser ses vêtements, qu'il enfila alors que Rose refermait les boutons de son chemisier crème aux manches bouffantes, puis rattrapa les bretelles de sa robe-salopette et remit les attaches en métal. Elle ne se priva pas de regarder William remettre son t-shirt dans son pantalon et haussa un sourcil alors qu'il se rajustait à l'avant.
- Ça, ça va pas être de la tarte à cacher, maugréa-t-il en suivant son regard sur son entrejambe, lui arrachant un sourire.
Il recula de quelques pas alors qu'elle achevait de remettre ses propres vêtements en place.
- Attends, ton col de chemise…
Elle leva les mains et il la regarda avec suspicion.
- Promis c'est juste pour t'aider ! Regarde, voilà… c'est terminé.
Et Rose recula aussitôt pour montrer sa bonne foi, sous le rire de William. Il passa la main dans ses cheveux courts et Rose leva le pouce pour lui indiquer que c'était bon, puis elle pointa vers elle. Il secoua la tête et glissa ses doigts dans les boucles désordonnées dans une tentative de les discipliner. Rose le regarda faire, son désir pour lui encore bien éveillé.
- Là, c'est mieux, constata-t-il avec satisfaction. Arrête de me regarder comme ça…
- Moi aussi j'ai envie de toi, signala-t-elle en murmurant.
- C'est parfaitement déloyal de me dire ça maintenant. J'avais presque réussi à… mater le monstre.
Elle éclata de rire avant de plaquer une main sur sa bouche.
- Le monstre, vraiment ? hoqueta-t-elle.
Il croisa les bras, l'air vexé.
- Tu es vraiment vexé ? demanda Rose d'une voix un peu incertaine.
- Un tout petit peu, rétorqua-t-il avant de lui adresser un grand sourire. Tu feras moins la maligne quand tu feras sa connaissance.
- Très classe, très modeste, rit encore Rose. J'ai hâte que tu me le présentes, ajouta-t-elle en un murmure.
- Ah tu arrêtes, râla-t-il alors qu'elle se mettait de nouveau à rire.
Elle se racla la gorge et fit quelques pas vers le centre de la pièce pour retrouver sa position originelle, puis se tourna vers lui, très sérieuse.
- Bon, qu'est-ce qu'on leur dit ? Parce qu'ils vont nous demander des comptes, tous.
- C'est vrai… qu'on s'est réconciliés, déjà. Tu veux leur dire que…
Ses épaules se baissèrent alors qu'il cherchait ses mots.
- Que toi et moi, on… poursuivit Rose, aussi indécise que lui.
Ils hésitèrent et se regardèrent.
- Et si on ne disait rien pour l'instant ? proposa William.
- Pourquoi pas… on garde ça pour nous alors…
- Je me dis que pour une fois, ça pourrait être sympa d'avoir une relation qui n'est pas scrutée et analysée par tout le monde… non ? Ne serait-ce que pour le début ? Le temps qu'on trouve notre propre équilibre ?
Rose opina lentement, d'accord avec son idée.
- Et puis… j'ai envie de, je sais pas, faire les choses bien, osa-t-il.
- Comment ça ?
- De t'emmener à des rendez-vous, même si c'est dans le château. De partager des repas seul avec toi. De te faire la cour, quoi…
Un large sourire s'étala sur le visage de Rose, ravie à cette idée.
- C'est débile, non ?
- C'est très bien, chuchota-t-elle, encore plus sous le charme, si c'était possible. Je suis d'accord, on fait comme ça.
Il lui décocha son sourire le plus charmeur et elle en perdit momentanément la parole. En quelques enjambées, il fut devant elle et posa ses lèvres contre les siennes pendant quelques secondes. Puis il recula et retourna se poster là où il était auparavant et ils échangèrent des sourires qu'une personne extérieure aurait probablement qualifiés de niais – avec raison, pensa aussitôt Rose.
- Donc… résuma Rose. On s'est réconciliés en se rendant compte que tout n'était que malentendu depuis dix jours ?
- Ça me va. Comment on explique qu'on est restés plus d'une heure à parler de ça ?
Ils restèrent concentrés le temps de réfléchir.
- On a qu'à dire que j'ai fait un caprice et que j'ai refusé de t'écouter pendant un temps considérable, proposa Rose.
- Mais…
- Ça passera comme une lettre par Scouthibou, je suis capricieuse et bornée, c'est un secret pour personne.
- C'est bien de le reconnaitre.
Elle lui tira la langue et résista à l'envie de se lover dans ses bras.
- Et on pourra dire que je t'ai provoquée en parlant de Zabini et de la fin de votre relation cet été.
- Parfait, acquiesça-t-elle avec satisfaction.
- En conclusion… on est réconciliés et on veut, avant tout…
- Redevenir amis comme avant, termina Rose à sa place pendant qu'il hochait la tête.
- De vrais cerveaux criminels, s'amusa William.
Il regarda vers la porte, elle secoua la tête.
- Bon, il ne faut pas se faire d'illusion : on est tous tellement proches qu'ils vont vite comprendre, rappela Rose.
- Surtout Derek, marmonna William.
- Euh…
- Panique pas, je me doute bien qu'il va être au courant de tout dans la minute où cette porte s'ouvrira.
Une petite grimace fit sourire Rose.
- Enfin, pas tout, tout, j'espère ?
- Non, t'inquiète pas, rit-elle. On ne partage pas ce genre de détails. Le plus difficile…
- Oui ?
- Ça va être de ne pas te toucher devant tout le monde, finit Rose avec une moue.
- Ah, c'est la moue fatale ça… arrête…
Tout en parlant, il s'était rapproché d'elle et avait caressé sa lèvre inférieure de son pouce. Puis il posa sa bouche contre la sienne et Rose eut un soupir de contentement avant de sentir sa langue chercher la sienne. Il tenait son visage entre ses mains et elle avait glissé ses doigts autour de sa nuque, hissée sur la pointe des pieds. William eut un grognement appréciateur alors qu'elle se collait à lui.
- Tu as raison, stabilise-toi, ne va pas tomber, valida-t-il avant de reprendre possession de sa bouche et de l'enlacer.
Il fallut à Rose toute la volonté du monde pour quitter ses lèvres si douces et défaire son étreinte avant de reculer. Elle passa les doigts sur ses lèvres gonflées et expira lentement, ses yeux rivés à ceux de William. Ils échangèrent un sourire un peu coupable et il retourna pour la troisième fois vers son lit, loin d'elle. Puis il secoua un doigt en l'air.
- Je n'aurais jamais dû te dire que cette moue m'excitait, regretta-t-il alors qu'elle souriait de façon angélique.
- Non, confirma-t-elle.
- Il ne serait que justice que tu me rendes la pareille.
Rose resta interdite un instant et William perdit un peu de son assurance devant son silence.
- Mais non, contra-t-elle sans qu'il n'ait besoin d'exprimer sa déception. C'est juste que… je sais pas quoi choisir.
Il se mit à rire et lui fit un clin d'œil, son égo visiblement regonflé.
- Ça, lança faiblement Rose.
- De quoi ?
- Tes clins d'œil. Ils me font un effet… fou, souffla-t-elle. Voilà, on est à égalité.
- Tu regrettes toi aussi hein ?
- Terriblement, pouffa-t-elle.
- Ah mais je viens de comprendre ! C'est pour ça que tu les avais interdits dans le règlement ?
- Évidemment, dit-elle en haussant les épaules.
Il ouvrit la bouche en prenant une inspiration, puis abandonna son idée. Rose haussa un sourcil interrogateur.
- Non, je ne vais pas te donner deux armes d'excitation massive dans la même journée, n'insiste pas.
Elle éclata de rire, tant à son vocabulaire qu'à l'idée d'avoir d'autres atouts à jouer pour séduire William. Son regard dévia machinalement vers la porte et elle lissa sa robe par réflexe, opinant légèrement à la question muette de William. Il se racla la gorge et rajusta le poignet de sa chemise alors que le battant s'ouvrait une nouvelle fois pour laisser entrer Derek et Nassim.
- Alors, déjà, désolés… on vous a un peu oubliés.
Deux regards interdits répondirent à Nassim.
- On s'est un peu laissé emporter par la petite fête en bas, justifia Derek avec un sourire désolé.
- Ça fait quasiment une heure qu'on est passés pour la dernière fois, marmonna Nassim.
- Pas grave ! s'exclama William en affichant un large sourire. Vous voyez, on ne s'est pas écharpés.
- Vous vous êtes réconciliés ?
Rose leva un pouce et fit un sourire le plus amical possible.
- Ce n'était qu'un gigantesque malentendu, résuma-t-elle simplement.
- Ben oui ! se réjouit Nassim. Allez, on vous rend vos baguettes.
- Trop aimable, maugréa William en empochant son arme.
Rose fit un geste à Nassim et William pour qu'ils se tournent. Ils obtempérèrent tous les deux, mais une tête se tourna discrètement et Rose dut réprimer un sourire alors qu'elle soulevait sa robe bordeaux et glissait sa baguette dans son bas, contre sa peau. Elle rabattit la robe avec naturel et lança un regard furtif à Derek, focalisé sur William qui louchait sur les jambes de Rose.
- C'est bon, elle est rangée…
Le grand blond ne lâcha pas William du regard, jusqu'à ce que Rose lui touche le bras dans un geste apaisant.
- On descend ? proposa Nassim qui avait manqué tout l'échange. Parce que je vous rappelle… qu'on a un pari à boire.
- Par Merlin, maugréa Rose.
- Tu regrettes ton idée pourrie hein ? taquina William.
- Tellement, soupira-t-elle sous les rires des trois garçons.
En descendant, elle adressa un clin d'œil à Derek qui secoua la tête avec un sourire.
- Hé ben, c'est pas trop tôt…
Elle pouffa avant de retrouver leurs amis dans la Salle Commune. Il y avait encore pas mal de monde et de la musique résonnait dans la pièce. Ils rejoignirent le coin où les autres étaient installés, Rose adressa un sourire aux joueuses de Quidditch, assise en cercle avec Mandy, Idriss, Marc et Michael.
- Idriss va nous apprendre à jouer au strip-poker ! s'enthousiasma Leah en désignant le septième qui tenait un paquet de cartes en main.
Le sourcil haussé et le ton sévère de Rose firent perdre à Idriss son sourire angélique.
- Tu ne vas rien leur apprendre du tout, trancha-t-elle.
- Non M'dame, murmura-t-il presque aussitôt.
Une main passa devant lui et se saisit du jeu de cartes. Rose adressa un regard reconnaissant à William, puis se tourna vers les plus jeunes.
- Et vous, vous allez vous coucher, annonça-t-elle d'un ton sans appel.
Siobhan commença à protester mais Grace lui posa une main sur le bras.
- Elle a raison. Allez, on y va…
Rose hocha la tête, satisfaite de leur réaction pendant que Marc poussait un petit sifflement admiratif.
- Quelle autorité. Vous vous êtes rabibochés tous les deux ? demanda-t-il en désignant William puis Rose.
- Oui, tout est clarifié.
- Ce n'était qu'un malentendu un peu débile, ajouta William sereinement. Retour à la normale…
- On verra si c'est retour à la normale… une fois que tu auras bu ton pari perdu ! s'exclama Anthony.
Le préfet venait de poser une bouteille de Pur-Feu sur la table basse, ce qui déclencha une série de grognements.
- On n'est pas obligés de le faire, vous savez, rappela Rose. Si personne n'en a envie…
- Et si… lança Terry tout en réfléchissant. Et si on additionnait tous les shots et qu'on divisait le total par douze ? Est-ce que ça diminuerait beaucoup ou pas ?
- Ah, bonne idée tiens, approuva Lisa. Je compte et je vous dis.
Elle déplia le parchemin où les paris avaient été notés par Rose et prit son temps.
- Soixante-dix-huit au total… soit six et demi chacun.
Ils échangèrent des regards incertains.
- Moi je suis chaud, sourit Derek.
- Pareil, renchérit Nassim.
- Évidemment, vous aviez parié neuf et dix…
- Allez on le fait ! s'écria soudainement Padma.
- Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de notre amie Padma ? murmura Michael.
- Mais attendez, je suis bête, coupa Lisa. Il faut diviser par onze, parce que moi, j'ai gagné mon pari…
- Ah c'est vrai. Ça ferait environ sept chacun.
- Et je vous accompagne quand même pour la gloire, sourit Lisa. Peut-être pas pour les sept, cela dit… privilège de gagnante, je m'arrête quand je veux ?
- Marché conclu, s'amusa Rose. Nassim… éblouis-nous.
Il tira une table autour de laquelle ils se postèrent spontanément, puis déboucha le whisky et remplit deux verres à shots avant de sortir sa baguette, bien déterminé à les multiplier au lieu de remplir soixante-dix-huit verres.
- Attends, l'arrêta William. Est-ce qu'on peut choisir un autre alcool ?
- On avait dit Pur-Feu… rappela Terry.
- Allez, je viens de me faire larguer, plaida le capitaine de Quidditch avec un regard un peu abattu.
- Bon, qu'est-ce que tu veux boire ? soupira Rose en croisant les bras.
- De la vodka, annonça-t-il avec un sourire satisfait.
Nassim regarda Rose, attendant sa réaction. Elle acquiesça et il fonça dans la chambre des garçons pour en redescendre avec une nouvelle bouteille sous le bras.
- Alors, sept shots de vodka…
- Quatorze, corrigea Rose. Je m'en occupe, fais les autres d'accord ?
Elle versa le liquide transparent dans deux petits verres et… arrêta son geste car elle avait failli soulever sa robe en public.
- Laisse faire les hommes forts, ma petite Rose.
Un bras musclé la repoussa, quoique gentiment, et William s'appliqua à multiplier les verres, un sourire en coin aux lèvres. Elle hésitait entre l'agacement et le désespoir, pour s'arrêter sur la tendresse et l'amusement quand il se redressa et lui tendit un petit verre en plongeant ses yeux dans les siens.
- Les « hommes forts », vraiment, marmonna-t-elle à son attention.
- C'était pour t'éviter l'inconvenance de montrer tes jolies cuisses à tout le monde en prenant ta baguette, rétorqua-t-il sur le même ton. Pas que je me serais plaint de les revoir… mais je suis pas partageur.
- Merci pour l'idée de la vodka, choisit-elle de répondre pour changer de sujet.
- J'ai vu ta petite tête écœurée quand il a dégainé le whisky, s'amusa-t-il.
- Mais « je viens de me faire larguer », c'était ta seule idée ?
- Ça, ou « c'est ce que ma Rose préfère », tu aurais préféré quoi ?
Elle se mordilla la lèvre, et cette fois ce ne fut pas parce qu'elle était mal à l'aise, mais parce qu'elle avait envie de se pendre à son cou et de l'embrasser.
- « Je ne peux plus boire de Pur-Feu sans être instantanément malade », par exemple…
Il scruta son visage un moment et esquissa un sourire charmeur et désolé à la fois, ce que Rose trouva assez admirable.
- Oui ben… j'y ai pas pensé…
- C'est bon il y en a soixante-quatre, plus sept pour Lisa ! s'écria Nassim, coupant leur discrète conversation.
- OK alors, un… deux… trois !
Et ils burent leur premier shot tous en même temps, réunis autour de la table. La main chaude de William avait glissé dans le dos de Rose et elle s'était légèrement appuyée contre lui sans que personne ne remarque rien.
- Numéro deux ! lança Lisa.
William et Rose échangèrent un regard complice et trinquèrent avant de vider leur deuxième verre. Elle ne put retenir une grimace à la brûlure de l'alcool, imitée par la plupart de ses amis. Lisa s'arrêta à quatre shots et Padma lui lança un regard envieux, Terry était collé contre Derek qui l'avait enlacé et ne cessait de venir poser de légers baisers sur sa joue. Rose l'entendit l'encourager avant d'ajouter qu'il n'était pas obligé de terminer.
- Ça sert à rien de te rendre malade, chuchotait le grand blond.
- Je. Vais. Terminer.
- D'accord, d'accord, rit finalement Derek. Bon, Will, t'es prêt à porter tout le monde dans la chambre ? Parce qu'à mon avis, va falloir donner de nos personnes…
- Cinq ! cria Michael, empêchant William de répondre, bien que son rictus amusé parle pour lui.
- Je vais voir avec mon alter ego préhistorique pour protéger le clan, murmura-t-il près de Rose qui éclata de rire et faillit recracher sa vodka.
- Ah non Rose, ne commence pas à tricher ! protesta Idriss.
- Désolée, hoqueta-t-elle, ça ne se reproduira pas…
Elle termina correctement son cinquième verre et le posa doucement, pour être sûre de bien viser la table.
- Pourquoi tu l'as pas larguée à la fête d'Halloween ? gémit-elle une fois le sixième verre vidé à son tour.
William lui jeta un regard surpris pendant que les autres pouffaient.
- Oui, ou aujourd'hui après le match de Quidditch, ça aurait été bien ça, lança Marc avec un sourire crispé.
L'intéressé éclata de rire et Rose le sentit raffermir sa prise dans son dos.
- Dites c'est pas moi qui vous ai fait faire des paris ! Il me semble que ce serait plutôt la demoiselle à côté de moi ! Allez, hop, le septième verre !
Il leva le sien en l'air et le vida en une seconde. Il jeta un œil amusé vers Rose, puis, très rapidement alors que tout le monde attrapait son dernier verre, il lui prit son verre plein et lui donna le vide à la place.
- Bois, ma Rose.
Elle fit semblant de boire pendant qu'il avalait celui qu'elle aurait dû ingérer. Ils firent tous claquer les petits verres sur la table et poussèrent des cris satisfaits, tandis que Rose ne pouvait s'empêcher d'observer William avec admiration. C'était sûrement stupide, mais elle était bouche bée qu'il l'ait protégée d'un septième verre qui, clairement, ne serait pas passé.
- Ferme la bouche, mon chat. Ça devient trop évident.
- Oups, pouffa-t-elle. Merci.
Heureusement que leurs amis étaient occupés à faire disparaitre les preuves de leur débauche, plus ou moins efficacement selon leur résistance à l'alcool. Padma s'enfonça dans un fauteuil et regarda au loin, ce qui fit beaucoup rire Michael, qui tanguait un peu et finit par s'asseoir sur la table basse. Par habitude, ils se réunirent à nouveau près les uns des autres et papotèrent longuement – ça ne devait pas être bien cohérent, mais ils riaient beaucoup.
- Allez les poids plumes, chambre… annonça calmement Derek en se levant finalement. Je m'occupe de Terry en premier et je redescends.
La dernière partie de sa phrase était pour William qui opina sagement de la tête et força Michael et Anthony à se lever puis les poussa vers le bas des escaliers.
- Préparez la chambre, on dort tous ensemble.
- Décidément, commenta Marc, ça devient une habitude…
- Je protège le clan, répondit-il simplement sous les froncements de sourcils de ceux qui l'avaient entendu.
Rose réprima un sourire et aida Mandy à se mettre sur ses pieds, la blonde tenant visiblement moins l'alcool qu'elle.
- Ça va aller ?
- Mais oui, maugréa son amie.
- Idriss, appela Rose. Viens l'aider. On est d'accord que vous aviez pas bu que de l'eau avant qu'on fasse les shots ?
- Je vois pas de quoi tu parles, chantonna Nassim en passant à côté d'elle, un sourire aux lèvres.
- J'embarque Padma.
Derek souleva son amie sans difficulté et l'emmena dans la chambre. Bientôt, il ne resta qu'elle dans la Salle Commune, désertée depuis longtemps par les autres élèves. Elle jeta un œil pour vérifier qu'ils n'avaient rien oublié de ranger ou nettoyer, sortit rapidement sa baguette et fit disparaitre un verre à shot qui avait roulé sur le tapis, près de la cheminée.
- Les enfants sont au lit, fit une voix derrière elle.
Elle se retourna et lui adressa un sourire, il la rejoignit et glissa immédiatement ses mains autour de son visage, puis posa ses lèvres sur les siennes. Rose répondit à son baiser, puis recula un peu.
- Tu sais, si tu veux qu'on fasse « les choses bien », il faudrait arrêter de s'embrasser dès qu'on en a l'opportunité, taquina-t-elle.
- Et pourquoi ?
- Parce qu'avant de pouvoir m'embrasser, il faudrait que tu me séduises, qu'on se promène main dans la main dans le parc, qu'on fasse des activités…
- Ah mais si tu veux faire des activités avec moi, j'ai des idées à foison, je te promets.
Elle lui mit une petite tape joueuse sur le bras.
- Mais alors, ce qu'on a fait dans la chambre, c'était quoi ? sourit-il.
- Disons, dix mois de frustration ?
- Dix mois ! s'indigna-t-il.
- Un an ? proposa-t-elle, pensant à sa fête d'anniversaire de l'an dernier.
- Essaie plutôt un an et huit mois, oui, marmonna-t-il. Et ça mérite encore un baiser.
Il se pencha vers elle et l'enlaça, elle remonta sa main sur son torse jusqu'à atteindre sa nuque pour s'y accrocher alors qu'elle sentait sa langue contre ses lèvres, qu'elle entrouvrit aussitôt pour pouvoir la caresser et la sentir dans sa bouche. Elle se colla contre lui et résista à l'envie d'enrouler encore ses jambes autour de son bassin… C'est lui qui mit un terme à leur baiser et caressa son visage du pouce en reculant.
- Il faut qu'on mate mon double préhistorique, ma Rose.
- Pourquoi ? s'amusa-t-elle.
- Il est en train de me dire, non, de m'ordonner, de t'emmener dans ma chambre. Celle qui est vide. J'ai beau lui répéter que c'est bien trop tôt, il insiste, le mal élevé…
- Dis-lui que je suis d'accord, c'est trop tôt. Et pas du tout discret lorsque tout le monde se réveillera demain et qu'on sera les seuls absents !
- Ben voilà, marmonna William avant de poser un autre bref baiser sur ses lèvres. D'abord, je dois te faire la cour.
- Alors arrête de m'embrasser, souffla Rose.
- Arrête d'être aussi…
Il fit un geste vers elle.
- Sexy. Et attirante. Et…
Rose le fit taire en l'embrassant, jouant avec l'idée de remonter dans la chambre des septièmes avec lui… Non. C'était trop tôt. Et une partie d'elle-même, bien que toute petite, se disait que s'ils passaient d'emblée la nuit ensemble, peut-être que leur relation ne dépasserait pas les fatidiques six jours. Il faudrait donc qu'elle cesse de l'embrasser… plus facile à dire qu'à faire, surtout quand il caressait son ventre, ses côtes, touchait légèrement ses seins comme ça… Elle soupira contre ses lèvres et trouva la force de rompre leur étreinte.
- Nous n'avons aucun self-control, soupira-t-elle.
Le sourire désolé de William l'attendrit complètement.
- Et, continua-t-elle en levant un doigt, non seulement tu profites d'une mineure, mais en plus, une mineure qui a trop bu. C'est pas terrible comme comportement, ça…
- Tu as raison, chuchota-t-il près de son oreille. Je vais aller coucher la mineure dans un lit.
Et il la souleva pendant qu'elle poussait un petit cri amusé.
- Non, non, chère mineure, n'enroule pas tes jambes autour de moi comme ça… protesta-t-il sans faire un geste pour l'arrêter et glissant ses mains sous elle pour la soutenir.
- Pourquoi pas ?
- Et ne fais pas cette moue, maugréa-t-il. C'est déloyal.
Rose eut un grand sourire et il secoua légèrement la tête.
- Aristo bien éduquée, tu parles… dès que ça boit un verre de trop, ça ne sait plus se tenir et ça saute sur n'importe qui ! Sur des hommes majeurs et respectables !
Elle gloussa contre son épaule et le laissa monter les escaliers et atteindre la porte des garçons avant de se laisser glisser pour poser les pieds par terre. Ils échangèrent encore un baiser, leurs langues se liant une dernière fois rapidement avant que William ne pousse la porte et fasse entrer Rose avant de refermer.
- Ah vous voilà, s'exclama la voix claire et basse de Derek.
Il était assis sur le lit de Terry et penché vers la porte. Il secoua un vêtement.
- Pour toi, mon chat.
- Merci, comprit-elle en se saisissant du t-shirt qu'il lui prêtait pour la nuit.
Il pointa son lit et le matelas qui y était collé, William opina et s'y installa puis défit ses chaussures. Rose ne put retenir un sourire amusé vers son meilleur ami qui avait fait en sorte qu'ils puissent dormir proches sans être dans le même lit.
- Bonne nuit mon cœur.
- Bonne nuit mon chat, sourit-il avant d'éteindre sa baguette et de disparaitre derrière les rideaux fermés.
Dans le noir, elle retira ses chaussures à son tour et les abandonna au pied du lit, puis enjamba le matelas au bord duquel William était toujours assis. Elle posa les fesses au bord du lit et défit les attaches de sa robe pour la faire glisser le long de ses hanches, la portant comme une jupe le temps de retirer son chemisier, consciente qu'un visage très intéressé était tourné vers elle. Elle savait qu'il ne pouvait pas la voir, mais sentit tout de même ses joues se réchauffer. Ce fut encore pire lorsqu'une main s'enroula autour de sa cheville alors qu'elle déboutonnait tranquillement son chemisier. Les doigts remontèrent lentement et elle ferma les yeux, la lèvre inférieure coincée entre ses dents. William était juste à ses pieds, pas besoin de le voir pour le savoir, et lui caressait les jambes en un geste qui lui faisait oublier qu'ils n'étaient pas seuls.
- William… protesta-t-elle très faiblement.
- Je t'aide à enlever tes bas, justifia-t-il en un susurrement qui lui mit la chair de poule.
Et c'est ce qu'il fit : il passa ses doigts sous le bord des bas et les déroula de chaque jambe avec une lenteur calculée et sensuelle. Rose ne s'était même pas rendu compte qu'elle avait coincé ses doigts dans les cheveux de William et les lui tira alors qu'un baiser était déposé à l'intérieur de ses genoux. Il se redressa, toujours agenouillé, et vint l'embrasser sans faire de bruit, alors qu'elle se penchait de plus en plus vers lui et posait ses mains vers sa nuque, jouant avec le col de son t-shirt, caressant sa peau tandis qu'il suçotait sa langue. Rose dut étouffer un soupir de plaisir et retira sa langue pour ne pas perdre le contrôle des bruits qu'elle faisait, puis après un ultime baiser plus sage, recula.
- C'est terrible de devoir résister, murmura-t-il, lui arrachant un rire presque silencieux.
- Très.
Elle lui caressa la joue, puis monta complètement sur le lit avant qu'ils ne reprennent leurs petits jeux et tira les rideaux latéraux, sans les fermer complètement. Elle retira son chemisier et le laissa glisser en bas du lit, certaine qu'il allait le trouver. Comme elle n'entendait pas de réaction, elle défit son soutien-gorge et le laissa tomber au même endroit. Cette fois, elle entendit une expiration assez bruyante qui mit le feu à son bas-ventre. Elle enfila le t-shirt prêté par Derek et se faufila sous la couette, prenant garde à ne pas bousculer Padma qui dormait déjà. Elle s'allongea et son bras se retrouva immédiatement dehors, ses doigts tapotant sur le matelas pour attirer l'attention de William. Elle le sentit s'allonger à son tour et s'apprêtait à retirer son bras lorsqu'une main saisit la sienne, la faisant sourire. Il pressa sa joue contre sa paume et elle ferma les yeux de contentement, caressant délicatement sa peau de son pouce. À chaque fois qu'elle s'approchait de ses lèvres, il les avançait pour un petit baiser et elle souriait encore plus. Il déplaça sa main et vint embrasser chaque doigt. Les yeux de Rose se rouvrirent brutalement au moment où il lécha le bout de son index, puis suça celui de son majeur. Rose tourna la tête pour enfoncer son visage dans le matelas, incertaine de pouvoir maitriser ses cordes vocales. Quand il embrassa sa paume, elle tourna de nouveau la tête sur le côté et eut un sourire attendri.
- Bonne nuit ma Rose, souffla-t-il en éloignant sa main de son visage, sans la lâcher pour autant.
- Bonne nuit William.
Elle s'endormit en souriant béatement.
Au réveil, elle trouva son bras plutôt engourdi sans en comprendre tout de suite la raison. Puis elle se souvint de sa main dans celle de William, au moins au début de la nuit. Elle le chercha sur le matelas, mais ne trouva personne, alors, soulevant le rideau qui lui bloquait la vue, elle jeta un œil dans la pièce désormais éclairée par la lumière du jour, et le constat fut décevant : le matelas de William était vide. Elle se mordit la lèvre pour retenir un soupir, remonta son bras et se tourna sur le dos pour s'étirer. Padma dormait toujours et elle ferma les yeux un instant, profitant du calme autour d'elle.
Par Merlin.
Elle venait d'entamer une liaison – secrète – avec William.
Sa main vint contenir son rire nerveux. Elle avait du mal à y croire, et elle avait hâte de voir comment les choses allaient évoluer. Elle espérait sincèrement qu'ils allaient prendre le temps de passer des moments rien que tous les deux avant d'annoncer officiellement qu'ils étaient… hé bien, en couple, supposa-t-elle. Bien qu'il fût bien trop tôt pour utiliser une expression pareille, elle ne savait pas quoi utiliser d'autre. Enfin, elle s'abstiendrait de le dire devant lui, histoire de ne pas faire fuir Monsieur anti-engagement-long-terme tout de suite… Rose fronça les sourcils, toujours incertaine quant à ses déclarations de la veille de rester tant qu'elle voudrait de lui… Bon. Elle verrait bien… elle espérait juste qu'elle ne finirait pas roulée en boule au fond de son lit à pleurer toutes les larmes de son corps. Un dernier regard à Padma et elle se leva doucement puis se glissa entre les rideaux et les referma correctement pour laisser son amie profiter de sa grasse matinée. Elle poussa le matelas vide de William pour l'éloigner du lit et le rapprocher de Marc, ni vu ni connu… Elle n'entendait personne discuter, elle en déduisit qu'il était tout de même relativement tôt, et chercha le réveil de Derek des yeux. Neuf heure trente-six. Ça l'étonnait que son meilleur ami soit encore endormi, alors elle se leva et contourna Marc puis tendit l'oreille vers le lit de Terry.
Derek ?
Pas de réponse. Soit il dormait profondément, soit il ne voulait pas lui parler… soit il était parti. Elle se dandina sur place, incertaine : est-ce qu'elle osait passer la tête derrière le rideau ? Et si jamais lui et Terry étaient en train de… Elle fit une grimace et recula de quelques pas, décidant de rassembler ses vêtements, qu'elle retrouva posés en tas près de ses chaussures, le soutien-gorge bien plié et glissé dans son chemisier, ce qui lui arracha un sourire amusé.
Décidant de faire une dernière tentative avant de retourner dans sa chambre, elle se planta devant le lit de Terry et murmura :
- Derek ?
Un bâillement lui parvint et une petite tête brune apparut entre deux rideaux, puis lui fit un sourire.
- Parti se faire du mal, chuchota-t-il. Tu viens ?
Elle hocha la tête avec enthousiasme et lâcha ses vêtements avant de se glisser sous les draps avec Terry.
- Je crois qu'il est parti avec William, continua-t-il en se lovant à son côté.
- Le matelas était vide, confirma Rose.
- Qu'est-ce qu'ils sont fatigants tous les deux à sauter partout à pas d'heure le matin…
Un rire silencieux souleva les épaules de Rose.
- Ça va mieux entre vous deux ? demanda-t-il avec intérêt.
- Bien mieux. On s'était entrainés dans un malentendu un peu débile… il croyait que je le détestais à cause de son erreur avec Rebecca, je croyais qu'il ne voulait plus rien avoir à faire avec moi…
- Et bêtes comme vous êtes, chacun est resté dans son coin et a refusé de communiquer avec l'autre.
- Gagné, sourit Rose. Mais c'est bon maintenant.
Elle laissa passer un silence, triant ce qu'elle pouvait lui dire ou non.
- Oh, tu sais pas ce qu'il m'a dit d'ailleurs ? choisit-elle. Rebecca lui court à nouveau après.
- Nooon ?
Ses yeux gris empreints de surprise scrutèrent ceux de Rose.
- Mais oui ! Elle veut qu'ils se donnent une seconde chance apparemment…
- Improbable.
Il esquissa un petit sourire.
- Tu veux qu'on aille lui jeter des sorts pour s'en débarrasser ?
- Oh c'est tentant, marmonna Rose avant de sourire. Mais non, on va le laisser se débrouiller avec ses choix douteux.
- Bonne idée, pouffa son ami. Du coup, toi et William…
- Amis, répliqua-t-elle. Ce sera bien déjà, et puis… on verra où ça nous mènera.
- Tu fermes pas la porte à une relation plus amoureuse qu'amicale alors ?
- Non, fit-elle en haussant les épaules.
- C'est bien. Je pense que c'est une bonne idée.
Ils échangèrent un sourire et elle s'en voulut de ne pas tout lui dire, surtout à lui. Merlin, il allait falloir faire la même chose avec Lisa… Bon, il fallait se raisonner : il ne s'agissait pas de se cacher lorsqu'ils partiraient en rendez-vous en tête à tête, ni de dissimuler toute leur relation… il fallait juste qu'ils se laissent un peu de temps pour définir ce qu'ils étaient avant d'en parler publiquement. Voilà, c'était tout.
Elle réprima un sourire, consciente qu'elle préparait déjà sa défense pour le jour où ils annonceraient cela à leurs amis.
- Ça va avec Derek ? questionna Rose brusquement.
- Oui, pourquoi ?
Elle lui jeta un œil et continua tranquillement.
- Il est distrait en ce moment, non ?
- Un peu, admit Terry. Par le Quidditch, principalement, mais maintenant que le premier match est passé, il va redevenir un peu plus attentif.
- Et ?
- Et il s'inquiétait beaucoup pour toi, pour tout te dire.
Rose soupira et fit un sourire crispé à son ami.
- Je suis désolée.
- Pourquoi ?
- Parce qu'à cause de moi, ton petit-ami est un peu ailleurs au lieu d'être à cent pour cent avec toi.
- Mais je me plains pas, moi, sourit Terry. J'ai jamais pensé que votre amitié fusionnelle était un problème pour notre couple, tu sais.
- Vraiment ?
Le soulagement dans la voix de Rose était évident. Elle adorait Terry et s'en serait voulu pour le restant de ses jours s'il avait eu une quelconque rancœur à ce sujet.
- Vraiment. Tu sais, depuis qu'on est tous les trois dans la confidence pour…
Il tapota sa tempe de son index et elle opina en comprenant.
- On est plus proches tous les trois non ? Moi ça me convient.
- Je suis d'accord. Et à moi aussi.
- Même si un jour il faudra qu'on te cède à quelqu'un de moins grand que Derek et aux yeux plus bleus que les miens, soupira-t-il dramatiquement.
- Mais je vois pas de qui tu veux parler, marmonna-t-elle en croisant les bras.
- Moi non plus, c'était juste une description aléatoire, s'amusa-t-il.
- Et je suis pas un objet qu'on cède, s'indigna-t-elle.
- Ah quand même, je me disais aussi.
Ils se mirent à rire et leurs mains se lièrent spontanément.
- Tu regrettes pas trop d'avoir distribué les shots de manière égale hier soir ? taquina Rose.
- Pas trop au final. Je souffre pas trop ce matin. Et toi ?
- Moi ça va… je m'en suis bien sortie, sept au lieu de huit…
- Je continue à penser qu'on aurait pas dû laisser les plus gros parieurs s'en tirer à si bon compte.
- Oh t'en fais pas, on trouvera une occasion de rattraper ça…
- Me dis pas que t'as une autre idée de pari, hein !
- Non, promis, gloussa-t-elle. En tout cas, pas pour le moment.
- On pourrait parier sur l'identité de la prochaine copine de William, chuchota Lisa qui les avait visiblement rejoints.
Rose repoussa les rideaux et éclata de rire devant la tête de conspiratrice de son amie, puis tapota le matelas sur lequel elle s'assit.
- Bon, alors, Will et toi ?
Rose échangea un sourire avec Terry et répéta ce qu'elle lui avait dit, le ventre serré de mentir ainsi. Ça lui paraissait si peu naturel de leur cacher que oui, après avoir levé leurs malentendus, ils avaient décidé de se laisser une chance et de garder le secret pour le moment, mais aussi qu'ils s'étaient embrassés comme des fous avant de les rejoindre dans la salle commune…
Non, c'était stupide de cacher ça à ses meilleurs amis.
- Écoutez, il faut que je vous dise… je peux pas ne pas vous le dire, à vous deux. Sinon je vais m'en vouloir, et c'est pas naturel de vous cacher des trucs…
Ils la regardaient tous les deux avec curiosité et la laissèrent déblatérer avant que Lisa ne lève la main et l'interrompe. La rousse passa la tête par les rideaux et hocha la tête : tout le monde dormait et personne n'entendrait.
- Si tout ça, c'est pas pour nous dire que vous vous êtes enfin rendu compte que vous êtes dingues l'un de l'autre, je vais être très fâché, ronchonna Terry, maintenant assis et très attentif à ce que Rose allait dire.
- Ben, sois pas fâché alors, chuchota Rose avec douceur.
Un immense sourire s'étala sur son visage et Lisa leva les bras au ciel de joie.
- Mais c'est pas trop tôt !
- C'est ce qu'a dit Derek hier soir, s'amusa Rose.
Lisa lui pressa le bras, toute contente.
- Bon, alors, vous n'en parlez pas si j'ai bien compris ?
- C'est ça…
Rose expliqua l'accord qu'ils avaient trouvé, pour leur garantir un peu d'intimité au début de leur relation, afin qu'ils trouvent leur propre équilibre avant que ce ne soit public.
- Et puis… je me dis que si on prend notre temps, on pourrait battre les anciens records de longévité des relations de William, souffla Rose.
Ses deux amis acquiescèrent gravement, conscients que c'était le point qui effrayait le plus Rose.
- Il veut prendre le temps de te faire la cour, répéta Lisa avec un gloussement. C'est tellement inattendu que c'en est adorable.
Terry et Rose l'imitèrent.
- J'ai hâte de voir ça, commenta Terry.
- Mais s'il vous plait… ne dites rien. On est conscients que le secret ne va pas durer longtemps, on veut juste en profiter un peu avant…
- Pour aller vous rouler des pelles en toute discrétion avant de le faire en public, compléta Lisa, secouée d'un nouveau rire.
Ils eurent du mal à reprendre leur sérieux, mais Terry et Lisa promirent tout de même de garder le silence, ne serait-ce que pour rassurer Rose.
- Tu crois qu'ils vont encore nous amener le petit-déjeuner au lit ? questionna Terry. Je commence à avoir faim…
- Je pense qu'il ne faut pas trop croire aux miracles non plus, s'amusa Rose. Ça vous dirait qu'on aille aux cuisines ramener de quoi manger pour tout le monde ?
- Bonne id…
- Lisaaaaa…
- Ah, c'est pour moi ça, pouffa la rousse.
- Il a encore bu comme un trou hier ? s'étonna Rose.
- Non, pas tant que ça, mais je crois qu'il a fait des mélanges… ou plutôt, qu'il a goûté les mélanges mortels de Nassim.
- Oh là là. Bonne chance Anthony, conclut Terry. Allez Rosinette, on y va en…
- En amoureux ?
Il haussa les épaules, elle se mit à rire.
- On se retrouve dans une dizaine de minutes en bas ?
Elle hocha la tête et quitta son lit, ramassa de nouveau ses vêtements et fonça dans la chambre des filles, tirant le t-shirt de Derek pour dissimuler ses fesses le temps de traverser. Elle prit une douche, se lava les cheveux en maugréant contre la longueur nulle qu'ils avaient, s'habilla du jean qu'elle portait la veille, et enfila un gros gilet par-dessus son t-shirt favori, noir avec le logo des Bizarr'Sisters, un cadeau de Lisa. Elle attrapa un sac vide avant de rejoindre Terry et de lui lancer un grand sourire.
- Vite, vite, j'ai faim !
Ils firent l'aller-retour aux cuisines en un temps record, revenant avec deux gros sacs pleins, à peu près sûrs de pouvoir nourrir une trentaine de personnes avec tout ce que leur avaient donné les elfes de maison, et firent irruption dans une chambre où les habitants étaient tous réveillés et papotaient gaiement.
- Nos sauveurs ! s'exclama aussitôt Nassim en sautant sur ses pieds.
- Ah je commençais à avoir trop faim !
La porte de la salle de bains s'ouvrit à la volée.
- Manger ?
- Oui Derek, manger, s'esclaffa Terry.
Trois bras tendirent de la nourriture en offrande au grand blond, qui s'en saisit et avala le tout en un temps record qui fit grimacer Padma. Ils s'installèrent tous en cercle et déballèrent le petit-déjeuner au milieu avant de se jeter dessus.
- Ah, je m'inquiétais aussi de ne plus vous entendre jacasser…
William fit quelques pas dans la chambre en se passant la main dans ses cheveux encore mouillés. Il portait des vêtements propres et sentait le gel douche, celui que Rose avait utilisé des semaines avant quand elle avait utilisé la salle de bains des septièmes. Elle le regarda s'asseoir et rire à une réplique d'Idriss, sans se formaliser qu'il ne lui jette pas un regard.
Merlin qu'il est séduisant.
D'un coup, elle se retrouva avec un pancake dans la bouche. Elle tourna la tête vers Terry, les yeux agrandis de surprise.
- Ben quoi, t'avais la bouche ouverte, je pensais que tu voulais manger, moi… marmonna-t-il sans qu'elle ne puisse manquer la lueur malicieuse qui brillait dans ses yeux gris.
- Merchi, fit-elle en lui mettant un petit coup de coude.
Elle mâcha rapidement le pancake et s'en saisit d'un second qu'elle mangea plus lentement en écoutant ses amis.
- Qu'est-ce que vous faites aujourd'hui ? s'enquit Mandy.
Plusieurs haussements d'épaules lui répondirent.
- Pas de Quidditch, annonça William. Repos dominical. Et entrainement demain soir.
- Ça rigole pas hein, chuchota Padma à Michael qui leva les yeux au ciel.
- Si tu savais… Il a l'air tout gentil comme ça, mais c'est un tortionnaire.
- Roger me manque… soupira Idriss.
William secoua une main dans sa direction et décida visiblement de l'ignorer. Marc se rapprocha de Rose et elle haussa un sourcil en le voyant faire une tête très formelle. Son expiration très tendue fit taire tout le monde.
- Bon, il faut que je le fasse maintenant, dit-il d'une voix un peu étranglée.
Il lui attrapa la main.
- Rose, me ferais-tu l'honneur… de m'aider avec mon mémoire aujourd'hui en me parlant de ta baguette ? déclama-t-il très sérieusement.
- Oh Marc, je n'y croyais plus, répondit-elle d'une voix aigüe en battant des cils, plaquant une main sur sa poitrine. J'espérais tellement que tu me fasses ta demande bientôt !
Des rires commencèrent à fuser.
- Qu'en dis-tu ? souffla-t-il, au supplice.
- Oui, mille fois oui !
Leurs éclats de rire résonnèrent un moment dans la chambre alors que Marc se rasseyait et envoyait un sourire à Rose, toujours hilare. Du coin de l'œil, elle regarda rapidement William et vit son expression un peu vide et fermée. Il n'était tout de même pas jaloux ? C'était juste un jeu…
- Rose.
Sa voix basse et ferme interrompit tout le monde une nouvelle fois.
- J'arrive pas à y croire. On vient juste de se réconcilier.
Un sourcil se haussa encore sur le visage de Rose. À quoi il jouait ?
- Notre amitié reprend à peine et qu'est-ce que je vois ? murmura-t-il, les yeux plissés.
Il pointa un doigt vers elle.
- Qu'est-ce que tu portes comme t-shirt… ?
- Oh par Merlin, maugréa-t-elle avant de glousser et de lisser son vêtement pour que tout le monde voit bien le logo.
- Quoi, il est très bien ce t-shirt ! protesta Lisa.
- Évidemment que tu le trouves très bien, ronchonna William en faisant un geste de la main. Un t-shirt des Bizarr'Sisters, vraiment… Et dire que j'ai partagé mes meilleurs disques avec toi !
Le reste du groupe était hilare à nouveau et Rose se mordillait la lèvre pour contenir son rire. William lui décocha un petit sourire charmeur et lui lança un clin d'œil discret qui la fit déglutir. Elle se contenta de le regarder intensément quelques secondes, incapable de faire quoi que ce soit d'autre de toute façon, puis elle nettoya les miettes qui étaient tombées sur ses vêtements et se redressa en s'étirant.
- Vous étiez où ce matin ? demanda-t-elle en regardant Derek.
- Boxe, répondit William à sa place. On s'est entrainés ensemble.
- Derek a déjà le niveau ? s'étonna Michael.
- Disons plutôt que William m'a entrainé, sourit Derek. Mais il parait que je m'améliore très vite.
- J'ai même un bleu pour le prouver, soupira William avec dramatisme.
Des yeux verts inquiets s'arrêtèrent un instant sur lui, il haussa les épaules.
- Déjà mis de la pommade dessus, ça partira en un clin d'œil.
- Ah quel dommage que tu n'aies pas eu une de tes fidèles admiratrices pour te l'appliquer ! regretta Idriss, un sourire aux lèvres.
- Quel dommage en effet, confirma-t-il sans regarder Rose, j'aurais bien aimé avoir l'aide d'une main innocente…
Sa réponse fit hurler de rire les garçons et grimacer trois filles. La dernière s'était éloignée pour ranger les matelas à côté du lit de Derek après avoir levé les yeux au ciel vers ses compagnes.
- Voyons Rose… laisse faire les hommes forts.
Une légère poussée lui fit perdre sa concentration et le matelas qui lévitait retomba au sol. Le sourire satisfait de William s'effaça rapidement quand un oreiller lui arriva en pleine tête. Il le rattrapa avant qu'il ne tombe et se mit à rire alors que Rose baissait sa baguette, un air déterminé sur le visage. William ouvrit la bouche pour continuer à parler mais un deuxième oreiller lui atterrit dessus. Son rire redoubla et Rose ne put retenir un sourire.
- Ok, ok… j'ai compris, tu te débrouilles.
- Merci, rétorqua-t-elle du ton le plus sec qu'elle le pouvait – c'est-à-dire assez peu pour le moment.
Il la regarda empiler et soulever les matelas, les bras croisés, puis se décida et plia magiquement les couvertures et fit une pile avec les oreillers. Il profita de ses mouvements pour murmurer :
- Tu sais que je pensais à toi en parlant de main innocente, hein ?
- J'espère bien, ronchonna-t-elle, le faisant de nouveau rire. Quoique je ne sois pas « une des tes fidèles admiratrices ».
- Non, toi… tu es leur cheffe, termina-t-il avec un grand sourire.
Elle leva les yeux au ciel en marmonnant et il eut un nouveau rire. Il reprit son air sérieux et fronça un peu les sourcils.
- Tu sais qu'il m'a encore menacé ?
- Qui ? s'enquit Rose.
- Ton meilleur ami.
- Ah…
- Je me sens soutenu, c'est fou.
- Mais, je suis pas responsable de ce qu'il te dit moi… il a dit quoi ?
- Qu'il me casserait la gueule si je te faisais encore pleurer.
- C'est bien, se réjouit Rose avec sévérité.
- Su-per…
Elle se mit à rire et lui fit finalement face, la chambre étant rangée.
- Ce qui m'a le plus ennuyé, c'est qu'il dise « encore ». Ça veut dire que tu as déjà pleuré à cause de moi… et ça ne me convient pas du tout.
Rose haussa les épaules.
- Ce qui m'intéresse, c'est de ne pas pleurer à cause de toi dans le futur, dit-elle doucement.
- Ah ça, je peux rien garantir…
Elle haussa un sourcil. Allons bon. Il se pencha vers elle.
- Je ne peux pas prévoir ta réaction quand tu rencontreras le monstre.
Elle renversa la tête en arrière en éclatant de rire et mit un moment à se calmer.
- Tu penses qu'à ça, parvint-elle à hoqueter.
- Plus ou moins quand tu es dans le secteur, sourit-il.
Elle secoua la tête, amusée, et lui lança un regard qui, l'espéra-t-elle, voulait dire « pareil pour moi ». Cela sembla fonctionner à merveille car les yeux bleus s'assombrirent, il fit un pas en arrière puis lui décocha un sourire.
- Je vais m'éloigner un peu, ma Rose, susurra-t-il.
Elle hocha lentement la tête : c'était une bonne idée, elle n'était pas sûre de se maitriser bien longtemps. Elle se racla la gorge et quitta la chambre des garçons sans parvenir à ignorer une interrogation qui lui trottait dans la tête : il était si « monstrueux » que ça ?! Elle se doutait que les garçons devaient globalement exagérer à ce sujet, mais tout de même… elle commençait à être un peu effrayée. La réflexion de Ludmila lui était revenue, « il est très… sexuel ». Et si jamais il était trop pour elle ? Elle sourit à sa propre réflexion et chassa ces considérations de son esprit. Il était bien trop tôt pour penser à des choses pareilles.
Pour l'heure, elle allait voir comment leur relation évoluait, et surtout, aider son ami Marc avec son mémoire sur la confection des baguettes magiques. Et peut-être lui poser deux ou trois questions sur Charlotte si elle en avait l'opportunité.
Ils s'installèrent face à face à une table de la Salle Commune et Rose posa sa baguette entre eux. Il lui expliqua qu'elle allait servir de cobaye pour toutes les questions qu'il voulait poser et s'excusa si jamais ça lui paraissait un peu brouillon à certains moments.
- Je suis moi-même pas sûr de mon coup, alors…
- T'en fais pas, le rassura Rose avec un grand sourire. Pose-moi toutes les questions que tu veux, j'y répondrai comme je peux.
- Merci. Si jamais tu trouves que c'est trop personnel, tu me le dis d'accord ?
- Promis.
- Je voudrais faire une partie sur « le choix de la baguette ». Tu as essayé combien de baguettes avant celle-ci ?
Rose réfléchit un instant et estima qu'elle en avait essayé une quinzaine avant de toucher la sienne.
- Pourquoi tu as testé celle-ci ?
- Ah, ça, sourit-elle. Parce que mon père me l'avait interdit.
Marc se mit à rire doucement et nota sa réponse.
- Tu ne sais toujours pas pourquoi il l'avait interdit ? questionna-t-il en posant sa plume pour qu'elle comprenne que ce n'était pas en rapport avec son mémoire.
- Pas encore, il ne m'a pas répondu, répondit-elle rapidement. Je vous dirai quand je saurai…
- T'es pas obligée.
- Non, mais je sais que vous mourez tous d'envie de savoir aussi, s'amusa-t-elle. Oh, pour ma baguette, c'est la première qui m'a été présentée comme tu sais, et je l'ai tout de suite trouvée jolie, avant que Père la refuse et qu'elle devienne irrésistible. La couleur du bois et l'anneau doré, surtout…
Tout en parlant, elle l'avait caressée avec affection.
- J'ai remarqué que quand tu la poses, comme là, tu tournes la pointe vers toi. Il y a une raison ?
- Oui, confirma-t-elle gravement. Parce qu'elle a un peu tendance à réagir à mes émotions et à lancer des étincelles sans prévenir. C'est déjà arrivé l'an dernier, j'ai failli blesser Derek…
- Je me souviens, finit-il par dire, plongé dans ses réflexions.
- Depuis, je la pointe vers moi.
Il hocha la tête et prit quelques notes, expliquant qu'il pouvait y avoir un rapport entre la plume d'oiseau-tonnerre et les réactions de sa baguette.
- Mais je dois encore creuser le sujet. Si jamais c'est trop personnel…
- Je te dis, t'inquiète. Continue.
- Le bois de prunellier et cette histoire de fidélité acquise après une épreuve… tu penses que ça a un rapport avec… ?
Il pointa discrètement à son pendentif.
- Je pense… réfléchit Rose. Pourtant, je n'ai pas utilisé ma baguette à ce moment-là… celui de la transformation, je veux dire.
Elle hésita visiblement, Marc commença à lever les mains, mais elle secoua la tête.
- Je ne l'ai jamais dit, parce que ça n'avait pas d'importance, mais je sais que pendant ma dernière crise – appelons ça comme ça –, je l'ai attrapée et je l'ai gardée dans ma main jusqu'à ce que je me transforme. Je ne sais pas exactement à quel moment, cela dit.
Elle posa sa main sur son menton.
- En toute logique je ne l'ai pas utilisée… mais finalement je n'en sais rien. Tout ce que j'ai, c'est un vague souvenir de la sentir dans ma main. Et quand j'ai réussi à redevenir humaine pour la première fois, elle y était toujours.
- Tu t'étais transformée avec ?
- Apparemment… je ne sais pas si cette histoire sera très utile dans ton mémoire, sourit-elle.
- Je pense vraiment qu'on pourrait considérer que ta dernière crise fait partie des fameux « obstacles à surmonter », surtout si tu la tenais en te transformant pour la première fois. Enfin, je suis pas encore un expert…
- Tu sais quoi, je suis d'accord avec toi. Depuis qu'on a lu ton bouquin ensemble, j'y réfléchis régulièrement et j'en suis arrivée à la même idée, admit-elle. Mais je suis pas experte non plus.
Ils partagèrent un grand sourire.
- Tu crois qu'une seule épreuve est suffisante pour obtenir la fidélité de la baguette ? s'interrogea Rose.
- Là comme ça, je dirais que ça dépend de l'épreuve et du sorcier, et peut-être des conséquences dans le futur… pour toi, je dirais oui, honnêtement… mais rien ne dit que d'autres épreuves ne pourraient pas encore renforcer vos liens.
Il réfléchit un instant.
- Tu arrives relativement facilement à faire des sortilèges informulés, non ?
- Pas plus rapidement que les autres, il me semble…
- Tu rigoles, marmonna Derek. Elle y arrive deux fois plus vite que nous.
Marc se tourna vers lui, la bouche entrouverte, mais Rose le tranquillisa d'un signe de main, peu perturbée par l'intervention de son meilleur ami.
- Ça m'étonnait que tu ne fasses pas de commentaire avant, s'amusa-t-elle alors qu'il lui souriait largement. Bon, plus rapidement alors…
- Et elle te répond mieux depuis au moins ta dernière crise, c'est ce que tu disais l'autre fois ?
- C'est ça… à bien y réfléchir, je pense qu'elle répond mieux aussi depuis le mois de février, avec les Serpentards.
Derek et Marc hochèrent sombrement la tête, et le premier glissa sa main sur celle de Rose qui l'avait regardé, se remémorant sa peur de le perdre ce soir-là.
- Et c'est aussi plus ou moins depuis ces moments que personne ne peut la toucher, ajouta-t-elle. Sauf moi.
- Et moi, sourit Derek.
- Ah bon ?
- Oui, regarde.
Derek saisit tranquillement la baguette de Rose qui ne réagit pas dans sa grande main, puis il la tendit à Marc qui la prit prudemment. Un sifflement s'en échappa et il la reposa précipitamment.
- Désolé ! s'exclama-t-il.
Rose et Derek avaient éclaté de rire.
- Vilaine baguette, murmura-t-elle en la prenant entre ses doigts. Alors tu penses que ça peut être lié à la plume ou au bois ?
- C'est possible, d'après ce que j'ai commencé à lire… j'attends un autre livre que j'ai commandé, plus précis à ce sujet.
Ils discutèrent encore un long moment et Marc prit une quantité incroyable de notes, très attentif à ce que Rose lui disait. Derek les quitta pour aller voir Terry et Rose en profita.
- Charlotte ? chuchota-t-elle alors que son ami terminait d'écrire une phrase.
Il releva la tête et lui envoya un petit sourire.
- Tout va très bien, confia-t-il. On est allés ensemble à un genre de rendez-vous… on s'est baladés dans le château, quoi, de toute façon, en plein hiver…
Rose pouffa discrètement.
- On apprend à se connaitre à peu plus, même si on a déjà…
Un regard surpris l'arrêta.
- Mais non, marmonna Marc. Même si on a déjà partagé un baiser ou deux, après le yoga… Je suis pas William moi, j'ai le temps…
Rose écarquilla les yeux avant d'éclater de rire et qu'il grimace.
- Pardon, ajouta-t-il.
- Pourquoi ? C'était très drôle.
Il lui sourit et la remercia d'avoir pris le temps de parler de sa baguette si longuement avec lui, puis annonça qu'il faisait une pause pour l'après-midi, ce qu'il accompagna d'un clin d'œil que Rose comprit instantanément. Elle le regarda partir en souriant, contente pour lui, puis se leva en s'étirant. Elle se sentit un peu désœuvrée, jusqu'à avoir une soudaine illumination. Elle se dirigea énergiquement vers William qui discutait avec Idriss et Michael près d'une cheminée. Il leva ses yeux bleus vers elle et elle dut faire tous les efforts du monde pour ne pas se laisser tomber sur ses genoux et s'y installer pour le restant de l'après-midi.
- Je t'ai coupé les cheveux après Halloween, commença-t-elle, lui faisant froncer les sourcils. À ton tour de m'aider maintenant.
- Ah mais je me disais aussi qu'il était coiffé bizarrement depuis notre fête ! s'exclama aussitôt Idriss.
William tourna vivement la tête vers lui, son expression indéchiffrable, mais son ami se contenta de lui renvoyer un grand sourire innocent.
- Tu te venges pour le strip-poker d'hier ?
- Mais non voyons…
Son expression espiègle disait tout le contraire et Rose se mit à sourire. William se tourna vers elle.
- Tu euh… veux que je te coupe les cheveux ? Autant te raser la tête, à ce compte-là…
- Non. Je veux que tu les fasses pousser.
Un grand sourire s'étala sur son visage.
- Je croyais que tu voulais qu'ils soient courts ?
- Je voulais essayer, et c'est ce que j'ai fait. Mais ça ne me plait pas.
Il opina et se leva, puis sortit sa baguette de sa poche et lui fit signe de se tourner. Elle commença à obtempérer pour s'arrêter, incertaine.
- Est-ce que… on pourrait faire ça devant un miroir ?
- T'as pas confiance ?
- Si, si, mais… il faudrait que je voie le résultat rapidement quand même…
- Imagine tu rates tout, moi je voudrais pas me montrer en public comme ça, ajouta Lisa, visiblement anxieuse à cette idée.
- Ah oui je comprends… bon, ma chambre alors ? proposa William après une hésitation.
Rose hocha gravement la tête et suivit William dans les escaliers. Il l'ignora jusqu'à avoir vérifié que la chambre était vide et fermé la porte derrière eux, puis se tourna vers elle et croisa les bras.
- Tu es… machiavélique.
Rose plaqua sa main sur sa bouche pour étouffer son rire et le laissa l'attirer contre lui. Elle caressa ses mâchoire et lova ses mains contre ses joues, puis se hissa sur la pointe de pieds pour l'embrasser.
- Enfin, marmonna-t-elle entre deux baisers de plus en plus enflammés.
Il sourit contre ses lèvres et les mordilla jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche et lui donne accès à sa langue. Rose avait passé sa main sous son pull et touchait sa peau, se perdant dans les poils de ton torse, tandis qu'il caressait son ventre d'une main, l'autre perdue dans les boucles de sa nuque. Il quitta ses lèvres et appuya son front contre le sien, reprenant son souffle.
- Je croyais qu'on devait arrêter de s'embrasser à tout bout de champ ? murmura-t-il.
- Ah, c'est vrai… j'avais oublié, fit-elle en haussant les épaules, ce qui le fit rire doucement.
La main de William quitta son ventre et il prit une expression consternée.
- Et moi je suis là, je caresse le logo des Bizarr'Sisters… mais qu'est-ce que tu me fais faire…
Rose se mit à rire et embrassa furtivement ses lèvres avant de reculer d'un pas.
- Méfie-toi, tu es à deux doigts d'aller au premier rang de leur concert pour jeter ton caleçon sur la scène, pouffa-t-elle alors qu'il ouvrait la bouche, horrifié.
Il secoua la tête.
- Je préfère même pas y penser.
Il rajusta son t-shirt et son pull et envoya son sourire charmeur à Rose qui l'observait entre ses cils, puis désigna ses cheveux et fit un geste vers la salle de bains.
- Je t'en prie… tu connais le chemin jusqu'à notre salle de bains il me semble…
- Plus ou moins, s'amusa Rose.
Une fois devant le miroir, il resta posté derrière elle et ils échangèrent un long regard qui finit par faire rougir un peu Rose. William eut un sourire en coin et se pencha pour poser un baiser dans son cou, et elle le regarda continuer à embrasser sa peau fine, suspendue à chacun de ses gestes, le souffle court. Elle finit par tourner suffisamment la tête pour lui présenter ses lèvres dont il s'empara avidement.
- On va jamais y arriver, chuchota-t-elle alors qu'ils s'éloignaient l'un de l'autre.
Il sourit et sortit sa baguette.
- C'est toi qui as des idées tordues aussi, soupira-t-il avant de lui faire un clin d'œil.
- Déloyal.
- Pas mon genre. Bon alors… jusqu'où ?
Elle désigna le bas de son dos.
- Si longs ?
- Pourquoi pas ? En plus j'ai l'intention de voir ma coiffeuse à Noël, dit-elle.
- Bonjour la confiance…
- Mais si, rit-elle. Je vais juste lui demander de faire une coupe plus moderne… en attendant, autant m'amuser un peu. Allez vas-y, je suis prête, utilise ta baguette magique sur moi.
Il suspendit son geste et la regarda fixement un instant avant qu'elle n'esquisse un sourire mutin.
- Méfie-toi de ce que tu demandes, grogna-t-il.
Et il la força à se retourner pour insinuer sa langue entre ses lèvres, plaquant son corps contre le sien, la tenant pressée contre lui en enroulant un bras autour d'elle. Rose sentait ses genoux faiblir à mesure qu'il dévorait sa bouche et eut un gémissement lorsque des doigts passèrent sous son t-shirt et recouvrirent son sein. Il souleva son t-shirt et regarda sa poitrine une seconde ou deux avant de venir planter ses lèvres au milieu, léchant la peau, la couvrant de baisers. Rose recula instinctivement pour s'appuyer contre le comptoir et passa ses doigts dans les cheveux bruns, luttant pour ne pas fermer les yeux : elle avait trop envie de le regarder. Il embrassa ses seins par-dessus son soutien-gorge et poussa un grognement satisfait quand elle se cambra, avide de recevoir d'autres baisers à cet endroit. Il répéta ses gestes, et Rose poussa finalement un gémissement lorsqu'une langue traça la limite de la dentelle noire, d'une épaule à l'autre.
Il revint contre son cou tout en baissant son t-shirt, s'arrêta longuement sur ses lèvres et recula, un sourire victorieux sur le visage devant les pommettes rougies de Rose et ses yeux voilés.
- Et tout ça, sans ma baguette magique, lui susurra-t-il avant de mordiller son lobe d'oreille et de s'éloigner d'elle.
Il lui laissa le temps de revenir sur terre et elle esquissa un sourire plein de désir en venant caresser son cou. Il la retourna avec plus de douceur cette fois et la serra contre lui sans la lâcher du regard dans le miroir. Elle sentit son érection et cambra le bassin pour se presser contre elle et les yeux bleus se voilèrent à leur tour.
- Dis donc, ta baguette magique m'a l'air… monstrueuse, murmura-t-elle.
Ses épaules se soulevèrent alors qu'il riait et il planta un baiser sur sa joue avant de la relâcher et de reculer.
- C'est que tu lui fais beaucoup d'effet.
Rose lui adressa un sourire un peu intimidé puis secoua la tête en arrière pour faire bouger ses cheveux.
- Oui madame, j'arrive. OK, ne bouge plus d'accord ?
Elle se tint immobile mais ne le quitta pas des yeux, le regardant prononcer la formule avec beaucoup d'application. Une petite grimace lui échappa alors qu'elle sentait ses cheveux pousser, en plus de les voir. C'était une sensation des plus étranges. William termina l'incantation une fois que les boucles auburn furent en haut de ses fesses et s'autorisa un sourire, qu'il perdit en voyant la tête de Rose.
- Pardon ma Rose, j'aurais dû te prévenir que c'était un peu bizarre…
- Aucune importance, sourit-elle finalement. Ça ne fait même pas mal.
Elle secoua à nouveau la tête, regardant les longues mèches danser.
- Je suis épatée, sourit-elle.
Ses mains coururent dans ses cheveux et elle s'amusa à les soulever, puis à les passer sur l'avant.
- Je ne les avais jamais eus aussi longs. Merci.
Il hocha la tête, content pour elle, puis désigna ses lèvres.
- Paiement.
- Avec plaisir.
Elle lui donna un baiser léger puis recula.
- Tu rigoles ?!
Avec un pouffement, elle tira sur son pull pour qu'il se penche vers elle et l'embrassa plus longuement et profondément. Il eut un petit grondement appréciateur quand elle suçota sa langue et glissa ses grandes mains dans ses cheveux.
- Là, ça c'est une bonne longueur pour les attraper, marmonna-t-il avant de reprendre la bouche de Rose contre la sienne.
Le petit rire de Rose se transforma en gémissement quand William prit le contrôle de leur baiser et explora la bouche de Rose de sa langue et que ses mains parcoururent son corps. Encore un baiser profond, et ils s'éloignèrent l'un de l'autre, essoufflés. William passa encore ses doigts dans les boucles et Rose ne put retenir un sourire – probablement niais. Elle haussa un sourcil lorsqu'il fronça les siens.
- C'est ta vraie couleur ?
- Euh, oui ?
- J'ai toujours pensé que c'était artificiel. Très bien fait, mais artificiel quand même.
- Pourquoi ?
Il haussa les épaules.
- C'est la première fois que je vois une telle couleur, un marron foncé qui devient rouge avec de la lumière…
Devant le regard un peu inquiet de Rose, il sourit et lui caressa le visage.
- Et j'adore, chuchota-t-il en plantant un baiser sur ses lèvres.
Elle sourit pendant leur baiser suivant et le repoussa gentiment.
- On devrait y aller, non ? C'est un peu long pour un seul sortilège…
- Oui madame.
Ils s'embrassèrent encore une fois et sortirent à contrecœur de la chambre, Rose loin devant lui, toujours fascinée par la nouvelle longueur de ses cheveux.
- Et voilà !
- Oh, bravo, félicita Lisa. Très long !
- Oui, je me suis dit… maintenant qu'on sait couper et faire repousser, autant s'amuser, sourit Rose.
- Vous en avez mis du temps ! s'exclama Michael.
- Ah, c'est ma faute, lança William en s'asseyant dans un fauteuil. Je me suis un peu emballé… et Rose a dû les couper avant qu'on s'en sorte. Il y avait des cheveux partout.
Rose fit un petit geste qui confirmait et leva les yeux au ciel, puis sourit.
- Mais maintenant, c'est bon ! Je vous recommande William, si vous maitrisez le sort de Découpe, pouffa-t-elle.
Il lui lança un petit sourire un peu désolé et ouvrit son magazine. Mandy se pencha quelques minutes après vers Rose.
- Et bien sûr, vous n'en avez pas profité pour flirter comme des pré-adolescents qui découvrent leurs hormones ?
- Peut-être un peu, avoua Rose à voix basse.
Elles échangèrent un sourire entendu et Rose haussa les épaules.
- On verra où ça mène, fit-elle avec détachement.
- Oui, c'est pas comme si vous vous tourniez autour depuis des mois, ironisa Padma avec discrétion. D'ici cinq ou six ans, vous envisagerez éventuellement de vous mettre en couple.
- Hé ! protesta Rose en lui mettant un petit coup de coude, souriant malgré elle.
Elle attrapa le magazine de voyages qui trainait sur la table et se plongea dans un article, se mordant la joue pour ne pas sourire comme une idiote.
Au final, Rose et William parvinrent à se comporter comme des amis pour le restant de la journée, bien qu'un œil averti comme celui de Derek, Lisa ou Terry pouvait noter la différence : leurs regards étaient plus appuyés, ils se souriaient un peu plus, et prenaient des précautions pour éviter de se retrouver trop proches l'un de l'autre, prenant garde à ne pas se toucher.
Lundi, ils se virent à peine, pris par leurs cours respectifs. Rose rêvassa pas mal à la bibliothèque avant le déjeuner et Derek ne cessait de lui mettre des coups de coude pour la ramener au présent pendant que Terry ou Lisa souriait d'un air entendu. Elle se demandait si elle devait voir avec William pour convenir d'un rendez-vous ensemble, ou s'il allait prendre les devants, ou s'il attendait qu'elle le fasse… ce serait leur premier et elle voulait que ça se passe bien, évidemment.
L'équipe de Quidditch disparut en fin d'après-midi pour un nouvel entrainement, les autres terminèrent des devoirs dans la Salle Commune. Rose et Terry étaient en train de pratiquer un nouveau sortilège quand les joueurs rentrèrent enfin. Ils s'interrompirent et les écoutèrent distraitement débriefer.
- Siobhan, ce serait bien pour les prochaines fois, si tu peux suivre les mouvements de Derek, ça t'aidera pour les matches à venir, disait William avec un de ses rares airs vraiment sérieux.
Rose ne se priva pas de le détailler du regard – après tout ses amis étaient habitués à la voir intéressée par le capitaine de l'équipe, alors à quoi bon prétendre le contraire ?
Siobhan hocha la tête, il se tourna vers le reste de l'équipe et fit encore quelques commentaires avant de les féliciter pour cette session et souhaiter une bonne soirée aux trois filles. Il avait gardé l'air sérieux tout le long, mais souriait à chaque fois qu'il s'adressait à une nouvelle personne et sa satisfaction était clairement visible quand il avait annoncé que cet entrainement avait été très bon. Rose était subjuguée, comme à chaque fois, par sa facilité à s'exprimer avec sérieux et gentillesse ainsi qu'à transmettre des critiques sans jamais être brutal.
- On a le temps d'aller se doucher avant de manger ? demanda Idriss aux huit Serdaigles installés autour d'une table.
Anthony hocha la tête et se replongea dans son devoir qu'il voulait terminer, imité par tous les autres, y compris Rose ; Lisa lui avait mis un petit coup de pied pour qu'elle lâche William des yeux – « avant de baver sur la moquette », avait précisé la rousse, récoltant un sourire un peu moqueur de Mandy et Terry.
Au dîner, il s'assit relativement loin de Rose après lui avoir jeté un regard discret qu'elle avait intercepté à temps ; elle se mordilla la lèvre et se concentra sur son assiette. C'était terrible d'être si proche de lui et de ne pas pouvoir le toucher, ni s'installer sur ses genoux, parce que c'était clairement ce qu'elle avait envie de faire. Elle joua distraitement avec les légumes dans son assiette, son appétit diminuant au fur et à mesure que son désir d'être contre William grandissait.
Merlin, elle était vraiment éprise de lui, si elle en perdait l'appétit ! Elle se souvint du regard du brun sur son corps et se décida à manger ; il s'agissait de garder ses formes actuelles, vu le vif intérêt qu'il y portait.
Elle se relevait tout juste pour suivre les autres hors de la Grande Salle quand une voix étrangère au groupe les interrompit tous en même temps.
- Euh, excuse-moi, William ?
- Oui ? fit machinalement l'intéressé en tournant la tête.
Onze autres têtes suivirent son mouvement avec curiosité, et la fille plantée devant William rougit un peu.
Mais c'est qui celle-là ?
Derek jeta un regard amusé vers Rose, dont le regard s'était instantanément assombri. Ils firent tous plus ou moins semblant de ne rien entendre, tout en étant très attentifs, se jetant déjà des rictus moqueurs.
- Je sais pas si tu te souviens de moi, on s'est rencontrés rapidement l'année dernière… je suis une amie de Ludmila.
Ah mais voilà !
Rose venait de reconnaitre sa voix. C'était une des filles qui étaient dans les toilettes quand elle avait écouté les commentaires de l'ex-copine de William sur leur vie sexuelle. Elle se demanda pourquoi la fille venait le voir ? Ludmila qui voulait remettre ça ? Décidément, entre elle et Rebecca…
Elle fut rapidement détrompée. William avait dû répondre le temps qu'elle réfléchisse à toute vitesse.
- Oui, gloussait-elle, c'est ça ! Je ne savais pas si tu t'en souviendrais. Je voulais te demander, ça te dirait qu'on passe du temps ensemble, cette semaine ?
Mais quelle effrontée !
Rose se sentit rougir de colère, sachant parfaitement pourquoi cette fille venait réclamer « du temps ensemble » avec William : elle se souvenait très bien ce que Ludmila avait raconté ! Elle blanchit instantanément en entendant la suite.
- Hé bien, écoute, pourquoi pas…
Pardon ?
Ses oreilles bloquèrent la suite et elle fixa un point droit devant elle, les mains crispées sur le bord de la table.
Pardon ?!
Elle grinça des dents et se redressa, puis fit signe aux autres qu'il fallait qu'ils sortent de la Grande Salle. Derek passa naturellement son bras dans le sien et mena la troupe vers la tour Serdaigle.
- Hé bien, commenta Michael une fois qu'ils furent hors de portée de William et la fille, il n'a pas perdu de temps… ça fait quoi, dix jours qu'il a rompu avec Rebecca ?
- Deux semaines, corrigea Mandy. Ah il est dans sa moyenne hein…
- Je pensais qu'il enchainerait plus vite. Il a eu une baisse de forme… mais me voilà rassuré ! s'amusa Idriss.
Lisa leva les yeux au ciel et Derek tapota sur la main de Rose pour l'encourager à avancer.
- Ben ça c'est la meilleure, entendit-elle Terry marmonner derrière eux alors qu'ils entamaient l'ascension de leur tour.
Rose se concentrait sur les marches, l'une après l'autre, maintenant sa colère sous contrôle, tout en réfléchissant.
Après tout… ils ne s'étaient pas promis l'exclusivité… pour elle, cela paraissait naturel, mais ça ne l'était pas forcément pour lui… elle se mordit la lèvre ; est-ce qu'il allait refuser de ne voir qu'elle ? Est-ce qu'il était vraiment prêt à ne consacrer son énergie qu'à une seule personne ? Pour une relation sur le plus long terme que d'habitude ?
Peut-être qu'il avait changé d'avis dans la nuit… pourtant les regards brulants qu'ils échangeaient régulièrement lui disaient que quelque chose ne collait pas.
Derek répondit à l'énigme de la porte et entra dans la Salle Commune, Rose agrippée à lui, toujours sur sa planète.
Et si… il n'avait pas envie d'attendre ? Les paroles de Ludmila tournèrent encore une fois dans sa tête. Il est très sexuel. Peut-être que les baisers et les caresses auxquels ils s'étaient adonnés ne lui suffisaient pas, il voulait plus, sans attendre… Ce qui n'arrangeait pas Rose, puisqu'elle voulait justement qu'ils prennent leur temps pour être sûrs d'eux – enfin, qu'elle soit sûre d'elle surtout. Derek délogea sa lèvre mordue par ses dents et elle lui jeta un petit regard.
- Je comprends pas plus, mon chat… tu devrais…
- Rien du tout. Je vais lire au lit.
Elle se hissa sur la pointe des pieds et l'embrassa sur la joue puis souhaita une bonne nuit à ses amis avant de monter les escaliers pour les dortoirs féminins, ignorant délibérément William qui venait d'entrer dans la Salle Commune à son tour.
Une fois douchée et glissée entre ses draps, elle n'arriva pas à se concentrer sur son livre et continua à réfléchir, son sourcil se haussant régulièrement. Elle n'arrivait pas à comprendre ce garçon… Elle papota quelques minutes avec ses amies qui étaient montées à leur tour, haussa les épaules vers Lisa qui était aussi perplexe qu'elle et finit par s'allonger, remuant sans arrêt avant de se transformer pour la nuit, afin de passer quelques heures tranquilles.
Le lendemain, elle continua à esquiver les regards de William, ne sachant pas où elle se situait sur l'échelle de la colère. Elle était fâchée contre lui, bien sûr, mais aussi contre cette fille, qui n'était clairement intéressée que par les talents au lit de William – on n'allait pas lui faire croire qu'elle l'avait abordé pour une quelconque autre raison. Alors qu'il était bien plus que ça ! Oui, il embrassait divinement, oui elle sentait son ventre se contracter quand elle repensait à ses doigts qui la parcouraient et à sa langue qui léchait les contours de son soutien-gorge, mais ce n'était pas tout ce qui le définissait… Mais peut-être que c'était justement elle qui se faisait des idées ? Et qu'après tout, il n'était bon qu'à ça ? Ce n'étaient pas ses relations passées, dont il ne s'était jamais caché, qui pouvaient la convaincre du contraire. Et s'il avait juste tenté de la manipuler pour enfin réussir à coucher avec elle ? En lui promettant de rester à ses côtés, en proposant de cacher leur relation…
Elle étouffa un grognement. Mais qu'elle était bête. C'était pour ça qu'il voulait qu'ils restent discrets ! Aucun lien avec une quelconque envie de lui faire la cour ou quoi que ce soit… juste de l'avoir à sa merci en lui faisant miroiter ce dont elle avait envie – une relation stable et probablement long terme – pour obtenir ce qu'il voulait – du sexe. Mais quelle nouille !
Ernie lui jeta un drôle de regard et elle força un sourire désolé sur ses lèvres avant de reporter son attention vers le tableau. Il lui adressa un sourire à la fin du cours et désigna les devoirs notés à la craie.
- Tu as cours après quinze heures ? Là j'ai Botanique mais après je suis libre.
- Plus de cours pour moi aujourd'hui, répondit tranquillement Rose.
- Tu voudrais qu'on commence ce devoir ensemble cet après-midi ?
- Bonne idée, confirma Rose, consciente d'avoir été distraite pendant le cours. Je vais aller à la Bibliothèque maintenant, tu pourrais m'y rejoindre après la Botanique ?
Elle savait qu'elle faisait toujours une petite moue dégoutée quand elle prononçait ce mot, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher.
- Tu n'apprécies vraiment pas ce sujet, n'est-ce pas ? s'amusa le Poufsouffle.
Elle lui renvoya un sourire et secoua la tête, puis il accepta de la retrouver à la Bibliothèque plus tard. Elle se mit en route et se força à rester concentrée sur les Potions pendant une heure. Lorsqu'Ernie vint s'installer à côté d'elle, elle se laissa emporter par son sérieux habituel et ils avancèrent leur devoir à grand pas, piochant des informations dans différents livres, prenant des notes consciencieuses. Elle le remercia et le quitta vers dix-sept heures passées, filant vers la salle de Divination du professeur Firenze pour y retrouver ses amis au cours de yoga. Elle se changea rapidement, piochant ses vêtements de yoga dans son sac – une chance qu'elle ait anticipé une après-midi studieuse à la Bibliothèque et les ait pris avec elle le matin – et fit face à un tapis de sol, puis se laissa guider par leur professeur, apaisée par son calme. Il leur fit faire de nouveaux mouvements qui demandaient plus de force musculaire et les Serdaigles se regardèrent en fin de cours, de la sueur sur les tempes, essoufflés malgré leur temps calme allongés sur les tapis. D'un commun accord, ils décidèrent de remonter pour se doucher avant d'aller manger. Rose rangea ses vêtements de la journée dans son sac, remit ses chaussures et s'emballa dans sa cape après s'être passé une serviette sur le visage et avoir bu de l'eau. Lorsqu'ils sortirent de la salle, une silhouette s'avança vers eux, les bras croisés.
- Ah, salut Will, fit Marc avec un léger sourire. Tu nous attendais ?
- Je viens de remonter de la salle de sport, je me suis dit qu'on pouvait rentrer dans la Salle Commune ensemble.
Il adressa un sourire à ses amis, et Rose fut bien consciente que son regard revenait sans cesse sur elle. Ah… il voulait lui parler. Soit. Hé bien, ils n'auraient même pas dépassé les six jours fatidiques… parce que s'il imaginait pouvoir continuer avec elle alors qu'il batifolait avec une autre, il se fourvoyait lourdement. Rose serra la mâchoire et prit le temps de se pencher pour refaire son lacet.
- Partez devant… je vous rejoins.
Lisa hocha imperceptiblement la tête et entraina Mandy, Padma et Marc avec elle, leur racontant une histoire qui semblait les captiver. William les regarda partir, l'air songeur. Il se gratta le menton et Rose remarqua que sa barbe commençait à pousser. Les papillons dans son ventre prirent une douche froide quand elle revit la scène de la veille au dîner. Les yeux bleus pétillaient de malice quand il les posa sur elle.
- J'en déduis que Lisa est au cou… pourquoi tu me regardes comme ça ?
Rose haussa un sourcil et resserra sa cape autour d'elle.
- Bon, allez, vas-y.
Il décroisa les bras et une expression stupéfaite se peignit sur son visage.
- J'y vais de quoi ?
- Vas-y, dis-moi que toi et moi finalement c'est pas possible, que vraiment tu as essayé mais que je ne suis qu'une amie à tes yeux, que c'est pas moi mais toi… je sais pas, tu leur dis quoi d'habitude ?
Elle se retint de poser une question très vulgaire, son éducation l'en empêchant la dernière seconde et se mordit la lèvre.
- Mais… de quoi tu parles, ma Rose ?
- De ta nouvelle copine. Si tu t'imaginais pouvoir avoir les deux en même temps, je t'annonce que ça va pas être possible.
Elle continua sans lui laisser le temps d'en placer une.
- Donc, vas-y, termine les choses avec moi. C'est pas comme si tu l'avais jamais fait. Juste une question avant : est-ce que c'est parce qu'on a pas couché ensemble dès le premier soir ? Ou parce que finalement, la discrétion, c'est pas ton truc ? Ou la monogamie peut-être ?
William avait recroisé les bras et l'observait. Elle rouvrit la bouche pour parler, mais se tut immédiatement quand il la saisit par le bras et l'entraina avec lui dans la salle de Divination et claqua la porte derrière eux, les isolant du reste du château.
