Chapitre 29: Vérification
Si on lui avait posé la question à ce moment-là, McGonagall aurait sans aucun doute affirmé que j'étais à l'origine des tensions qui émaillèrent la rentrée des vacances. En effet, dès mon retour à Poudlard, je fis le siège de son bureau pour obtenir que, faute de nouvelles informations de la part du Ministère, nous pratiquions en interne des tests pour savoir qui parmi les habitants du château était un descendant d'Uranus Black, histoire d'être certain qu'aucune menace sur nos élèves ne vienne de l'intérieur.
« Mais quel test, voulez-vous pratiquer ? » s'alarma notre Directrice
« Eh bien, c'est facile, nous avons les maillons. Sachant que seul un descendant d'Uranus Black peut les toucher … » expliquai-je
« Et vous prétendez tester tous les élèves de cette façon-là ? » s'inquiéta McGonagall
« Pas seulement les élèves, Minerva, la totalité des gens qui travaillent dans ce château ou qui y vivent à un titre ou un autre. » affirmai-je
« Mais certains pourraient se vexer d'une telle suspicion. » objecta notre Directrice en se retournant vers Lupin qui était présent lui aussi, pour chercher du soutien
Avant que j'ai eu le temps de rétorquer que je me fichais de vexer qui que ce soit comme de ma première potion de Ratatinage, Le loup-garou m'avait apporté son soutien à ma grande surprise et à la surprise encore plus grande de McGonagall :
« Severus a raison, Minerva. Nous ne pouvons pas continuer à vivre sous le coup d'une éventuelle menace venant de l'intérieur de l'école. Il faut en avoir le cœur net. »
La réaction de McGonagall ne fut pas sans me rappeler celle de Harry.
« Il ne manquait plus que vous soyez d'accord tous les deux ! » s'exclama-t-elle
Elle se mit à faire les cent pas dans la pièce.
« Mais c'est impossible ! » s'écria-t-elle après quelques instants en interrompant sa marche « S'il y avait un autre descendant des Black dans l'école nous le saurions. »
« Pas forcément. Je vous rappelle que nous ne parlons pas des descendants de Phineas Nigellus Black mais de ceux de son grand-père Uranus Black qui sont forcément bien plus nombreux. » expliquai-je avant d'ajouter « Sans compter que les questions de filiation sont parfois compliquées voire obscures. Il y a encore un an vous imaginiez qu'Harry était le fils de James et non le mien… »
…
Après avoir arraché son accord à McGonagall, Lupin décida d'informer rapidement nos collègues de la vérification projetée. Il profita donc de la réunion que notre Directrice organisait régulièrement en fin de semaine autour d'un thé pour en faire l'annonce, en expliquant qu'il s'agirait de s'assurer de l'incapacité de chacun d'entre eux à rentrer en contact avec un objet de magie noire dont il ne précisa pas la nature.
Cela n'alla pas sans faire grincer quelques dents. Même Chourave s'indigna de la défiance que cela traduisait à leur égard. Quant à Dreamteam, il se mit à pigner que le contact avec cet objet de magie noire allait abimer son aura. Pendant que Lupin essayait de le calmer en lui faisant valoir que, selon toute probabilité, il ne pourrait justement pas toucher l'objet en question, moi j'imaginais à quoi aller ressembler son aura quand je lui aurai tordu le cou par l'un des moyens magiques que j'étais capable d'imaginer. Ayant croisé mon regard, Dreamteam pris la décision raisonnable de se taire.
« Quand pensez-vous organiser cette vérification ? » demanda Madame Pomfresch d'un ton neutre
« Dès dimanche matin, entre le petit déjeuner et le début du match de quidditch entre Gryffondor et Serdaigle. » répondit Lupin
Les plaintes de Dreamteam repartirent de plus belle :
« Mais je n'aurais pas le temps de préparer mon aura à une telle épreuve en deux jours ! »
Heureusement, je n'étais pas le seul à être exaspéré par son comportement geignard.
« Ecoutez Stolas, vous allez hâter la préparation de votre aura. » rétorqua Chourave d'un ton incisif « Car, pour ma part, j'entends bien commencer la semaine prochaine dans des conditions sereines et donc régler cette histoire-là dès dimanche ! »
…..
La journée du samedi devait être consacrée à la mise en place d'un système de vérification « le plus respectueux possible vis-à-vis des collègues, le moins traumatisant possible vis-à-vis des élèves », ainsi que nous l'avait recommandé McGonagall.
« Traumatisant ! Traumatisant ! » m'insurgeai-je en pensant à tout le temps qui allait être perdu « Mais ce sont des sorciers que nous éduquons, pas des éleveurs de Boursouflets ! Ils en verront bien d'autres. »
Lupin ignora ma sortie.
« Je propose que l'on commence par les collègues demain matin dans le bureau de Minerva. » proposa-t-il « Ensuite nous recevrons ensemble les élèves un par un dans mon bureau… »
« Pourquoi dans le vôtre ? » l'interrompis-je « Le mien serait plus pratique, il est plus grand. »
« Oui, mais la plupart des élèves sont paniqués à la seule idée d'être convoqués dans votre bureau. » répliqua-t-il
« Mais vous plaisantez, c'est ridicule … » commençai-je
C'est alors que notre dialogue fut interrompu par l'arrivée du fantôme des gryffondors. Sir Nicholas échevelé et la tête ballotante arriva en hurlant dans le bureau de Lupin :
« Professeur Lupin ! Professeur Lupin ! Votre belle-mère vient d'être attaquée dans vos quartiers. Venez vite ! »
« QUI ! Qui l'a attaquée ? » questionnai-je le fantôme en courant derrière Lupin dans le couloir
« Cet individu bizarre qui enseigne la Divination. » me répondit Nick-Quasi-Sans-Tête pendant que Lupin pénétrait en trombe dans son appartement
Andromeda Tonks était dans un triste état, elle perdait beaucoup de sang. J'en compris immédiatement la raison.
« Sectumsempra ! » diagnostiquai-je
Le contresort ne pouvait pas attendre. Encore quelques minutes et elle serait morte.
« Je vais me débrouiller. Allez-y. Il faut retrouver ce fumier avant que ce soit lui qui trouve les enfants. » beugla Lupin
Les paroles de Lupin me firent comme un électrochoc. Je me retournai vers le fantôme :
« Où se dirigeait-il ? »
« Je crois qu'il a aperçu quelque chose dans le hall et il est descendu. »
« Par les portes de l'enfer ! » braillai-je en me précipitant dans l'escalier
Le baron arriva à ma rencontre comme je pénétrais en courant dans le hall sans me préoccuper des deux armures que je venais de percuter. D'un geste, il m'enjoignit de le suivre :
« Albus a réussi à l'entraîner à sa suite en faisant du bruit pour laisser à Delphini Black, Scorpius Malefoy et Teddy Lupin le temps de se cacher ailleurs dans les cachots. »
Pendant que je suivais le Baron pour me retrouver dans ce dédale, des cris commençaient à nous parvenir de plus bas.
« Tu vas m'amener jusqu'à eux. Imperium ! » lançait Dreamteam
« Vous pouvez toujours courir. » rétorquait le gamin manifestement nullement affecté par le sortilège
« Tu crois que je vais laisser une bande de sales morveux m'empêcher de reconstituer mon trésor. » clamait Dreamteam d'une voix hystérique
« Ce truc, un trésor ! Mais vous êtes taré, ma parole. » répliquait Albus
« Oui, MON trésor, et d'une façon ou d'une autre, tu vas me le dire, sale garnement ! Legilimens ! » hurlait Dreamteam
« Legilimens ! » lançait Albus en même temps
Un hurlement de douleur. Mais ce n'était pas Albus qui criait. Quand je pénétrai enfin dans le cachot à la lueur pâle que projetait autour de lui le fantôme des serpentards. Dreamteam gisait par terre et Albus qui n'avait toujours pas suspendu son sort, continuait de fouiller son esprit. J'abaissais lentement sa baguette après avoir saucissonné Dreamteam grâce à des liens magiques.
« C'est lui ! Depuis le début, c'était lui ! » s'écria-t-il en levant enfin les yeux vers moi « Il a les maillons et il a capturé des licornes ! »
« Laisse-moi le temps de regarder. Il va falloir prendre des mesures très vite avant l'arrivée des secours. » expliquai-je
En même temps, je dirigeais à mon tour ma baguette sur Dreamteam. L'état de son cerveau me fit immédiatement penser au récit que le Professeur Binns faisait de Pré-au-Lard après que le village ait été ravagé en 1687 par le sorcier Knut-le-Barbare, parce qu'on avait refusé de le servir à la Tête-de-Sanglier.
« Eh ben, dis donc, tu n'y es pas allé de main morte. » m'exclamai-je
« Sur le coup, j'ai un peu paniqué. » avoua le gamin « Alors, j'ai poussé de toutes mes forces. »
« Ce qui nous laisse bien du travail sur la Legilimencie en finesse. Mais, pour le moment, je vais modifier ses souvenirs pour qu'il pense que c'est moi qui lui est fait ça. Alors, adieu ma réputation de Legilimens subtile. » ironisai-je
« Il suffit de dire que c'est moi. » avança Albus
« Sûrement pas ! Je t'expliquerai plus tard, mais pour le moment tu me laisses dire. » ordonnai-je avant de préciser « L'Imperium n'a pas existé, je vais l'effacer de sa mémoire. Je me suis interposé au moment où il voulait te soumettre à la Legilimencie pour te faire avouer où se cachaient les élèves descendants des Black. Je lui ai envoyé un sort en même temps, et j'ai eu le dessus ce qui ne surprendra personne. Voilà, ce dont il va se souvenir le temps d'avoir récupéré. C'est aussi ce que tu diras si on t'interroge. Pendant que je modifie ça dans ses souvenirs, tu pourrais envoyer un Patronus à tes camarades qui se cachent quelque part dans les cachots pour les guider jusqu'ici. »
