Hello ! Voici le chapitre qui conclu la partie 4 (rappelez-vous ce que j'ai dit sur la façon dont je conclu mes parties depuis le début...)
Je pense faire une pause dans Damnation memoriae comme pour la fin de la partie III et donc en continuant Et si sur quelques chapitres.
Shadow : Ahah, oui, tout le monde est un peu perdu, je te l'accorde ^^' Tu as tout à fait raison, mais c'est normal : Midorima le manipule. Évidement qu'il change la réalité (tout comme, évidement, avec cette histoire d'Iga utilisée dans la guerre. On sait bien que ce n'est pas de cela que l'empereur et Seijuro viennent de parler). Il n'est pas juste. Quant à savoir quel est son but... Merci beaucoup ! ça me fait franchement très plaisir de te voir toujours aussi investi dans cette histoire.
Bee-gets : Midorima t'a donc manipulée à son tour ? XD Tu as raison dans un sens, on approche en effet d'un point de non retour pour les personnages (même s'il est vrai que pour Seijuro, le point de non retour a été franchi quand il a laissé mourir Ryota). Bise !
Bonne lecture !
Le mensonge d'une vie
« Pourquoi ? »
Il agissait comme un pantin. Ses mouvements étaient mécaniques alors qu'à l'intérieur il ne ressentait plus rien. Shûzo se sentait anesthésié. Il pensait à Iga, à la ville qu'il avait connue. Les ravages de la guerre, il les avait vu lorsqu'il avait enquêté sur les habus. Les ports morts. Les marchands épuisés. Sa paisible province connaîtra-t-elle le même sort ?
Seijuro est un monstre. Tu es tout autant responsable de la mort d'Atsushi. Tu n'as pas agi. La nuit, ces paroles raisonnaient dans sa tête. Petit à petit, cette culpabilité le rongeait.
Que pouvait-il faire ?
Shûzo sentit quelque chose sur ses lèvres et revint à lui. Seijuro l'embrassait. Le premier réflexe du mercenaire fut de s'éloigner. Il perçu la surprise dans les yeux de son amant.
-Shûzo ? Tout va bien ?
-Je… oui.
Le prince se rapprocha de lui.
-Tu n'es pas dans ton état normal ces derniers temps.
-Toi non plus.
Le prince, piqué au vif, recula à son tour. Les deux hommes se dévisagèrent.
-Est-ce mon visage qui te pose problème ?
-Je ne sais pas.
-J'ai bien remarqué que tu ne veux plus me regarder quand on fait l'amour.
-Je suis désolé.
Seijuro soupira.
-Tu ne veux plus dormir avec moi non plus.
-Je suis désolé.
-Shûzo… est-ce que tu m'aimes encore ?
Il ne voulait pas lui briser le cœur, mais Shûzo ne voulait pas mentir non plus.
-Je ne sais pas.
-Je vois… soufflât le prince, au bord des larmes.
Le mercenaire se demanda s'il jouait la comédie pour l'attendrir. Seijuro avait-il toujours joué la comédie ? Est-ce que lui l'avait aimé ou bien avait-il profité de sa protection ?
Et s'il ne l'aimait plus… serait-il capable de se débarrasser de lui ? De plaider pour exploiter Iga en représailles ? Non, Seijuro n'était pas…
Il avait tué ses frères.
Mais où étaient les preuves ? Ce n'étaient que des spéculations, formulées par des personnes qui n'aimaient pas le prince.
Shûzo ne savait plus quoi penser.
-Je crois que j'ai besoin de temps. Tu devrais te trouver un autre garde du corps en attendant.
-Non. C'est toi que je veux. C'est de toi dont j'ai besoin.
Où était le vrai dans ces paroles ? songeât Shûzo avec amertume.
Le prince se rapprocha de lui et voulu l'embrasser mais Shûzo le repoussa. Son toucher était comme une brûlure. Le mercenaire avait du mal à imaginer la quantité de sang qu'il pouvait y avoir sur ces mains.
-Alors toi aussi tu vas m'abandonner ?
Shûzo ne répondit pas. Il préféra quitter la chambre.
-Shûzo… Je ne peux plus changer mon visage. Ni… Enfin, dis-moi ce que tu veux. Qu'est-ce qu'il faut que je fasse ?
Le mercenaire s'arrêta, soupira, et se tourna vers le prince.
-La vérité. Voilà ce que je veux. Je ne peux plus ignorer tout ce qui se dit sur toi. Je n'étais pas là quand Ryota est mort. Et concernant Daiki… Je dormais cette nuit-là. Si tu…
-Alors toi aussi tu me crois coupable ? Tu crois que j'ai tué mes frères ?
-Je mérite la vérité, Seijuro.
Le prince se plongea dans le mutisme.
-Tu ne veux rien me dire ?
Seijuro passa sa main sur son visage.
-Dis-moi la vérité ! s'emporta le mercenaire.
-Je l'ai fait ! Tu es content maintenant ? Je l'ai fait ! J'ai assassiné mes frères. Est-ce que ça te soulage de le savoir ?
Shûzo accusa le coup. Il remarqua que sa poitrine était bien moins douloureuse qu'il l'aurait cru. Oui, cela le soulageait d'enfin connaître la vérité. Seijuro avait tué ses frères. Mais une fois cette seconde de soulagement passée, la vérité s'imposa, violente et implacable. Le prince lui avait menti depuis le premier jour et l'avait manipulé. Qu'avait-il pour qu'il ne se réveille pas la nuit où il avait tué Daiki ? Qu'avait-il fait pour se soustraire à sa surveillance pour aller empoisonner Atsushi ?
Il avait depuis plusieurs mois, depuis la mort de Tetsuya, eut un aperçu de cette face sombre. Seijuro n'était pas l'homme qu'il aimait. Le monstre n'était pas bien loin sous la surface et l'amour qu'il avait éprouvé pour lui ne suffisait plus à le cacher.
Qui sera sa prochaine cible ? Shintarô ? Ou bien lui ? Après tout, il venait de lui révéler le secret de toute une vie.
Shûzo regarda les mains délicates de Seijuro. Il l'avait touché avec ces mains. Il l'avait embrassé avec cette bouche qui n'avait fait que proférer des mensonges. Shûzo en avait la nausée.
Seijuro était au bord des larmes.
-Shûzo, dis quelque chose… Je t'en prie.
-Pourquoi ?
-Ils m'ont trahi. Tous. Ils m'ont abandonné. Et… l'empereur voulait que…
-Tu m'as menti pendant deux ans. Tu m'as fait croire que tu étais innocent.
-Toi tu… tu as dit que tu m'aimais.
-Oui, je t'aimais. Je ne t'ai jamais menti à ce sujet. Mais maintenant j'ai l'impression que je ne te connais pas, que je suis tombé amoureux de quelqu'un qui n'existe pas. Ou qui n'a même jamais existé.
Shûzo passa nerveusement une main dans ses cheveux. La détresse qu'il percevait chez Seijuro était-elle réelle ? N'était-ce pas un autre mensonge ? Seijuro l'avait-il aimé ? Ou bien avait-il cherché son contact, son amour, que pour se satisfaire, pour se rassurer après la mort de sa mère ? Leur relation ne reposait-elle que sur sa peur d'être abandonné ?
-Je crois qu'il vaudrait mieux qu'on en reste là ce soir, Seijuro.
Le mercenaire fit demi-tour, prêt à quitter l'atmosphère étouffante de cette chambre.
Il entendit Seijuro fouiller dans son makura et quand il sentit la main du prince sur son bras, Shûzo agit à l'instinct. Celui-ci lui soufflait que Seijuro n'allait pas pardonner son affront. Après tout, il avait assassiné tous ses frères, même Tetsuya et Atsushi qui avaient longuement été de son côté. Il lui soufflait que, dans le makura, ne se trouvait que le sabre. Ses muscles se tendirent d'un coup, l'adrénaline alimenta son corps et son cerveau. Alors le mercenaire se saisit de sa dague et la planta dans le ventre du prince.
oOo
Il y eu une seconde insupportable de silence.
Seijuro sentit ses jambes flageoler et une violente douleur puis il perdit connaissance et s'effondra.
Il reprit connaissance dans les bras de son amant ce qui lui sembla un instant plus tard. La douleur éveilla ses sens mais son corps était faible.
-Shûzo…
Il voyait le visage tourmenté du mercenaire. Le souffle du vent faisait voler leurs cheveux. Ils n'étaient plus dans sa chambre. Son yutaka s'était gorgé de sang au niveau de sa blessure. Il le sentait s'écouler. Il avait mal. Où Shûzo l'emmenait-il ?
-Shûzo… Shûzo… pourquoi ?
Il entendit le ruissellement de la rivière Kamo. Le prince reconnut le pont rouge. Enfin, Shûzo s'arrêta.
-Shûzo, pourquoi ? répétât le prince.
Seijuro se sentait partir. Il vit enfin son amant le regarder.
-Je suis désolé, Seijuro.
Il lui embrassa le front avant de le soulever plus haut et de le laisser tomber dans la rivière.
Partie IV fin
