NDA 21/10/23: Nous sommes samedi tôt, et je vous offres ce chapitre. J'espère qu'il vous plaira! D'autant qu'on arrive vraiment sur la fin!


Chapitre 30 : Cauchemars refoulés.

Fred soupira.

Le retour à la réalité lui paraissait plus violent qu'il ne l'aurait cru. Et pourtant, ils étaient de nouveau dans cette salle colorée, et le piano attendait. Du bout de l'index, il effleura sa bouche. Cette Sacha l'avait embrassé… Et s'il avait ressenti toute sa tendresse à travers ce geste, il avait aussi compris sa signification. Les limbes, l'oubli. Un baiser qui n'aura existé que dans ses songes, mais pas chez les vivants.

« Tu sais… Je n'ai jamais pu l'expliquer… Mais tu fais partie des rares personnes à pouvoir me toucher sans que je ne sois… Malade… » Cette annonce lui fit relever les yeux vers elle. Plus de lumière, plus de symboles, juste cette étrange femme remplaçant son ancienne petite amie. Cette nouvelle amie aux pouvoirs étranges, et à la franchise terrible.

« Tu sursautais avec George… » Constata soudainement le garçon.

« Oui. Et avec tout le monde, en fait. » Elle lui offrit un petit sourire. « Dans cette école, il n'y a que quelques élèves, et deux adultes, qui peuvent prétendre à ce miracle. Et je compte les gens des autres écoles aussi. »

« Qui… ? Si je peux demander, bien sûr… »

« Tu peux. En adulte, et ne panique pas, il y a Argus Rusard, qui est mon premier vrai soutient. »

« Il sait ? » Sacha hocha la tête.

« Oui. Il sait absolument tout de moi, c'est d'ailleurs lui qui m'entraine avec ces dons si particuliers. »

« Mais il déteste la magie ! Et les enfants, et tout le monde, en fait ! » Sacha éclata de rire devant ces traits de caractères.

« Oui et non. Il n'aime pas les sorciers qui pensent que tout leur est dû à cause de la magie. Il n'aime pas non plus que les gens se fassent du mal sous de faux prétextes. C'est quelqu'un de très-très à cheval sur le règlement. Pourtant, s'il faut choisir entre obéir aux règles, et protéger un enfant. Il prendra la seconde. Tout le monde le hait dans cette école, et pourtant, c'est le seul à vraiment se soucier de tous. Y compris les délaissés. » Fred baissa la tête, penaud.

« Il m'a aidé, ce soir de Novembre… Je ne sais pas s'il t'a dit, du coup… »

« Non… Mais je pense que comme toi, il n'a rien dit pour ne pas m'embarrasser. La version donnée, c'était qu'on m'avait trouvé dans les couloirs dans cet état. Mais les tableaux parlent, et les fantômes aussi. Je sais que tu m'as rattrapé, et qu'il t'a aidé, toi, ainsi que Harry, pour me ramener. »

« Je suis désolé… je n'ai pas su te le dire… Je… J'ai senti qu'il se passait quelque chose quand je suis venu te voir, mais… Mais après, et bien, j'ai compris que tu étais… »

« Différente de ta Sacha. »

« Oui… »

« De là d'où je viens… On m'appelle Selené, à cause de mes pouvoirs. Tu peux aussi le faire, quand on est en privé, si tu veux. Pour nous différencier, ça te fera moins mal. »

« D'accord… » Il soupira, avant de finalement croquer dans un cookie, mais la faim n'était pas au rendez-vous. « Et les autres ? »

« Les autres… Il y a le professeur Rogue. Même si au début je ne supportais pas non plus son contact, quelque chose a changé en lui… Et depuis, ça passe… Heureusement vu le nombre de fois qu'il m'a sauvé depuis ma noyade. » Le rappel de cette histoire fit gémir le rouquin.

« Tu es passée trop souvent près de la mort… Je n'aime pas ça. » Un sourire amer se peignit sur les lèvres de la serdaigle.

« Et en élève, il y a toi, Luna, Cédric, Harry, Hermione, Malfoy, ta sœur, Bill… »

« Mon frère ? Quand l'as-tu rencontré ?» Sacha acquiesça.

« Oui. A Gringott, c'est lui qui a permis de mettre mes affaires rétrécies dans un coffre. J'ai failli lui vomir dessus à cause de la vitesse des wagons ensuite, mais son contact en lui-même ne m'as pas… Dégoûtée. »

« Je… C'est assez étrange. »

« Oui. Et ensuite il y a… » Cette fois, Sacha se crispa toute entière. Parler de ce garçon la stressait.

« Il y a… ? »

« Arman… Un élève de Durmstrang. Louche. Très louche. »

« Pourquoi donc ? Il t'a fait quelque chose ?» Le fait que Fred se relève du canapé, baguette au poing, la toucha. La noiraude secoua la tête.

« Non. En fait, il m'a même soigné… »

« Mais… La magie ne fonctionne presque jamais sur toi… Comment est-ce possible ? »

« C'est ça, le problème. Je ne sais pas comment il a fait. Mais il l'a fait. Et il a un tatouage lié à mes pouvoirs sur le torse. Donc… »

« Ça pourrait être un de tes agresseurs… » Fred était vraiment loin d'être stupide.

« Oui. Ou un fanatique des anciennes croyances, ce qui ne serait pas mieux. » Sacha termina son biscuit, et bu une nouvelle gorgée de thé. « Fred, aujourd'hui… Si je t'ai dit, tout ça… C'est parce que c'est une journée particulière. Et… Après ce soir. Beaucoup de choses vont changer… Vraiment beaucoup. » Tout de suite, cette mise en garde inquiéta le Weasley.

« Que va-t-il se passer ? C'est le tournoi, n'est-ce pas ? Tu as vu quelque chose ? » Sacha frémit.

« J'ai vu, oui. Mais l'avenir est incertain. Il se peut que tout aille bien et… Que l'enfer s'abatte sur nous. Alors… Pour la demi-heure qu'il nous reste avant les examens, pour moi du moins… J'aimerais t'offrir quelque chose… »

« Sacha… Selené… ? »

Lui faisant signe, la jeune femme se leva et vint s'asseoir sur le banc du piano, juste derrière le clavier, qu'elle ajusta. Et lorsque Fred fut installé à ses côtés, la tasse presque vide en main, elle souleva le couvercle. Il lui fallut un moment pour arriver à se concentrer, le piano était comme le chant, et la présence du rouquin à ses côtés n'aidaient pas sa gêne. Mais elle lui devait. C'était son cadeau de noël perfectionné.

Car en retard de plus de six mois, Sacha lui offrit la sonate au clair de lune.

oOoOoOo

L'examen d'histoire de la magie n'avait rien amené de mauvais, pour une fois. Bien que Sacha sache pertinemment qu'elle l'avait raté, pour n'avoir jamais ouvert un seul de ses livres sur les révoltes gobelines.

« Alors ? » Lui demanda Hermione, tandis qu'ils sortaient tous de la salle.

« Alors quoi ? Tu veux nos notes à l'avance ? » Demanda la noiraude en papillonnant des yeux. Elle avait mal à la tête, et même si la situation avec Fred s'était réglée, le mauvais pressentiment grandissait toujours en son sein.

« Calme, Sacha… Non, je voulais te demander comment tu le sentais, là… Les autres examens n'étaient pas tous aussi facile. Mais je pense m'être bien débrouillée. » Ajouta la lionne.

« Je ne suis pas sûre d'avoir écrit autre chose que mon prénom, pour tout te dire. » Avoua la Serdaigle.

« Aïe… à ce point-là ? Tu n'avais pas révisé ? » Un petit rictus se dessina sur les lèvres de Sacha.

« Je vais t'apprendre un truc, Hermione. Pour réviser quelque chose, il faut au préalable l'avoir appris. »

« Je sais, ça, pourquoi est-ce que tu… » La brune s'arrêta en marchant, les yeux grands comme des soucoupes. Non ?

« Ferme la bouche et viens, j'ai raté le petit dej et j'aimerais bien manger un morceau. »

Hermione, qui avait eu plus ou moins obligation de surveiller l'état de Sacha toute la matinée - ordre donné par Cédric, qui la payait en ouvrages sorciers ne lui étant plus utile - secoua la tête et s'avança vivement pour rattraper la Serdaigle.

« Mais tu es sérieuse ? Tu n'avais pas appris nos leçons ? »

« Non. Pour être honnête j'ai même aucun souvenir des cours de Binns, je dors dès qu'il ouvre la bouche, comme en litté… » Ce constat naturel fit froncer les sourcils à Hermione. Comme en littérature ? Elle était pourtant certaine qu'aucun cours de littérature n'était dispensé en primaire… Comment Sacha pouvait-elle y avoir eu des classes et s'y endormir ? Il fallait qu'elle note ça dans son carnet.

Passer la porte de la grande salle se fit rapidement, mais la réalité rattrapa Sacha comme une pluie diluvienne nous tombe dessus dès l'automne. Une femme lui faisait des signes de la main, à la table des Poufsouffles. Entourant Cédric, ses deux parents se trouvaient assis en sa compagnie, ainsi que celles de ses amis.

Béatrice avait l'air sur le point d'éclater en sanglot, ce qui n'était définitivement pas normal, et Cédric serrait les dents. Truman n'osait pas dire un mot, fixant son assiette avec incertitude, et Fawley pinçait les lèvres. L'effet Marlène Diggory. Même Amos semblait vouloir lui en mettre une, au regard submergé de honte qu'il portait sur elle.

Sacha déglutit.

« Et voilà, les boucles brunes de l'adversaire. Destructeur des Rois, Ange du Gouffre Sans Fond, Grande Bête appelée Dragon, Prince de ce Monde, Père du Mensonge, Engeance de Satan et Seigneur des Ténèbres… » Murmura Sacha comme une plainte. Hermione ouvrit les yeux avec horreur, une vision, maintenant ?

« Sacha, de quoi est-ce que tu parles… ? »

« L'antéchrist. »

« Tu… Comment ça, une vision ? »

« Oui. Celle qui me fait des signes, là… »

Hermione ne comprit pas de suite, et posa ses yeux sur la famille Diggory. La brune un peu enrobée, vêtue d'une robe de sorcière chic, qui faisait des signes de la main tellement enjoués, en direction de sa camarade, lui donna des frissons. C'était la même sensation que de se retrouver de nouveau en face de Gilderoy Lockart.

« Qui est-ce ? »

« Je t'ai dit… l'antéchrist. Ma… La mère de Cédric. Je ne peux pas relier cette chose à mon propre sang. »

« Allons, elle a l'air… Gentille. » Même la brune ne savait pas pourquoi elle se sentait mal à l'aise en fixant la femme.

« Non. Si j'avais eu le choix, j'aurais préféré Voldemort comme oncle, plutôt qu'elle. » La tirade jeta un froid entre les deux élèves.

« C'est une blague ? Sérieusement, après tout ce que Harry a vécu, tes visions, tu arrives à sortir ce genre de choses ? »

« Voldemort ne ment pas. Il te dit qu'il va te torturer si tu ne fais pas ce qu'il dit ou ne le satisfait pas. Elle, elle te sourit, joue les gentilles, et quand tu t'y attends le moins, elle te rappelle à quel point tu es une merde. » Sacha marqua une pause, amère, en se souvenant parfaitement des mots prononcés par la version de Marlène de son monde. « Une personne qui dit t'adorer, et la seconde suivante, te dis d'aller crever comme ta salope de mère. T'accuse de tous ses malheurs, après avoir rappelé à quel point elle t'a éduqué. Non, vraiment, Voldemort est mieux. »

Hermione déglutit, le dégoût de la Serdaigle pour cette femme était palpable. Et à bien y regarder, Cédric non plus, n'était pas à l'aise avec sa mère. Etonnant.

« Et bien… Bon courage… »

« Merci. »

« Ma toute belle, comment tu vas ? Je n'ai reçu aucune lettre de ta part cette année, c'est tellement dommage. Mais Cédric m'a dit que tu avais quelques problèmes de magie encore. »

S'asseoir à cette table couta à Sacha toute sa volonté. Mais elle le fit, pour le regard suppliant de Cédric. Ginny était avec Luna, chez les lions, pour une fois, ce qui était surprenant. Sauf qu'elle n'était pas seule, il y avait beaucoup de monde. Une énorme quantité de rouquins étaient présents à cette table. Elle avisa Ginny, Ron, leur mère, mais aussi Bill.

« Et alors, cette année, tu as un petit ami convenable ? Non, parce que tout de même, moi à ton âge, j'étais très bien entourée. Être seule, ce n'est pas bon, surtout vu ta situation. Déjà qu'avec ta mère, ça se passe mal, si en plus tu n'as pas d'amis, ni de petit ami, alors… »

Sacha inspira longuement, elle n'avait même pas faim, au final. La nausée remontait, encore et encore. La vraie Marlène était aussi infecte.

« Oh ma pauvre chérie. Heureusement que Cédric est plus doué, et plus sociable, hein, mon trésor ? »

« Maman, Sacha est souvent avec moi, elle est très bien entourée, tu sais… » Essaya de la défendre, le blond et brun.

« Oui mais enfin, ce n'est pas une bonne compagnie pour toi. Tu sais, il te faut des gens de ton âge, et elle… De son âge. Enfin. La preuve, regarde ce qu'elle a fait à tes cheveux. Une couleur, à ton âge, ce n'est pas du tout bon pour ton image. Je n'ai rien contre ta couleur, Sacha, bien entendu. »

« Non, bien entendu… » Murmura la noiraude, qui avait envie de vomir. La logorrhée insupportable se poursuivait ainsi.

Deux choix se posait devant elle. Continuer de se faire bouffer moralement par cette femme, ou fuir. Après un regard d'excuse envers son cousin, Sacha se leva de table sous les exclamations de Marlène, qui critiqua l'appétit certainement défaillant de la noiraude, et fila à la table des rouges et ors.

« Excusez-moi, bonjour, Madame Weasley, Fred… » Le garçon la salua d'un bref sourire, bien plus doux que ce matin. Leur discussion lui avait clairement remit les idées en place. « Pardon de demander, ça, et vous allez tous me prendre pour une folle, mais Bill…Est-ce que je peux prétendre être ta petite amie juste deux minutes, le temps que Marlène se casse ? ça devient vital. »

Bill, qui, contrairement aux autres membres de sa famille, était parfaitement au courant de la situation de son cadet amoureux, fronça les sourcils. Encore une histoire bizarre ? Et elle lui demandait ça, devant Fred. Molly n'apprécia cependant pas, ni l'interruption, ni la demande.

« Jeune fille, qu'est-ce que c'est que ces manières ?! »

« Pardon madame, ce n'est pas pour abuser du tout, je… »

« Ça ne va pas ? » Demanda brûle pour point Fred, qui sentait la détresse de son amie jusque dans ses os. Sacha se tourna vers lui.

« Je ne vais pas tenir. Si je peux juste avoir à mon bras, un type avec l'air rebelle, pendant une seconde, je pense qu'elle fera une syncope, et ça m'arrangerait beaucoup. » Fred consenti d'un regard auprès du grand roux. George fut particulièrement surpris de ce revirement, mais son jumeau semblait aller un peu mieux, être plus paisible, aussi, il ne dit rien, et fit de la place.

« Vient là, ma chérie ! » Prononça Bill d'une voix forte, en tendant son bras. Si Fleur, à la table des Serdaigles, eu l'air d'avoir avaler un citron, Sacha se précipita sur le banc, et se retrouva dans les bras du grand roux.

« Tu es toute pâle, Sacha… » Commenta Luna, qui était entre Ginny et Harry.

« Ce n'est rien, je me suis pris le réquisitoire de mon existence en condensé, ça passera. »

« Ta tante est si horrible que ça… ? » Osa Harry, qui essayait d'apaiser Madame Weasley, n'acceptant peu ce genre de comportement, surtout avec sa famille. On ne touchait pas à ses fils de cette manière.

« Imagine ta tante croisée avec Lockart, et ça te donnera un peu mon déjeuner. »

« Donc, tu n'as rien mangé. » En conclut Ginny.

« Ça ira, j'ai mangé des cookies ce matin… » Souffla Sacha. Mais là-dessus, Fred sursauta.

« Tu te fiches de moi ? On a mangé ces cookies à huit heures et j'ai même dû finir ton second !» S'il voulut hausser la voix de plus belle lorsque la demoiselle assura que ça allait, une voix plus aigüe, derrière eux, les fit taire.

« C'est une plaisanterie j'espère ? Ce garçon n'est pas convenable du tout, et bien trop âgé ! Cette enfant est vraiment imbuvable et mal élevée. Si j'étais sa mère, j'aurais surveillé son comportement dès le début, d'abord son refus de faire de la magie, cette foutue musique, et maintenant ça. Non ! Je refuse qu'une catin salisse le nom de ma famille. Je dois prévenir sa mère tout de suite, Cédric, emmène nous… » Et lorsqu'elle se leva, Marlène jeta un regard noir en direction des Weasley.

Bill resserra sa prise sur Sacha et fit mine de l'embrasser dans le cou, se penchant à son oreille seulement. Molly, qui était la mère ultime, serra les dents devant de telles horreurs prononcées en public. Elle savait par ses enfants, que Sacha n'avait plus de magie des suites de son accidents, et qu'elle n'y était pour rien. Aussi, les accusations étaient vraiment blessantes. Elle n'imaginait comment se sentirait l'un de ses bébés dans cette situation. La voix de Marlène se fit entendre, encore plus forte et dégoûtée de ce qu'elle voyait.

Luna vint timidement attraper la main de son amie par-dessus la table lorsqu'elle la sentit se détendre un peu. Bill la relâcha, et Mrs Weasley fit ce qu'elle aurait fait pour l'un de ses enfants, sans distinctions. Elle lui servit une assiette de pâtes avec un peu de sauce, et la poussa vers elle.

« Mange un peu, ça te fera du bien, et n'écoute pas ta tante, elle n'en vaut pas la peine. Tu es une très gentille jeune fille, je n'en doute pas. Et ta musique est très bien, mon mari et moi adorons danser dessus.» Le fait d'avoir été rabrouée par Harry, une demi-heure avant, au sujet d'Hermione et des calomnies colportées par Skeeter, y était pour beaucoup.

Etonnamment, cette tirade toucha Sacha, qui n'avait que peu l'aide des adultes, hormis du concierge. Lorsque Fred et George se levèrent, rappelant qu'ils avaient l'examen de métamorphose à passer, ils embrassèrent leur mère ainsi que leur frère ainé, avant de s'éloigner. Mais Fred revint sur ses pas, avant de poser une bise sur la joue de Sacha, lui souhaitant tout le courage du monde, et rappelant son soutien quoi qu'il arrive.

Se retenant au bras de Luna, la noiraude vacilla. Le soutient quoi qu'il arrive, elle n'était pas certaine de l'obtenir. Surtout avec la nuit à venir.

oOoOoOo

On venait d'annoncer le départ pour le stade de Quidditch. Les champions devaient rejoindre Verpey, pendant que tous les autres allaient s'installer dans les tribunes.

Cédric avait le trac, mais il se sentait prêt. Il avait appris divers boucliers élémentaires et plusieurs sorts offensifs et défensifs, pour être sûr de ne pas se faire avoir par un impardonnable, juste au cas où. Alors qu'il allait s'éloigner en compagnie de Viktor, Fleur et Harry, Sacha le happa de toutes ses forces. Il marqua un arrêt, subjugué. C'était leur première étreinte. La toute première, et s'il voyait ses mains désormais nouées sur son ventre, il ne pouvait voir son visage. Mais il la sentait trembler.

« Sacha… ? » Elle ne répondit pas de suite. « Ça va aller, je te promets. Je ferais très attention. Je vais gagner, tu vas voir. Et tu auras un nouveau sponsor pour ta musique. »

« Cédric. Je t'en supplie, quoi qu'il advienne, garde le porte-bonheur avec toi. D'accord ? » Le garçon fut surpris, il la sentait fébrile.

« L'obsidienne ? Je l'ai toujours avec moi… Pourquoi ? » Elle ne répondit pas.

« Fais-le, c'est tout. » Lorsqu'elle le lâcha, il voulut demander ce qu'il se passait, mais tout ce qu'il reçut, fut un sourire confiant. Ça ne le rassura pas. Parce qu'il le savait, ce sourire était faux, un masque parfait. « Bonne chance à tous. » Ajouta Sacha, avant de s'éloigner pour quitter la grande salle.

Une fois devant le labyrinthe, les quatre champions attendirent que Verpey prenne la parole. Mais si Fleur était comme à son habitude, d'une confiance déraisonnable, les trois garçons, eux, étaient méfiants. Harry et Viktor savaient que quelqu'un ensorcellerait le second pour qu'il tue le survivant. Quant à Cédric, il s'attendait à un combat supplémentaire, un duel où tous les coups seraient permis. Et ça, il le redoutait un peu.

Verpey se jeta un sonorus, et dès que sa voix fut magiquement amplifiée, il prit la parole d'un air enjoué.

« Mesdames mesdemoiselles messieurs, la troisième et dernière tâche du tournoi des trois sorciers est sur le point de commencer ! Permettez-moi de vous rappeler le classement actuel des concurrents. A la première place ex aequo avec quatre-vingt-cinq points chacun : Mr Cédric Diggory et Mr Harry Potter de l'école Poudlard ! »

Les applaudissements et cris de joie firent s'envoler une nuée d'oiseaux en provenance de la forêt interdite vers le ciel assombri.

« À la troisième place, avec quatre-vingt points : Mr Viktor Krum de l'institut Durmstrang ! » De nouveaux applaudissements coupèrent l'ancien joueur de Quidditch. « Et à la quatrième place, Miss Fleur Delacour, de l'académie Beauxbâtons ! »

Si Harry fit signe à madame Weasley et ses amis, dans les tribunes, son regard dériva un instant sur Luna Lovegood et Sacha O'Nigay, près d'un couloir de sortie. La noiraude semblait être sur le point de s'écrouler. Quelque chose était en train de se passer, et il ne savait pas quoi. Mais il était évident qu'elle, elle savait. Et qu'elle les avait mis en garde, d'une manière ou d'une autre.

« Attention… à mon signal, Harry et Cédric ! » Reprit Verpey. « Trois, deux, un ! » Il lança un bref coup de sifflet, et les deux garçons s'engouffrèrent dans le labyrinthe.

Les haies qui les entouraient plongeaient le chemin dans l'obscurité. Etonnamment, la cohue excitée des spectateurs avait disparue dès qu'ils étaient entrés. Les lieux avaient-ils étaient enchantés ? Ou était-ce la hauteur des haies ? Harry ne savait pas. Mais c'était comme s'il avait replongé sous le lac, le silence pesait tout autour d'eux. Il sorti sa baguette de sa poche, murmura un lumos, et entendit Cédric faire la même chose de son côté.

Lorsqu'ils arrivèrent à un embranchement de plusieurs couloirs, les deux garçons s'échangèrent un regard. Au final, Cédric parla le premier.

« Tu feras attention ? De ton coté, je veux dire. »

« Toi aussi, tu as senti ? »

« Ça fait des mois que je le sais… Que je la vois se préparer à… Je ne sais pas quoi. Comme si c'était elle qui allait passer cette épreuve à notre place. » Annonça Cédric. Il avait repéré son manège, à force, elle finissait par quitter sa tour, et il avait manqué de la croiser dans un couloir. Elle trainait aussi énormément avec le concierge, ce qui n'était pas forcément une bonne chose. Mais il se rappelait des mots de Luna à ce sujet. Que le vieillard était son gardien.

« Elle a dit à Krum qu'il allait recevoir un impero avec pour ordre de m'attaquer. Toi… ? » Demanda Harry.

« Qu'il y aurait deux parties à cette épreuve, avec un duel final, où tout serait permis. Mais je crois qu'elle mentait pour m'obliger à me préparer à toute éventualité. » Finit par avouer le blond et brun.

« Bon… ça annonce la couleur. On fait quoi ? » Le soupir de Cédric lui mit la puce à l'oreille.

« On poursuit l'épreuve, comme prévu, et on avisera le moment venu. Mais Harry, je gagnerai pour Sacha, pour lui apporter tout l'aide nécessaire à son art. »

Le noiraud ne répondit pas. Il se contenta de hocher la tête solennellement. Lui, il avait le sentiment que Sacha était au courant de tout. Bien sûr, en tant qu'oracle, mais aussi, pour lui. Et pour les rêves avec Voldemort qui reprenait des forces. Il l'avait vu au déjeuner, elle semblait plus fragile encore qu'en novembre, ou même cette nuit-là, dans le stade. Quelque chose allait se produire, quelque chose de terrible.

Et il devait évident que la Serdaigle se préparait à y faire face toute seule depuis des mois.

« Bon… à plus tard alors… Et bonne chance. » Prononça Harry d'une voix forte en bifurquant sur la gauche. Cédric lui fit signe, et prit à droite.

Au bout d'un long moment à marcher dans des couloirs broussailleux désert, un sifflement se fit entendre, ainsi que la foule. Ça ne dura pas, mais c'était signe que Krum venait de rentrer. Harry pressa le pas. Il tourna à droite, poursuivit son avancée, la baguette au plus haut, afin d'éclairer son chemin. Il repensa au sortilège d'Hermione qui avait mal tourné. Ce mini soleil. Si elle l'avait contrôlé, ce sort aurait été un miracle. Mais elle n'avait pas su le reproduire, même durant leurs entrainements pour cette épreuve.

Pour la 3e fois, le coup de sifflet retentit. Tous les champions étaient donc dans le labyrinthe. Harry ne cessait désormais de regarder derrière lui. Il éprouvait à nouveau la sensation d'être épié. Et le labyrinthe se faisait plus sombre à mesure que la couleur du ciel virait au bleu marine. Nouvelle bifurcation, il lança un sort pour trouver le nord, et la baguette tourna sur le plat de sa main jusqu'à indiquer la droite, la haie.

Tant pis, il allait devoir avancer sur la gauche jusqu'à pouvoir, miraculeusement, tourner à droite. Le centre du labyrinthe était au nord-Ouest. Ça risquait d'être long. Là encore, le chemin qu'il empruntait était désert, et Harry se demanda si c'était vraiment normal. Une sensation de malaise le prit aux tripes.

Un mouvement derrière lui attira son attention, mais ce n'était que Cédric, qui le prévint de la présence des scroutts à pétard de Hagrid. Harry le laissa aller, et voulut mettre le plus de distance possible entre lui et les choses agressives du géant. Soudain, au détour d'un virage, il vit un détraqueur qui flottait à sa rencontre.

Par réflexe, Harry imagina ce qui le rendrait le plus heureux possible. Sortir de là victorieux et fêter la fin du tournoi en compagnie de ses amis. La présence de Sacha O'Nigay, au milieu du groupe, le perturba une seconde, mais la pensée fut assez forte pour dévoiler son patronus. En revanche, il ne s'attendait pas à ce que le cerf soit plus grand, et que ses bois soient bien plus développés… Il y avait des dizaines d'entrelacs osseux sur son crâne. L'animal en était d'autant plus majestueux qu'il brillait comme la lune en plein solstice.

Cependant, le détraqueur ne fit que trébucher.

Probablement parce que c'était un épouvantard, et non un détraqueur. Humiliant la créature métamorphe avec un ridikulus, Harry poursuivit son chemin à travers le dédale de haies. Il tenta de rester le plus silencieux et le plus rapide possible, pour ne pas se laisser distancer par les autres, tout en restant sur ses gardes.

oOoOoOo

« Arman ? Que fais-tu ici ? Tu ne devrais pas être là, c'est interdit. » Demanda le bulgare en baissant sa baguette devant le norvégien.

« Personne ne le saura. Viktor. Même toi, tu auras oublié lorsque tu retrouveras tes esprits. » Répondit le sorcier.

« Qu'est-ce que ça veut dire ? » Mais Viktor ne se méfia pas une seconde. Arman était connu pour son sens exacerbé de la justice, qu'il lève sa baguette contre lui était impossible.

« Je suis désolé, Viktor. Mais je le fais pour l'héritier derrière le voile. » Ses iris vertes se mirent à luire comme des lucioles, et il leva la main en direction du joueur de Quidditch. Lentement, une fumée verte s'empara de l'esprit devant lui. « Maintenant, repousse Cédric et Harry vers le trophée. Laisse-les gagner. »

Cédric pointait sa baguette sur le bulgare aux yeux vides. Il venait déjà d'esquiver un sort, et il ne savait toujours pas comment il avait fait. La pierre noire à sa ceinture avait chauffé, et il s'était retourné, découvrant qu'il était la cible du sorcier.

« Qu'est-ce que tu fais ? Qu'est-ce qu'il te prend ? Tu es fou ? » Un nouveau sort, jaune, un doloris, fusa jusqu'à lui. La pierre, sur son porte bonheur, chauffa de plus belle, et Cédric se jeta au sol. « Krum bordel ! Reprends-toi ! » Erigeant un bouclier de pierre au-dessus de sa tête, cela permit d'arrêter le nouveau sort, mais le bouclier vola en éclat, et les projectiles blessèrent autant Cédric que Viktor.

La différence résidait dans le fait que Cédric était conscient de la douleur, et pas Viktor.

Une ombre surgit dans le dos du sorcier massif, et un stupefix plus tard, il s'effondra, dévoilant Harry, baguette au poing. Le noiraud se précipita sur son camarade pour l'aider à se relever, déblayant les gravats qu'il avait lui-même invoqué.

« Est-ce que ça va ? » Demanda-t-il en le relâchant.

« Oui… Je me méfiais déjà. Grâce à toi, heureusement. »

« Comment tu as fait pour ne pas qu'il te touche ? J'ai entendu l'impardonnable… »

« Bouclier élémentaire, conseil de Sacha. »

« Je n'aime vraiment pas ça… » Confia Harry.

« Moi non plus. Tu as entendu le cri de Fleur ? » Demanda Cédric en se passant une main dans sa chevelure bicolore.

« Oui. Tu crois que c'était lui ? » Le Pouffsouffle haussa les épaules.

« Lui, ou celui qui l'a ensorcelé. Dans tous les cas, on doit prévenir les profs de sa position. »

« J'allais dire pareil. » Et il s'empara de la baguette du champion de Durmstrang pour jeter les étincelles rouges au-dessus d'eux.

Ils gardèrent le silence un moment, avant de se faire face, tous deux incertains. Repartir chacun de son côté était une hérésie, ils venaient de le constater. Sacha avait prédit des évènements funestes dans ce labyrinthe, et elle avait encore une fois, eu raison. Si de l'extérieur, il se passait déjà quelque chose, ce qu'ils soupçonnaient tous deux, eux devaient avancer.

Et rien n'interdisait les alliances temporaires.

« Ensembles ? » Demanda Harry en tendant sa main.

« Ensembles. » Confirma Cédric en la serrant.

Usant du sortilège des quatre points pour poursuivre au nord, ils se remirent en route tout en restant sur leur garde. Pour autant, c'était comme si le chemin avait été balayé de tout ennemi. Là où Cédric avait enchainé les scroutts à Pétard, rien. C'était… Mauvais signe.

« Ôte-moi d'un doute, tu as eu beaucoup de bestioles à combattre ? »

« Non… Et je trouvais ça bizarre justement. » Avoua Harry.

« Plus que bizarre, c'est carrément louche. Ton nom qui sort de la coupe, les visions de ma cousine, Krum sous impero. Je n'y croyais pas au début, mais l'évidence est là. On veut te tuer. »

« Voldemort veut me tuer… » Avoua Harry d'une voix basse. Cédric marqua un arrêt, avant de soupirer.

« Je craignais cette réponse. Il va revenir, n'est-ce pas… ? »

« Je crois. Je ne sais pas trop… Je n'arrête pas de faire… Des rêves bizarres. Avec un cimetière et… »

« Et un monstre énorme avec des ailes et une queue ? Mais qui ne ressemble pas à un dragon… ? » Harry se tourna vers Cédric.

« Tu te souviens ?! » Le bicolore souffla.

« Non. Pas vraiment. C'est… Comme un rêve. Un cauchemar plutôt, récurrent, depuis que je porte le porte bonheur de Sacha. »

« L'obsidienne dont vous parliez tout à l'heure ? »

« Oui… »

« Hermione a fait des recherches dessus, sur les pierres en générales, et celles que ta cousine porte. L'obsidienne est un protecteur. Un soutient contre les traumatismes, et un bouclier contre le mal. »

« Génial. Donc, on a bien vécu une horreur, quelqu'un a effacé ma mémoire, et c'est pour ça que depuis que j'ai cette pierre, je sais exactement quand quelqu'un me vise, et que je fais ces cauchemars. »

« Sacha t'a protégé du mal. Elle doit tout savoir depuis le début. »

Un bruissement sur leur gauche les fit taire. Se tournant comme un seul homme, ils levèrent leur baguette pour éclairer la zone, et découvrir une créature qu'ils n'avaient vu que dans leurs livres de cours. Le corps d'un lion gigantesque, de grandes pattes félines aux griffes rétractiles, et une queue touffue balayant le sol. Mais une tête de femme, sévère, et couverte d'un duvet doré.

Les fixant désormais de ses grands yeux en amandes, la créature ne cessait cependant de faire des aller-retours dans le passage. Le sphynx les jaugeait, plissant les yeux, humant l'air, et secouant la tête. Si elle n'était pas agressive, il y avait quelque chose dans son regard, qui promettait la mort au moindre faux pas.

« Vous ne devriez pas être ensembles. » Finit-elle par dire d'une voix rauque et grave.

« Le règlement du tournoi n'interdit pas les alliances. » Assura Cédric.

« Peut-être. Je n'ai pas lu ce règlement, on m'a seulement dit de garder ce chemin. Vous êtes proches du but. Le moyen le plus rapide d'accéder au cœur du labyrinthe, c'est de passer devant moi. »

« En ce cas… » Murmura Harry. « Accepteriez-vous de nous laisser passer, s'il vous plaît ? »

« Non. » Répondit la créature en continuant de faire les cents pas. « À moins que tu ne saches répondre à mon énigme. Comme vous êtes deux, vous en aurez une chacun. Une bonne réponse vous laissera passer. Une mauvaise, et je serais contrainte de vous attaquer. » Les garçons déglutirent. « Enfin, si vous ne voulez pas répondre, vous aurez droit de repartir et de trouver un autre chemin. »

Cédric et Harry se regardèrent, avaient-ils vraiment le choix ? Il fallait avancer, ne serait-ce que pour comprendre ce qu'il se passait vraiment, dans ce tournoi. Ils hochèrent la tête de concert.

« Nous sommes prêts pour les énigmes. »

Le sphynx se posa sur son séant, au milieu du passage, comme l'aurait fait un chat. Et récita la première énigme, destinée à Cédric, vers qui sa tête se tournait.

« Qu'est-ce qui disparaît lorsque l'on prononce son nom ? » Puis, la tête se tourna vers Harry, et un sourire mystérieux orna ses lèvres. « Au commencement du monde, il existait deux sœurs. La première donna naissance à la seconde, puis à son tour, la seconde, fit naître la première. » Si Cédric se tordait déjà les méninges, Harry était troublé.

« Pardon mais… Vous pourriez répéter plus lentement s'il vous plaît ? » Le sphynx cilla, sourit, puis récita le poème à nouveau.

Pour Harry, qui était né dans le monde moldu, le commencement du monde, il y en avait deux, le big bang, qu'il avait étudié à l'école primaire, même s'il s'était toujours interdit d'avoir de meilleurs résultats que son cousin. Puis une seconde, la version religieuse. Il n'allait pas souvent à l'Eglise le dimanche matin, seulement quand il était tout petit et qu'il n'y avait pas d'autres choix pour tante Pétunia que de l'emmener avec eux.

« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. » Murmura-t-il pour lui-même, avant de secouer la tête. « Non… ça ne se suit pas… Deux sœurs… » Il avisa la créature, qui souriait à sa réflexion.

Le sphynx venait d'Egypte, non ? Non. De Grèce, et c'était un maitre en Enigme. Il ne connaissait qu'une seule chose qui se suivait comme les deux sœurs, et c'était le jour et la nuit. Mais ça ne collait pas, car elle demandait deux sœurs, pas un frère et une sœur. A moins… Que ces deux mots soient féminins en grec ? Se mordant le poing, Harry n'avait aucun moyen de savoir. À moins de demander à la créature. Est-ce que ça comptait comme de la triche ?

« Pardon de vous déranger encore mais… Parlez-vous le grec ? » Le retour du sourire mystérieux. « Je conçois que ça puisse être vu comme de la triche, mais je ne parle pas cette langue, et j'aimerais vérifier une hypothèse, sans que ça ne devienne une réponse. Le puis-je ? »

La créature vacilla une seconde, pesant le pour et le contre, avant de finalement hocher du chef, en croisant les orbes émeraudes du champion de Gryffondor.

« Dites-moi. »

« Comment dit-on jour et nuit en grec ? »

« Le jour. I Méra. La nuit. I nýchta » Forçant sur sa mémoire pour se rappeler des paroles d'Hermione au sujet de ses cours en arithmancie, Harry prit un air de triomphe.

« Ce sont des noms féminins. Je sais qui sont les sœurs. Le jour et la nuit. Méra et… Nychta ? » La créature grimaça lorsqu'il écorcha sa langue natale, mais hocha la tête avec un air un tout petit fier.

« C'est exact. Félicitation, Enfant de l'au-delà. » Trop content de cette bonne réponse, Harry ne prit pas garde au nom donné par la bête.

« Cédric, j'ai réussi ! » Cette exclamation de joie perturba le bicolore qui fronça les sourcils. Maintenant que le quatrième-année s'excitait, il n'arrivait plus à se concentrer. Trop de bruits autour, et son énigme était toujours d'actualité, lui.

« Harry, silence ! » Ordonna-t-il en levant la main pour montrer son exaspération. Le garçon se tut, abasourdi. Cédric écarquilla les yeux de stupeur. C'était ça. A présent qu'il n'y avait plus un bruit, il comprenait. Le silence disparaissait lorsqu'on l'appelait. « Pardon. Merci Harry ! »

« Quoi ? » Demanda le noiraud, incertain.

« La réponse, à ce qui disparaît lorsqu'on prononce son nom. C'est le silence. » Le sphynx hocha la tête gracieusement.

« Vous avez tous deux répondus convenablement. Vous pouvez passer. » Et elle se redressa sur ses pattes, avant de s'étirer, faisant le dos rond, puis s'écarter du chemin en leur faisant signe de la tête.

Les garçons la remercièrent avant de se mettre à courir droit devant eux. Au bout d'une quinzaine de mètres, arrivant devant une énième bifurcation, Cédric lança un « pointe au nord ». Et la baguette tournoya sur sa paume avant d'indiquer la route de droite. Ils s'y précipitèrent avant de se stopper net lorsque le chemin redevint plat. Au loin, à environs une centaine de mètre d'eux, posé sur un piédestal, le trophée du tournoi des trois sorciers scintillait dans la pénombre.

« Et maintenant ? » Demanda Cédric.

« On court jusqu'au trophée, et le premier arrivé le prends ? » Proposa Harry, qui avait tout de même bien envie de l'emporter, après toutes ses épreuves.

« Non. Tu perdrais, je suis plus grand et j'ai de grandes jambes, sans compter que c'est sûrement un piège. »

« Tu préfères que je te le laisse, c'est ça ? » Demanda le garçon, un peu amer.

« Non plus. On va y aller, faire gaffe, parce que je sens que ça n'est pas aussi facile que ça en a l'air… Et on le prendra ensemble. Ça te va ? Après tout, on a fini les épreuves ensembles… Et Poudlard l'emporte dans tous les cas. » Harry réfléchit à l'a proposition. Oui, ça serait une bonne idée, et Cédric était un ami, il n'avait pas non plus envie de le priver de cette gloire. Surtout après avoir découvert la mentalité de sa mère.

« Ça me va… »

« Par contre, Harry, va falloir courir quand même. » grogna Cédric, alors qu'un froissement sourd se laissait entendre.

« Quoi ? Je croyais qu'on devait y aller en faisant attention ?! »

« C'était avant. »

« Avant quoi ? »

« Avant ça ! »

Et Cédric pointa la chose énorme qui éventrait la haie, sur leur gauche, tout près du piédestal. Deux pattes musculeuses et velues, avec une sorte d'ossature externe sortait des ronces. Des pattes légèrement rayées, qui rappelèrent au survivant une autre épreuve. Celle de la forêt interdite, alors qu'il cherchait le moyen d'innocenter son ami Hagrid. Ami qu'il était désormais sur le point de maudire.

Car une Accromantula de trois mètres venait de faire son entrée.