Titre : Des raisons de douter

Fandom : Fullmetal Alchemist

Disclaimers : l'univers et les personnages ne m'appartiennent pas.

Mon petit blabla avant de commencer : Je suis tellement désolée de ce rythme de publication erratique ! Vraiment j'essaie, mais c'est chaotique de mon côté ^^; En tout cas, tous les chapitres sont écrits (donc vous les aurez forcément à un moment ou un autre), même s'il faut encore que je les revoie car je ne suis pas forcément très satisfaite. Et voilà le nouveau chapitre. J'espère qu'il vous plaira !


Rumeurs

"Hawkeye ? Hawkeye !"

Sa voix était à peine plus forte que le bruissement du vent et Riza ne réagit qu'au deuxième appel.

"Je suis là, indiqua-t-elle en dégageant un bras de sa cape."

Sous le clair de lune, leur manteau couleur sable les dissimulait presque parfaitement parmi les dunes. Malgré son geste, il fallut quelques secondes à Mustang pour la repérer et se glisser à côté d'elle.

"Tout va bien ? demanda-t-elle l'œil toujours rivé à sa lunette de tir."

Cela faisait quelques temps que la brigade passait les nuits à tour de rôle dans le désert, à guetter une cache. La frontière entre East City et Xing était particulièrement poreuse et un nouveau groupe de trafiquant avait réussi à faire rentrer des armes illégalement dans le pays. Il fallait dire que les ruines se prêtaient bien à l'entrepôt de marchandises illégales. Une information donnée par un indic de Breda leur avait permis d'identifier le site en particulier et les voilà à répertorier les criminels en question - les saisir sur le fait n'était pas suffisant au regard de Mustang et au grand dam de l'équipe.

La probabilité qu'il se passe quelque chose pendant qu'elle ne regarde pas était faible, mais pas nulle et si Riza loupait réellement quelque chose, la brigade lui en voudrait donc définitivement.

"Tout va bien, confirma Mustang.

- Alors que faites-vous ici ?"

Breda et lui étaient censés se reposer pendant qu'elle surveillait le site. C'était le principe même de la garde et si Mustang ne dormait pas lorsqu'il le pouvait, le roulement perdait quand même de son intérêt. Mais l'indiscipline de l'alchimiste ne la surprenait plus vraiment.

"Je suis venu te tenir chaud."

Là, en revanche.

Entre le tutoiement et la tournure de phrase, Riza lâcha le fusil un instant pour se tourner vers lui.

"Pardon ?

- J'ai du thé, expliqua malicieusement Mustang."

Bien sûr, il l'avait fait exprès. L'alchimiste aimait beaucoup trop lui faire perdre contenance et professionnalisme, de façon plus ou moins taquine. Et même si la jeune femme appréciait le geste, elle ne put pas s'empêcher de rouler les yeux.

"Est-ce que tu te rends compte que c'est ce genre de comportements qui alimente les rumeurs à notre égard ?"

S'il avait laissé tomber le vouvoiement, Riza pouvait aussi bien.

"Il n'y a que nous dans le désert, pointa Roy.

- Et Breda.

- Breda ne parlera pas. Il n'est pas du genre à colporter des rumeurs.

- Breda parlera si les autres lui posent des questions, rétorqua-t-elle. S'ils lui demandent quelle autre loufoquerie tu as pu commettre, par exemple.

- Je vois…"

Son sourcil haussé indiqua clairement qu'il n'avait pas pensé à cela, mais étant donné que les soldats parlaient de lui dans son dos - c'était un petit peu le principe - Riza pouvait le lui pardonner.

Son épaule était collée à la sienne et la jeune femme ne put que sentir le poids de l'alchimiste et sa chaleur, dans la nuit glaciale du désert.

"Du coup, tu ne veux pas de thé ?"

Si les journées étaient suffocantes, les nuits dans le désert faisaient davantage penser à l'ère glaciaire. La cache que les trafiquants avaient choisi étaient isolée, au milieu des dunes et aucun abri ne permettait aux soldats de s'abriter et de s'y dissimuler. Ils étaient soumis aux vents tranchants et surtout, ils ne pouvaient pas faire du feu pour se réchauffer. Pas à moins de vouloir se rendre visible dans un rayon de cinquante kilomètres. A partir de là, manger chaud ou boire chaud relevait de l'impossible, sauf si le Flame Alchemist étaient présent pour contrôler chaleur, flammes et fumée. Cette tasse valait de l'or. Et la façon dont son supérieur lui souriait indiquait clairement qu'il le savait.

Tandis qu'elle attrapait la tasse, il tendit la main pour diriger le fusil dans sa direction et lui permettre de boire tranquillement. Avec ces gestes, son bras se colla encore davantage au sien.

"Quelque chose d'intéressant ? demanda Roy.

- Rien du tout. Toujours personne.

- D'autres nuits ici à prévoir alors, répondit-t-il avec une grimace. Les autres vont adorer.

- Cela ne fait pas si longtemps qu'on a commencé les planques.

- ça fait déjà bien trop longtemps."

Riza haussa un sourcil par-dessus sa tasse. L'alchimiste était celui qui avait eu le moins de tour de garde alors il n'avait pas réellement matière à se plaindre. Mais ce n'était pas comme si cela l'en empêchait.

"Cette mission est vraiment une horreur. Et les nuits dans le désert…

- Ce serait sans doute plus facile si vous dormiez lorsque vous êtes censé le faire."

Les mots s'échappèrent avant qu'elle ne puisse les retenir et Mustang haussa un sourcil face au vouvoiement.

Leurs échanges ces derniers temps étaient compliqués. Il y avait d'un côté leur passé commun, des années à se connaître et de l'autre côté la volonté de dissimuler tout cela pour ne pas mettre une cible dans le dos de Riza. Du moins, pas une supplémentaire. Sans compter qu'il était son supérieur hiérarchique et ils devaient garder une certaine distance.

A Ishbal, leurs postes respectifs les empêchaient de se retrouver côte à côte sur le champ de bataille. Et s'ils voulaient discuter, ils pouvaient toujours s'éclipser discrètement du camp. Au Quartier General de l'Est, leurs interactions étaient constantes et ne faisaient qu'accroître les risques de tutoiement par mégarde, ce que leurs coéquipiers ne manquaient pas de remarquer. Si on ajoutait à cela les petites attentions de Mustang, certains n'avaient pas hésité longtemps avant de spéculer sur la nature de leur relation.

"Est-ce que les rumeurs te gênent ? demanda-t-il soudainement."

La question la prit par surprise et Riza resta silencieuse un instant.

"Est-ce qu'elles te dérangent ?"

L'accent sur le verbe soulignait l'intention de l'alchimiste.

Est-ce que les bruits de couloir qui circulaient à leur sujet la gênaient elle en tant que personne ?

Non. Riza n'y accordait pas une grande importance. Les soldats étaient étonnamment de grandes commères et elle avait vu les légendes urbaines les plus étranges circuler. Comme celle selon laquelle elle serait la fille du général Grumman, ce qui n'avait pas manqué de la faire rire la première fois qu'elle l'avait entendue. Mais ce n'était pas cela le fond du sujet.

"Riza ?

- Non, répondit-elle en secouant la tête. Les rumeurs suivront, peu importe ce que nous décidons de faire.

- Mais ?"

Roy la connaissait trop bien pour ne pas deviner l'objection dans sa voix.

"Mais ce genre de rumeurs ne peut que nuire à notre objectif. Peu importe qu'elles soient fondées ou pas, si les rumeurs identifient une personne en particulier à qui tu es attaché…

- Alors tu pourrais être prise pour cible, compléta Mustang d'une voix sombre."

Il le savait, ils en avaient déjà parlé.

Même si elle ne pouvait pas discerner son visage, toujours collé au fusil et à moitié dissimulé par l'obscurité, Riza savait qu'il n'appréciait guère l'idée. Et elle non plus n'aimait pas du tout ce que sa remarque impliquait.

En tout logique, ils devraient arrêter de se comporter autrement que de manière strictement professionnelle. Ce tutoiement, ces petites attentions et ces moments seuls en tête à tête. Seulement Riza n'était pas prête à renoncer à cela.

C'était ridicule et elle le savait : Mustang avait été très clair avec elle concernant ses sentiments. Il n'y avait aucun espoir de ce côté-là pour elle. Mais il y avait plus en jeu que ses petits béguins de jeune fille.

Riza n'avait ni mère, ni père. En entrant dans l'armée, elle avait coupé tous les liens avec sa vie précédente. Ces petits gestes qu'il avait avec elle et personne d'autre lui donnaient l'impression d'être plus qu'une soldate et surtout, le sentiment de compter pour au moins une personne sur terre. Et elle en avait besoin. C'était ridicule et probablement stupide. Rien de tout cela n'était rationnel et s'ils continuaient, ils s'en mordraient probablement les doigts un jour. Néanmoins, Riza ne pouvait se résoudre à être celle qui en parlerait la première.

Faute de mieux, elle laissa le vent combler le silence entre eux et l'alchimiste réfléchir de son côté, les rouages de son cerveaux presqu'audibles à ses oreilles.

"Nous devons y mettre un terme, déclara finalement Mustang."

C'était la seule décision logique et Riza le savait. Malgré tout, elle sentit son cœur se briser.

Elle était si faible et si stupide.

"J'arrêterai ... tout cela, poursuivit-il faute de mots. Plus de tutoiement, même lorsque nous sommes seuls. Plus de moments, comme cela."

Sa voix se brisa légèrement et Riza aurait tout donné pour savoir pourquoi, pour comprendre. Car Mustang avait été clair avec elle, mais sa réaction ne l'était pas.

Mais l'alchimiste continua de fixer la lunette, sans lui accorder un seul regard.

"Je vais devoir me montrer plus froid, plus distant. Et malgré cela, les rumeurs ne cesseront pas. Alors je vais devoir en créer d'autres."

Et pendant un instant, Riza ne comprit pas. Quelles autres rumeurs ?

"Avec d'autres femmes."

Le sens de ces mots la percuta alors de plein fouet. Comme si un sac de sable lui avait été lancé en plein visage et l'avait renversée, plaquée au sol. Sa respiration se bloqua dans sa poitrine et l'entraînement reprit le dessus. Bloquer, compter jusqu'à trois. Inspirer et expirer le plus lentement possible. Tout allait bien.

Mais rien n'allait plus.

Non content de l'ignorer, Roy allait volontairement se rapprocher d'autres femmes. Et elle ne savait que trop bien ce que les langues bien pendues du Quartier Général diraient à leur égard. Qu'il s'était lassé d'elle. Qu'elle n'était qu'une parmi une longue suite de conquêtes. Une passade, une cible facile.

Les soldats jaseraient sur son passage. Elle en avait déjà l'habitude, mais l'idée même de ce qui pourrait se dire d'elle lui fit hérisser les poils. Et l'espace d'un instant, Riza voulut protester. Il ne pouvait pas lui demander de subir cela.

Bien sûr, c'est à ce moment précis, que l'alchimiste se tourna vers elle. Son regard plein de culpabilité et d'inquiétude doucha en elle tout velléité de protestation : ce n'était encore une fois que la décision la plus rationnelle. Tant qu'elle suivrait son plan et ne disait rien, tant qu'elle se comportait de manière strictement professionnelle avec lui, les rumeurs étaient vouées à disparaître. Car tous seraient plus occupés à discuter de la dernière conquête de l'alchimiste. Ils le savaient tous les deux : les prochains mois allaient être difficiles mais une fois passés, cette histoire serait définitivement oubliée.

Ce n'était que le choix le plus logique.

Il lui fallut toute sa maîtrise de soi pour attraper le fusil, le repositionner en face d'elle et placer son visage contre la lunette de tir.

Roy avait été très clair avec elle. Il ne se passerait jamais rien entre eux. Et ils s'étaient faits une promesse. Riza ne pouvait pas se permettre d'être faible. Elle ne pouvait pas se cramponner à cette relation, sous prétexte d'avoir l'impression d'être seule au monde et de se noyer sous le masque de la soldate. Mustang avait besoin d'elle pour atteindre son objectif et elle devait être à la hauteur.

"D'accord."

Mais la décision serait sans doute plus facile à prendre, s'il ne la regardait pas de cette manière.


Alors, qu'en pensez-vous ? Etant donné toute l'histoire qu'il y a entre eux, je me dis qu'il est impossible qie Mustang flirte avec toutes les femmes qui passent sans une bonne raison derrière. Et la torture à laquelle il soumet Riza...

N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire :)