Stiles était prêt à laisser la violence se déchaîner sur lui tout en sachant qu'il désirait pourtant l'éviter, ne plus jamais avoir à subir le moindre coup. La porte, il l'avait ouverte, incapable de ne pas le faire. Mais il avait fait ça la tête baissée. Un jour, son manque d'instinct de survie le tuerait. Parce que face à lui, ce n'était pas Derek. Ce dernier ne portait pas ce genre de chaussures.

En fait, il devrait d'ores et déjà avoir reconnu celles de Jackson, mais l'état de terreur viscérale qui le paralysait sur place l'en empêchait. Alors, il paniquait intérieurement, sans bouger, sans connecter ses neurones entre eux. En fait, il était à deux doigts de s'effondrer, alors même qu'aucun coup ne lui avait été porté. Stiles avait parfois des réactions trop extrêmes, et il le savait… Mais il était incapable de les contrôler. Pas alors que Derek n'était pas là. Sans son ancrage, Stiles se sentait comme un électron dont les forces émotionnelles, libres et indomptables, échappaient totalement à sa portée.

Il entendit vaguement la voix de Jackson articuler des mots agréables, ceux qui portaient des promesses en eux. Du genre que tout allait et irait bien. Stiles sursauta lorsque le kanima posa délicatement ses mains sur ses épaules en le poussant doucement à l'intérieur du loft, mais ne remarqua pas que d'une main, il venait de verrouiller la porte derrière eux. Autrement, la chose n'aurait fait que le faire paniquer davantage et lui faire s'imaginer un nombre de scénarios conséquents. Disons que Stiles commençait très légèrement à revenir à la réalité, à comprendre qu'il ne lui était rien arrivé, que ces mains appartenaient bien à Jackson, qu'il était réellement là. Il était habillé de manière aussi élégante que d'ordinaire, à la différence près que sa veste était fermée, la fermeture éclair bien jusqu'en haut. Et ce détail, aussi insignifiant soit-il, marqua Stiles. Jackson ne fermait jamais aucune de ses vestes. Faisait-il froid dehors ? Puis il était un peu décoiffé… Et c'était bizarre, pour quelqu'un qui prenait soin de son apparence. Peut-être qu'il testait de nouvelles choses… Mais Stiles ne s'attarda pas davantage dessus : Jackson venait de le faire s'assoir sur le canapé. Il avait ses mains sur ses épaules, mains qui descendirent jusqu'à se saisir des siennes, tremblotantes et rendues glacées par l'angoisse.

- Hey, Stilinski, calme-toi.

Jackson ne donnait cependant pas l'exemple. Il parlait d'un ton alarmé, le regardait comme s'il allait se passer quelque chose… Ou comme si c'était déjà arrivé. En tout cas, son regard lui semblait nu, dépourvu de son calme arrogant habituel, cette chose qui donnait l'impression qu'il était toujours sûr de lui, confortable sur ses appuis. Là, Jackson lui semblait tout bonnement désarçonné et son visage, complètement crispé, en sueur. De plus, il lui tenait les mains. Ça, ce n'était pas un détail. Stiles, avec tous ces éléments qu'il faisait de son mieux pour ne pas analyser, ne pouvait que difficilement redevenir lucide. La terreur… Continuait de malmener son cœur.

Alors forcément, il n'entendait pas tout de ce que lui disait Jackson. Il se concentrait juste sur ses espèces d'ordres et de conseils, sur le travail qu'il devait faire sur sa respiration pour sortir de cet état de peur qui le paralysait. Ses réflexions n'allaient pas loin… Elles n'existaient plus vraiment. Les détails qu'il avait repérés n'avaient plus aucune importance.

Stiles retenait juste ce qu'il devait faire pour se calmer ainsi que le fait que Scott ne viendrait pas. L'hyperactif ne voyait pas du tout comment ni pourquoi Jackson continuait de lui affirmer cela, mais il n'avait pas d'autre choix que de le croire. Il avait les tempes humides de cette sueur froide qu'il sentait s'écouler sur sa peau. Stiles n'était même pas conscient du fait qu'il avait lentement basculé dans un état de choc certain.

Jackson, si. Parce qu'il le voyait, sentait son odeur… Lui, il le savait. Le problème, c'est qu'il n'était pas très doué pour… Rassurer, ou consoler les gens. Son truc, c'était de foncer dans le tas, un peu comme Derek.

Ce qu'il avait fait à la perfection mais ça, Stiles ne pouvait pas le savoir.

Néanmoins, il n'était pas Derek, qui semblait avoir suffisamment réussi à apprivoiser l'hyperactif pour pouvoir l'aider quand il en avait besoin. Un prodige, quand Jackson y repensait. En l'attendant, tout ce qu'il pouvait faire… C'était le garder ici et essayer de le rassurer.

D'ailleurs, cela finit par définitivement fonctionner. Ce fut long et laborieux, mais Stiles finit par réussir à relever la tête… Et à le regarder dans les yeux. Ils transpiraient toujours la peur, mais ça allait. La lucidité de Stiles avait plus ou moins repris le dessus. Il respirait plus lentement et son cœur avait commencé à se calmer.

- Tu te sens mieux ? S'enquit Jackson, réellement inquiet.

Le hochement de Stiles, bien qu'il reste hésitant, le rassura. Le kanima retint le soupir de soulagement qu'il était prêt à pousser. Tout allait bien. Il lâcha ses mains.

- Derek va bientôt arriver, tu n'as aucun souci à te faire.

Si Stiles écarquilla les yeux, ne comprenant absolument pas comment Jackson pouvait affirmer cela, il ne saisit pas son téléphone, ne chercha pas à lui demander davantage d'explications – il se sentait encore trop fébrile pour cela. Et puis… Peut-être disait-il cela simplement pour le rassurer, peut-être qu'au fond… Il n'en savait rien.

Or, Jackson était parfaitement au courant puisqu'il l'avait appelé avant de monter au loft… En lui disant de ramener ses fesses au plus vite. Néanmoins, il n'y avait pas réellement urgence… Plus maintenant, en tout cas. Disons que Jackson tenait à lui parler rapidement… Et qu'il tranquillise Stiles. Il avait beau aller un peu mieux, rien n'aurait d'effet plus puissant qu'une étreinte de la part de l'ancien alpha.

En l'attendant, Jackson s'efforça de lui parler, de lui raconter des choses et d'autres. Discuter, faire du social… Ce n'était pas vraiment son truc. La seule avec qui il le faisait sans trop se forcer, c'était Lydia. Elle le connaissait par cœur et c'était réciproque. Avec Stiles, c'était d'autant plus difficile qu'il ne pouvait pas lui répondre. Qu'il était plus discret qu'autrefois… Et que le kanima ne pouvait pas savoir à quoi il pensait. Son odeur lui permettait d'avoir son ressenti, mais ce n'était pas suffisant.

Alors lorsque Derek déboula au loft un air étrange collé au visage, Jackson se sentit soulagé. Pas parce qu'il avait l'air mi-surpris mi-inquiet. Juste parce qu'il était là. A côté de lui, Stiles sembla reprendre vie et d'un seul coup, son odeur se délesta de presque tout ce qui la rendait mauvaise. Le simple fait que Derek se trouve soudainement dans son champ de vision suffisait, et en même temps… Stiles ressentit le besoin de se précipiter vers lui, de se jeter dans ses bras, l'embrasser à en perdre haleine comme s'il n'aurait peut-être pas toujours l'occasion de le faire. Cependant, il ne bougea pas. Sa cervelle se remettant brusquement en marche, il prit conscience de certaines paroles de Jackson, de ce qu'elles signifiaient. Quand le kanima avait-il appelé Derek, au juste ? Il lui jeta un regard et ne put que constater la façon dont son visage paraissait soudainement détendu, quand celui de Derek affichait une crispation manifeste. Lorsque son regard si particulier se posa sur sa personne, Stiles ne sut comment réagir. Qu'importe : Derek le fit pour lui. Combla la distance qui les séparait et l'attira contre son torse sans hésitation aucune. Honnêtement, Stiles ne comprit pas d'où venait cet élan qui sentait l'urgence, mais il profita sans vergogne de l'étreinte musclée qu'il lui offrit. Son odeur ? Il la respira à plein poumons et se dit que présence valait tout l'or du monde. Ses questions ? Elles pouvaient attendre un peu. Le bien que lui faisait Derek juste en étant là dépassait tout. Un « je suis là » silencieux passait au travers de ses gestes mais également de son souffle, lorsqu'il déposa ses lèvres sur sa tempe. Ça, ce n'était pas quelque chose dont Stiles avait l'habitude. Il releva la tête, lança un regard confus à Derek… Qui préféra reporter son attention sur Jackson.

- Il était où ?

La voix de l'ancien alpha était grave, menaçante dans sa tonalité. Pourtant, son visage n'indiquait aucune colère, rien qui puisse s'en rapprocher. Derek était-il excessivement doué pour cacher ses émotions ou Stiles avait-il manqué quelque chose ? D'ailleurs, de qui parlaient-ils ? Il mourrait d'envie de le leur demander… Mais n'avait plus sa voix pour les interrompre à sa guise. Techniquement, il pouvait aller prendre son téléphone. Toutefois, cela signifierait se séparer momentanément de Derek et ça, Stiles n'en avait pas la moindre envie. Après la peur qu'il s'était infligée tout seul et qui l'avait mis dans un état tel que Jackson avait dû se débrouiller pour le calmer, l'hyperactif ne pouvait pas envisager un seul instant de se détacher de cette étreinte si possessive. Car Derek le serrait fort contre lui, sans équivoque. Il le tenait, comme s'il avait peur qu'il s'en aille, qu'il s'envole. Qu'il n'ait crainte : Stiles voulait juste rester dans ses bras. Ne plus en bouger avant un moment.

- En bas, finit par répondre Jackson sans quitter Derek des yeux.

L'ancien alpha hocha la tête.

xxx

Derek avait toujours trouvé le visage de Stiles beau. Harmonieux. Ses grains de beauté, si nombreux qu'il ne pouvait les compter sans risquer de s'y perdre, ne faisaient qu'ajouter une petite touche malicieuse à ce faciès angélique. Parce que le sommeil lui donnait réellement l'air d'un ange. Pouvait-on faire des traits plus doux que les siens ? Derek resta encore un peu avec lui, avant de se décider à redescendre.

Tout était à la fois très compliqué et extrêmement simple. Scott avait envoyé un message à Stiles, qui avait demandé à Jackson si Scott était au lycée. Ça, c'était ce que l'hyperactif avait accepté de lui montrer après un moment passé à le convaincre qu'il pouvait tout lui dire et qu'il ne le jugerait d'aucune manière.

En ce qui concernait Jackson, celui-ci avait trouvé Scott. Pas au lycée. A l'entrée de l'immeuble, prêt à monter au loft. Ils ne s'étaient pas vraiment battus, pas à proprement parler. Enfin… Le kanima n'avait rien eu à déplorer, mis à part quelques égratignures ici et là sur son torse – raison pour laquelle il avait gardé sa veste fermée. Si ses blessures avaient guéri assez rapidement, Jackson avait préféré faire en sorte que Stiles ne voie pas son t-shirt aux multiples déchirures et quelque peu tâché de son sang par endroits… Mais il n'avait pas pris le temps de se recoiffer. La précaution lui avait semblé des plus inutiles.

Jackson était toujours là, dans le salon. Repartir au lycée n'avait pas été une option. Il avait eu besoin de rester… De surveiller le loft autant que de parler avec Derek. La venue de Scott était loin d'être un hasard… Si l'ancien alpha n'imaginait pas à quel point, le kanima le savait.

Derek, en hôte cordial – si Peter voyait ça, il serait fier de lui –, proposa à Jackson de boire quelque chose. Le lycéen avait attendu une bonne demi-heure ici que son aîné passe un petit temps avec Stiles et achève de le rassurer, alors… Il avait bien le droit à un remontant, d'autant plus qu'il avait vraisemblablement sauvé la vie de l'humain. Et lui, il n'était pas là. Les courses, il les avait faites… Mais la prochaine fois, il emmènerait Stiles avec lui. C'était plus sûr.

- Merci, fit Jackson après que Derek lui ait servi un verre d'eau.

Sans rien dire, l'ancien alpha s'installa face à lui. Il lui manquait des éléments dans cette histoire, et… Il avait absolument de les connaître le plus tôt possible. Bien évidemment, avec ou sans cela, il ferait la peau à Scott si celui-ci osait se présenter à nouveau ici. Maintenant, Derek était là et avec ce qu'il savait, cette haine qui donnait au latino une allure dangereuse, il resterait avec Stiles. Jamais il ne laisserait Scott ne serait-ce que l'effleurer. Alors évidemment, il se sentait redevable envers Jackson… Même si certaines choses le taraudaient.

- Tu as guéri vite, finit-il par lâcher.

En cela, il mettait en lumière le fait que, Scott étant un alpha, les blessures qu'il lui avait infligées devraient être encore là. Le statut conférait une force différente et avait un impact bien plus fort à celui d'un bêta.

- Scott perd en puissance, lui apprit le kanima après avoir bu une grande gorgée d'eau.

- Grâce à votre départ, à toi et Lydia, comprit Derek.

- On n'est pas les seuls, rétorqua Jackson. Isaac nous a suivis.

L'ancien alpha se contenta d'un hochement de tête comme seule réaction physique directe à cette annonce. Son odeur, elle, donnait davantage d'indices concernant son état d'esprit. Surpris, il l'était. S'il était le seul et l'unique à avoir sorti Isaac de l'enfer qu'était sa vie humaine, Scott s'était révélé être celui qui l'avait lié aux autres par la force des choses. L'amitié, entre autres. Ça, c'était un principe que Derek n'avait pas été capable de lui apprendre… Notamment parce qu'il ne le considérait pas comme un ami… Plutôt comme un petit frère. Un petit-frère qu'il ne voyait pas si souvent que cela mais dont chaque visite avait l'effet d'un baume qu'on appliquait sur son cœur. Isaac, c'était le ciment de la famille qu'il avait l'espoir de se construire une nouvelle famille, différente de celle du sang. Alors voilà, une certaine fierté rendait son odeur un peu plus douce. Savoir qu'Isaac partageait, dans un sens, le même avis que lui concernant Stiles était rassurant. Derek n'en avait jamais réellement douté, mais Scott avait du bagout et surtout… Ce statut qui le plaçait au-dessus des autres. Parfois, l'aura seule d'un alpha permettait à ce dernier d'empêcher quiconque de défier son autorité… Ou tout simplement de partir. Restait alors à mesurer la motivation de ces loups désirant prendre le risque de se retrouver sans meute. De son côté, Derek vivait plutôt bien son statut de loup solitaire, pour l'instant. Disons que la présence de Stiles dans sa vie, dans ses draps, dans son cœur… Elle suffisait largement à combler toutes ces choses qui pourraient lui manquer. Bien sûr, Derek avait toujours rêvé de reformer une meute solide après la mort de sa famille et en soi, cela s'était passé. Simplement, il n'avait pas pu se résoudre à l'idée de rester dans un groupe dont l'alpha pouvait évincer aussi simplement ce qui avaient le malheur de se retrouver dans sa ligne de mire. Alors oui, Derek avait privilégié la sécurité – la sienne et celle de son humain – à la stabilité d'une meute. Il savait que Jackson et Lydia l'avaient en quelque sorte suivi dans la démarche, mais Isaac… C'était une bonne chose. Si Stiles avait pu déplaire à Scott au point que celui-ci l'ait privé de sa voix, qui dit qu'Isaac n'aurait pas été le prochain ? Même en étant toujours un loup-garou, le jeune homme aux boucles d'or gardait des peurs que certains pourraient juger irraisonnées, des peurs résultats de traumatismes évidents. Si ceux-ci pouvaient se « guérir », ce n'était jamais dans leur intégralité. Les séquelles que gardait Isaac de son passé étaient non négligeables. Ce fut alors soudainement clair dans l'esprit de Derek : oui, Isaac aurait été le prochain. L'hypothèse, il le sentait, aurait pu se confirmer prochainement – c'était son instinct qui parlait.

- Lydia et toi… Vous ne m'avez jamais dit comment votre départ de la meute s'était passé, fit-il d'ailleurs.

Il se souvenait juste de l'air crispé de la banshee lorsqu'il avait abordé le sujet la dernière fois qu'ils étaient venus. De sa tension générale. Jackson n'avait pas non plus paru très à l'aise… En ce jour, il détourna directement le regard.

- Scott a essayé de nous retenir, tu t'en doutes.

Derek hocha la tête. Jackson et Lydia… Faisaient partie de la meute depuis longtemps, la banshee encore plus que son ex. Ils en étaient en quelque sorte les piliers et avec déjà Stiles de tombé… Leur groupe allait finir par s'effondrer – c'était certain, il ne s'agissait que d'une question de temps.

- La manière dont il parlait… On a compris qu'au fond, il se fichait de nous. Tout ce qui l'intéressait, c'était d'avoir un kanima et une banshee sous la main.

Derek retint un soupir d'abattement. Scott avait longtemps été un garçon adorable – trop gentil, trop naïf, mais adorable. Quand avait-il vrillé ? A partir de quel moment s'était-il concentré sur le pouvoir et la puissance ? L'amitié n'avait-elle donc plus aucune valeur à ses yeux ? L'esprit du lycanthrope revint sur Isaac. Oui, ç'aurait définitivement été lui, le prochain. Un loup comme les autres, un bêta. Si l'on réfléchissait froidement, c'était à cette conclusion que l'on venait. Scott avait voulu retenir Jackson et Lydia parce qu'ils sortaient de l'ordinaire tout comme il avait voulu le garder lui, parce qu'il était un ancien alpha. Un homme d'expérience dont la fureur pouvait faire des ravages. Dans un sens, il restait unique.

Mais Derek se doutait bien que l'histoire ne s'arrêtait pas là.

- Le soir, Lydia est rentrée chez elle. Scott l'attendait. Il a essayé de la convaincre, encore, et quand il a vu que ça ne marchait pas, il s'est énervé.

L'ancien alpha se crispa. La dernière fois qu'il l'avait vue, Lydia ne lui avait pas semblé blessée, mais… Il était bien placé pour savoir que toutes les plaies du monde n'étaient pas forcément visibles. Alors, il appréhenda la suite, eut peur de ce que Jackson pouvait lui dire et ressentit, quelque part, une certaine culpabilité. Derek n'avait pas honte de la manière dont il chouchoutait Stiles, mais… Au final, il n'était pas le seul à être en danger. Et même s'ils se retrouvaient tous sans meute, ils devaient se protéger les uns les autres, se serrer les coudes. Seuls chacun de leur côté, ils étaient vulnérables. A Beacon Hills, c'était d'autant plus important que la ville possédait un Nemeton, une balise surnaturelle… Qui attirait bon nombre de créatures de la nuit – et toutes n'étaient pas gentilles. Derek se promit ainsi de veiller sur Lydia, Jackson, Isaac et tous ceux qui décideraient de quitter la meute après eux. De loin, certes, mais il ferait au mieux.

- Il lui a fait du mal ? Finit-il par demander, après avoir constaté que le kanima semblait s'être perdu dans ses pensées.

Jackson reporta son attention sur lui. L'air fatigué qu'il arborait sauta aux yeux de Derek.

- Non, répondit-il rapidement. Il n'en a pas eu le temps.

A ces paroles, il eut un léger sourire empli de fierté. De son côté, l'ancien alpha retint un soupir de soulagement. Si Lydia n'avait rien eu… C'était le principal. A l'expression de Jackson, il eut une petite idée de ce qu'il avait dû se passer.

- On dit que l'aconit met un loup-garou K.O… On peut dire la même chose concernant le cri d'une banshee. C'est redoutablement efficace. Elle lui a pété les tympans.

Ainsi, Scott avait fui, terrassé par le hurlement. Il avait sous-estimé Lydia qui, avec le temps, avait perfectionné la maîtrise de son don avec une justesse incroyable. De cette façon, elle était à même de se défendre face à un loup-garou depuis un moment mais Scott… Ne l'avait jamais su, ou du moins, ne s'en était jamais réellement douté. Ce n'était pas comme si la chose l'intéressait. C'était là l'une des raisons pour lesquelles il méritait de moins en moins ce statut qu'il finirait par perdre un jour. Contrairement aux croyances, l'étincelle alpha – notamment celle du Vrai Alpha –, n'était pas immuable. La conserver n'était pas un droit : il fallait la mériter. Dans le monde surnaturel, tout se gagnait et se perdait. Et Derek savait que l'étincelle alpha de Scott allait disparaître – si ce n'était pas déjà en train de se faire.

- Scott est parti la queue entre les jambes, les oreilles en sang. Pour l'instant, il n'est pas revenu l'emmerder, termina Jackson.

- Tant mieux, souffla Derek, tant mieux.

Il n'irait pas jusqu'à dire que Scott avait eu ce qu'il méritait, mais c'était déjà bien. Il ne devait pas avoir l'habitude qu'on lui désobéisse ou qu'on lui montre une grosse divergence d'opinion… Avant, c'était normal : il avait été un bon alpha. Mais tout avait dérapé et le pouvoir semblait lui être monté à la tête. Quand ? Il serait sans doute impossible de le savoir réellement… De définir un moment précis. Tout ce qu'on savait, c'est qu'il avait commencé par priver Stiles de sa voix.

Et Derek sut qu'il allait finalement oser poser la question maudite à Jackson. S'il avait peur de connaître la réponse, il était toutefois d'avis qu'il y avait un moment où les choses se devaient d'être dites.

xxx

Stiles avait l'impression d'avoir passé sa journée à dormir. Pourtant, l'heure sur son téléphone le détrompait : il ne s'était assoupi qu'une petite heure. Ce n'était pas grand-chose, néanmoins… Son corps lui paraissait être d'une lourdeur incroyable, comme s'il avait eu à faire des efforts conséquents. Concernant quel domaine ? Il n'en avait aucune idée. Evidemment, il se souvenait de tout, y compris tout ce qu'il s'était passé avant qu'il s'endorme. Avant de sortir de la chambre, il tendit l'oreille dans le couloir. Le jeune homme perçut de légers bruits de pas, mais pas de voix. Ainsi, il supputa que Jackson était parti. Dans un sens, ça l'arrangeait : certes, le kanima l'avait aidé et peut-être sauvé d'une hypothétique agression, mais… Lorsqu'il se sentait fébrile, Stiles avait besoin de se retrouver seul avec Derek. Seul avec son loup, l'unique être à le faire se sentir bien, entier.

Actuellement, l'hyperactif n'allait pas mal à proprement parler, il se sentait simplement… Oui, fébrile restait le mot le plus juste. Il avait l'impression de sortir quelque peu difficilement d'une espèce d'anesthésie – c'était l'effet que lui faisait le sommeil tout sauf réparateur qui l'avait emporté au loin. Chacun de ses membres étaient lourds, ça bourdonnait à l'intérieur de sa tête… En fait, Stiles n'était pas certain de comprendre ce qu'il lui arrivait, de pouvoir dire comment il se sentait. Peut-être serait-il capable de réfléchir un peu plus tard… Après s'être lové dans les bras protecteurs de son loup. Cette situation lui était devenu si habituelle que Stiles ne ressentait plus de honte à y penser. Dans un sens, ils étaient ensemble et… Avaient partagé bien plus que quelques étreintes. D'ailleurs, c'était dingue, quand il y repensait : ils partaient de rien, ou pas grand-chose. Aujourd'hui, Stiles vivaient chez Derek et entretenait une certaine relation avec lui. Le mot lui paraissait d'ailleurs un peu faible pour décrire ce qu'ils avaient, mais l'hyperactif préférait ne pas trop s'avancer, ne pas dire que ce qu'ils partageaient était amoureux, malgré la bague qui lui avait été offerte et sa symbolique. Une part de lui avait pour l'instant besoin de se protéger, en se préparant à l'avance pour le moment où les choses devraient se terminer. Cette idée, bien qu'elle lui déplaise réellement, refusait de quitter son esprit. Stiles s'efforça toutefois à la mettre de côté alors qu'il sortait finalement de la chambre. Evidemment, la descente des escaliers fut lente, l'humain prenant ses précautions pour ne pas ruiner les effets du repos sur sa cheville. Elle paraissait presque guérie, alors mieux valait ne pas gâcher tous les efforts fournis pour en arriver là – ne pas courir partout était un véritable travail que Stiles s'échinait à réaliser chaque jour. Pour Derek. Parce que c'était lui qui le motivait à guérir.

L'esprit encore quelque peu ensommeillé, Stiles ne pensait pas vraiment à Scott. Il s'agissait d'un choix semi-conscient… Une manière de se préserver, de ne pas penser à ce qui l'avait fait sombrer dans cette étrange crise que Jackson avait peinée à calmer, que Derek avait instantanément réduite à néant. Une façon également de ne pas s'alourdir, de ne pas détruire les progrès qu'il s'efforçait de faire à tous les niveaux. Des progrès bancals pour la simple raison qu'ils ne reposaient pas sur une base claire… Et pas complètement saine. Ignorer, éviter… Ça marchait un temps, mais revenait à cacher la saleté sous le tapis. Au fond, Stiles le savait, cependant… C'était ainsi qu'il avait appris à vivre, à avancer. Rien ne devait freiner la course de l'existence et ça, il se l'était dit dès le départ – forcément, il s'y prenait mal et un rien pouvait le faire basculer.

Arrivé en bas, l'hyperactif balaya le salon du regard. Vide. L'hyperactif prit alors le chemin de la cuisine. Là, son cœur s'apaisa… Avant de s'emballer à nouveau. Car Derek s'était tourné vers lui d'un seul coup, un air quelque peu hagard collé au visage. L'instant d'après, Stiles se retrouvait étreint, plaqué tout contre son loup, agréablement emprisonné entre ses bras. S'il adorait cette idée, il ne comprit pas l'urgence du mouvement, ni l'espèce de peur qu'il ressentait dans ce geste. Tout à l'heure, il pouvait comprendre… Mais là, maintenant ? Pas vraiment. S'était-il passé quelque chose pendant qu'il dormait ? Stiles retint cette hypothèse, la seule pouvant, à ses yeux, expliquer cette façon qu'il avait de le serrer contre lui comme s'il c'était la dernière fois qu'il le voyait. A cette pensée, le cœur de l'humain rata un battement. Pas qu'il apprécie l'idée d'inquiéter Derek ou de le rendre triste, simplement… La réflexion était peut-être un peu stupide, mais il se sentait réellement aimé. Ce geste lui prouvait, d'une certaine manière, que l'attachement de l'ancien alpha à son égard n'était pas feint. Il tenait à lui, il… Aimait le tenir dans ses bras, semblait-il.

Le cœur fondant à cette idée, Stiles déposa un baiser chaste et doux au coin de ses lèvres, histoire de, peut-être, l'apaiser. Mais Derek ne l'entendit pas de cette oreille et dériva sans crier gare, happant sa bouche avec ferveur et urgence. La confusion de l'hyperactif gagna en puissance, mais pas suffisamment pour l'empêcher de profiter du moment, qu'il savoura, lui aussi, comme si c'était le dernier. Ainsi, il ne chercha pas à calmer son cœur qui s'emballait, à contrôler sa respiration de plus en plus irrégulière, ni même à garder les yeux ouverts. S'il adorait voir le regard de Derek lorsqu'il l'embrassait, il ressentait juste l'envie… De profiter, de tout sentir. L'obscurité offerte par ses paupières l'aidait beaucoup à se concentrer sur les sensations que les lèvres expertes lui procuraient.

Et s'il n'était pourtant pas parti pour, Stiles ressentit de l'envie. Pas du désir en tant que tel, même s'il sentait son arrivée proche. Disons qu'il voulait… Que ça continue, que Derek continue de le serrer fort contre lui, toujours plus fort, quitte à laisser l'empreinte de ses mains sur sa peau… Ces mêmes mains dont il adorait chaque balade sur son corps, chaque exploration. Derek n'avait pourtant plus rien à découvrir de lui, mais il continuait pourtant d'y trouver un certain plaisir, semblait-il – c'était en tout cas ce que Stiles avait compris durant leur petit séjour à cet hôtel en bord de plage. De son côté, l'humain ressentait la même chose. Chaque relation intime qu'il avait eue avec son loup n'avait en rien terni celle d'après, et ainsi de suite. Il y avait toujours quelque chose d'inédit dans leurs échanges, rien de rébarbatif, de lassant.

Juste de l'amour sous couvert d'urgence, ce quelque chose auquel Stiles s'efforçait toujours de ne pas penser mais qui, chaque fois, le heurtait avec toujours plus de force.

Derek mit fin à leur baiser mais ne se détacha pas de lui pour autant, laissant sa bouche dériver lentement jusqu'à sa mâchoire, puis son cou, qu'il s'afféra à dévorer avec une certaine douceur, contrastant ainsi avec le semblant de sauvagerie urgente qui l'avait pris dès son arrivée.

- Je ne te lâcherai plus, fit-il tout contre sa peau.

Stiles frissonna, rouvrit brièvement les yeux. Le timbre de voix de Derek le caressait tout autant qu'il réveillait en lui des zones jamais réellement endormies.

- Plus jamais, continua le loup avant de suçoter sa peau.

L'humain n'avait jamais réellement aimé les promesses, pour la simple et bonne raison que toutes celles qu'on lui avait faites avaient fini par se briser. Pourtant, il aimait celle qu'avait articulée Derek, juste parce qu'il disait ne rien lui promettre. Il le lui faisait comprendre. Plus qu'avec des mots, avec l'intensité de ses gestes et cette façon si spéciale qu'il avait de s'adresser à lui. C'était dans ce genre de moments que Stiles se sentait privilégié, qu'il savait que l'ancien alpha était tout à fait honnête avec lui. S'il n'avait rien de spécifique pour le lui prouver, Stiles avait l'impression de le voir dans sa sincérité la plus pure. Il n'avait pas de mots pour décrire cette sensation ni même pour faire comprendre son cheminement de pensée, mais… C'était juste là, sous ses yeux. Contre lui. Je sais, aurait donc voulu répondre Stiles. La parole lui manquant, il attrapa simplement le visage du loup en coupe et s'empara de ses lèvres avec une passion nouvelle. L'amour n'était-il pas un langage universel ?

Stiles ne résista pas, lorsqu'il sentit son loup répondre à son baiser avec cette ardeur qui ne cessait de grandir. La passion qui l'animait finit par l'électriser et lui donnait envie de rassurer Derek. De lui montrer qu'il était là, même qu'il avait eu la frousse de sa vie. Qu'il ne quitterait ses bras pour rien au monde. Qu'il le voulait, qu'importe ce qu'il se passe. Qu'il avait envie, lui aussi, d'évacuer cette terreur persistante, celle qui continuait de tout assombrir, même un moment comme celui-ci. Stiles voulait vivre sans peur, sans se dire qu'un rien pouvait lui enlever Derek, cette étincelle d'espoir qui le faisait revivre au sens propre du terme. Les mains qui empoignèrent ses fesses lui firent momentanément tout oublier, reléguer chaque malheur, chaque mauvais souvenir dans un compartiment que son esprit repoussa loin de la surface.

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La main de Derek allait et venait sur le dos de Stiles à une allure si lente que l'hyperactif s'était mis à somnoler. Esclave de ses caresses, victime de sa douceur, il se laissait complètement aller, la tête sur le torse de ce loup qu'il avait longtemps pensé mal léché. Sans se lasser, la main du loup continuait sa petite promenade sur la peau sensible de l'humain. Il aimait ça, et c'était d'autant plus vrai que le geste participait à détendre l'hyperactif en profondeur. Jamais Derek ne l'avait vu aussi calme, serein, complètement abandonné à sa main experte, l'autre ayant trouvé sa place dans ses cheveux châtain plus décoiffés que jamais. La tignasse, indisciplinée, reflétait bien le caractère réel de son propriétaire, dont les étincelles recommençaient doucement à peupler le regard – ici caché par ses paupières closes. La renaissance de Stiles, c'était tout ce que voulait Derek. Son bonheur également, mais ça, ça coulait de source.

Le seul problème dans tout ça ? Derek aimerait parler. Discuter avec lui. Il avait son téléphone sur la table de nuit, ce qui permettrait donc à Stiles de lui faire part de ses pensées, mais… L'ancien alpha avait à cœur de préserver encore un moment cette sérénité qui les embaumait tous les deux à l'heure actuelle. Si ce qu'avait failli subir Stiles le préoccupait énormément, il essayait de se dire que, grâce à Jackson, ce n'était pas arrivé, que le pire avait été évité. Malgré cela, il ressentait toujours une espèce de sentiment d'urgence, quelque chose qui le poussait à se ronger les sangs. Stiles tendait à le détendre malgré lui avec sa respiration régulière contre sa peau et surtout… Sa présence, tout simplement. Derek ne doutait pas de sa conscience des évènements, mais il avait peur que son humain la refoule. Disons qu'il connaissait Stiles et que celui-ci avait tendance à mettre ses problèmes de côté, à les enterrer profondément en lui… Jusqu'à ce qu'ils névrosent, ce qui n'était pas là la meilleure méthode pour panser ses blessures intérieures et, à terme, les guérir. Encore que son humain faisait de réels progrès à ce sujet-là. Cependant, Derek était bien placé pour savoir à quel point de vieilles habitudes solidement ancrées pouvaient être difficiles à faire partir.

C'était d'autant plus surprenant que Stiles ait réussi, comme sans effort, à pénétrer à travers les solides barrières qu'il avait érigées autour de son cœur. Derek n'en était même pas surpris, comme s'il s'agissait de quelque chose qui devait forcément finir par arriver. L'ancien alpha se doutait bien qu'un jour viendrait où il s'engagerait plus ou moins dans une relation, mais… Au départ, il s'imaginait une femme, pour la simple et bonne raison que c'était ce qu'il avait toujours connu jusque-là. Ensuite, il s'était dit que la chose arriverait bien plus tard dans sa vie : têtu comme il était, Derek savait qu'il se serait borné à attendre un maximum, dans le but de se préparer au mieux à affronter sa prochaine histoire. Il voyait ce concept comme une bataille, quelque chose d'aussi complexe qu'ardu.

Sa relation avec Stiles, il la comparait à une danse, une valse à mille temps. Une histoire qu'il voyait déjà longue et belle. Dans un sens, elle l'était déjà, d'autant plus que pour une fois dans sa vie, Derek n'avait pas envie de se poser de questions. Il voulait foncer et voir ce que cela pouvait donner… Une fois que toute inquiétude serait derrière eux. Leur danse n'était pas pour autant en pause, disons que la menace de Scott leur avait fait manquer un temps pour l'instant.

Derek aurait aimé ne pas penser à lui et à vrai dire, il ne le faisait pas de son plein gré. Mais il n'était pas comme Stiles, à reléguer ses préoccupations au second plan dans l'espoir qu'elles finissent par disparaître. Scott n'était pas un rhume, un mal de ventre : il ne passait pas avec le temps.

C'était une infection. Un loup gangréné par cette soif de pouvoir que Derek n'aurait pas pu lui prédire – à raison. Scott avait été, jusqu'à récemment, le meilleur alpha qu'il avait jamais rencontré. Un jeune homme juste, motivé par de nobles intentions et qui mettait toujours tout en œuvre pour aider le plus grand nombre sans commettre aucun crime. Son crédo ? N'ôter la vie à personne.

Et voilà qu'il était venu, prêt à faire du mal à son meilleur ami. Le tuer, peut-être pas. Le blesser, très certainement. Le torturer ? Peut-être. A ce stade-là, Derek savait qu'il ne pouvait pas aller bien loin dans sa réflexion tant il avait peu d'éléments. Scott était peut-être devenu un alpha névrosé, il n'avait pas pour autant l'essence complètement mauvaise – en tout cas, Derek se refusait à le croire.

Pour autant, cela ne diminuait en rien ses envies de meurtre à son égard. Qu'on se le dise, Derek lui en voulait terriblement et se savait prêt, encore une fois, à user de ses griffes s'il le fallait. S'il avait été là, il l'aurait certainement fait – et se serait montré bien plus rapide et convaincant que Jackson. En fait, Scott aurait tout simplement regretté d'avoir simplement eu l'intention de faire du mal à Stiles. Derek repensa à ses messages et imagina sans mal la détresse de son amant, qu'il n'avait fait qu'entrapercevoir en arrivant au loft en catastrophe – Jackson s'était avéré être un messager efficace. Ses caresses dans le dos de Stiles, déjà fort douces, se firent encore plus tendres. A sa manière, il essayait de lui faire du bien, de lui transmettre tout l'amour qu'il avait en lui. Qu'importe si Stiles somnolait encore, il le sentirait tout de même. La preuve en était que son corps, déjà passablement détendu, sembla se liquéfier sur le sien.

Un corps qui, lentement, guérissait et dont la blancheur de la peau avait repris du terrain. Les hématomes avaient pour une grande partie, disparus, ne restaient que les plus gros et quelques blessures désormais minimes. C'était surtout le visage de l'hyperactif, qui prenait du temps à redevenir comme avant. Ses bras, aussi, qu'il avait souvent utilisés pour se protéger. Derek, dans son humeur bancale mais pleine d'espoir, préféra prendre le parti de se concentrer sur le positif, de se dire que le pire était derrière Stiles. Que c'était un battant et qu'il n'aurait bientôt plus rien. Des cicatrices, il n'en garderait que très peu, dont la plus visible à l'arcade sourcilière. C'était l'un des endroits où Deaton avait dû lui faire des points. Heureusement, c'était là le plus « grave » des blessures de Stiles.

Vint un moment où l'humain bougea, s'étira et laissa ses yeux un peu gonflés s'ancrer dans les siens. Sa somnolence avait été plus ou moins profonde : le réveil était un peu dur, d'autant plus qu'il se sentait démesurément bien. Les étreintes du loup avaient ce quelque chose qui le rendait guimauve… Et lui donnaient envie de simplement se prélasser contre lui. Se détendre. Rêver. Profiter. Mais le soir approchait il fallait qu'ils se décrassent, comme il aimait à le dire. Que, de son côté, il fasse quelque chose de constructif aussi et ce, même s'il adorait passer son temps à se faire câliner par son loup – et le lui rendre au centuple. Ainsi, il frotta mollement la joue de Derek, comme il le faisait depuis quelques temps. Le léger sourire qu'il lui offrit ainsi que le regard tendre qu'il posa sur lui le fit se sentir chanceux. Oui, chanceux d'être dans les bras d'un homme de sa trempe dont il redécouvrait toutes ces facettes de sa personnalité qu'il adorait. Chanceux d'avoir droit à sa douceur, à ses étreintes, d'avoir la possibilité de partager tant de moments intimes avec lui.

Autant dire qu'il n'avait pas envie que ça s'arrête et que repenser à cette possibilité future ne l'intéressait pas du tout. Ça devrait d'ailleurs lui serrer l'estomac mais avec la peur qu'il avait vécue en ce jour… Stiles n'avait pas envie de penser aux choses qui fâchent.

C'est ainsi qu'ils se levèrent, tous les deux, laissèrent les draps glisser, dévoiler leurs corps nus. Derek se remercia intérieurement d'avoir verrouillé la porte à clé une fois que Jackson s'en était allé : traverser l'appartement dans leur plus simple appareil était d'une simplicité affolante. Entre Stiles et Derek, il n'y avait plus aucune gêne, semblait-il, plus aucune pudeur. C'était comme si le fait de savoir qu'ils auraient pu se perdre avait changé quelque chose en eux sans même qu'ils ne s'en rendent complètement compte. Malgré lui, Stiles sourit doucement, heureux de tirer Derek jusqu'à la salle de bain, d'avoir ses doigts entrelacés avec les siens. Du reste, il mettait ses doutes et son mal-être de côté juste pour profiter, pour éviter de se gâcher une chose aussi belle que cette espèce d'intimité décomplexée. S'ils avaient déjà couché ensemble à de nombreuses reprises, ce n'était pas là le même degré de nudité : pas complètement, du moins. Il y avait là la démonstration tacite d'une confiance qui allait au-delà des gestes, au-delà du concept « d'amants » qu'ils expérimentaient depuis un moment déjà. Leur relation déjà particulière était lentement en train de prendre un tournant certain. Ce serait mentir que de dire que Stiles n'en rêvait pas : néanmoins, il n'irait pas l'avouer à l'ancien alpha, par peur de le mettre mal à l'aise. Si Derek était aussi ouvert qu'entreprenant à ce sujet, l'humain avait peur de le brusquer et de le mettre face à un obstacle, quelque chose auquel il n'était pas prêt à se confronter. Le fait que le loup de son cœur n'ait eu, avant lui, que des relations catastrophiques n'était un secret pour personne. Stiles, avec sa maladresse et son mutisme, tenait en premier lieu à lui montrer qu'il pouvait vivre quelque chose de doux, de vrai, de sincère. Le reste, il aviserait en temps et en heure.

Le carrelage de la salle de bain parut à l'humain bien plus frais que le reste du sol du loft, à tel point qu'il en eut quelques frissons. Stiles pensa alors à l'eau tout sauf tiède qui s'écoulerait sur sa peau sensible d'ici quelques instants : il s'en réjouissait d'avance. Et puis si Derek la trouvait trop chaude, il n'aurait qu'à la couper et la remplacer par son propre corps. Lui, il restait chaud en permanence… Sa température était parfaite en tout temps. Puis Stiles n'irait certainement pas cracher contre davantage de proximité avec son loup. Il en raffolait.

Stiles s'engouffra dans la cabine, avec Derek. C'était automatique, en quelque sorte… Normal. Comme si cela devait arriver. Ce n'était pourtant pas quelque chose qu'ils avaient déjà véritablement fait. Souvent, ils s'attendaient dans la salle de bain et se lavaient l'un après l'autre… Il n'y avait jamais eu cet accord tacite si clair, si net. Cette envie de passer du temps avec l'autre jusqu'à atteindre ce degré d'intimité. Une pensée traversa la tête de Stiles… Celle qu'il n'était peut-être pas prêt à limiter les moments de ce genre, encore moins à les stopper. Disons que l'idée de passer un certain pan de sa vie avec le loup-garou ne lui paraissait plus si incongrue que cela. Leurs caractères mutuels lui paraissaient de moins en moins incompatibles. Enfin, restait à demander à Derek ce qu'il en pensait et ça, ce n'était pas quelque chose qu'il ferait tout de suite.

L'heure était à la détente… Et Stiles n'imaginait pas à quel point.

Car sitôt que Derek fit couler l'eau de la douche sur eux, Stiles se mit face au jet en fermant les yeux. Était-ce normal que la température soit exactement comme il l'aimait ? Derek l'avait réglée sur du chaud, mais pas trop et il avait fallu que le hasard fasse en sorte qu'il avait vu juste. Ainsi, l'humain laissa échapper un discret soupir de bien-être qui n'échappa pas à son partenaire lupin. Partenaire qui le regarda passer ses mains abîmées dans ses cheveux pour mieux les mouiller et les plaquer en arrière, qui mira l'eau s'écouler en cascade sur son corps splendide, qui laissa ses yeux suivre leur trajectoire avec légèreté. Un soupir silencieux passa au travers de ses lèvres tandis que quelque chose d'aussi nouveau que familier montait graduellement en lui.

C'est avec un naturel dément que Derek posa sa main sur l'épaule de l'humain qui se retourna vers lui. Il frotta ses yeux pour chasser autant que possible l'eau alourdissant ses cils avant de lui lancer un regard interrogateur. Disons que Stiles aurait bien aimé lui demander ce qu'il voulait, ou s'il avait besoin de quelque chose… Du jet d'eau, par exemple. En fait, il le pointa même du doigt et scruta l'expression de Derek, espérant y déceler une réponse. Qu'elle soit positive ou négative, qu'importe : elle lui donnerait au moins une indication minimale de ce qu'il désirait.

Quoiqu'en y réfléchissant bien, Stiles se fit la réflexion qu'il connaissait ce regard si particulier, ce regard qui mélangeait douceur et désir. Néanmoins, il n'alla pas se dire que ce qu'il décelait était réel. L'hyperactif partait principe que si Derek était attiré par lui, il n'avait pas automatiquement envie de lui. Enfin s'il prenait ces derniers jours en exemples, il allait bien être obligé de se dire qu'il avait tort dans ses propres réflexions. C'était bête mais… Stiles se voyait comme quelqu'un dont on pouvait vite se lasser. Un humain lambda que Derek découvrait capable de rallumer des braises qu'il pensait naturellement éteintes. Qu'on se le dise, Stiles le comblait à chaque fois mais il fallait avouer… Qu'il n'arrivait pas à se lasser de lui. Se retrouver à ses côtés dans cette douche, face à lui, admirer tout ce qui faisait de lui celui qu'il était émoustillait aussi bien ses sens que son être le plus profond. Ce n'était pas juste une envie de sexe : il s'agissait d'un besoin intime de se connecter à lui de toutes les manières possibles et imaginables. Un besoin nettement accru depuis son retour au loft et qu'il avait éprouvé la peur de le perdre, la terreur de se dire qu'il avait été pris pour cible.

Mais maintenant, c'était fini et pour de bon.

- Est-ce que tu m'autorises à t'embrasser ?

Face au loup-garou, Stiles haussa un sourcil en levant les yeux au ciel, l'air de trouver sa demande stupide. N'était-ce pas une évidence ? Et puis c'était quoi cette lueur, dans ses yeux ? Elle lui était familière… Teintée d'une urgence qu'il avait déjà vue. Alors l'humain n'attendit pas qu'il ait compris la signification de son expression faciale et déposa sans hésitation aucune ses lèvres sur les siennes. Presque aussitôt, Derek passa ses bras autour de lui et l'étreignit sans vergogne, comme s'il avait encore une fois besoin de l'avoir au plus près de lui. Ce qu'il n'avait pas prévu fut la manière dont leurs verges respectives s'effleurèrent, encore moins les sensations qui les submergèrent au même instant. Stiles se sentit complètement guimauve… Tout autant qu'il fut témoin d'une certaine chaleur qui montait graduellement en lui, poussant son soldat personnel à se réveiller délicatement. Un léger soupir passa la barrière de ses lèvres légèrement décollées de celles de Derek. Bizarrement, il aimait beaucoup ce qui était en train de se profiler… Et qui le mettait en émoi chaque fois que ça arrivait. Parfois, il sentait le désir monter, d'autres fois non, car il lui apparaissait d'un coup : aucune relation intime avec Derek n'était la même, que ce soit dans la manière dont elle commençait, sa façon de se dérouler ou bien sa retombée. Là encore, il ne pouvait prédire comment les choses allaient se passer, s'ils allaient se laisser embarquer dans les affres rimées de désir et plaisirs, ou s'ils se contenteraient de quelques effleurements.

Mais Stiles devait bien avouer que l'idée de le faire dans la douche l'émoustillait suffisamment pour que ce qui n'était au départ qu'une agréable sensation de picotement s'empare de son être tout entier. Il se recula très légèrement et son regard quelque peu malicieux partit rencontrer celui, brûlant d'une passion véritablement contenue, de Derek. Nul doute qu'il avait senti le changement dans son odeur… Et que celle-ci avait quelque peu titillé les instincts de son loup intérieur mais aussi ceux, bien plus contrôlés, de sa part humaine.

- Ici ? Articula-t-il.

Stiles passa ses bras autour de son cou après avoir très légèrement détourné le jet de la douche, histoire de ne pas se prendre trop d'eau dans la figure. Et un sourire mutin prit place sur son visage. Il aimait beaucoup la manière dont Derek avait quelque peu peiné à articuler ce mot si court, si simple. Et à la façon dont il sentait son membre gonfler graduellement contre lui, il en déduisait que son loup n'était pas contre l'idée.

Le regard de Derek changea et le ton de sa voix également lorsqu'il demanda :

- C'est ce que tu veux, Stiles ?

Alors qu'il hochait fébrilement la tête, l'hyperactif sentit un frisson intense le parcourir d'un seul coup. Aussi intense que le regard de Derek, qui s'abaissa légèrement. Son pouce quelque peu calleux vint toucher cette lèvre inférieure qu'il lâcha instantanément. Stiles ne s'était pas rendu compte qu'il se la mordait jusqu'à présent. Alors même que l'humain avait cessé son geste instinctif démontrant avec une aisance folle son désir grimpant, Derek laissa son pouce à cet endroit précis appliquer de lentes mais délicieuses caresses qui firent instantanément basculer Stiles qui, déjà, s'imaginait tout un tas de choses. Et qui agit sans retenue.

De sa vie, Derek n'aurait jamais cru qu'il manquerait de défaillir à ce point juste en regardant son amant lécher un de ses doigts, qu'il remplaça bien vite par son majeur. Mais c'était le cas et il ne pouvait nier la puissance des décharges de désir que ce simple geste provoquaient. Des décharges qui lui faisaient imaginer, lui aussi, bien des choses. Et son regard très parlant s'ancra à nouveau dans celui de son amant. L'envie était là, réciproque. Je te veux, se disaient leurs yeux. Encore, s'hurlaient leurs corps.

Un instant plus tard, l'eau se retrouvait coupée et Stiles accueillait entre ses bras un Derek affamé qui, déjà, le plaquait contre la paroi de la douche avec une passion teintée de douceur. La brusquerie d'autrefois était caduque, l'agacement et l'emportement avaient depuis longtemps fait place à l'amour et l'ardeur. Derek voulait tout, sauf faire le moindre mal à cet humain pour qui son loup intérieur s'adoucissait. Il ne désirait rien de plus que lire dans son regard ce que sa bouche ne pouvait lui dire. Se retrouver face à l'extase, deviner ses désirs, adorer ses soupirs.

Derek commença par embrasser la peau si tendre de son cou, à maltraiter gentiment ses clavicules, à titiller sans exagération la petite pointe rosée de ses tétons. Le tout, sans cesser de faire attention à ses réactions. Attentif au moindre de ses souffles, à la moindre de ses tensions, Derek se préparait à ajuster ses gestes, à tout arrêter si besoin. Puisque Stiles ne pouvait plus lui signifier son approbation ou son refus de quelque chose à travers sa voix, le loup-garou se mettait à l'écoute de son corps et de l'expression de son visage. Son regard était une mine d'information en plus de son odeur si parlante : impossible pour lui de passer à côté de quoi que ce soit.

Pourtant, ça ne l'empêchait pas de continuer de lui demander si tout allait bien, de s'enquérir de son bien-être ou d'une hypothétique gêne. Dans un sens, ils pouvaient toujours communiquer. C'était juste la manière de le faire qui changeait. Les mots en tant que tels n'étaient pas toujours indispensables tant que l'on s'écoutait. Mais Derek aimait juste s'assurer de son bien-être, lui faire entendre que son avis avait de l'importance et il trouvait cela d'autant plus nécessaire qu'il savait que Stiles en doutait parfois. Les conséquences de l'invisibilisation qu'il avait eu à subir n'étaient pas à négliger et les cicatrices invisibles qu'elles lui avaient laissées ne disparaîtraient jamais complètement. Alors Derek s'attelait volontiers à lui montrer encore et encore que sa voix, même silencieuse, continuait d'avoir une portée.

Alors il le laissait prendre les rênes lorsqu'il le voulait, acceptait de se mettre à nu pour lui prouver que dans cette relation, il n'y avait pas d'ascendant à prendre. La réciprocité était le maître mot de ce petit joyau qu'était leur union tacite. Parfois, il y avait quelque dominance passagère, mais toujours dans le respect de l'autre.

Et cette fois-ci, c'était Stiles qui avait décidé de prendre les choses en main et en bouche. A vrai dire, Derek ne l'avait pas vu venir mais le voilà son tour plaqué contre la paroi de la douche, la tête rejetée en arrière, les lèvres entrouvertes dans un soupir discret, une boule de chaleur le tétanisant de bonne grâce. Agenouillé devant lui, Stiles prenait soin de sa fierté avec une méticulosité et une envie que l'on ne pouvait nier. Il voulait lui faire plaisir, et ça se voyait. Mais les gestes de l'hyperactif restaient décents, ne tombaient pas dans l'horrible vulgaire. Il ne cherchait pas la performance, l'abus, n'irait jamais jusqu'à s'étouffer pour tester ses limites. A sa manière, il faisait également attention aux signaux que Derek lui envoyait et ajustait sa façon de faire en fonction d'eux. L'avoir ainsi à sa merci, offert, esclave des sensations qu'il faisait naître chez lui changeait un peu de d'habitude. S'il avait coutume de l'inverse, Stiles devait avouer qu'échanger les rôles s'avérait plaisant, d'autant plus… Qu'il ne voyait pas le mal à explorer de nouvelles choses, à l'envie, dans le respect de celle de Derek.

S'il aimait ressentir du plaisir, sentir celui-ci le submerger, Stiles découvrait peu à peu le fait qu'il adorait en donner – de manière directe. D'être l'instigateur de ce plaisir-là. Bien qu'il lui ait déjà fait quelques petites gâteries ces derniers temps, cela n'avait jamais été aussi poussé ni osé qu'en ce jour. En l'occurrence, Stiles n'avait toujours utilisé que sa main par manque de confiance en lui, en ses capacités. Cette fois-ci, sa bouche était de la partie. Ses lèvres, sa langue. L'hyperactif se sentait bien, et ne se sentait pas moins bien, n'avait pas l'impression de perdre quelque valeur que ce soit. Parce que la fellation était une pratique qui lui avait toujours fait l'effet de quelque chose de non pas mauvais, mais dégradant pour la personne la pratiquant – particulièrement pour un homme. Et c'était bête, car il savait fort bien que ce n'était pas le cas. Les clichés pornographiques et attentes sociétales avaient la peau dure.

C'était Derek qui l'avait persuadé sans un mot qu'il pouvait le faire sans que la chose ne le salisse. Comment ? En lui faisant lui-même une pipe dont il se souviendrait toute sa vie, à l'hôtel, sans que cela ne remette en cause le concept de virilité qui échauffait tellement les esprits de ces gens à la pensée unique, construite et inflexible.

Alors Stiles s'était tout naturellement fait la réflexion suivante : si Derek, un homme aussi bien bâti que gentil et sexy ne voyait aucun mal à lui procurer du plaisir avec sa bouche sans avoir aucun problème avec ce concept, pourquoi Stiles continuerait-il à se torturer de son côté concernant ce sujet ? L'idée lui avait plusieurs fois effleuré l'esprit. Et aujourd'hui, il avait eu envie d'essayer. D'oser. Et même si la sensation était un peu étrange, du fait qu'il n'avait pas l'habitude de mener la barque, il trouvait cela plus que plaisant. Il y voyait là quelque chose qu'il pourrait faire de temps en temps sans éprouver de honte.

Et puis entendre son loup se liquéfier sous l'extase n'avait pas de prix. Stiles se sentit alors traversé par une certaine fierté alors qu'il continuait de sucer goulument la hampe heureuse. Sa voix, il voulait l'entendre. Alors, il y mit davantage d'ardeur sans cesser de le regarder, caressant par intermittence ses bourses et l'intérieur de ses cuisses fermes. Fut un moment où il croisa le regard vitreux de Derek et il sut que c'était quelque chose dont il ne pourrait plus se passer.

Il ouvrit la bouche.

- J-je… Stiles, je…

Il rejeta à nouveau la tête en arrière sans pouvoir retenir un gémissement rauque qui laissait peu de doute quant à l'avancée de son plaisir. Si parler lui était difficile, cela voulait dire que Stiles s'occupait bien de lui – la fierté le prit à nouveau.

Mais s'il avait osé passer le pas de la fellation, il ne se sentait pas à l'aise avec toutes ses formes et pratiques reliées. Ainsi, sa main prit la place de sa bouche sans que sa cadence ne faiblisse. Et Derek jouit dans un concert de gémissements rauques tous plus grisants que les autres. Stiles eut un petit sourire mutin et se releva, alluma le jet, se rinça la main et se passa un coup sur les lèvres pour la forme, sous le regard à la fois plein d'envie et d'extase de son loup dont la faim n'était pas apaisée. Loup qui se mit dans son dos, posa ses mains sur les hanches de l'humain pour coller son bassin sensible à ses fesses chaudes… Et de lui murmurer à l'oreille des mots si parlants que Stiles eut le rouge aux joues. Puis, une demande à laquelle Stiles répondit par un hochement de tête dépourvu d'hésitation. L'instant d'après, il se fit doucement pousser contre le mur, face à lui. Un doigt chaud vint effleurer avec légèreté son intimité. Lorsqu'il ne parlait pas, Derek faisait en sorte de toujours lui faire part de ses intentions en lui laissant tacitement la possibilité de se dérober s'il le désirait. A force, c'était quelque chose que Stiles comprenait. Il retint son souffle, ne bougea pas, dans l'attente. Ferma les yeux.

Stiles aimait beaucoup ne pas voir les choses arriver – du moins dans ce domaine-ci. Il était d'avis que garder les paupières closes était une porte ouverte autant à l'imagination qu'à l'écoute de soi. Dans cette configuration, l'hyperactif avait l'impression de décupler la puissance des sensations qui le saisissaient. Et même si rien n'était réglé, même si Stiles savait qu'il avait échappé de peu à une agression dont il ne comprenait pas l'origine précise, même s'il ne comprenait toujours pas comment l'on avait fait pour le réduire définitivement au silence, même si pas grand-chose n'allait dans sa vie à part sa relation avec Derek… Stiles s'accordait le droit de ne pas penser. De ne pas s'infliger davantage de tensions morales.

Ses pensées actuelles se résumaient à deux choses : Derek, et son désir de lui.

Le reste, à côté de cela, perdait toute son importance. Pourtant, Stiles savait pertinemment que l'évitement ne le sauverait pas de ce qui l'attendait… De tout ce travail à faire sur lui, des cours qu'il devrait rattraper, de la vie hors de la meute à laquelle il aurait à s'habituer. Ce serait mentir que de dire qu'il n'avait pas conscience de la lourde retombée qu'il aurait à subir sitôt sa faim de loup apaisée.

Pour l'heure, il n'avait d'yeux que pour ce désir qui les animait tous les deux.