22) Stress position

Tout le personnel hospitalier était sur le qui-vive, le FBI venait de les prévenir qu'ils avaient enfin accès à l'aéroport et qu'ils commençaient l'évacuation des blessés. Ces derniers étaient d'abord répartis en trois groupes : les cas graves qui devaient être tout de suite évacués, ceux qui devaient voir un médecin mais pouvaient attendre et ceux qui n'avaient besoin que de soins légers et pouvaient être pris en charge sur place par les secouristes. Les banques de sang envoyaient leurs stocks de O- , seul groupe sanguin pouvant être donné à tout le monde, en toute urgence et se préparaient à livrer n'importe quel autre groupe sanguin qui serait nécessaire.

Les ambulances de Danny, TK et Ethan arrivèrent alors que le personnel hospitalier venait d'apprendre la nouvelle, cependant les deux premiers étaient des cas graves et le dernier avait perdu connaissance ce qui faisait redouter un traumatisme interne. Ils l'envoyèrent se faire ausculter et passer des scanners alors que Danny et TK partirent au bloc opératoire en urgence.

Les images prises par les scanners montrèrent qu'Ethan souffrait d'une hémorragie interne au niveau de la rate, l'organe avait dû exploser suite à un choc au moment de l'explosion et les multiples douleurs que l'agent de sécurité avait ressenti avaient dissimulé la blessure plus grave. Dès le diagnostic posé, Ethan passa de patient à surveiller à urgence vitale. Le jeune homme qui n'avait toujours pas repris connaissance fut envoyé au bloc et un chirurgien appelé en urgence.

Tous les chirurgiens, médecins, infirmiers et personnels hospitaliers avaient été réquisitionnés et pas un d'entre eux ne se reposait chez lui. Tous avaient répondu présent devant l'horreur de la situation et plusieurs s'étaient même rendus sur leur lieu de travail avant d'être appelés alors qu'ils étaient en repos.

Le cas de TK était surtout préoccupant à cause de sa perte de sang. Il avait eu de la chance dans son malheur, la balle qu'il avait reçue dans le dos avait traversé son corps sans toucher d'organe vital et il en était de même pour le couteau. Cependant, son état était alarmant, il avait perdu plus d'un litre de sang, ses organes n'étaient donc plus correctement oxygénés et les risques de décès ou de handicap liés au manque d'oxygénation du cerveau se faisaient plus importants de minute en minute. Le personnel hospitalier ne perdit pas de temps et lui installa une transfusion sanguine dès qu'il entra au bloc. Ses vêtements trempés lui furent retirés, son corps et ses plaies furent nettoyées. Ce ne fut qu'une fois les soignants certains de ne pas prendre le risque de contaminer des tissus sains qu'ils soignèrent ses blessures, mais malgré toutes les précautions prises, le médecin lui mit un antibiotique à large spectre en intraveineuse.

Le secouriste fut le premier à sortir du bloc et à être installé dans une chambre, mais le personnel hospitalier ne chercha pas à découvrir son identité ou à contacter quelqu'un pour lui. Ils feraient ça dans un second temps, de nouvelles urgences arrivaient toutes les minutes, ils ne pouvaient pas perdre de temps là-dessus pour l'instant.

L'état de Danny était le plus inquiétant, il avait développé une septicémie à cause de tous les débris fichés dans sa jambe blessée et du pus avait commencé à abîmer les chairs saines. L'ensemble de ses muscles avaient été broyés et il avait eu de la chance de ne pas se vider de son sang au moment où il avait soulevé le bloc de pierre qui l'avait écrasé. Le chirurgien en charge de son cas fit appeler au bloc des confrères : l'amputation était évidente, mais pas la conservation du genou. Alors que leur patient était anesthésié, transfusé et traité avec un antibiotique à large spectre, un autre chirurgien se chargea de retirer la balle fichée dans sa hanche, de nettoyer et de soigner cette plaie. Son départ vers une autre urgence marqua la fin de la discussion pour ses confrères et la décision de conserver le genou du patient. L'articulation ne semblait pas touchée, elle était infectée, mais les médecins espéraient que les traitements suffiraient à la sauver. Le docteur spécialisé dans ce genre d'opérations la prit en charge et passa à l'action. Danny resta plusieurs heures entre ses mains et en sortit dans un coma artificiel. Son épaule fut immobilisée et il fut installé dans une chambre dans le service des soins intensifs, sa septicémie était sérieuse et il n'était pas hors de danger.

Ethan passa de longues heures en chirurgie, entre la vie et la mort, le torse ouvert. Les médecins n'eurent pas le choix, ils durent procéder à l'ablation totale de la rate et retirer tous les morceaux qui avaient été emportés par l'hémorragie. Ils parvinrent à contenir les saignements et à cicatriser la plaie avant de nettoyer la zone. Le jeune homme était à surveiller et devrait prendre un traitement à vie, mais il était en bonne voie de guérison.

Les trois hommes passèrent de longues heures inconscients, non identifiés, sous surveillance. La tempête ne faiblissait pas dans l'hôpital, le personnel était sollicité en permanence, ils ne dormaient pas, mangeaient à peine et étaient conscients qu'ils avaient la vie de leurs patients sur les épaules. Le moindre laisser-aller à la fatigue, la moindre erreur de jugement pouvait se conclure par un décès.