Des siècles avant la jeune existence de Fabian Prewett, avant même l'apparition de sorciers dits «puissants» tels que Lord Voldemort, ou Albus Dumbledore, avait eu lieu bien d'autres histoires de magie. Elles avaient été oubliées, au fil du temps, noyées par les évolutions diverses, les technologies, les orgueils et surtout, la peur de la différence. Des guides avaient fait leur apparition sur terre, avec une mission bien précise: Développer et accompagner la magie naturelle.
La magie naturelle.
Merlin était l'un de ces guides, puissant mage, à la fois druide, capable d'une magie merveilleuse et pleine de guérison. Il savait, de quelques plantes trouvées ici et là, vous concocter de quoi guérir les pires douleurs et maux. Il n'avait pas l'utilité qu'on lui enseigne quoi que ce soit. Il aurait pu, à lui seul, faire rougir les meilleurs professeurs de potions de Poudlard, Durmstrang ou encore Beaux-bâtons. Les végétaux semblaient lui murmurer à l'oreille leurs besoins, leurs envies, autant que les animaux, il en prenait soin et ils le lui rendaient bien. Il n'y avait pas un mal dont il ne pouvait vous soigner. Avec l'aide de ses amis les plantes et ses animaux guides et alliés.
Wakanda, elle, était de ceux qui jouaient avec les éléments, elle chantait, dansait sous la pluie, en prononçant des paroles qu'elle seule comprenait. Elle attirait l'eau, le feu, pouvait les réguler, les confronter, sans jamais les soumettre, elle respectait leur nature profonde et savait que les éléments étaient présents pour nous accompagner. La terre lui permettait de se régénérer, essuyer tous les maux, la fatigue, la perte d'énergie. Et l'air, soufflant dans ses cheveux, lui chuchotait mille choses, il la prévenait, l'orientait, la guidait pour qu'elle ne quitte jamais son sentier, son chemin bien tracé.
Tsaouli maniait le présent, le passé et l'avenir avec facilité, il ne pouvait les modifier bien sûr, mais était capable de montrer ce qui avait été, ce qui était et ce qui serait. Il pouvait jouer, manier, influencer et faire basculer les décisions de chacun. Ses visions étaient toujours empreintes de justesse, et il utilisait son don avec précaution, tentant toujours de faire pencher la balance en faveur du bien. C'était un pouvoir délicat qui pouvait entraîner la lumière comme les ténèbres, jamais cependant il n'avait failli à sa tâche.
Svetlana possédait son pouvoir dans ses mains: tout ce qu'elle touchait brillait de mille feux. Elle savait soigner, modifier, brûler, attirer. La difficulté était là: il n'y avait pas de limites à ce que ses mains pouvaient faire. Elle irradiait tant, et cumulait tellement de savoirs en elle, qui grandissaient sans cesse, que ses mains ne lui obéissaient plus. Dotée d'une hypersensibilité forte, elle pouvait, joyeuse comme en colère, déclencher de terribles tempêtes qu'elle ne maîtrisait plus par la suite. Elle était, une guide puissante, mais une guide bien trop touchée par tout ce qu'il l'entourait.
Leur mission sur terre était de répandre ces savoirs, les transmettre, les partager et accompagner les mages qui devaient, peu à peu, naître et grandir sur cette terre humaine et pleine d'avenir. La mission, en théorie simple pour de puissants mages tels qu'ils l'étaient, s'étaient avérée périlleuse. Les êtres humains s'étaient vite divisés en deux clans: ceux qui naissaient mages, et montraient leur magie, tentaient de la manier, de la contenir et d'apprendre au mieux. Puis, ceux qui naissaient mages, et, soucieux de se qui se passait autour d'eux, de cette magie non maîtrisée au départ, la réfrénaient de toutes leurs forces. Les mages n'avaient pas anticipé que l'on veuille brimer la magie. Tsaouli avait tenté de montrer qu'elle possédait des vertus inégalables, qu'ils pouvaient réaliser tant de choses une fois ces dons maîtrisés.
Cependant, l'être humain, dans sa majorité, ne le vit pas sous cet angle.
Eut lieu alors la première bataille de toute l'histoire de la terre, les éléments, les végétaux et les animaux en furent les premiers témoins et les premières victimes. Les hommes se battaient contre leur propre nature, la refusait, la brimait. Peu à peu, les mages se faisaient discrets et observaient l'évolution du monde qui les entourait. Les êtres humains livraient une bataille acharnée à ceux qui ne masquaient pas leurs pouvoirs magiques.
La magie faisait désormais peur.
Était apparue la notion de «normalité», l'humain «normal» n'avait pas de pouvoirs, pas de capacité particulière, tout dans la tête et dans la création, rien dans les mains ni talent inné, ni particularité. Il fallait être simple, modeste, dénué de don. Au contraire, ceux qui en possédaient et ne les reniaient pas, étaient sauvagement traqués.
C'est ainsi qu'était née la chasse à la magie.
Ou plutôt, telle qu'ils l'avaient renommée, la chasse à la sorcellerie.
La sorcellerie était mauvaise, dangereuse, néfaste. Les pouvoirs sorciers n'avaient rien de bénéfique. Il fallait tuer tout ce qui s'y rapportait. Étouffer dans l'immédiat toute trace de don, quitte à se débarrasser des enfants, femmes, et hommes qui refusaient de se soumettre. C'est ainsi qu'apparaissait, un peu partout dans le monde, des bûchers improvisés. C'est ainsi que les humains avaient consciemment torturés, tués, leurs semblables, leurs doubles. Des brigades s'étaient organisées pour retrouver les mages en puissance. Merlin s'était replié dans la forêt, la légende disait qu'il était peu à peu devenu fou, mais nulle preuve à ce jour qu'il était vivant ou mort. Il était dit, ici et là, qu'au moment où le feu avait commencé à dévorer Wakanda, des cendres bleues avait jailli à l'endroit où elle se tenait, puis, il n'en était plus rien resté, comme si elle avait fondu et disparu. Tsaouli, voyant sans cesse arriver les attaques, les pièges qui lui étaient tendus, les avaient déjoués avec une grande facilité. Les rumeurs disaient qu'il avait fini par disparaître loin pour ne pas être reconnu et qu'il s'était fondu dans la masse des humains lambda, des sans pouvoirs. Il avait été plus difficile pour les hommes de venir à bout de Svetlana, elle avait été dépassée par sa rage, et créait bien des dégâts sur son passage: explosions, tsunamis, éruptions, destructions massives. Pourtant, ils parvinrent à l'atteindre et c'est en voyant elle-même ses démons la dépasser, les assassinats commis, l'échec de la mission, que son cœur se brisa. Ce jour-là, face à l'impuissance qu'elle avait ressenti, la légende racontait qu'elle s'était simplement figée dans la pierre. Son cœur s'était transformé en roche, le reste de son corps avait suivi. Elle était devenue un rocher-femme, ensevelie dans la pierre, cœur, corps et âme, pour ne plus ressentir, ne plus souffrir.
Les quatre représentants de la magie étant éteints ou trop blessés, les humains avaient commencé à perpétuer leur lignée, organiser leurs vies, créer leur monde de façon totalement autonome et il n'avait plus été question de sorcellerie. La technologie, les emplois, les inventions avaient prit toute la place dans le monde. Chaque enfant naissait et grandissait sans qu'il ne fasse jamais preuve de quelconque don. La sorcellerie avait été éteinte dans l'œuf.
Du moins, officiellement.
Il y avait eu, au fil des années, quelques cas de naissances «sorcières». Il s'était alors, une fois encore, formé deux clans. Les parents convaincus et bornés acceptaient, si l'enfant ne parvenait pas à éteindre ses pouvoirs, de «l'endormir» définitivement. Les parents hésitants, eux, ne disaient trop rien, restaient la plupart du temps cloîtrés avec l'enfant, et essayaient de masquer les dons qui apparaissaient le plus possible. Il y eut alors, une nouvelle vague de sorciers.
Les sorciers cachés.
Ils se regroupèrent peu à peu en communautés. Certains d'entre eux grandirent et firent en sorte de protéger les leurs. Ils devaient, pour vivre en paix dans le monde, se séparer des humains sans pouvoir magique et s'organiser. Ils leur avaient donné un nom, à leur tour, les non sorciers se faisaient désormais appeler «les moldus» ou «non mages». Les sorciers créèrent une sorte de monde parallèle invisible aux moldus: Des écoles dans différents pays, des lieux, villages, villes uniquement magiques, une politique organisée avec un ministère par pays, des métiers «magiques». Ils s'étaient efforcés de consolider leur monde sorcier, et de s'agrandir de telle sorte que moldus et sorciers vivaient les uns à côtés des autres sans même s'accorder la moindre importance.
Cela était, encore une fois, la version officielle.
Car, nombre de sorciers venaient au monde avec une soif de connaissance magique inextinguible, une envie puissante d'apprendre, de comprendre, de développer ces pouvoirs qu'ils pensaient modulables.
La magie reprenait ses droits.
Elle se réveillait, plus forte, comme en colère qu'on l'ait étouffée et brisée. Se révélaient alors des sorciers tout aussi enragés d'être cachés, d'être forcés de masquer ce qu'ils étaient, des sorciers de plus en plus fiers de leur nature, de leur sang, qui, peu à peu, méprisaient les sans pouvoirs. Des générations et des générations s'étaient contentées de la paix, de vivre en silence, de rétablir l'ordre, avec les moldus d'un côté, les sorciers de l'autre. Mais, cela ne suffisait plus, les nouveaux sorciers connaissaient leur puissance, voulaient la montrer, il n'était plus pour eux question de se cacher. Les sans pouvoirs devaient payer. L'heure de la vengeance avait sonné.
Les sorciers connaissaient jusqu'à présent la sorcellerie.
Désormais, ils découvraient la magie.
Celle qu'ils portaient naturellement en eux.
Leurs savoirs disparus durant des siècles refaisaient surface.
Plus puissants et importants que jamais.
Une vague de magie déferlait et les nouvelles générations se révélaient des plus prometteuses.
Elles brillaient de mille feux et leur magie naturelle n'avait de cesse de se développer.
Laissez-moi vous conter, à travers mes modestes mots et la vie de Fabian Prewett, la légende de la magie naturelle et l'évolution de la sorcellerie.
Bienvenue dans l'histoire,
Entrez dans notre monde,
Laissez-vous porter,
Entre magie et sorcellerie.
