Résumé: "La nature anxieuse de Tetsurō Kuroo n'était jamais très loin. "Chassez le naturel, il revient au galop", disait-on, n'est-ce pas ? Une fois parti de la maison, loin de la protection qu'il trouvait derrière ces murs, Tetsurō avait rapidement perdu de son assurance. Dans le métro, ils s'attirèrent quelques regards en coin, et le brun finit par récupérer le sac de voyage de sa petite sœur pour le serrer contre lui. Personne ne sembla relever, ou si ce fut le cas, personne ne commenta."

Chapitre 62: Le début de notre histoire

— Bordel, faut pas être épileptique si t'habites ici en fait.

La remarque fit pouffer Tetsurō.

La nuit était tombée sur la ville. Après l'avoir laissé l'après-midi sur le campus, Tetsurō avait récupéré sa benjamine pour l'emmener faire un tour en ville, histoire qu'elle puisse s'imprégner un peu de l'atmosphère de la capitale avant de retourner à Hokkaido.

Les enseignes lumineuses multicolores et clignotantes peuplaient la nuit, écrasant la pénombre, se projetant dans le ciel sans étoiles.

— J'y avais jamais réfléchi, mais c'est plutôt vrai.

— Même moi ça me fait mal à la tête ! Les factures d'électricités, elles doivent faire sacrément mal.

Kuroo baissa les yeux sur son téléphone, il était grand temps de trouver de quoi se sustenter.

— T'as faim ?

La plus jeune haussa les épaules :

— Ouais.

Tetsurō avait une petite idée d'où se rendre.

— Ramen, ça te va ?

Natsume hocha la tête.

Ils se mirent en marche, s'éloignant de plus en plus du cœur battant de la ville, les lumières autour ce faisant de moins en moins ostentatoires. Tetsurō ne dut s'empêcher de sourire en voyant la petite échoppe illuminée installée juste à l'entrée du parc. Cela faisait des mois qu'il n'y avait pas mis les pieds.

— Là ? Vraiment ? demanda Natsu, fort peu convaincue.

— Tu vas voir, c'est le premier endroit où je suis allé manger en arrivant.

— Ok...

Peu d'enthousiasme pour le moment, mais Tetsurō était sûr qu'elle changerait d'avis rapidement.

— Oi, Oji ! héla Tetsurō en arrivant à hauteur de l'échoppe.

Ukai se retourna, souriant en le reconnaissant :

— Hey morveux, ça faisait un bail ! T'avais disparu !

Tetsurō s'installa sur une chaise haute, et Natsume en fit de même.

— Comment ça j'avais disparu ? C'est toi ! T'étais passé où ? Je croyais que t'avais fermé pour de bon.

— Oh, je suis allé voir du paysage, mais je vais pas fermer si facilement.

— Hum, je vois. Euh, ma petite sœur.

Natsume fit un salut de la tête.

— Oh, une visite de la capitale ? Formidable ! Je vous sers quoi du coup ?

— Deux spécial, et je compte sur ta générosité Oji-san.

— Va pour deux spé !

Le chef d'établissement se tourna pour retourner au fourneau en sifflotant. Tetsurō tourna les yeux sur sa petite sœur, qui scrollait sur son téléphone. Il sourit pour lui-même, ravi de l'avoir retrouvé. I peine quelques jours, imaginer cette scène lui était tout simplement impossible. Se sentant observée, la plus jeune releva les yeux, haussant un sourcil en trouvant son regard.

— Qu'est-ce que t'as ?

— Rien... Je suis juste content d'être là avec toi.

La plus jeune fit une moue dégoutée :

— T'es vraiment mièvre des fois tu sais ça.

Le brun haussa les épaules.

— Hmm, peut-être.

Natsu leva les yeux au ciel, avant de retourner à son téléphone. Après quelques secondes de battement, elle marmonna tout de même :

— Moi aussi je suis contente d'être là.

Avant que Tetsurō n'ait pu répondre quoique ce soit, Ukai posa les deux bols fumants face à eux.

— Et voilà les deux spé.

Tetsurō huma la vapeur parfumée s'échappant du bol. Diable que cela lui avait manqué ! Aussi tôt, il saisit ses baguettes, lança un "Ittadakimasu" pressé et commença à engloutir son bol. Natsume le regarda faire, un rien dégouté, et finalement tourna son attention sur son propre bol. Elle saisit ses baguettes et attrapa un peu de nouilles qu'elle porta à sa bouche.

— Bordel mais c'est bon ! lâcha-t-elle avant de se resservir avec enthousiasme.

La remarque fit exploser de rire Ukai.

— Parfait, c'est tout ce que je voulais entendre !

Kuroo arrêta sa goinfrerie à mi-bol, calmant le rythme pour déguster la fin.

— Dis-moi morveux d'ailleurs, comment vont tes petits-amis ?

Natsume, surprise de la question, tourna les yeux vers son frère. Ce dernier sourit béatement.

— Mes partenaires tu veux dire ? Ils vont bien.

Ukai-san cligna des yeux, incrédule, et éclata de nouveau de rire.

—Tu traines pas gamin ma parole, félicitation.

— Ça ne mériterait pas un peu plus de bouillon ça ?

— Pousse pas non plus, dit le chef d'établissement, saisissant tout de même leur bol pour les resservir tout deux.

Natsume profita de la distraction pour glisser à son ainé :

— Comment ça se fait que le vendeur de ramen connaisse aussi bien ta vie sentimentale ?

Tetsurō ricana.

— Moins cher que le psy.

Natsume pouffa, prise de court pas cette réponse.

— Et toi dis-moi, qu'est-ce que tu viens faire ici ? demanda Ukai-san en déposant les bols de nouveau remplis sous leur nez.

La jeune femme mit quelques secondes à comprendre qu'il s'adressait à elle.

— Euh, je venais pour les portes ouvertes de Todai.

— Oh, je vois, pour étudier quoi si c'est pas indiscret ?

— Les mathématiques.

— Woh, intéressant.

— C'est une génie des maths ! intervint Tetsurō, une pointe de fierté dans la voix.

— Tetsu...

— Non c'est vrai ! C'est pas moi qui le dis, c'est les professeurs émérites de l'université d'Oxford !

Natsume rejeta ses paroles d'un geste de la main, mais ne put s'empêcher de rougir.

— Bien joué ! Tiens, voilà pour toi.

Elle se retrouva avec une portion de poulet karaage sous les yeux.

— Oh merci...

— Cool !

Alors que le brun tendait la main pour lui en voler un, elle lui en empêcha.

— Hey !

— C'est à moi !

— C'est moi qui paye.

— C'est mon cadeau.

Tetsurō se débattit infantilement et réussit à saisir un morceau qu'il fourra aussitôt dans sa bouche.

— Tu pues ! Voleur.

— Tetete, m'embête pas sinon je te fais dormir sur le tapis du salon.

Natsume croisa les bras.

— Kenma te laissera pas faire.

— Ah parce que tu penses que c'est lui qui décide ?

— Complètement oui.

— N'importe quoi.

Un mensonge honteux.

Ils continuèrent de se taquiner encore une bonne poignée de minutes, avant que la discussion ne se détourne peu à peu sur leur souvenir d'enfance. Le patron des lieux avait fait mine de retourner à ses activités, mais il écoutait tout de même d'une oreille discrète leurs interactions. En les entendant discuter de leurs plans pour les jours à venir, il se retourna de nouveau. Ukai pointa Kuroo de sa spatule pour l'interpeller. Cela eut l'effet désiré puisque ce dernier se tut, regardant l'ustensile pointé sur lui.

— Oh d'ailleurs, t'oublies pas pour dimanche morveux, hein !

Le brun sourit :

— Bien sûr que je vais pas oublier !

Natsume les regarda à tour de rôle avant de demander :

— Oh, pour le second tour des élections de la présidence de la CFGMAO ?

Tetsurō battit des cils, réellement surpris.

— Tu connais ?

— Bien sûr ! Si Shinpoteki Shakai passe, ça pourrait être un tournant historique, enfin l'abrogation du TPO après cinquante ans.

Tetsurō n'en revenait pas... Serait-il le dernier bêta pommé de sa lignée ?

— Je savais pas que t'étais aussi renseignée, je suis impressionné.

Sa petite sœur haussa les épaules.

— J'ai fait mes recherches... Et puis on commence à en entendre pas mal parler dans les médias, difficile de passer à côté.

Tetsurō sourit fièrement.

— T'inquiètes, j'ai déjà cassé les pieds des parents pour qu'ils aillent voter.

— Bien joué, dit-il en levant la main.

— Allez, pour fêter ça, la tournée est pour moi !

Ils se retrouvèrent de nouveau avec deux bols remplis à craquer sous le nez.

— Bordel, je sais pas comment je vais réussir à rentrer, lâcha le plus jeune.

Oh, ils y arrivèrent. Ce fut difficile certes, et peut-être que rouler sur eux même aurait été plus rapide, mais ils y arrivèrent tout de même.

-/-

Tetsurō baissa les yeux sur son téléphone, la matinée était bien avancée déjà. Il releva les yeux, Kōtarō était affalé à l'autre bout du canapé, regardant distraitement la partie d'échec que Keiji et Natsume avaient entamé il y a de cela une bonne demi-heure déjà.

La marche pour l'abolition de la TPO avait lieu l'après-midi. Il avait vite compris que son enthousiasme avait été très peu partagé par ses amis et ses partenaires. Contrairement au membre du CAPE, ces derniers lui avaient promis de l'accompagner, mais depuis, personne n'en avait reparlé, et il ne l'avait pas mentionné non plus. Il sentit une boule se former dans son ventre, une déception fataliste qu'il ne voulait pas se résoudre à contrer. Peut-être que c'était mieux ainsi, si tout le monde oubliait. Peu importe, les choses étaient assez agitées comme ça après tout. Il était déçu certes, mais que pouvait-il y faire ? Certes, il pouvait tout simplement en parler, ou décider d'y aller seul, mais il y renonça. Tout était si apaisé, il ne voulait pas se risquer à briser cela.

Mais il ne pouvait pas renoncer comme ça, non ?

— Hey ?

Il se retrouva avec trois paires d'yeux étonné sur lui, ce qui lui fit de suite perdre confiance en lui.

— Euh, il est à quelle heure ton train Natsu ?

— 18h30, lui répondit cette dernière.

— Oh, tu vas arriver super tard non ? C'est combien d'heures de train ?

— C'est 4h, mais je m'arrête à Hakodate.

Tetsurō se redressa, alarmé :

— Tu vas arriver en pleine nuit, tu vas pas rester toute seule là-bas !

— Relax, Katsu me rejoint... Mams nous a pris une chambre d'hôtel là-bas et on repart le lendemain.

— Oh... ok...

— C'était moins cher comme ça de toute façon.

Son ainé hocha la tête, pas franchement convaincu, mais si les choses avaient été décidées comme ça, il n'avait pas grand-chose à y redire. Il allait tout de même envoyer un message à sa sœur, histoire de s'assurer que Natsu n'était pas en train de le pipoter pour le rassurer.

— Pourquoi tu demandes ?

— Non juste comme ça, je vais pas non plus t'abandonner dans la nature comme ça.

— Hm, lui répondit sa petite sœur tout en déplaçant sa tour sur l'échiquier.

Le silence retomba, Tetsurō était dégonflé pour de bon. C'était peut-être mieux comme ça... C'était la dernière journée de sa sœur ici, il n'allait pas la laisser seule comme ça, et la trimballer dans une manifestation, sachant qu'il pouvait toujours y avoir des débordements, n'était surement pas très sage. Il devait se faire une raison.

Son téléphone vibra. Il regarda discrètement son écran de verrouillage. Il s'agissait d'une notification instagram, Kenma avait posté une photo sur son compte privé. Il déverrouilla son téléphone, et cliqua sur la notification. Il s'agissait d'une photo de lui, coupé au-dessous de son visage. Il faisait un signe de la victoire à la caméra, il portait un t-shirt blanc sur lequel avait été inscrit au marqueur noir le signe grec "oméga". Il sentit la boule dans son ventre imploser, déversant en son sein une vague d'euphorie irrépressible. Il n'avait pas oublié.

— Kenma !

Il se redressa d'un bon et partit en direction de sa chambre. Ce dernier ouvrit la porte avant qu'il n'ait pu le faire. Sans plus d'explication, il le prit dans ses bras.

— Tu viens ?!

— Bien sûr.

— Tu m'as dit que t'étais pas sûr ?!

— Bah maintenant je suis sûr. J'ai dit que j'arrêtais de me planquer.

Il en avait des fourmillements dans les jambes. Il resserra son étreinte et l'embrassa sur la joue.

— Venir où ça ? demanda Kōtarō depuis le salon.

Tetsurō se détacha du blond et ils rejoignirent les autres.

— La marche cette aprèm, dit simplement Kenma.

— Oh, j'avais complètement oublié que c'était aujourd'hui ! Babe, t'aurais dû nous le rappeler !

— Je voulais pas forcément plus insister... surtout si vous vouliez pas... j'allais pas vous obliger.

— Tu nous obliges pas, on est d'accord, non ?

Kōtarō tourna les yeux vers Keiji, ce dernier hocha la tête pour confirmer.

— Oh, ok... mais je voulais pas forcément laisser Natsu seule ou...

— Vous allez où ? demanda cette dernière.

— Oh... c'est une marche en faveur de l'abolition du TPO, mais je...

— Je peux venir ? le coupa sa petite sœur.

Il cligna des yeux incrédules.

— Euh... si tu veux... mais je sais si c'est très...

— Ok bah je viens alors. Faut faire quoi ? Oh, une pancarte ! J'en ai fait pour le lycée, je peux en faire !

— Hum, je sais pas si...

— Ah mais oui tu l'avais posté sur le truc du CAPE, ya le truc du t-shirt c'est ça ? Je sais pas si j'ai un vieux t-shirt blanc, je vais regarder ça, continua Kōtarō.

— J'en ai acheté hier, bon ils sont super grand mais c'était les seuls que j'ai trouvés en pack... Mais il va nous en manquer un, je vais voir si j'en ai un que je peux passer à Natsu.

— Parfait, tu gères, t'as des marqueurs ?

— Ouais attends je vais chercher ça.

— Ok, je vais voir dans mes affaires si j'ai pas un truc aussi, Natsu viens voir.

Les trois repartirent dans le couloir en continuant de discuter.

Tetsurō resta planté là, surpris de la tournure des événements. Il finit par capter le regard de Keiji. Ce dernier lui sourit. Il déplaça un pion sur l'échiquier, et se redressa pour venir à lui.

— Je crois que tu vas pas pouvoir terminer ta partie...

— T'en mieux, j'étais en train de perdre, lui confia-t-il.

Le brun pouffa.

— Hmm... Natsu a le pouvoir des statistiques de son côté, c'est pour ça que je joue plus avec elle.

Ils s'enlacèrent, Kuroo reposant sa tête dans le cou de son partenaire.

Ils se séparèrent en entendant les autres revenir. Bientôt le salon se transforma en véritable atelier créatif.

-/-

La nature anxieuse de Tetsurō Kuroo n'était jamais très loin. "Chassez le naturel, il revient au galop", disait-on, n'est-ce pas ? Une fois parti de la maison, loin de la protection qu'il trouvait derrière ces murs, le brun avait rapidement perdu de son assurance. Dans le métro, ils s'attirèrent quelques regards en coin, et le brun finit par récupérer le sac de voyage de sa petite sœur pour le serrer contre lui. Personne ne sembla relever, ou si ce fut le cas, personne ne commenta. Peut-être qu'il n'y aurait personne une fois arrivé au point de rendez-vous ? Peut-être qu'il n'y avait pas vraiment sa place ? Il fit en sorte de cacher le symbole inscrit sur son t-shirt, il se sentait soudainement profondément inadéquat. Il se rappela la sensation désagréable qu'il avait ressenti le jour où ils s'étaient rendus chez la grand-mère de Kōtarō, lorsqu'il avait senti tous les regards sur lui, lorsqu'il s'était senti écrasé par la pression, celle qu'il lui hurlait qu'il n'avait rien à faire là, qu'il n'était pas à sa place, et que sa seule existence dans cette espace était nuisance. Il savait que le fait qu'il n'est jamais ressenti cela plus tôt dans sa vie tenait du privilège, surement, peut-être. Mais cette sensation lui collait à la peau, et elle faisait s'effondrer sa cage thoracique.

Il balaya la rame des yeux, détaillant le reste des passagers, essayant de trouver quelqu'un qui pour sûr se rendait au même endroit qu'eux, mais ne trouva personne. Il se rappela les regards fuyants de ses amis lorsqu'il avait proposé l'idée au CAPE, et cela ne fit que miner davantage sa détermination. Il resserra sa prise autour du sac, s'efforçant de ne pas faire déborder ce qui envahissait sa tête à travers le lien qu'il partageait avec ses partenaires. Sans succès apparemment, Keiji posa sa main sur sa cuisse, laissant passer entre eux une sensation apaisante. Il releva les yeux, trouvant le regard de son partenaire. Ce dernier lui offrit un sourire, et il lui répondit instinctivement, sentant la pression se relâcher un peu.

— C'est notre arrêt, annonça Kenma en se relevant pour se diriger vers la porte.

Tetsurō releva les yeux sur l'écran au-dessus de sa tête, ce dernier annonçant en effet qu'ils arrivaient à la station Harajuku. Le brun se releva, tenant toujours le sac de sa petite sœur contre lui. Kōtarō et Natsume parlaient fort, étouffant des pouffements joyeux et excités.

— C'est où déjà le point de rendez-vous ?

— La place de Yayogi, répondit Kuroo en sortant de la rame.

Le blond pianota sur son téléphone.

— Oh, ça va, on est à dix minutes à pied.

Une fois sortit de la station, Kuroo jeta de nouveau un coup d'œil aux alentours, détaillant les passants voguant à leur occupation, suivant Kenma qui les guidait, les yeux rivés sur le GPS de son téléphone. Plus ils avancèrent vers leur point de rendez-vous, et plus le nombre de personnes suivant le même chemin qu'eux augmenta, petite foule éparpillée de t-shirt blanc. Plus ils avançaient et plus leur nombre grandissait, certains avaient des pancartes, d'autre était entre amis, quelques couples marchaient main dans la main, l'atmosphère autour devenant de plus en plus effervescente. Ils arrivèrent enfin sur la place de Yayogi, noyé de monde et de bruit. Kuroo sentit la pression se relâcher, prit par l'euphorie régnant tout autour. Il y avait sur la place des individus de tous âges, de tous les styles, le salariman rencontrant le cyber punk dans un mélange hétéroclite, étrange, mais réjouissant. En tournant les yeux, il trouva un couple marchant à leur côté main dans la main, le jeune homme portant le symbole "oméga" sur son t-shirt, tandis que sa compagne portait celui de "bêta". Kuroo relâcha enfin sa prise autour du sac et le passa dans son dos, l'angoisse se dissipant peu à peu jusqu'à complètement l'abandonner.

De nombreux petits groupes s'étaient agglutinés sur la place, certains tenaient des pancartes faites maison, d'autres avaient apporté leurs drapeaux des fiertés qu'ils portaient autour des épaules ou agitaient au-dessus de leur tête.

Il tourna les yeux vers Kenma, ce dernier avait son masque sur le visage, mais l'avait baissé sur son menton, il le vit tout de même mettre ses bouchons d'oreille pour diminuer le bruit ambiant, mais avait l'air relativement apaisé.

— Ça va ? Ça te fait pas trop ?

Le blond attrapa son regard.

— Non, ça va, t'inquiètes.

Il attrapa sa main pour embrasser ses phalanges et enlaça ses doigts aux siens. Kuroo sourit bêtement, sentant les fourmillements remonter le long de sa colonne vertébrale. C'était surement la première fois que Kenma tenait sa main en public comme cela.

— Ya le stand de l'asso là-bas, on va juste voir, les prévint Kōtarō avant de disparaitre dans la foule avec Natsume.

— Bon bah on les attend là du coup j'imagine, hmm.

La bulle effervescente de Kuroo implosa d'un coup lorsqu'il sentit un grand coup dans son dos qui le projeta en avant. Il manqua de tomber la tête la première, mais réussit à se réceptionner. Alarmé, il fit volteface. Ses yeux s'écarquillèrent en reconnaissant qui se tenait devant lui :

— Yamaguchi ?

Ce dernier lui sourit, avant de lui faire une petite courbette.

— Bordel tu m'as fait flipper !

En baissant les yeux, il trouva inscrits sur le t-shirt de son ami les deux symboles "alpha" et "oméga" entrelacés l'un dans l'autre. Il sourit, profondément ravi.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Je pensais que tu voulais pas venir ?!

— Ya que les abrutis qui changent pas d'avis.

Sugawara s'était avancé, passant un bras autour des épaules de son petit frère.

— Suga !

Il se jeta sur eux pour les enlacer. Ses deux amis pouffèrent, mais réciproquèrent son étreinte.

— T'avais raison, si on peut emmerder deux trois cons, c'est pas plus mal, ajouta Sugawara lorsqu'ils se séparèrent.

— On est pas le club des adorables parias emmerdeurs pour rien, intervint une nouvelle voix qu'il n'eut aucun mal à reconnaitre.

— Noya ! T'es là aussi !

— On est tous là, ajouta Chris en s'avançant vers eux.

Kuroo se pencha sur le côté, trouvant effectivement l'entièreté du CAPE au grand complet. Il sourit, profondément euphorique.

— Tadashi ! entendit-il hurler dans son dos.

Avant même qu'il ne l'ait vu venir, Kōtarō se lança en boulet de canon sur le plus jeune qui étendit les bras en le voyant arriver. Le choc fut si violent que les deux se retrouvèrent parterre, mais ils éclatèrent tout de même de rire.

— Ça fait pas 5 minutes qu'on est là et vous foutez déjà le bordel !

Tetsurō sourit béatement en reconnaissant le ton nonchalant de sa diva préférée.

— Oikawa !

Il ouvrit les bras et s'avança vers lui. Ce dernier baissa ses lunettes de soleil sur le nez :

— Si tu me fous parterre, je te préviens tu vas le regretter.

Il pouffa, mais ne s'avança pas plus, se contentant de lui faire une petite révérence en tenant les pans de son t-shirt.

— Mes hommages mon seigneur.

Cela eut le mérite de dérider son ami :

— Pff, ta bêtise ne cessera jamais de m'émerveiller.

— À votre service Votre Altesse sérénissime.

Dans son dos, Kōtarō et Yamaguchi s'étaient enfin relevés, les deux piaillant gaiment. Tetsurō balaya les alentours des yeux :

— Babe, elle est où Natsu ?

— Je suis là je suis là, j'ai pas 5 ans, je vais pas me perdre, et puis j'ai mon téléphone en plus. La brune avança vers lui, mais ce stoppa en constatant que son ainé était entouré d'inconnu.

— Oh, Natsu euh, le CAPE, le CAPE, ma petite sœur.

Les salutations lui répondirent en échos, et la brune échappa un sourire timide, réciproquement d'un mouvement de main.

— Regarde ce qu'on a trouvé ! intervint Kōtarō.

Il lui fourra sous le nez une pancarte sur laquelle avait été collée une feuille de papier. Kuroo la prise dans ses mains pour la lire. Il sentit les petits insectes dans son ventre prendre leur envol, inondant son corps d'une félicité radieuse.

"Kazoku desu"

"Nous sommes une famille" *

S'il continuait à sourire autant, il allait finir avec des crampes !

— Attendez je prends une photo, proposa Natsume.

Les quatre se rapprochèrent pour lui faire face tandis qu'elle sortait son téléphone.

— Kenma je t'ai pas dans le champ.

Ce dernier marmonna quelque chose d'incompréhensible.

— Allez, fait pas la tête, viens là.

Kōtarō se baissa pour faire monter le blond dans son dos. Le blond roula des yeux, mais monta tout de même, passant ses bras autour de son cou. Keiji passa son bras autour de celui de Tetsurō, et ce dernier enlaça ses doigts à ceux de Kōtarō. Au moment où Natsume appuya sur le téléphone, Kuroo sentit le souvenir s'ancrer dans sa mémoire, se gorger de lumière et de son, et de tout l'amour qu'il pouvait ressentir. Il savait que ce souvenir resterait gravé en lui pour des années, aussi vivide dans sa mémoire qu'à cette même seconde.

Natsume rebaissa le téléphone en souriant :

— C'est bon je l'ai.

— Tu nous l'enverra ?! s'empressa de demander Kōtarō.

— Oui oui, t'inquiètes.

— On en fait une aussi avec tout le monde ! intervint Yamaguchi en se ruant en avant en tendant son téléphone à Natsume.

Alors que cette dernière allé le récupérer, Sugawara intervint :

— Ya pas la place là, en plus la marche va commencer.

En effet foule avait commencé à s'organiser, certain à l'avant c'était déjà mis en marche. Ils rejoignirent le flot de la marche.

Tetsurō se laissa porter. Il se sentait entouré, en sécurité. L'atmosphère tout autour était extatique, gorgée de quelque chose de profondément grisant qui circulait partout autour. De quelque chose qui courait en chacun d'entre eux pour exploser en éclat de voix : l'espoir. Tetsurō tourna les yeux, son regard trouvant ses partenaires, sa petite sœur, ses amis, et il se demanda comment l'univers avait été si généreux avec lui.

Le temps était passé à une vitesse fulgurante, et sans même qui le sente passé, ils s'étaient de nouveau retrouvés sur la place de Yayogi. Toute la clique avait envahi le parc, les discussions fusant dans toutes les directions, les rires éclatants en éclat pétillants. Ils réussirent enfin à faire une photo de groupe, bien difficilement certes puisque Yamaguchi ne connaissait apparemment pas la fonction du retardateur de son téléphone, et qu'Hinata ne pouvait pas s'arrêter de papoter, ce qui le rendait flou sur toutes les photos. Kageyama avait dû lui tenir les mains en place pour qu'ils réussissent enfin à avoir une photo correcte.

Ils s'étaient un peu tous calmés à présent, discutant plus paisiblement, certains ayant commencé à jouer aux cartes.

Kuroo, commençant à voir la luminosité baisser, revint un peu à lui, se rappelant qu'il devait accompagner sa petite sœur à la gare. Il sortit son téléphone et son cœur bondit en lisant l'heure. Il se remit sur ses pieds d'un bon :

— Merde, Natsu ! Il est 18h !

Cette dernière écarquilla les yeux et se releva en vitesse, et d'un même élan, les deux se mirent à courir ensemble en direction du métro.

Ils arrivèrent tout juste sur le quai du train à peine cinq minutes avant l'heure du départ.

— Vite, cours ! Il va partir sans toi sinon ! pressa Tetsurō en rendant à sa benjamine son sac à dos.

Cette dernière s'en saisit et partit à toute vitesse en direction du train. Elle s'arrêta cependant à quelques pas du train et rebroussa chemin.

— Qu'est-ce que tu fais ? Dépêches !

Natsume ne l'écouta pas et se jeta sur lui pour le prendre dans ses bras. Tout d'abord pris de court, Tetsurō lui rendit son étreinte.

Sa petite sœur se détacha de lui, elle lui sourit, essoufflée et les cheveux en pagaille :

— C'était trop cool ! Merci !

Et elle repartit à toute vitesse. À l'instant même où elle rentra dans le train, les portes se refermèrent. Le sifflet annonçant le départ retentit.

Tetsurō fit de grands gestes de la main, espérant que sa sœur puisse le voir. Le train partit. Il resta planté là. À peine 72h plutôt, il était là, le corps remué d'angoisse. Maintenant, il avait du mal à se rappeler pourquoi il avait eu si peur finalement...

-/-

— Tu vas lui donner le poste, sérieux ?

Kōtarō avait dû pousser sur sa voix pour se faire entendre. Le bruit ambiant était saturé d'éclats de voix et de rires.

Kuroo ne savait pas trop comment ils s'étaient mis d'accord sur ce plan, mais après être allés voter dans la matinée, ils avaient fini par invité l'entièreté du CAPE à les suivre pour se rendre à Oshima. La petite maison était pleine à craquer, les portes avaient étaient ouvertes de tous les côtés pour laissez-passer l'air. Plusieurs tentes avaient été plantées dehors pour l'occasion. Étonnant à quel point tout le monde avait réussi à parfaitement s'organiser à la dernière minute.

Tous étaient agglutinés dans le salon, devant la télévision allumée. Pour la première fois depuis... toujours à vrai dire, l'élection avait eu un droit à un programme spécial sur une chaine national, ce qui en soi était déjà une étape assez remarquable. Cependant personne ne pouvait entendre le programme pour le moment tant les discussions saturaient l'espace sonore.

Kenma haussa les épaules :

— Bah j'ai besoin d'un monteur, et il a les compétences, je vois pas pourquoi je ne lui donnerais pas.

Son partenaire roula des yeux, exaspéré. Il se décala pour laisser passer Tsukishima et Kageyama.

— Parce que je te connais, tu le fais pas pour ses compétences, tu récupères juste tous les chats égarés au bord de la route !

Keiji apparut de nouveau, tendant un verre au blond. Ce dernier le prit et le remercia.

— De quoi est-ce que vous discutez ?

— De Yaku. Je cherche toujours un monteur, je sais qu'il a les compétences, je me disais que j'allais lui proposer le poste.

— Oh, bonne idée.

— Non, pas bonne idée, il le fait pas pour ses compétences, juste parce qu'il joue les grands princes là à sauver la veuve et l'orphelin.

— N'importe quoi, se défendit Kenma. Va dire ça à Yūji et Hitoka.

— Mais si !

— Tu dis ça juste parce qu'il t'agace, mais il est pas si mal, tu sais.

— Peut-être, mais c'est un casse-pieds !

Le blond pouffa.

— Il est borné, un peu oui. Mais c'est une qualité dans ce contexte. Il est appliqué, et s'il se met sur un projet, il fera tout pour le mener à bien. Regarde comme il était au lycée avec l'équipe, il saura gérer.

Kōtarō fit la moue.

— Mmmh, mouais... N'empêche que...

— Chut ! les somma Nishinoya.

Il monta le son de la télévision.

— Ils vont annoncer les résultats, chut !

Tous se turent et tournèrent les yeux vers la télévision.

Kuroo retint sa respiration sans s'en rendre compte, le corps remué d'un mélange de tension fébrile, d'anxiété et d'espoir. C'était le moment. Soit les choses allaient changer pour de bon, soit ils repartaient pour cinq ans. Tous le savaient et en étaient profondément conscients, la tension autour était à son paroxysme.

L'écran afficha en grand la jauge des deux parties, les deux montant simultanément à allure égale.

— Allez, allez, allez, répéta en boucle Yamaguchi.

Plus que quelques secondes. Ses partenaires et lui se tenaient la main. Kuroo sentit ses os craquer sous la pression, mais il n'en eut cure, regardant l'écran intensément.

Le décompte prit fin. Le dé était jeté. Il mit quelques secondes à réaliser ce qu'il était en train de se passer.

47,36 % pour Dentou, 52,64 % pour Shinpoteki.

— Oh bordel ! C'est bon, ça passe, ça passe !

Toutes leur voix se joignirent dans un cri d'euphorie général. La tension anxieuse venait de disparaitre, évincée par l'effervescence extatique de la victoire. Kōtarō et Kenma en avaient les larmes aux yeux. Il retrouva ses partenaires dans une étreinte, secoué de rire de pure félicité. Rien n'était encore fait, mais ils y étaient. Les choses allaient enfin changer pour le meilleur.

-/-

— Bordel, j'arrive pas encore à réaliser... murmura Kōtarō, sa main reposant sur son torse.

Ils étaient tous les quatre allongés dans le jardin, regardant le ciel se parer de ses couleurs crépusculaires. Au loin, on pouvait entendre le roulis des vagues. L'air était gorgé d'iode et de l'odeur des pins.

— Moi non plus, ajouta Kenma, le sourire aux lèvres.

Le vent se leva. Tetsurō ferma les yeux, inspirant profondément, ivre de cette euphorie ambiante.

— Faut noter la date, on est le combien ?

Kōtarō récupéra son téléphone :

— 28 juillet.

Ils n'étaient pas près de l'oublier.

Le sourire de Kōtarō perdit de son intensité, prenant des plis plus mélancoliques.

— J'avais pas réalisé non plus... Ça fait pile deux mois depuis mon opération...

Le vent s'engouffra dans ses cheveux.

Kenma prit sa main dans la sienne. Il posa un baiser sur ses phalanges.

— Ça va ?

Kōtarō hocha la tête.

— Oui, ça va...

Son sourire perdit de sa tristesse.

— Ça va.

Keiji, qui avait suivi l'interaction, tourna de nouveau les yeux sur son téléphone.

— Oh...

— Quoi ? demanda le blond.

Keiji tourna le téléphone vers lui, ce dernier affichant son calendrier.

— Oh, bordel, moi aussi j'avais zappé ! Merde –il tourna les yeux vers Tetsurō- joyeux anniversaire, j'imagine.

Le brun haussa un sourcil.

— C'est en novembre mon anniversaire Kenma.

— Non je sais ça, on a raté la date précise, mais ça fait un an.

— Un an ?

— Qu'on a commencé à sortir avec toi.

Tetsurō battit des cils, incrédule. Il se redressa pour se mettre en position assise à son tour. Il n'y avait pas pensé non plus. Déjà ? Seulement ? Il tourna les yeux vers Keiji :

— Tu l'avais noté sur ton calendrier ?

— Non.

— Si, intervint Kenma.

Il sourit, ému :

— Oh, trop mignon , je ne vous savez pas si romantique mon bien aimé, dit-il pour taquiner son partenaire, bien qu'il soit profondément touché de l'attention.

Keiji roula des yeux.

— Bah tu l'as noté, mais tu nous a rien dit.

— Je... ça m'a échappé aussi, je n'avais pas mis d'alerte et je... désolé Tetsurō.

— C'est rien, j'avais zappé aussi avec tout ça...

Le silence retomba.

— Un an... je... j'ai du mal à... c'est tout ?

La remarque lui attira trois paires d'yeux sur lui.

— Non, mais... j'ai juste l'impression que ça fait beaucoup plus longtemps. Un an, c'est quasi rien.

— C'est pas quasi rien, argumenta Kōtarō.

Kenma ricana :

— C'est le trauma ça.

Kuroo fronça les sourcils :

— Ah bah super, t'es un grand romantique toi, t'as d'autres horreurs comme ça ?

— Non, tu m'as pas compris... Mais c'est vrai, moi aussi j'ai l'impression que ça fait plus longtemps... Mais c'est juste qu'on ait traversé beaucoup de choses ensemble. Ça renforce les liens.

— Comment ça ?

Tetsurō était toujours un peu vexé de sa remarque.

— Bah, si...

Le blond se redressa.

— Déjà, j'ai failli t'écraser quand tu nous as proposé de faire un rendez-vous.

— Ok, mais ça compte pas ça, argumenta Kuroo.

— Et on a tous failli crever au moins une fois, intervint Kōtarō.

— T'y mets pas aussi !

— Bah c'est vrai ! C'est pas pour ça qu'on est lié, mais ça a forcément accéléré un peu les choses.

— Mais n'importe quoi, on a pas tous failli mourir !

— Bah... un peu si... Déjà Keiji avec la torpeur.

Ce dernier grimaça, n'appréciant pas forcément ce souvenir.

— Moi j'ai bien failli y passer deux fois. On a survécu à une explosion, et j'ai eu un cancer, c'est déjà pas mal.

Kuroo avait presque oublié cette histoire d'explosion.

— Ok peut-être... mais, Kenma il a jamais failli mourir.

L'argument était pauvre, mais il n'en avait pas trouvé d'autres.

— Non, c'est vrai.

— Mais il a quand même été au cœur un scandale international, ajouta Keiji.

— Oh, ouais c'était un bordel, ajouta le concerné.

— Ouais, mais t'as aussi le titre de champion du monde et un bon paquet de fric, c'est positif ça !

— J'ai jamais dit que y'avait pas du positif ! Sinon on serait pas là !

Tetsurō croisa les bras, continuant de faire la moue.

— Ah ouais, je me suis fait agresser aussi...

Ils grimacèrent simultanément.

— T'as failli aller en prison !

— J'ai pas failli aller en prison, n'exagère pas.

— Peut-être... Ahah, t'as aussi lancé un fight sur twitter avec le protégé du parti conservateur du comité.

— Et tu as participé à un scandale médiatique qui a mené à l'effondrement d'un géant de l'industrie pharmaceutique, ajouta Keiji.

— Oui ok, ok, j'ai compris ! C'était... une année bien remplie.

— Boude pas. Ça enlève rien au fait qu'on t'aime.

— Mmmh.

— C'est juste... ça a fait catalyseur j'imagine. On a passé deux cycles ensemble aussi, c'est pas rien.

— Ok, ok... mais au final, on va tous bien, c'est le principal.

— Mmmh, dit ça à mes ovaires.

Tous se turent, pris de cours. Kenma finit par pouffer, ce qui eut l'effet d'automatiquement dédramatiser la situation. Kōtarō souriait bêtement.

— Désolé, s'excusa le blond, continuant tout de même de ricaner.

Kuroo haussa un sourcil :

— Un peu noir babe, tu trouves pas ?

— Je m'adapte comme je peux.

— Mmmh... c'est quoi comme étape du deuil l'humour ?

Ce dernier haussa les épaules :

— Je sais pas, mais c'est efficace.

Keiji se rapprocha de Tetsurō. Il prit sa main dans la sienne.

— Quoi qu'il nous soit arrivé, je suis profondément heureux d'être ici, avec mes trois partenaires.

Le brun lui sourit, il se pencha pour l'embrasser.

— Moi aussi –il soupira- j'espère que l'année à venir sera un peu moins... tumultueuse.

— Hmm... Attends, Kenma à jamais était sur le point d'y passer, on sait jamais.

— Allez ! Arrête, tu vas nous porter malheur !

— Quoi je remarque, c'est tout !

Tetsurō sourit malgré tout. Leurs liens s'étaient ouverts, vibrant à l'unisson, l'inondant d'une gaité tendre et profonde.

— Hmm, j'espère voir encore de nombreuses années ensemble, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

Ils n'étaient qu'au tout début de leur histoire après tout, il en était certain. Il sentit les papillons s'envoler en son sein, la douceur de ce moment l'enlaçant tendrement. Ses partenaires lui sourirent.

— Moi aussi...

— Hey les gars !

Ils se tournèrent tous en direction de la maison. Nishinoya était sur le pas de la porte :

— Quoi ?

— Venez voir, on passe à la télé !

Ils échangèrent un regard, incrédule, puis se levèrent tous les quatre pour voir de quoi il en retournait.

Ils furent accueillis dans le salon par le brouhaha ambiant. La télévision était restée allumée, et diffusait des images de la manifestation de la veille, sous les commentaires joyeux de la petite troupe. Tetsurō sourit en reconnaissant ses amis sur les images, en se remémorant l'atmosphère pétillante qui les avait suivis tout au long de la marche. Il fut surpris de se reconnaitre à l'écran, entouré de ses partenaires. Ils étaient au centre de l'écran, la caméra étant focalisée sur eux. Il comprit que le plan avait été tourné lorsqu'il avait pris la photo avec la pancarte "Kazoku desu". On ne voyait pas Natsume qui était hors champ, mais il reconnaissait la pose de la photo qu'elle lui avait envoyée. Il n'avait même pas remarqué la caméra sur eux à ce moment-là. Ils quittèrent leur pose, et il se vit tourner la tête vers Kenma pour lui parler, le regardant d'une intensité passionnée, ses deux autres partenaires suivant la conversation, Keiji reposant contre lui en serrant son bras autour du sien, Kōtarō avait ses doigts enlacés aux siens. Il rougit malgré lui quand la petite assemblée échappa un "Owww" général.

Son sourire fana instantanément lorsqu'il percuta enfin.

— Dis-moi que c'est une chaine locale... échappa-t-il d'une voix étriquée, s'adressant à personne en particulier.

— Non, national, lui répondit Nishinoya.

Il sentit son sang se vider de sa tête, il avait soudainement le vertige.

— Merde... Merde !

— Qu'est-ce que t'as ?

— Mais, je suis dans la merde bordel ! Mes parents regardent la télé à cette heure-là, je... je vais me faire cramer putain !

— Oh... lâcha Kōtarō.

Ses partenaires le regardèrent, soucieux, essayant de la rassurer. Ce fut sans compter sur Yamaguchi et Tsukishima qui explosèrent de rires moqueusement.

— Ahah, t'es foutu mon vieux !

Oikawa et Sugawara pouffèrent à leur tour.

Le téléphone de Keiji vibra. Il regarda son écran et s'excusa, tapotant gentiment sur l'épaule du brun avant de sortir dehors.

— Mais c'est pas drôle !

— C'est un peu drôle...

— C'est super con de se faire griller comme ça...

Game over... Et puis il avait vu les images, le "ils sont juste très amis" ne passait absolument pas, il fallait juste qu'il espère que personne de sa famille ne soit tombé dessus... Il était foutu.

— Ça va babe, c'est pas la fin du monde, lui dit Kōtarō en serrant sa main dans la sienne.

— Arrêtez tout !

Ils sursautèrent en entendant Keiji crier ceci, et tout le monde se stoppa instantanément.

Le brun apparut dans l'encadrement de la porte, déjà à bout de souffle

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

— Ma maman vient d'accoucher !

Il rentra à l'intérieur, pris d'une précipitation égarée, tournant en rond, ouvrant des placards définitivement vides.

— Oh , bonne nouvelle !

Des félicitations et acclamations positives fusèrent de partout dans la pièce.

— Il me faut mon passeport ! répondit-il en continuant de tourner en rond.

— Il est à la maison ton passeport.

Il ne sembla pas percuté, continuant ses recherches hasardeuses. Il souriait tout de même, profondément ravi de la nouvelle.

— Alors c'est quoi ? demanda Tetsurō.

— Un bébé ! lui hurla son partenaire en réponse, passant sa main nerveusement dans ses cheveux. Il faut qu'on y aille au plus vite !

Kenma haussa un sourcil :

— Il est passé où ton "cet enfant ne va pas s'évaporer, je n'ai pas besoin d'être là pour les premières minutes de sa vie" ?

— Je suis un idiot et vous devriez arrêter de m'écouter !

Les trois autres pouffèrent malgré eux. Kenma finit par s'avancer vers lui avant qu'il ne se décide à renverser les meubles pour contenir son agitation.

— Calme-toi, on va pas y aller ce soir de toute façon, lui dit-il en posant sa main dans son dos.

— Je vais regarder les avions, passe-moi la carte bancaire !

Kenma pouffa, mais comprenant qu'il n'aurait aucun moyen de l'arrêter, alla récupérer sa sacoche et lui tendit la carte. Keiji lui prit des mains et commença à pianoter furieusement sur son téléphone.

Ses partenaires et lui échangèrent un regard, et pouffèrent en chœur.

— Bon bah on en a des trucs à fêter ! C'est pas le moment de faire l'apéro ?

La proposition fut accueillie avec moult acclamations de joie.

— J'espère qu'on a assez de verres...

Tetsurō sourit, prenant le temps de poser les yeux sur tout le monde. Là, entouré de ses amis, de ses partenaires, il se sentait profondément bien, profondément aimé, à sa place. Il espérait que cela dure encore des années, et des années.

Peu importe ce qu'ils trouveront sur leurs chemins, il savait qu'ils pourraient tout surmonter, ensemble.

Après tout, ils n'étaient qu'au début de leur histoire.

-Fin-

* Pas la traduction littérale, mais c'est l'idée.

Et voilà mes braves, c'est la fin de cette histoire ! J'espère que le voyage vous aura plu ;)

Dire que quand j'ai commencé, je pensais simplement en faire l'histoire de quelques chapitres, et nous voilà avec ce monstre ! J'ai grandi malgré tout avec cette histoire, quatre ans d'écriture quasiment. Je pense, et je suis loin d'être la même personne maintenant que quand je me suis lancé là-dedans ! Et puis timing dingue, mais je rends également ma thèse de doc demain (d'où la publication tardive my bad), c'est définitivement la fin d'une aire...

Merci infiniment à toustes celleux qui m'ont suivi tout pour ce petit bout de chemin, merci pour les commentaires et le soutiens, tout particulièrement à LeonordRiddle, Granotte et LeeAnimes pour tous vos commentaires qui m'ont suivi dans cette aventure et m'ont tant encouragé ! Merci aussi à toutes les personnes qui prendront le temps de lire cette histoire et d'arriver !

Quoi pour la suite ?

Déjà, je n'en ai pas fini avec le "CAPEverse" je pense, j'ai quelques idées pour la suite. Je me lance sur un prequel, que j'espère plus court, qui s'intitulera "Dyspheromia" focalisé sur la rencontre de Kenma avec Kōtarō et Keiji, et le début de leur histoire ! Stay tune ;)

J'ai aussi dans les doss une idée pour une autre histoire, toujours OT4, mais dans un style bien différent : " Le grand tremblement de terre de Kanto". L'histoire se passera à Tokyo en 1923 pendant la catastrophe éponyme, dans le registre de l'horreur / surnaturels ! C'est dans les tuyaux, on verra où ça mènera !

Merci encore pour tout !

See ya

FT