Castiel se réveille, avec la sensation étrange d'être… Bien. Trop bien. Il y a un poids agréable collé à lui. Une chaleur douce se diffuse contre son côté gauche et sa poitrine. Ses doigts se referment légèrement sur la forme qu'il tient serrée contre lui.
Que ?
Il ouvre les yeux, et son regard se pose sur de courts cheveux châtains en bataille qu'il devine à la faible lumière de l'aube.
Non. Non ? Non !
C'est pas bon du tout, il ne doit pas faire ça, jamais.
Même si là tout de suite, il crève juste envie de rester dans ce lit, dans cette chambre, le plus longtemps possible. Il a le cœur au bord des lèvres, battant à cent à l'heure. Il referme les yeux, respire profondément pour se donner du courage, et lentement, il se redresse.
Dean grogne tout bas dans son sommeil. Castiel s'immobilise, terrorisé à l'idée de le réveiller. Il attend quelques secondes, et poursuit son mouvement.
- Non.
Son cœur manque un battement. Les doigts de Dean se sont serrés sur son t-shirt, et il a lâché ce simple mot d'une voix brumeuse. Castiel penche la tête et observe son visage, ses yeux sont toujours fermés. Il a l'air toujours endormi. Il poursuit sa fuite au ralenti, se colle contre le mur, et réussit enfin à s'éloigner après avoir décroché les doigts qui le retenaient d'une prise heureusement un peu molle.
Il se sauve presque en courant de la chambre, ferme la porte et monte les marches d'un pas précipité. Il s'enferme dans la salle de bain et se laisse glisser contre le bois jusqu'à s'asseoir par terre, la tête dans les mains. Qu'est ce qui s'est passé ? Pourquoi il ne s'est pas réveillé quand Dean est venu le rejoindre ? Il n'aurait jamais dû proposer cette idée idiote. Mais quand son patient - TON PATIENT, mets toi ça dans le crâne - avait lancé ces quelques mots d'un ton désinvolte, comme si l'idée de dormir avec son psychiatre était l'idée du siècle, il n'avait pas pu résister. Il doit absolument corriger le tir, arrêter de laisser ses fantasmes interférer dans sa relation avec Dean. Il est là pour l'aider à se sortir de la merde, pas pour lui faire des câlins et toutes les petites choses qu'il arrive à étouffer le jour, mais qui hantent ses nuits depuis leur première consultation.
Il se relève, furieux contre lui-même, et se déshabille en lançant ses vêtements sales d'un geste violent. Il entre dans la douche, et laisse l'eau volontairement trop froide pour se rafraîchir les idées et tuer le désir qui marque son corps. Si Dean s'était réveillé et avait remarqué son érection plus qu'évidente, il en aurait été au mieux mortifié, au pire il lui aurait cassé la figure.
Dean est hétéro, c'est ton patient, mantra répété encore et encore alors qu'il se savonne energiquement. Mais quand il ferme les yeux sous le jet glacé pour se rincer la tête, tout ce qu'il voit ce sont les iris verts si expressifs qu'il rêve de voir s'ombrer de désir.
Il se sèche rapidement, et réalise qu'il n'a pas emporté de vêtements propres, trop occupé à fuir. Il soupire, entrouvre la porte et tend l'oreille. La maison est totalement silencieuse, alors il prend le risque. Il enroule sa serviette autour de sa taille, et descend prudemment les marches de peur qu'elles grincent. Il passe devant la chambre de Dean sur la pointe des pieds, atteint la sienne et arrive enfin à respirer de nouveau.
Dean soupire de dépit. Il devrait avoir honte, d'avoir fait comme s'il dormait encore quand Castiel s'est rendu compte de leur position. Il voulait juste en profiter encore un peu, juste un instant, avant de le laisser fuir quand il est devenu évident qu'il était profondément mal à l'aise. Mais là, tout ce qu'il ressent, c'est un bonheur extatique. Il reste allongé un moment, écoute l'eau de la douche couler pendant qu'il se noie dans l'odeur épicée de Castiel qui flotte encore dans l'air et imprègne les draps.
Il va devoir se lever, il va devoir faire face à son psy qui a probablement moyennement apprécié la plaisanterie.
Putain de merde.
Il entend la porte de la chambre de Castiel se fermer avec un petit clic discret. Alors il rabat la couette et sort du lit, agressé par le froid. Sans Cas, tout est glacé, c'est l'enfer. Il s'habille sommairement, et va dans la cuisine, espérant y arriver avant l'autre et pouvoir s'occuper l'esprit et les mains.
- Oh, je vous ai réveillé ?
Il sursaute au son grave et profond, alors qu'il verse le lait sur les ingrédients qu'il a déjà mélangés dans le saladier.
- Hey Cas'. Non, du tout, j'avais faim.
C'est pas totalement un mensonge après tout, il était réveillé avant lui héhé.
- C'est une bonne nouvelle.
Il ouvre le frigo et en sort une bouteille de jus d'orange. Dean hoche la tête en remuant la pâte.
- J'ai super bien dormi.
Tu joues avec le feu Dean, vraiment ferme la.
- Ravi de l'apprendre.
Mouais. T'as l'air d'avoir tout cagibi dans le cul rien qu'au son de ta voix. Dean ferme les yeux deux secondes, piqué au vif par la distance et la froideur du Doc. Il verse quelques louches de pâte dans la poêle déjà chaude et garde le regard fixé dessus de longues secondes, oubliant presque de retourner les pancakes. Tu croyais quoi en même temps, qu'il allait te jurer un amour éternel juste parce que tu t'es collé à lui comme une moule à son rocher pendant une nuit ?
Il soupire.
Castiel fait chauffer la bouilloire à côté de lui.
- Je pense que si votre sommeil était satisfaisant cette nuit, nous pourrions retrouver nos places ce soir.
Aïe.
Ces quelques mots lui font physiquement mal, son cœur souffre comme si on venait de le poignarder.
- Je - Oui bien sûr.
NON !
Il verse les premiers pancakes dans une assiette, et recommence avec les suivants.
La bouilloire siffle, Castiel s'éloigne avec, la verse dans la théière.
- Vous voulez du café ?
Non, je te veux toi, mais tu t'en fout.
- Non, ça ira.
C'est polaire. Et ils font semblant l'un comme l'autre que ce n'est pas le cas. Ils mangent en silence et s'enfuient chacun de leur côté, loin.
Dean prend une douche longue, très longue. Quand il en sort, pas de psychiatre en vue. Alors il se cache dans le garage et range le foutoir qui s'y entasse, résultat de décennies de "on sait jamais ça peut servir" et de cadeaux manquant cruellement d'imagination. Il fait une pause après quelques heures, midi approche. Il sort son téléphone et envoie un message à Charlie.
J'ai merdé comme il faut je crois.
.
Qu'est ce qui s'est passé ?
.
J'ai dormi dans le lit de Cas. Avec Cas. Je l'ai rejoint dans la nuit pendant ma crise de somnambulisme.
.
Et ?
.
Et il me fuit depuis.
Il a les yeux qui piquent. C'est la poussière. C'est crade là dedans.
Je suis désolée mon grand. Vous en avez discuté ?
.
Nan. Il la joue Reine des Neiges, il me parle à peine et il m'a dit que ce soir il retournait dans sa chambre.
Elle lui envoie des émoticônes de câlin et quelques cœurs.
Qu'est ce que tu ferais à ma place ?
.
J'essaierais de lui tirer les vers du nez avant qu'il réfléchisse trop. Peut être que c'est juste un malentendu ?
Tu parles.
J'en ai pas l'impression. Je crois que je suis vraiment pas son type finalement.
.
Merde.
.
Ouais, comme tu dis.
.
On se fera une soirée au bar tous les deux quand tu rentreras, et on fera plein de paris idiots.
Il sourit parce que s'il ne le fait pas, il va juste s'effondrer et pleurer comme un gamin.
Ça me plait comme plan. Merci Charlie.
.
De rien pétasse, je t'aime.
Il renifle et range son téléphone dans sa poche.
Il reprend son rangement, morne.
- Dean ? Vous voulez manger ?
Il ne se retourne pas au son de la voix grave de Castiel. Reste juste immobile un instant, la clé à molette qu'il compte ranger à la main. Il la serre à s'en casser les doigts.
- Non.
Sa voix est trop rauque, un rien éraillée, on entend la boule qui lui bloque la gorge. Novak n'insiste pas, et il l'entend s'éloigner, repartir d'où il est venu.
Putain de merde.
Il balance la clé à molette contre le mur dans un fracas métallique. Le Doc a forcément entendu le bruit. Rien à foutre.
Il ne range plus, il éjecte, rejette sa frustration, passe ses nerfs sur le bordel de Bobby. Il devrait plutôt se souvenir que quand il laisse la violence s'exprimer, ça ne donne rien de bon. Le panneau de bois où sont pendus tout un assortiment d'outils finit par se dire qu'il est temps que les conneries s'arrêtent, et lui bascule dessus dans un éclat tonitruant.
Dean en voit trente-six chandelles, à deux doigts de tomber dans les pommes. Il titube, la main pressée sur son crâne douloureux, s'appuie sur le pickup en grognant, vaguement conscient de bruits de pas qui s'approchent précipitamment.
- Dean ?
Des mains chaudes sur ses épaules. Une voix grave, inquiète et pressante.
- Dean enlevez votre main.
Il obéit, les yeux fermés de douleur et de vertige. Il sent des doigts qui passent doucement sur son front, son arcade déjà en miettes. Il ne peut pas empêcher un gémissement de douleur naître au plus profond de sa gorge et s'en échapper en raclant tout sur son passage. Ce n'est pas seulement sa tête qui souffre, c'est son cœur qui pleure, parce qu'il est presque heureux de morfler si c'est pour que Castiel le touche.
- Il faut nettoyer ça, vous pouvez marcher ?
Il ouvre lentement les yeux, attend deux secondes que la terre arrête de tourner aussi vite, fait un pas, s'éloigne de la voiture et tangue un peu. Castiel se précipite à ses côtés et pose une main sur son dos pour le soutenir.
- Allez-y doucement.
Ils entrent dans la maison par la cuisine, et le Doc le dirige vers l'évier. Il ouvre le robinet, se lave rapidement les mains et l'aide à se pencher le visage sous l'eau. Il rince abondamment, savonne avec délicatesse. Dean en oublie presque la douleur cuisante qui lui vrille le crâne.
- Deux strips ont été arrachés, est ce qu'il vous en ont donné d'autres ?
Dean regarde l'eau sale teintée de rouge tourbillonner dans l'évacuation de l'évier, puis se redresse doucement, grimaçant.
- Oui, la boite est dans mon sac.
- Vous avez des vertiges ? Nous devrions aller à l'hôpital si -
- Non, non j'ai pas… Ça ne tourne plus, je suis juste encore un peu sonné.
Castiel hoche la tête, et l'accompagne dans sa chambre. Dean ramasse son sac, le pose sur le lit et fouille un moment dans le bazar de ses fringues - qu'il n'a même pas songé à ranger dans l'armoire - avant de se souvenir qu'il a mis les strips dans la poche sur le côté.
Novak prend la chaise et la pose devant le lit avant de s'y installer.
Asseyez-vous sur le lit, ce sera plus simple.
Simple ? Pour lui peut-être. Mais voir Castiel à quelques centimètres de son visage, le regard concentré pendant qu'il referme ses plaies, c'est tout sauf simple pour lui. Mon océan personnel.
Fais-le.
Les doigts chauds contre sa tempe.
Allez, juste un mouvement, et c'est fait.
Le souffle de Castiel qui se mêle au sien.
Il tremble.
Le psy se recule légèrement, inquiet de le sentir vibrer.
- Dean, est ce que -
Dean attrape brutalement Castiel par la nuque et presse rudement ses lèvres contre les siennes. Le psy se relève vivement, fait basculer la chaise qui tombe sur le sol. Dean suit le mouvement, refuse de le lâcher. Remonte sa deuxième main qui rejoint l'autre et se croisent juste sous les cheveux de Castiel. Quelques doigts se perdent dans les mèches noires. Il grogne, entre soulagement et plaisir. Au début, ce sont juste deux paires de lèvres collées ensemble, mais bientôt sa langue quémande l'entrée de la bouche de l'autre, ses dents mordillent quand il rencontre une résistance. Castiel finit par abdiquer, il rend les armes. Il pose ses mains sur la taille de Dean, le rapproche de lui, répond enfin au baiser et laisse un long soupir s'échapper par le nez. C'est un peu bourrin au début, le temps de se découvrir, de trouver le rythme, de comprendre comment l'autre fonctionne. C'est une symphonie de bruits mouillés, de gémissements et de grognements. Les mains commencent à se promener, à caresser, à palper, se glissent sous les t-shirt, un peu sagement. C'est la peau brûlante sous les doigts, les frissons qui secouent jusqu'aux os. L'érection de Dean qui se presse contre la cuisse de Castiel.
Novak grogne et recule légèrement la tête. Le saphir qui plonge dans l'émeraude. Les iris presque dévorés par les pupilles élargies par le désir. Lentement, sans brusquerie, il pose la main sur la bosse qui déforme le pantalon de Dean. Il lui laisse le temps de dire non, de fuir, de se rendre compte que c'est une erreur. Dean gémit, et pose le front contre son épaule, ignore la douleur qui le lance au contact. Rapproche son bassin et se presse le plus possible contre cette main chaude. Il grogne, presque à hurler "NON !" quand la pression s'envole, pour finalement sentir que Castiel déboutonne son jean.
Oui oui oui oui !
Il sursaute quand il sent ses doigts s'enrouler autour de son membre et crie presque. Quand un mouvement languissant de va et vient commence, il se mord violemment les lèvres, avant de tourner le visage et de l'enfouir dans le cou de Castiel. Il gémit à chaque expiration, d'une voix brisée et rauque, juste à l'oreille du Doc. Il saisit le lobe entre ses lèvres, le suçote et le mordille. Descend sur la mâchoire, embrasse et mord un peu quand la vague de plaisir qui brûle entre ses reins est trop forte. Castiel siffle et gronde sous la légère douleur qui l'électrise et lui fait accélérer le mouvement. Dean commence à avoir des réflexes de bassin involontaires, ondule, se contracte et s'appuie de tout son poids contre lui, murmure son nom encore et encore. Ses doigts s'enfoncent dans sa peau, il essaie de fusionner avec le corps de l'autre. Il sent la deuxième main de Castiel se poser sur sa nuque et le serrer contre lui. C'est tellement tendre et doux, c'est trop gentil et beau. Il finit par jouir dans un râle et tangue dangereusement, avant que Castiel l'entoure de ses deux bras pour le soutenir. Il s'écroule contre lui, essaie tant bien que mal de reprendre son souffle pendant qu'il sent la main qui le caresse tendrement le dos. Ils restent de longues secondes silencieux, avant que Castiel ne brise le moment.
- Venez.
NON ! Putain non ! Ne me sers pas du "vous" ! Pas après ça ! Son cœur se brise, il l'entend presque, comme un verre qui tombe au sol et éclate.
Il tremble comme une feuille et se laisse entraîner vers le lit où Castiel le fait asseoir avant de commencer à s'éloigner.
- Reste.
Il se sent pitoyable, il a presque levé la main pour l'arrêter.
Castiel se retourne, et croise son regard. Il a honte, c'est écrit sur son visage en gros caractères. Il a peur, il est terrorisé. Il est effondré, le bleu est brisé, ses paupières légèrement tombantes le recouvrent à moitié. Il détourne les yeux, juste un peu.
- Je reviens, je - je dois juste me laver les mains.
Oh. Hum.
Il reste seul à peine quelques minutes, mais il se sent glacé sans Castiel, frigorifié. Il tremble et frissonne, il se sent abandonné. Putain Dean reprends-toi. Quand il revient, il a changé de pantalon et de t-shirt. Ils se regardent de longues secondes en silence.
Gênant.
- Est ce que… Vous n'avez pas trop mal à la tête ? Vous voulez peut-être un anti-douleur ?
Dean détourne le regard.
Il entend Castiel s'approcher.
- Dean, écoutez…
Dean saisit son bras et le tire vers lui, le fait presque tomber sur le lit.
- Je veux juste dormir un peu.
Castiel hésite un long moment avant d'acquiescer et de monter sur le matelas. Il s'allonge sur le dos, et laisse Dean se coller à lui, la tête sur son torse. Il écarte un bras et le serre contre lui, caressant doucement ses cheveux. Dean s'endort presque aussitôt, dans cette bulle de bonheur factice.
Castiel reste les yeux grands ouverts, le regard fixé au plafond. Entre panique totale et culpabilité d'apprécier ce moment. Il le laisse dormir une bonne partie de l'après-midi, mais quand le soleil commence à se coucher, il se résout à le réveiller.
- Dean ?
Un grognement d'ours des cavernes lui répond.
- Dean il faut que vous mangiez quelque chose.
- Nan, chui bien là.
Castiel lève les yeux au ciel. Il se redresse malgré le grondement de protestation qui vibre contre lui, et sort du lit.
- Je vais faire réchauffer quelque chose, restez allongé.
Dean soupire. Son mal de tête revient en force, mais il s'en fout. Pour l'instant, il rembobine ses souvenirs encore et encore. Les lèvres de Castiel. Les doigts de Castiel. Le corps de Castiel. Il a envie de se pincer pour être sûr que ce n'est pas qu'un rêve. Il entend le tintement des assiettes qu'on pose sur la table dans la cuisine, et se décide à se bouger.
Castiel lui tourne le dos, occupé à sortir la tourte à la viande qu'il a fait réchauffer dans le four. Dean s'assoit et tapote nerveusement du doigt sur la table. Bon.
- Cas… Tu regrettes ?
Il entend le plat être posé un peu brutalement sur le comptoir.
- Je n'avais aucun droit de faire ça, Dean.
- Qu'est ce que tu racontes ? Je t'ai sauté dessus, pas l'inverse.
Il entend un rire triste, exclamation grinçante, brève et désabusée. Il est loin l'aboiement classe d'autrefois. Le son du couteau qui découpe la tourte est un peu trop vif.
- Ça ne change rien.
- Tu en avais envie, non ?
Un bruit métallique, Castiel a lâché le couteau et cache son visage entre ses mains. Il soupire, et s'approche de Dean, s'assoit à côté de lui.
- La déontologie m'interdit formellement ce qui s'est passé tout à l'heure. Je pourrais être radié, perdre mon contrat avec l'État. C'est illégal d'entretenir une relation… Charnelle avec un patient. Je pourrais être poursuivi par la justice.
Dean hoche la tête, triture vaguement sa fourchette.
- Et si tu mets la déontologie de côté ?
Castiel soupire longuement.
- Je ne peux pas.
- Cas-
- Dean, je ne peux pas faire ça.
- Personne n'a à le savoir et-
- Moi, je le saurais.
Dean a envie de pleurer, de hurler, de tout casser. Mais tout ce qu'il fait, c'est rester immobile, la bouche sèche.
- Et si… Je n'étais plus ton patient ?
- Il n'y a pas cinquante psychiatres assermentés à Minneapolis, le choix est très restreint. Je ne veux pas vous laisser sans soin, je ne peux pas risquer votre santé pour… Mes inclinations.
Son cœur saute dans sa poitrine. Ce n'est pas un non ferme et définitif. C'est un non arraché par la force.
- Et quand ma thérapie sera terminée ?
Castiel avale sa salive difficilement.
- Nous verrons à ce moment-là.
Dean lève les yeux et croise le regard saphir. L'océan est déchaîné là dedans, comme des vagues qui se brisent. La souffrance est visible sur le visage de Castiel. Il a au moins aussi mal que lui. Arrête Dean. Arrête de le torturer.
- D'accord.
Castiel respire un peu fort, soulagé.
- D'accord Cas. On fera comme vous voulez.
Le retour du "vous", un rien de distance retrouvée.
Ils mangent en silence.
- Vous voulez qu'on se fasse Le retour du Roi, Doc ?
Ils restent sagement à un mètre l'un de l'autre dans le canapé pendant toute la durée du film. Même s'ils crèvent d'envie de se rapprocher. Ils n'ont presque rien suivi du film. Mais au moment d'aller dormir, quand Castiel se dirige vers sa chambre, une main attrape doucement son t-shirt et l'arrête.
- Venez dormir avec moi.
- Dean-
- Je vais vous rejoindre à un moment ou à un autre de toute façon. Les portes ne ferment pas à clé.
Il insiste encore malgré le regard hanté du psy.
- Juste une dernière fois.
Menteur. Sale égoïste.
Castiel finit par hocher la tête, et suit Dean dans sa chambre.
Allongés dans le noir, enlacés en silence, ils font comme si la main qui se glisse sous le t-shirt n'était rien. Comme si les lèvres qui se frôlent n'étaient pas interdites.
Ce qui se passe à Sioux Falls, restera à Sioux Falls.
