ET OUI ELLE EST VIVANTE
Après deux ans de reprise d'études, de changement de vie, de boulot et tout ce qui va avec, j'ai ENFIN eu le temps de vous écrire ceci !
En toute franchise, j'en avais un bon bout d'écrit, mais qui ne m'a finalement absolument pas convenu ! Donc j'ai tout repris, pour peu que j'avais le temps, faut être honnête... mais me revoilà !
Je vous présente donc la suite des aventures de Noa ! Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse apprécier :) :
(Si je puis me permettre une suggestion, ce chapitre s'accompagne à merveille de "Just Pretend" de Bad Omens, "I Wanna be yours" de Arctic Monkeys et "Scary love" de The Neighbourhood)
Disclaimer : Tout est à Oda-san, sauf Noa
Rating : T qui tend vers le M
Noa avait la tête posée sur les genoux de Viola. Sa tante jouait avec ses boucles brunes et faisait passer de temps en temps ses doigts sur ses joues, comme une caresse. C'était très agréable et Noa commençait enfin à sentir la pression de ces dernières semaines redescendre enfin. Elle ne saurait expliquer l'origine de ce sentiment mais se sentir ainsi, blottie contre Viola, elle était comme coupée du monde, en sécurité. Apaisée et dans une bulle. Comme si rien ne pouvait lui arriver. Pourtant, il n'y avait qu'avec son père qu'elle arrivait à éprouver une telle sensation.
Malgré ce petit instant de répit, rien ne pouvait changer ce que son oncle lui avait annoncé quelques heures auparavant. Revoir la photo de son père brûler sur le sol, annonçant ce qui se passerait si elle n'obéissait pas, le sourire de fou furieux de Doflamingo, la silhouette effrayante de Crocodile, à qui elle n'allait pas tarder de devoir lui donner une descendance contre son gré…
Noa fut prise d'un spasme si violent que des larmes roulèrent sur ses joues.
- Shhhhh, chuchota Viola. Tu te détendais enfin… Je suis tellement désolée pour toi, si tu savais. J'aimerais trouver le moyen pour que tu t'échappes de cet enfer. Que tu n'aies pas à vivre ce que j'ai subi. La violence morale, le viol… ce sont des éléments qui font partie de la cruauté de ces hommes. Je ferai ce qu'il faut pour qu'il ne t'arrive rien tant que tu es ici. Mon pouvoir a une limite mais ça peut fonctionner, ajouta -t-elle en essuyant les larmes de Noa. Veux-tu qu'on parle d'autre chose ? D'ici, personne ne nous écoutera.
Noa hocha la tête. Discuter de manière plus légère n'était clairement pas de refus. Depuis son arrivée dans la famille, elle n'avait pas eu l'occasion de parler beaucoup de choses et d'autres.
- Je me demandais si tu avais pris des nouvelles du groupe que tu gérais ? Les trois frères avec celui que j'ai photographié ?,demanda Viola.
Le cœur de Noa se serra violemment en loupant un battement. La douleur dans sa poitrine se diffusa jusqu'à son ventre mais elle n'en laissa rien paraitre.
- Non… Je n'ai pris de nouvelles de personne, répondit Noa d'une voix blanche. Je n'ai pas osé. Ni réussi. Et Doflamingo m'a pris mon téléphone. Le nouveau qu'il m'a donné est sans doute sous surveillance. Je me suis dit que si j'avais le malheur de regarder, ne serait-ce que sur internet, il le saurait tout de suite. Et je n'arrive plus à me souvenir du numéro de téléphone de mon père et mon frère.
- Ah oui, je comprends. On va faire quelque chose alors.
Sur ces paroles, Viola sortit son téléphone de sa poche. Elle sembla fouiller un peu et tendit son portable à Noa qui se redressa. Elle avait recherché les dernières nouvelles du groupe.
- Ne t'en fais pas, si on me fait une remarque, je dirais que le chanteur a beaucoup plu à la marque pour laquelle étaient ses photos et qu'ils voulaient voir où il en était.
Noa acquiesça sans trop savoir ce qu'elle approuvait. Les risques que prenait Viola pour elle étaient énormes mais la curiosité était trop forte.
Elle fit défiler les dernières informations devant ses yeux. Apparemment, leur album avait enfin pu sortir. Quand elle est partie, ils ne leur restaient que deux chansons à enregistrer et ils ne s'étaient toujours pas se décidés pour savoir lesquelles paraitraient. Elle écarquilla les yeux devant la liste des chansons. Ils avaient enregistré en studio la chanson qu'ils avaient jouée lors de l'interview avec Boa Hancock. Celle qui l'avait achevé de prendre sa décision et de s'enfuir. La chanson de Luffy, celle qu'il avait écrite pour elle, apparaissait sous forme de bonus. La dernière, elle ne la connaissait pas. Le titre était pourtant plus qu'évocateur, et elle était sûrement écrite par Luffy. « Be my queen ». Rien que ces trois mots et elle était persuadée qu'il en avait fait exprès.
- Tu peux l'écouter si tu veux. A bas volume et contre ton oreille, personne n'entendra si quelqu'un passe par ici, lui dit Viola.
Noa ne se fit pas prier. Elle se rua sur le lien de l'album et écouta cette dernière chanson. Les premières notes passèrent et en entendant la voix du chanteur, Noa hoqueta sous la surprise. C'était la voix de Luffy. Elle se sentit rougir pendant le passage du refrain : « Be my queen, I'll be your king ; We'll be rulers, I'll give you everything ; I'll be your king, you'll be my queen ; Unbelievers get down on your knees ; We can rule the world ; So be my girl ». Ça collait tellement avec la réaction qu'il avait eue avant qu'elle ne parte… D'un côté, elle était partie depuis deux mois. Elle n'était peut-être pas le centre de cette chanson-là. Mais elle espérait. Elle espérait tellement que cette chanson lui était destinée. Ça voulait dire que les garçons avaient gardé une petite place pour elle dans leur cœur.
Elle aurait donné tout ce qu'elle possédait pour les écouter jouer encore une fois en vrai. D'entendre la voix d'Ace, l'énergie que communiquait Luffy, les paroles de Sabo. Leur chaleur et leur positivité. Ils lui manquaient énormément. Elle regrettait par-dessus tout d'être partie, de ne pas avoir fait face et de ne pas avoir assumé ses choix. Elle y avait longtemps réfléchi, seule dans son lit ces dernières semaines. Pour qui s'était-elle prise ? Il y avait peu de chances pour qu'elle brise un lien fraternel aussi fort que ce qui les unissaient. Sabo et Luffy avaient juste besoin de savoir pour être sûrs de là où ils en étaient avec elle, savoir simplement qui pourrait avancer à ses côtés. Elle s'était monté la tête toute seule et pour rien. Kaya et Penguin avaient raison depuis le début en plus de ça : son choix, sa préférence, c'est lui qu'elle avait en tête depuis le premier jour. Le seul sur les trois qui lui apportait plus que du simple désir et de l'envie. Mais du réconfort, de l'importance dans son cœur, une quiétude et celui avec qui elle se sentait le plus elle-même quand elle était dans ses bras. Elle se sentait tellement bête de ne se rendre compte de tout ça que maintenant et de ne plus avoir aucun moyen pour lui dire. Ou au moins lui dire qu'elle était sincèrement désolée pour tout ce qu'il s'était passé.
Elle s'arrêta sur une photo du groupe. Elle devait dater du dernier concert que Noa avait fait avec eux. Son doigt effleura l'écran sur celui qui occupait toutes ses pensées.
- C'est lui que tu aimes, n'est-ce pas ?, déclara Viola, faisant sursauter Noa. Ça se voit dans tes yeux. Je dois dire, qu'au moins physiquement, le choix n'est pas mal du tout. Je pourrais presque dire qu'on a des goûts similaires. Et je vois bien comment est ce garçon. Dès que le groupe fait un pas dehors, tout le monde le sait maintenant.
- Tu ne parles pas que goûts physiques, je me trompe ?,s'intéressa Noa en lui rendant son téléphone.
- Non, mais je ne sais pas si j'ai le droit de te raconter cette histoire, ria Viola.
Noa, pour montrer son intérêt certain pour le sujet, croisa ses jambes et posa ses coudes sur ses cuisses, la tête entre les mains et les yeux ronds comme des soucoupes. C'était pile le genre de sujet qui lui ferait un peu oublier la misère qu'elle retrouverait quelques minutes plus tard.
- D'accord, j'ai compris. Si tu veux tout savoir, c'était il y a longtemps maintenant, mais moi aussi j'ai rencontré un homme qui m'a convenu en tout point. Il avait tout ce que je voulais et il m'a même proposé de me le donner. Il était doux, prévenant, juste, d'une bonté sans nom et bien sûr, il était pour moi aussi beau que toi tu peux le penser pour ton musicien. Quand il est apparu dans ma vie, on venait de me vendre à Doflamingo. Au début, je le haïssais. Il était libre de faire ce qu'il voulait, c'était une tête de mule et on ne s'accordait pas. Jusqu'au jour où il m'a proposé de me libérer de tout. Après ça, on n'a fait que de se voir en cachette mais ton oncle nous a découvert et il l'a mis à la porte. Lui, comme moi, avons subi une punition sans nom de la part de Doflamingo. Un châtiment cruel que je paye encore aujourd'hui.
- Et cet homme ? Tu ne veux pas me dire qui c'est ? Tu veux pas le revoir ?
- Cet homme, comme tu dis, est le seul homme que j'ai jamais aimé et que j'aimerai toute ma vie. Et sur son identité, c'est mon secret, personne ne doit savoir, confia Viola. Je n'ai eu que de ses nouvelles récemment et, quand on sait qui est mon mari, c'est mieux que ç'en reste là. Oh, ma chérie, ne sois pas triste pour moi. Tout va bien, tu sais ? J'ai eu la chance de le rencontrer et c'est tout. Tu m'y fais penser, parfois, en plus. Dans ta manière de te sacrifier pour les autres, dans ta détermination, ton envie de faire le bien autour de toi et d'en dire le moins quand ça ne va pas. Mais n'en parlons plus, s'il-te-plait. Si Il sait que je te l'ai dit, je ne sais pas qui sera la plus châtiée de nous deux.
Sur ces mots, Viola se leva et força Noa à en faire de même.
- Est-ce que je peux savoir ce que vous foutez chez moi ?,lâcha Rossinante devant la scène qui se déroulait devant ses yeux.
Le blond venait juste de passer le pas de la porte et s'arrêta dans son élan. Quatre squatteurs, dont son fils, s'étaient avachis dans son canapé et étaient allés jusqu'à se servir dans le frigo, à en juger par les bières devant trois d'entre eux. Malgré l'intrusion, Rossinante n'était surpris qu'à moitié. Il savait que, parmi toutes les personnes qui s'inquiétaient le plus pour Noa, les trois frères figuraient en tête de liste. Il était donc plus qu'évident qu'ils attendaient désespérément d'avoir des nouvelles, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Et de ce que son lieutenant lui avait rapporté quelques heures auparavant, ça n'annonçait rien de bon.
Rossinante soupira et balança sa gabardine sur le portemanteau qui vacilla jusqu'à la télévision, rattrapée de justesse par Law, plus qu'habitué par sa maladresse.
Il s'assit à la place que son fils venait de laisser et s'alluma une cigarette. Il prit la bière qui se présentait devant lui (de toute façon, c'était celle qu'il avait prévu de se boire après le boulot) et la finit d'une traite, suivi d'un « tssss » énervé en fond.
- Dis, Cora. T'as fini ton cirque, c'est bon ? Tu comptes nous dire si t'as appris des choses sur Noa aujourd'hui ou non ?,aboya Law.
- Quand on s'invite chez quelqu'un, je pense que le minimum c'est de fermer sa gueule en attendant que la personne soit disponible et de lui dire comment t'es rentré chez elle, claqua le blond en toute réponse.
- Avec Noa, on a les clés de chez toi au moins depuis qu'elle a pris son appart'. Et heureusement, t'oublies de nous donner les tiennes quand tu pars plus de deux jours ! La dernière fois, t'avais oublié de fermer l'eau du robinet, ça gouttait chez les voisins ! Et la fois d'avant, c'était le gaz !
- Oh et toi et ta sœur, me prévenir, ça vous ferait peut-être …
- On s'en moque de ça ! Qu'est-ce vous savez pour Noa, à la fin ?, coupa le petit brun qui se trouvait dans le fond de la pièce.
- On sait où elle est, claqua Rossinante, agacé par le ton de Luffy. Par le plus grand des hasards, la recrue que j'ai envoyée en mission d'infiltration est tombée sur Noa. Cependant, et c'est là la mauvaise nouvelle, c'est que sa mission est dangereuse. Pour y avoir été moi-même il y a longtemps, je l'ai précipité dans la fosse aux lions.
- Donc Noa est en danger ?, s'inquiéta Sabo.
- Oui. Clairement, oui. La seule chose qui a pu la sauver jusqu'ici, c'est la présence de sa mère dans les parages.
- Sa mère ?, s'écrièrent les garçons en chœur. Elle nous a toujours dit qu'elle ne voulait pas en parler parce que sa mère n'avait jamais souhaité s'en occuper !, ajouta Ace.
- Ce n'est pas tout à fait vrai, soupira Rossinante. Le plus simple, c'est que je vous raconte ce qu'il s'est passé il y a vingt ans. Noa n'a jamais rien su de cette histoire, un maximum de discrétion serait le bienvenu.
Le blond posa un regard grave sur chacune des personnes présentes dans la pièce. Il fallait absolument que le message passe. Pour la sécurité de sa fille.
Visiblement, il avait toute l'attention de son auditoire. Les garçons avaient la mine grave et étaient prêts à écouter son récit.
- Pour faire court, continua Rossinante, l'endroit où est Noa sert de base et de domicile à mon frère, et sa famille d'adoption si on peut dire ça comme ça. Mon frère, Doflamingo Don Quichotte, fait partie de la pègre depuis plus de vingt ans maintenant et, aujourd'hui, il en est même le premier parrain. Quand j'ai commencé dans la police, j'ai été envoyé en mission pour m'infiltrer dans ce repère et collecter le maximum d'informations pour les services généraux. Sauf que pendant mon séjour, qui a duré presqu'un an, j'ai rencontré la femme de Doflamingo, Viola. La relation qu'on a eue est restée secrète quelques mois jusqu'à ce que mon frère l'apprenne et me chasse de chez lui en me promettant de me tuer si je revenais fouiner dans ses affaires. Viola n'a jamais pu s'enfuir et a été plus punie que moi encore. Elle était enceinte et mon frère l'a forcée à garder le bébé et à le tuer de ses mains dès qu'il serait né. Elle a réussi à s'échapper le temps de me ramener le landau. On ne s'est jamais revus.
- Attendez, vous parlez de Viola, comme Viola la photographe qui s'est occupée de moi aux séances photos ?, s'écria Ace. Elle avait l'air tellement perturbée la première fois qu'elle nous a rencontrés avec Noa. Je comprends mieux pourquoi !
- Et ce Doflamingo, il est pas juste content de voir qu'il a un autre membre dans sa famille ?, questionna Luffy.
- Mais non, imbécile !, rétorqua Law. T'as pas écouté ? Il la croyait morte et enterrée dès sa naissance. Il doit avoir envie de la tuer à tout moment, au contraire. Ou de justement s'en servir contre ceux qui l'ont trahi.
- J'aurais plutôt tendance à penser ça aussi, surtout quand on connait Doffy, ajouta Rossinante. Il n'est pas juste membre de la pègre, il est sûrement la personne la plus cruelle que je connaisse. Il n'a rien d'humain. Et en plus de ça, on sait qu'il fait du trafic d'armes et d'esclaves. Sous couverture de la plus grande agence de mannequinat du pays. Le tout mené et géré d'une main de maitre.
- Comment ça d'esclaves ? C'est illégal ici pourtant, souligna Sabo.
- Ce sont les mannequins et membres de son agence qui ne rapportent pas assez. Pour être sûr qu'ils soient rentables d'une manière ou d'une autre, il les vend aux enchères dans des séances privées avec les autres pays.
- Et avec tout ça, vous n'avez toujours pas pu le mettre derrière les barreaux ? Il y a de quoi en prendre à perpétuité !,dit Ace.
- Pour la simple et bonne raison qu'il faut des preuves ! Des photos, des enregistrements, des comptes frauduleux, n'importe quoi ferait l'affaire ! On a déjà pu réunir des documents pourtant mais ils ont toujours réussi à disparaitre. Comme par magie ! Une taupe s'est infiltrée chez nous, c'est certain, mais impossible de trouver qui ça peut être.
Un bruit de meuble qu'on balance au loin surprit Rossinante. Luffy avait les poings et la mâchoire serrés et venait de passer ses nerfs sur une chaise. Ses yeux lançaient des éclairs dans sa direction.
- Donc là, vous savez l'enfer dans lequel est Noa et vous la laissez tomber ?
- C'est plus compliqué que ça, on ne peut pas…
- On s'en fiche de la loi ! Elle est là-bas ! On sait où elle est et faut la tirer de là !
- On a des équipes et un plan prêt depuis longtemps. Le risque de se faire tuer, nous ou elle, est trop grand pour foncer dans le tas, il faut attendre que …
- Attendre quoi ? Qu'il la tue et qu'il continue tranquillement ce qu'il a à faire ? Ce que je vois c'est que vous avez pas le courage d'y aller et que vous préférez la laisser pourrir dans un endroit pareil !, coupa Luffy en se dirigeant vers l'entrée d'un pas décidé.
Rossinante commençait à en avoir ras-le-bol. C'était pas un morveux dans son genre qui allait lui manquer de respect et il en avait maté des plus coriaces. Il se leva d'un coup et chopa Luffy par le col avant que le brun n'ait eu le temps de s'en rendre compte. Il le plaqua contre le mur et vu l'agacement qui l'animait, il n'eut aucun mal à faire en sorte que ses pieds ne touchent pas le sol.
- Ecoute-moi bien, il est hors de question que je te laisse mettre la vie de ma fille en danger parce que t'as des coups de sang et des envies d'héroïsme. S'ils lui font du mal ou qu'ils la butent parce que t'as décidé de jouer au plus malin, je t'en tiendrais pour responsable, peu importe l'affection que peut te porter Noa, ajouta le commissaire en resserrant sa prise sur son cou. Je sais parfaitement ce qu'il s'est passé entre vous trois et ma fille, surtout toi, mais tu n'as le droit ni d'en faire qu'à ta tête ni de risquer la vie de personne ici ! Alors maintenant, tu vas faire ce qu'on te dit et suivre le plan à la lettre !
- J'en ai rien à faire de votre plan à la noix ! Je vais pas la laisser là-bas alors qu'elle n'attend que ça que quelqu'un vienne la chercher ! Faites ce que vous voulez, planquez-vous derrière votre plan si ça vous chante mais moi, j'y vais !,éclata Luffy.
Luffy donna un coup dans le coude de Rossinante qui fut forcé de le lâcher. Le brun lui passa sous le nez avant de s'enfuir précipitamment par la porte.
- Reviens ici, espèce de petit… !, hurla Rossinante.
Mais trop tard. On pouvait déjà entendre la porte de l'immeuble claquer.
Le blond s'assit en tailleur au milieu de l'entrée et s'alluma une cigarette. Si le gamin retrouve Noa avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, tout ce qu'il avait mis en place pendant ces dernières années était foutu, se dit Rossinante en se pinçant l'arête du nez.
Dans un premier temps, moins Noa en savait, mieux c'était. Le fait qu'elle soit entre les griffes de Doffy n'annonçait vraiment rien de bon. Qu'elle soit vivante, ça, c'était un soulagement. Mais il connaissait trop son frère. Il imaginait sans peine la surprise qu'il avait dû avoir en voyant qu'elle était toujours en vie, et non tuée par les propres mains de sa mère à sa naissance. Il était clair qu'il prendrait tout son temps pour lui rendre la vie difficile et tourmenter Viola par la même occasion. Quand on voyait quel genre d'homme était Doflamingo, il ne pouvait y avoir que trois possibilités sur la condition de vie de Noa : soit il faisait tout pour qu'elle se pende, soit qu'elle fasse partie de la famille en toute loyauté avec lavage de cerveau en prime, soit les deux l'un après l'autre. Et malheureusement, c'était la troisième possibilité la plus plausible.
Luffy avait raison sur un point : Noa ne devait attendre que ça qu'on sache où elle était et qu'on vienne la chercher. Cependant, le petit brun n'avait absolument pas la réputation d'être discret et disait clairement à voix haute ce qu'il voulait et pensait. A tout bien réfléchir, pourquoi avait-il eu la merveilleuse idée de tout raconter à ces mômes ?! Que Law soit au courant, c'était une chose, mais eux ? L'attention qu'ils portaient à Noa était touchante. Est-ce qu'ils lui rappelaient un peu son lui d'avant quand il n'avait pu sauver Viola ? Possible. En tout cas, malgré tout ce qu'il pouvait dire, Luffy avait l'air d'avoir plus de courage que lui. Rossinante était parfaitement conscient des sentiments de ce garçon pour sa fille. Il pourrait être réellement capable de la sauver.
Quoiqu'en y repensant, il pourrait même utiliser à bon escient les éléments qui se trouvaient sur place.
Rossinante se leva, sous les yeux ébahis des trois garçons encore présents dans la pièce qui n'attendaient visiblement qu'une réaction de sa part. Il leur ordonna, plus qu'il ne demanda, de joindre Luffy afin que celui-ci soit le plus discret et le plus prudent possible.
Le blond se posta ensuite sur son balcon. Après avoir vérifié qu'il était à l'abris des oreilles indiscrètes du haut de son appartement au dernier étage, il composa le numéro. Dix secondes. C'était le temps que devait mettre la personne qu'il souhaitait joindre pour montrer que c'était bien lui. Au bout de ces dix secondes, il entendit un clic significatif.
- Le cœur comme atout majeur, annonça Rossinante.
- Et le trèfle à la prochaine partie, répondit son interlocuteur.
- Tout va bien, lieutenant ? T'es seul ?
- Affirmatif, chef. On m'a attribué une chambre. Libre de tout mouvement, certifia Roronoa.
- Parfait. Changement dans le programme. Rien de bien méchant mais ça peut jouer beaucoup, exposa Rossinante.
- Je vous écoute ?
Noa était retournée dans sa chambre. Elle n'était sortie qu'une heure avec Viola mais ça avait suffi aux domestiques pour tout remettre en ordre. A bien y réfléchir, elle aurait préféré que la pièce reste dans l'état dans lequel elle l'avait mise. Ça donnait de la vie et du mouvement dans cette endroit morose et trop ordonnée à son gout. Même les draps avaient été changés et l'oreiller, qu'elle avait éventré, remplacé.
Elle s'assit sur son lit et soupira. Les émotions commencèrent à refaire surface et Noa sentit ses yeux s'humidifier. Elle inspira et expira longuement pour se calmer. Elle était à un point où elle ne savait même plus quoi dire ou quoi faire pour se soulager un peu de cet enfer. La seule chose qui la tenait était l'espoir qu'au moins son père n'avait pas abandonné l'idée de la chercher. Ou qu'elle trouve un moyen de s'enfuir… Elle secoua la tête. C'était précisément ce que son oncle attendait pour qu'il puisse supprimer tout ceux qu'elle aimait d'un claquement de doigt. Il n'y avait donc pas d'autre solution pour elle que d'attendre un miracle.
Le cœur lourd, Noa s'allongea sur son lit et prit contre elle la seule chose qu'elle chérissait dans cette pièce. Son t-shirt. Elle mit son nez dedans, se concentrant pour retrouver une odeur mais celle-ci s'était estompée depuis un moment. Et à défaut d'avoir le propriétaire, elle eut une idée. Elle prit le combiné de sa chambre et demanda à ce qu'on lui commande et monte son parfum. Elle ne pourrait pas avoir son odeur, mais son parfum, oui.
Le temps que sa demande soit prête, elle cacha le t-shirt sous son oreiller et alla se faire couler un bain. Tout ce qui pouvait la détendre un peu était le bienvenu. Elle essaya de faire comme si elle était dans son appartement. Elle alluma des bougies, qui lui servirent d'unique lumière, mis de l'huile essentielle de lavande et lança sa playlist préférée. Ses musiques étaient la seule chose qu'elle avait pu récupérer.
Noa se déshabilla et plongea dans l'eau chaude qui lui fit un bien fou instantanément. Recroquevillée sur elle-même, elle tenta tant bien que mal de faire le vide dans son esprit et de s'imaginer chez elle. Elle essaya d'abord d'oublier le fait que la baignoire dans laquelle elle se trouvait avait des allures de piscine à côté de la sienne. Ensuite, elle chassa de son esprit l'ombre de Doflamingo et de Crocodile. L'enlèvement de Koby fait sous ses yeux aussi. Puis elle se concentra sur la musique. « I wanna be yours » de Arctic Monkeys. Ses pensées allèrent de suite vers les trois frères. Vers leur chaleur et le bonheur qu'ils lui apportaient. Elles suivirent vers son frère et Kaya, même vers sa tante Viola. Puis elles finirent vers son père. Elle dirigea au maximum son esprit sur eux, sur tous les sentiments positifs qu'elle avait grâce à eux, mais finit par se focaliser sur lui en particulier. Elle se retint autant que possible de culpabiliser pour revivre tous les souvenirs qu'elle avait avec lui. C'était la seule chose qui la maintenait, qui faisait qu'elle ne devenait pas folle. Son point d'encrage en quelque sorte.
Elle resta longtemps comme ça. Elle y resta jusqu'à ce que l'eau perde de sa chaleur.
Noa décida de sortir quand elle piqua du nez pour la deuxième fois. Elle sécha ses cheveux et enfila un vieux sweat bien trop grand pour elle mais qui lui servait de pyjama et retourna sur son lit. La bouteille de parfum avait été déposée sur sa table de chevet sans qu'elle ne s'en rende compte. Noa n'attendit pas plus longtemps et en aspergea sur le précieux vêtement. Juste ce qu'il fallait pour qu'elle ait l'impression qu'il était avec elle. C'était la seule chose qui réussit à la satisfaire. Roulée en boule sous la couette, elle vérifia une dernière fois son planning du lendemain, sachant pertinemment que la journée allait commencer par la présentation du nouveau mannequin qu'elle allait gérer (et qu'elle était censée saluer plus tôt dans la soirée mais ça lui était sorti de la tête).
Le nez dans l'encolure de son doudou par procuration, Noa laissa le sommeil la gagner.
Comme prévu le lendemain matin, elle se trouvait dans le bureau de son oncle. Ça faisait une bonne demi-heure qu'ils attendaient la nouvelle recrue et Noa n'avait aucune envie de parler avec Doflamingo. Elle n'avait fait que répondre par oui ou par non aux quelques banalités qu'il avait lancées. Au bout d'un moment qui lui avait semblé une éternité, la porte s'ouvrît enfin.
- Pardon, c'est une vraie galère de s'y retrouver, ici, je n'ai fait que d'atterrir au mauvais endroit parce que personne n'a su m'indiquer correctement le chemin.
L'homme qui venait d'entrer se gratta l'arrière de la tête et se colla devant le bureau, les bras croisés. Vêtu d'un simple t-shirt blanc et d'un jean noir, il respirait la nonchalance et la désinvolture. Et un peu l'inconscience aussi, parce qu'il fallait en avoir un grain pour faire une entrée pareille devant Doflamingo. Quoique ce dernier point pouvait, au contraire, lui plaire.
- Zoro, enfin. Que je te présente à ma nièce, Noa.
- Ouais, je sais qui c'est. On s'est rencontrés dans les escaliers hier soir avant de venir vous voir, coupa Zoro.
- Très bien, ça ira encore plus vite. Noa, dit Doflamingo en se tournant vers elle, j'espère que ce jeune homme sera autant à ta convenance qu'à la mienne. Je compte sur toi pour qu'il ait un bon début de carrière.
Noa n'avait pas osé relever la remarque de Doflamingo. Tout portait à croire que Zoro serait son dernier mannequin à gérer. Et étrangement, celui-ci se prêtait plutôt bien au jeu. Les séances des deux derniers jours avaient été satisfaisantes, Zoro se laissait faire et répondait comme il fallait à la commande.
Noa ne pouvait nier être surprise, elle n'aurait pas imaginé ça à leur rencontre. Elle aurait même plutôt pensé qu'il aurait eu du mal à obéir. Finalement, il était même facile à cerner. Le vert ne parlait pas beaucoup, ce qui ne dérangeait pas Noa vu qu'elle n'était pas plus bavarde, et ne faisait pas de vague. Il était reposant, dans un sens, et lui rappelait son père. La force tranquille qui ne s'inquiétait de rien. En revanche, il avait la fâcheuse manie de se perdre, peu importe la distance parcourue, si bien que Noa était à deux doigts de l'attacher à une corde pour être sûre de le retrouver où qu'il puisse aller.
En tout cas, la dernière séance photo se finissait tranquillement. La brune s'était assise dans un coin et observait les va-et-vient des équipes photos et mannequins dans la pièce. Elle avait rarement vu autant de monde réuni pour une Maison. Chacun s'affairait, tournait, se préparait. Beaucoup d'employés appartenaient à Doflamingo. Et « appartenaient » était vraiment le mot juste, vu la situation.
Zoro venait d'être enfin remercié et relâché par le photographe en charge de sa séance. Noa s'approcha du vert.
- Tout est bon, du coup ? On peut y aller ?, demanda-t-elle.
« Ouais. » fut tout ce qu'elle obtint comme réponse. Noa se mordilla la lèvre. Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, certes, et n'avaient donc pas grand-chose à se dire, mais le manque d'échanges concrets commençait à lui peser. Elle le regarda reprendre ses affaires et enfiler sa veste.
- Au fait, Zoro, je me suis demandée… Pourquoi tu as voulu devenir mannequin ? Et travailler pour Doflamingo surtout ?
Le vert s'arrêta net. Il se tourna vers elle et haussa un sourcil.
- Pourquoi pas ? Et ton oncle est un des rares à donner sa chance aux nouveaux qui veulent se lancer, alors …, dit Zoro après un instant de réflexion.
- Ah, oui, vu comme ça, on peut comprendre.
- Tu me demandes ça parce que j'ai pas le profil ?
- Hein ? Non, ce n'est pas ça !, paniqua Noa. Enfin, physiquement, tu es vraiment beau et les shooting rendent super bien mais, niveau caractère, ce n'est pas le métier auquel j'aurais pensé…
- Qu'est-ce qu'il a, mon caractère ?, coupa Zoro.
- Et bien, disons que tu n'es pas vraiment dans le paraitre ? Tu ne m'as pas l'air aussi superficiel que les autres.
Le vert hocha simplement la tête et sembla réfléchir. Il s'approcha lentement de Noa, jusqu'à la frôler.
- C'est normal, si tu trouves que je n'ai pas le profil. Juste, fais-moi confiance et laisse-toi faire, lui murmura-t-il.
Avant qu'elle n'eut le temps de répondre, il avait passé une main autour de sa taille et l'embrassait à pleine bouche. Noa laissa échapper une exclamation de surprise. Elle ne comprenait rien à ce qui était en train de se passer. Elle voulut se dégager, quitte à lui en coller une, mais la prise que Zoro avait sur elle était trop forte. Elle devait jouer le jeu ? C'était ce qu'il lui avait demandé ? Mais pourquoi ? Lui faire confiance… en voilà, une idée. Malgré tout, son instinct lui chuchotait de jouer le jeu. Elle consentit à fermer les yeux et à se laisser aller. Au bout d'un moment, le vert la relâcha un peu et fit mine de descendre dans son cou.
- Suis-moi jusque dans ma chambre, je t'expliquerai tout là-bas, lui glissa-t-il dans l'oreille.
Zoro se redressa et lui fit comprendre d'un coup d'œil de regarder autour d'elle. Certains n'avaient rien manqué de leur échange et commençaient à faire des messes basses.
Avant que Noa ne puisse dire quoique ce soit, Zoro l'avait prise par la main et l'entrainait à sa suite.
Elle n'avait pas saisi grand-chose à la situation. Mais il lui avait demandé de lui faire confiance et n'avait pas l'air d'avoir de mauvaises intentions. Même si elle était toujours suspicieuse, elle le suivit sans broncher.
Comme le shooting était à deux pas du bâtiment de la Famille, Noa se retrouva vite à entrer dans la chambre de Zoro. Il ferma à clé de l'intérieur et se tourna vers elle. Noa ouvrit la bouche pour qu'il lui fournisse enfin des explications mais il porta un doigt à ses lèvres pour lui dire de se taire. Il lui indiqua d'ouvrir son sac et prit le portable de la brune. Toujours sans un mot, il alla prendre du ruban adhésif dans un tiroir de son bureau et entoura le téléphone plusieurs fois avec avant de le rendre à Noa.
- Je voulais pas prendre le risque qu'on soit sur écoute. Et désolé pour tout à l'heure, c'était le seul moyen pour qu'on nous laisse tranquille ici sans qu'ils se posent de question.
- Quelle question ? Et comment ça, sur écoute ?, s'impatienta Noa.
- T'as pas remarqué qu'ici, tout le monde couche avec tout le monde ? Au moins, ils penseront que nous aussi. Avec ça, on aura la paix à chaque fois qu'on se verra. Et ton oncle t'a surement mise sur écoute via ton téléphone. Enfin, c'est ce que ton père suppose.
Sous le coup de la surprise, Noa se laissa tomber sur le lit. Elle cligna plusieurs fois des yeux avant de se rendre compte qu'elle avait arrêté de respirer depuis la simple mention de son père.
- Pardon ? Qu'est-ce que… qui es-tu, exactement ?, fit-elle en croisant les bras.
- Je suis pas mannequin. J'ai infiltré la boite pour le compte de ton père. Mon boulot, c'est flic. Je suis lieutenant sous les ordres du commissaire Don Quichotte, si on veut être précis. J'ai un message de sa part pour toi, d'ailleurs. Qu'il est soulagé de te savoir en vie et qu'il fera tout pour te sortir de là mais qu'il y a une mission en cours ici. Et qu'on aurait besoin de ta collaboration.
Le lendemain, Zoro n'avait pas de séance photo de prévue. Néanmoins, Noa avait dû se rendre à l'agence pour le prochain shooting et voir ce que le client voulait exactement. La demande était assez simple et concise, Noa avait été jusqu'à se dire que travailler avec l'équipe photo était plutôt agréable. Le photographe principal lui avait même proposé de la prendre comme mannequin également. Mais elle avait refusé. Elle détestait être prise en photo et était trop gênée pour se laisser faire.
Mais, pendant la durée du rendez-vous, elle n'avait réellement écouté que la moitié de l'échange. Dans l'agence, de la musique passait en fond. Au milieu de la conversation, elle s'était déconnectée instantanément. Elle avait reconnu la voix d'Ace, le jeu de basse de Sabo et le rythme posé par Luffy. Ils avaient passé l'album de ASL. Noa s'était sentie toute chose. Elle avait été submergée par un flot de souvenirs et les larmes lui étaient montées aux yeux. Elle avait dû se rendre aux toilettes pour souffler et calmer les battements de son cœur avant de retourner à son rendez-vous.
En plus de ça, et pour ne rien arranger, le ciel était devenu noir et le temps avait tourné à l'averse.
Noa avait heureusement prévu le coup et sortit son parapluie. Au bout de quelques minutes, ce qu'elle vit au loin la fit s'arrêter brusquement.
La pluie battait à tout rompre et avait assombri la ville. Pourtant Noa avait reconnu sa silhouette. Elle lâcha son parapluie sous la surprise. Elle accéléra le pas jusqu'à courir, pour être sûre qu'elle pouvait croire ce que ses yeux voyaient. Luffy était devant elle, les cheveux trempés et les gouttes ruisselaient sur sa veste en cuir rouge. Son corps lui criait de se jeter dans ses bras, de l'embrasser et de pouvoir de nouveau respirer son odeur. Il lui avait tellement manqué… Le voir lui donnait cette impression qu'elle allait enfin pouvoir être sauvée de cet enfer dans lequel elle était depuis deux mois. Elle sentit le poids sur son cœur disparaître, remplacé par une vague de soulagement, et une larme roula sur sa joue.
Pourtant, malgré l'envie, le regard de Luffy l'arrêta net dans son élan. Il était noir de colère et l'air plus sombre que les nuages au-dessus d'eux. Noa n'osa plus bouger ni parler.
- Pourquoi t'es partie ?, l'apostropha-t-il.
Aucun mot ne put sortir de sa bouche. À le voir ainsi, elle se sentait si misérable et honteuse… Noa croisa les bras, comme pour se protéger, et baissa les yeux au sol. Le confronter était plus difficile que ce qu'elle avait imaginé. Pour ne rien arranger, la pluie s'était intensifiée. Elle était trempée jusqu'aux os.
Noa frissonna de tout son corps et consentit à répondre à Luffy.
- Je suis désolée, tellement désolée… Je voulais rester, je n'ai pas été assez courageuse. Je ne voulais pas que vous vous déchiriez à cause de moi.
- Si tu crois qu'on s'en serait voulu entre nous à cause de toi, c'est que tu nous connais pas encore assez, claqua le brun. On attendait juste de savoir qui allait être avec toi. Sabo a l'air d'avoir pu penser à autre chose depuis mais moi, j'ai pas pu. Ça fait des mois que je te cherche partout.
Noa redressa la tête sous la surprise. Tout ce temps passé à penser à lui, à dormir avec son t-shirt pour se sentir moins seule, à prier pour qu'elle puisse le revoir un jour… Ça aurait pu être aussi simple ? Luffy était son choix, il l'avait toujours été au fond. Le seul homme qu'elle aimait sincèrement, purement, de tout son cœur. Elle avait peur qu'il ne veuille finalement pas d'elle mais, au final, il ne s'était jamais remis de son départ.
- Maintenant que je te tiens, je partirai pas tant que tu m'auras pas dit si…
Luffy n'eut pas le temps de finir sa phrase. Noa avait couru vers lui, s'était jeté à son cou et l'embrassait à pleine bouche.
C'était si bon de le retrouver, de le sentir à nouveau contre elle, d'être apaisée par son parfum et sa présence. Les mains du brun retrouvèrent rapidement leur place sur son corps, comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Noa passa ses mains autour de son cou et fit glisser ses doigts dans ses cheveux. Ils s'interrompirent quelques secondes le temps de reprendre leur souffle mais Luffy reprit vite possession de ses lèvres et força l'entrée avec sa langue, qui se lança dans un ballet effréné avec sa jumelle.
Au bout d'un moment qui sembla bien trop court aux yeux de Noa, le brun se détacha d'elle.
- Donc ça veut dire que c'est moi que tu veux ? Super !, ajouta-t-il en voyant Noa acquiescer. Tu vas pouvoir rentrer avec moi du coup !
- Non, Luffy, je …Crois-moi, je rêve de revenir ! Mais si je m'enfuis avec toi, il nous tuera tous les deux. Ce n'est déjà qu'une question de temps avant qu'il sache que tu m'as retrouvée… Comment tu as fait, d'ailleurs ?
Luffy avait resserré sa prise sur elle et la tenait tellement fort qu'elle pouvait à peine bouger.
- C'est ton père qui nous l'a dit. On a été chez lui avec ton frère et les miens pour savoir s'il avait eu du nouveau pour toi. Et quand il nous a expliqué ce qu'il se passait, je suis parti, j'ai piqué une voiture à mon père et voilà. D'ailleurs, ton père avait l'air d'être super inquiet pour toi, tu sais.
Noa pensa au téléphone que Zoro lui avait donné la veille et qu'elle avait caché dans la doublure de son sac. C'était le seul moyen de communication libre qu'elle avait enfin en sa possession.
- Je sais …
Elle pouvait difficilement répondre autre chose, d'autant plus qu'elle était au courant de la situation. Noa posa son front contre son torse et se laissa bercer par les battements du cœur de Luffy. Elle était enfin bien pour la première fois depuis longtemps.
Le brun se mit à jouer avec ses cheveux. Noa fut surprise de ce geste bien plus tendre qu'il n'y paraissait, surtout quand on connaissait la délicatesse légendaire de Luffy. C'était si agréable qu'elle eut un frisson. Cette douce sensation descendit le long de sa colonne et lui donna chaud, malgré la pluie qui s'insinuait toujours plus à travers ses vêtements. Elle redressa la tête et planta son regard dans celui du brun qui la dorlotait.
- Tu m'as manqué, si tu savais... Assez pour avoir envie de toi, maintenant.
- Tu...
- Luffy, le coupa-t-elle. Dans ta voiture. Tout de suite.
Le batteur lui offrit un sourire plus qu'amusé avant de l'embrasser avec ferveur.
- Tu m'as devancé, j'allais te dire de me suivre, lui glissa-t-il avant de l'entrainer à sa suite.
Le véhicule était dans une rue en cul-de-sac à quelques mètres. Suffisamment au fond pour qu'ils puissent être tranquilles.
Luffy la poussa dans la voiture et entra après elle. Noa avait le dos bloqué contre la porte opposée. Luffy balança sa veste à l'avant et se jeta sur ses lèvres. Ses mains parcoururent les hanches et les cuisses de la brune, la collant encore plus contre lui. Noa n'arrivait toujours pas à réaliser ce qu'il se passait et se sentait comme dans un rêve. Tout son corps la brûlait. Elle en voulait plus, tellement plus. Faire passer ces deux mois de séparation était presque primordial et le brun qui dévorait son cou semblait d'accord avec elle. Elle passa ses mains sous le t-shirt de Luffy, effleurant ses abdominaux, et lui retira. L'envie de ressentir sa peau contre la sienne était si forte qu'elle enleva son corsage elle-même. Le contact l'électrisa si bien qu'elle gémit contre les lèvres du brun qui le prit pour une invitation. Luffy descendit dans son cou, passant lentement sa langue le long de la clavicule de la brune. Il continua jusqu'à la naissance de sa poitrine avant de mordiller le bout de ses seins à travers le tissu. Il gardait néanmoins une main dans le dos de Noa, comme pour s'assurer qu'elle resterait contre lui. Son autre main descendit sur ses hanches et la griffa tout le long de la cuisse. Il passa sous la dentelle de la brune et vint caresser du bout du pouce ses lèvres déjà bien humides.
Noa sentait sa respiration s'accélérer au fur et à mesure que le brun mettait de plus en plus de cœur à l'ouvrage. Ses doigts s'étaient perdus sur sa nuque et dans ses cheveux. C'était tellement bon de le retrouver qu'elle tremblait de tout son corps. L'envie de l'avoir en elle était si fort que son intérieur lui faisait presque mal. Elle planta ses ongles dans sa peau quand elle le sentit insérer son pouce. Le va-et-vient était plus qu'annonciateur pour elle mais Noa le força à arrêter. Elle s'obligea à patienter un peu. Elle avait beaucoup à se faire pardonner et ne pouvait pas rester sans rien faire.
Le souffle saccadé, elle se dégagea du brun et le fit s'assoir sur la banquette. Noa se mit à califourchon sur ses genoux. Sa jupe était presque totalement remontée sur ses hanches, laissant champ libre à Luffy pour lui caresser les cuisses. Elle se décida finalement à retirer elle-même son soutien-gorge. Sa poitrine ainsi exhibée attira rapidement son amant qui se mit à la taquiner de sa langue. Noa croisa ses mains derrière sa nuque, la tête en arrière et prit une seconde pour se concentrer sur ce qu'il se passait autour d'elle. Sur les palpitations de son cœur, sur la buée qui s'épaississait sur les vitres, sur les frissons qui parcouraient son corps à chaque fois qu'elle sentait la peau de Luffy contre la sienne. Sur le danger qu'on les voie de l'extérieur aussi. Ce point l'excitait encore plus que ce qu'elle pensait. La sensation de pouvoir enfin retrouver l'homme qui comblait son cœur et sans culpabiliser était déjà grisante, mais se savoir exposé restait une expérience supplémentaire. Elle avait tellement l'esprit dans du coton qu'elle avait presque le tournis.
Noa se redressa et embrassa Luffy avec ferveur. Elle quémanda de sa langue une valse avec sa jumelle qui le lui rendit bien. Le temps de la danse, elle fit descendre ses mains le long du torse de son amant jusqu'à rencontrer une proéminence qui semblait bien trop à l'étroit. Elle entreprit de déboutonner son jean et fit glisser légèrement le boxer du brun, juste de quoi le libérer. Noa se détacha de Luffy et lui murmura à l'oreille : « laisse-moi faire pour une fois. ». Noa ondula jusqu'à atterrir à genoux entre les jambes du brun. Pour une fois, c'était elle qui tremblait d'excitation et d'appréhension. Après tout, c'était la première fois qu'il était d'accord pour que ce soit elle qui s'occupe de lui. Et elle était prête à y mettre tout son cœur.
Noa acheva de lui retirer ce qui lui restait de vêtements. Elle prit son temps pour lécher, mordiller, caresser l'intérieur des cuisses du brun qui frémissait à chaque fois qu'elle effleurait son membre. Jusqu'à ce que son amant bouge ses hanches contre elle et qu'elle entende un « Noa. » emprunt d'une impatience non dissimulée. Amusée, elle consentit enfin à le prendre entièrement entre ses lèvres. Elle fit de longs mouvements de va-et-vient avec une lenteur toute calculée et accéléra en sentant une main avide dans ses cheveux. Ses propres mains parcoururent ses cuisses puis ses parties avant de rejoindre les mouvements de sa bouche. Sans casser le rythme de ses doigts, elle joua avec son gland du bout de sa langue avant de le reprendre d'un coup. Elle risqua un coup d'œil vers Luffy qui semblait plus qu'hypnotisé par ce qu'elle lui faisait. Son regard trahissait un désir sans limite et la main dans les cheveux de Noa se faisait de plus en plus pressante.
- Noa, je tiens plus…
- Viens, si tu veux.
- Moi, non. Mais toi, oui.
Avant qu'elle ne s'en rende compte, Noa se retrouva le visage contre la vitre.
La brune s'accrocha comme elle put à la portière, à genoux sur le siège arrière. Elle essaya de se retourner mais Luffy lui tenait fermement les hanches.
- Attends, Luffy, c'est…
Il ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase et la pénétra jusqu'à la garde sans aucune douceur. Noa ne put retenir un gémissement. C'était trop bon. L'endroit et la position lui avaient d'abord semblé humiliants mais il fallait admettre qu'au contraire, c'était plutôt excitant. Chaque coup de reins était toujours plus puissant, plus profond. En quelques instants, les deux mois de frustration, à se toucher seule en pensant justement au brun qu'elle avait entre les cuisses, s'évanouirent d'un coup.
La condensation sur les vitres était de plus en plus épaisse. Noa se laissait aller pour la première fois depuis longtemps. Ce qui comptait à ce moment-là était dans cette voiture. Le plaisir qui la faisait trembler de toute part, l'air saturé par le parfum de Luffy et l'odeur piquante et salée de leur transpiration, et l'album des Neighbourhood qui continuait de passer en fond.
Les mains du brun glissèrent le long du dos de Noa et vinrent empoigner sa poitrine. Luffy colla son torse contre elle. Il l'enserra par la taille et la força à se redresser. Noa se retrouva assise sur le brun, le dos contre lui et lui toujours en elle.
Noa se sentait comme une poupée de chiffon entre ses mains. Il faisait ce qu'il voulait d'elle. Il accéléra encore le mouvement et le sentit poser son front contre son épaule. Elle vint agripper les cheveux du brun alors qu'elle se contracta violemment autour de lui et qu'il la suivit de peu en se libérant en elle.
Il leur fallut quelques minutes pour réussir à reprendre leur souffle avant de se rhabiller rapidement. Noa finit par se rassoir sur les genoux de Luffy. La tête dans du coton, elle ferma les yeux et le sentit poser sa tête sur la sienne.
- Y a rien à faire. Je veux pas que t'y ailles. T'es avec moi, tu restes là.
- Luffy, laisse-moi y retourner. Je sais que si je te suis, il te fera du mal, il fera du mal à tous ceux que j'aime. Je n'ai pas le choix. Mais je vais revenir. Je te le promets, dit-elle.
Elle l'embrassa pour l'empêcher de répliquer. Du coin de l'oeil, elle aperçut l'heure. Elle était partie depuis plusieurs heures et elle était presque sûre que la Family avait lancé du personnel à sa recherche. Noa soupira en sachant très bien qu'elle devait le quitter. Encore.
- Ecoute, Luffy, murmura-t-elle en se dégageant de son étreinte, il faut que tu me fasses confiance. Reste juste en dehors de cette histoire et dès que tout est réglé, je te retrouverai.
Noa lui glissa "Je t'aime" dans le creux de l'oreille et s'enfuit hors de la voiture en claquant la porte derrière elle, sans donner l'occasion au brun de la suivre.
ET YES Ayé !
J'ai enfin pu vous livrer ce chapitre que j'ai en tête depuis deux ans T^T (Je vous promets que c'était aussi long pour vous que pour moi !)
Et PROMIS la suite arrive vite ! Dans moins de deux ans en tout cas :')
PS : La chanson de Luffy est "Be My Queen" de Seafret !
PS 2 : pour les curieuses, à mon sens, le parfum de Luffy c'est "Wanted" d'Azzarro. De rien. Ça me fait plaisir.
La biiiise
