Son imposante carrure bloquait Richard, fixé au sol comme une planche par des clous. Cette fois, il prit conscience à quel point son ami ne plaisantait pas sur les moqueries, et plus encore lorsqu'il s'allongea sur lui au point que leurs corps ne firent plus qu'un. Gêné, Kruspe essaya de bouger sous lui mais sans y parvenir.
- Till, à quoi tu joues ?
Satisfait mais toujours énervé, l'aîné profita de sa supériorité :
- Alors on fait quoi là, hein ? Je t'avais déjà prévenu qu'il ne fallait pas m'empêcher de me nourrir. Mais te foutre de ma gueule en prime...
- Oui, bon... je suis désolé.
Till lui posa un doigt sur la bouche.
- Tu ne l'es pas, petit ignare. Je te connais comme si je t'avais chié.
- Voilà qui est gracieux, merci pour moi !
Plus amusé qu'atteint par ses mots, Richard se retint de lui montrer mais soupira.
- Allez, j'ai compris la leçon alors tu peux te relever.
Mais Till n'était pas né de la dernière pluie et resta stoïque. Les taquineries de son meilleur ami étaient beaucoup trop fraîches dans le temps pour que son sérieux ne soit revenu aussi vite.
- Cesse de te foutre de moi. À la seconde où je vais me relever, tu vas recommencer à me pomper les nerfs comme un gamin. Alors je vais tuer ton immaturité dans l'œuf.
Et il le fit, mais d'une façon dont son meilleur ami se souviendrait. Lindemann lui caressa sensuellement les hanches sans le quitter des yeux, puis commença à bouger les jambes au-dessus de lui de façon à lui faire sentir une partie bien précise de son corps. Il avait gagné, Richard était totalement hagard et son regard ne se dérobait plus. Il le vit trembler, déglutir, rougir, haleter... c'était parfait. Richard était à sa merci. Le fait de ne pas rompre le contact visuel avec Till rendit Richard de plus en plus réceptif lorsqu'il joignit inconsciemment ses bras aux siens.
- Maintenant, laisse-toi faire ! ordonna Till.
L'instant d'après, son visage descendit lentement sur celui de son ami et il l'embrassa doucement, mais de façon possessive. Gémissant sous la surprise, Richard ne put se retenir de fermer les yeux, ce qui le plongea dans une béatitude jamais explorée. N'ayant plus la vue, il dut se focaliser sur le ressenti. L'odeur sauvage et masculine qui se fondait en lui par ces lèvres humides, et le contact de cette peau dure sur la sienne... Till embrassait très bien, Richard n'avait aucune objection là-dessus et il n'y vit d'ailleurs aucune punition pour sa conduite puérile. Mais sans prévenir, son meilleur ami changea de comportement. Sa langue pénétra dans la bouche de Kruspe, le faisant sursauter, et il commença à se frotter rudement sur lui. "Oh putain" pensa le guitariste, alors que la bosse contre son sexe grossissait de plus en plus. Soit Till n'avait aucune pudeur, soit... non, c'était impossible ! Et ce baiser envahissant, terrifiant par son intensité physique et émotionnelle, mais pourtant si délicieux. Ce n'était pas la première fois que Richard embrassait l'aîné, mais ce baiser-là n'était pas du tout amical. Till semblait sur une autre planète et ses mains s'exprimaient aussi, allant chercher la nuque de Richard pour l'empêcher de s'esquiver.
- T'es en train de me faire bander.
Avec un rire gêné, Richard murmura lorsqu'il en eut l'occasion :
- Je n'ai pas demandé à ce que ça arrive, tu sais !
- De toute façon, j'ai envie de baiser maintenant ! poursuivit l'autre homme.
Inquiet, Kruspe évita de parler de peur que ses prochains mots ne soient maladroits et n'encouragent son ami à insister. Mais ce dernier n'en eut pas besoin car il était beaucoup trop excité pour revenir en arrière. Ravageant soudain le cou du guitariste en lui aspirant la peau, il commença à lui donner de légers coups de reins en continuant à se frotter contre lui. Sans vraiment savoir ce qui l'y poussa, Richard passa une main entre eux et commença à toucher dans son entièreté cette menaçante protubérance retenue par ses vêtements. Par malheur, cela excita de plus en plus l'autre homme qui le priva de toute pensée logique en l'embrassant de nouveau. Répondant de plus en plus voracement au baiser, Richard commença à faire des va-et-vient sur l'érection cachée de Till. Fronçant les sourcils en sachant qu'il aurait du mal à le raisonner, lui-même perdit pied et hésita sur ce qu'il devait faire. Pire encore, son propre corps commençait à répondre à l'appel de celui au-dessus. Baissant les yeux vers la bosse contre lui, Richard prit peur. Regardant son ami avec peur, il poursuivit ses mouvements de main dessus.
- Till, elle est si grosse !
- J'irai doucement, tu as ma parole.
À cet instant-là, Kruspe n'eut plus le moindre doute : l'autre homme était réellement prêt à le faire avec lui. Cependant, la réciprocité était encore instable. De plus, Lindemann lui avait bien fait comprendre que ce serait lui le dominant dans ce cas.
- Mais j'ai peur, Till. Ce n'est pas que ça me dérangerait qu'on fasse ça toi et moi, mais j'ai peur d'avoir mal.
Cette fois, son aîné se montra plus compréhensif et lui caressa la joue.
- Je me doute bien. Alors je vais t'aider à voir ça autrement pour une première fois.
"C'est possible ça ?" pensa le guitariste, toujours aussi nerveux. Till se pencha au-dessus de lui pour atteindre un sac kaki placé derrière son sac de voyage, et que Richard n'avait pas encore vu. Lorsque le chanteur l'ouvrit, il versa le contenu près d'eux et Kruspe haussa les sourcils. Non seulement Till ne manquait de rien pour le camping, mais en plus il avait tout pour se faire plaisir solitairement. Masturbateurs, vaseline, magazines... Il regarda Richard se pencher très légèrement le temps de "faire le tri" dans cet amas de réjouissances. Bien qu'il le vit sourire, cela ne l'empêcha pas de se justifier.
- Ça m'arrive de m'ennuyer comme tout le monde, alors il faut bien que je me distraie. Au moins, je peux faire autant de bruit que le je veux ici. De temps en temps, je me perds dans mes pensées et ça me suffit. Mais parfois, j'ai mes besoins sexuels qui me rattrapent alors je me masturbe. Quand je n'ai pas envie d'y aller à la main, j'utilise mon fleshlight que voici... et à foison.
Till exhiba le masturbateur transparent, dont la longueur et la largeur ne surprirent pas du tout Richard étant donné ce qui entrait à l'intérieur.
- Ah oui, tu n'as rien à envier à qui que ce soit ! dit le plus jeune, un sourire coquin aux lèvres.
- Je n'ai pas honte, j'adore ça.
- Il n'y a pas de honte à se faire du bien.
Till se pencha doucement à son oreille et murmura :
- Entièrement d'accord avec toi. D'ailleurs...
Sa respiration redevint rapide lorsque Lindemann le repositionna lentement au sol. D'un air qu'il espéra rassurant, il réfléchit à une méthode censée aider son ami à gagner en confiance. Dominé par ce corps plus massif que le sien, Richard se questionna quant à lui sur ce qui allait lui arriver d'une minute à l'autre. Il eut sa réponse au moment où Till l'embrassa, car il en profita pour déboutonner son jean et glisser les doigts dans le boxer, finissant par titiller le bout de son gland. Sursautant, le plus jeune réalisa que Till avait maintenant du sentir la dureté de son membre. Pourtant, Till s'abstint de le bousculer et continua de le caresser doucement sans cesser de l'embrasser. Il sentit d'ailleurs que Richard avait pris de l'assurance concernant cette pratique, pour laquelle il n'avait de leçon à recevoir de personne apparemment.
La main de Lindemann coulissa lentement vers le bas puis l'arrière, passant par les testicules qu'il caressa, avant de chercher l'anus de Richard. La froideur de ses doigts contre la peau chaude de Richard le fit à nouveau tressauter, mais il l'oublia vite. Les lèvres de son ami semblaient vouloir le monopoliser le temps d'entrer en lui et malgré sa peur, Richard fut attisé par ce plaisir buccal au point de supporter la douleur due au large index de Till. Pourtant, Lindemann rompit leur baiser rien que pour contempler l'effet de son entrée. Pour ceci, il bougea son doigt en entrant et sortant de Richard. Sans briser le contact visuel, Richard déglutit sans pouvoir masquer sa douleur. Lorsque Till sentit l'accès de plus en plus lubrifié et facile, il accéléra le rythme... et son meilleur ami commença à la fois à gémir et à fermer les yeux. "Tu vas voir, tu vas aimer" pensa Till. Il titilla la prostate de Richard une longue minute avant de le voir commencer à se tortiller sous cette torture. Il introduisit alors un deuxième doigt afin de l'étirer davantage, répétant ainsi les premières minutes en réveillant sa douleur.
- Oh merde... Till ! J'ai mal.
Ce dernier l'embrassa de nouveau, mais avec plus de tendresse.
- Je ferais tout pour toi, tu le sais ? Jamais je ne te ferais de mal.
Il se sentit heureux en voyant le plus jeune lui témoigner une preuve de sa confiance en hochant la tête, puis il commença à vouloir aller plus loin. Alors qu'il déboutonnait son jean, Till laissa dépasser son organe de ses vêtements dans le but de le faire rencontrer celui de Richard.
CLAC
Surpris par ce claquement déjà entendu deux fois à l'extérieur, les hommes se relevèrent et Richard en profita pour se revêtir.
- C'est encore ce bruit ! murmura t-il.
- C'est trop louche, ça commence à bien faire ! grogna Till.
L'aîné le regarda en posant un doigt devant ses lèvres, puis il se rhabilla également avant de fouiller dans ses affaires et ressortir un couteau de chasse. Outré de voir un outil avec une lame aussi large, Richard se questionna sur son utilité. Il regarda Lindemann ouvrir lentement la tente et le suivit dehors, prêt à se battre et à défendre l'autre homme s'il le fallait. Till vérifia d'abord devant eux sans rien voir, puis ensuite autour de la tente. Les sourcils froncés, le chanteur regarda son ami en hochant les épaules.
- Bonjour vous deux !
Les deux hommes cherchèrent l'origine de cette voix et eurent la surprise de trouver une voyageuse solitaire. Elle n'avait ni véhicule, ni tente. Elle portait juste un grand sac de camping ainsi que tout ce dont elle avait besoin pour se nourrir et dormir.
- Euh... bonjour !
- Bonjour !
À première vue, c'était une simple campeuse comme Till. Habillée chaudement de haut en bas, elle ne semblait par contre pas dépendre d'un abri aussi imposant que lui. Pour le peu de cheveux dépassant de son bonnet, elle était châtain clair et avait une attitude confiante malgré les dangers que pouvaient représenter les hommes. Plutôt bâtie de façon à "résister à la nature", ce voyage semblait en être un parmi tant d'autres pour elle. Sans trop pénétrer leur camp, elle s'approcha pour discuter.
- Désolée les gars, je ne fais que passer. Ça fait plusieurs jours que j'erre sur le territoire et je vais un peu partout, mais je ne vais pas vous déranger. Si vous entendez des petits bruits de temps en temps mais que vous ne voyez rien, il se peut que ce soit moi. Ma gamelle là, elle n'arrête pas de claquer contre le reste de mes affaires quand je marche alors ça peut faire un bruit flippant, surtout la nuit.
- Un bruit tel que ? demanda Richard.
Son intention était de savoir si ce fameux bruit était celui qui l'avait tant stressé la nuit, et par là même de savoir si elle leur rôdait autour. Sans perdre de temps, l'inconnue se mit à marcher vers eux tout en faisant doucement claquer les ustensiles les uns contre les autres. Soulagés d'entendre la réponse, Till et Richard se sourirent en hochant la tête. Néanmoins, Till repensa à la frayeur de son ami durant la nuit et posa des questions sur sa zone de déplacements ainsi que ses heures. Apparemment, cette femme bougeait et vivait autant le jour que la nuit, et le bruit que Richard avait entendu était arrivé à un moment où elle avait en effet contourné leur camp afin de se diriger vers cette partie de la forêt pour se fabriquer un abri naturel.
- Tu dors à la belle étoile dans la forêt ? Tu es courageuse, moi il me faut mon petit hôtel ! admit Till en désignant sa tente du pouce.
- Je ne juge pas, chacun sa façon de faire. C'est juste que moi, je n'emmène aucun loisir. Ni téléphone ni livres, rien qui me rappelle notre civilisation de merde. Alors vu que j'aime le contact avec les bêtes et les arbres, je dors dans la forêt dans mon sac de couchage.
- Respect ! avoua Richard.
Till pointa le ciel du doigt.
- Tu t'abrites où en cas d'orage ? Parce qu'il faut prévoir si tu es dehors depuis des jours. Si ce n'est pas déjà fait, tu finiras par en affronter un et il vaut mieux être à l'abri des éclairs.
- Ne t'en fais pas pour moi, ma voiture est en bas de la rivière depuis mon arrivée. Je sais où aller.
Richard fronça les sourcils en les regardant tous les deux. Till et cette femme ne se connaissaient pas le moins du monde, et pourtant ils se parlaient comme des amis proches. Peut-être était-ce une coutume du coin ! Ou bien une façon de faire typique des adeptes du camping afin de faire rapidement connaissance !
- Je ne sais pas si tu les as vues mais il y a plusieurs petites grottes à l'orée de la montagne là-bas ! ajouta cette femme.
- C'est une invitation ? demanda Till avec une œillade suggestive.
Richard se tourna vers lui, estomaqué.
- Non mais dis donc !
Alors que le chanteur commença à rire en se protégeant des soudains coups de chaussure que Richard lui donna après en avoir ôté une, l'inconnue s'approcha totalement en riant.
- Mais je disais ça comme ça, au cas où...
- Bien sûr !
Après avoir retrouvé son peu de sérieux, Lindemann se redressa et invita leur voisine à s'asseoir près d'eux.
- N'empêche que si on vient à s'y abriter un jour, il faudra de quoi se protéger car on ne sera pas les seuls.
L'inconnue souleva qu'effectivement, la plupart des animaux avaient ce même réflexe de se mettre à l'abri des orages. Mais malgré ce partage de connaissances entre campeurs à propos de la survie, le chanteur ne put conserver son fonctionnement intellectuel bien longtemps.
- Pas grave puisque tu aimes les bêtes, tu en verras. Mais fais attention, il y a aussi deux serpents dans le coin.
Richard plissa les yeux en le regardant.
- Des serpents, tu dis ? répéta t-elle.
- Oui ! L'un était gros et l'autre... il me semble tout petit.
Face au visage quasi ironique et vicieux de son ami, Richard perdit patience.
- Tu es sûr que tu parles bien d'animaux là ?
L'aîné éclata de rire.
- T'en fais pas, moi je les cuisine et je les avale. Je ne reste jamais l'estomac vide même quand j'en vois.
Cette fois, Richard fut estomaqué face à la réponse de leur voisine et il les regarda tour à tour. Dès lors qu'il réalisa que Till et cette femme faisaient ouvertement des jeux de mots douteux, il leva les yeux au ciel et partit se désaltérer près de la rivière. Son ami était bien parti pour nouer des liens plus profonds avec elle, voire trop. Lindemann avait trouvé son égale pour les plaisanteries mais Richard, lui, avait plus de pudeur et il ne demandait qu'un peu de silence dans ce territoire inconnu.
Till avait raison, l'air frais au bord de la rivière ainsi que le ronronnement de son écoulement pouvaient procurer une sensation de bien-être inégalable. Cela faisait au moins une demi-heure que Richard s'y prélassait. Déchaussé avec un pied dans l'eau, il regardait le ciel ainsi que les insectes passant près de lui. Si la relaxation avait été une matière pédagogique notée par son ami, il aurait probablement eu la note maximale. Plongeant volontairement un doigt sur la boue au bord de l'eau, il se félicita de ne plus s'en sentir dégoûté. "On dirait que l'élève a surpassé le maître" pensa t-il en souriant. Cependant, il eut la surprise de voir arriver à quelques dizaines de mètres un petit animal déjà vu plus tôt, et qui était resté vivant grâce à lui.! La seule et unique chose pour laquelle il ne serait jamais l'égal de Till : les animaux n'en avaient pas peur. Le lièvre fit quelques pas dans sa direction puis s'arrêta en le fixant. Richard resta sans faire un mouvement, sourit et regarda ailleurs afin de ne pas être pris pour un prédateur. Il se sentait de plus en plus dans son élément, loin des blagues cochonnes de son meilleur ami envers une inconnue qui, à l'heure actuelle, avait probablement fini par lui mettre une gifle. Éclatant de rire à cette pensée, Kruspe se reprit et attendit que le lièvre s'en aille. Puis il se rechaussa avant de retourner là où il espérait voir du rouge sur deux joues.
En même temps qu'il marchait, il jeta des regards autour de lui pour repérer éventuellement la silhouette sur le retour de cette femme, avec qui ils n'avaient même pas fait les présentations. "Après tout, c'est Till. Ce n'est sûrement pas la première femme avec qui il fait des sous-entendus de ce genre avant de repenser à la bienséance" pensa t-il. Arrivé au campement, il constata non seulement l'absence de Lindemann, mais en plus l'équipement de cette femme trônait sur la couverture. Elle n'était pas partie, et en plus...
- Oh ! Oh ! Oh...
Richard écarquilla les yeux avant de les tourner vers l'abri de tissus.
- Oh non ! T'es pas en train de faire ça ? murmura t-il pour lui-même.
Au fur et à mesure qu'il avançait vers la tente, des gémissements et grognements se muèrent en hurlements bestiaux. "C'est une blague" pensa Richard, outré à en rire. Till et cette inconnue était littéralement en train de "faire horizontalement connaissance", façon de faire ainsi nommée par Paul.
Afin de sonner les cloches à son meilleur ami alors qu'il ne savait même pas s'il s'était protégé avec cette étrangère, Richard se reprit et pénétra dans la tente avec fermeté. Peu étonné de sentir ses joues s'enflammer en voyant le chanteur bourrer cette femme comme une brute par ses coups de reins, il le disputa littéralement.
- Till, tu es sérieux là ? Tu ne sais même pas comment elle s'appelle.
Pas du tout embarrassé par sa présence, bien au contraire, Lindemann arrêta ses coups de reins le temps de répondre :
- Qu'est-ce que je m'en tape !
Le "couple" éclata de rire et l'inconnue s'exprima enfin sur ce sujet mystérieux.
- Oui au fait, je m'appelle Clarence.
Souriant lascivement, Till murmura :
- Eh bien enchanté Clarence, moi c'est Till et voici mon meilleur pote Richard ! Tu vois mon vieux, je sais comment elle s'appelle.
Décalant sa tête de quelques centimètres sur le côté afin de voir le guitariste, Clarence le salua "face à face" avec un signe de la main.
- Salut Richard, enchantée ! clama Clarence.
- Ouai, enchanté aussi... encore une fois.
Se tournant pour le regarder avec un sérieux tout à fait étranger à sa personnalité, Till demanda :
- Tu veux nous rejoindre, Rick ?
Ne sachant si c'était par franchise ou par humour, ce dernier rétorqua :
- Quelle proposition galante et alléchante ! Tu m'en vois flatté, mais je décline quand même.
Richard avait répondu autant par respect pour lui-même que pour Clarence, dont Till n'avait pas pris la peine de consulter l'opinion. Pourtant, elle participa gaiement à la proposition de Till et sans afficher le moindre complexe, au point de rajouter quelques mots épicés à l'adresse du guitariste.
- Dommage ! Je n'ai rien contre un plan à trois et en plus, je te trouve super mignon.
Till attrapa les jambes de Clarence avant de les maintenir en l'air, mais tout en continuant de regarder son guitariste gêné.
- T'entends, elle dit que tu es mignon alors lance-toi ! En plus, je croyais ne pas avoir de capotes mais j'en ai alors profites-en.
En un sens, Richard était rassuré concernant la protection de son ami qui s'était montré consciencieux. Mais il grogna en voyant le chanteur recommencer à pilonner l'entrejambe de sa conquête du moment comme s'il n'était pas là. Till ne comptait pas s'arrêter rien que pour sa présence, alors Richard se plaça à côté d'eux et leur fit un grand sourire.
- Till, est-ce que baiser une inconnue fait partie de tes choses à vivre à l'état sauvage ?
Entre plusieurs coups de reins, l'aîné grogna :
- Partie intégrante, et tu devrais tester.
- Non ! Mais je tiens à te rappeler que ce matin, tu étais à "deux doigts" de me la mettre à moi.
Ce simple rappel, accompagné d'une flexion suggestive des deux doigts concernés avec un sourire pervers, força Clarence à ouvrir grand la bouche lorsque Till éclata de rire en regardant son meilleur ami.
- T'es sérieux ? Il voulait le faire avec toi ?
- Ah oui, monsieur avait envie. Je l'ai énervé en faisant fuir son petit gibier, et vu qu'il avait envie de viande...
- Je lui ai mis deux doigts, d'où sa jolie phrase ! conclut Till.
Plutôt que de les juger pour leurs envies ou de leur faire des commentaires négatifs, Clarence regarda Kruspe avec un air avide.
- Et tu as aimé ? Parce que j'adore regarder les hommes s'envoyer en l'air, ça m'excite.
Till ronronna en regardant Richard. Ne pouvant lui répondre puisque la réponse était partiellement positive, Richard s'écroula près d'eux en rigolant et laissa son ami reprendre là où il en était avec elle, bruyamment et brutalement. Malgré le fait qu'il les écouta littéralement baiser contre lui, il resta à fixer le plafond de la tente en y prenant du plaisir. Oui, du plaisir ! L'humour et la fraternité entre lui et Till, en plus de ces liens rapidement noués avec Clarence, jouèrent sur ses inhibitions. Les entendre se faire plaisir lui apporta très vite la même envie d'extase.
- Suce, allez !
- Oh Till, sérieusement ! murmura Richard.
À l'instar d'une personne simulant le sommeil pour observer l'interdit, il tourna la tête vers eux mais ne put s'en défaire ensuite. Hypnotisé et soudain saisi d'une envie furieuse face à la sauvagerie de son meilleur ami, il le regarda appuyer sur la tête de Clarence afin de s'enfoncer profondément dans sa gorge à un rythme effréné. De toute façon, sa présence ne les gênait pas après tout ce qui avait été dit et fait. Cependant, il sentit un besoin vital de croiser ses jambes malgré le fait que ça ne permettrait pas de cacher son érection. Le couple était trop occupé pour y faire attention mais si Lindemann le remarquait, il serait fini.
- Gros niqueur ! murmura t-il à son ami.
- Dis-le si tu es jaloux, je te prends ici et maintenant ! dit Till.
Richard préféra détourner le sujet, n'en étant pas sûr lui-même. Il trouvait cette femme jolie également, mais n'était pas de ceux qui pratiquaient le sexe à plusieurs. Il avait bien plus de pudeur que tous les autres réunis. Si vraiment il se serait lancé en cet instant, il aurait préféré reprendre là où lui et son meilleur ami avaient été interrompus. Oui, il avait ressenti du plaisir et même s'il avait extrêmement peur, s'être arrêtés au moment où Till se dénudait l'avait frustré. Maintenant, cette inconnue lui volait ce qu'il avait été sur le point de ressentir.
- C'est surtout que si tu enlèves une capote à chaque pratique pour en remettre une après, tu vas vite tomber en rade.
Till stoppa ses mouvements et Clarence retira sa bouche de lui, le laissant se pencher vers son meilleur ami avec une mine à faire peur. Il lui jeta un sourire peu rassurant et lui fit un clin d'œil.
- Rassure-toi, j'en ai encore assez pour toi après.
- Même maintenant si tu veux. Je peux très bien me finir en vous regardant, ce serait un plaisir du tonnerre pour moi ! proposa Clarence avec des yeux pétillants.
Kruspe ne put que rougir de nouveau, mais Till se tâta. Après tout, le choix était de taille et il en mourait d'envie, mais il se devait de respecter aussi la décision de son meilleur ami. Pas question pour lui de le prendre contre son gré, ni de le considérer comme une femme de passage. Mais ce qui le poussa à accepter fut que Richard, après s'être recouché avec un petit rire timide, posa une main toute aussi timide sur son bras. Le regardant avec douceur et peur, Kruspe dit :
- Tu sais que j'ai un peu peur.
Cette peur, Lindemann la ressentit en plus d'une certaine appréhension. Richard en avait envie, mais il avait aussi envie d'être rassuré sur ce qui allait suivre, et sur le fait que son ami allait respecter ses choix, voire son refus s'il souhaitait arrêter ensuite. Reprenant son sérieux dans de telles circonstances, ceci étant une première fois entre hommes, Clarence promit au guitariste de prêter attention au moindre geste de l'un comme de l'autre, alerte sonore comprise. De plus, elle donna sa parole de "ne pas le fixer", Richard étant probablement gêné de le faire devant quelqu'un. Silencieusement, le plus jeune se rassit face à son aîné. Mais alors que celui-ci pensa entendre une réponse négative, il lui caressa doucement la joue dans le but de lui dire qu'il ne lui en voulait pas... mais Richard l'embrassa avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit. Et pas n'importe comment ! Lorsque Till sentit sa langue frapper brusquement la sienne, il sut quelle était sa réponse.
à suivre...
