La suite ! Avec une journée de retard, désolée. WE chargé ^^
Chapitre 22 : Réveils
Hermione accompagna la médicomage à l'étage et entra dans la chambre du professeur Snape. Ses pensées tourbillonnaient avec fureur. Entre le manque de sommeil, sa découverte de Snape, sa course folle et effrénée pour aller chercher la sorcière, puis l'obligation de faire face à Ron, Harry et le reste de l'Ordre, après une attente qui lui avait retourné l'estomac…
Elle était littéralement épuisée et ne tenait que par les nerfs.
Elle se demanda une nouvelle fois si c'était ce que le professeur Snape ressentait tout le temps, entre ses obligations d'enseignant et d'espion pour Dumbledore et Voldemort. Sans compter les filles un peu idiotes qui réclamaient aussi son temps, pensa-t-elle avec lucidité. Elle prenait conscience qu'elle était juste un fardeau de plus sur ses épaules déjà trop chargées.
En fait, c'était incroyable que cet homme ne soit pas plus aigri et désagréable qu'il ne l'était déjà.
Elle secoua la tête à ses propres pensées : elle venait de justifier les mauvaises habitudes de Snape. Elle devait vraiment être fatiguée. Mais même engourdie de fatigue, elle n'arrivait pas à chasser le sentiment de peur qui lui comprimait la poitrine. Quand Dumbledore avait terminé de retirer les sorts placés par Voldemort, elle n'avait pas été autorisée à remonter voir son professeur.
Elle allait le voir pour la première fois depuis qu'elle l'avait trouvé recroquevillé dans le couloir, trempé de pluie et de sang dans l'entrée.
Son pas était régulier dans les escaliers : elle tentait de se persuader qu'elle était ridicule de s'inquiéter. Snape irait mieux. Alvarez était là et elle avait déjà fait une première série de soins. Elle-même était assignée à son chevet pour prendre soin de lui pendant qu'il récupérerait. Et Rink aussi était là. Que ce soit sa punition ou non, elle ne pourrait jamais l'empêcher de faire sa part pour le professeur Snape. Rink avait amplement prouvé qu'il prenait son travail d'elfe de maison très au sérieux.
Elle aurait dû être en train de jubiler. Elle n'aurait pas eu un meilleur résultat si elle avait essayé de planifier tout ça.
Et c'est sans doute mon problème, se dit-elle en arrivant en haut des escaliers, dans le couloir sombre qui menait aux chambres de l'étage.
Elle était une planificatrice. Elle aimait suivre un plan préparé de A à Z. Mais ce qu'elle venait de vivre… C'était juste de la chance et de l'improvisation. Elle réagissait simplement aux situations qui se présentaient à elle. Elle ne se sentait pas en contrôle, elle était ballotée dans tous les sens dans le chaos des évènements.
Et maintenant elle était là, trébuchant sur le tapis du plancher de la chambre où Rink avait installé Snape.
- Oh, fit-elle faiblement en s'arrêtant net, les yeux rivés sur l'homme couché dans le lit étroit.
La médicomage Alvarez entra à son tour et prit le contrôle une fois de plus. Etant donné ses pensées précédentes, Hermione saisissait toute l'ironie de la situation. Mais elle était trop fatiguée pour lutter et se laissa tirer par la médicomage.
Cette dernière claqua les doigts devant son visage, avec impatience.
- Ne me lâche pas maintenant, lui dit-elle. Il n'est pas en aussi mauvaise condition que son état le laisse penser.
Hermione ne comprenait pas. Snape avait l'air mort. Un drap jaune sale avait été tiré jusqu'aux épaules de Snape. Il avait dû être blanc un jour. Il l'enveloppait comme un linceul et donnait à la peau déjà cireuse du professeur un air encore plus maladif. Il ressemblait à l'un des mannequins du musée de madame Tussaud.
Elle frissonna. Elle n'avait aucun contrôle sur la situation.
Les bleus qui avaient à peine commencé à apparaître tout à l'heure étaient désormais bien visibles, comme de grosses éclaboussures de violet, de vert et de jaune sur son visage et sa mâchoire. Une paire de marques d'un rouge violacé particulièrement vif courait depuis le haut dénudé de son épaule droite jusque loin sous le drap.
- Hermione ?
Hermione détourna le regard de Snape et focalisa son attention sur la médicomage. Elle redressa les épaules et leva le menton.
- Qu'est-ce que je dois faire ?
Alvarez lui offrit un sourire chaleureux.
- Brave fille, dit-elle avec un hochement de tête approbateur.
Hermione écouta les instructions qui lui étaient délivrées par vagues. Une partie de son cerveau notait consciencieusement les consignes, les dosages et les timings, les potions et les mouvements de baguette. L'autre partie de son cerveau avait cédé silencieusement à la dépression nerveuse.
Elle avait abusé de l'hospitalité de l'Ordre. Avait menti. Avait trompé ses amis. Avait manipulé Dumbledore sans une once de culpabilité.
Pour Snape.
Elle avait perdu tout contrôle.
- Elle doit être ici ! cria une voix.
- Miranda, tenta Albus d'une voix calme et raisonnable.
Il ne put poursuivre, puisqu'elle l'interrompit immédiatement.
- Nous en avons déjà discuté. Vous avez vu la matrice. Vous avez vu mes formules.
Albus se retint de soupirer. Tout était en train de s'écrouler. Tous ses plans soigneusement préparés, ses stratégies et leurs intrications. Il avait l'impression de commencer à perdre le contrôle des évènements. La nuit dernière, même Miss Granger, habituellement fiable et respectueuse, l'avait défié. C'était un sentiment qu'il n'appréciait pas particulièrement.
Il s'était trop appuyé sur ses plans et sur ces personnes. Si l'un d'eux, un seul d'entre eux, lui faisait faux bond… il ne voulait même pas penser à l'horreur et aux pertes humaines qui s'en suivraient. Et si Riddle gagnait…
Il baissa la voix, reprenant son rôle de sage et vieux sorcier. Il espérait que Miranda le suivrait sur ce point.
- Je comprends ce que vous ressentez, dit-il. Hermione est importante. Mais elle a été bannie de…
Miranda renifla.
- Je m'en fiche, Albus. Elle n'est pas juste importante. Je n'arrête pas de vous dire que son rôle est critique.
Il perdit un peu de son contrôle.
- Harry a un rôle critique. Harry est au cœur de la prophétie. Ce n'est pas miss Granger qui a fait face à Tom pour récupérer la pierre philosophale. Ce n'est pas elle qui a combattu le basilic dans la Chambre des Secrets ou qui a participé au Tournoi des Trois Sorciers. C'était Harry Potter à chaque fois, et…
Miranda leva les bras en l'air, la frustration évidente dans toute sa posture tendue.
- C'est bon, Albus. J'ai compris !
Elle fit les cent pas autour de la pièce, avant de revenir vers le Directeur.
- J'ai compris, reprit-elle, et j'ai aussi compris que vous êtes en colère contre elle. Elle a ignoré votre autorité, elle est partie sans votre autorisation et elle a mis en danger tout ce pour quoi nous avons travaillé si longtemps. Je sais qu'elle a amené cette sorcière dans l'Ordre.
Elle eut un sourire tendu. Elle n'avait pas besoin de donner de nom.
- Et je sais que vous êtes en colère contre moi pour être actuellement en train d'argumenter. Mais Hermione est importante. Ce n'était peut-être pas « Hermione Granger et la pierre philosophale », mais elle a été présente à chaque fois qu'Harry a fait face au Seigneur des Ténèbres. Elle est l'une des raisons des succès d'Harry. La laisser en dehors de ça… c'est tout mettre en danger. Et non, je ne peux pas vous dire comment ou pourquoi ou quand. Mais croyez-moi, Albus, comme vous m'avez cru pour tout le reste. Elle est importante.
Les épaules d'Albus s'affaissèrent.
- Etes-vous vraiment sûre de vous ? demanda-t-il, plus pour la formalité que pour une réelle remise en cause.
- Aussi certaine que les Maths et l'Arithmancie peuvent l'être. Albus, vous avez vu les probabilités. Vous avez vu comment sa ligne se confronte à celle de Severus. Par Merlin, Albus, vous vous êtes même assuré vous-même que leurs lignes se croisent avec cette punition.
- Je n'ai rien fait de cela, contra le sorcier. Vous m'aviez dit que leurs lignes s'étaient déjà rencontrées. La punition de miss Granger, qui est de s'occuper de Severus, peut difficilement affecter quelque chose qui a déjà eu lieu.
- Oui, ça a déjà eu lieu. Mais vous vous êtes assuré que leurs lignes continuent d'interagir.
Soudain, elle plissa les yeux de suspicion.
- Albus Dumbledore…
- Cessez tout de suite toute pensée qui vous passe par la tête. Je n'ai jamais forcé leur rencontre, la coupa-t-il, avant qu'elle ne puisse l'accuser de quoi que ce soit. J'admets sans souci que je planifie beaucoup de choses, comme vous le savez, puisque vos équations sont souvent à la base de ces plans. Mais je vous assure que dans ce cas, c'est seulement le destin. Miss Granger avait besoin d'une punition adéquate. Et peu de membres de l'Ordre auraient voulu prendre soin de Severus. Leur méfiance est trop ancrée en eux, à ce stade.
Miranda cessa de marcher, surprise.
Albus remarqua qu'un petit morceau de craie venait de se matérialiser dans la main de Miranda. Elle le faisait rouler rapidement entre ses doigts. Il pouvait voir son cerveau commencer à tourner, calculant variable après variable. Elle se mit à penser tout haut.
- Vous pensez, commença-t-elle lentement, que c'est pour cette raison que Miss Granger et Severus étaient destinés à se rencontrer. Ca m'a toujours semblé être une association étrange, quand j'ai dessiné les équations pour la première fois. Mais ça a du sens, quand vous regardez les évènements à partir d'ici, n'est-ce pas ? Elle devait avoir des interactions avec lui avant, pour avoir envie de l'aider comme elle l'a fait. Et Severus acceptera peut-être son aide grâce à leurs échanges précédents à l'école…
- C'est la seule explication qui fasse sens, à la fois dans vos calculs et dans la réalité des faits.
Miranda réfléchit quelques instants, avant de secouer la tête.
- Et pourtant… Je ne sais pas. Quelque chose me semble bizarre. Je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me gêne.
- Vous avez une autre explication qui colle mieux ? Ca explique pourtant votre matrice.
- Non, non, pas d'autre explication. C'en est une comme une autre, j'imagine. De toute façon, le croisement s'est déjà produit.
Albus eut un petit sourire satisfait.
- Alors elle a rempli son rôle dans la matrice.
Miranda lui fit une grimace, le nez retroussé.
- Bien essayé, Albus. Mais non. Nous avons toujours besoin que miss Granger soit intégrée à la matrice.
Il soupira, défait. C'était une occurrence qui revenait avec une surprenante régularité, ces derniers temps.
- Très bien. Je vais organiser une réunion de l'Ordre et vous pourrez présenter vos découvertes. Et j'inviterai également miss Granger, ajouta-t-il en fronçant légèrement les sourcils.
Albus se leva et lissa sa robe, pour que les étoiles scintillantes sur le tissu ne soient pas plissées. Il était plutôt fier de ce sortilège vestimentaire.
- Nous nous verrons demain soir, dit-il en la saluant d'un léger signe de tête.
Puis il partit.
Miranda se laissa glisser dans l'un des fauteuils élimés, avec lassitude. Elle détestait argumenter avec le Directeur, mais Albus avait été particulièrement têtu et récalcitrant concernant miss Granger, pour des raisons qu'elle n'arrivait pas encore à comprendre. Mais c'était une réflexion pour un autre jour. Elle devait maintenant se concentrer sur la présentation de son travail à l'Ordre.
Pour être honnête, elle s'était sentie un peu perdue la veille. Elle s'était préparée à rencontrer les membres de l'Ordre, s'était attendue à ce que son apparition provoque un peu de remue-ménage. Elle était une sorte de surprise bien cachée, après tout. Elle s'était préparée à répondre à cette surprise et même à devoir gérer un peu d'opposition à son intégration. Mais elle savait qu'elle aurait finalement amené les plus dubitatifs à l'accepter, une fois qu'elle leur aurait montré les probabilités de la matrice qu'elle avait créée.
Elle avait cependant été la plus surprise.
Depuis l'apparition de l'elfe de maison qui les avait conduits, Albus et elle-même, dans cette vieille maison lugubre. Jusqu'à la scène le confrontant avec Hermione et la médicomage Alvarez. Elle avait presque été poussée dans un coin de la pièce et abandonnée là.
Une âme plus portée à la confrontation – comme Snape, songea-t-elle avec un sourire tordu – aurait probablement fait une crise devant son traitement. Et encore, il n'aurait même pas attendu d'être dans sa situation. Miranda était cependant une observatrice dans l'âme. C'était d'ailleurs ce qui faisait d'elle une si bonne Arithmancienne. Pour créer des équations les plus fiables possibles, elle devait envisager toutes les variables.
Ce qu'elle avait observé ces derniers jours lui donnait l'envie de poser des équations sur un tableau noir. Ses mains en tremblaient d'anticipation. L'Ordre du Phoenix était en plein chaos. Un chaos centré sur Hermione Granger et Severus Snape. Le Directeur pensait peut-être que le point d'orgue de miss Granger était derrière, mais Miranda aurait pu parier sa baguette que ce n'était pas le cas.
Elle pouvait presque voir les lignes de probabilité se former et bouger autour d'elle.
Peut-être que tout était actuellement hors contrôle, mais Miranda était en mesure de tout cartographier et d'y apporter sa propre version de l'ordre.
Si on laissait de côté le délabrement de la vieille maison et le portrait particulièrement déplaisant de Madame Black, le square Grimmaurd était plutôt relaxant pour Ron. Bien sûr, si les circonstances avaient été différentes, il y a plein d'autres choses qu'il aurait préféré faire qu'être parqué dans une vieille maison morne. Mais au moins, ses meilleurs amis étaient avec lui.
Parfois, il se demandait à quoi sa vie aurait ressemblé, s'il n'avait pas rencontré Harry et Hermione dans le train, pour leur première année à Poudlard. Mais il ne s'arrêtait jamais longtemps sur ce genre d'hypothèses. C'était plus un truc d'Hermione.
Il poussa son balai pour flotter un peu plus à gauche, puis leva les yeux vers la fenêtre éclairée de la chambre de Snape. Hermione était là. Elle prenait soin de la chauve-souris graisseuse pendant qu'ils profitaient tous de l'extérieur, dans le jardin sauvage aux herbes hautes.
Ils jouaient une partie de Quidditch modifiée par leurs soins. Il savait qu'Hermione aurait détesté ce jeu, sachant qu'ils étaient contraints de ne pas voler au-dessus des murs du jardin, hauts de 2,80 mètres. Et ils marquaient des buts en jetant le Souaffle dans le trou d'un énorme chêne qui dominait l'un des coins du jardin.
Ron soupira. Désormais, tout partait en cacahuète.
Il n'avait jamais eu l'impression d'être en contrôle, mais rien ne se déroulait comme il se l'était imaginé.
Son meilleur ami se comportait toujours comme un cinglé.
Il avait eu le droit d'intégrer l'Ordre du Phoenix juste quand ce dernier s'était retrouvé en plein chaos.
Dumbledore disputait des matchs oraux avec des sorcières étranges…
Il regarda de nouveau par la fenêtre. Merlin lui vienne en aide, mais il se sentait même un peu désolé pour Snape. Pour Snape.
Il était Préfet-en-Chef.
Et Hermione…
Hermione était devenue folle à lier.
Hermione. Quand avait-elle perdu tout contrôle, comme ça ? Il attendait ce comportement de la part d'Harry, ces derniers temps, mais Hermione ? C'était un mystère pour lui.
Il se pencha en avant jusqu'à ce que son coude repose sur son balai et jeta un œil vers Harry, qui flottait à côté de lui.
- Peut-être que Snape lui a donné une potion, dit-il.
Harry se contenta d'un grognement sans grande signification, en réponse.
- Okay, alors il ne lui a pas donné de potion. Mais ça n'a aucun sens. Elle n'agit pas de façon normale.
L'éclair de feu descendit abruptement vers le sol, jusqu'à ce qu'Harry touche à nouveau la Terre ferme.
- Je vais dans ma chambre, déclara-t-il.
Il avait la voix neutre, mais son regard était froid et distant. Ron le regarda partir avec un sentiment au creux du ventre qui ressemblait en tout point à la panique.
Hermione venait de terminer de donner à Snape l'une de ses potions antidouleur, quand elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle. Pensant qu'il s'agissait seulement de Rink, elle ne se retourna pas immédiatement. Elle sursauta donc quand elle entendit la voix du Directeur.
- Comment se passe votre après-midi, miss Granger ?
- Professeur ! s'exclama-t-elle en se tournant vers lui.
L'attention de Dumbledore était toute entière focalisée sur l'homme couché dans le lit.
- Détendez-vous, miss Granger. Je suis seulement venu vérifier l'état de Severus.
Les émotions d'Hermione étaient confuses. D'un côté, elle était toujours très en colère devant l'attitude du Directeur qui avait semblé ne pas se soucier du professeur Snape. De l'autre côté, elle voyait clairement désormais les épaules basses et le visage torturé du vieux sorcier. Finalement, la compassion l'emporta sur la colère, mais elle ne put empêcher totalement le sarcasme de transparaitre dans sa réponse.
- Prenez un siège, professeur. Je suis sûre que le professeur Snape appréciera un peu de compagnie, dit-elle en cédant sa chaise avec un léger sourire.
Son impolitesse ne décontenança pas le sorcier, qui s'installa confortablement sur la chaise à côté du lit. Cela dit, Dumbledore avait l'habitude du professeur Snape. Ses sarcasmes n'étaient que des tentatives dérisoires d'amateur, à côté des siennes. En fait, son attitude rigide semblait même mettre le directeur plus à l'aise, si elle en croyait le sourire qu'il cachait difficilement dans sa barbe.
- Apprécier est un mot trop fort, miss Granger, surtout quand il est associé au professeur Snape. En fait, s'il était réveillé et qu'il me voyait veiller à son chevet, il m'accueillerait avec tout le charme d'un Fléreur mouillé. J'imagine que vous avez déjà eu cette expérience, ajouta-t-il en souriant plus fort.
Il agita la main et une deuxième chaise apparut à côté de lui.
- Asseyez-vous, s'il vous plaît miss Granger. J'aimerais vous parler aussi.
Il attendit qu'elle soit installée avant de poursuivre.
- Je vous ai déçue.
Les yeux d'Hermione s'écarquillèrent sous le choc. Elle allait protester, par automatisme, mais Dumbledore l'interrompit d'un geste de la main.
- Ne vous justifiez pas de ce que vous ressentez. Vous pensez que j'aurais dû faire plus pour le professeur Snape. Prendre plus soin de lui, l'aider plus.
Hermione remarqua qu'il ne la regardait toujours pas : ses yeux restaient fixés sur la forme immobile du professeur de potions. C'était une étrange façon d'avoir une conversation et Hermione se sentait assez mal à l'aise. C'était comme si le professeur Snape réfléchissait tout haut, plutôt que s'adresser réellement à elle.
- Pour être honnête, poursuivit le sorcier, une partie de moi est d'accord avec vous. Malheureusement, le reste ne l'est pas – tout comme Severus lui-même, s'il avait pu donner son avis.
Elle ne savait pas comment répondre, alors elle ne dit rien. Elle attendit qu'il continue de parler ou qu'il fasse quelque chose. Mais il resta silencieux et immobile.
- Est-ce que vous vous souciez de lui ? demanda-t-elle finalement, quand le silence fut insupportable.
Elle avait conscience d'être un peu présomptueuse, avec cette question.
- Je n'en ai peut-être pas l'air, de votre point de vue, mais si c'est ce que vous imaginez, alors vous ne pourriez vous tromper plus.
- Alors comment avez-vous pu… commença-t-elle à répondre vivement, avant de se rappeler à qui elle était en train de s'adresser.
Dumbledore eut un petit rire.
- Finissez votre phrase, miss Granger. Vous étiez peut-être sur le point de me demander « comment avez-vous pu le traiter de cette façon » ?
Hermione, ne faisant pas confiance à sa voix, acquiesça vivement.
- Nous sommes en guerre, miss Granger. N'en doutez jamais. Ce n'est pas un jeu. Des gens – qu'ils soient moldus ou sorciers, meurent pour leurs idées. Personne au Ministère ne semble vouloir se saisir du problème, alors je suis devenu le général de notre côté, par la force des choses. J'aimerais voir chaque individu qui m'aide à lutter contre Tom comme des êtres à part entière, mais je n'en ai pas toujours le luxe.
Dumbledore tapota la main de Severus de la sienne, brièvement.
- J'en ai tant demandé à Severus, ces dernières années. Et il ne m'a jamais fait défaut. Et je continuerai à lui en demander plus, à l'avenir.
Finalement, le Directeur tourna son regard intense vers elle.
- Il viendra peut-être un temps où je vous poserai la même question qu'à lui. Vous devrez regarder profondément en vous, comme l'a fait Severus, avant de me répondre... Que donneriez-vous, miss Granger, pour vaincre Tom ? Combien cette victoire a de valeur à vos yeux ? Je protège autant d'innocents que je le peux. Je vous protège avec tout le savoir et toutes les compétences dont je dispose, mais cela ne signifie pas que je ne fais jamais d'erreur. Cela signifie que ceux qui sont dans mon camp seront parfois blessés, quand ce sera nécessaire.
Aussi vite qu'ils s'étaient fixés sur elle, les yeux bleus se détournèrent et Hermione put reprendre une grande respiration. Son cœur tambourinait dans sa poitrine.
Elle eut à peine le temps de reprendre ses esprits, que Dumbledore n'était plus assis à côté d'elle, mais debout au seuil de la chambre.
- Il y a une réunion de l'Ordre, ce soir. Votre exclusion de nos actions stratégiques est toujours valable, mais je vous donne la permission d'assister juste à la réunion de ce soir. Assurez-vous d'être présente.
- Oui professeur, finit-elle par répondre, alors qu'il était déjà parti.
Hermione hésita sur le pas de la porte de la bibliothèque. Elle n'était pas sûre d'avoir vraiment le droit d'avancer, mais Dumbledore sembla saisir sa détresse et l'interpela.
- Entrez, miss Granger.
A ces mots, la plupart des personnes présentes se tournèrent vers elle. Les expressions des membres de l'Ordre allaient d'un sourire accueillant, de la part du professeur Vector, à tous les degrés de curiosité et de suspicion. Et même du dédain très clair de la part d'autres.
Elle reconnaissait chacun de ces regards, puisqu'ils étaient habituellement adressés au professeur Snape. Elle-même était coupable de lui en avoir lancé certains, à plus d'une reprise. Le poids de tous ces regards lui donna envie de froncer les sourcils, mais elle se retint. A la place, elle adressa à la pièce un large sourire étincelant, le dos droit et le menton haut. Puis elle s'installa dans un fauteuil vide à côté de Remus.
Elle essuya ses mains moites sur son jean moldu et réalisa soudain que ce n'était pas seulement Snape qui subissait ces regards. C'était l'ensemble des Serpentards. L'inquisition, la suspicion, la désapprobation étaient dans chacun des regards qu'ils subissaient. Et Hermione réalisa aussi que si vous n'étiez pas l'un des Gryffondors si favorisés, alors chacun vous observait comme si vous alliez trahir les autres, même quand vous n'aviez rien fait de mal.
Elle se frotta les yeux avec lassitude.
Pas étonnant qu'ils nous détestent.
- Que fait-elle ici ?
- Du calme, Alastor, répondit Dumbledore d'une voix où transparaissait un peu d'exaspération. Elle est toujours punie, mais elle est l'une des concernées par les informations que le professeur Vector est sur le point de nous partager. Lui interdire cette réunion provoquerait un grand danger que je refuse d'ignorer.
Dumbledore fit un geste vers le professeur Vector, qui se leva devant l'assemblée. Elle se racla la gorge.
- La plupart d'entre vous vous êtes interrogés sur ma soudaine présence au sein de l'Ordre, ces derniers jours. Mais étant donné certaines… circonstances… je n'ai pas encore pu vous l'expliquer. La plupart d'entre vous me connaissent aussi comme étant la professeure d'Arithmancie à Poudlard. Le Directeur m'a demandé de travailler sur des projets de probabilités dès le premier jour où monsieur Potter a mis les pieds à l'école. Malheureusement, les équations arithmantiques sont rarement statiques. Elles grandissent et se modifient à chaque nouvelle pièce d'information ajoutée aux variables. Au début, j'avais peu d'informations et elles étaient fragmentées, mais j'essayais de comprendre les forces avec lesquelles monsieur Potter interagissait. Et comment, en retour, elles interagissaient avec elles.
Elle soupira et adressa un sourire d'excuses à Harry.
- Je pense que si j'avais eu de meilleures informations pour travailler, j'aurais pu vous éviter les tourments que vous avez subis durant votre première et votre deuxième année. Mais en l'état, je pouvais juste identifier les interactions les plus basiques et les plus importantes qui affectaient la ligne du temps. Par exemple : votre besoin d'utiliser la cape de votre père pendant la première année, l'ouverture de la Chambre des Secrets et votre probable besoin de l'épée de Gryffondor. Les équations étaient simplement trop complexes. Et même si un bon Arithmancien peut vous donner des probabilités, même le meilleur d'entre nous a besoin de la totalité des informations existantes pour pouvoir prédire le futur.
Vector sortit sa baguette de sa manche et fit un mouvement compliqué. Devant elle, flottant dans l'espace, une forme complexe de lignes multicolores apparut. Elle tournait lentement sur un axe central. L'enchevêtrement était la représentation arithmantique la plus complexe et évolutive qu'Hermione avait jamais vue.
- On dirait un plat de spaghettis de maman, murmura Ron à Harry, bien que tout le monde l'entendit sans peine.
Hermione lutta contre sa première impulsion qui était de sermonner Ron et de se lancer dans une explication sur les représentations physiques des équations arimthmantiques, mais elle serra les dents pour retenir les mots qui affluaient. Personne ne s'intéresserait à ce qu'elle avait à dire. Comme pour se souvenir de rester silencieuse, elle reprit l'habitude qu'elle avait instaurée pendant son année scolaire et elle coinça résolument ses mains sous ses cuisses.
Le professeur Vector haussa un sourcil.
- Oui, monsieur Weasley, je suppose que ça peut ressembler à un plat de spaghettis.
Ron rougit en prenant conscience que tout le monde l'avait entendu.
- Cependant, si vous aviez suivi mes cours, vous auriez su ce que mon travail représente, continua-t-elle. Et je vous assure qu'il ne s'agit pas d'un dîner.
Une vague d'amusement parcourut la pièce, alors que Ron rougissait de plus belle, jusqu'à la pointe de ses oreilles.
- Pardon, professeur.
Vector acquiesça et, d'un mouvement de baguette, fit bouger les lignes multicolores sur un axe.
- L'arimthmancie, expliqua-t-elle avec le même ton que dans ses cours, associe l'histoire, la sociologie, des statistiques mathématiques et de la magie d'interprétation et de divination, représentée sous forme d'équations arithmatiques, afin de donner une représentation aussi fidèle et exacte que possible des probabilités à venir. Elle a de nombreuses applications interdisciplinaires. Dans sa plus simple forme, l'arithmancie permet de créer de nouveaux sortilèges. Ou elle permet de déterminer comment modifier la formule d'une potion existante. Ou d'en créer de nouvelles.
Vector s'interrompit pour regarder autour d'elle. Hermione savait qu'elle était en train de vérifier que tout le monde parvenait à suivre ses explications, comme pendant ses cours. Apparemment satisfaite, Vector poursuivit son discours.
- Comme dans toute discipline, il y a de nombreuses branches de recherche. L'une des plus ésotériques est d'utiliser l'arithmancie pour faire de la divination. Elle peut être utilisée, pour les praticiens experts, pour prédire les actions d'individus ou de groupes. Bien sûr, il ne faut pas la confondre avec la science moldue qu'est la psychohistoire. Bien qu'elle utilise les statistiques, l'histoire et la sociologie, cette dernière ne peut que déterminer les mouvements de groupes de gens très larges. C'est l'addition de la magie qui permet un meilleur contrôle de l'Arithmancie, ou en tout cas plus précis.
- Et en quoi cela nous concerne ? l'interrompit Maugrey depuis le fond de la pièce.
- Ca a tout à voir, puisque j'ai créé des formules arithmantiques pour suivre l'Ordre du Phoenix en tant que groupe, pour suivre certaines personnes en particulier, pour suivre des Mangemorts et bien sûr Vous-Savez-Qui.
Vector pointa plusieurs lignes de la matrice à l'aide de sa baguette, les faisant s'illuminer. Puis, elle pointa un point de jonction où les lignes illuminées se croisaient.
- Chaque ligne représente un calcul qui prend en compte une énorme quantité de données et de probabilités. Chaque point de jonction est ce qu'on appelle un « point d'orgue ». C'est un point de confluence. De changement. Ça représente un tournant majeur.
Vector s'arrêta et laissa les personnes présentes regarder une nouvelle fois l'enchevêtrement. Elle leva de nouveau sa baguette et pointa un point d'orgue où les lignes se croisaient tellement toutes, qu'on ne parvenait plus à distinguer les couleurs des lignes.
- Ce point, d'après mes calculs, représente la rencontre entre l'Ordre du Phoenix et les Mangemorts et Vous-Savez-Qui, dans ce qui devrait être la bataille finale.
Elle parcourut la pièce du regard.
- D'après mes calculs, nous avons 10 mois avant cette confrontation – un sursit qui a changé récemment en se réduisant beaucoup.
Il fallut deux jours complets à Hermione pour retrouver son équilibre. Entre sa conversation avec Dumbledore, qui lui donnait encore des frissons quand elle y pensait, et les révélations du professeur Vector, ses réflexions avaient été tourmentées.
L'arithmancie était l'une de ses matières préférées à l'école. Plus d'une fois, elle avait pensé se spécialiser dans cette direction. Et elle avait donc lu énormément de livres à ce sujet, durant ses temps libres. Et ces lectures lui donnaient une vision de l'énormité du travail du professeur Vector : elle était certaine que les autres étaient incapables d'en prendre la mesure.
Ce qui l'avait le plus perturbée avait été sa propre représentation. C'était une chose de savoir que l'Arithmancie pouvait prévoir des probabilités d'avenir. C'en était une autre de visualiser le résultat de ces prédictions en technicolor. Voir la carte de son futur était problématique. Mais le plus problématique, du moins à ses yeux, avait été la vision du futur du professeur Snape.
Elle avait pensé que leurs échanges étaient dus au hasard. Elle avait cru que ses rencontres avec le professeur Snape avaient été de simples causes à effets. Mais sa ligne de probabilité et celle du professeur s'étaient croisées et continuaient désormais ensemble, parallèles l'une à l'autre, jusqu'à l'horrible point d'orgue qui représentait la bataille finale. Elle ne savait pas ce que cela signifiait et cela l'effrayait.
Jusqu'à aujourd'hui, elle avait cru que le professeur Snape était juste un de ses projets. Oui, elle l'appréciait. Oui, il la challengeait de telle sorte qu'elle devait utiliser son intelligence de nouvelles façons. Mais cela ne signifiait rien de particulier, jusque-là… Elle était juste gentille, quand les autres ne l'étaient pas. Cependant, il y avait plus que ça.
C'était… Hé bien, elle ne savait pas exactement ce que c'était.
Pour le moment, elle était sa soignante et il était son patient. Quand il irait mieux, ils pourraient reprendre leurs rôles de mentor et d'élève. Ou du moins, c'est ce qu'elle avait cru, mais la matrice semblait dire autre chose.
Ce qui l'effrayait encore plus, c'était que sa ligne – la ligne d'Hermione Granger – ne semblait pas continuer avec celles qui représentaient Ron et Harry. Elles se croisaient en quelques points, souvent avec celle qui représentait le professeur Snape. Elle espérait juste que cela signifiait qu'elle et le professeur Snape parvenaient à sauver Harry de la route de destruction qu'il avait prise.
Il était cependant évident à ses yeux qu'elle n'était plus avec eux désormais. Elle orbitait autour d'eux, les croisait et allait globalement dans la même direction, mais plus avec eux.
Elle avait cru pouvoir l'assumer. Le gérer. Il était évident que ses échanges avec Snape – et l'entremêlement de sa ligne de probabilité avec celle de Snape – étaient importants. Elle avait pris une décision, plusieurs mois auparavant, et elle en accepterait les conséquences.
C'est du moins ce qu'elle avait pensé, jusqu'à ce qu'elle croise Harry et Ron à la bibliothèque.
- Comment as-tu pu, Hermione ? siffla Harry, les dents serrées. Qu'est-ce qui t'est passé par la tête ?
- Comment j'ai pu quoi ? demanda-t-elle en haussant les sourcils, incrédule. C'est fort venant de ta part, Harry. Combien de fois as-tu agi sur l'un de tes coups de tête, sans aucune considération pour les conséquences ? Au moins, moi, je l'admets. J'ai été imprudente, idiote, je n'ai pas réfléchi et j'assume ma punition. Mais n'essaie même pas, Harry, de me faire la morale sur des plans à moitié réfléchis. J'ai fait ce que je devais faire pour sauver la vie d'un homme. Ce n'est pas comme si je m'étais glissé à Honeydukes pour prendre des babioles comme des bonbons, contrairement à d'autres.
Le visage d'Harry prit une alarmante couleur pourpre.
Je n'aurais peut-être pas dû dire ça, réalisa Hermione. Mais il était trop tard pour reprendre ses mots, maintenant.
Harry tourna les talons et sortit en trombe de la bibliothèque, en claquant la porte derrière lui.
Ron la regardait comme s'il ne l'avait jamais vue. Il secoua la tête et suivit Harry.
Hermione fixa la porte, les yeux embués de larmes. Elle visualisa un avenir, des lignes et des probabilités, dans lesquelles elle restait amie avec eux, mais plus leur meilleure amie. Elle s'effondra sur le sol, prête à pleurer. Mais elle se retint. Elle s'essuya les yeux d'un revers de main et se releva. Devant elle se dessinaient des conséquences, des lignes et des probabilités. Et pleurer n'allait pas l'aider.
Le professeur Snape s'agita dans le lit étroit. Ses cheveux étaient collés à sa peau par la sueur. Il respirait en petites bouffées rapides et superficielles. Derrière ses paupières, on pouvait distinguer ses yeux aller dans tous les sens. Il était évident qu'il était prisonnier d'une sorte de cauchemar. Et cela perturbait Hermione de voir son professeur en être réduit à cet état. De temps à autre, il laissait échapper de petits sons, entre le gémissement et la plainte. Comme s'il essayait de retenir des hurlements, même dans son sommeil.
Il fallait qu'elle agisse, elle ne pouvait pas regarder ça sans rien faire.
- Rink, je ne supporte pas ça. Les potions antidouleur ne fonctionnent pas.
Elle se frotta le visage, fatiguée.
- Ou alors elles fonctionnent, mais pas assez. On doit faire quelque chose, affirma-t-elle les poings fermés. N'importe quoi !
- Les oreilles s'agitent.
La phrase était complètement inattendue et Hermione, surprise, cessa de se focaliser sur Snape pour porter son attention vers Rink. Elle oublia momentanément sa frustration. Elle s'était plutôt habituée aux expressions étranges de Rink et elle estimait être devenue une assez bonne traductrice de la manière de parler des elfes de maison en bon anglais. Mais là… Elle séchait.
- Les oreilles s'agitent ? répéta-t-elle.
Rink, l'expression très sérieuse, acquiesça catégoriquement. Ses larges oreilles s'agitèrent en conséquence.
Hermione cacha son sourire en mettant la main devant sa bouche et en feignant une toux. Elle n'avait pas envie de blesser Rink. Reprenant le contrôle d'elle-même, elle demanda aussi nonchalamment que possible :
- Alors, à propos de quoi s'agitent-elle ?
- Les elfes sont très impressionnés d'Hermy.
Cette fois, elle laissa échapper un rire triste. Tout le monde dans la maison la traitait comme une sorte de paria – un peu comme ils traitaient Snape habituellement. Et maintenant, les elfes de maison, qui refusaient encore de l'approcher il y a peu, étaient fiers d'elle.
Mon Dieu, mais à quel moment ma vie est-elle devenue si étrange ?
- Pourquoi est-ce que les elfes sont fiers de moi ?
- Les mots d'Hermy. Hermy fait. Hermy a besoin de faire quelque chose, répondit Rink.
C'était comme si la frustration grimpante de ne pas pouvoir aider son professeur avait du sens pour eux. Ca avait en tout cas l'air d'avoir plus de sens pour eux que pour elle.
- Les elfes ont besoin de faire quelque chose.
Peut-être que cela faisait sens pour eux, en effet. Et peut-être qu'agir suffisait.
J'ai déjà fait une chose, peut-être que ça peut servir aujourd'hui…
- Rink ?
L'elfe la rejoignit immédiatement.
- J'ai besoin que tu ailles à Poudlard et que tu prennes les draps que j'ai brodés pour le professeur Snape.
Les oreilles de Rink, qui étaient de plus en plus basses à chaque apparition de Snape au square Grimmaurd, se redressèrent immédiatement en réponse. Les yeux grands comme des assiettes, il la regardait avec un peu d'espoir.
- Hermy fait. Hermy pense que la magie va aider le Maître des Potions ?
Hermione se pencha en avant, toujours assise sur sa chaise. Le menton dans une main, elle fixa son professeur un moment.
- N'aie pas trop d'espoir, Rink, mais je pense que oui. Le professeur Snape souffre et son sommeil n'est clairement pas reposant. Ca ralentit forcément sa guérison. J'espère que les sortilèges tissés dans le drap pourront… je ne sais pas… l'apaiser un peu ou quelque chose comme ça.
Rink la regarda.
- Rink va aller chercher les draps de Miss, répondit-il solennellement.
- Merci.
Dans un pop discret, Rink disparut et Hermione se retrouva seule avec Snape. Elle osa avancer sa main et faire courir un doigt le long de la mâchoire. Elle pouvait sentir les poils de sa barbe naissance contre sa peau sensible. Elle retira brusquement sa main avec un sentiment coupable, quand Snape tressaillit sous le toucher léger, malgré son inconscience.
Il ne fallut pas longtemps à Rink pour changer les draps du lit étroit et Hermione lissa les plis du plat de la main. Elle savait qu'ils avaient aidé le professeur Snape auparavant. Les sortilèges et les potions prescrits par Alvarez soignaient les blessures physiques du professeur, mais ils n'aidaient en rien la qualité de son sommeil. Elle espérait juste que le réconfort et la protection qu'elle avait tissés dans les draps aideraient Snape.
Maintenant, la partie la plus difficile recommençait… Il n'y avait rien de plus à faire : elle devait juste attendre.
- Combien de temps ?
Ce furent les premiers mots qu'il prononça de sa voix rauque, trois jours après. Hermione cilla d'entendre sa voix de baryton habituelle aussi faible et cassée. Elle se dépêcha de lui proposer une gorgée d'eau fraiche.
Elle prépara le verre en lui faisant le récit des faits qui s'étaient déroulés ces derniers jours, parfaitement consciente qu'il voudrait savoir tout ce qui s'était passé.
- Vous êtes arrivés par une nuit d'orage, il y a quelques jours. Vous étiez sévèrement blessé et inconscient.
Elle décida de laisser sous silence le fait que c'était elle qui l'avait trouvé, mais elle ne pouvait pas cacher les détails des prochaines explications.
- Dumbledore est arrivé et a retiré votre malédiction.
Elle vit Snape faire un léger hochement de tête et se demanda s'il se souvenait de l'horrible sortilège que Voldemort lui avait lancé.
- Cependant, poursuivit-elle, il n'était pas capable de vous guérir complètement, parce que vos blessures étaient trop graves. Il a envoyé un message à madame Pomfresh, mais elle n'était pas disponible. Je…
Elle s'interrompit et rassembla tout son courage pour poursuivre.
- Je suis allée chercher la médicomage Alvarez pour qu'elle vous aide.
Snape fronça les sourcils. Son expression variait entre le choc et l'incrédulité.
- Le professeur Dumbledore a fait entrer le docteur Alvarez dans l'Ordre ?
- Hum. Pas exactement, répondit Hermione sans vraiment répondre.
Les yeux noirs de l'homme contenaient encore beaucoup de fatigue et de douleur quand ils la fixèrent.
- Expliquez, exigea-t-il.
Et voilà pour cette semaine. La suite dimanche comme à l'habituel. Laissez moi un petit mot de plaisir ou d'encouragement en partant ? Merci ^^
Lena.
