Salut ! Je suis très contente de lire vos retours sur le premier chapitre ^^ J'espère que celui-ci va vous plaire. Il lance l'intrigue des princes.

Shadow : Alors, je ne suis pas sûre d'avoir bien compris ta remarque. Quels personnages je présente deux fois ? Dans le premier chapitre, j'évoque Shirogane, les princes et l'empereur du point de vue des historiens, 500 ans après les faits. Ce qui est intéressant c'est de voir ce qui reste de leur histoire, ce qui est "faux" et ce qui est "vrai". Oui, j'ai été obligée de prendre des libertés... j'espère que ça ne gênera pas. Merci pour ce review :)

Bee-gets : Hello ~ J'ai bien reçu ton PM et je t'ai justement répondu. J'espère que tu l'as bien reçue ^^ Oui, je reprend très souvent les mêmes personnages secondaires à travers mes histoires : la mère de Kise, peut importe les histoires, s'appelle toujours Chieri, etc... De même avec la famille de Nash. Alors, concernant le prénom de son père, j'ai choisi au hasard. Je me suis dit qu'il sonnait bien. L'âge de Nash est d'environ 17-18 ans dans cette histoire. Il est en terminale. Ça aura son intérêt plus tard ^^ à plus !

Akashi la fraise : Merci ! Oui, les personnages reviennent d'une histoire à une autre ^^ j'aime bien ~

Bonne lecture !


Jeux d'enfants

« l'empereur choisira peut-être l'une d'entre nous »

Shirogane Kozo gardait toujours la porte coulissante de son bureau ouvert. Cela lui permettait de surveiller les garçons qui jouaient dans le jardin du palais. Il entendait leurs cris, leurs rires et faisait attention à leur langage. Le moindre mot de travers était sanctionné.

Ils jouaient avec une balle qu'ils s'envoyaient et un, au milieu de leur cercle, devait l'attraper. Une fois attrapé, il pouvait rejoindre le cercle et celui qui avait perdu la balle prenait sa place. Il était interdit de faire une passe à son voisin. Les plus grands étaient avantagés.

A ce jeu, Shintarô était le meilleur. Il lançait la balle si haut pour la passer à ses demi-frères que même Atsuchi, le plus grand, ne pouvait l'intercepter. En plus d'être très précis, Shintarô était également grand pour son âge. Tetsuya, pourtant le plus âgé, était gringalet et ne lançait pas très fort. A ce jeu, il pouvait passer plusieurs minutes au milieu du cercle et y retourner à peine sorti.

Les garçons avaient quelques mois d'écarts à peine. Ils étaient tous nés en 1480. Tetsuya était l'ainé, né en janvier, et Seijuro le cadet, venu au monde en décembre. Tous issus d'une liaison de l'empereur avec une concubine différente. Ces jeunes femmes, pour la plupart issues de la noblesse, passaient le plus clair de leur temps dans l'aile du palais qui leur était attribué. Elles s'occupaient d'enseigner aux garçons la calligraphie et la lecture. Shirogane prenait en charge tout le reste de leur éducation.

L'empereur n'avait que peu de contact avec ses enfants. Il arrivait qu'il en invite un à venir jouer au shogi avec lui. C'était un moyen pour lui d'évaluer les progrès de l'enfant. A ce jeu-là, Seijuro était un prodige et cela faisait de lui le préféré de l'empereur.

-Aïe !

Shirogane releva la tête et regarda sur sa gauche les garçons. Seijuro était par terre, sur les fesses.

-T'as pas le droit de me frapper !

-T'es tombé tout seul !

Shirogane soupira et se leva pour aller rejoindre les garçons.

-Que se passe-t-il ?

Seijuro se releva et épousseta son large pantalon.

-Ce n'est rien, affirma-t-il.

-Je t'ai entendu crier alors ne me mens pas.

-Dai-chin l'a poussé, expliqua Atsuchi.

Daiki commença à protester mais Shirogane lui fit signe de se taire. Il connaissait assez le garçon pour donner du crédit aux paroles d'Atsuchi. Daiki pouvait se montrer très rude avec ses frères, surtout avec Seijuro. Il était petit pour son âge et la préférence que lui accordait l'empereur rendait les autres jaloux.

-Daiki, tu vas t'excuser auprès de Seijuro.

Le garçon rechigna. Il fit un petit pas vers Seijuro et grommela trois petits mots d'excuse. Seijuro s'en contenta en acquiesçant.

-Bien. C'est réglé. Maintenant fini de jouer. On…

Une agitation sembla soudain envahir tout le palais. Ils entendirent les pas précipités dans les couloirs, les voix, les panneaux qui s'agitaient à mesure qu'on les ouvrait et qu'on les fermait. Du fond d'un couloir arriva Misora Midorima et Chieri Kise, les mères de Shintarô et Ryota respectivement. Elles semblaient en proie à la même frénésie que le reste du palais.

-L'impératrice est morte, annonça de but en blanc Misora.

Les enfants se regardèrent. Puis, petit à petit, les regards convergèrent vers Tetsuya. Il était l'ainé. Et la reine étant morte sans donner d'héritier, il devenait le plus probable successeur au trône.

Tetsuya dévisagea à son tour ses frères, son précepteur et les deux concubines. Il ne voulait pas comprendre ce qui se passait. Rien ne disait qu'il deviendrait l'héritier. C'était à l'empereur de choisir. Et dans ces conditions… il était loin d'être le préféré.

Shirogane claqua ses mains et récupéra l'attention des enfants. Il les força à le suivre pour leurs cours de mathématiques. Mais les garçons ne parvinrent pas à se concentrer. Il se mirent à s'épier les uns les autres. Seijuro et Shintarô, qui d'ordinaire aidaient leurs frères à comprendre certains calculs, restèrent silencieux dans leur coin, comme si partager leur savoir était désormais interdit.

Après le cours de mathématique, les enfants rejoignirent leurs mères. Elles discutaient entre elles de l'impératrice. Chacune, instinctivement, se rapprocha de son fils.

Shiori, la mère de Seijuro, arrangea ses cheveux roux et sourit à son fils.

-Tu es un petit garçon courageux, lui glissa-t-elle à l'oreille.

Il sourit. Sa mère était chaleureuse et aimante. Seijuro ne cessait jamais de sourire en sa présence. Elle était la présence qui le réconfortait quand ses frères étaient méchants avec lui. Elle était la douceur qui l'aidait à bien dormir.

-Maman, qui sera l'impératrice désormais ?

Shiori haussa les épaules.

-Qui sait… l'empereur choisira peut-être l'une d'entre nous.

Elle caressa la joue de son fils.

-Ne t'en fait pas, cela ne nous éloignera pas.

-D'accord.

Seijuro mesurait la chance qu'il avait d'avoir une mère aimante comme la sienne quand il voyait la sévérité dont faisait preuve Misora ou Isoko, la mère de Daiki.

Outre les cours de calligraphie, Shiori enseignait également à Seijuro le shamisen. Il était ainsi le seul des enfants à savoir en jouer. Ils pouvaient jouer plusieurs heures dans le jardin pendant les jours de repos. Seijuro adorait ces moments de partage.

Shiori était la dernière concubine à avoir intégré le palais. Elle était une ancienne geisha de Gion. Mais avant ça, c'était une fille de pêcheur qui a été vendue, pour éponger des dettes, à une okiya. Shiori avait expliqué qu'elle avait été invitée au palais avec plusieurs autre geisha pour une réception importante. C'était exceptionnel de voir des geisha au palais impérial. L'empereur serait tombé amoureux de Shiori et aurait insisté pour qu'elle devienne une de ses concubines. « J'ai voulu devenir une de ces femmes de pouvoir » avait-elle expliqué. « Et je t'ai eu, Seijuro. Tu es de loin mon plus précieux trésor en ce monde. »

Néanmoins, elle restait en retrait. Elle n'était pas issue de la noblesse comme les autres si bien qu'elle était méprisée. Elles transmettaient ce mépris à leurs enfants qui, eux aussi, mettaient la mère et le fils de côté. Seuls Tetsuya et Atsushi prenaient le parti de Seijuro.

Shiori était celle qui passait le plus de temps avec l'empereur. Quand elle n'était pas à ses côtés, que ce soit pour une rapide balade ou dans sa chambre, elle jouait du shamisen, seule dans le jardin, ou bien allait aider en cuisines, là où elle se sentait utile. « Toi, disait-elle à son fils, tu es mon rayon de soleil. »

Seijuro se nourrissait des sourires de sa mère et de ses paroles. Passer du temps à ses côtés était son plus bonheur et il avait de la peine pour ses frères qui n'avaient pas droit à cet amour.

Le soir, les enfants rejoignirent leur petite aile du palais. Ils mangèrent en silence. Les servantes et servants du palais étaient fébriles. L'impératrice était morte de la variole et on craignait depuis déjà plusieurs jours que la maladie ne se répande. Aucun autre cas n'avait pourtant été recensé pour le moment.

Les princes allèrent se coucher dans leurs chambres respectives et, cette nuit-là, s'imaginèrent tous empereur.


Et voilà pour le chapitre 2. J'espère que vous avez apprécié ^^