Hey ! Je vais tenter de publier à l'heure aujourd'hui.

Shadow : Tu as raison, ça prend de plus en plus d'ampleur. Oui, ce serait terrible pour eux de se faire prendre. Espérons que ça n'arrivera pas.. hehe. Il pourrait laisser la maladie le tuer mais : 1) la variole est certes très mortelle, rien ne garantie que Daiki va mourir 2) Akashi n'a aucune envie de prendre le risque que tout le palais tombe malade (il y a Shûzo dans le lot... et l'empereur. Tant que la succession n'est pas claire, il vaut mieux que l'empereur reste en vie. D'ailleurs à l'heure actuelle, c'est logiquement Tetsuya, l'ainé, qui aurait le plus de chances de monter sur le trône). Ce chapitre est le dernier de la partie 2. Nous allons retrouver Nash au prochain chapitre.

Bonne lecture


Saignée

« Tu es un monstre ! »

Tout le palais avait plongé dans le sommeil. Tous allaient se réveiller au petit matin. Sauf un.

Daiki ouvrit les yeux dans une salle sombre. Il sentait un goût bizarre dans sa bouche et avait très mal au dos et à la nuque. Ces douleurs, il les associa en premier à la variole. Il avait de la fièvre et des douleurs diverses depuis trois jours déjà. Mais celles-ci étaient différentes…

Il réalisa ensuite qu'il était attaché sur une sorte de planche en bois, les bras écartés et fermement maintenus.

-Il y a quelqu'un ? criât-il.

La pièce sentait l'humidité et Daiki entendit les remous de la rivière qui passait à proximité.

-Nous sommes dans le sous-sol du palais.

-Qui est là ?

De l'ombre sortit une silhouette familière.

-Putain, Seijuro… détaches-moi ! Toute de suite !

-Non.

La lune se refléta dans la lame. Daiki se débattait à mesure que Seijuro s'approchait.

-Qu'est-ce que tu fous ? Tu vas me tuer ?

-Oui.

-Pourquoi ?

-L'empereur a l'intention de se remarier. Avec ta mère, annonça le prince d'une voix glaciale.

-Sérieux ?

Seijuro acquiesça dans l'ombre.

Daiki avait du mal à y croire. Leur père voulait se remarier… pourquoi après tout ce temps ? Il devrait être heureux que sa mère ait été choisie parmi toutes les concubines. Si l'empereur ne voulait pas attiser les foudres de son cadet, il aurait pu prendre Chieri Kise pour épouse. Mais, non, il avait choisi sa mère…

Et il venait de pousser Seijuro à se débarrasser une fois pour toute de son rival.

Seijuro se pencha sur son demi-frère et posa la lame aiguisée sur son poignet gauche.

-Je ne peux pas le supporter, Daiki. De tous, il a fallu que ce soit toi.

-Tu aurai tué Tetsuya ? Ou Atsushi ?

Il l'ignorait. Il n'aurait sûrement pas eu la même rage. Une idée lui vint soudain… Et si l'empereur avait délibérément choisi Isoko pour le provoquer ? Et s'il était en train de le tester, de voir s'il allait se laisser faire ? Et si l'empereur voulait qu'il tue Daiki ? Il n'est que la marionnette de notre père, avait dit Daiki une semaine auparavant. Et s'il avait raison ?

Il trancha le premier poignet de Daiki qui cria de douleur.

-Personne ne t'entendra, Daiki. J'ai endormi la moitié du palais avec les plantes de Shûzo.

-Je te hais. Pourquoi ce n'est pas toi qui es tombé dans ce lac ? Pourquoi t'as survécu à tout ça ? T'as aucun mérite ! s'énerva le prince. T'es juste le fils de la préférée ! Le fils d'une putain de geisha qui a été ramassée sur la plage. Fille de poissonnier et de poissonnière. Je suis sûr que même sa…

-Cesse de parler de ma mère. Je mérite de devenir le prochain empereur. J'ai tout fait pour ça. Je suis parfait. Je suis absolu.

Il avait du mal à reconnaître sa propre voix tellement la colère et la haine était en train de l'aveugler. Il avait imaginé plusieurs fois la mort de Daiki ou Shintarô. Maintenant qu'il y était, ses mains tremblaient. Qu'était-il en train de faire ?

Seijuro contourna Daiki et alla entailler son autre poignet. Le sang dégoulinait telle une cascade dans de vieux seaux que le prince avait placé juste en-dessous. L'installation rudimentaire lui avait demandé moins d'une heure de travail. Il avait agi vite.

Seijuro le regarda. Daiki ne vit que de la colère sur son visage froid. Jamais son frère ne lui fit aussi peur.

-Qu'est-ce que tu fou ?

-Une saignée. C'est comme ça qu'on traite les malades, non ?

-Mais…

-Toi qui es si fière du sang qui coule dans tes veines, je vais t'en extraire chaque goutte. Ainsi, nous ne serons plus frères, si tant est que nous l'ayons été un jour.

Seijuro retourna dans l'ombre et regarda son demi-frère sur la table de fortune. Les seaux se remplissaient petit à petit. Seijuro ne savait pas combien de temps cela prendrait. Il espérait que ce ne sera pas trop long car il ignorait la puissance des plantes que lui avait donné Shûzo.

-Ta mère est morte il y a huit ans ! Ne va pas me dire que…

-Tu as tenté trois fois de me tuer, le coupa Seijuro. Œil pour œil, dent pour dent.

-Les serpents, ce n'était pas moi.

-Et bien tant pis.

-Tu es un monstre !

Seijuro ne répondit pas et resta dans l'ombre jusqu'à ce que Daiki soit trop faible pour continuer à lui hurler dessus. Il attendit encore, jusqu'à ne plus voir qu'un fin filet de sang qui coulait de ses poignets.

Le garçon le détacha, palpa son cou pour chercher son pouls mais ne le trouva pas. Seijuro eut l'impression de ne plus pouvoir respirer. Il sentait son ventre tordu. Daiki était mort.

Il rassembla ses forces pour mettre en place la fin de son plan. Seijuro tira le corps de son demi-frère jusqu'à sa chambre, située deux étages plus hauts. Il l'étala sur le futon, puis redescendit chercher les seaux de sang qu'il déversa lentement au niveau de chaque poignet. Seijuro se percha sur un tabouret pour ne pas marcher dans le liquide rouge.

Sa mise en scène devait faire penser à un suicide. Il avait pensé à le tuer dans son sommeil mais il avait tenu à avoir une discussion avec lui avant.

Il se sentait vidé de toute énergie, de toute envie. Seijuro se rendit au pont rouge qui surplombait la rivière et jeta les sceaux avant de retourner à sa chambre. Le palais était encore endormi. Personne ne l'avait entendu.

Seijuro se glissa sous la couverture à côté de Shûzo. Il resta à bonne distance de lui, comme si son touché pouvait lui faire du mal.

Il dû jouer la surprise au petit-déjeuner quand ses demi-frères constatèrent l'absence de Daiki. Seijuro se sentait bizarre. Sa gorge était sèche tandis qu'il suivait Tetsuya jusqu'à la chambre de Daiki. Il tremblait. Il avait envie de fuir à toute jambe et en même temps, il devait se retenir de sourire.

Et quand l'odeur de sang envahit ses narines, quand l'horreur fut dévoilée sous les rayons du soleil, il prit conscience de ce qu'il avait fait.

Seijuro chercha au fond de son cœur l'ombre du remord et de la honte, mais il n'y en avait pas.

Partie II fin