Salut ! Désolée de publier aussi tard. Je vais être honnête : j'avais complétement oublié ! En général, je prépare mon chapitre, mes réponses aux reviews etc... le vendredi soir. Sauf qu'hier soir j'étais occupée et du coup ça m'est sortie de la tête ^^'

Les premières grosses chaleurs arrivent... ça me déprime... je hais la chaleur.

Bee-gets : Merci pour tes explications concernant l'ijime. Que Seijuro s'entende bien avec la famille de Shûzo ne changera rien au château car ils vivent à Iga. Alors le "tout doux" ne durera pas longtemps hehe

Shadow : Exact. La fleur a cependant une autre origine. L'estampe n'a pas été réalisée durant ce périple à Iga, en réalité elle sera réalisée plus tard. Bye !

Bonne lecture !


Funeste provocation

« Mais Tetsuya vient de me trahir… comme tous les autres. »

-Je ne te savais pas si pieux.

Shintarô traversait le pont rouge en direction du palais impérial.

-Qu'as-tu donc susurré aux dieux ? le railla Seijuro depuis l'autre côté.

Son demi-frère l'ignora et continuât son chemin. Seijuro n'allait au temple que lors des cérémonies obligatoires. Hors de question de s'y rendre pour le plaisir. De plus, il doutait que le dieu du temple serait enclin à l'aider. Seijuro avait conscience de s'être enfoncé dans le royaume des ombres où aucun dieu ne pouvait plus lui tendre la main.

Il rebroussa chemin et rejoignit ses frères pour un nouveau conseil de guerre. Shintarô était peut-être allé prier pour être plus inspiré que la dernière fois, songeât Seijuro.

Lors du conseil, la succession de l'empereur ne fut pas évoquée. Les généraux se concentrèrent sur les faits s'étant déroulé dans la baie de Matsuyama. De nombreux vaisseaux marchands ennemis faisaient des allers et retours entre Shikoku et Kyushu avaient été détruits. La flotte alliée était en pleine reconstruction mais les chantiers avançaient à un rythme soutenu et celle-ci devrait être recomposée d'ici la fin de l'année.

Tetsuya pensait que les généraux, notamment le général Aida qui avait la charge de la sécurité du palais, parlerait de l'incendie. A moins, songeât-il alors, qu'il ne soit persuadé que c'était un accident. Devait-il le suggérer ? Tetsuya hésitât, voyant la fin du conseil se profiler. Il était déjà si bas dans l'estime de l'empereur et des généraux qu'il songeât qu'il n'avait aucune raison de ne pas prendre le risque.

-Excusez-moi, commençât-il d'une petite voix.

Les généraux sursautèrent, de même que l'empereur, peu habitué à entendre la voix de son ainé.

-Avez-vous pu mener une enquête concernant l'incendie de l'aile des concubines ? Même si celui-ci n'a eu que des conséquences matérielles, il aurait pu blesser la princesse Satsuki.

L'empereur plissa ses yeux dorés et Tetsuya devina du coin de l'œil le regard froid de son frère cadet.

Le général Aida se racla la gorge.

-Eh bien, nous avons en effet mené une enquête. Nous avons trouvé des traces de poudre près des chambres de concubines et celles-ci nous ont racontés avoir été enfermés dans la pièce.

Tetsuya déglutit. Il tourna la tête vers l'empereur mais celui-ci restait impassible.

-La piste criminelle est envisagée à ce stade mais je doute que l'on puisse trouver le coupable. Nous avons fait le tour des témoignages de ce soir-là et personne n'a rien vu. J'ai déjà pu discuter des mesures que j'allais prendre avec sa Majesté.

-Le sujet est clos, trancha l'empereur.

Tous les généraux et les quatre princes se levèrent comme un seul homme pour quitter la pièce.

Dès qu'ils furent dehors, Tetsuya se tourna d'un bond vers son frère. Il ouvrit la bouche, prêt à l'invectiver, mais se retint. Ce n'était ni le lieu, ni le moment. Il vit Seijuro sourire quand il constata que son ainé n'avait pas le courage de le confronter.

Tetsuya fut choqué par ce sourire cruel sur le visage de son frère. Le jeune homme qu'il avait face à lui n'avait plus rien à voir avec le petit garçon d'antan. Que s'était-il passé pour le transformer ainsi ? Revenir en arrière était-il encore possible ?

-Je ne te reconnais plus, soufflât Tetsuya.

Le sourire de Seijuro se fana lentement. Les généraux qui s'attardaient dans le couloir restèrent attentif à la conversation entre les princes.

-Pourquoi as-tu fait ça ?

-Fait quoi ?

-S'il-te-plaît, Seijuro-kun, cesse de mentir. Dis-moi la vérité.

-De quoi parles-tu, Tetsuya ? demandât à son tour Shintarô, les sourcils froncés.

-Tetsu-chin pense que Sei-chin est responsable de l'incendie.

Le général Aida s'approcha.

-Ce sont des accusations très graves, votre Altesse.

-Je…

Tetsuya vit la lueur de satisfaction dans les yeux rouges de Seijuro.

-Général, j'ai en effet des raisons de penser que Seijuro a pu orchestrer cet incendie. Il avait un mobile.

-Un mobile n'est pas suffisant, le gronda le général.

-Mais je sais qu'il l'a fait ! craqua Tetsuya, à bout de nerf. Son mercenaire aurait très bien pu lui fournir la poudre ! Je suis sûr qu'il en manipule tous les jours !

-L'enquête n'a pas révélé la provenance des poudres, précisa le général. Votre Altesse, votre accusation est pour le moment infondée. De plus…

-Il a déjà tué Ryota ! Il hait nos mères ! Il…

-Tetsuya, que dis-tu là ? intervint Shirogane qui venait chercher les princes.

Seijuro voyait son frère troublé. Lui aussi semblait en proie à la colère. Il perdait petit à petit sa raison. S'il avait été maître de ses émotions, jamais il n'aurait ainsi provoqué Seijuro en public. Peut-être avait-ils là un point commun insoupçonné.

-Son Altesse pense que le prince Seijuro serait à…

-J'ai entendu, le coupa Shirogane. Tetsuya, comment peux-tu penser des choses pareilles ?

Mais Tetsuya lu dans le regard de Shirogane qu'il avait lui aussi fait cette hypothèse.

-Venez, nous allons régler cela.

-Et pourquoi ne pas organiser un duel ? lâcha Shintarô.

Il y eu un instant de silence. Shintarô vit les yeux de Tetsuya s'écarquiller. Il semblait lui demander, du fond de ses prunelles bleu ciel, pourquoi il l'avait trahi de la sorte. Un duel, c'était l'assurance de la mort.

-Un duel ?

Shirogane eu un vilain frisson.

-Un duel… répétât Tetsuya, sous le choc.

Le précepteur sentit la situation lui échapper.

-Pourquoi pas, répondit seulement Seijuro avant de s'éloigner.

Un duel. Il y avait peu de suspens quant au vainqueur. Tetsuya était petit et souple, mais il était beaucoup moins doué que Seijuro au sabre. Il ne pouvait pas gagner.

Un duel. Cela signifiait tuer Tetsuya. Devant toute la cour.

Shûzo le verra faire. Il ne pourra pas cacher sa haine et sa colère, elle sera visible par tous.

Seijuro se força à prendre de grandes inspirations. Rien n'était encore décidé. Tetsuya ou Shirogane s'opposera au duel. Bien que, dans le cas de Tetsuya, ce sera perçu comme un signe de couardise.

Seijuro s'enferma dans sa chambre, sortit son sabre, et commença mécaniquement à le nettoyer. Ses pensées divaguèrent plusieurs heures, jusqu'à ce que Shirogane entre dans sa chambre.

-Qu'as-tu fait, Seijuro ?

-Rien.

Son précepteur s'approcha à grands pas et le saisit par le poignet.

-Ca ne me fait pas rire ! Tetsuya t'accuse t'avoir tué Ryota et d'avoir provoqué l'incendie ! Le duel va avoir lieu, l'empereur l'a décidé. J'ai besoin de savoir si ce qu'il dit est vrai. Réponds-moi.

-Je n'ai rien fait.

Il le lâcha.

-Ce sera un combat à mort. Tu en as conscience ?

-Oui. J'ai même l'impression que vous êtes le seul à vous en préoccuper.

-Comment peux-tu…

Shirogane eu l'impression d'entrapercevoir pour la première fois le monstre. Il avait pourtant toujours eu de l'affection pour Seijuro. C'était un garçon brillant. C'était peut-être cela qui l'avait aveuglé… était-il le seul à n'avoir jamais rien vu ? Pour autant, Shirogane se sentait incapable de le détester. Il avait élevé ces enfants depuis qu'ils savaient marcher. Ils étaient ses fils.

-Tu vas devoir te battre contre ton frère.

-Je sais.

-Et c'est tout ce que cela te fait ?

-Tetsuya me pense capable de l'impossible. Il veut me décrédibiliser devant l'empereur et les généraux. Tout comme sa mère, il a peur de moi et de l'affection que me porte l'empereur. Il aime passionnément Satsuki et souhaite monter sur le trône pour l'épouser. Je ne suis qu'un obstacle sur son chemin. Ses motivations ne sont pas compliquées à comprendre.

Seijuro soupira.

-Nous ne sommes plus frères depuis longtemps…

-Vous vous entendiez bien il y a encore quelques mois.

-Je sais. Mais Tetsuya vient de me trahir… comme tous les autres. Je dois rétablir mon honneur entaché.

-Ce sera irrémédiable.

-Je sais.

Shirogane s'agenouilla face à Seijuro.

-Si vous m'aviez parlé de ce conflit, dit-il plus doucement, nous aurions pu régler cela de façon pacifique. Vous n'auriez pas eu à vous entretuer.

Seijuro sourit.

-Nous ne sommes plus des enfants. Ce ne sont plus de simples chamailleries. Tôt ou tard, nous en serions arrivés là.

-Tu en es sûr ?

-Oui.

Il détourna le regard.

-Nous sommes trop différents.

-Je ne pense pas que ce soit le problème. Si vous étiez né dans une autre famille, dans un autre contexte… je pense que rien ne serait arrivé.

Ils se dévisagèrent un moment. Seijuro cru voir les yeux humides de son précepteur. A quel point cet homme les aimait-il ? Quand Ryota et Daiki étaient morts, il n'avait pourtant presque rien montré.

-Ce n'est pas moi le responsable, soufflât Seijuro en serrant les poings.

-Tu aurais pu pardonner.

-Le pardon, c'est pour les faibles.

-Non. Le pardon, au contraire, requiert une grande force. La vengeance n'apporte qu'une satisfaction passagère et n'est en aucun cas un remède. Si tu pardonne, alors tu te décharge du passé. La vengeance te ronge car elle te pousse à te mettre au même niveau que ceux qui t'ont fait du mal.

Seijuro détourna le regard. Il avait pris la vie deux des fils des femmes qui avaient tué sa mère. En un sens, il était désormais bien pire qu'elles. Pour autant, il n'avait aucune envie de s'arrêter là. L'empereur voulait que ce soit lui qui monte sur le trône, et il devait se montrer digne de cette ambition. Il devait être le meilleur et cela signifiait être capable d'éliminer toute concurrence.

-Tu peux éviter le duel si tu ravale ton honneur.

Le jeune homme lança un regard noir à son précepteur. Abandonner son honneur, et puis quoi encore ?

-Certainement pas. Je ne serai pas un lâche. Et puis, cela reviendrait à accepter ses accusations.

-Je vois…

Shirogane se releva et s'inclina légèrement avant de sortir.