Salut ! On revient à l'histoire des princes !
Bee-gets : Hehe ^^ Oui, Nash s'est calmé, mais du coup il est complétement out of character. Alors pour répondre vaguement à ta question... non, j'ai pas vraiment changé après le lycée (déjà j'étais pas une rebelle mdr). J'ai coupé presque tous les ponts avec mes amies de lycée. Euh... oui, bien sûr que tu peux citer mon pseudo. Bonne journée !
Shadow : Pour te donner un indice... as-tu déjà cherché ce que signifiait "damnatio memoriae" ? Cool ! Moi aussi je suis en vacance ! J'ai eu trois semaines entre la fin de mon stage et le début de mon CDD pour préparer la soutenance. Fini les études... ah, ça fait bizarre. Bye !
Bonne lecture !
Contrecoup
« Tu… me trouves toujours beau ? »
Juste après avoir tranché la gorge de son frère, Seijuro s'était relevé. Son œil saignait abondement et bien que la blessure dans son dos ait été amoindrie par son armure, elle n'en restait pas moins préoccupante.
Chancelant, il fit un pas vers l'estrade. Hinako, la mère de Kuroko, bien que retenue par les autres concubines et la garde royale, avait réussi à s'échapper et s'était précipitée vers le corps de son fils. Ses cris couvraient tous les murmures de l'assemblée.
-J'ai… commença Seijuro. J'ai triomphé, votre Majesté.
La douleur et les vives émotions eurent raison de lui et sous les regards surpris, il s'effondra.
Secouée par ce duel, la foule était restée un moment. Nulle festivité ne furent organisées. Après ce choc fratricide, chacun retourna lentement à ses occupations. Néanmoins, les discussions, durant les deux jours suivants, ne portaient que sur le duel.
oOo
Seijuro avait dormit une journée entière. Le médecin profita de sa torpeur pour soigner son œil et son dos. Chose rare, l'empereur était venu en personne prendre des nouvelles du garçon.
-L'œil est-il perdu ? demandât-il au médecin.
-C'est possible. Je ne suis pas en mesure de voir si le fond de l'œil a été atteint. La vue en sera dégradée, c'est inévitable. Il aura également une cicatrice.
Shûzo observait le visage recouvert d'onguent de son amant. La blessure allait du bas de sa joue droite à son œil. Sa paupière supérieure était heureusement intacte. Le médecin avait dit que la blessure aurait été bien plus grave si cela avait été le cas.
C'est dans la douleur que Seijuro se réveilla. Shûzo le veillait et dès les premiers gémissements, il se pressa à ses côtés. Le médecin du palais lui avait indiqué comment prendre soin du prince.
-Shûzo… Shûzo…
-Je suis là. Seijuro, je suis là. Ça va aller.
-J'ai mal…
-Je sais.
Seijuro porta sa main à son visage et sentit l'épais lange qui couvrait sa joue et son œil. Un bandage, maintenant le tout en place, faisait le tour de son crâne.
-Shû… Tetsuya. Où est Tetsuya ?
-Il est mort.
Seijuro étouffa un sanglot que Shûzo prit pour un gémissement de douleur. Il aida le jeune homme à se relever et lui tendit une tisane.
-Bois ça.
-Qu'est-ce que c'est ?
-De la mélisse et du pavot. Ça calmera tes douleurs.
Seijuro bu mais chaque action, parler ou boire, lui donnait l'impression de déchirer sa joue.
-Le corps de Tetsuya reçoit les onctions des moines. Il sera incinéré dans deux jours. Ses cendres iront rejoindre celles de sa famille.
-Ce sont les ordres de sa mère, j'imagine.
-Oui. Elle n'a pas quitté sa chambre depuis hier. De même que Satsuki.
-Hier ? J'ai donc dormi une journée entière ?
Shûzo acquiesça tandis que Seijuro se laissait retomber sur son futon. Il sentait un poids dans sa poitrine et une grande lassitude. Il ferma les yeux. La douleur l'irradiait encore, puis, petit à petit, se fit submerger par la torpeur. Seijuro ne se réveilla que plusieurs heures plus tard et le cycle continuât ainsi jusqu'à ce que la douleur devienne supportable.
Le médecin venait régulièrement vérifier ses bandages. Quatre jours après le duel, il décida qu'il était temps de laisser la plaie respirer.
Seijuro pu voir dans le miroir la longue ligne rouge qui descendait de son œil pour se terminer en bas de sa joue. Il ferma l'œil gauche.
Shûzo le regarda faire, inquiet. Il n'aimait pas cette blessure. Elle entachait le visage auparavant parfait de Seijuro. Ses traits s'en retrouvaient durcis. Il n'avait plus son air de jeune homme sulfureux que Shûzo aimait tant. Cette ligne rouge montrait au contraire cet autre aspect plus violent qui se cachait en lui. Shûzo comparait cette blessure à une larme de sang qui aurait coulé, emportant avec elle la couleur de l'iris de Seijuro. Son œil droit était désormais d'un jaune fade et opaque.
-Que vois-tu ? lui demandât-il.
-Je ne suis pas aveugle, c'est déjà ça.
Shûzo s'approcha de Seijuro. Il passa un bras derrière lui et caressa du bout des doigts sa joue gauche, intacte.
-Ma vue est… floue… et décolorée.
-Peut-être se rétablira-t-elle avec le temps.
-Hum…
Seijuro n'y croyais pas trop. C'était la première fois qu'il gardait une trace d'un de ses meurtres. C'était étrange. Il contempla cet œil jaunâtre et cette blessure. Elle était rouge et gonflée. D'ici quelques mois, il restera une profonde cicatrice rosée.
-Tu… me trouves toujours beau ?
Shûzo mis une seconde de trop à répondre.
-Oui.
Seijuro baissa les yeux et repoussa la main de son amant.
Il alla s'asseoir sur son balcon et regarda la grande ville de Kyoto qui s'étendait à ses pieds. Il avait tué un troisième frère. Plus que deux, lui chuchotait sa conscience. Il repoussa cette pensée.
Seijuro avait déjà tué. Et le meurtre de Tetsuya était légitime. Il l'avait provoqué, c'était un duel. Personne ne pouvait l'accuser. Alors pourquoi se sentait-il si mal ? Cela n'avait rien à voir avec la honte qu'il avait ressenti après la mort de Ryota. C'était au contraire un profond vide, une sensation de dégoût envers lui-même. Était-ce parce que, pendant des années, Tetsuya avait été son allié ? Il avait sincèrement apprécié son frère jusqu'à ce que celui-ci ne commence à se dresser contre lui.
La chambre de Tetsuya était vide. Seijuro ressentait son absence, comme si son esprit hantait la pièce voisine, comme si son souffle passait entre les murs. Il n'avait pas senti cela après la mort de Daiki alors qu'il dormait aussi de l'autre côté.
Ce ne fut que quand les bras de Shûzo vinrent l'étreindre que Seijuro remarqua qu'il sanglotait. Les larmes coulaient de son œil gauche. Le droit restait sec.
Tetsuya l'avait maudit, songeât Seijuro en touchant sa joue blessée. Il lui avait arraché une part de lui-même. Il l'avait marqué dans sa chair et dans son esprit.
-ça va aller, Seijuro…
Seijuro mis ses mains sur ses oreilles, ne souhaitant pas entendre les paroles de Shûzo. Il n'avait jamais tué. Il ne savait pas ce qu'on ressentait. Il ne connaissait pas cette colère qui le poussait à commettre le pire. Pourquoi n'avait-il rien ressentis après avoir tué Ryota et Daiki ? Pourquoi était-ce si différent maintenant ?
Pourquoi, Tetsuya ? Pourquoi ?
oOo
Shûzo était inquiet. Seijuro ne mangeait presque plus, ne sortait plus de sa chambre, prétextant qu'il avait encore mal et qu'il devait se reposer. Il n'alla même pas voir la tombe de Tetsuya. Shirogane n'insista pas pour qu'il retourne suivre les cours, le garçon n'ayant plus grand-chose à apprendre. Mais, inquiet pour son élève, il venait le voir très régulièrement.
Seijuro pleurait beaucoup. Cela tirait sur sa joue blessée et la douleur le gardait ancré dans le réel. Le garçon, la nuit, se sentait perdre pied, comme si les esprits de ses trois frères le hantaient. Il fallait que cela cesse.
Le prince le savait, il ne pouvait pas subir indéfiniment, il devait se relever et se montrer digne. Shûzo tentait de le consoler de toutes les manières possibles mais Seijuro ne faisait que le rejeter.
-Tu ne peux pas prétendre savoir ce que je ressens, lui disait-il. Tu n'as jamais tué.
-Je croyais que c'était justement ce que tu voulais.
Pour Shûzo, voir Seijuro dans cet état lui était insupportable. Il ignorait qu'il vivait un terrible contrecoup.
Cela doit cesser, pensait le prince. Je dois y mettre fin.
L'empereur attendait de lui qu'il domine ses frères, qu'il prouve qu'il était le seul et unique capable de prendre sa relève. Il devait surmonter cette épreuve.
