Note de l'auteur : Je m'excuse pour ce chapitre un peu plus court que les autres. J'y vais à tâtons avec cette fiction, comme le dit le JDG « Je sais pas où j'vais ! ». Premier Dramione pour moi et j'y vais un peu à l'aveugle, donc, j'en appelle à votre indulgence.
Chapitre 6
Face au manoir Malefoy, Hermione sentit une boule un creux de son estomac, ses intestins se nouer. La dernière fois qu'elle avait été ici, c'était pendant la guerre. Elle ressentait à nouveau les effets des sorts de Bellatrix et elle porta instinctivement la main sur les cicatrices presque effacées du mot « Sang de bourbe » qu'elle avait gravé dans sa chair. Elle ferma les yeux un instant, tentant de calmer son angoisse. Voldemort était mort. La demeure des Malefoy n'était désormais plus que cela : une grande maison sorcière qui abritait une famille composée des grands-parents, du fils et du petit-fils avec, très certainement, des elfes de maison pour les servir. Bellatrix n'était plus de ce monde. On ne l'emmènerait pas à la cave. Elle était invitée pour le réveillon du Nouvel An parce qu'elle avait lié une amitié aussi étonnante que sincère avec Drago. Les choses avaient changé. Le passé était derrière elle. Elle prit une grande inspiration et frappa à la porte. Ce fut un majordome entre deux âges et aux tempes grisonnantes qui lui ouvrit.
- Bonsoir. Je suis Hermione Granger. Se présenta-t-elle
- Bonsoir Mrs Granger. Répondit-il. C'est un honneur pour notre maison de vous recevoir.
Alors qu'elle entrait dans le grand hall, Drago descendait les escaliers. Son cœur manqua un battement pour une raison qu'elle n'arrivait pas à saisir. Ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait vêtu d'un costume coupé noir. Elle se rappelait de la première année d'Albus. Ce jour-là, à la gare, il était aussi habillé élégamment. Mais là, sans pouvoir le justifier, elle se sentit comme une adolescente. Elle eut l'impression de revivre la vision qu'avait été Viktor Krum lors du tournoi des Trois Sorciers. Il fallait dire aussi que l'homme était particulièrement mis en valeur avec sa tenue. La chemise bleu foncé sous sa veste adoucissait le côté trop brut du noir contre sa peau pâle. Il n'avait aucune cravate et avait laissé le premier bouton défait, apparaissant ainsi dans un style habillé sans être guindé. Ses cheveux blonds étaient gominés à la perfection.
- Bonsoir Granger. Sourit-il à son invitée
- Bonsoir Malefoy.
- Tu es très en beauté ce soir.
- Tu es sincère ou flatteur ?
Il lui offrit son bras et ils se rendirent ensemble dans le salon où les attendaient ses parents ainsi que son fils. Cependant, avant d'entrer, son collègue s'arrêta et elle pouvait sentir sur elle ses yeux céruléens.
- Tu es inquiète.
Ce n'était pas une question et elle se demanda comment il faisait pour ainsi deviner ses états d'âme. Lisait-on si facilement en elle ? Il était vrai qu'elle n'avait plus réellement pratiqué l'occlumancie alors peut-être avait-elle perdu la main. Ou bien, comme elle n'en avait plus eu réellement besoin, ses dons en la matière s'étaient émoussés.
- Un peu. Admit-elle. Pour des raisons pourtant stupides.
- Tu as souffert entre nos murs. Ce n'est pas stupide.
- C'était un autre temps. Nous sommes amis désormais.
Rassérénée, ils passèrent enfin la porte. Assis près du feu, Lucius profitait d'un bon verre de whisky pur feu, discutant avec son petit-fils de ce qu'il souhaitait faire plus tard. Les projets de Scorpius étaient encore un peu confus dans son esprit. Narcissa répondait que c'était bien normal, il n'avait que treize ans, on se cherchait encore parfois alors que la majorité était loin derrière soi.
- Mais quoi que tu choisisses, nous te soutiendrons.
- Je sais, Grand-Mère.
Quand ils remarquèrent l'entrée de leur hôte, ils se levèrent de concert pour l'accueillir.
- Mrs Granger. Dit le patriarche. Soyez la bienvenue au manoir Malefoy. C'est un plaisir pour nous de vous recevoir en cette veille de Nouvel An.
- C'est moi qui dois vous remercier pour votre invitation, Monsieur.
Une fois les salutations terminées, ils s'installèrent tous. La soirée pouvait enfin commencer.
Très vite, Hermione se détendit parfaitement. Elle s'en voulait d'avoir eu un mouvement de panique plus tôt. Les Malefoy avaient changé. Pourquoi avait-elle repensé à quelque chose qui n'avait plus aucune importance ? Certes, elle ne l'avait pas fait exprès mais tout de même ! Ne faisait-elle donc pas assez confiance à Drago ? Le Drago d'aujourd'hui, celui qui la comprenait si bien, celui qui arrivait à la faire rire après des prises de bec avec Rose, ne la mettrait jamais sciemment en danger. Jamais. Son attitude lui faisait d'autant plus honte qu'elle était traitée avec respect et même avec de la sympathie. Lucius était impressionné qu'elle arrive à gérer une carrière professorale en plus de son travail au Ministère et sans retourneur de temps ! Les deux postes étant terriblement chronophages, cela forçait l'admiration. Narcissa lui avait dit qu'elle était navrée pour son divorce, qu'elle espérait que cela n'était pas trop pénible à vivre. Elle s'était aussi enquise de la santé de ses enfants et sembla sincèrement réjouie d'apprendre qu'Harry et Ginny allaient avoir un nouveau bébé, peut-être même deux. Elle aurait aimé donner un frère ou une sœur à Drago mais sa santé l'en avait hélas empêchée. La jeune femme put aussi constater que les elfes de maison étaient bien traités et Scorpius leur parlait avec beaucoup de respect, leur disant toujours « s'il te plaît » et « merci ». La complicité entre lui et son père était touchante. Par bien des aspects, la vision du duo lui rappelait le triumvirat que formaient Ron, Hugo et Rose. Pour tout ce qui avait pu se passer entre eux, elle défendrait son ex-époux bec et ongles : il était un excellent père. Il soutenait ses enfants, les aimait inconditionnellement, il se remettait en question, ne prétendait pas savoir mieux qu'eux, apprenait avec eux, leur demandait pardon quand il s'était trompé. Le quatuor Malefoy la surprenait par sa simplicité, par l'amour qu'il y avait entre ses membres.
Alors qu'elle était légèrement en retrait, profitant d'un verre de vin, la matriarche vint à sa rencontre.
- Mrs Granger ?
- Oui, Mrs Malefoy ?
- Je tenais à vous présenter mes excuses.
Les yeux de la dame étaient remplis de culpabilité.
- Lors de la guerre, j'ai laissé ma sœur vous faire du mal sous mon propre toit. Je l'ai laissée faire alors que vous n'étiez encore qu'une enfant. Et je n'ai pas agi parce que j'ai été trop lâche. Aussi, je tenais à vous demander pardon. Pardon et merci. Merci pour la bienveillance dont vous faites preuve à l'égard de Scorpius et pour l'amitié que vous avez pour Drago.
Hermione lui sourit avec douceur.
- J'accepte vos excuses, Mrs Malefoy, bien que je n'ai jamais été fâchée contre vous. Vous n'êtes pas votre sœur. Vous deviez protéger votre mari et votre fils face à un tyran. Si j'avais été à votre place, avec les mêmes circonstances pour m'entourer, peut-être aurais-je fait la même chose. Et vous avez assez payé. Vous avez menti à Voldemort. Vous avez sauvé Harry. En le sauvant, vous nous avez tous sauvés. Comment pourrais-je encore vous en vouloir ? Et pour ce qui est de Drago et de Scorpius, c'est bien naturel. Je suis heureuse de pouvoir aider votre petit-fils, même à mon humble niveau et avoir une connexion avec Drago me fait plaisir. Dire que l'on se détestait enfants ! La vie est étrange parfois...
Narcissa eut un léger rire :
- Oui, c'est vrai. C'est ce qui la rend si intéressante.
Le repas s'était achevé et désormais, on attendait patiemment les coups de minuit résonnant dans la nuit noire britannique, signe de la fin d'une année, de la naissance de la nouvelle portant tous les espoirs de réussite et de prospérité de milliers d'âmes. Hermione s'était retirée sur l'un des balcons pour prendre un peu l'air, se demandant ce que ce renouveau allait lui apporter. L'année qu'elle venait de passer avait été des plus éprouvantes mais aussi des plus étonnantes. La regrettait-elle ? Sur quelques points, oui. Mais certaines pertes avaient permis de nouvelles acquisitions, des biens précieux qu'elle espérait conserver longtemps, comme l'amitié de Drago. Elle avait des souhaits comme réussir à retrouver une vraie relation avec sa fille. L'idée de la savoir éloignée d'elle lui était pénible. Oui, par bien des aspects, Rose était sa digne héritière. Son caractère bien trempé, elle le connaissait par cœur puisqu'elle avait le même. Elle la comprenait plus que sa petite pouvait le penser. Elle ne pouvait qu'espérer, attendre, et cette inaction lui était terriblement pesante.
- Tu rêves, Granger ?
Elle se retourna. Drago l'avait rejointe.
- Un peu. Admit-elle. Je pense à mes souhaits pour cette année à venir.
- J'en ai très peu. Cela doit paraître triste.
- Ou que tu es quelqu'un qui n'a pas besoin de beaucoup pour être heureux.
- On peut dire ça comme ça. Ca s'est arrangé avec ta fille ?
- A peine. Je ne suis pas étonnée. Dis-moi, j'étais comme ça aussi à son âge ?
- Tu étais pire.
Elle s'indigna, ce qui provoqua son hilarité.
- Tu passes une bonne soirée ?
- Très bonne. Merci, Malefoy.
- Je pense qu'on est arrivés à un point où on peut s'appeler par nos prénoms en privé, tu crois pas ?
- J'avoue. Merci, Drago.
- De rien, Hermione.
La sorcière frissonna légèrement. Sans un mot, l'homme à ses côtés retira sa veste et la passa autour de ses épaules, se permettant de la rapprocher légèrement de lui. Et alors que les premiers feux d'artifices furent tirés, que les sirènes se mirent à chanter pour célébrer l'avènement de l'an neuf, Narcissa aperçut dans l'encadrement de la fenêtre leur forme mais surtout l'apaisement chez son fils. Elle leur laissa un instant avant d'aller chercher Lucius et Scorpius afin de trinquer tous ensemble. Son souhait à elle semblait déjà réalisé. Cette année serait belle, elle en avait le pressentiment.
A Suivre
