Nouveaux horizons
Chapitre 9
La Grande Salle était plus animée que d'ordinaire, et pour cause : les hiboux affluaient. C'était la Saint Valentin et les élèves se réjouissaient de recevoir quelque chose. Etait-ce un retour des élus de leurs cœurs ? Une surprise de découvrir qu'ils étaient l'objet de l'affection d'une autre personne ? Il y avait les malchanceux qui avaient vu leurs lettres rester mortes, ou bien se retrouver sans courrier à ouvrir, alors ils consolaient leur chagrin dans le repas spécial qu'avaient conçu les cuisiniers et les elfes de maison. Hermione avait elle-même reçu une carte et un petit cadeau de la part de Ron. Il insistait pour ce geste : ils étaient divorcés, certes. Mais ils s'étaient aimés, elle lui avait offert le cadeau splendide de la paternité, la joie d'être le père d'une fille, d'un fils et il voulait montrer à leurs enfants, surtout à Hugo, comment un homme devait traiter une femme, même s'ils étaient séparés. Elle était la mère de ses bébés et elle méritait donc une attention toute particulière. Le sorcier ne célébrait donc pas l'amour amoureux, mais l'affection platonique, l'amitié qui restait entre eux.
L'enseignante aperçut, du coin de l'œil, Albus donner un léger coup de coude à Eugene, l'intimant à regarder à la table des Poufsouffle. Il apparaissait que le pré-adolescent avait une sorte de béguin pour une autre première année de la maison du Moine Gras. Si sa mémoire était bonne, elle s'appelait Marina et elle était, comme lui, une sorcière issue de moldus. La demoiselle était aux anges et le gratifia d'un immense sourire. Oui, c'était beau, l'amour qui naissait, l'amour encore innocent, si simple, pas encore noyé sous les problèmes des adultes…
-Nostalgique, Granger ?
Elle sourit à Drago qui venait de s'installer pour prendre son petit-déjeuner.
-Un peu. Admit-elle
-Je me demandais…
Il hésitait. Ce qui était extrêmement rare de sa part. Elle s'inquiéta de suite.
-Est-ce que tu accepterais de boire quelque part avec moi à Pré-au-Lard cet après-midi ?
Elle ne lui fit pas l'offense d'oublier quel jour ils étaient. Elle se demanda, l'espace d'un instant, s'il lui proposait cette sortie pour lui éviter de penser à son divorce. Ou bien pour lui éviter de penser à son veuvage.
-Si je ne te connaissais pas mieux, je jurerais que tu me demandes un rendez-vous. Plaisanta-t-elle
-Cela t'offenserait si c'en était plus ou moins un ?
Le réfectoire bourdonnait des discussions des pensionnaires. Elle ne l'entendait plus, bien trop secouée par la révélation de son collègue.
-Si tu préfères une sortie amicale, ça me va aussi. Rajouta-t-il prestement
Drago Malefoy l'invitait à sortir avec lui.
L'idée aurait fait éclater de rire l'ancienne elle. Drago Malefoy lui demandait « un date »…
-J'en serai ravie.
Ce ne fut que quand elle prononça ces mots qu'elle réalisa qu'ils venaient d'elle. Et pourquoi le sourire du sorcier lui faisait-il autant plaisir ?!
-Scorpius ?
L'adolescent leva la tête de son livre. Albus et lui étaient seuls dans la salle commune de leur maison. Eugene avait cours commun d'Histoire de la Magie avec les Poufsouffle et nul doute qu'il prendrait place à côté de Marina Nally.
-Oui, Al ?
-J'ai quelque chose pour toi.
Il lui tendit un paquet. L'élève l'ouvrit et découvrit une feuille d'érable préservée grâce à la magie. Sa couleur rouge était profonde, les nervures nettes et la dentelure à jamais préservée par le sort qui lui avait été jeté. L'héritier Malefoy se demanda un instant le pourquoi d'un tel présent. Albus voulait-il lui montrer qu'il avait réussi à maîtriser l'incantation ? Puis, il se souvint d'une lecture dans la bibliothèque de Poudlard pour ses recherches pour approfondir ses cours d'étude des Moldus :
Dans la culture chinoise et japonaise, la feuille d'érable rouge était le symbole de l'amour, le rappel de sa beauté dans la vie quotidienne.
Albus venait, ni plus ni moins, de faire une pierre deux coups avec son présent :
Il lui faisait son coming-out.
Et il lui avouait sans le dire qu'il l'aimait.
-Si ce n'est pas réciproque, t'en fais pas, je peux l'encaisser, et je ne ferai aucune allusion, et…
Le dernier fils Potter fut coupée dans sa diatribe inquiète par les bras de son camarade qui l'enlaçaient.
-J'avais tellement peur que ce ne soit pas réciproque ! Confessa Scorpius dans un souffle
L'adolescent eut un rire le libérant de sa nervosité.
Le garçon qui l'aimait l'aimait en retour.
Drago l'avait emmenée chez Madame Rosemerta, sans doute pour ne pas lui imposer le salon de thé où il avait vécu des moments de bonheur conjugaux avec son épouse. Elle prit un verre d'hydromel, lui un verre de whisky pur feu. Le pub était décoré de banderoles avec une multitude de cœurs, des cotillons, les snacks offerts étaient pastel et le juke-box avait été enchanté pour ne jouer que des chansons d'amour. Hermione l'avouait, elle était nerveuse comme lors de ses premiers rendez-vous à Poudlard, ou ses premiers vrais rendez-vous avec Ron. Elle avait cette sensation de redevenir une jeune fille connaissant les premiers élans du cœur, l'éveil des émois amoureux.
-Je suis heureux que tu aies dit oui, Granger. Dit son collègue. Soulagé, aussi.
-Tu avais peur que je dise non ?
-J'avais peur de tout foutre en l'air…
Il était vrai que leur lien, si riche était-il, restait délicat et il était beau de par sa fragilité similaire au cristal.
-Tu m'as demandé… si cela m'aurait dérangé si c'était un date…
L'homme but une gorgée du liquide ambré de son verre pour se donner du courage.
-Je n'irai pas par quatre chemins, Hermione.
Entendre son nom dans sa bouche la fit frissonner. Pourtant, ce n'était pas la première fois.
-Tu me plais. Beaucoup.
Il la fixa du regard.
-Je ne sais pas si c'est de l'amour à proprement parler. Il reste Astoria.
-C'est normal. C'est frais, et tu l'as tant aimée ! Essaya-t-elle de le rassurer
-Mais tu vois… depuis quelques temps, je ne suis plus aussi triste que j'aurais pu l'être. Et ne me dis pas que c'est le temps qui soigne les blessures. Pas si vite.
Il marquait un point.
-Le fait est que j'aime passer du temps avec toi. Et c'est sans doute présomptueux de ma part… mais j'aime te voir sourire. Et je veux être la cause de tes sourires. C'est idiot, n'est-ce pas ?
-Non. Non, ce n'est pas idiot. C'est même très beau en réalité.
-Est-ce que… est-ce que tu voudrais essayer ? Nous deux ? Et si ça ne va pas, on reviendra à ce qu'on est aujourd'hui et qui me comble déjà.
La voyant réfléchir, il ajouta qu'elle n'était pas obligée de répondre de suite. Sauf que la réponse lui vint très vite, ce qui l'étonna. Quand elle y pensait, ce qu'il disait s'appliquait aussi à elle. Certes, elle n'avait pas eu à subir le traumatisme de la mort d'un époux. Mais en soi, un divorce n'était-il pas le deuil d'un amour et la fin d'une ère ? Un chapitre qui se finissait, la page si dure à tourner… Elle aussi appréciait sa compagnie, souhaitait le voir plus souvent. Quand elle ne le voyait pas, il lui manquait. Son sourire la rendait heureuse et elle était d'autant plus ravie quand elle avait pu le causer. Etait-ce rapide ? Sans doute. Cependant, quel mal pouvait-il y avoir ? Ce n'était pas comme s'ils allaient se marier dans l'heure ! Révéler à leurs enfants cette relation, leur imposer un chamboulement. Non, aujourd'hui, ce n'était qu'eux deux, Drago et Hermione, qui se retrouvaient sur un chemin commun et voulaient essayer de marcher un moment ensemble.
-Je veux essayer, Drago.
Ils eurent, l'un comme l'autre, la sensation de l'euphorie des premières fois.
A Suivre
