Date de publication : 29/10/2023
Disclaimer : Bon, comme d'hab, les persos et l'univers ne sont pas à moi, mais vous le saviez déjà ;)
Al-Jeit. Petite salle d'armes. Edwin a recommencé à entraîner l'héritier de l'Empire, comme si rien ne s'était passé au bord du lac Lémia, comme s'il n'avait pas été si grièvement blessé par la lame d'un Ts' lich qu'il avait bien failli ne pas en réchapper, comme si sa faiblesse à Fériane n'avait été qu'un rêve, comme si la pâleur de son visage et la douleur du poison ts' lich n'étaient que simples illusions, comme s'il n'avait jamais supplié son ami de rester, terrifié à l'idée de replonger dans les ténèbres de l'inconscience. Aux yeux de tous, ses blessures sont parfaitement guéries, et il ne lui manque qu'un peu de repos pour être totalement remis. Alcyem semble être le seul à remarquer la grimace qui lui échappe au terme d'un mouvement trop brusque, ou les quelques instants durant lesquels il reste pantelant, peinant à reprendre son souffle, après une série de coups, bien plus qu'auparavant.
"Recommence ! " Cependant, toujours cette voix sèche et impérieuse dès qu'il s'agit de combat. Inflexible, malgré la fatigue qui brille dans ses yeux. Alcyem se plie donc aux exigences de son maître d'armes de bonne grâce, et reprend son enchaînement de coups. Coups de poing. Coups de pied. Parés ou esquivés chaque fois. Encore et encore. Jusqu'à ce que… Impact. Un coup de pied en pleine poitrine. Avec un hoquet de surprise et de douleur, Edwin tombe à genoux, les mains pressées contre son torse, là où le coup l'a atteint. Immédiatement, le prince s'accroupit à côté de lui, ne sachant que faire, complètement désemparé. Edwin se relève toutefois rapidement, une main toujours à la poitrine, agité de tremblements convulsifs.
" Ça va Alcyem, ça va…" Sa voix, qui se veut pourtant rassurante, est si faible et lasse qu'elle ne fait qu'inquiéter davantage son ami.
" Je pense que tu devrais rester assis.
- Ça va, je te dis.
- Ordre du prince, arrête de discuter."
Avec un soupir (d'exaspération ou de soulagement ?), le Frontalier se laisse tomber sur un des petits bancs au fond de la salle. Son ami s'assied à côté de lui.
" Pardon. Pardon. Je suis désolé. Je ne pensais pas frapper si fort. Je ne pensais même pas pouvoir te toucher. Je suis désolé. Tu es sûr que ça va ?
- C'est bon, Alcyem. Sa voix est réduite à un simple murmure. J'ai juste du mal à récupérer.
- Edwin ! Sérieusement !
- Je t'assure, j'ai juste été surpris et le coup m'a fait mal.
- Faux. Tu souffres en permanence.
- Ça fait deux semaines seulement, c'est normal, tente-t-il de protester.
- Ça fait presque un mois en fait. Et non, ce n'est pas normal, tu le sais très bien, et c'est pour ça que tu prends la peine de me mentir."
Edwin ouvre la bouche, prêt à le contredire, mais son ami lui pose un doigt sur les lèvres.
" Non, chut ! Arrête de protester et écoute-moi ! On va arrêter l'entraînement pour l'instant et tu vas aller voir un rêveur !
- C'est inutile, les rêveurs ne peuvent rien pour moi."
Sa voix se brise sur les derniers mots et, à la grande surprise du prince, des larmes commencent à dévaler ses joues, symptômes d'un désespoir si poignant qu'Alcyem sent son cœur se serrer. Oubliant son sens des conventions et la dignité qu'on lui inculque depuis toujours, il le prend dans ses bras et lui murmure des paroles rassurantes à l'oreille tout en lui caressant les cheveux, comme on le ferait pour un petit enfant ou un amant.
"Ça va aller, ça va aller. On va trouver une solution. Ça va s'arranger. Je te promets que ça va s'arranger. Ça va aller. Tout va s'arranger. C'est promis."
Les perles salées ne cessent de rouler sur ses joues, impossibles à arrêter tant elles ont été refoulées, porteuses d'une souffrance si longtemps contenue, si longtemps dissimulée.
Un long moment plus tard, les sanglots finissent par s'espacer, et les tremblements par se calmer quelque peu.
" Je suis désolé, laisse échapper Edwin dans un murmure, sans pour autant se dégager de l'étreinte de son ami.
- Chut… Arrête de t'excuser. Ce n'est pas de ta faute, d'accord ? "
Seul un faible hochement de tête lui répond. Edwin enfouit son visage dans le cou d'Alcyem, désireux d'échapper quelques minutes de plus à sa triste réalité.
