ʜᴀʀʀɪᴇᴛ. ᴘ

𝗗𝗲𝗽𝘂𝗶𝘀 𝗾𝘂'𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗮𝘃𝗮𝗶𝘁 quitté les Dursley pour rejoindre la famille Weasley, Harriet se sentait constamment en alerte. Elle avait l'étrange conviction que des évènements terribles allaient se produire et qu'elle y serait irrémédiablement liée — peut-être même en serait elle la cause.

Ce n'était pas surprenant. Dès sa naissance, Harriet avait ébranlé les certitudes du monde magique en survivant au sortilège de la mort : l'Avada Kedavra. Elle avait l'habitude d'être l'exception qui confirmait la règle depuis sa petite enfance.

Son pressentiment fut avéré lorsqu'elle reçut un mystérieux paquet au dîner.

« Tiens, dit Mme Weasley en lui tendant un objet informe, protégé par un tissu en toile brun terreux. Je l'ai trouvé dans notre nouvelle boîte aux lettres — une chance qu'il n'aie pas été volé par ces crapules de nains !

— Qu'est-che que chest ? demanda Ron en mangeant son ragoût de bœuf.

— Ron, pas la bouche pleine ! » s'exaspéra sa mère.

Harriet posa ses couverts pour saisir le paquet et le déballer, découvrant un émeraude étincelant de mille reflets et une lettre en parchemin jaune. Les jumeaux Weasley se penchèrent sur elle, souriant avec malice.

« De qui cela peut-il... commença Georges.

— ... bien venir ? Peut-être est-ce... finit Fred.

— ... d'un admirateur secret ! » finirent-ils en cœur.

Harriet rougit.

« N'importe quoi » marmonna-t-elle.

Elle remarqua alors le nom de son mystérieux envoyeur et faillit s'étouffer avec son jus de citrouille.

𝓑𝓵𝓪𝓲𝓼𝓮 𝓩𝓪𝓫𝓲𝓷𝓲 était écrit dans une jolie écriture avec des majuscules aux longues boucles. Harriet toussota et adressa un sourire aux Weasley pour les rassurer. Ron fronça les sourcils.

« Qui c'est ? chuchota-t-il à son oreille.

— Je t'en parlerai plus tard. » murmura-t-elle en replaçant la lettre et le bijou dans le sac. Non pas qu'elle pensait le reste de la famille Weasley indigne de confiance, mais elle avait appris au fil des années que les secrets les mieux gardés se confiaient uniquement aux personnes les plus proches.

Après le repas, Harriet et Ron se couchèrent côte à côte. Si Mione voyait ça, nul doute qu'elle me détesterait à l'heure actuelle, songea-t-elle en ricanant. Son amie éprouvait quelques sentiments envers le meilleur ami d'Harriet et Harriet s'amusait beaucoup à observer leur jeu du chat et de la souris, se chamaillant dès qu'ils se croisaient pour devenir déprimés au moment même qu'ils se séparaient.

« Alors, elle est de qui, cette lettre ? » demanda à nouveau Ron, sa curiosité augmentée depuis que les plats délicieux de Mme Weasley ne le distrayaient plus.

Harriet jeta un coup d'œil à la porte et, ne détectant aucune tignasse rousse, lui montra l'auteur de la lettre. Il lut et eut exactement la même réaction qu'elle : il s'étouffa avec sa salive en poussant un cri.

« Tais-toi, ordonna-t-elle en le fusillant du regard.

— Mais, reprit Ron en s'essuyant la bouche, pourquoi...vous...

— Je suis tout autant perdue que toi, admit Harriet en soupirant.

— Bon...J'imagine qu'il faudrait déjà ouvrir cette lettre. » suggéra Ron d'un ton anxieux. Lui aussi redoutait le contenu.

Harriet décacheta l'enveloppe et en sortit une feuille... vierge.

« C'est étrange, remarqua-t-elle en fronçant les sourcils. Peut-être faut-il un mot de passe ? »

Ron observa l'enveloppe, caressant son menton.

« Tu as déjà parlé à Zabini ? »

Harriet réfléchit. Elle ne s'était jamais vraiment intéressée à lui, le considérant comme un personnage secondaire dans sa lutte acharnée pour rabattre son caquet à Malefoy. Il lui semblait que c'était un Serpentard assez réservé mais qu'il entretenait des relations amicales — ou du moins cordiales — avec Malefoy et Parkinson. Il ne devait donc pas avoir une haute opinion des nés-moldus et des sangs-mêlés ni des Gryffondors.

« Peut-être... » répondit-elle d'un ton pensif.

La solution se trouvait sous son nez, elle en avait la certitude. Elle regarda autour d'elle et eu une illumination.

« Le timbre, sur l'enveloppe ! » s'écria-t-elle en bondissant pour s'en emparer. Elle le chercha frénétiquement des yeux et trouva un visage impassible, caché par une longue barbe et assagi par deux yeux bleus intelligents. Il esquissa un sourire avant de s'en aller.

Il s'agissait de Merlin, le Prince des Enchanteurs et le sorcier le plus célèbre que le monde ait connu.

« Merlin l'enchanteur ! » s'exclama-t-elle.

Aussitôt, une fine écriture soignée s'étala sur le parchemin. Harriet jeta un regard furtif à Ron, qui préféra se reculer.

Chère H.P,

Aujourd'hui, le destin maudit des serpents pèse sur mes épaules. Je deviendrai bientôt un assassin, tuant de sang-froid, si tu n'agis pas dans l'immédiat. J'ai besoin de ton aide et la mienne pourrait vous être bénéfique.

L'écriture devint moins appliquée, comme si l'auteur de la lettre — Zabini, donc — avait dû se presser de la terminer.

Je te fais confiance pour choisir ce qui est bon pour l'Ordre d'un certain vertébré magique. Rends-toi seule à la demeure des Zabini lors de la prochaine pleine lune si tu décides de m'écouter.

B. Z

Harriet sentit son sang se glacer en comprenant le sens caché des paroles de Zabini. Elle fronça les sourcils : insinuait-il qu'il pouvait les aider ? Ou, au contraire, qu'il les menaçait de tout révéler si elle ne coopérait pas ?

« Que vas-tu faire ? » l'interrogea Ron d'un air inquiet.

— Je vais y aller, décida-t-elle d'une voix ferme.

— Et si c'était un piège ? » protesta Ron, peu enthousiaste à l'idée que sa meilleure amie s'introduise dans la maison d'un serpentard qui les menaçait à demi-mot.

Harriet songea qu'en effet, un piège était une hypothèse tout à fait plausible, particulièrement venant d'un Serpentard. Mais elle ignorait pour quelle raison, elle sentait qu'elle devrait accepter la demande de Zabini.

« Je suis prête à prendre le risque. » déclara-t-elle.

La confrontation avec Voldemort approchait, elle en était certaine, aussi toute proposition d'aide devait être considérée et examinée, peu importait les risques pris.

Car elle était destinée à affronter le plus grand mage noir du siècle, et cette tâche ne s'exécuterait pas sans encombres.