Chapitre 7 :
Aquila
Lorsqu'il rentra au SGC avec son équipe, William-Léandre sentit immédiatement la tension qui y régnait. Il scanna immédiatement la base de ses sens, trouvant sans mal les Tollan, scrutant leurs esprits pour y découvrir leur niveau en effet bien plus élevé que les Terriens, leur mentalité et le pourquoi ils redoutaient tant de les aider, de partager leur savoir.
- Docteur Langford ? appela le général Hammond de la salle de contrôle en usant d'un micro. Je suis content de vous voir. Est-ce que tout vas bien ?
- Oui mon général. J'ai seulement appris que je pourrais peut-être aider ici, répondit-il.
- Je l'espère docteur, dit-il. Allez vous changer puis rejoignez moi en salle de briefing.
- Oui mon général, acquiesça-t-il.
Ils s'exécutèrent et bientôt, SG-2 avait rejoint le général qui leur décrivit la situation.
- Il y a déjà eu plusieurs problèmes de sécurités, remarqua-t-il avec inquiétude. Ils ont réussi à sortir de la base en passant à travers les murs et on ne sait pas comment. Ils sont très réticents à notre égard et ne nous aident pas beaucoup. Ils ont refusé toutes les planètes et peuples d'accueil que nous avons proposé. Seulement, nous avons le problème de l'Intelligence Service maintenant et la diplomatie avec eux va à reculons. Leur chef, Omoc, est particulièrement récalcitrant et méfiant avec nous. Je n'ai aucune envie de les laissez à Maybourne mais la quarantaine ne fera plus illusion longtemps et avec les ordres officiels, je n'aurai plus le choix. J'aimerais que vous tentiez de leur expliquer et de faire accepter un refuge même temporaire. Nous n'avons que quelques heures devant nous et je ne suis normalement déjà plus en mesure de les laisser partir.
William-Léandre comprit qu'il sous-entendait qu'il espérait qu'il pourrait obtenir des Tollan une coopération pour régler ça, d'accepter d'aller sur une autre planète en partant peut-être par eux même.
- Je me charge des Tollan monsieur, assura-t-il calmement. Je pense saisir ce qui ne vas pas, dit-il en les surprenant. Je pense pouvoir régler ce problème en toute diplomatie et sans problème pour vous. Je ne suis pas militaire après tout, sourit-il en amusant ses coéquipiers.
- Je ne veux pas savoir, coupa le général. Je vais avoir le Pentagone sur le dos sous peu et je ne pourrai plus refuser.
- Je m'en occupe tout de suite général, assura-t-il en se levant.
Vêtu du costume qu'il portait toujours hors des missions, un pins du SGC et un autre de SG-2 épinglés à son col, il alla droit vers les quartiers des Tollan, les gardes lui ouvrant sans protester. Il entra, seul, attirant immédiatement les regards des étrangers sur lui, ceux-ci semblant surpris par son apparence. Depuis le début de ce projet, il avait eu le temps de se rendre compte que l'albinisme n'était pas connu sur les autres planètes parmi les humains et il pensait savoir pourquoi. Il supposait qu'en déportant les humains, Râ s'était peut-être assuré qu'ils soient en parfaites santé pour qu'ils puissent bien se reproduire et faire des esclaves de qualités. Cela serait plausible pour lui. Par conséquent, l'anomalie génétique héréditaire qu'était l'albinisme devait avoir été éradiqué, expliquant son absence ailleurs dans la galaxie.
- Bonjour, salua-t-il respectueusement en se postant devant Omoc qu'il avait identifié de son esprit. Je suis le docteur William-Léandre Elfiamine-Langford, se présenta-t-il. Excusez moi de vous déranger, dit-il tout d'abord à l'attention de tous, j'aurais aimé vous demander de m'accorder un peu de temps pour vous parler si vous le voulez bien ? demanda-t-il poliment à leur surprise visible.
Bien sûr, il savait que les Terriens ne s'embarrassaient malheureusement pas de ces politesses et de ces considérations pourtant base de la diplomatie.
- Si nous refusons ? demanda Omoc.
- Je m'en vais, répondit-il simplement.
Il y eut un moment de silence, les Tollan se regardant entre eux.
- Si vous voulez encore des informations sur notre peuple, notre technologie ou nous forcer à aller sur un monde qui ne nous convient pas, c'est inutile, dit-il abruptement.
- Il ne s'agit pas de cela, assura-t-il. Excusez l'insistance, l'impolitesse, la bêtise, la naïveté et la brutalité des gens de mon monde. Ils sont jeunes. Ils ont encore besoin d'apprendre, dit-il en les surprenant un peu plus. Je suis navré que les choses en soient arrivées à cette situation déplorable. J'étais malheureusement en voyage sur un autre monde depuis plusieurs jours et je ne savais pas que vous vous trouviez dans cette désagréable position avec les miens. Je ne souhaite pas vous demander quoi que ce soit.
Il n'en n'avait de toute manière pas besoin alors qu'il avait déjà puisé dans leurs esprits comme il le faisait toujours.
- Non, je suis ici pour régler votre problème et faire en sorte de vous ramener chez vous, dit-il en les ahurissant de nouveau.
- Votre peuple n'est pas en mesure de faire cela, remarqua le Tollan. Ce monde est primitif.
- Il l'est rapporté à votre niveau c'est certain, approuva-t-il avec un sourire sans se vexer. Mais souvenez vous que vous l'avez été aussi un jour. L'adulte qui dénigre l'enfant pour son manque d'expérience, de savoir et de sagesse est un imbécile encore plus grand. Un enfant qui apprend seul est impulsif, fait des bêtises, tombe et se relève, cède à ses caprices et à ses peurs, teste des choses, se montre passionné et émotif... C'est comme ça qu'il apprend. Mais ce n'est pas le sujet. Mon monde n'a pas la possibilité de vous ramener chez vous mais je connais ceux qui le peuvent et je peux vous mener à eux. Un peuple qui lui pourrait qualifier le vôtre de primitif mais qui aura la sagesse de ne pas le faire.
Il y eut un moment de silence, les Tollan un peu perturbés devant lui et ce qu'il leur promettait.
- Je comprend votre réticence au contact avec nous et pourquoi vous ne voulez pas partager votre savoir, reprit-il. Vous avez peur de voir ce renouveler une catastrophe déjà vécue et qui vous a mené ici, dit-il en les stupéfiant. Seulement maintenant, nous n'avons plus le temps de tergiverser. Je connais les travers et les défauts de mon peuple et il faudra du temps pour qu'il évolue. Il est donc impossible que vous vous entendiez pour l'instant. Si nous n'agissons pas très vite, certaines organisations de notre pays, bien moins honorables que les gens de cette base qui cherchent malgré tout à vous protéger, posa-t-il, vous enfermeront dans un laboratoire et vous n'approcherez plus la Porte.
On toqua justement à l'entrée, la porte s'ouvrant sur Kawalsky l'air grave et sombre :
- William, le Pentagone a appelé, dit-il Hammond n'a plus le choix maintenant. Maybourne prépare déjà le transfert et ordre a été donné de ne jamais ouvrir la Porte pour eux.
- Merci Charly, répondit-il. Je m'en charge ne vous en faîte pas. Faîtes comme si vous ne saviez rien. Je ne suis pas militaire, ils ne pourront rien contre moi.
- Faîtes attention à vous. Il y a des gardes à la Porte.
Il approuva et l'homme s'en alla alors qu'il se retournait vers les Tollan.
- Je peux vous conduire vers ceux qui pourront vous ramener chez vous ou contacter les vôtres. Reste à savoir si vous allez me croire ou non ?
- Pourquoi faîte vous cela ? demanda Omoc.
- Parce que j'espère éviter les bêtises de ce genre à mon monde le temps qu'il apprenne à ne pas les commettre, répondit-il.
- Ils ne vous laisseront pas faire, remarqua-t-il.
- Je suis né sur ce monde mais je ne suis pas exactement comme les autres ici bien que personne ne le sache. Comme vous les jugez trop jeunes pour vos connaissances, je les juge trop jeunes pour découvrir un être comme moi, dit-il en les laissant perplexes. Je peux vous conduire à bon port en toute sécurité.
- Ils vous découvriront alors.
- Je vous mettrai tous sur le dos, s'amusa-t-il en lui tirant enfin un petit sourire.
- Très bien, nous acceptons, dit-il. Mais permettez moi de nous faciliter les choses. Nous allons à la Porte je présume ? demanda-t-il alors que l'un des siens ramassait un chat et que les autres se rapprochaient.
- Oui, approuva-t-il.
Omoc se posta devant un mur et William-Léandre mit hors course les caméras de surveillance d'un sort pour lequel il n'eut besoin que d'une pensée. Le Tollan activa un appareil sur son bras pour créer comme un trou de matière intangible dans le béton, observant sa réaction, surpris de le voir de glace.
- Ceci est simple pour moi, sourit William-Léandre en réponse. Passer à travers la matière est un jeu d'enfant, dit-il en usant de sa magie pour passer son bras à travers le corps de l'homme sans lui causer aucun dommage.
Les Tollan furent proprement surpris, le regardant avec une immense curiosité.
- Qui êtes-vous ? demanda Omoc.
- Un Terriens qui espère encourager la jeune bienveillance de son monde sans que l'on ne prenne l'habitude de se reposer sur lui, répondit-il.
- Je vois. En tout cas je crois, répondit le Tollan.
- Allons-y, dit-il en s'engageant le premier dans le tunnel intangible.
Quelques instants plus tard, ils étaient tous dans la salle de la Porte, les soldats surpris les mettant en joug.
- Baissez vos armes, ordonna calmement William-Léandre avec pourtant un grand charisme.
Il n'eut même pas besoin de magie, les hommes le connaissant baissant leurs armes, l'air un peu perdus. Les Tollan se regroupèrent autour de lui, observant la Porte.
- Et maintenant ? lui murmura Omoc. Nous ne pouvons activer la Porte et ils ne vous laisseront pas accéder à votre salle de contrôle.
- Je n'en n'ai pas besoin, sourit-il.
Il tourna le regard vers la Porte, ne faisant rien de visible pour les autres. Pourtant, ce fut bien sous son action que la Porte s'activa, se mettant à entrer une adresse, étonnant de nouveau les Tollan. L'alarme raisonna immédiatement dans la base et un instant plus tard, Hammond, Maybourne, SG-1 et SG-2 étaient dans la salle de contrôle, incapables d'empêcher la Porte de s'activer, l'iris de se fermer.
- Docteur Langford ! tonna Maybourne dans le micro. Ici le colonel Maybourne. Ce que vous faîtes est passible de la cour martiale !
William-Léandre l'ignora superbement, se tenant droit face à la Porte qui s'ouvrait, imperturbable.
- Je vous ferai chasser de ce programme à tout jamais docteur Langford ! s'exclama-t-il alors pour être de nouveau totalement ignoré.
- Allons-y, dit-il tranquillement aux Tollan qui approuvèrent.
Il s'engagea sur la passerelle et ils le suivirent sans hésiter.
- Aux soldats en faction devant la Porte, dit furieusement Maybourne, par ordre du Président je dois emmener ces aliens avec moi ! Ne les laissez pas passer ! Usez de la force si nécessaire !
Aussitôt, les soldats les mirent en joug sans obtenir la plus petite réaction. Continuant d'avancer vers la Porte et sans jamais se retourner, William-Léandre usa de sa magie, faisant disparaître toutes les armes des soldats qui restèrent pantois et perdus, comme tout les autres. Il s'arrêta sur le pas de la Porte, s'écartant en invitant les Tollans à passer d'un geste, lançant un regard noir à Maybourne. Il passa ensuite lui même lorsque les réfugiés furent tous partis, la Porte se refermant derrière eux. Ce fut sur la planète Nox qu'ils débouchèrent, les Tollan regardant la forêt et les montagnes autour d'eux avec perplexité. William-Léandre revint devant eux, s'attirant le regard interrogatif d'Omoc. Il lui donna un petit sourire, avançant de quelques pas alors que Lya apparaissait devant eux, souriant avec douceur à l'albinos.
- William, salua-t-elle dans sa langue. C'est un plaisir comme toujours. Soyez le bienvenu sur Nox.
- Merci Lya, je suis moi aussi très heureux d'être là.
- J'imagine qu'il y a une bonne raison à cela, dit-elle en regardant les Tollan.
- Oui, approuva-t-il. Lya, reprit-il dans une langue que ses protégés pouvaient comprendre, permettez moi de vous présenter Omoc et ses compagnons. Ils sont du peuple Tollan. Je demande l'aide des Nox pour eux, pria-t-il avant de lui expliquer la situation.
Cela prit un petit moment, l'albinos sachant que d'autres Nox écoutaient et prenaient déjà des décisions. Lorsqu'il eut terminé, Ophe apparut à son tour, souriant au Terriens.
- Bonjour William. C'est un plaisir comme toujours.
- Pour moi aussi Ophe. Excusez moi d'arriver ainsi à l'improviste mais je n'avais que peu de temps pour les aider, reprit-il dans sa langue natale.
- Ton peuple ne t'écoute toujours pas, déplora Lya.
- Cela prendra du temps, probablement des dizaines et des dizaines de nos années, sourit-il doucement. Les gens du SGC grandissent doucement mais les Terriens restent un peuple aux comportements et moralité extrêmement variables. Il y a le pire comme le meilleur. Je ne désespère pas. Ils apprendront et ceux qui ne seront pas capables d'apprendre se heurterons un jour à ceux qui auront appris sans pouvoir les dominer. Malheureusement, cela ne se fera pas en un jour et peut-être jamais. Je ne suis peut-être qu'un doux rêveur, s'amusa-t-il.
- Le temps fera son œuvre, assura Ophe. Ils ont un très bon professeur, sourit-il en recevant un signe de tête de remerciement. Les Tollan sont les bienvenus chez les Nox, dit-il ensuite aux réfugiés. Nous pourrons vous aider à rapidement rejoindre votre monde, assura-t-il alors que leur magnifique cité lévitante apparaissait derrière eux.
Les Tollan sourirent, comprenant qu'il n'avait pas menti en voyant cela. Omoc s'approcha, s'inclinant légèrement devant William-Léandre.
- Merci au nom des miens. J'espère que cela ne vous causera pas trop d'ennuis chez vous.
- Ne vous en faîte pas. J'ai réglé des problèmes bien plus complexes qu'un militaire en colère, s'amusa-t-il. Rentrez chez vous, c'est tout ce qui importe.
- Ne demanderez vous rien en échange ? s'étonna-t-il.
- Demander quelque chose à qui que ce soit pour un acte que j'ai moi même choisi d'entreprendre n'a pas de sens à mes yeux, répondit-il. Vous ne me devez rien. Faire cela empêche mon peuple de faire une bêtise qu'il regretterait et qui n'aurait jamais rien de bon pour lui. Cela me suffit.
- Je me répète mais qu'êtes vous ? demanda-t-il avec une immense curiosité. Votre technologie semble encore plus avancée que la nôtre bien que je ne puisse la voir.
- Vous êtes trop... primitifs pour cela, se moqua-t-il gentiment en lui tirant un sourire.
- Je l'ai cherché je l'avoue, admit-il. Très bien, nous patienterons. Merci docteur Langford.
Il les salua d'un signe de tête, les regardant s'éloigner avec Ophe pour disparaître façon Nox.
- Nous attendons votre prochaine visite William, sourit Lya.
- Je viendrai dés que possible. Je travaille actuellement avec un autre peuple qui mérite toute ma patience, mais je viendrai.
- Vous êtes toujours le bienvenu, dit-elle avec un signe de tête avant de disparaître.
William-Léandre rentra ensuite sur Terre, chaleureusement accueillit par SG-1 et SG-2, le général Hammond venant aussi en souriant, lui annonçant que Maybourne était reparti furieux mais qu'il ne pourrait certainement rien contre lui. Et ce fut en effet le cas, le Président lui même refusant de sanctionner l'un des plus importants membre du programme pour un acte honorable et admirable même s'il n'avait pas voulu cela. Et puis il était civil et ce n'était pas comme s'il existait une loi pouvant le sanctionner pour cela. Comme il l'avait prévu, il fit croire que l'activation de la Porte et la disparition des armes étaient l'œuvre des Tollan, les Terriens ayant déjà constaté qu'ils avaient le moyen de traverser les murs et la matière. Aussi, si cela ne plus guère à l'Intelligence Service, le SGC en fut heureux et la vie reprit son court dans la base. Rapidement, William-Léandre retournait sur la planète océan avec son équipe, reprenant sa patiente attente.
- C'est quand même pas sympa, remarqua Charly assis dans son dos comme souvent. Pourquoi les Tollan ont aussi catégoriquement refusé de nous parler d'eux, de leur technologie ? demanda-t-il. Je veux dire, même pas un petit quelque chose sur leurs coutumes.
- La raison est simple Charly. Simple et plus que valable, répondit-il. Notre peuple est très jeune et très stupide. Enfin, pour une généralité, sourit-il. Ne le prenez pas pour vous mais regardez Maybourne par exemple, nos charmant extrémistes, nos politiques corrompus ou autres du genre. Si on donnait une technologie avancée à des gens comme eux, nous courrerions à la catastrophe. Si on leur donnait des informations sur un peuple sur lequel ils veulent faire pression, ils ne s'en serviraient pas pour la culture. Et même s'ils ne penseraient pas à mal, Hammond ou encore O'Neill pourraient faire de grosses bêtises avec ça. Ils pourraient même provoquer notre propre destruction. L'arrogance est un défaut grave chez nous et nous avons une trop grande proportion à la violence, à la brutalité, à nous imposer sans comprendre, sans tolérance, sans compréhension... Ce que craignent les peuples plus avancés que nous est de causer des catastrophes contre eux même ou d'autres. Les Tollan avaient déjà fait cette expérience.
- Comment ça ? demanda Warren.
- Un jour, ils ont fait la connaissance d'un peuple au développement similaire au nôtre sur une planète non loin de la leur. Ils sont entrés en contact, ont noué une relation diplomatiques et ils leur ont donné une technologie pour leur permettre de produire une énergie illimitée. Ces gens s'en sont servis pour la guerre et ils ont provoqué la destruction de leur propre monde en un jour à peine. L'explosion de leur planète a touché la planète des Tollan, la déplaçant légèrement pour déclencher les cataclysmes qui l'ont plus tard détruite à son tour et poussés les Tollan à l'exil.
- Ouais, je comprend maintenant, soupira Kawalsky.
- Il se passerait certainement quelque chose de semblable sur Terre. Il y a déjà tellement de guerres chez nous, de conflits et de batailles de gros bras entre dirigeants et gens d'influences stupides. Le SGC est bien intentionné, ceux qui y travaillent honorables et de bonne volonté seulement, ils risquent encore de faire des bêtises sans le vouloir par manque de sagesse. Et ils n'ont pas le contrôle sur tout le monde ni sur nos chefs alors ils ne pourront pas empêcher des aberrations d'être commises. Notre peuple a besoin d'apprendre doucement Charly. Une chose après l'autre, tranquillement le temps de bien assimiler les leçons. Nous ne sommes pas prêt pour bien des choses de cet univers.
- Mais vous oui, sourit Carvin. C'est pour ça que les Nox, le peuple Sopréen, c'est comme ça que s'appelle le peuple au cristal c'est ça ?
- Oui, sourit William-Léandre. Et leur planète Sopre.
- Ouais. C'est pour ça qu'eux et les Tollan acceptent de vous parler à vous, d'être votre ami.
- Contrairement aux autres, ils savent que je n'attend rien d'eux et que je ne dirai rien d'eux sans leur consentement. Pour moi, ils sont mes amis et je ne leur demande rien. Nous nous comprenons et nous savons nous écouter et accepter nos positions respectives. Cela facilite les relations. Si je suis le seul à qui les peuples avancés acceptent de parler, c'est parce que je n'ai pas la mentalité de notre peuple et qu'ils savent que je protégerai leurs secrets. Se faire des amis passe par la confiance, la simplicité, la tolérance et la bienveillance, la compréhension... des choses que les nôtres doivent encore apprendre. Vous avez commencé à bien les intégrer, sourit-il pour son équipe.
- Vous êtes un bon professeur Will, sourit Carl.
- En tout cas, je suis bien content que vous ayez pu aider les Tollan à s'en aller sans problème, remarqua Charly. J'espère vraiment que la hiérarchie et l'Intelligence Service ne vous causera pas de problème pour ça.
- J'en doute fort, rit Kawalsky. William est l'homme le plus important du programme et même le Président le sait bien. Ils ne vont même pas penser à le virer, ses recherches sont trop importantes comme ses compétences et ses amitiés avec les autres peuples.
Il y eut un moment de silence, William-Léandre souriant en rouvrant les yeux qu'il avait fermé en sentant une présence très curieuse juste devant lui dans l'eau.
- Est-ce que vous avez pu secourir ce peuple ? demanda une voix cristalline juste devant lui.
Ses coéquipiers firent un bond mémorable, sautant sur leurs pieds en cherchant d'où venait cette voix. William-Léandre lui, resta totalement calme, souriant avec douceur en regardant l'eau devant lui.
- J'ai pu les aider oui, répondit-il tranquillement. Je les ai mené vers un peuple technologiquement assez avancé pour leur permettre de rentrer chez eux, sur leur nouvelle planète, auprès de leur peuple. Je pense qu'ils doivent être en route en ce moment.
- Vous êtes d'une grande bienveillance, remarqua la voix. Nous le sentons aussi dans votre énergie.
- J'essaye de l'être autant que possible, répondit-il. Je m'appelle William-Léandre Elfiamine Langford. C'est un plaisir de vous rencontrer.
- Pour nous aussi, fit la voix. Vous saviez depuis le premier jour que nous étions là n'est-ce pas ? Vous nous regardiez comme si vous nous voyez.
- Parce que je vous voyais, répondit-il simplement. Je m'excuse si nous vous avons effrayé, dit-il alors que son équipe venait près de lui pour observer l'eau devant lui.
- Les visiteurs n'ont jamais été une bonne chose pour nous mais notre mode de vie caché nous a protégé jusque là. Nous ne prenons jamais contact normalement et jamais personne ne reste ici plus de quelques instants. Mais vous êtes différent.
- Nous venons d'un monde appelé la Terre ou la Tau'ri pour certains peuples de cette galaxie. Notre peuple est jeune et ne connaît que depuis peu l'existence de la Porte et des autres mondes parmi les étoiles. Nous voyageons dans le but d'explorer, de découvrir, d'apprendre et de faire la connaissance d'autres peuples comme vous, si vous le voulez bien.
- Nous aimerions vous connaître vous. Vous êtes sur Aquila et nous sommes les Aquiliens. Nous vous avons observé depuis que vous nous rendez visite. Nous apprécions votre manière d'être William-Léandre Elfiamine-Langford. Notre peuple a décidé d'accepter de vous parler un peu.
- Je vous remercie. C'est un très grand plaisir et un honneur, sourit-il.
- Nous n'avons jamais eu d'amis étrangers. Notre monde vie se suffit à lui même et nous n'avons jamais ressenti le besoin de voyager à travers les étoiles. Mais nous sommes curieux de vous connaître. Les Aquiliens comptent deux espèces différentes ne formant qu'un seul peuple. Nous portons le même nom sans distinction. Il y a ma race et une autre qui ressemble à la vôtre. Nous voudrions vous envoyer l'un d'eux pour parler mais nous voulons être sûr qu'il sera en sécurité. Nous ne désirons pas nous battre.
- Nous ne vous ferons aucun mal, assura Kawalsky. Nous n'avons des armes que parce que certains mondes ne sont pas aussi accueillant que le vôtre et que nous devons assurer notre sécurité. Mais tant que vous ne nous menacez pas, nous en ferons de même. Votre émissaire ne risque rien je vous en donne ma parole.
- Vous êtes le chef de ce groupe n'est ce pas ? demanda la voix.
- Oui. Je suis le major Charles Kawalsky. Voici le major Carl Warren et le capitaine Carvin Casey. Je vous assure que nous ne vous ferons aucun mal.
- Très bien. Notre émissaire sera là sous peu mais nous continuerons à veiller sur lui et à vous observer.
- Cela ne nous pose aucun problème, assura William-Léandre. Merci pour votre confiance.
- Vous semblez en être digne, fit la voix.
La présence s'en alla et William-Léandre sourit.
- Il est parti, signala-t-il aux siens.
- Bon sang, vous aviez encore raison William, se réjouit Kawalsky. Comment avez-vous pu savoir qu'ils étaient là ?
- Mon instinct, dit-il en les amusant.
- J'aimerais avoir votre instinct, répondit-il.
- Vous pouvez améliorer le vôtre en ouvrant vos perceptions à tout ce qui vous entoure, en étant attentif.
- Ils sont dans l'eau ? demanda Carvin très curieux.
- Oui. Je crois qu'ils sont fait d'eau ou tout du moins la partie de leur peuple qui ne nous ressemble pas physiquement. Ce n'est pas invraisemblable. La majeure partie des formes de vie sont nées dans l'eau et en dépendent pour vivre. Nous sommes nous même composés d'eau à soixante pour cent. Il n'est pas illogique d'imaginer qu'une forme de vie ait pu se développer en étant composée de beaucoup plus d'eau que ça et donc, d'en prendre l'aspect et d'y vivre. Les méduses par exemple sont constituées d'encore plus d'eau, presque cent pour cent.
- C'est génial, sourit Carl aussi enthousiaste qu'un enfant.
William-Léandre tourna le regard vers l'océan à sa gauche, son équipe en faisant de même pour voir l'eau se soulever doucement, une forme humaine en sortant lentement en les regardant. Elle avança vers eux, l'eau coulant sur elle sans la mouiller. Il s'agissait d'un grand homme solide et musclé de manière impressionnante. Il avait tout d'un polynésien Terrien, d'un Maori. Il en avait la peau, de longs cheveux noirs ondulés, des tatouages sur le visage et sur son torse nu. Il portait une sorte de pagne ou de jupe tombant jusqu'aux genoux, fait d'un tissu étrange et luisant. Une épaisse ceinture ornée de perles entourait sa taille et il avait des colliers, comme des amulettes autour du cou. Il portait une sorte de grand bâton de bois sculpté et semblait plein de charisme et d'assurance. Il s'avança vers eux et William-Léandre se leva pour lui faire face, lui souriant en s'inclinant légèrement respectueusement. L'homme s'approcha de lui, le saluant à son tour de manière semblable.
- Bonjour, salua-t-il. C'est un plaisir et un honneur. Je suis William-Léandre Elfiamine-Langford, voici le major Charles Kawalsky, le major Carl Warren et le capitaine Carvin Casey.
- Je m'appelle Afaitu, répondit-il. Je suis envoyé par mon peuple pour que nous puissions discuter un peu. Nous n'avons pas l'habitude d'échanger avec les étrangers. Il nous a fallu un peu de temps pour saisir votre langage.
- Nous ne sommes pas pressés, sourit-il. Je vous remercie d'avoir pris la peine d'apprendre notre langue.
- La compréhension et la communication sont la base de bonnes relations, dit-il dans sa propre langue. C'est un principe de notre peuple.
- Qu'est-ce que ça veut dire? demanda Carl.
William-Léandre traduit, surprenant l'Aquilien.
- Vous comprenez notre langue ? remarqua-t-il.
- Oui, je parle et comprend beaucoup de langues. Puis-je vous inviter à vous asseoir avec nous ?
Afaitu approuva et ils prirent place sur le sable.
- Nous vous avons écouté, dit-il en posant son bâton. Parlez moi un peu plus de votre monde.
- Avec plaisir, répondit William-Léandre.
Il commença donc à parler de la Terre, de sa multitude de peuples et de cultures. Il expliqua qu'ils étaient un jeune peuple encore imprudent et parfois violent sans réticence. Cela ne choqua pas son équipe le connaissant toujours très honnête avec les peuples qu'ils rencontraient et c'était sûrement mieux ainsi. Il savait pourtant aussi mettre en avant leur bonne volonté pour l'avenir, la bienveillance de certains d'entre eux. Il parla ensuite du SGC et de sa mission, de ce qu'ils faisaient.
- Nous sommes ici pour faire votre connaissance si vous le permettez, termina-t-il. Je crois que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. Nous ne demandons rien si ce n'est une chance d'apprendre à nous connaître.
- Je comprend, approuva-t-il. Vous êtes honnête, remarqua-t-il. C'est une bonne chose. Vous m'avez parlé de votre monde, je vous parlerai du mien.
- Dîtes, intervint Kawalsky, excusez moi mais est-ce qu'il ne ressemble pas un peu à un Maori William ?
- Un Maori ? releva l'autre intrigué.
- Notre monde est vraisemblablement le monde d'origine de tout les êtres humains, expliqua le docteur. Les premiers humains furent déportés de la Terre vers d'autres planètes par les Goa'uld il y a des milliers de nos années. Nous avons rencontré plusieurs peuples humains ressemblant à des cultures présentes chez nous à cause de cela.
- Et je ressemble à l'une d'entre elle ?
- Oui. Aux Maori, répondit l'albinos. C'est une communauté Terrienne qui se confond avec vous sur le point de l'apparence, du physique et possiblement de certaines traditions si j'en juge par vos ornements, vos vêtements et votre bâton. Nous trouvons la même chose chez eux avec simplement d'infimes différences. C'est une communauté vivant en harmonie avec la nature et l'océan, aux traditions orales riches. Ils vivent dans des îles, sont de très bons navigateurs et de valeureux guerriers.
- Cela ressemble à ce que nous étions autrefois, remarqua Afaitu.
- Votre nom et votre langue ressemblent aussi beaucoup, termina William-Léandre.
- Ces Maori ont-ils su rester fidèles à la nature et à l'océan ?
- Oui. Ils en sont de fervent défenseurs chez nous.
- Alors ils n'auront pas commis nos erreurs, sourit-il. Notre peuple était autrefois un peuple de navigateurs, de pêcheurs et de guerriers. Il y avait de nombreuses terres verdoyantes sur Aquila et de nombreuses communautés. Nous étions cependant violents et déchirés par des guerres sans aucun sens. Nous avons évolué, notre technologie a évolué et avec elle, nous avons blessé notre monde. Nous l'avons empoisonné de gaz et de feu, de déchets et de débris.
- Nous appelons cela pollution chez nous et c'est l'un des gros problèmes de notre monde dont notre peuple prend à peine conscience.
- Nous, nous avons mis bien trop longtemps à accepter ce problème et notre responsabilité face à cela. Nous étions trop arrogants et confiants, imbus et nous ne pensions pas que la nature était plus forte que nous. Il y avait un autre peuple avec nous sur Aquila. Les esprits de l'eau. Autrefois vénérés puis bafoués et oubliés, leurs sagesses ignorées. Il y avait de vastes champs de glace à certains endroit de notre monde. Mais nos erreurs les ont fait disparaître. Ils ont fondu, les terres ont été immergé. Nous avons construit d'immenses bateaux pour survivre mais notre peuple mourut à petit feu. Cruellement, nous avons réalisé nos erreurs et nous nous en voulions terriblement. Nos guerres et nos conflits nous semblaient si stupides face à la puissance de la nature, à tout ce que nous avions détruit. Nous avions presque disparus lorsque les survivants ce sont jurés que s'il y avait une autre vie après, alors ils la passeraient à protéger la nature, à la vénérer et à vivre en harmonie avec elle. Les êtres de l'eau nous ont entendu et dans leur bienveillance, ils nous ont secouru contre la promesse de ne pas renouveler nos fautes. Ils nous ont aidé à survivre, à nous reconstruire. Nous n'avons finalement plus formé qu'un seul peuple, les Aquiliens, vivant au cœur du grand océan. Nous vivons désormais en harmonie avec notre monde et nous avons renoncé à notre violence et à nos travers passés.
- Waouw, fit Carl. J'ai déjà entendu ce genre de chose quelque part.
- Que voulez vous dire ? demanda Afaitu.
- Notre monde est en train de connaître un sort semblable par notre bêtise, expliqua William-Léandre. Nos glaces fondent, notre nature meurt et l'eau monte. Elle ne submergera pas entièrement les terres mais le problème reste entier. Nous sommes trop nombreux et trop irrespectueux de la nature. Beaucoup d'entre nous ont pris conscience de cela et se battent pour changer les choses mais nous sommes encore très loin de pouvoir retourner la situation.
- Si le combat existe, alors vous avez de l'espoir, répondit-il. Notre peuple n'a pas eu la sagesse de réagir avant la fin.
Longuement, ils échangèrent avec Afaitu sur leurs peuples et leurs mondes respectifs parlant surtout philosophie et mentalité, idéologie. Si les trois militaires intervenaient parfois, l'échange se faisait surtout entre William-Léandre et l'Aquilien. Mais ils écoutaient attentivement comme toujours. Leur docteur parlait souvent ainsi avec les peuples qu'ils rencontraient et ils avaient compris l'importance de ces échanges patients et honnêtes avec eux pour apprendre à se connaître. Finalement, Afaitu expliqua qu'il allait rentrer se reposer et se restaurer mais qu'il reviendrait les voir avec plaisir. William-Léandre le remercia pour cela, lui demandant si son peuple avait des conditions pour leur prochaines visites que ce soit en temps ou autres. Afaitu répondit qu'ils pouvaient continuer à venir quand ils le voulaient et comme ils le voulaient comme ils l'avaient fait jusqu'ici. Lorsqu'ils rentrèrent et firent leur rapport, Hammond fut très surpris de ce dénouement, n'ayant pas réellement cru qu'il y avait bien quelque chose sur cette planète. Et bien sûr, il autorisa la poursuite de cette mission.
Régulièrement, SG-2 retourna voir les Aquiliens entre ses autres missions, William-Léandre y allant parfois seul sur son temps libre, découvrant chaque jour un peu plus ce peuple fascinant. Il s'entendait de mieux en mieux avec Afaitu, sentant qu'il y avait de plus en plus d'observateurs autour d'eux. Et puis un jour, alors que l'équipe était venue au complet, désormais totalement détendue sur cette planète avec ce peuple, Afaitu leur avait proposé une visite.
- Si vous le désirez, nous sommes disposés à vous montrer l'une de nos villes.
- Merci beaucoup, sourit William-Léandre. Nous en serions ravis.
- Venez, invita-t-il alors en s'avançant dans l'eau.
- Euh... on n'a pas d'équipement pour aller en plongée, remarqua Carl.
- Ce n'est pas un problème, nous nous chargeons de vous permettre d'évoluer dans l'eau, assura l'Aquilien.
William-Léandre le suivit sans hésiter, se débarrassant de son équipement pour ne garder que son tee-shirt et son treillis.
- Nous pouvons avoir confiance, dit-il à son équipe qui malgré une certaine appréhension le suivit.
Ils entrèrent dans l'eau et l'albinos respira normalement malgré l'immersion, sachant que tout irait bien, sachant déjà tout par ses visites dans les esprits des Aquiliens. Il sentit un liquide étrange entrer dans ses poumons et malgré qu'il soit finalement totalement sous l'eau, il put respirer normalement. Il vit ses camarades se débattre pour retenir leurs respirations s'approchant d'eux en nageant.
- Respirez, ordonna-t-il en les surprenant. Tout ira bien.
Casey fut le premier à céder, d'abord un peu paniqué pour ensuite se calmer en s'apercevant qu'il pouvait respirer quand même. Il en fut bientôt de même pour les deux autres très surpris.
- Nous avons un fluide permettant aux créatures non aquatiques de respirer dans l'eau, informa Afaitu près d'eux. Il n'y a aucun risque pour votre organisme. Nous nous en sommes assurés en vous analysant. Votre constitution est en effet presque identique à la mienne.
- Vous auriez pu prévenir avant, se plaignit Kawalsky surpris par la légère déformation de sa voix dans l'eau.
- Cela aurait été moins amusant, se moqua-t-il doucement. Venez.
L'un de ses médaillons s'illumina, les entourant d'une petite bulle translucide et légèrement lumineuse. Tranquillement, elle les emmena vers les fonds sans jamais qu'ils ne ressentent l'effet de la pression et ce qu'ils découvrirent fut incroyable. Ils furent conduis vers ce qui s'avéra être de gigantesques cités aquatiques semblant faîtes à la fois de cristal, de roche et de sable. L'architecture ressemblait à celle des Maori en bien plus grand et sophistiqué, avancée. Il y avait des lumières partout, des plantes et des animaux nombreux. Des milliers de semblables d'Afaitu étaient là, les observant avec curiosité et enthousiasme. Et il y avait aussi des formes discrètes dans l'eau, les esprits de l'eau certainement. L'expérience qu'ils vécurent alors fut passionnante. Ils furent amenés sur une sorte de grande place où un étrange banquet les attendait, des Aquilien de tout âge venant à leur rencontre, les enfants très curieux venant les effleurer. Il semblait y avoir de la technologie très avancée mais elle était discrètement installée, presque invisible si ce n'était par quelques détails ou effets perceptibles. Afaitu vint poser les pieds sur le sol de cristal s'illuminant légèrement au contact de sa peau et William-Léandre en fit de même. Il y avait comme une sorte de force d'attraction dans le cristal leur permettant d'y marcher normalement. L'albinos sourit en voyant cela, testant de quelques pas alors que ses collègues en faisaient de même. Quatre Aquiliens s'approchèrent d'eux pour leur tendre des colliers et William-Léandre se baissa pour laisser l'adolescent lui faisant face lui passer le sien. C'était un médaillon de cristal et de sable emprisonné à l'intérieur :
- Ils vous permettront de ne pas subir la pression et de vous déplacer sur nos plate-formes et chemins, renseigna Afaitu.
- Votre cité est magnifique, répondit William-Léandre assez fort pour être largement entendu. C'est un immense honneur.
Un tourbillon plus grand que lui apparut soudain devant lui, faisant sursauter ses camarades. Mais le jeune homme ne bougea pas, souriant avec calme. Il leva une main qu'il mit à la verticale et une autre faîte d'eau pleine de paillettes brillantes sortit du tourbillon pour venir s'accoler à la sienne. Toute une silhouette apparut, humanoïde, grande et élancée avec de très longs cheveux mais sans traits discernables.
- Vous n'êtes pas obligé de prendre une forme me ressemblant pour me rassurer, remarqua-t-il. Votre forme originelle me convient. Je reconnais que mon peuple peut mal réagir face à ce qui lui est inconnu, à ce qui est différent, par peur, mais ce n'est pas mon cas, ni celui de mes coéquipiers. Aucune censure n'est nécessaire.
La silhouette changea alors pour prendre une autre apparence, celle d'une sorte de serpent blanc semblant constitué comme une méduse d'un corps translucide et fragile, délicat. De grands voiles fins étaient rattachés à sa silhouette telle une fine mousseline planant dans l'eau au grès des courants. L'être était plus grand que l'albinos et vint s'enrouler lentement autour de lui, le faisant sourire alors qu'il relevait les bras pour le laisser faire.
- Euh William ? fit Kawalsky inquiet pour lui.
- Il n'y a aucun danger Charly, assura-t-il. Ce n'est que leur manière naturelle de saluer tel l'eau qui vous enveloppe lorsque vous la touchez.
L'être le laissa finalement pour se poster devant lui.
- C'est avec vous que j'ai parlé la première fois, remarqua William-Léandre en le regardant.
- En effet. Je suis Ebine, l'un des plus ancien sage des Aquilien, je suis heureux de vous voir ici William-Léandre Elfiamine-Langford. Beaucoup d'entre nous aimeraient faire davantage connaissance avec vous. Nous ne connaissons pas d'autres mondes que le nôtre même si nous savons qu'ils existent. Nous n'avions pas d'intérêt pour cela jusqu'à votre arrivée. Beaucoup sont curieux.
- Je serai ravi de vous en parler davantage, répondit-il.
- Et nous vous parlerons de nous en retour. Mais pour commencer, que diriez-vous de partager un repas avec nous ? J'ai cru comprendre que vous partagiez également cette coutume de manger ensemble lorsque l'on reçoit des hôtes.
- Oui tout à fait. Ce sera avec plaisir.
- Alors prenez place, dit-il en désignant une immense table de pierre se trouvant là. Autour de vous prendrons place nos sages et nos figures les plus éminentes.
- Nous ne sommes que de humbles représentants de notre peuple. Merci pour ce privilège, remercia-t-il.
Ils vinrent prendre place à table, de nombreux Aquilien d'une forme ou de l'autre venant avec eux, de nombreux autres restant autour, profitant des buffets dressés là. Bientôt, une sorte de musique s'éleva, nouvelle pour les Terriens alors que l'eau déformait les sons. C'était pourtant splendide à écouter. Manger sous l'eau des mets nouveaux fut une expérience étrange et amusante pour les Terriens, la technologie Aquilienne leur permettant de le faire presque normalement si ce n'était l'étrange sensation des goûts avec leur respiration modifiée. Les discussions commencèrent rapidement, partant sur la nourriture et les repas puisqu'ils étaient en train de manger, puis sur les cultures alimentaires. Ce fut ainsi qu'ils apprirent que toutes les cultures Aquiliennes étaient sous-marine, placées à différentes profondeurs ou dans différents courants, températures d'eau... suivant ce que l'on cultivait. Ce peuple ne tuait pas d'animaux et ne pratiquait pas l'élevage, se satisfaisant de végétaux marins ou autres produits de la nature de leur monde. Vivant dans l'eau, ils n'avaient pas besoin de boire, leur corps l'absorbant directement. Les êtres de l'eau ne pouvaient vivre en dehors, les humains le pouvant à condition de boire trois fois plus qu'un humain ordinaire. Charles, Carl et Carvin se détendirent rapidement, regardant autour d'eux tels des enfants émerveillés, accordant volontiers leur attention à tout les jeunes qui venaient les voir avec curiosité, voulant les toucher et leur parler.
Longuement ils mangèrent et discutèrent et si son équipe était occupée avec les jeunes et des gens simples, William-Léandre échangeait lui bien plus sérieusement avec les sages, les aînés et les érudits, vite passés dans leur langue presque naturellement. Ce fut un son splendide qui les interrompit et qui fit progressivement tomber un silence respectueux et admiratif sur la ville. Cela ressemblait à une voix de baleine bien que plus long, plus nuancé et presque chanté, raisonnant partout. C'était magnifique et envoûtant. Les Terriens se tournèrent vers le son comme tous l'avaient fait pour voir une créature absolument gigantesque nager très lentement vers la cité. Cela ressemblait à une raie dont les ailes se seraient plusieurs fois multipliées pour former des centaines de couches de fins voile translucides et colorés, le centre de son corps fait d'une lumière blanche douce et agréable. Plusieurs queues immensément longues ressemblant à des algues flottaient derrière l'animal. Sa tête entourées de voiles iridescents était dotée d'une longue et fine trompe ressemblant à celle d'un hippocampe. La créature s'approcha peu à peu de la ville. Elle devait être aussi grande qu'elle d'ailleurs. Tous l'observaient avec admiration et respect, calmes.
- Vous avez énormément de chance, fit Ebine. C'est Rapanuïa. L'être que nous respectons et vénérons tous. Même les Aquiliens ne le voient que très rarement. Il est unique, il est l'âme de notre monde, capable de donner la vie. Il est ce que vous appelleriez un dieu pour nous. Il n'y a aucun danger. C'est la créature la plus pacifique que nous connaissions. La voir est signe de chance, de prospérité. C'est de très bon augure. Notre rencontre lui plaît peut-être. Il ne vient jamais près de nos villes habituellement.
William-Léandre avait à peine écouté. Il avait senti la présence de cette créature ici et il fut incroyablement ému de la voir. Elle était un peu comme une sœur d'âme pour lui. Elle était loin d'être à son niveau, elle n'était pas une Protégée, ni un Reflet mais elle aussi était une image physique de sa protectrice. Dans la hiérarchie de ce qu'ils auraient pu nommé leur famille, il était de chef, sa protectrice à ses côtés presque en égale même si elle lui était supérieure. Et les êtres tels que cet animal étaient en dessous. Son âme raisonnait avec la sienne, son chant faisait chanter son esprit. Pour la première fois, il rencontrait un membre de sa famille véritable, sa famille d'âme et d'existence, de vie et de mort et il en était très touché. Rapanuïa s'arrêta à l'entrée de la ville, brillant un peu plus fort et William-Léandre ne fut pas surpris de se mettre à briller à son tour, le pouvoir de l'animal l'entourant, infiniment doux et chaud pour lui. Tous se retournèrent vers lui, surpris.
- William ? appela Kawalsky.
- Tout va bien Charly, sourit-il. Ne vous inquiétez pas et ne faîte rien.
Doucement, il fut attiré vers la créature, se laissant aller aux courants l'entourant et l'emmenant. Bientôt, il fut juste devant la tête du gigantesque animal, minuscule face à lui. Il leva une main pour la poser sur le front de Rapanuïa, souriant en respirant plus fort lorsque leurs magies raisonnèrent, celle de l'albinos des milliers de fois plus puissante de celle de l'animal. Il vint finalement se blottir contre elle, fermant les yeux. Rapanuïa se mit à pulser de lumière par ondes, des ondes qui firent pousser la végétation aquatique partout dans la zone à vue d'œil. Il chanta plus joyeusement semblait-il. Après un moment, William-Léandre recula, les larmes aux yeux, bien trop loin des autres pour être précisément vu ou entendu.
- Bonjour petit frère, dit-il dans la langue de leur protectrice. Je suis très heureux de faire ta connaissance. Je viendrai te voir aussi souvent que je le pourrai. Poursuit ta route selon ton âme. Ton monde est magnifique.
Rapanuïa vint le frôler avec une délicatesse incroyable vu sa taille, tournant ensuite plus largement autour de lui, créant un tourbillon d'eau qui le fit tournoyer sur lui même, le faisant rire. Puis il partit, comme volant dans l'eau, chantant jusqu'à disparaître dans les fonds. William-Léandre le regarda s'en aller avant de se retourner et de nager vers la place où il était installé plus tôt. Les Aquiliens le regardaient, stupéfaits, respectueux, admiratifs, son équipe tout aussi ahurie semblant se détendre après l'inquiétude que la scène avait suscité pour eux. Souriant avec indulgence aux Aquiliens, l'albinos reprit sa place dans un silence abasourdi.
- Jamais Rapanuïa n'a fait telle chose, remarqua finalement un sage. Savez-vous pourquoi ? lui demanda-t-il.
- Nos âmes se connaissent et font parties d'une même famille, répondit-il simplement en les surprenant de nouveau.
- C'était quoi ça William ? demanda Carl.
- Je suis juste allez dire bonjour, dit-il mystérieusement alors que tout les Aquiliens saisissaient la différence de réponse entre eux. Je suis zoologiste et cryptozoologue. Vous savez que j'adore les animaux et ce n'est pas tout les jours qu'on en voit un comme celui-là. Fascinant et très intelligent d'ailleurs.
- Comment vous saviez qu'il ne vous ferait rien ? demanda Carvin.
- On le sent quand on connaît les animaux capitaine, s'amusa-t-il. Ça et mon instinct.
- Je ne me lasserai jamais de faire équipe avec vous William, fit Kawalsky. J'ai appris et vu plus de choses extraordinaires en presque un an avec vous que dans toute ma vie.
