Chapitre 1 :
Le QG de la Congrégation
Allen Walker. Un nom que nous connaissons,une histoire que nous connaissons. Celle d'un jeune homme maudit et possédé, exorciste, combattant pour mettre fin à une guerre dont il était devenu un pilier central. L'histoire d'un adolescent compatissant, infiniment doux et gentil, prêt à tout les sacrifices pour sauver des vies, pour secourir les âmes emprisonnées à l'intérieur des akumas, pour tenter d'aider ceux possédés par les Noah. Il se débattait dans un conflit qu'il ne comprenait pas, pris entre de nombreux feux. Allen Walker, fils adoptif de Mana Walker, Mana D. Campbell. Mais que se serait-il passé si l'orphelin n'avait jamais rencontré le clown ? Que se serait-il passé s'il n'avait jamais rencontré Mana Walker ? S'il n'avait jamais rencontré Mana et que par conséquent, il n'avait jamais été maudit, n'était jamais devenu l'hôte de la mémoire du Quatorzième Noah, Neah D. Campbell ? Cette histoire est celle du petit orphelin possesseur d'une Innocence qui ne devint jamais Allen Walker...
Ce jour là, au quartier général de la Congrégation de l'Ombre branche Européenne, en Scandinavie, on assistait à un spectacle peu commun. Nombre de membres de la section scientifique s'étaient rassemblés devant les écrans de contrôles, un peu ahuris par le spectacle se déroulant dehors. L'assistante du Grand Intendant, Lenalee Lee et le Grand Intendant lui même, Komui Lee, venaient d'arriver, regardant avec intérêt ce qui captait l'attention générale. C'était une silhouette, pas très grande et fine, entièrement cachée dans un long manteau noir, une capuche dissimulant son visage, une besace de cuir sur l'épaule. Rien d'extraordinaire si ce n'était que la silhouette était présentement en train d'escalader à mains nues l'immense falaise en haut de laquelle le QG était bâti. Il grimpait à une vitesse stupéfiante, semblant n'avoir aucun mal, souple et agile, précis malgré le vent fouettant les lieux ce soir.
- Quelqu'un peut me dire pourquoi vous le laissez faire ? demanda l'Intendant. Aucun intrus ne doit entrer dans la citadelle.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Lenalee en pointant une chose étrange voletant autour de lui.
- C'est justement à cause de ça qu'on ne l'a pas encore jeté de la falaise, remarqua Reever. On dirait un golem, il ressemble même atrocement à Timcampy, le golem du Maréchal Cross.
- Mais Timcampy est doré, remarqua l'Intendant. Celui est quasiment rouge avec une croix or. Ce n'est pas Timcampy et cela fait des années que nous n'avons plus de nouvelles du Maréchal Cross.
- La ressemblance est tout de même troublante, posa Reever. Et les golems sont propres à l'Ordre en tout cas jusqu'ici. Il faudrait peut-être voir ce qu'il vient faire là.
- On pourra toujours le renvoyer plus tard si c'est un intrus, approuva Lenalee.
L'Intendant agréa finalement et ils regardèrent l'intrus terminer son ascension rapidement, son golem rouge voletant autour de lui.
- Il y a quelque chose sur son épaule non ? remarqua Johny.
Et en effet, en regardant bien, on pouvait distinguer une petite masse poilue perchée sur son épaule. Cela avait quatre pattes, des oreilles et une queue visiblement, fermement accrochée au manteau noir.
- C'est un chiot ? demanda Tapp.
- On dirait, approuva Lenalee.
Avec intérêt, ils virent l'étranger bondir sur les pavés au sommet, s'étirant tranquillement comme pour détendre ses muscles après l'ascension. Sur son épaule, ce qui avait tout l'air d'un louveteau noir aux yeux verts, gigota un peu. L'étranger le prit délicatement et le déposa au sol, l'animal se mettant à jouer autour de lui sous l'œil attentif des golems de surveillances volant partout autour d'eux. Entièrement caché dans son manteau, on ne voyait rien de l'intrus dont même les mains étaient plongées dans des gants de cuir. Il se mit finalement en route sans se presser mais sans traîner pour autant, marchant avec la grâce d'un félin, se tenant droit. Il arriva devant le Gardien et les portes en quelques minutes, s'immobilisant. Il plongea une main à l'intérieur de son sac, en ressortant une lettre qu'il ouvrit et déplia en prenant la parole d'une voix assurée :
- C'est le Maréchal Cross Marian qui m'envoie, annonça-t-il en les surprenant. J'ai rendez-vous avec le dirigeant de cette branche de la Congrégation.
- Grand Intendant ? interpella Reever à l'intérieur. Vous a-t-on informé de cela ?
- Pas du tout, répondit celui-ci.
- Identifiez vous, ordonna Reever en activant son communicateur pour que l'étranger puisse l'entendre.
- Vous avez dû recevoir une lettre à mon sujet, répondit celui-ci. Elle était adressée à un certain Komui Lee, le Grand Intendant si je ne m'abuse. Au cas où, j'ai également une copie de la lettre ici, dit-il en tendant le papier qu'il tenait vers un golem.
Alors que l'Intendant, quelque peu aidé par un subordonné allait à la recherche de la dite lettre dans le capharnaüm qu'était son bureau, tous attendirent, exaspérés par le manque de sérieux de l'homme dans l'exécution de son travail administratif. Il la trouva finalement et ordonna à quelqu'un de la lire :
- « Salut Komui. Je t'envoie mon apprenti Red. Il a un golem qui ressemble à Timcampy, je l'ai fait pour lui. Il devrait t'aider à le reconnaître. Il se balade avec un loup aussi. Prend bien soin de lui je suis sûr qu'il te plaira beaucoup. Cross », lut quelqu'un.
On put lire la même chose sur la lettre tendue par l'étranger qui reprit la parole :
- Je m'appelle Red, Red Marian, dit-il en les ahurissant.
- Hein ! s'écrièrent-ils.
- Marian ? Comme le Maréchal ?! s'exclama Reever. Vous croyez que c'est... qu'ils ont un lien ?
Au même instant, l'étranger baissait sa capuche pour montrer son visage. La première chose que tout le monde vit fut ses cheveux qu'il semblait avoir longs, un début de tresse épaisse disparaissant dans son manteau, quelques mèches de diverses longueurs encadrant son visage. Mais le plus marquant dans cette chevelure était sa couleur, d'un auburn rougeoyant proche de celui du Maréchal. L'observant un peu plus attentivement, on lui trouva un beau visage, très jeune. Il ne devait pas avoir plus de quinze ou seize ans. Son œil gauche était couvert d'une sorte de cache blanc faisant étrangement penser au masque du Maréchal. Seulement ici, il ne couvrait que le quart supérieur gauche de son visage, décoré d'arabesques noires complexes. Son seul œil visible était d'un argent rutilant. Son expression était parfaitement neutre, illisible.
- Il ressemble un peu au Maréchal non ? posa Reever. Vous croyez que c'est son fils ?
- Il dit que c'est son apprenti dans sa lettre, remarqua Lenalee. Si c'était son fils, il l'aurait dit tout de même.
- Laissez le entrer, ordonna l'Intendant sérieux, je vais le recevoir. Lenalee ? Veux-tu bien m'aider à tout préparer, je crois que nous allons enfin avoir une nouvelle recrue, sourit-il en sortant. Si c'est le Maréchal qui nous envoie ce gosse, cela vaut la peine de le tester.
Devant l'entrée, Red patientait tranquillement, espérant que son idiot de maître avait fait ce qu'il fallait pour qu'on ne balance pas de la falaise en expresse. Enfin, il pourrait bien se débrouiller de toute manière, ce n'était pas comme s'il n'était pas habitué à le faire avec le Maréchal. Il y avait des jours où il bénissait sa rencontre avec son maître, d'autres où il le maudissait. Il se souviendrait toujours de ce jour, ce premier face à face avec lui au milieu d'un champs de bataille né des akuma qui avaient décimé le hameau où il se trouvait. Lui même s'était défendu comme il pouvait, activant l'Innocence qu'il possédait depuis sa naissance. L'Innocence, à l'époque, il ne savait pas ce que c'était, ce qu'étaient les akuma. Il savait juste qu'il avait été attaqué par des monstres et que son bras difforme s'était transformé pour le défendre. D'instinct, il avait su, il avait senti que son bras était son salut. Il avait rencontré cinq fois des akuma avant sa rencontre avec le Maréchal et à chaque fois, écouter son intuition et ce que ce bras lui dictait de faire lui avait sauvé la vie. Ce jour là au hameau, il s'était défendu mais cette fois, Cross Marian était arrivé et avait détruit les akuma. Bien évidement, il n'avait pas manqué l'enfant avec ce bras d'Innocence. Il lui avait expliqué et proposé de devenir son apprenti. C'était ainsi que tout avait commencé avec son maître alors qu'il n'avait que neuf ans. Au final, il était resté six ans avec Cross, jusqu'à ce que celui-ci l'envoie à l'Ordre. L'homme avait été un tuteur terrible et pitoyable mais il lui avait aussi appris ce que personne d'autre n'aurait pu lui apprendre.
- Ouverture des portes ! scanda le gardien après ce qui lui sembla être une éternité.
Il regarda les portes s'ouvrir patiemment, intérieurement soulagé qu'on ne fasse pas d'histoire. Il vit rapidement quelqu'un venir à sa rencontre, une jeune fille souriante avec deux longues couettes.
- Bonjour, salua-t-elle joyeusement en s'arrêtant devant lui. Je m'appelle Lenalee Lee, je suis l'assistante du Grand Intendant. Enchanté. Je vais te conduire.
Il acquiesça, n'ouvrant pas la bouche, le visage fermé. Il ne manqua pas le trouble et le malaise de la demoiselle à sa réaction quelque peu froide mais il n'en fit pas grand cas, il avait l'habitude. Il se baissa pour attraper son louveteau, le calant dans ses bras avant de la suivre gentiment, totalement silencieux. Ils traversèrent les jardins dans un silence un peu lourd, l'assistante le précédant lui jetant des coups d'œil peu discrets qu'il fit pourtant mine de ne pas remarquer. Ils pénétrèrent finalement dans la tour, y progressant tranquillement. Il ne manqua pas d'entendre ceux qu'ils croisaient parler de lui, déjà, mais il n'en n'avait que faire, regardant droit devant, imperturbable. Ce fut son guide qui brisa le silence entre eux après un moment, lui parlant des lieux qu'ils croisaient entre réfectoire, zone d'entraînement, bibliothèque, salon, chambres, hôpital... Elle lui expliqua le fonctionnement général des lieux, terminant en disant que certains appelaient cet endroit « la maison ».
Avec tout de qu'il savait de la Congrégation et de ses magouilles, il avait du mal à croire que l'on puisse la prendre pour une maison. Pour lui, la Congrégation n'était là que pour lui donner les moyens de faire ce qu'il voulait. Ils avaient besoin d'exorcistes et lui de moyens et de soutient technique. Ce n'était à ses yeux qu'un échange de bons procédés. Il savait pertinemment qu'entre ces murs, il ne serait qu'une arme vivante pour combattre le Comte. Il savait que ceux qui dirigeaient l'Ordre n'auraient aucun scrupule à se servir de lui, surtout quand ils sauraient quelle particularité il avait. Cet endroit ne pourrait être une maison, c'était un QG militaire pour lui. C'était une base de repli mais certainement pas une maison et il savait qu'il ne devait pas baisser sa garde. Il marcha, scrutant discrètement les lieux, repérant les personnes et la configuration. C'était une habitude bien ancrée en lui déjà dans sa petite enfance et encore plus depuis qu'il voyageait avec son maître, ses magouilles pouvant créer bien des problèmes. Être conscient de ce qui l'entourait et repérer les sorties potentielles était vital avec Cross. Ils arrivèrent finalement auprès du Grand-Intendant qui se présenta joyeusement :
- Bonjour ! Je suis Komui Lee, le Grand-Intendant ! dit-il en l'invitant à le suivre d'un geste.
Ils entrèrent dans une nouvelle section, descendant et au vu des lieux et des équipements, il devina qu'il s'agissait des quartiers de recherches et développement. La fameuse section scientifique de la Congrégation. Ils continuèrent à descendre dans les entrailles du QG, Komui reprenant :
- Soit le bienvenu parmi nous mon petit Red, dit-il avec un ton qu'on aurait emprunté pour parler à un enfant.
Red tiqua intérieurement, appréciant peu cette familiarité malvenue mais il ne dit rien et ne laissa pas son agacement transparaître. Il suivit sagement, sachant ce qui l'attendait.
- Alors dit moi, reprit l'homme tout en avançant devant lui. Comment va le Maréchal Cross ?
- Bien, répondit-il simplement.
Il ne dit rien de plus, tendant un peu ses deux accompagnants par son attitude fermée.
- Où étiez vous depuis tout ce temps ? demanda-t-il pas vraiment discret sur son intention d'avoir des informations sur son maître. Cela fait longtemps que nous n'avons plus de nouvelles du Maréchal.
- Nous étions un peu partout, répondit platement. En Inde lorsque nous nous sommes séparés mais il doit être parti ailleurs maintenant. Il ne m'a pas fait part de ses intentions, dit-il pour couper les questions.
- Tu portes son nom, remarqua-t-il plus sérieusement et avec une curiosité certaine. Est-ce que vous avez... un lien quelconque ?
- Nous n'avons pas de lien de sang, dit-il simplement en sachant que c'était là la question.
Tout le monde le prenait pour le fils de son maître en général. Parce qu'il portait son nom et parce qu'il y avait une légère ressemblance entre eux, ressemblance accentuée par ce cache qu'il avait sur l'œil et la couleur très similaire de leurs cheveux. Mais il n'en n'était rien. Red Marian était un nom venu avec le temps. Il n'avait pas de nom. Orphelin, on l'avait vendu très tôt à un cirque à cause de sa difformité. Il ne se souvenait même pas avoir eu des parents. Il n'y avait eu que les cirques et autres foires entre lesquels il avait été vendu comme une vulgaire marchandise comme monstre de foire, esclave ou chair à canon pour des combats clandestins. Il en avait vraiment vu de toutes les couleurs avant de rencontrer son maître. Cross était peut-être parfois insupportable mais il avait changé sa vie et il lui avait donné plus de paix et de liberté. Red était un surnom qu'on lui avait donné à cause de son bras couleur de sang et du reflet rougeoyant intense de ses cheveux. Lorsqu'il avait rencontré le Maréchal, il était juste Red. Quand un nom s'était avéré nécessaire pour lui faire des papiers et voyager en paix sans problème, son maître lui avait donné le sien. Cela n'avait que plus fait croire qu'il était son fils et cela facilitait beaucoup les choses. Tout le monde posait moins de questions en regardant ce qu'ils croyaient être un duo père fils, qu'un homme voyageant avec un gamin dont-il ne semblait pas savoir s'occuper. Mais il devait avouer qu'il aimait porter le nom de Marian. Si son maître avait une liste de défauts longue comme le bras, il était celui qui avait donné un sens à sa vie et qui lui avait donné sa liberté. Il lui en serait toujours reconnaissant. Et puis son maître était son seul véritable point de repère. Il savait qu'on lui poserait la question ici.
- Le Maréchal Cross Marian est mon maître, rien de plus, dit-il simplement.
- Je vois, accepta l'autre l'air tout de même très intrigué.
Ils continuèrent à descendre, la jeune femme les laissant finalement lorsqu'ils s'engagèrent sur une plate-forme en plein centre de la construction, placée dans un puits de vide. L'homme activa l'engin et ils descendirent encore dans les tréfonds de la structure, plongeant finalement dans le noir. Lorsqu'ils s'arrêtèrent, la lumière se fit pour se braquer sur les sièges des Grands Maréchaux, les chef de la Congrégations de l'Ombre. On lui fit une sorte de petite scène très théâtrale pour leur entrée. Komui lui expliqua très sommairement qu'il était ici pour être testé et leur montrer sa valeur d'exorciste. Il resta neutre sans bouger, sachant ce qui allait se passer. Une seconde plus tard, il sentait une présence puissante l'entourer, une puissance d'Innocence dont-il n'avait pas manqué de noter la présence bien avant qu'elle ne se manifeste. Hevlaska. Il savait qui elle était et quel était son rôle. Et il savait qu'il était obligé d'en passer par là pour devenir vraiment un exorciste. Il se laissa donc faire quand ses multiples bras l'entourèrent et le soulevèrent doucement, l'amenant vers sa grande tête, l'immense présence de la gardienne se révélant enfin.
- N'aie pas peur, lui dit-elle doucement, je ne veux pas te faire de mal, assura-t-elle alors qu'il était immobile et tranquille.
Il transféra son petit loup dans son bras droit, l'animal étrangement calme en regardant la grande silhouette d'Hevlaska. Il lui tendit le gauche, sachant qu'elle devait l'examiner. Les multiples bras de l'exorciste gardienne vinrent entourer son bras mais aussi son louveteau, venant également toucher le cache sur son œil.
- Hevlaska qu'est-ce que tu en penses ? demanda Komui resté sur la plat-forme. Ce nouveau serviteur de notre seigneur trouve-t-il grâce à tes yeux ?
Elle ne répondit pas, l'air absorbée par celui qu'elle tenait. Elle approcha doucement sa tête de la sienne, accolant finalement son immense front au sien. Red eut la désagréable sensation de sentir une présence étrangère entrer en lui. C'était plus qu'inconfortable et dérangeant et il détestait cette impression de sentir son esprit et son être envahi de la sorte sans même qu'on en ai demandé la permission. Si cela le mettait en colère, il se força à se détendre. L'Ordre n'avait pas de considération véritable pour les humains derrière les armes qu'étaient les exorcistes pour eux. Pourquoi aurait-on pris la peine de demander sa permission à une arme ? Il se laissa faire, sachant qu'il ne servait à rien de résister, il fallait en passer par là pour intégrer la Congrégation.
- Incroyable, remarqua finalement la gardienne en attirant l'attention de Komui et des Grands Maréchaux.
- Qui a-t-il Hevlaska ? demanda l'Intendant.
- Quelle merveille es-tu Red Marian ? demanda-t-elle en l'ignorant complètement pour se concentrer sur le jeune homme. Je suis ravi de te rencontrer, élu de l'Innocence. Excuse ma brusquerie, il est vrai que cela manque de forme.
- Enchanté Gardienne, répondit-il platement en la regardant alors qu'elle ne s'était pas éloignée.
- Une triple compatibilité, dit-elle alors en intriguant les autres. Je savais que ton maître avait deux Innocences dont une qui n'était pas vraiment pour le servir mais qui a tout de même accepté la résonance avec lui. Il était jusqu'ici le seul cas de compatibilité multiple à l'Innocence. Mais toi, trois Innocences en parfait harmonie, dit-elle en stupéfiant Komui et les Maréchaux qui commençaient à comprendre.
- Il a plusieurs Innocences ? demanda le Grand-Intendant.
- Trois Innocences de type symbiotique, répondit-elle sans vraiment faire attention à lui. Ta fusion avec elles est merveilleuse. Voyons voir, dit-elle alors qu'une lumière naissait de leur contact. Deux pourcent, dix pourcent, dix-neuf pourcent, trente-deux pourcent, cinquante quatre pourcent, soixante-dix pourcent, quatre-vingt huit pourcent, quatre-vingt quatorze pourcent. Ton taux de résonance maximal avec tes Innocences est de quatre-vingt quatorze pourcent. Un taux record pour un jeune exorciste entrant à peine dans l'Ordre. C'est remarquable, dit-elle en s'éloignant lentement. Mon examen est terminé.
Elle vint le déposer doucement sur la plate-forme, Red ne manquant pas le regard éberlué du Grand-Intendant sans pour autant y prêter attention. Bien sûr, sa triple compatibilité spontanée allait certainement faire du bruit dans l'Ordre. Il reprit correctement son louveteau dans ses bras, son golem venant se poser sur sa tête tranquillement. Il continua à observer la gardienne qui reprit la parole :
- J'ai un message pour toi Red Marian, annonça-t-elle, voilà ton destin. Dans un futur de ténèbres tu seras la voix de l'équilibre et de la sagesse, ta force indispensable au retour de la lumière.
Il y eut un moment de silence, Red analysant cette prophétie qu'il savait sérieuse venant d'elle. Nul doute qu'avec cela, il allait avoir l'Ordre sur le dos. Komui eut visiblement du mal à se remettre de ce qui avait été dit. Se reprenant, il lui fit finalement un petit topo bien préparé sur l'histoire de l'Ordre et de l'Innocence, de la guerre. Un résumé grossier selon lui. Il écouta, impassible avant que les Maréchaux ne lui ordonnent de se battre. Le Grand-Intendant renouvela la demande, lui disant de rien n'attendre en retour. Il acquiesça simplement d'un signe de tête froid.
- Bienvenu dans la Congrégation de l'Ombre, souhaita-t-il alors. La majorité des exorcistes sont en mission en ce moment mais tu finiras par tous les rencontrer. Tu as déjà fait la connaissance d'Hevlaska, remarqua-t-il.
Elle en profita pour lui expliquer son rôle qu'il connaissait pourtant déjà avant de lui donner une sorte de bénédiction bienveillante. Ils remontèrent ensuite et Lenalee le reprit en charge pour le conduire à sa chambre, le laissant devant sa porte. Il entra une fois la jeune fille éloignée. Sa chambre n'était pas d'un grand luxe mais c'était confortable. Il y avait un lit de taille raisonnable pour une personne, le sol carrelé comme un damier. Il y avait une armoire de rangement, une petite table de chevet et un bureau avec sa chaise, le tout simple. Il n'y avait pas de décoration, une unique fenêtre, une porte donnant sur une petite salle de douche et une lumière pas très puissante. Il referma la porte, tournant automatiquement la clef dans la serrure par habitude pour assurer un peu sa tranquillité.
Il déposa ensuite son louveteau au sol, celui-ci partant à la découverte de la pièce avec curiosité. Son golem de l'exacte couleur de ses cheveux si on excluait sa croix dorée se posa tranquillement sur le lit. Il retira sa besace, la déposant sur les draps, entreprenant ensuite de retirer son long manteau. Il le déposa sur la chaise, secouant la tête à la sensation plus confortable de sa longue tresse désormais libre dans son dos. Elle descendait jusqu'à ses fesses, fermée d'une belle attache en argent sertie d'un rubis splendide. Il était vêtu d'une chemise blanche dont les premiers boutons restaient ouverts. Un gilet noir cintrait sa silhouette mince, un pantalon droit de la même teinte couvrant ses jambes, enfermés dans une paire de bottes. Une ceinture de cuir à la boucle d'argent travaillée ceignait sa taille.
Il ne possédait pas grand chose, tout tenant dans sa besace mais le peu qu'il avait été de qualité. Et puis son maître râlait constamment s'il n'avait pas un minimum d'allure, se plaignant en disant qu'il ne voulait pas de mocheté autour de sa magnifique personne. Dans un sens, cela l'avait forcé à apprendre l'élégance physique et ce n'était pas si mal. Son maître avait considéré comme une immense victoire lorsque les femmes s'étaient mises à lui faire des avances, le trouvant attirant et beau. Marian avait presque semblé fier de lui à ce moment là. Cela l'avait à la fois agacé et amusé mais il n'y avait pas moyen qu'il soit un coureur de jupons comme le Maréchal. Très peu pour lui. Il n'était pas du tout intéressé aussi, il avait toujours refusé ces avances le plus élégamment possible.
Il retira ses gants de cuirs, révélant la croix d'Innocence sur sa main rouge aux ongles noirs. Il fit le tour de la pièce avec soin, s'assurant de ne rien trouver d'étrange, se méfiant d'une quelconque surveillance. Mais il ne trouva rien et cela le détendit. Il rangea tranquillement ses quelques affaires, des vêtements principalement, des effets de toilettes basiques et quelques objets, des cadeaux reçus parfois à travers ses voyages. Il n'y avait rien d'autre si ce n'était un portefeuille bien garni, une précaution à laquelle il veillait toujours. L'argent, un sujet plutôt chaotique dans sa vie. Il n'avait jamais eu un sou avant de rencontrer son maître, pas un sou et pas la moindre possession. Et lorsqu'il avait commencé à voyager avec Cross il avait pu commencer à gagner de l'argent, en faisant de petits tours dans les villes, en travaillant ou alors, sa manière préférée, en plumant de pauvres innocents aux cartes. Il le faisait lorsque lui et son maître manquaient d'argent et finalement, il s'était mis à en amasser, ne voulant plus se retrouver dans le besoin, manquant de quoi que ce soit comme dans ses premières années. Il rangea donc ses affaires dans ce qui serait désormais son point de chute et de repos, prenant ses marques. Il était très tard aussi, il se décida pour aller prendre une douche rapide avant de s'asseoir sur son lit, s'adossant au mur seulement vêtus d'un pantalon de pyjamas noir, s'appliquant à sécher ses longs cheveux. Il s'arrêta lorsque son petit loup sauta sur le lit pour le rejoindre, son golem en faisant autant.
- On y est Wolfar, Aol-Campy, soupira-t-il. Maintenant, on va avoir du travail et on va pouvoir se concentrer sur notre mission, sur les Innocences, les akuma et le Comte.
Il resta là, se détendant, pensant à son arrivée à la Congrégation et aux paroles d'Hevlaska. Lui ? Une voix d'équilibre et de sagesse ? Il ne voyait pas trop comment cela pourrait en arriver à cela mais cela dit, les prophétie d'Hevlaska, si elles avaient de bonnes chances de se réaliser, n'arrivaient pas systématiquement non plus. Aussi, il décida de ne pas trop s'attarder là dessus. Il sortit plutôt un petit sachet de muffin acheté au dernier village, se mettant à grignoter. Demain, il faudrait qu'il aille en cuisine manger un vrai bon repas et s'assurer une réserve de grignotage. Ce n'était pas tout ça mais trois Innocences symbiotiques demandaient beaucoup d'énergie. Il mangeait beaucoup et souvent. S'était aussi pour ça qu'il avait dû s'assurer des rentrées d'argent mais au moins, depuis qu'il était avec son maître, il avait toujours mangé à sa faim. Encore une chose que Cross avait changé dans sa vie, manger à sa faim. Il se surprit à ressentir une certaine nostalgie du temps passé avec son maître. Il rit un peu de lui même en se rappelant du nombre de fois où il avait pu maudire l'homme qui l'avait continuellement mis dans les ennuis. Et maintenant, il lui manquait presque. Quelle ironie. Il se coucha finalement, Aol près de sa tête et Wolfar dans les bras, dormant d'un sommeil léger habituel pour lui.
Ce fut très tôt le lendemain qu'il se leva et comme chaque jour, il se réveilla rapidement, sortant de son lit qu'il fit avec soin avant de passer dans sa petite salle de bain pour se préparer. Il s'habilla de manière semblable à la veille comme presque toujours d'ailleurs. Il portait toujours chemise, gilet de costume et pantalon droit, son unique paire de chaussure étant ses bottes de cuir. L'hiver, il lui arrivait d'ajouter une veste en plus de son manteau. Mais c'était inutile aujourd'hui. Il laissa ses premiers boutons ouverts, là encore dans une habitude ancrée. Il passa un moment à brosser ses longs cheveux, les démêlant soigneusement, décidant de les attacher en queue de cheval haute aujourd'hui. Il se servit pour cela de son attache au rubis, la cascade détressée tombant encore jusqu'à ses fesses. Prêt, il déposa son louveteau sur son épaule, le petit animal habitué y trouvant naturellement sa place, si facilement d'ailleurs qu'on aurait pu croire qu'il était aimanté au jeune homme. Son golem voleta près de lui et ce fut avec eux qu'il sortit, se tenant avec la grâce d'un félin, le visage illisible.
Il descendit vers le réfectoire, affamé. Il y avait du monde, le bruit des discussions s'élevant et il n'était pas vraiment surpris de voir que beaucoup se levaient de bonne heure. Il y avait de nombreux traqueurs attablés, scientifiques et gardes de la citadelle, personnel d'entretien. Son entrée discrète et totalement silencieuse ne fut pas remarquée jusqu'à ce qu'il se mette à attendre pour commander son repas, quelques uns regardant autour d'eux le repérant. On se mit alors à parler de lui mais il resta stoïque et indifférent. Il était évident qu'il serait un centre de ragot un moment en tant que petit nouveau. Ce fut finalement à son tour de commander à manger. Il se retrouva alors devant l'excentrique cuisinier qu'il entendait parler de sa voix quelque peu particulière depuis son entrée dans la pièce et l'homme s'extasia immédiatement sur lui en le voyant, se penchant par dessus son passe plat pour le regarder de plus près :
- Pincez moi je rêve un petit nouveau ! s'exclama-t-il l'air joyeux. C'est qu'il est mignon tout plein, vraiment à croquer.
Red releva un sourcil, ne sachant pas s'il devait être atterré, agacé ou amusé. Il se contenta donc de cette simple réaction et le cuisinier aux lunettes noires reprit :
- Je suis tonton Jerry mon chou. Demande moi ce que tu veux je peux tout cuisiner, annonça-t-il excité comme une puce.
Le jeune homme se réjouit d'entendre ça, se demandant si ce Jerry n'allait pas regretter de lui avoir dit ça. Après tout, il avait voyagé partout dans le monde, il connaissait toutes les cuisines et comme il n'était pas du tout difficile, il les aimait toutes. S'il avait un besoin impératif de manger, il aimait aussi la bonne cuisine et il était gourmand de nature, compensant certainement ses jeunes années où la famine et le pain dur étaient de coutume. Il passa sa commande gargantuesque, laissant le cuistot sans voix, lui demandant s'il pourrait manger tout ça. Il lui assura d'un signe de tête sec, habitué à la réaction des gens devant son appétit. Jerry approuva finalement et il allait se mettre au travail lorsque ce qui semblait être une altercation attira leur attention. Un traqueur s'était levé, rageant contre un autre tranquillement assis. Au vu de son uniforme à la croix d'argent, c'était un exorciste. Il avait de longs cheveux noirs aux reflets bleutés relevés en une haute queue de cheval. Une frange couvrait son front, deux longues mèches encadrant son visage. Il devait être tout juste un peu plus vieux que lui, deux ou trois ans peut-être, asiatique de toute évidence. Il se tenait droit et froid, pas du tout impressionné par l'imposant traqueur debout près de lui l'air en rage, continuant son repas comme si de rien n'était.
- Répète ce que tu viens de dire ! provoqua le traqueur dont l'un des camarades tentait de le calmer.
- La ferme, répondit tranquillement l'exorciste en déposant ses baguettes. Se lamenter sur les morts pendant que j'essaye de manger me coupe l'appétit.
- Espèce de... ! s'énerva le traqueur. C'est comme ça que tu parles de nos amis morts au combat ?! Alors que nous les traqueurs, poursuivit-il rageusement alors que l'attention de tous était portée sur la dispute, nous vous soutenons vous les exorcistes, avec nos vies... Et tu oses dire que ça te coupe l'appétit ! dit en lançant son poing vers l'asiatique.
Celui-ci évita sans mal et en une seconde, il était debout, tenant le traqueur par la gorge à bout de bras sans difficulté.
- Vous nous soutenez ? susurra-t-il. Oh vraiment ? Dis plutôt que la seule chose que vous pouvez faire est de nous soutenir. Vous n'avez pas pu devenir exorciste, vous n'êtes que des ratés qui n'ont pas été choisis par l'Innocence. Il y a un million d'autres traqueurs pour toi. Si tu n'acceptes pas la mort... dégage d'ici ! gronda-t-il.
Il n'en fallut pas plus pour déclencher une bagarre, les traqueurs se jetant sur l'exorciste en hurlant de rage. Mais les traqueurs, aussi nombreux qu'ils étaient, n'étaient visiblement pas un problème pour l'exorciste qui les géra sans mal, les envoyant au tapis les uns après les autres. Red s'en désintéressa, se retournant vers Jerry pour lui réclamer son repas. Il avait vraiment faim maintenant. Le cuistot se mit au travail alors que les gardes et d'autres tentaient de calmer la bataille rangée.
- Kanda n'a décidément pas la moindre délicatesse, soupira le cuisinier.
Red quant à lui était plutôt du côté de l'exorciste. Des morts, il en avait vu tellement, il ne s'apitoyait plus là dessus. Il ne s'attardait plus sur ce qu'il s'était passé mais sur ce qu'il risquait de se passer. Les morts, il y en avait tout les jours, c'était comme ça et on y pouvait pas grand chose si ce n'était faire de son mieux pour sauver ceux qu'on pouvait. Se lamenter ne servait strictement à rien. Ceux qui étaient partis ne reviendraient pas et il y avait bien d'autres vivants qui avaient besoin de leur attention. Rester sur une mort ne faisait que faire souffrir davantage et n'aidait pas à avancer. Et puis les traqueurs savaient dans quoi ils s'engageaient. Ils pouvaient même partir si ça les chantait. Les exorcistes eux n'avaient guère le choix dés lors que l'Ordre les avait repéré.
Il comprenait la réaction de l'asiatique. Quand on avait vu beaucoup de morts, on mettait une distance avec cela, pour parvenir à rester efficace et à avancer tout de suite, poursuivre le combat et ne pas se laisser emporter par ses émotions. Ceux parlant des morts avec tristesse et détresse près d'eux n'aidaient pas à garder cette distance si difficile à conserver et qui, si elle disparaissait, faisait exploser un spectacle macabre de souvenirs sanglants dans leurs esprits, brisant leur maîtrise. Cette distance était leur protection, leur carapace. Et il savait que l'exorciste était dans ce cas. Il le sentait et si ça n'avait pas été le cas, s'il avait été indifférent, il n'aurait rien dit. Il était d'accord avec lui, cela aussi avait tendance à l'agacer. Non pas qu'il ne comprenne pas que l'on ait besoin de faire son deuil mais dans un endroit comme celui-ci, il fallait se rendre compte que le faire peser sur d'autres ayant aussi souffert de la mort pouvait leur faire terriblement mal. Il aurait fallu le faire à l'écart, pudiquement. Il connaissait ce sentiment. Lui aussi avait dû mal à assister à de telles lamentations, parce qu'elles ramenaient trop de souvenirs et de visions difficiles en lui, l'empêchant de continuer à faire son devoir au mieux. Lui non plus ne voulait pas l'entendre. Ils avaient définitivement plus important à faire que de pleurer. Ils pourraient pleurer lorsque la paix serait revenue et c'était cela qu'il ne fallait pas perdre de vue. Il fallait rester concentré sur l'objectif et tout les engagés volontaires dans l'Ordre savaient ce qu'ils risquaient et ce qui arriverait très probablement à chacun d'entre eux.
Alors que la bagarre se calmait, contrainte par le fait que l'exorciste avait mis presque tout ses assaillant au tapis, son propre repas était servis et il lui fallut un chariot pour emmener tout ses plats. Dans l'agitation de l'altercation, personne ne fit attention à lui et il alla s'installer au fond de la salle à une table libre et isolée. Il entama son repas tranquillement, observant sans en avoir l'air l'asiatique jeter un regard méprisant à ses assaillants avant de quitter dignement la pièce, beaucoup encore très en colère contre lui. Les blessés furent emmenés à l'infirmerie alors qu'un responsable arrivait en trombe, trop tard. Il engloutit son repas, restant pourtant avec de belles manières. Il fut ravi, ce cuisinier était génial, c'était délicieux et il fut soulagé de voir qu'il pourrait bien manger ici, la chose importante pour lui. Tous s'étaient réinstallés pour finir leur repas et parler de ce qu'il s'était passé. De ce qu'il entendit, ce n'était pas la première fois que ce genre de chose arrivait et visiblement, l'exorciste asiatique, Kanda s'il avait bien compris, n'était pas très aimé. On disait qu'il était irrespectueux, cruel et avec un sale caractère mais que malgré tout, il était un exorciste précieux car puissant. Red ne put que se sentir agacé. Kanda n'était qu'une arme pour eux. Il termina de manger, se sentant alors bien mieux ensuite. Il vit alors Lenalee apparaître à l'entrée avec un homme portant une blouse blanche. Ils balayèrent la pièce des yeux, semblant chercher quelqu'un :
- Est-ce que l'exorciste Red Marian est là ? demanda l'homme.
Tous regardèrent autour d'eux pour tenter de trouver celui qu'il cherchait et Red se leva avec grâce, attirant l'attention de tous.
- Il est là, remarqua Lenalee avec le sourire alors qu'il avançait vers eux de cette démarche souple et silencieuse qui était sienne.
Il se sentit suivis par tout les regards et il n'y prêta pas attention. Il s'arrêta à deux pas d'eux, les interrogeant silencieusement d'un haussement de sourcil.
- Red, je te présente le commandant Reever, présenta la demoiselle.
- Ravi, sourit l'homme enjoué. Je travaille à la section scientifique la plus part du temps mais tu peux venir me voir si tu as le moindre problème ou question Red. C'est un plaisir de t'avoir parmi nous. Le Grand-Intendant aimerait te voir. Il a une mission pour toi.
Il acquiesça d'un simple signe de tête, se mettant en route pour le bureau de Komui sans un mot de plus. Tout deux le regardèrent s'éloigner, l'homme un peu désappointé.
- C'est moi ou on a hérité d'un deuxième Kanda ? demanda Reever.
- Il n'est pas très loquasse c'est sûr mais c'est certainement parce qu'il est nouveau ici, supposa la jeune fille. Cela doit être étrange d'arriver ici pour lui alors qu'il a visiblement passé beaucoup de temps avec le Maréchal Cross. Peut-être que son maître lui manque ?
- On verra bien, soupira Reever. Il faut d'abord lui laisser le temps de prendre ses marques j'imagine. Il n'est arrivé qu'hier soir après tout.
Red prit immédiatement le chemin du bureau de l'Intendant, repéré la veille et plutôt bien indiqué dans le bâtiment. Déjà une mission ? Cela n'avait pas traîné loin de là. Peut-être voulait-on le tester ? Il s'y attendait. Il arriva rapidement, toquant et entrant lorsqu'on l'y autorisa. Le bureau de l'Intendant était une pièce ronde très haute de plafond, les murs tapissés de bibliothèques et de livres. Livres qui d'ailleurs jonchaient le sol et le bureau avec de nombreux papiers et dossiers. C'était un bazar sans nom. Seul un canapé certainement destiné aux visiteurs et un chemin y menant n'était pas tapissé de documents divers. Entrant, il trouva immédiatement l'Intendant mais aussi cet exorciste asiatique qu'il avait vu ce matin au réfectoire. Celui-ci le regarda entrer, l'observant sans laisser paraître la moindre émotion.
- Bonjour Red ! salua joyeusement Komui. Es-tu bien installé ? Ta chambre te convient ?
- Oui, répondit-il platement.
- Tant mieux. Je sais que tu viens à peine d'arriver mais j'ai mission urgente à te confier. Nous n'avons pas beaucoup de temps.
Il acquiesça simplement, s'avançant jusqu'à eux.
- Mais avant, permet moi de te présenter Kanda Yuu, dit-il en désignant l'asiatique. Lui aussi est exorciste depuis quelques temps déjà. Kanda, je te présente Red Marian. L'apprenti du Maréchal Cross Marian. Il est arrivé hier soir à la Congrégation. Vous serez coéquipiers sur cette mission.
Les deux jeunes hommes échangèrent un regard, Red donnant un signe de tête sobre à son camarade avant de venir prendre place avec lui sur le canapé. Komui vint leur remettre deux dossiers, commençant ensuite :
- Nous n'avons pas beaucoup de temps alors vous partirez immédiatement après ce briefing, dit-il sérieusement en déroulant une grande carte. Nous avons découvert un fragment d'Innocence dans le sud de l'Italie. Les akuma l'ont aussi repéré et sont à sa recherche. Vous vous rendrez sur les lieux, détruiraient l'ennemi et ramèneraient l'Innocence, commanda-t-il. Vous lirez les dossiers sur le chemin, l'Italie n'est pas la porte à côté. Red, tu peux passer à la salle d'équipement pour avoir un uniforme. Faîtes vos bagages, vous partez dés que possible.
Ils acquiescèrent et se levèrent en parfaite synchronisation, sortant ensemble pour se préparer.
- Dans une demi heure sur le quai, posa Kanda, ça te va Moyashi ?
Red releva un sourcil au surnom, se demandant d'où cela venait. Certainement de sa petite taille comparé à l'autre faisant une bonne dizaine de centimètres de plus que lui. Mais son coéquipier pouvait bien l'appeler comme il voulait, son nom même était un surnom de toute manière à l'origine. Il n'avait pas de nom.
- Une demi heure, approuva-t-il.
Ils se séparèrent alors et Red passa en coup de vent dans sa chambre récupérer son sac et quelques affaires. Il descendit ensuite aux cuisines, demanda à Jerry de lui donner une petite réserve. Il lui expliqua sommairement que son type symbiotique nécessitait qu'il se nourrisse beaucoup. Ce fut avec joie que le cuistot lui proposa de venir le voir lorsqu'il partait en mission pour qu'il lui prépare des en-cas. Il repartit donc avec une réserve en stock, remerciant sobrement l'homme qui faisaient déjà des projets de recettes de biscuit et autre pour lui faire de quoi grignoter. Si Red avait été sceptique ce matin en le voyant pour la première fois, il sentait qu'il pourrait adorer l'homme si ça continuait comme ça. Cela fait, il se rendit à la salle d'équipement où on lui donna son premier manteau d'exorciste. Si ce n'était l'argent remplaçant l'or, il était identique à celui de son maître. Il l'enfila en descendant vers les quais, en sortant sa longue queue de cheval avant de le fermer soigneusement, sachant que c'était une protection précieuse. Wolfar retrouva vite sa place sur son épaule, Aol volant près de lui. Ce fut pile à l'heure qu'il retrouva Kanda sur le quai, accompagné d'un traqueur appelé Thomas qui les accompagnait. Komui arriva alors qu'ils embarquaient :
- Ton uniforme te convient Red ? demanda-t-il avec attention.
- Oui, approuva-t-il simplement.
- Nous aurons le temps de t'en faire un sur mesure et ajusté pour tes Innocences quand tu rentreras si tu veux.
- Ses Innocences ? releva Kanda l'air intrigué.
- Oui, sourit Komui. Red a trois Innocences de type symbiotique, renseigna-t-il en surprenant visiblement son camarade et le traqueur. Veux-tu que je te fasse préparer un peu de nourriture pour emporter ? demanda le chef avec sollicitude. Trois Innocences symbiotiques doivent te demander une quantité faramineuse d'énergie, s'inquiéta-t-il.
- J'ai l'habitude, répondit-il simplement. Je suis passé aux cuisines chercher ce dont j'avais besoin, renseigna-t-il. J'ai de l'endurance.
- J'imagine, sourit Komui. Faîtes attention à vous.
Le traqueur acquiesça pour eux et ils prirent le départ. Il fallut se presser un peu et ce fut en marche qu'ils attrapèrent leur train de justesse, ahurissant le contrôleur lorsqu'ils entrèrent par une trappe du toit. Le traqueur, Thomas, s'en chargea et ils furent bien vite installés dans un compartiment de première classe. Les deux exorcistes y prirent place, Thomas montant la garde à l'extérieur pour veiller à leur tranquillité. Red et Kanda prirent place sur les banquettes opposées dans le silence. Wolfar vint se lover sur les genoux de son maître, Aol se posant sur sa tête. Ils restèrent ainsi en silence longuement, Red se reposant, les yeux clos et les bras croisés. S'il sentait de temps à autre le regard de Kanda se poser sur lui, il ne fit aucune remarque, ignorant simplement, l'ambiance légère et calme entre eux.
Red finit par bouger de nouveau pour lire le dossier de mission. Il avait le temps, l'Italie n'était pas tout près et il faudrait un moment pour arriver. Il lut tranquillement cette histoire du fantôme de Matera, sachant bien que les Innocences pouvaient provoquer des phénomènes surnaturels. Son maître n'avait pas manqué de l'envoyer enquêter lorsqu'ils croisaient ce genre d'histoires sur leur chemin, pour son entraînement disait-il. Souvent, il n'avait rien trouvé mais quelques fois, il y avait des akuma et une Innocence. Et bien évidemment, son maître lui avait toujours dit de se débrouiller et de récupérer l'Innocence. Cela l'avait entraîné durement et il avait souvent fini dans des état pas possible. Si à l'époque, il hurlait sur son maître en l'accusant de vouloir le faire tuer, aujourd'hui, il réalisait qu'il avait ainsi appris bien plus vite que s'il avait eu un gentil maître sur-protecteur. La dureté des manières de son maître l'avait forgé, c'était une chose qui lui avait convenu finalement. Le monde n'était pas doux. Enfin, il ne savait toujours pas si le Maréchal avait fait cela par soucis de son apprentissage ou par pure flemmardise de faire son travail de Maréchal, lui déléguant. Il y avait probablement des deux et puis s'il ne l'avait pas vu tout de suite, avec du recul, l'homme n'avait jamais été loin, prêt à intervenir si vraiment il ne s'en sortait pas.
Il lut le dossier au complet avant de le refermer, désormais en possession de tout les détails de la mission. Il rangea les papiers, se mettant ensuite à caresser Wolfar qui dormait. Il ne tarda pas à sentir de nouveau le regard de Kanda sur lui et il se tourna vers lui, plantant son œil d'argent dans les siens. Il y eut un instant de silence léger avant que le kendoka tenant son sabre n'ouvre la bouche :
- Tu portes le nom du Maréchal, remarqua-t-il tranquillement. Il y a un lien ?
- Je n'ai pas de lien de sang avec lui non. Je ne suis que son apprenti, répondit-il simplement.
- Alors pourquoi tu portes son nom Moyashi ? questionna-t-il l'air curieux.
- Je n'avais pas de nom, il m'a donné le sien, éclaircit-il.
Kanda sembla se satisfaire de cette réponse, n'en demandant pas plus et il lui en fut reconnaissant. À ce stade, tout le monde se mettait à le questionner pour ensuite se faire triste, plein de pitié ou de compassion quand il révélait avoir été orphelin et vendu à tour de bras. Il détestait ça et sa vie ne regardait personne. En général, il se contentait de dire le minimum lorsque c'était nécessaire, gardant le reste pour lui. Un éclaircissement sur son lien avec son maître serait assurément nécessaire pour avoir la paix à la Congrégation. Tout le monde se poserait la question.
- Tu sais te battre ? demanda-t-il platement.
- Oui, posa-t-il sans se vexer.
Quand on partait dans de tels combats, il était légitime de vouloir savoir si on pouvait compter sur son équipier et ils ne se connaissaient pas du tout.
- Et toi ? demanda-t-il de la même manière.
- Oui, répondit-il sans se vexer lui non plus.
Visiblement, il avait compris que ce n'était pas pour lui faire offense, juste pour savoir où ils mettaient les pieds. Ils n'entrèrent pas dans le détail de leurs compétences, comprenant par cette simple réponse assurée qu'ils pouvaient compter l'un sur l'autre. Le kendoka retourna ensuite son attention sur la vitre et l'extérieur, le silence revenant, agréable et reposant. Red en profita autant que Kanda. Le reste du voyage se déroula sans la moindre parole entre eux si ce n'était pour informer l'autre de ce qu'ils comptaient faire lorsqu'ils quittaient le compartiment. En général, c'était pour gagner une salle de bain ou le wagon restaurant. Thomas monta fidèlement la garde, les laissant tranquilles. Ils arrivèrent finalement et ce fut rapidement qu'ils quittèrent le train. Il y avait encore du chemin jusqu'à la ville abandonnée de Matera et ils n'eurent d'autre choix que de le faire à pied, aucun moyen de transport n'allant dans cette zone perdue. Sachant que les traqueurs sur place avaient besoin d'aide rapidement, ce fut en courant qu'ils y allèrent, faisant au plus vite sans que cela ne pose problème à aucun des trois. Il fallut un moment la nuit déjà tombée depuis un moment pour arriver en vu de la ville en ruine, accélérant d'autant plus lorsque Thomas ne parvint pas à contacter les traqueurs sur place. Red ne perdit pas de temps, percevant déjà de loin la présence des akuma, son œil gauche l'alertant. Mais il ne pouvait savoir grand chose sans l'activer, ce qu'il fit bien avant d'arriver.
- Green Eye, activation, dit-il doucement en attirant l'attention de ses deux camarades.
Immédiatement, son cache œil s'illumina de cette lumière verte caractéristique de l'Innocence, devenant soudain entièrement transparent, donnant l'air d'être en cristal, révélant son œil barré d'une lourde et épaisse cicatrice disgracieuse. Elle débutait sur son front, traversait son sourcil et ses paupières en oblique en un trait net, s'arrêtant au dessus de sa pommette. Il n'oublierait jamais le jour où il l'avait reçu. Le jour où il avait reçu cette cicatrice et cette Innocence. Son maître l'avait envoyé sur une affaire de phénomène surnaturel qui s'était révélée cacher une Innocence. Une Innocence qu'il avait eu énormément de mal à trouver et à atteindre, surtout avec la flopée d'akuma dans le secteur. Une fois l'Innocence trouvée, il s'était fait assaillir de toute part. Pour ne rien arranger, le combat s'était fait dans la pénombre de la nuit tombante et dans le brouillard. Il n'y voyait rien, il était incapable de situer ses ennemis et cela l'avait mis dans de beaux draps. Il avait cru mourir quand une attaque lui avait pris son œil, donné cette blessure, le sang coulant à flot. Il avait ragé intérieurement. S'il avait pu situer l'Innocence plus vite, il aurait pu la prendre plus discrètement sans se faire repérer par les akuma. Au lieu de ça, il avait mis des jours à mettre là main dessus, cela l'exposant immanquablement. S'il pouvait voir où étaient ses ennemis, il pourrait vraiment les combattre et se protéger. Malgré la blessure, il avait continué à se battre et à protéger le cristal divin de son mieux. L'Innocence avait réagi, était entrée en résonance avec lui. Elle était venue remplacer l'œil qu'il venait de perdre, soignant les dégâts, arrêtant l'hémorragie, mais lui donnant surtout ce qui lui faisait défaut.
Son cache transformé en cristal, devenu quasiment invisible dans sa transparence, Kanda et Thomas purent voir sa cicatrice, son œil entièrement blanc. Mais il ne le resta pas longtemps, l'activation se poursuivant. Son globe oculaire se teinta du vert de l'Innocence, irradiant d'une belle lumière alors que des cercles d'or s'y ajoutaient les un dans les autres. Immédiatement, il discerna beaucoup plus de choses dans la pénombre de la nuit et autour de lui.
- Je détecte trois akuma, annonça-t-il platement.
- Vous pouvez voir les akuma monsieur Marian ? s'étonna Thomas.
- Green Eye est l'Innocence qui a pris la place de mon œil gauche, dit-il. Elle me permet de distinguer les akuma ou plutôt l'âme enfermée dans les akuma et qui leur sert de source d'énergie. Je peux distinguer les humains des akuma et les voir de loin une fois mon œil activé.
C'était là une toute petite partie des pouvoirs de son œil mais il ne voulait pas en dire plus que nécessaire. S'il ne le gardait pas activé en permanence, il lui permettait tout de même de sentir constamment la présence des akuma autour de lui, son œil l'alertant quand ils étaient proches, lui disant ainsi quand il ferait mieux de l'activer pour trouver ses ennemis.
- Très utile, apprécia le traqueur alors que Kanda écoutait avec attention.
Très utile certes mais il fallait être accroché avec cette Innocence. Voir les âmes des akuma étaient un spectacle difficilement soutenable. C'était une vision atroce, abominable. Lorsqu'il avait reçu cette Innocence, une fois le combat terminé, son instinct de survie et l'adrénaline retombant, il avait été immensément choqué par ce qu'il avait vu. Choqué et malade pendant plusieurs jours. C'était une des rares périodes où son maître s'était occupé de lui avec attention, sans rien lui demander, protecteur et attentif. Il ne s'était pas moqué et ne l'avait pas taquiné lorsqu'il avait fondu en larme après cette vision cauchemardesque. Non, il avait pris soin de lui et il l'avait consolé. C'était ces moment là qui lui avaient montré qu'il pouvait avoir confiance en son maître et que celui-ci tenait vraiment à lui. Les activations suivantes avaient été difficiles et cela l'avait terrorisé de revoir ce spectacle. Aujourd'hui, il savait gérer ses visions d'âmes et n'en n'était plus affecté pour combattre ou réfléchir, il n'hésitait plus à activer son œil mais ce serait mentir de dire que voir cela ne le touchait pas. Il était heureux d'avoir cette Innocence parce qu'elle l'aidait beaucoup, mais elle avait aussi son prix.
Ils accélérèrent encore, arrivant finalement et trouvant une barrière enfermant ce qui devait être le fameux fantôme de Matera. Autour, on pouvait discerner les cadavres ou les restes de corps réduits en poussière des traqueurs sacrifiés pour protéger l'Innocence. Ils avaient certainement fait ce qu'il y avait de mieux à faire. Presque aussitôt, ils virent les tirs d'akuma pleuvoir sur la barrière, certainement dans le but de la détruire pour récupérer l'Innocence. Une seconde plus tard, d'autres tirs explosaient bien plus loin, pointant certainement la présence de survivants fuyant les akuma qui les pourchassaient. Mais il n'y avait ici que des traqueurs. Le plus important était l'Innocence. S'il avait été question de civils, Red aurait certainement accouru pour les protéger. Protéger les innocents, il s'en faisait un devoir. Mais les traqueurs étaient engagés, ils savaient vers quoi ils allaient, ils savaient qu'il y avait de fortes chances pour qu'ils y laissent la vie. C'était leur choix, leur combat et c'était pour protéger cette Innocence qu'ils s'étaient battus et sacrifiés. L'Innocence passait en premier. Les sacrifices étaient nécessaires et il le savait. Lorsqu'on choisissait sa voie en toute connaissance de cause, il ne fallait pas s'attendre à ce que d'autres viennent nous tirer des problèmes vers lesquels on été allé, quelque soit le problème qui soudain était trop lourd. Comme Kanda, il se concentra donc sur l'akuma attaquant la barrière. Il échangea un regard avec son coéquipier et à leur surprise commune et visible, ils se comprirent sans un mot. Red bondit vers la barrière et Kanda dégaina :
- Mugen, activation, dit-il en passant deux doigts sur sa lame.
Elle s'illumina, Red observant du coin de l'œil, se postant devant la barrière pour la protéger au besoin. Son coéquipier bondit, sa silhouette se détachant sur la lune dans son dos.
- Première illusion ! Les insectes d'outre-monde ! lança-t-il avec puissance.
Red le sut sur le champs, Kanda était puissant, l'akuma explosant sur cette seule attaque. Il atterrit souplement près de lui et ils échangèrent un regard sans montrer la moindre émotion sur leurs visages, s'entendant pourtant :
- Les deux autres sont bien plus loin, renseigna Red à sa question muette. Je les surveille, assura-t-il alors que son Innocence toujours active illuminait son œil.
- Hn, acquiesça-t-il.
Il s'éloigna alors pour aller récupérer le mot de passe de la barrière auprès d'un survivant à l'agonie, Thomas les rejoignant alors que Red surveillait l'avancée des autres assaillants. Kanda récupéra l'information et put annuler la barrière, révélant le fantôme de Matera sous la forme de deux silhouettes parfaitement humaines habillés de aillons et coiffés de chapeaux pointus.
- Alors c'est ça le fameux fantôme de Matera, remarqua le kendoka.
- Vous êtes là pour nous sauver ? demanda la plus petite silhouette semblant être une petite fille blonde.
- Hn, dit-il en leur tendant une main.
De son côté, Red avait attentivement surveillé les deux autres akuma. Les explosions et les tirs s'étaient arrêtés, cela signifiant qu'ils avaient eu leur cible. Ils commençaient à revenir vers eux maintenant et il ne manqua pas de voir l'âme de l'un d'entre eux se tordre subitement.
- Kanda, interpella-t-il posément. Les deux autres reviennent par ici, informa-t-il. L'un d'entre eux est en train d'évoluer. Nous allons avoir un niveau deux sur les bras.
Il en avait déjà vu. Deux fois mais à chaque fois, son maître s'était occupé de ceux là sans même le pousser à tenter sa chance.
- Tch, râla l'autre. Il faut mettre l'Innocence en sécurité.
- Je peux m'en charger pendant que tu la mets en sécurité si ça te va, proposa-t-il sans lâcher leurs ennemis des yeux.
- Vous êtes certain monsieur Marian ? demanda Thomas inquiet alors qu'il lui tendait son sac pour qu'il le garde.
- Wolfar, interpella Red alors que son louveteau sautait de son épaule pour atterrir souplement devant lui, activation, dit-il en les surprenant une nouvelle fois.
Immédiatement, les yeux vert Innocence de l'animal se mirent à briller de mille feux et il changea soudain. Dans le crépitement de petits éclairs d'Innocence, il prit soudain la forme d'un grand loup noir à l'air terriblement féroce. Il était aussi haut que son maître était grand, ses crocs plus longs que la normale visibles alors qu'il retroussait les babines. L'énorme animal à la queue très longue grondait vers les akuma, tendu en position d'attaque.
- Un innocence animale ? releva Thomas en récupérant sa besace. Je n'en n'avais jamais vu.
- Je m'en charge, posa-t-il simplement. Mettez l'Innocence en sécurité, demanda-t-il en échangeant un regard avec son coéquipier.
Celui-ci acquiesça et sans attendre, il prit ce fameux fantôme dans ses bras, filant en ordonnant au traqueur de le suivre.
- Allons-y Wolfar, dit-il ensuite à son loup.
