Chapitre 1 :

Le tigre et le lionceau

Il n'était pas rare que Xanxus, quatorze ans, soit énervé. Il fallait dire qu'il n'était pas d'un tempérament très enjoué, joyeux ou calme, bien au contraire. Beaucoup de choses l'agaçaient très vite et un rien attisait sa colère. Mais aujourd'hui, il était particulièrement furieux. Pourquoi ? Et bien parce que son paternel, Timothéo Di Vongola, le Boss de la très grande famille mafieuse italienne, avait décidé de le traîner avec lui dans un voyage qu'il disait familial. Familial ? Il ne voyait pas en quoi rendre visite au numéro deux de la Famiglia, Sawada Iemitsu et sa famille le concernait. S'il savait que son père voyait un peu l'homme comme un fils, lui ne se considérait pas du tout comme affilié d'une quelconque manière à cet imbécile. Mais il n'avait pas réussi à se défaire de cet ennuyant voyage et c'était pour cela qu'il se trouvait maintenant avec son plus bel air renfrogné devant la maison du chef du CEDEF. Elle était grande, située dans un beau quartier de la ville de Nanimori. Elle avait été offerte par Timothéo il y avait de cela quelques années lorsque l'homme avait eu son troisième fils s'il se souvenait bien. Et toujours selon ses souvenirs il avait eu d'autres enfants depuis. Il allait se retrouver enfermé dans une maison à l'autre bout du monde, le Japon, avec il ne savait combien de marmots agaçants. Pour couronner le tout, aucun n'était au courant pour l'affiliation mafieuse du père, sa femme incluse et il allait devoir faire attention à tout ce qu'il disait. Ces deux semaines promettaient d'être très longues et l'air heureux de son père l'agaçait déjà atrocement.

Lorsque Iemitsu avait surgis de la demeure pour les accueillir, il avait eu une furieuse envie de faire demi tour et de reprendre l'avion pour Italie mais son paternel l'avait attrapé par le bras l'air de rien, le retenant. Le couple les avait accueilli joyeusement, la mère portant une petite fille aux cheveux châtains dans les bras. Elle ne devait pas avoir plus de deux ans et elle se mit à pleurer en le regardant lui et son expression froide. Rien de surprenant, tout les enfants fuyaient devant lui et ce n'était pas pour lui déplaire au contraire. La réaction de la gamine sembla amuser les adultes et on leur fit visiter les lieux. D'après la mère de famille les autres enfants, quatre en tout, étaient à l'école en ce moment et rentreraient en milieu d'après-midi. Au moins, il aurait encore un peu de paix d'ici là. Les politesses terminées, il était allé s'enfermer dans la chambre qu'on lui avait attribué pour quelques heures de tranquillité.

Il ne pouvait pas dire qu'il n'aimait pas le Japon. Il en parlait d'ailleurs la langue. C'était un beau pays et on y trouvait des gens d'honneur et de très bons pratiquants d'arts martiaux. Il y avait ici trop de politesses et de manière à son goût mais c'était un endroit calme. Seulement, s'il devait venir en vacances ici, il aurait préféré l'hôtel très loin de cet abruti d'Iemitsu et de sa bande d'enfants certainement plus énervants les uns que les autres. Il n'avait peut-être que quatorze ans mais lui était un vrai mafieux, Boss de la Varia l'escouade d'assassins des Vongola depuis plusieurs mois, il savait se battre et il avait déjà côtoyé la mort. Il n'avait rien d'un gosse stupide. Il s'était demandé quelle genre de femme avait bien pu vouloir épouser ce crétin d'Iemitsu mais il avait compris en voyant Nana Sawada. Cette femme était qu'une naïveté et d'un aveuglement incroyable. Elle l'agaçait déjà avec sa gentillesse surfaite. Il revoyait encore Squalo se foutre de lui en apprenant qu'il allait devoir passer deux semaines ici. Même une bonne raclée n'avait pas stoppé l'hilarité du requin insupportable. Il soupira avec agacement, certain que l'épéiste était encore en train de se moquer de lui en Italie, peut-être avec Lussuria d'ailleurs. Il leur réglerait leur compte au retour.

Comme annoncé, ce fut en fin d'après-midi qu'il entendit les gosses débouler dans la maison à grands renforts de cris et de cavalcades. Il grogna, sa patience s'épuisant déjà. Il tenta d'ignorer un bon moment sans vraiment y parvenir décidant finalement de sortir faire un tour. Rejoignant le rez de chaussé, il se retrouva attrapé par Iemitsu qui reçut immédiatement une droite bien sentie. L'homme se mit à chouiner un peu sous les rires des enfants puis il se mit à faire les présentations avec eux à sa plus grande horreur. S'il avait déjà rencontré Kagome, la gamine de deux ans, il se retrouva alors face à trois autres gosses, tous blonds châtains en un mélange de leurs deux parents, tous des garçons et tous ressemblant bien trop à leur père pour sa santé mentale. Il y avait Hanabusa, dix ans, Masamune, onze ans et Ryoichi, huit ans. Tous, à sa plus grande joie, eurent l'air plus qu'effrayés par sa personne, détalant rapidement pour monter à l'étage. Il en profita pour s'éclipser à son tour, un besoin d'air pressant se faisant sentir.

Il sortit à grand pas par la porte principale et à peine avait-il mis le pied dehors qu'il percutait quelque chose. Il y eut un petit bruit de chute et un gémissement pitoyable qui lui fit baisser les yeux vers le sol. Et là, il trouva la petite chose qu'il venait de renverser ou plutôt qui l'avait bousculé. C'était... un gosse visiblement, probablement le dernier gosse d'Iemitsu puisqu'il allait visiblement entrer. Il l'analysa un instant. Il était petit, plus jeune que ceux qu'il venait de rencontrer. Il avait des cheveux bruns clairs à la coiffure indéfinissable, s'ils étaient coiffés. Le gamin était vêtu d'un sweet à capuche vert, un jean bleu et une paire de basket, un petit sac sur le dos. Mais vu le gabarit, il devait tout juste être à la maternel. Le mini déchet releva finalement la tête, les yeux rouges croisant les orbes brunes dorées. Il resta figé un instant de stupeur. Était-ce lui ou le mini déchet ressemblait à s'y méprendre au portrait du Primo du manoir principal ? Il avait devant lui un mini Primo en brun. C'était surprenant et très inattendu. Il savait que les Sawada descendaient directement du Fondateur mais une telle ressemblance... Le gosse le regarda de ses grands yeux innocents, visiblement surpris et il s'attendit à voir la peur le saisir, comme toujours alors qu'il le fixait de son regard de braise tranchant.

Pourtant, ce ne fut pas le cas. Au contraire, le mini Primo lui sourit largement avec une douceur et une chaleur qu'il ne se souvenait pas avoir connu un jour. Il resta figé, regardant cet extraterrestre qui se détendait sous son regard dangereux, qui lui souriait avec gentillesse. Ses yeux étaient tellement attractifs par leur bienveillance, leur bonté enfantine. Avait-il un jour vu pareille chose ? Un visage, une expression, une façon d'être si solaire en un clin d'œil ? Non, c'était une grande première pour lui qui vivait dans un monde de danger, de manipulation et de mensonge. Déstabilisé, ne comprenant pas pourquoi il se trouvait si chamboulé par le regard d'un gamin, il se redressa, reniflant pour ensuite s'en aller à grands pas sans un regard de plus pour l'extraterrestre. Il sentit une attention perdue le suivre mais il l'ignora totalement, se disant que le décalage horaire n'était vraiment pas une chose qu'il aimait, jouant bien trop sur son humeur.

Il passa finalement la soirée en ville, dînant à l'extérieur, hanté par ce regard brun et cela l'agaça terriblement. Pourquoi ce gosse l'avait regardé ainsi quand tout les autres et même les adultes fuyaient devant lui ? Et pourquoi cela le troublait tant ? Peut-être était-ce parce jamais il n'avait reçu de tel regard doux et sincère. Même son père ne l'avait jamais regardé ainsi, si simplement. Il était tard lorsqu'il rentra, un peu ahuris de trouver la porte ouverte. Mais à quoi pensait donc cet abruti d'Iemitsu ? La maison était plongée dans le noir pourtant, il trouva une lueur dans le salon. Curieux, il s'y rendit pour trouver le gamin qu'il avait bousculé assis devant la table basse. Il portait un pyjama doté d'une capuche à oreilles de lion rabattue sur sa tête. Il était là en silence, occupé à faire du coloriage. Il regarda l'heure, presque minuit. Qu'est-ce que le mini déchet faisait là à cette heure ? Bien qu'il n'ait fait aucun bruit et qu'il ait dissimulé sa présence, le gosse tourna la tête vers lui pour de nouveau lui donner ce sourire lumineux incroyable. Il avait l'air un peu pâle mais c'était certainement à cause de la lumière faible. L'enfant lui fit un petit coucou de la main avant de reprendre son activité, le laissant perplexe. Venait-il vraiment de lui faire signe de la sorte avec le sourire ? Il y avait vraiment quelque chose d'anormal avec lui. Il s'en alla finalement, laissant cela de côté.

Les jours qui suivirent furent un enfer pour lui, principalement à cause de... de tout le monde en faîte. Trop de bruit, trop de déchets, trop de cris, trop de niaiseries, pas assez de baston et rien à faire. Le seul bon côté était la cuisine délicieuse de la maîtresse de maison mais son comportement de maman oppressante lui donnait vraiment envie de sortir ses guns. Une seule chose l'intriguait : l'extraterrestre. Il avait fallu trois jours pour qu'il entende son nom, Tsunayoshi. Il était incroyablement calme et discret pour cette maison où tout le monde était trop bruyant et agité. Ses frères étaient de sales gosses arrogants mais lui, on ne l'entendait pas et on le voyait peu. Si Iemitsu n'arrêtait pas de parler de ses autres enfants, comme Nana, l'extraterrestre semblait ne pas exister dans leur tableau de famille parfaite. Il n'avait appris que peu de choses sur lui. Il avait quatre ans et... c'était tout ce qu'il savait. Le gamin ne jouait jamais avec ses frères pas plus qu'avec son père qui pouvait passer un temps fou avec ses autres fils à jouer au foot ou il ne savait quoi d'autre. Quand il était dans la maison, il était souvent dans sa chambre, ne sortant que pour les repas où il était si discret qu'on se rendait à peine compte qu'il était là. Il était très silencieux et il n'y avait pas moyen de le prendre par surprise. Plusieurs fois lorsqu'il rentrait tard, il l'avait trouvé au salon à faire des jeux ou à regarder la télé et jamais il n'était parvenu à le passer sans se faire repérer. C'était un peu stupéfiant pour un gosse de cet âge.

Mais le plus incroyable était qu'il ne l'effrayait pas du tout. Quand n'importe quel autre fuyait sous son regard menaçant, lui, il lui souriait, penchant sa petite tête sur le côté comme un chaton. Et il y avait toujours cette chaleur incroyable dans ses orbes. Ce gosse était vraiment solaire, chaleureux, attirant et d'une douceur sans pareil. S'il aurait trouvé ça pitoyable chez les autres, il n'y arrivait pas avec lui parce que ce regard le faisait se sentir vivant. Le mini déchet le regardait sans jugement, normalement sans voir autre chose que ce qu'il était vraiment et c'était une grande première à ses yeux. Le petit extraterrestre était un divertissement intéressant dans cette maison de fou. Quand à lui, il passait le plus clair de son temps en ville ou dans sa chambre, évitant un maximum les pièges de son père pour passer du temps père fils ou famille avec Iemitsu et ses trois aînés agaçants qui se prenaient déjà pour des petits caïds.

C'était encore ce qu'il avait fait ce soir là. On était vendredi, cinquième jour de bagne pour lui et il avait l'impression que cela faisait des siècles. Il était sorti pour une petite soirée de divertissement et avec des papiers falsifiés, une apparence plus âgée que son âge réel et un peu de persuasion maid in lui même, il avait pu boire un coup tranquillement. Il fallait avouer que le sake n'était pas mauvais. Il rentra au beau milieu de la nuit, la porte toujours ouverte. Iemitsu était vraiment un inconscient. Et comme déjà plusieurs fois, il distingua une lueur au salon et il y trouva le petit extraterrestre. S'il ne l'avait pas encore approché, il se décida cette nuit. C'était peut-être la bonne soirée dans ce bar à hôtesses et l'alcool qui l'avaient détendu et persuadé de céder à sa curiosité. Il s'avança dans la pièce. Le gamin avait déjà tourné le regard vers lui et lui souriait encore de cette manière. Il était roulé en boule dans le canapé, la capuche de son pyjama à oreilles de lion sur la tête. Un plaid l'entourait étroitement alors que la télé était allumée sur un programme quelconque. Il s'approcha pour venir s'affaler dans le canapé à côté de lui. Bizarrement, cela ne dérangea pas l'enfant qui pouffa même un peu devant sa nonchalance.

- Bonsoir Xanxus-nii, salua le mini déchet en le surprenant.

- Xanxus-nii ? répéta-t-il ahuris.

Le gosse lui envoya un regard confus devant son étonnement, ne comprenant visiblement pas.

- Pourquoi tu m'appelles comme ça ? demanda-t-il.

- Jii-chan a dit que tu étais notre grand-frère, répondit-il spontanément.

Xanxus, maudit son paternel en silence, ne voulant pas que les marmots se mettent à l'appeler comme ça. Mais étrangement, cela n'était si dérangeant avec l'extraterrestre.

- Qu'est-ce que tu fais là à cette heure ? demanda-t-il en le transperçant de son regard de braise.

Cela ne sembla pourtant pas déranger le gosse qui resta totalement détendu, ne se dérobant pas.

- J'arrivais pas à dormir. J'ai froid, bredouilla-t-il.

Ce fut seulement alors que l'adolescent remarqua qu'il tremblait malgré son gros pyjama et la couverture ajoutée. Sans compter qu'il était loin de faire froid en plein mois de juin. Le regardant, il nota de légères cernes et une certaine pâleur.

- Toutes les nuits ?

- Hum, approuva-t-il en se pelotonnant dans sa couverture. Souvent.

- Pourquoi tu vas pas voir ta mère ?

- Je me ferais gronder, répondit-il.

Il y eut un moment de silence avant qu'il ne pose la question qui le taraudait depuis le début.

- Tu n'as pas peur de moi ?

Mini Primo le regarda avec perplexité, ne semblant pas comprendre la question. Et il fut alors évident qu'il ne saisissait pas du tout, comme s'il n'y avait aucune raison d'avoir peur de lui.

- Tu es gentil, affirma-t-il simplement.

Xanxus resta complètement surpris. Gentil ? Lui ? On lui donnait beaucoup de qualificatifs mais jamais on n'avait dis qu'il était gentil.

- Gentil ? répéta-t-il bêtement.

- Hum, sourit le gamin. Je t'aime bien. Tu es gentil.

Le jeune homme ne sut que répondre à ça. Jamais au grand jamais on ne lui avait dit qu'on l'aimait bien et qu'il était gentil.

- Xanxus-nii ?

- Hn, gronda-t-il automatiquement.

- Tu vas rentrer en Italie ?

- Hn, la semaine prochaine, répondit-il.

Il ne s'expliqua pas l'air triste qui s'afficha sur le jeune visage et les larmes qui envahirent les yeux lumineux se ternissant soudain. Mini déchet ramena ses jambes contre lui pour poser son menton sur ses genoux.

- Tu vas me manquer, confia-t-il doucement en l'ahurissant de nouveau.

- Pourquoi ?

- Parce que tu es gentil et que tu me regardes pour de vrai, murmura-t-il.

Xanxus le regarda sérieusement, reconnaissant parfaitement ce sentiment. Le gamin tremblait encore, claquant des dents sans qu'il ne puisse en comprendre la raison. Il ne faisait vraiment pas froid. Il ne sut pas pourquoi il bougea, plus tard, il mettrait ça sur le compte de l'alcool. Il se redressa un peu, tendant une main vers le gamin qui se laissa faire sans aucune appréhension. Il glissa ses doigts sous la couverture pour les poser sur les siens. Quelques secondes plus tard, ils irradiaient de ses flammes qu'il transmit à l'enfant regardant avec émerveillement. Rapidement, ses tremblements diminuèrent.

- Merci, sourit-il lorsqu'il cessa.

Il ne répondit pas, se calant de nouveau dans le coin du canapé en fermant les yeux. Il y eut un peu de mouvement près de lui et il sentit quelque chose se poser contre lui. Il rouvrit un œil pour constater que mini Primo s'était couché contre lui comme un petit chaton. Il crut ressentir une étrange chaleur mais une nouvelle fois, l'alcool eut bon dos. Il ne fit rien, fatigué et se disant que ce n'était pas si dérangeant, plutôt apaisant en faîte. Il referma les yeux pour se reposer, profitant du calme. Bientôt, le gosse s'était endormi et il se pelotonna contre lui dans son sommeil, s'accrochant à sa chemise. Il observa cela, se disant que c'était bien la première fois qu'une telle chose lui arrivait. Il pouvait maintenant être certain qu'il n'effrayait pas du tout le gamin. Quelle petite bête sans défense pouvait s'endormir contre un tigre comme lui ? Un petit lion peut-être, se dit-il en observant la capuche à oreille. Il tira la couverture sur la petite silhouette chaude contre lui, se réinstallant pour se reposer.

Lorsqu'il se réveilla au matin, sortit de son sommeil par un troupeau descendant l'escalier en criant, le lionceau avait disparu et il se demanda comment il avait fait pour partir sans l'alerter. Il beugla sur le trio de morpions qui détala bien vite pour être remplacé par la mère chantante et les deux pères trop joyeux. Grognant, il gagna l'étage et sa chambre pour terminer sa nuit. La chose fut cependant impossible avec la bande de déchet hurlant. Il se souvint alors qu'on était samedi, qu'il n'y avait donc pas école et que les déchets restaient là. Merveilleux. Le calme finit pourtant par revenir, la porte d'entrée claquant et il se dit qu'ils étaient sortis, louant le ciel pour ça. Seulement, il était bien réveillé maintenant et il se leva donc en grommelant, se disant qu'un bon café ferait du bien. Uniquement vêtu d'un pantalon de toile pendant un peu sur ses hanches, il quitta sa chambre, traînant les pieds. Il stoppa lorsqu'une porte s'ouvrit doucement près de lui, laissant apparaître un petit lionceau qui venait visiblement de se lever, se frottant les yeux, les cheveux plus en pétard que jamais.

- Xanxus-nii ? bredouilla-t-il en s'approchant de lui.

Ce fut très naturellement qu'il vint prendre sa grande main de la sienne, baillant, laissant l'adolescent sans voix.

- Ohayou, murmura l'enfant.

Se réveillant du choc provoqué par cette nouvelle action surprenante, il avança vers l'escalier, le lionceau suivant gentiment en pendant à sa main. Ils descendirent pour rejoindre la cuisine et l'enfant s'éloigna pour aller vers le réfrigérateur. Il dut tirer un peu pour parvenir à l'ouvrir. Il amena un marche pied devant avec une habitude évidente. Il grimpa, sortant une bouteille de jus de fruit et une compote. Il déposa le tout sur la table avant d'aller vers les armoires. Usant de nouveau du marche pied, il grimpa sur le plan de travail pour atteindre les armoires hautes et sortir un verre. Il manqua de tomber en redescendant mais il semblait avoir l'habitude.

- Xanxus-nii ? appela-t-il en revenant vers la table. Qu'est-ce que tu manges au petit déjeuner ? demanda-t-il.

- Café noir, répondit-il.

Le gamin se dirigea alors de nouveau vers les armoires, grimpant pour lui sortir une tasse, s'affaissant ensuite sur ses genoux en regardant la cafetière près de lui.

- Je ne sais pas faire le café, dit-il alors l'air gêné.

- Je vais le faire. Il est où le café ?

- Là, dit-il en désignant un placard.

L'adolescent y trouva ce qu'il cherchait sous ses directives et il se mit à préparer sa boisson favorite pour se réveiller. Il vit le lionceau revenir et grimper sur la petite marche pour regarder avec attention. Quelques minutes plus tard, ils étaient à table tout les deux, le gosse se servant maladroitement un verre de jus de fruit de ses deux petites mains. Il souriait doucement assis à côté de lui. Et Xanxus était un peu surpris. Premièrement, pourquoi tout le monde était parti il ne savait où en laissant le lionceau là tout seul sans même s'assurer qu'il le surveillerait bien ? Après tout, il était le dernier à qui on confierait un enfant et son père et Iemitsu devaient savoir qu'il aurait refusé en temps normal. Et le gosse ne paraissait pas troublé d'être là tout seul. Deuxièmement, comment un gamin de quatre ans pouvait-il avoir une telle habitude de s'occuper de lui même de la sorte ? C'était étrange. Ce fut dans le calme total qu'il put boire son café, le lionceau mangeant sans un bruit près de lui, encore un peu endormi. Il termina pour ensuite aller se laver sans un mot et lorsqu'il quitta la salle de bain, l'enfant prit sa place très naturellement, ressortant lavé et habillé. Il alla ensuite au salon pour allumer la télé et regarder quelques dessins animés, Xanxus l'observant avec curiosité. Il vint finalement s'affaler près de lui.

- Tu sais où sont partis les autres ? demanda-t-il.

- En ville ou au parc je crois.

- Et tu ne vas pas avec eux ?

- Papa et maman disent que c'est mieux si je reste à la maison. Je vais juste à l'école quand je vais dehors.

- Pourquoi ça ? questionna-t-il avec surprise.

- Ils disent que je suis trop fragile, dit-il en haussant les épaules avec un air triste. Alors je dois rester à la maison.

Le silence retomba, Xanxus le regardant en se posant mille et une questions sur le lionceau. Le gamin finit par bouger. Il s'approcha, venant timidement se blottir contre lui comme pendant la nuit. Il le laissa faire, cette douce chaleur revenant à son contact.

- J'aime pas être tout seul à la maison, murmura-t-il. J'aime pas être tout seul.

- T'as bien des copains non ?

- Non, soupira-t-il. J'ai juste Kyoya-nii. Il fait parfois la route entre la maison et l'école avec moi, sourit-il. Tu as des amis toi Xanxus-nii ?

- J'ai des subordonnés.

- Des subor... subi... ?

- Subordonnés, corrigea-t-il. Des gens qui m'obéissent.

- Pourquoi ?

- Parce qu'ils travaillent pour moi.

- Pourquoi ?

- Parce que c'est leur job.

- Ils font quoi comme travail ?

- Ils sont assassins, dit-il sans détour.

- C'est quoi ?

- Ils tuent des gens.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Qu'ils font en sorte qu'ils ne viennent plus nous emmerder. Plus jamais. Qu'ils les forcent à s'endormir et qu'ils ne se réveillent plus jamais.

- C'est ton travail aussi ?

- Ouais. Je m'assure que personne ne cause de problème à la Famiglia.

- Famiglia ?

- Famille en italien, renseigna-t-il.

- Tu fais comment ?

- J'espionne les gens pour savoir ce qu'ils font. S'ils causent des problèmes, je leur fais peur ou je leur tape dessus pour qu'ils arrêtent et s'ils n'arrêtent pas, je les tue.

- Les grands disent que c'est pas bien de faire mal aux autres.

- Ouais ils disent tout le temps ça mais on s'en fout. Les gens à qui je fais mal ne sont pas des gentils loin de là.

- Ils sont méchants ?

- Oh que oui, confirma-t-il alors qu'il ne s'en était jamais pris à un innocent très loin de là.

- Alors Xanxus-nii est un héros, déclara le lionceau en se blottissant contre lui. Je savais que tu es gentil, sourit-il.

L'adolescent resta stupéfait une fois de plus. Lui ? Un héros ? C'était le monde à l'envers. Il n'avait jamais touché à des faibles ou des civils, que des mafieux loin d'être blancs mais il n'était pas un héros pour autant. C'était absurde. Plus incroyable, malgré tout ce qu'il venait de dire, le gamin n'avait toujours pas une once de peur envers lui. Au contraire. Totalement incompréhensible.

- Je suis pas un héros. Je fais parti des méchants.

- Non. Tu es gentil, insista-t-il.

Xanxus renifla avec amusement, constatant que le lionceau était un petit obstiné. Mais c'était agréable d'être considéré ainsi par quelqu'un.

- Xanxus-nii ?

- Hn ?

- Je suis heureux que tu sois là, dit-il doucement en l'étonnant une fois de plus.

Il ne répondit pas, ne sachant pas du tout comment réagir à ça. Il se contenta de laisser la petite boule de chaleur rester contre lui dans le canapé. Ce jour là, il passa de nombreuses heures seul avec le lionceau qui une nouvelle fois se montra débrouillard pour le déjeuner à sa plus grande stupeur. Le reste de la famille ne rentra que dans l'après-midi après une matinée au zoo, un petit fast food et une promenade en ville. Il ne manqua d'ailleurs pas l'air malheureux du mini Primo en apprenant ce que les autres avaient fait sans lui. Lorsqu'il interrogea son père sur le pourquoi le gosse était ainsi laissé à l'écart un peu plus tard, il lui répondit qu'il avait des problèmes de santé. Visiblement, le lionceau tombait facilement malade, fatiguait vite, était sujet aux malaises et aux faiblesses. D'après lui, il avait toujours été ainsi, de constitution faible depuis sa naissance. Les sorties avec lui s'avéraient souvent vites abrégées pour lui et la famille avait pris l'habitude de le confiner à la maison pour éviter ça et éviter qu'il tombe malade. Visiblement, sa mère avait trop à faire avec ses autres enfants et sa petite fille adorée pour avoir à gérer un enfant malade. Alors on limitait les sorties de Tsunayoshi et tout ce qu'il faisait. Xanxus avait l'impression, au vu de ce qu'il lui fut expliqué, que l'on faisait cela surtout pour éviter d'avoir à s'occuper du lionceau plus que pour le préserver véritablement. S'il le fit remarquer à son père, celui-ci avait bien trop confiance en Iemitsu papa parfait pour voir quoi que ce soit.

Dans les jours suivant, il observa plus attentivement et il ne put que confirmer tout cela. Tsunayoshi était laissé à l'écart des activités familiales pour son bien sois disant. Ses frères le chahutaient souvent, se moquant en le traitant de faible et inutile, lui donnant le nom de Dame-Tsuna. Le garçonnet avait alors un sourire infiniment triste, partant se réfugier dans sa chambre. Ses parents n'avait pas beaucoup d'attention pour lui. Son père préférait être avec ses si parfaits aînés et sa mère préférait s'occuper de sa petite fille chérie. Tsunayoshi se retrouvait alors la plus part du temps seul et il ne demandait rien, s'occupant de lui même et restant gentiment dans sa chambre. L'enfant était une véritable ombre ici. On ne répondait pas à ses bonjours ou ses bonnes nuits, il était comme inexistant. Si sa mère veillait encore sur les plus grands lorsqu'ils se lavaient, les aidant parfois, le petit brun n'y avait pas droit. Il se débrouillait sans se plaindre, un petit air triste au visage en regardant ses parents avec le reste de la fratrie. On utilisait bien trop souvent l'excuse qu'il était trop fragile, qu'il ne permettait pas à ses frères de jouer vraiment à cause de ça. On le laissait seul à la maison sans remord en disant qu'il avait l'habitude, qu'il savait se débrouiller et que Nana laissait des repas dans le frigo. Xanxus avait été atterré d'apprendre qu'on le laissait souvent seul à la maison mais si le gosse était vraiment sensible à ce point, qui était donc là pour lui s'il avait un problème à la maison ? Il l'avait l'impression qu'on l'avait oublié, qu'on l'oubliait tout le temps comme s'il n'avait aucune importance.

En bref, que Tsunayoshi soit là ou pas ne faisait pas vraiment de différence pour le reste de la maison. L'adolescent s'était même demandé si on le remarquerait s'il disparaissait. Cela l'avait étrangement inquiété. Bon sang le gosse faisait même le chemin de l'école seul. Selon ses parents, ses aînés étaient censés le conduire et le raccompagner mais ils ne le faisaient pas et ça ne gênait personne. Sans compter le danger de laisser un enfant de cet âge seul dehors, il fallait ajouter la menace des ennemis des Vongola et d'Iemitsu. C'était presque un miracle qu'il ne soit encore rien arrivé. Il avait cependant remarqué qu'un garçon accompagnait parfois le lionceau sur le chemin de l'école. Un gamin à l'air froid et distant. Il avait les cheveux noirs, se tenait très droit et devait être un peu plus vieux que le petit brun. Il n'avait rien de très engageant en le regardant, au contraire pourtant, Tsunayoshi semblait adorer ce Kyoya-nii comme il l'appelait. Le gamin passait parfois là l'air de rien le matin, le lionceau le suivant simplement sans un mot, souriant, et il revenait de la même manière l'après-midi, le noiraud continuant sa route comme s'il ne faisait que passer par là par hasard.

Très souvent, si ce n'était toujours, il trouvait le mini Primo debout la nuit. Il se levait lorsqu'il n'arrivait pas à dormir pour une raison ou une autre et profitait un peu du salon auquel il n'accédait pas vraiment la journée. Souvent, il avait froid, pris de tremblements visibles. C'était aussi parfois de l'insomnie, des maux de têtes ou de ventres, des nausées. C'était là que Xanxus constatait sa santé faible. Il le rejoignait souvent dans le canapé et le lionceau se blottissait contre lui avec joie, l'air réconforté et rassuré par sa présence. Le simple fait d'être avec lui lui permettait souvent de se sentir mieux, comme s'il avait juste besoin d'un peu d'attention et de réconfort pour se détendre et aider les malaises à passer. L'adolescent l'avait aidé à se réchauffer quelques fois quand rien n'y faisait et il devait avouer que la présence de l'enfant l'apaisait. Il était si simple et spontané avec lui, agissant parfaitement normalement, lui souriant si chaleureusement qu'il ne pouvait qu'apprécier. Il n'avait pas envie de le renvoyer au contraire. Le mini Primo ne se plaignait pas et il fallait toujours lui demander ce qui n'allait pas pour qu'il dise son problème. Lorsqu'il se calait contre lui, Xanxus ressentait toujours cette chaleur bienfaitrice et cela le calmait comme rien d'autre ne savait le faire. Quelque part, cela faisait du bien. Alors il laissait faire le gosse sans broncher. Il était le seul à ne pas l'agacer dans cette maison.

Ce jour là, alors que l'on approchait la fin de la deuxième semaine et donc de son séjour au Japon, Xanxus avait décidé d'aller jusqu'à l'école du lionceau à l'heure de la sortie. Il se demanda un peu pourquoi il avait fait ça lorsque la marée de gosse se déversa de l'établissement pour rejoindre les mères braillantes agglutinées devant le portail. C'était horripilant. Il se tenait à l'écart de l'autre côté de la route à l'ombre d'un arbre. Le lionceau se montra dans les derniers, sortant lentement en traînant les pieds, seul et la tête basse. Une nouvelle fois, il eut l'air triste en voyant les familles autour de lui. Il se décolla alors du mur où il était appuyé, traversant et immédiatement, le petit brun releva le regard vers lui. Xanxus fut indéniablement secoué, bien qu'il n'en montre rien, par la joie pure qui s'imprima sur le jeune visage à sa vue. Le lionceau était le seul à jamais avoir eu cette réaction à son égard et s'il ne l'avouerait pas, ça lui réchauffait le cœur.

- Xanxus-nii ! s'écria-t-il en accourant vers lui.

Il le rejoignit, s'arrêtant tout contre sa jambe pour prendre sa main dans les siennes. Si les mères de familles le regardaient avec suspicion devant son allure clairement peu conventionnelle et son air dangereux, il s'en fichait pas mal comme le gamin qui avait l'air d'être au comble du bonheur. Il le regarda, notant qu'il était pâle et l'air fatigué.

- Tu es venu me chercher ? demanda-t-il l'air de ne pas y croire.

- Hn, répondit-il froidement.

- Merci Xanxus-nii, dit-il avec un immense sourire.

Il se détourna pour se mettre en route, l'enfant suivant en tenant sa main. Il s'arrêta un peu plus loin après que le petit extraterrestre ait trébuché pour la quatrième fois. Il baissa le regard vers lui, le voyant un peu essoufflé et plus pâle encore. Il se pencha vers lui, s'attirant son regard interrogatif. Il ne dit rien, restant froid d'apparence, le saisissant plutôt sous les bras pour le soulever facilement. Il le cala sur sa hanche, le tenant fermement puis il se remit en route. Il sentit nettement la surprise et la tension du lionceau mais celui-ci se détendit rapidement. Il posa sa tête sur son épaule, entourant son cou de ses petits bras. Il soupira de bien être, se blottissant contre lui et l'adolescent retrouva cet apaisement et cette chaleur qui émanait de l'enfant. Au plus il y faisait attention, au plus il avait l'impression de sentir des flammes, des flammes du ciel et leur harmonie. Il savait que les trois aînés d'Iemitsu avaient déjà manifesté des flammes et que son propre père leur avait apposé des sceaux pour sois-disant les protéger. Il n'était pas vraiment d'accord avec cette pratique mais il s'en fichait pas mal. En revanche, selon Iemitsu, Tsunayoshi ne manifestait pas la moindre flamme, totalement dénué de pouvoir. Il n'était pas d'accord mais il le garderait pour lui pour l'instant.

Quelques dizaines de mètres plus loin, le lionceau s'était endormis, le visage dans son cou et il comprit qu'il devait être vraiment épuisé aujourd'hui. Il le ramena chez lui, grognant au boucan qui le submergea une fois la porte passée, les enfants chahutant dans tout les sens avec leur père, la mère riant avec sa fille qui pleurnichait dans ses bras. Il jeta un coup d'œil à son petit paquet qui grimaçait, remuant pour s'enfoncer un peu plus contre lui. Mais il devait vraiment être fatigué puisqu'il ne se réveilla pas. Sans que personne ne les remarque, Xanxus grimpa à l'étage, gagnant la chambre de l'extraterrestre. C'était une petite pièce simple et très enfantine avec quelques jouets, des livres de coloriages et des peluches. Elles étaient toutes dans son lit, représentant des animaux en tout genre. Il s'avança vers lui, sentant la présence de son père arriver derrière lui. Il pouvait percevoir sa surprise de loin certainement face à ce qu'il était en train de faire c'est à dire coucher un enfant qui s'était endormi dans ses bras. Il eut un peu de mal à lui faire lâcher prise sur son cou, le vieil homme pouffant dans son dos. Il y parvint pourtant, se substituant avec une peluche de lion qui fut bien vite serrée dans les petits bras. Il retira vite fait les basket de ses pieds avant de mettre négligemment la couverture sur lui. Timothéo vint fermer les rideaux puis ils sortirent ensemble, l'aîné refermant doucement derrière eux.

- Tu l'as ramené de l'école ? s'amusa-t-il.

- Tch, grommela-t-il en se détournant.

Il n'avait vraiment aucune envie d'entendre son père se foutre de lui à cause de ce comportement qui ne lui ressemblait pas du tout. Mais il n'arrivait pas à s'en empêcher. Le lionceau était attractif, étrangement réconfortant et il lui donnait déjà un tel crédit, une telle confiance, une telle affection si naturellement qu'il n'avait pas envie de le décevoir. Même s'il ne comprenait pas pourquoi. Et sa présence était un bienfait qu'il n'avait jamais connu. Il ne voulait pas entendre son père se foutre de ça.

- Attend Xanxus ! interpella-t-il plus sérieusement en le stoppant.

- Quoi ? gronda-t-il.

- Tu apprécies cet enfant ?

- Ça te dérange ?

- Non, pas du tout, assura-t-il en le regardant l'air pensif. Prend soin de lui, dit-il en le laissant confus avant de s'en aller.

Un peu plus tard ce soir là, comme presque tout les jours, il retrouva le lionceau au salon en rentrant de sa sortie habituelle. Il avait l'air encore fatigué et il était toujours habillé, tremblotant un peu. Le petit brun sourit de toutes ses dents en tournant le regard vers lui pour ensuite rougir lorsque son ventre gargouilla. L'adolescent releva un sourcil seul signe de son amusement puis il fut pris d'un doute.

- Tu as mangé ? questionna-t-il.

- Je dormais, répondit-il doucement.

- Et ils t'ont pas réveillé ?

- Non, ils ne le font jamais.

Xanxus soupira avec agacement. Il savait que s'il demandait demain, on lui dirait qu'on n'avait pas voulu réveiller l'enfant mais en vérité, il était presque sûr qu'il avait été oublié, encore. S'était-on même aperçu qu'il n'était pas en grande forme et qu'il dormait ? Qu'il était simplement rentré de l'école ? Il en doutait fortement. Il s'approcha du gamin qui le regarda faire sans aucune appréhension, juste curieux. Il le reprit dans ses bras et le gosse se mit à sourire comme si c'était son plus grand plaisir. Il l'emmena vers la cuisine, le déposa sur une chaise à table et alla vers le frigo pour sortir de quoi faire un sandwich.

- Moi aussi j'ai la dalle, dit-il en faisant pouffer un peu le lionceau. Quoi ? demanda-t-il alors.

- Tu mens très mal Xanxus-nii, s'amusa-t-il en le surprenant une fois encore. Merci, dit-il ensuite plus sérieusement.

Découvert, l'adolescent se contenta donc de lui faire une tartine ou deux pour qu'il mange. Il le fit joyeusement, appréciant visiblement qu'on s'occupe de lui. Il le remercia lorsqu'il eut terminé et ils retournèrent dans le canapé, l'enfant perché dans les bras du jeune homme. L'aîné alluma la télé pour lui même et il ne fut pas surpris de sentir le lionceau se blottir contre lui, cela semblant être devenu une habitude pour lui. Il ne tarda d'ailleurs pas à s'endormir, sa respiration profonde et régulière, ses petites mains accrochées à sa chemise. Le voyant trembler encore, il vint le réchauffer un peu de ses flammes, cela faisant effet sur le champs. Il attrapa ensuite sa veste posée sur ses épaules, la déposant sur la petite silhouette qui s'y lova avec bonheur, soupirant.

Le lendemain matin, Xanxus avait accompagné le garçon à l'école. Le petit lion un peu plus en forme sautillait presque en marchant près de lui, tenant sa main, un sourire énorme au visage. Lui même avait le regard froid et dangereux mais comme à l'habitude, l'extraterrestre n'en n'était pas gêné. Il avait pu voir ce Kyoya d'un peu plus près, le gamin les précédent un peu et jetant régulièrement un coup d'œil vers eux, ou plutôt vers lui, scrutateur. Et ce gosse là non plus ne semblait pas impressionné par sa personne, son regard tranchant rivalisant déjà avec celui des adultes. S'il persistait ainsi en grandissant, il serait peut-être quelqu'un d'intéressant. En tout cas une chose était certaine : le mini Primo avait une drôle de façon de choisir ceux qu'il appréciait. Il avait déposé le gosse devant le portail et il avait été un peu ahuris lorsque le lionceau l'avait entouré de ses petits bras, le remerciant et lui souhaitant une bonne journée. Il ne se souvenait même pas d'une fois où on lui avait ainsi souhaité bonne journée sincèrement.

Il regarda le lionceau disparaître dans la cour, l'institutrice le regardant bizarrement du portail. L'idée de montrer l'un de ses pistolets pour la voir flipper un peu le traversa mais il renonça, s'en allant et profitant de l'occasion pour aller faire un tour. Dans l'après-midi, il repassa chercher le gosse et il en fit de même le jour suivant. Il ne savait pas trop ce qu'il lui prenait, une lubie étrange ou peut-être était-ce parce qu'il avait à faire à un petit extraterrestre. Peut-être était-ce à cause de cette chaleur étrange émanant du lionceau ou alors à cause de ses profonds yeux sincères et lumineux. Il n'en savait rien mais il appréciait sa présence et il n'avait pas envie de le décevoir. Il se disait aussi qu'il reportait un peu son enfance chaotique sur lui. Il l'appréciait et en conséquence, il ne voulait pas qu'il vive la même chose que lui bien que de manière un peu différente. Peut-être était-ce pour ça qu'il faisait ces choses bizarres.

Samedi revint et lorsqu'il se leva ce matin là après un boucan monstre et un retour au silence soudain, il savait que la famille était sortie avec son père. On l'avait averti qu'on allait il ne savait plus où avec les enfants, une promenade s'il se souvenait bien. On lui avait proposé de venir et il avait refusé net. Lui ? Dans une balade familiale en forêt ? Jamais de la vie. Et puis il savait qu'on laisserait probablement le lionceau à la maison, il préférait rester avec sa petite bouillotte apaisante personnelle. Il ne fut pas surpris de trouver le gamin dans la cuisine en descendant. Il avait l'air morose en mangeant lentement mais cela s'effaça bien vite de son visage lorsqu'il le vit. Il sourit largement, sautant de sa chaise pour venir l'entourer de ses bras en le saluant. Il ne répondit pas mais cela indifférait l'enfant. Il se prépara un café puis ils allèrent se préparer l'un et l'autre dans un calme agréable. Prêt, Tsunayoshi alla naturellement au salon pour regarder la télé, regardant l'adolescent comme une demande silencieuse pour savoir s'il restait avec lui.

- Viens, ordonna Xanxus.

Le mini Primo obéit sans hésiter, le rejoignant près de la porte du couloir, curieux.

- Met tes chaussures, on bouge, dit-il en éclairant son visage.

Le lionceau se précipita dans l'entrée pour s'exécuter, l'adolescent le suivant plus tranquillement.

- Où on va ? demanda le gosse avec excitation.

- Où tu veux aller ?

- Hum, fit-il en réfléchissant. On peut aller au zoo ?

Xanxus acquiesça, pas vraiment surpris alors qu'il avait cru comprendre qu'il aimait les animaux avec ses nombreuses peluches animales. Le lionceau fut heureux au delà du raisonnable à cette annonce, terminant de se préparer en quatrième vitesse. Il en fit de même avant de sortir avec lui, le laissant prendre sa main. Comme promit, il emmena le gamin au zoo. La visite fut quelque peu amusante. Non pas qu'il appréciait d'aller dans un endroit plein de monde pour voir des bestioles mais le comportement de l'extraterrestre était un peu amusant. Il voulait voir tout les animaux pourtant, il était vite effrayé. Il se précipitait alors pour se cacher derrière lui, hésitant à revenir devant et Xanxus se dit qu'il n'était vraiment pas assez sortis dans sa vie. C'était évident à la manière dont-il regardait tout. Et puis, il n'était pas à l'aise au milieu des gens. Heureusement, lui même parvenait par sa simple présence à libérer le chemin et à écarter les autres d'eux. Il avait fini par prendre le lionceau dans ses bras, le calant sur sa hanche alors qu'il passait un bras autour de son coup et alors, il avait commencé à vraiment en profiter, rassuré.

Lorsqu'ils avaient vu les tigres, le gamin avait dis qu'il leur ressemblait et il n'avait pas été mécontent de cette comparaison. Le félin lui allait bien, puissant et sauvage. Si les grands félins étaient visiblement les préférés de l'enfant, les oiseaux remportèrent aussi ses suffrages, comme les serpents étrangement. La visite terminée, une peluche de tigre achetée, le lionceau était déjà fatigué et pâle. Xanxus avait bien remarqué qu'il s'épuisait vite dans son excitation mais il restait très souriant, heureux et ne se plaignant pas une seconde. Il le garda dans ses bras alors qu'ils quittaient les lieux et la petite tête brune se posa lourdement sur son épaule.

- Est-ce qu'on va rentrer maintenant ? demanda la petite voix douce.

- Tu veux rentrer ?

- Non.

- Alors non. On va aller manger un truc j'ai la dalle, dit-il alors que midi était passé.

Il gagna un petit restaurant de rue et sa charge sembla être absolument ravie à cette perspective. Ils mangèrent ensemble tranquillement, prenant leur temps et cette pause ainsi que le repas semblèrent faire du bien à l'enfant. Ils repartirent ensuite pour aller se promener un peu au hasard. Xanxus n'avait tardé à reprendre le lionceau dans ses bras et celui-ci s'était volontiers blotti contre lui.

- Merci Xanxus-nii, murmura-t-il le visage dans son cou. Tu es le meilleurs des grands-frères.

Il ne répondit pas, ne sachant pas du tout comment réagir à ça. Tout ce qu'il savait été qu'il appréciait la douce chaleur se répandant dans sa poitrine à cette déclaration. Ils avaient poursuivis leur après-midi, Xanxus offrant une glace au gosse toujours plus heureux pour ces trucs débiles. Lorsqu'ils rentrèrent, l'italien avait un lionceau endormis dans ses bras. La famille était déjà rentrée mais il semblait que seul son père se soit aperçu qu'ils étaient sortis.

- Tu aurais dû demander la permission à ses parents, reprocha-t-il d'ailleurs de l'encadrement de la porte de la chambre du petit brun.

- Tch, comme si ça les intéressait, répondit-il en couchant l'endormi. Je suis sûr qu'ils ont même pas vu qu'il était pas là en rentrant.

Son père ne répondit pas à cela, soupirant.

- Iemitsu et Nana sont d'excellent parents, dit-il. S'ils refusent que Tsunayoshi sorte, il y a une bonne raison. Regarde comment il est pâle et épuisé maintenant.

- Ouais, comme tout les gosses de son âge après une journée bien remplie, dit-il en le couvrant.

Il quitta ensuite la pièce et son père referma derrière eux. Il ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit, partant pour sa propre chambre et fermant derrière lui. Ce soir là, il resta dîner pour s'assurer que le lionceau mangerait et il fit bien parce que personne ne pensa à aller le chercher. Il y alla donc lui même, le trouvant blotti dans son lit. Il eut du mal à le réveiller pourtant, ce ne fut pas pour rien puisque le mini Primo répondit qu'il mourrait de faim lorsqu'il lui posa la question. Il l'amena donc à table, prenant place à côté de lui sans remarquer le regard doux de son père sur eux. Ce soir là, il le retrouva au salon en pleine nuit comme à l'habitude et comme à l'habitude, le lionceau vint se blottir contre lui. Pourtant cette fois, l'ambiance n'était pas paisible et agréable, plutôt triste et sombre. Ils restèrent en silence longtemps avant que Tsunayoshi ne parle, la voix tremblante et basse alors qu'il s'accrochait à lui.

- Xanxus-nii ? Tu repars demain en Italie ?

- Oui.

Le gamin sursauta contre lui et un long silence tomba avant qu'il ne reprenne :

- On va se revoir hein ?

- Sûrement.

- Dans longtemps ?

- J'en sais rien.

- Tu vas me manquer.

Xanxus sentit qu'il pleurait doucement mais il ne dit rien et ne bougea pas, se doutant que cela arriverait.

- Merci, bredouilla le garçon.

- Pourquoi ?

- Pour avoir bien voulu être mon grand-frère un petit peu. Tu vas vraiment beaucoup beaucoup me manquer.

L'adolescent resta silencieux, comprenant parfaitement. Plus un mot ne fut échangé mais ils passèrent la nuit entière dans le canapé, le mini Primo ne s'endormant qu'au petit matin. Il le porta dans sa chambre pour le remettre dans son lit avant d'aller boire un café. Il n'eut droit qu'à un petit moment de calme avant que les enfants ne déboulent et il grogna, sa première pensée alla vers le petit lion qui risquait d'être réveillé par ce boucan. Il beugla d'ailleurs sur les mioches qui se turent sur le champs, s'enfuyant bien vite. Satisfait du calme revenu plus ou moins, il alla prendre une douche avant de se préparer et de refaire sa valise, fourrant ses affaires dans son sac sans soin aucun. Il ressortit de sa chambre, son sac à la main avec l'intention de le balancer dans l'entrée. Il stoppa pourtant lorsqu'une porte s'ouvrit doucement à sa droite, révélant le petit lionceau. Il l'observa, ses yeux se brouillant de larmes. Elles coulèrent d'ailleurs mais il ne fit pas de bruit. Soupirant, l'adolescent lâcha son sac et s'avança, se baissant vers lui. Immédiatement, le garçon tendit les bras vers lui et il le prit contre lui sans même se poser la question. Le gamin enroula ses petits bras autour de son cou, le serrant de ses maigres forces. Il le ramena dans sa chambre, fermant la porte d'un coup de pied avant d'aller s'asseoir sur le petit lit.

- Je veux pas que tu partes Xanxus-nii, pleura-t-il.

- J'ai du travail en Italie, répondit-il.

- Je peux venir avec toi ? demanda-t-il en le surprenant. Papa et maman le verront même pas de toute façon, dit-il plus bas.

- C'est pas si simple gamin.

- Je ferais pas de bêtise c'est promis et je t'embêterais pas.

- Je sais mais c'est pas possible.

- Hn. Je t'aime Xanxus-nii, murmura-t-il en le figeant de choc.

Le gamin le serra plus fort et il mit un moment à assimiler ce qu'il avait dis. Il se sentit complètement perturbé autant par les mots que par leur sincérité et la douce chaleur qu'ils lui procuraient. Il enroula ses bras autour de la petite silhouette sans même sans apercevoir, se demandant pourquoi il ne pouvait pas embarquer sa petite bouillotte avec lui. Il mit un moment à se reprendre, repoussant le petit lion qui se retrouva à califourchon sur ses cuisses. Il le regarda essuyer ses yeux et si jamais il ne l'avouerait à qui que ce soit, cela lui pinça le cœur. Il plongea sa main dans sa poche pour en ressortir un écusson qu'il tendit au gamin.

- C'est quoi ? demanda-t-il.

- C'est l'écusson de mon escouade.

- Es... quoi ?

- Escouade, équipe, les gens avec qui je travaille.

- Ça veut dire que je suis aussi dans ton équipe ? questionna-t-il la tête penchée sur le côté.

- Ouais, répondit-il sans réfléchir. Garde ça et si t'as un problème, un gros problème, tu peux appeler ce numéros, dit-il en lui donnant un petit papier. Tu sais te servir du téléphone ?

Il approuva d'un signe de tête, attrapant sa peluche de tigre avec laquelle il avait visiblement dormis.

- On va se revoir hein ? redemanda le lionceau avec inquiétude.

- Ouais, assura-t-il.

L'enfant sourit malgré ses yeux rougis et humides, revenant se blottir un peu contre lui. Lorsque Xanxus partit plus tard dans la journée, ce fut avec un agacement qu'il ne comprit pas, une oppression étrange. Il se disait qu'il allait enfin rentrer et reprendre tranquillement sa routine de baston et d'assassinat. Il se disait qu'il oublierait vite le gosse et qu'il se trouverait ridicule pour sa conduite au Japon dans moins d'une semaine. Il se disait qu'il allait l'oublier et il reprit ses bonnes habitudes en beuglant sur leur chauffeur pour qu'il les amène plus vite à l'aéroport.