Cet OS-là n'est pas vraiment de moi. Je m'inspire ici d'un OS d'un autre auteur que j'ai lu il y a longtemps mais dont le compte associé n'existe plus aujourd'hui. Ce qui fait que, accessoirement, l'OS n'existe plus non plus. Je rends donc hommage à cet OS disparu en le retranscrivant de mémoire et en le retravaillant à ma manière. J'espère être à la hauteur de l'OS original.
Dans le couloir d'une sombre prison glaciale, plusieurs soldats marchaient d'un pas lourd en colonnes droits comme des I avec une discipline glaçante.
Chacun d'entre eux portait un fusil prêt à accomplir le devoir du militaire.
Mais il y avait également des clapotis de pas très lents. Ces sons presque inaudibles étaient produits par quatre pieds nus. Les deux humains, vêtus d'habits délabrés, avaient si mal à ces derniers qu'ils avaient l'impression de marcher sur des couteaux aiguisés à chaque pas.
Ne supportant pas cette démarche fantomatique, les soldats poussaient brutalement les deux humains avec leurs fusils au point de manquer de les faire tomber sur le sol à chaque cou.
Ces deux humains n'étaient nul autre que Spirou et Fantasio.
Partis faire un reportage dans un pays liberticide et politiquement instable afin de dénoncer ses abus, les deux journalistes avaient tout juste le temps de terminer leur travail et l'envoyer à leur directeur quelques heures avant de se faire attraper par des soldats pour lesquels le mot «brute» avait été inventé.
Il avait fallu peu de temps pour que les deux reporters ne furent enfermés et torturés à plusieurs reprises avant que leur châtiment ne fut décidé. Tout d'abord, il leur avait été proposé de les relâcher à condition qu'ils ne retournent jamais chez eux et jurent fidélité à la dictature du pays les ayant emprisonnés.
Spirou et Fantasio ayant catégoriquement refusé ce chantage immonde, il leur avait fallu peu de temps pour entendre leur cruel châtiment: la fusillade.
Avant que le jour précis n'eût été fixé, les pauvres journalistes avaient été à nouveau enfermés et torturés de façons toutes plus monstrueuses les unes que les autres.
Seule une chose les avait empêché de devenir fous: l'amour.
Chaque fois qu'ils avaient été dans leur cellule à l'abri de tous regards, ils s'étaient déshabillés et avaient entremêlés leurs corps dans l'acte charnel à plusieurs reprises. Acte ayant mêlé sans arrêt tendresse, amour, larmes et désespoir car si personne ne se mettrait entre eux, le temps de l'aventure et la vie allaient se terminer.
Tandis qu'on les poussaient dans le couloir, Spirou et Fantasio se tenaient la main afin de se donner du courage sachant pertinemment le sort macabre qui les attendait.
Bientôt, la morbide troupe et les pauvres prisonniers arrivèrent jusqu'à une salle obscure. Les deux journalistes furent brutalement poussés sur le sol. Ces derniers tournèrent la tête vers les soldats les fixant comme des malpropres tandis que les deux hommes les regardaient avec mépris.
Plusieurs soldats se placèrent derrière le journaliste roux tandis que d'autres se mirent derrière le journaliste blond.
Chacun des deux hommes fixa l'autre tristement tout en prenant son visage entre ses mains.
Tout à coup, le chef hurla:
«-EN JOUE!»
En entendant ces mots, les deux hommes s'étreignirent de toutes leurs forces. L'homme blond nicha son nez dans la nuque de l'homme roux tandis que ce dernier enfouit ses narines dans l'épaule de l'homme en face de lui.
«-Je t'aime Spirou!
-Je t'aime aussi Fantasio!»
C'était leur dernière seconde. Leur dernière seconde où ils se montraient la force de leur amour mutuel et la peur de la mort qui les séparerait l'un de l'autre avant de les emporter dans le néant.
Leur dernière seconde où ils se serraient dans leur bras; dans une étreinte emplie de désespoir qui s'arrêterait brusquement lorsque Spirou et Fantasio ne montreraient plus aucun signe de vie.
Leur dernière seconde où chacun entendait l'autre lui dire qu'il l'aimait pour la dernière fois.
Leur dernière seconde où chacun s'imprégnait de l'odeur de l'être aimé pour emporter avec lui ce merveilleux parfum dans la mort.
Leur dernière seconde durant laquelle ils avaient le droit d'exprimer ce qu'ils ressentaient au plus profond de leurs êtres.
Leur dernière seconde chacun profitait de la présence de l'être aimé à ses côtés.
Leur dernière seconde avant que la mort ne mit fin à leurs exitances qu'ils avaient partagés dès leur rencontre.
Leur dernière seconde.
Jusqu'à ce que:
«-FEU!»
