ATTENTION! Cet OS sort en octobre. Et qui dit «Octobre» dit

HALLOWEEN!

Attendez-vous donc à un OS bien morbide que vous feriez mieux de ne pas lire le soir ou ne pas lire du tout si vous êtes trop sensibles.

Sur ce, bonne lecture si vous avez assez de courage!

AHAHAHAHAHA-AHAHAHAHAHA!

C'était la nuit. Cette dernière était d'une obscurité morbide. Il n'y avait aucune étoile dans le ciel. Quiconque aurait osé sortir dehors se serait perdu malgré la présence de la pleine Lune car celle-ci pouvait être cachée par des nuages noirs.

Cependant, deux personnes ne se souciaient pas de tout ceci.

À l'abri dans leur doux cocon, Spirou et Fantasio dormaient dans leur large lit. Chacun était en face de l'autre en souriant dans son sommeil. Rien ne semblait pouvoir troubler cet adorable couple en sécurité dans leur monde d'amour où rien n'existait à part eux.

Soudain, un son se fit entendre. Dehors, une immense bourrasque ouvrit brutalement la fenêtre de la chambre des amoureux. Le vent fit tomber divers objets de manière si bruyante que les sons entremêlés réveillèrent les deux jeunes hommes.

Ces derniers sursautèrent et virent ce qui se passait.

«-Fichu vent, grommela Fantasio»

Spirou s'apprêta à aller fermer la fenêtre lorsque le vent s'arrêta et que quelque chose attira son regard.

«-Fantasio viens voir.»

Bien qu'il ne comprit pas, le journaliste blond fit ce que lui dit le journaliste roux.

Lorsque les deux hommes furent à la fenêtre, ils virent quelque chose d'étonnant.

Une espèce de tourbillon rougeâtre à taille humaine se trouvait non loin de chez eux. Aucun des deux humains ne savait comment une telle chose pouvait se trouver à cet endroit.

«-Qu'est-ce que ça peut être? se demanda Spirou»

Le petit écureuil de Spirou, Spip, qui avait été éveillé par la lumière se posa sur l'épaule de son maître et regarda, étonné, le tourbillon lumineux à son tour.

«-Peut-être qu'il faudrait voir ça de plus près, dit Spirou

-Oh Spirou, dit Fantasio, C'est sûrement quelqu'un qui fait une blague. Et il vaut mieux qu'il s'arrête sinon il va nous empêcher de dormir.

-Si c'était vraiment une personne faisant une blague, il serait partie au moment où on je suis allé à la fenêtre. Non, quelqu'un ou quelque chose nous surveille mais je n'arrive pas à savoir pourquoi.

-Spirou, tu as trop d'imagination.

HE TOI, LÀ-BAS ! ARRÊTE TOUT DE SUITE TA BLAGUE STUPIDE OU J'APPELLE LES FLICS POUR NUISANCE NOCTURNE !»

Malheureusement, contrairement à ce que le journaliste blond espérait, sa menace ne fit aucun effet. Fantasio croisa les bras renfrogné.

«-On n'a pas le choix, dit Spirou, Il faut aller voir ce qui se passe.»

Une fois qu'ils furent sortis, Spirou et Fantasio allèrent vers la lumière en espérant qu'une fois devant elle, ils trouveraient une explication rationnelle à sa présence.

Mais alors qu'ils se trouvaient à un mètre de cette dernière que des mains surgirent pour leur enfoncer des mouchoirs sur le visage.

Les deux amants n'eurent pas le temps de réaliser que les tissus étaient imbibés d'un soporifique qu'ils s'évanouirent.

.

Spirou, encore ensommeillé, soupira avant d'ouvrir les paupières.

Il se trouvait dans une pièce obscure semblant à peine plus grande qu'un placard. Il y faisait si froid que de la vapeur sortait de la bouche du journaliste roux.

Alors qu'il tremblotait, Spirou se rappela de ce qui venait de se passer. Lui et Fantasio avaient été enlevés.

Fantasio! Où était-il ?

Le jeune homme, inquiet, chercha son compagnon du regard.

Heureusement, celui-ci n'était qu'à quelques mètres de lui. Il était encore endormi. Les deux jeunes hommes avaient dû être endormis par des personnes autour d'eux.

«-Fantasio, dit Spirou à son compagnon, Fantasio, réveille-toi.

-Hein? Quoi? dit Fantasio tandis qu'il reprenait ses esprits, Où sommes-nous?

-Je ne sais pas, dit Spirou, Mais je crois qu'on a été drogués.

-Par qui?

-Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c'est qu'il faut absolument sortir d'ici.

-Comment?»

Un petit couinement se fit entendre. Spirou et Fantasio remarquèrent une fenêtre si minuscule que seule une souris pourrait traverser. Une souris ou plutôt…

«-Spip! s'exclamèrent les deux journalistes»

L'écureuil apprivoisé du jeune homme roux avait discrètement suivi les deux journalistes de loin.

Il entra en souriant dans la sombre cage et se jeta sur Spirou en s'agrippant à son cou.

«-Spip, dit Spirou d'une voix rieuse, Oui, moi aussi, je suis content de te voir.

Essaie de nous sortir de là.»

Le petit écureuil ne se fit pas prier davantage et se précipita vers la serrure. Il y glissa, non sans difficulté, une de ses griffes en tentant de s'en servir comme clé.

Spirou et Fantasio, angoissés, le regardaient faire en espérant qu'il ne se casserait pas son substitut de serrure.

Heureusement, la petite bête parvint à ouvrir la porte.

«-Bravo Spip! s'exclama Fantasio réjoui

-Chut! ordonna Spirou à voix basse, On risque de nous entendre.

Viens.»

Les deux jeunes hommes sortirent de leur prison et tentèrent de traverser les lieux. Malheureusement, aucune lumière n'éclairait ces derniers. Résultat, les deux hommes n'étaient pas capables de se voir eux-mêmes l'endroit étant plongé dans l'obscurité la plus morbide.

Sentant les poches de son pantalon, Spirou fouilla ces dernières à l'aveuglette.

«-Spirou, où es-tu? chuchota Fantasio

-Repère-toi à ma voix, répondit Spirou sur le même ton»

Tandis qu'il sortait un objet de sa poche, le jeune homme roux sentit une poignée s'emparer de la sienne. Bien qu'il ne le vit pas, il comprit qu'il s'agissait de celle du jeune homme blond. Il maintint sa paume sur la sienne et alluma le briquet qu'il venait de trouver.

Ce qui se révéla aux yeux des deux hommes les figèrent.

Il n'y avait rien. Tout n'était que noirceur. Ainsi, il était impossible de savoir comment se diriger, ni quelle était la taille de la pièce. En voulant regarder de lui, Spirou se cogna la tête tandis Fantasio parvint à toucher ce qui semblait être un mur juste à côté de lui.

«-On doit être dans un couloir, dit l'homme blond

-Avançons, dit l'homme roux, Il va bien nous mener quelque part.

Et n'oublie pas, quoiqu'il arrive, ne lâche surtout pas ma main. D'accord?

-D'accord.»

.

Les deux pauvres hommes avançaient à pas de loups dans l'étroit couloir sombre.

Ils avaient l'impression de marcher depuis tellement heures qu'ils commencèrent à croire que ce maudit couloir était sans fin.

Bien qu'ils ne disaient rien, chacun des deux savait parfaitement que l'autre avait très peur. En effet, Spirou et Fantasio respiraient de grandes goulées d'air afin de ne pas crier d'effroi.

Spip lui-même tremblait.

Soudain, les deux hommes entendirent un bruit. Des bruits ressemblant à des bruissements d'air.

Des bruissements d'air? Mais alors, cela voulait dire que c'était probablement des battements d'ailes!

Sans rien dire, Spirou se jeta sur le sol et entraîna Fantasio avec lui. Ce dernier n'eût même pas le temps de demander la raison du geste de l'homme roux qu'il aperçut un spectacle macabre.

Un nuée d'oiseaux marrons griffus volaient au-dessus des deux journalistes. Les volatiles avaient des tailles proches de celles des rapaces, des pattes noires ainsi que de longs becs crochus de la même couleur se confondant dans l'obscurité morbide que Spirou et Fantasio traversaient.

Ils poussaient des cris si stridents que les deux amants voulurent se boucher les oreilles. Mais ils ne le pouvaient pas sous peine d'être séparés à jamais dans cet affreux néant noir.

La masse des rapaces était si dense qu'il fallut du temps avant que cette dernière n'eût totalement traversé le couloir.

«-Tu n'as rien? demanda Spirou une fois qu'ils se furent relevés

-Non.

-Continuons.»

.

La marche était toujours aussi longue. Spirou et Fantasio étaient épuisés et avaient de plus en plus de mal à rester debout. Ils avaient l'impression qu'ils allaient s'effondrer d'épuisement, peut-être même pire.

Soudain, ils entendirent des sons. Ces derniers étaient à peine audibles. Néanmoins, si des bruits se faisaient entendre, cela voulait probablement dire que ce morbide couloir allait enfin aboutir quelque part.

«-Suivons ces bruits, dit Spirou»

Tandis qu'ils avançaient dans l'obscurité à l'aide de leur faible lumière, Spirou et Fantasio commencèrent à distinguer davantage les sons les guidant dans le couloir sombre. Ils s'agissaient de voix; ou plutôt de chants. Des bruits de pieds se firent entendre, ce qui fit comprendre aux deux hommes qu'un groupe était en train de danser.

Soudain, alors que les sons devinrent plus audibles, les deux compagnons entendirent des crépitements de feu. Les flammes projetèrent une faible lumière que Spirou et Fantasio aperçurent. Ils accélèrent la marche vers cette dernière espérant que cette dernière les amèneraient quelque part.

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Quelle ne fut la terreur des deux compagnons face au morbide spectacle qui s'offrait à eux.

Des silhouettes vêtus de manteaux et capuches grises-noirâtres dansaient et chantaient dans une salle sombre éclairée par des bougies.

Leurs visages étant indistinguables, ils ressemblaient à des spectres faisant des incantations morbides. Ils chantaient à tue-tête:

«-Les Anges Gris vont accomplir leur mission

Les Anges Gris vont accomplir leur mission

Les Anges Gris vont accomplir leur mission

Les Anges Gris vont accomplir leur mission

Les Anges Gris vont accomplir leur mission

Les Anges Gris vont accomplir leur mission

Les Anges Gris vont accomplir leur mission»

L'une des silhouettes frappa une fois dans ses mains. La danse macabre cessa et tous se tournèrent vers celui devant être leur chef.

«-Mes frères, dit-il, Comme toutes les nuits de pleine Lune, nous allons accomplir notre devoir. Ce monde est corrompu par les abominations, les impies et les impurs. C'est pourquoi les Anges Gris doivent purifier le monde de toutes ses ignominies.

Cette nuit, nous allons sacrifier deux horreurs contre nature et les Anges Gris auront purifié le monde d'une imperfection de plus.»

En entendant ces mots, Spirou et Fantasio sursautèrent et firent tout leur possible pour retenir des cris d'effroi.

Spip grimpa précipitamment sur l'épaule de Spirou. Ce dernier tourna la tête vers Fantasio et dit:

«-Ne trainons pas ici.»

Mais alors qu'ils s'apprêtaient à partir, Fantasio glissa. Spirou parvint à l'empêcher de tomber mais le bruit avait attiré l'attention des Anges Gris.

Sans réfléchir, les deux hommes se mirent à courir.

«-Les impurs! s'exclama le Chef, Rattrapez-les!»

Les Anges Noirs ne se firent pas prier et se lancèrent à la poursuite des deux pauvres fuyards tandis que le chef ouvrit une trappe.

De cette dernière sortirent de terribles rapaces aux becs crochus semblables à ceux que les deux malheureux compagnons avaient croisé.

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Perdus et essoufflés, Spirou et Fantasio coururent de tous côtés en respirant de grandes goulées d'air.

Mais partout où ils allaient, l'obscurité régnait en maîtresse. Il n'y avait aucune issue possible.

«-Spirou, je n'en peux plus, dit Fantasio entre deux souffles, Continue sans moi.

-Non! s'exclama Spirou»

Ils continuèrent à courir dans tous les sens sans savoir où aller.

Les choses empirèrent lorsque les terribles rapaces se jetèrent sur eux en frappant leurs crânes.

Spip parvint à leur mordre des ailes tandis que Spirou et Fantasio se défendirent en leur donnant des coups de poing.

Des pas précipités firent comprendre aux deux hommes que les Anges Noirs se rapprochaient dangereusement d'eux.

Spirou ne cessa de courir mais Fantasio chancela.

«-Sauve-toi Spirou, dit-il d'une voix faible

-Pas question! s'exclama Spirou déterminé à ne pas se sauver seul voire à se sacrifier pour son compagnon»

Fantasio ayant de plus en plus de mal à courir, Spirou n'eût pas d'autre choix que de le soutenir. Le jeune homme roux tenta tant bien que mal de courir à nouveau avec cette nouvelle charge sur ses épaules. Le jeune homme blond remarqua bien qu'il était un poids pour son compagnon et tenta à nouveau de le convaincre de partir sans lui.

«-Spirou pars sans moi. Je vais te ralentir.

-Jamais je ne t'abandonnerai! s'exclama Spirou décidément obstiné

Oh regarde!»

Spirou avait aperçu de la lumière. Cette lumière était étrange car de couleur rouge Ce chemin devait probablement mener vers la sortie!

«-Encore un effort Fantasio. Nous allons nous sortir de là.»

Fantasio tenta de courir afin que Spirou portât une charge en moins sur ses épaules. Cela sembla marcher car ce dernier devint plus rapide dans sa course. La sortie était proche! Encore quelques mètres et ils s'en sortiraient!

«-On y est presque Fantasio!»

Enfin, ils parvinrent jusqu'à la lumière. Cependant, quelque chose d'étrange angoissa le duo. En effet, cette lumière était celle de la pleine Lune. Depuis quand la Lune pouvait-elle être rouge? Et pas de n'importe quel rouge. Cette couleur ressemblait à celle du sang. En voyant ceci, les deux hommes et l'écureuil tremblèrent d'effroi.

Cependant, ils n'avaient pas le temps de se poser des questions sur la situation surnaturelle. En effet, rouge ou pas, cette Lune éclairait ce qui semblait être une forêt isolée.

Les deux jeunes hommes n'étaient donc pas encore sortis d'affaire. Il allait falloir traverser des bois. Pour cela, ils devaient se cacher des Anges Gris toujours à leurs trousses.

Deux chemins s'offraient à eux. Spip, semblant avoir trouvé une idée, guida les deux hommes vers un chemin bien boisé. Ainsi, il serait difficile pour les Anges Gris de les retrouver. Malheureusement, il serait également très dur pour le jeune couple de ne pas se perdre dans ce lieu touffu. Mais ils savaient qu'ils n'avaient pas le choix. Ils s'enfoncèrent dans la forêt et marchèrent à pas de loups tandis que Spip les guidait; ou du moins tentait de le faire.

Se déplacer sous cette Lune sanglante n'était pas une mince affaire. Ils avaient l'impression qu'une créature maléfique les poursuivait et ne renoncerait pas à sa traque tant que ses proies n'étaient pas entre ses mains.

De plus, ni Spirou, ni Fantasio ne devait prononcer le moindre mot car les Anges Gris pourraient les entendre s'ils n'étaient pas loin. Les deux hommes ne pouvaient que se déplacer lentement et, de temps à autre, se cacher derrière des arbres en espérant ne pas être vus.

Soudain, ils furent attrapés par des bras brutaux. Les Anges Gris! Ils les avaient retrouvés!

Spirou et Fantasio se défendirent tant bien que mal face à leurs assaillants. Lors de leurs aventures, ils s'étaient souvent contre des gens peu scrupuleux ou encore des criminels. Mais les Anges Gris n'étaient pas comme les autres. Ils avaient été entraînés pour être des brutes; des tueurs monstrueux éliminant tous ceux qu'ils considéraient comme impurs.

La lutte était inégale et bientôt, les Anges Gris furent bien trop nombreux pour le pauvre couple.

Quand ils furent maîtrisés, le chef vint vers eux.

«-Êtres impurs, nous avons assez perdus de temps. Votre sacrifice est votre destin.

-Le destin, ça n'existe pas! hurla Spirou empli de colère

-Tais-toi insolent! dit l'un des Anges Gris en frappant l'homme roux dans le ventre

-Ne le touchez pas sales brutes! hurla Fantasio furieux

-N'ouvre pas la bouche toi! dit un autre Ange Gris en frappant l'homme blond également dans le ventre

-Grand Gourou, que fait-on de lui? demanda un autre fidèle en soulevant Spip du sol

-Il subira le même sort que les deux impurs, dit le Grand Gourou

-Laissez Spip tranquille! protesta Spirou

-Être impur, nous t'avons dit de te taire, dit le Grand Gourou calmement mais d'une voix sévère

Déshabillez-les, ajouta-t-il en se tournant vers ses fidèles, Mais assurez-vous que leurs appareils génitaux demeurent couverts.»

Les deux hommes tentèrent de se dégager avec toute la force dont ils étaient capables. Ces êtres immondes n'avaient pas le droit de faire ça! Ni de les juger pour ce qu'ils étaient, ni décider de leurs sorts, ni les touche! Et pourtant, ils étaient en train de le faire en s'assurant que le pauvre couple ne pouvait pas se défendre.

En posant leurs mains immondes sur Spirou et Fantasio, les Anges Gris frôlaient leurs fines manches, ce qui donnaient aux deux amoureux l'impression que leurs corps étaient profanés de manière immonde. Bientôt, les pyjamas du couple furent brutalement arrachés les exposant pratiquement nus à leurs bourreaux. Seul deux fragments de vêtement laissé délibérément par ces horribles brutes recouvraient les pénis des deux hommes démunis

«-Emmenez-les, ordonna froidement le Grand Gourou»

Spirou et Fantasio voulurent se prendre par la main pour se donner du courage face à leur morbide sort imminent mais chacun furent attrapés par deux bras les empêchant de faire tout mouvement.

De plus, les Anges Gris les tenaient en joue à l'aide de revolver. Il n'y avait donc plus aucun espoir pour les tourtereaux de s'en sortir.

Ils marchèrent longtemps. Très longtemps. Très très longtemps. Bien trop longtemps au goût de Spirou et Fantasio ne supportant pas de devoir attendre si longtemps le moment de leurs morts. De plus, ils savaient que les Anges Gris leur faisaient probablement prendre un chemin très lent jusqu'au lieu de leur «sacrifice» afin de les faire horriblement souffrir pour que leurs morts leur parût être douce comparée à ces monstres leur faisaient subir.

Ce qui se confirma après un très long moment de marche.

«-Arrêtons-nous là un instant, ordonna le grand Gourou, Vous savez ce que vous avez à faire.»

Un instant. Ces mots voulaient dire que l'horrible Grand Gourou accordait aux amoureux un répit pervers afin de leur faire attendre leur terrible sort le plus lentement possible espérant que les deux amants les supplieraient d'enfin les tuer pour savourer sa victoire.

Cependant, ils ignoraient que Spirou et Fantasio ne feraient jamais cela. Même dans les situations les plus désespérées, ils ne feraient, pour rien au monde, plaisir à un adversaire vainqueur et étaient même fiers de les frustrer jusqu'au bout.

Quand ils se furent arrêtés, une table et des chaises furent dressées. Puis, deux Anges Gris mirent le couvert et retournèrent vers le groupe morbide.

Les monstres qui tenaient Spirou et Fantasio entre leurs mains les menèrent jusqu'à la table et les lâchèrent.

«-Asseyez-vous, ordonna calmement et froidement le Grand Gourou aux deux hommes»

Spirou et Fantasio ne comprirent pas ce qui se passait mais quand ils virent des Anges Gris avec des plateaux sur lesquels se trouvaient des mets, Spirou se tourna et regarda le Grand Gourou avec mépris.

«-Vous auriez pu nous demander quels étaient nos plats préférés avant de préparer notre dernier repas de condamnés.

-Asseyez-vous, répéta le Grand Gourou d'une voix forte»

Malgré lui, Spirou ne put s'empêcher d'être un peu fier car le ton du Grand Gourou montrait qu'il était agacé par son attitude «insolente». Fantasio lui-même semblait fier de voir Spirou parvenir à agacer cet homme monstrueux dans une situation aussi désespérée que la leur.

Comme ils n'avaient pas le choix, ils s'assirent l'un en face de l'autre. Des Anges Gris déposèrent les plateaux remplis de leurs plats.

Il y avait une soupe minestrone, un civet de lapin accompagné de spaghetti aux tomates, une bûche de chèvre à l'apparence raffinée ainsi qu'un beau gâteau au chocolat avec une délicieuse crème fouettée sur le dessus. Le tout étant accompagné du délicieux vin rouge préféré du jeune couple.

En voyant ceci, les pauvres condamnés sursautèrent. Les Anges Gris avaient-ils vraiment cuisiné tous ces mets par pure coïncidence ou avaient-ils des pouvoirs surnaturels leur ayant permis de lire dans leurs esprits pendant qu'ils dormaient?

Ces plats étaient les mets préférés du pauvre couple. Cela depuis le plus beau jour de leurs vies qu'ils n'oublieraient jamais.

.

Tandis qu'il était dans la cuisine, Spirou était très nerveux. Tandis que Fantasio passait toute la journée au bureau, Spirou s'était accordé un jour de congé pour, avait-il dit, se reposer car il avait eu peu de temps pour lui à cause de la charge de travail au journal portant son nom.

Fantasio avait été d'accord car lui-même trouvait que son ami avait trop travaillé et bien dormi pendant la semaine entière.

Mais il ignorait que le jour de repos en question n'avait été qu'un prétexte afin que Spirou put aller en catimini acheter des ingrédients dans un magasin afin de faire un repas délicieux pour lui et son ami. Ami.

Dire qu'après ce soir, il y avait de fortes chances qu'il le perdît. Spirou en avait assez de faire semblant et de se taire. Ou plutôt de passer sous silence les véritables sentiments qu'il éprouvait pour son compagnon d'aventures.

Il avait pourtant ardemment lutté pour se dire que c'était probablement autre chose: juste une grande complicité qu'ils avaient depuis toujours car ils se connaissaient depuis très longtemps et avaient vécu tellement de choses.

Mais il avait fallu se rendre à l'évidence. Il ne le considérait pas comme son ami. Il l'aimait. Spirou était amoureux de Fantasio.

Lorsqu'il avait finalement accepté ses sentiments, il s'était dit que le mieux était de ne rien dire afin de conserver leur amitié dont il aurait pu se contenter. Si Fantasio ne l'aimait pas, il voudrait cesser de le voir afin de lui faire comprendre que ça ne serait jamais possible entre eux. Et ça, il ne pouvait pas le supporter car il avait besoin de lui plus de n'importe qui d'autre au monde.

Cependant, il n'avait pas le droit de mentir à son compagnon car le laisser dans l'ignorance signifiait qu'il ne le respectait pas. Et ça, il ne le supportait pas car ils étaient censés être honnêtes l'un envers l'autre.

Peu importait si Fantasio ne voulait plus le voir après qu'il lui eut dit la vérité. Au moins, il aurait enfin été sincère et serait libéré du poids d'un mensonge bien trop lourd à porter; même si cela condamnait Spirou à la solitude pour toujours.

Cependant, avant que le drame n'arrivât, il voulait qu'ils eurent un dernier repas délicieux. Ainsi, malgré la terrible issue imminente, lui et Fantasio auraient eu un dernier moment de complicité qu'il n'oublierait jamais.

Malgré son chagrin, il s'était appliqué le plus possible pour faire de leur dernier repas le plus beau qui soit. Ils auraient un superbe festin en toute intimité et Spirou emporterait avec lui leur dernier moment merveilleux.

Il avait déjà fait ses bagages et, si Fantasio voulût qu'il s'en alla avant même le lendemain, il irait passer une nuit dans un hôtel avant de prendre le premier train pour il-ne-savait-pas-où.

Alors qu'il avait tout juste fini de préparer la table, Spirou entendit Fantasio ouvrir la porte.

«-Pfouh, quelle journée! soupira-t-il, Ce Gaston de malheur a fait des siennes en amenant une tortue de compagnie au bureau qui a mangé presque tout le papier de la Rédaction. Quand Boulier et Dupuis l'ont vu, ils ont dit «Ici, c'est pas un journal. C'est non seulement une maison de fous mais aussi un zoo.»

Spirou pouffa en entendant cela. Il était vrai que Gaston faisait des gaffes légendaires pouvant rendre fou tout le personnel du Journal où travaillaient les deux reporters.

Si les gaffes en question pouvaient être agaçantes, Spirou et Fantasio étaient amusées par ces dernières malgré eux. Certes, Fantasio était souvent victime des bêtises de ce grand gamin mais quand elles étaient passées, ils en parlaient en riant car les situations étaient comiques.

Dire que Spirou allait probablement devoir abandonner cet environnement dans lequel il se sentait si bien malgré quelques hics entre leurs supérieurs ainsi que les problèmes de fin de mois auxquels Spirou et Fantasio pouvaient parfois être confrontés. Mais Spirou aimait surtout les voyages à travers le monde qu'impliquaient son métier de journaliste. Surtout quand il les faisait avec Fantasio étant toujours présent pour l'accompagner dans ses aventures. Ou plutôt quand ils partaient tous les deux à l'aventure.

Fantasio. L'aventure. Tout serait, sans le moindre doute, bientôt fini. En effet, quand Fantasio saurait ce qui Spirou ressentait réellement pour lui, il ne pourrait plus le voir car le journaliste roux ne supporterait pas de devoir rester là où Fantasio travaillait. C'était pourquoi il démissionnerait après ce délicieux repas qu'il avait fait avec soin.

«-Wow! Le couvert est déjà mis? dit Fantasio en voyant la table dressée, Tu as fait la cuisine pendant que je n'étais pas là?

-Oui, dit Spirou

-Oh! Tu n'étais pas obligé, dit Fantasio, Assieds-toi, je vais aller chercher le dîner dans la cuisine et servir les assiettes.

-Non! dit Spirou précipitamment, Toi, assieds-toi. Tu as travaillé toute la journée, tu dois te détendre. Je me charge de tout.»

Fantasio ne comprit pas. Spirou semblait avoir envie d'être aux petits soins pour lui. Or, habituellement, son ami lui disait que ce n'était pas parce qu'il avait terminé le travail que ça devait servir de prétexte pour ne rien faire à la maison.

Néanmoins, ne voulant pas contrarier son co-locataire semblant vraiment avoir envie de tout faire, il s'assit sans rien dire tandis que Spirou allait dans la cuisine.

Lorsque Spirou arriva avec l'immense plateau rempli de plats semblant délicieux, Fantasio fut médusé. Ce repas du soir avait tout d'un dîner de fête.

Il y avait une soupe minestrone, un civet de lapin accompagné de spaghetti aux tomates, une bûche de chèvre à l'apparence raffinée ainsi qu'un beau gâteau au chocolat avec une délicieuse crème fouettée sur le dessus. Le tout étant accompagné d'un délicieux vin rouge.

Tous ces mets dégageaient une délicieuse odeur mettant Fantasio en appétit.

Certes, il avait faim mais le journaliste blond avait préféré manger doucement en se disant que Spirou avait préparé tout ceci avec soin. Un tel festin ne méritait pas d'être englouti mais savouré.

Le journaliste roux, lui, mangeait également lentement en regardant Fantasio en souriant. Comme il aimait le voir être heureux, même pour les choses les plus simples telles de la bonne nourriture.

«-Et bien, dit Fantasio, J'ignorais que tu avais de tels talents culinaires. Aurais-tu pour projet de démissionner du Journal et devenir cuisinier professionnel?»

En entendant ceci, Spirou se retourna et baissa les yeux. Dire que Fantasio parlait sur le ton de la plaisanterie sans se rendre compte d'à quel point il était proche de la réalité.

«-Spirou, reprit Fantasio après que son ami se fut inexplicablement détourné de lui, Ca ne va pas?»

Spirou n'avait pas le choix. Il devait faire comme prévu et assumer les conséquences de sa décision. Il prit une grande inspiration et se retourna devant son ami.

«-Fantasio, tu sais que je tiens beaucoup à toi, n'est-ce pas?

-Bien sûr que oui, dit le journaliste blond surpris par une telle question, Moi aussi, je tiens beaucoup à toi. Tu es mon meilleur ami.

-Je sais.

-Alors pourquoi poses-tu une question pareille?»

Spirou se leva de table et s'éloigna lentement de cette dernière. Néanmoins, il resta dans la pièce.

«-Tu m'inquiètes Spirou, demanda Fantasio en se relevant»

Il avait pris sa décision. Il s'était résolu à lui dire la vérité mais c'était tellement difficile.

«-Spirou, ça ne va pas? demanda l'homme blond en allant vers l'homme roux»

Spirou se donna du courage en se disant intérieurement qu'il devait le faire. Tandis que Fantasio arriva jusqu'à lui, il se retourna et prit une nouvelle inspiration.

«-Fantasio, cela fait très longtemps que nous nous connaissons. Nous avons vécu tant de choses et avons toujours été sincères l'un envers l'autre.

-C'est normal. C'est fait pour ça les amis.

-S'il te plaît, laisse-moi continuer. Seulement il y a une chose sur laquelle je n'ai pas été sincère envers toi.

-Laquelle?

-Tu voudras probablement plus que je vive ici après que je te l'ai dit, dit Spirou après un instant de silence, Tu voudras même sûrement ne jamais me revoir.

-Qu'est-ce que tu racontes? s'exclama Fantasio qui n'envisageait pas une seule seconde de devoir ne jamais revoir son compagnon d'aventures, Spirou, ne dis pas des choses pareilles!

Je ne te laisserai jamais disparaître de ma vie parce que je…je…»

Trop centré sur lui-même, Spirou n'avait même pas remarqué que Fantasio s'était mis à bégayer et se retenait d'éclater en sanglots.

Lui-même avait très envie de pleurer. Mais il devait garder son sang-froid à tout prix.

«-Tu auras une bonne raison pour me faire disparaître de ta vie après que je t'ai dit ce que j'ai à révéler, reprit l'homme roux

-Spirou, ne dis pas ça. Je n'aurai jamais envie de te faire disparaître de ma vie. Même si tu avais fait quelque chose de mal.»

Ces mots firent chaud au cœur de Spirou. Fantasio lui affirmait qu'il lui serait toujours été fidèle même s'il ferait des actes jugés répréhensibles.

Sauf cette fois-là. Parce que les vrais sentiments du jeune homme roux à son égard allait briser ce lien si précieux qu'ils avaient créés.

«-Pas cette fois, soupira tristement Spirou

-Pourquoi? demanda Fantasio de plus en plus perdu

-Fantasio, je vais tout de dire. Ce ne sera pas facile pour toi de l'entendre mais il le faut. Après ça, je ne te demanderai de me pardonner. Juste de ne pas me juger.

-Spirou…

-S'il te plaît, laisse-moi parler.»

Spirou prit une grande inspiration. Puis il releva la tête et regarda Fantasio droit dans les yeux. C'était le moment fatidique. Le moment où sa vie allait s'écrouler. Le moment où tout ce qu'il avait construit allait être détruit. Le moment où il allait devoir douloureusement tout reprendre à zéro.

«-Je t'aime.»

Fantasio, tout ébaubi, fixa Spirou à son tour. Est-ce qu'il avait bien entendu ce que Spirou avait dit? N'était-il pas en train d'imaginer qu'il entendait ces mots? Rêvait-il en croyant que Spirou lui faisait cette confession?

En voyant le regard de Fantasio, Spirou s'imagina que ce dernier avait peur de lui. Le fait qu'il ne réagissait pas et restait immobile prouvait qu'il était terrorisé.

«-J'ai déjà fait ma valise, dit Spirou en se dirigeant vers sa chambre

-Mais où iras-tu? dit Fantasio en poursuivant son compagnon

-Je ne sais pas. Mais ma vie ne fait plus partie de tes affaires.

-Pourquoi?

-Parce que nous ne pouvons plus vivre ensemble. Et c'est à moi de partir parce que tout est de ma faute.

-De ta faute? Mais quelle faute?

-Tu as entendu ce que j'ai dit donc tu sais très bien de quoi je parle, dit Spirou en s'emparant de sa valise

-Spirou…

-Laisse-moi partir!

-Pas question! dit Fantasio en se plaçant devant la porte de la chambre de son compagnon pour l'empêcher de s'en aller, Je n'ai aucune raison de te laisser partir.

-Si tu en as une.

-Laquelle?

-Tu ne m'aimes pas comme je t'aime.

-Qu'est-ce que tu en sais?»

À ces mots, Spirou lâcha sa valise trop surpris par ce qu'il venait d'entendre. Malgré lui, il eût un mouvement de recul qui le fit trébucher. Fantasio le rattrapa par les coudes et l'obligea à le regarder dans les yeux.

«-Moi aussi, il y a une chose à propos de laquelle je ne suis jamais parvenu à être sincère envers toi. Et je n'ai jamais réussi à te le dire. Pas comme toi qui a osé me l'avouer. Cela fait si longtemps que ce que je ressens pour toi va au-delà de l'amitié.

-Quoi?! s'exclama Spirou qui avait du mal à croire ce qu'il entendait

-Jamais je n'aurais réussi à t'avouer mes vrais sentiments pour toi. Si tu n'avais pas assez eu le courage de me dire la vérité sur ce que tu ressens pour moi, nous aurions vécu toutes nos vies à nous aimer en secret sans savoir que nous avions la chance de vivre une vie sentimentale depuis longtemps.

-Tu…tu m'aimes? bégaya Spirou en espérant que la confession de Fantasio ne fût pas un rêve

-De tout mon cœur, dit Fantasio en souriant»

Malgré eux, les deux hommes se mirent à pleurer. Chacun des deux s'était imaginé que son amour était à sens unique. Et tous deux s'étaient trompés.

S'ils avaient su plus tôt, ils n'auraient pas souffert en silence chacun de leurs côtés.

Heureusement, à cet instant, ils avaient fait une merveilleuse découverte: un amour sincère l'un envers l'autre.

Tandis que tous deux continuaient à pleurer, Spirou s'empara du visage de Fantasio.

«-Nous avons toujours une chance de vivre une vie sentimentale»

Sur ces mots, Spirou s'empara des lèvres de Fantasio et l'embrassa avec passion. Fantasio répondit à son baiser avec délectation tandis que Spirou les entraîna dans son lit.

Au fil des minutes, les vêtements s'envolèrent et atterrirent sur le sol. Le baiser se transforma en une succession de suçons tandis que les deux hommes poussèrent des gémissements de plaisir. Il fallut peu de temps avant que le pénis de Spirou durcit. Un liquide en surgit brutalement tandis que Spirou hurla. Fantasio se jeta sur le membre droit comme un I et goûta la gâterie s'offrant à lui. Pour faire du bien à Spirou, Fantasio fit goûter à son compagnon sa propre semence. Cela les fit tous deux rire. Pour le remercier de cette «friandise particulière», Spirou demanda à Fantasio de se relever. Celui-ci ne discuta pas tandis que Spirou lui demanda demandé de fermer les yeux. À peine quelques secondes s'écoulèrent jusqu'à ce que Fantasio sentit les lèvres de Spirou s'emparer de son membre qui ne tarda pas à faire la même chose que celui de son compagnon.

Pour la première fois de leurs vies, ils étaient dans le même lit se livrant au plaisir de la chair avec délectation se surprenant de se découvrir très gourmands au lit en se goûtant comme des sucreries.

De longues heures après, épuisés, Spirou et Fantasio s'allongèrent dans le lit. Fantasio avait bien sa propre chambre mais les deux préférèrent partager un même lit pour se sentir apaisés et, surtout, aimés.

Avant qu'ils ne s'endormirent, Spirou tourna la tête vers Fantasio et dit:

«-Je t'aime Fantasio.»

Fantasio tourna la tête à son tour et regarda Spirou dans les yeux en souriant. Il lui fallut très peu de temps pour dire:

«-Je t'aime aussi Spirou.»

Et les deux partagèrent un autre baiser juste avant de s'endormir.

.

Que se serait-il passé si Spirou n'avait jamais offert son cœur à Fantasio? Les Anges Gris n'auraient-ils pas été à leurs trousses pour les «punir» de cet amour? Aurait-il été mieux de continuer à mener une existence dans le mensonge afin de rester en vie?

Spirou se sentait tellement coupable. En se confiant à Fantasio, il l'avait condamné à mort. Et vu comment se comportaient les Anges Gris, ce serait, sans le moindre doute, une mort atroce.

Fantasio, qui connaissait très bien Spirou, le regarda dans les yeux et mit une main sur sa joue. Il savait que ce repas lui rappelait le soir de sa confession; et les yeux tristes de son compagnon en disaient bien plus que des mots pouvaient exprimer.

«-Ne penses même pas une chose pareille! Ce n'est pas du tout de ta faute, dit le jeune homme blond au jeune homme roux»

Ils avaient eu tant d'autres nuits au lit après la première. Ils en avaient même eu une avant d'être enlevés par cette horrible secte.

Ils s'étaient livrés au plaisir de la chair pendant plusieurs heures entremêlant leurs corps dans une danse de plaisirs magiques se touchant et se goûtant avec passion. Comme s'ils avaient su que ce serait la dernière fois qu'ils se montreraient à quel point ils s'aimaient.

«-Spirou, les moments que j'ai passé avec toi ont été les plus merveilleux de ma vie.

-Ces moments avec toi ont été aussi les plus merveilleux de ma vie Fantasio»

Sur ces mots, ils s'embrassèrent pour se montrer l'intense ardeur de leur amour mutuel.

Malheureusement, leur baiser fut bref.

«-Êtres impurs, vous n'êtes pas ici pour continuer à souiller le monde, dit le Grand Gourou d'une voix forte

Emmenez-les, dit-il en se tournant vers ses fidèles»

Sur ces mots, les deux furent brutalement arrachés au festin et séparés l'un de l'autre par des bras les empêchant de rester côte à côte.

Les Anges Gris étaient tellement infâmes qu'ils ne les laissaient même pas se tenir une main pour se donner du courage durant le chemin jusqu'à l'issue fatale.

Chemin qui sembla à nouveau tellement long pour le pauvre couple. On les forçait à marcher dans cette forêt à la Lune sanglante dont la route semblait proche de celle d'un couloir sans fin.

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Au bout d'un très long moment de marche, la foule sortit de la forêt et se dirigea vers un paysage rocailleux. Une chute d'eau coulait dans une rivière aux flots agités.

«-Préparez le sacrifice, dit le Grand Gourou»

La Lune rouge donnait à la rivière une teinte sanglante à la rivière. Ainsi, les flots translucides de l'eau avaient été souillés par cet astre maléfique. Et ils allaient être davantage et, surtout, cruellement souillés par les Anges Gris sur le point d'y jeter les corps de deux innocents.

Spirou et Fantasio furent placés devant le gouffre aux flots sanglants tourbillonnants. Ils s'entraînèrent dans une douce étreinte tandis que les Anges Gris enchaînaient leurs chevilles avec de lourdes pierres.

Les deux amants eurent à peine le temps d'échanger un autre baiser en pleurant qu'ils sursautèrent en entendant le Grand Gourou s'exprimer de vive voix.

«-Êtres impurs, vous avez été amenés jusqu'ici car vous avez choisi une façon de vivre contre-nature. Au nom du bien commun, vous allez être sacrifiés afin de purifier ce monde.

Avez-vous des ultimes paroles?»

Spirou et Fantasio se regardèrent dans les yeux. Au bout d'un instant, hochèrent la tête faisant ainsi comprendre qu'ils partageaient la même idée.

Ils se tinrent par la main, regardèrent le lieu de l'issue fatale et dirent en même temps:

«-Rien ne nous séparera jamais.»

Sur ces mots, ils furent poussés par deux Anges Gris dans la morbide eau sanglante.

Tous deux fermèrent les yeux. Les caisses étaient si lourdes qu'elles ne tardèrent pas à les entraîner au fond de l'eau morbide. Ils se serraient la main avec force afin d'être ensemble jusqu'à leur horrible fin.

Bientôt, ils ne parvinrent plus à respirer. Le pauvre couple suffoqua atrocement et comprit qu'ils disparaissaient de ce monde.

.

«-NOOOOOON!»

Deux jeunes hommes venaient de se réveiller dans leur lit. Tous deux avaient hurlé et s'étaient relevés brusquement.

Tous deux regardèrent autour d'eux en tremblant avant de se retourner l'un vers l'autre.

Spirou et Fantasio se reconnurent et se fixèrent. Ils étaient dans leur chambre assis sur leur lit. Spip dormait confortablement installé dans sa pantoufle.

À l'extérieur, l'aube venait à peine de se lever. Le soleil dardait de ses faibles rayons à travers la fenêtre.

Le couple comprit alors ce qu'il s'était passé: ils venaient de faire le même cauchemar. Cela leur avait parut si réel qu'ils avaient encore l'impression d'être morts.

Bouleversés, ils se serrèrent dans leurs bras et pleurèrent tout leur saoul.

«-Oh Fantasio, c'était horrible! dit Spirou d'une voix emplie de sanglots, J'ai cru que nous…

-Je sais Spirou, dit Fantasio sur le même ton, Je l'ai cru moi aussi.»

Ils n'ajoutèrent pas un mot et continuèrent à se bercer mutuellement. Ils ne savaient pas comment il était possible qu'ils aient fait le même cauchemar mais ils s'en moquaient. Tout ce qu'ils désiraient était se réconforter mutuellement.

Il était encore tôt mais ils savaient qu'ils n'arriveraient pas à se rendormir. Le mieux à faire était probablement de boire une tisane pour se sentir apaisés mais aucun des deux n'avait envie de quitter la chambre chacun ne voulant pas être seul et ayant peur que l'autre disparaîtrait pour toujours s'il quittait la pièce un seul instant.

Ce ne fut qu'au bout d'un très long moment que les deux hommes eurent la force de mettre fin à leur étreinte. Leurs pleurs s'étaient calmées mais ils avaient toujours peur.

«-Fantasio? demanda Spirou d'une petite voix

-Oui Spirou?

-Tu peux mettre un peu de musique?

-Tout de suite, dit Fantasio tout en déposant un baiser sur le front de Spirou»

Il y avait un ordinateur dans la chambre commune. Fantasio n'aurait donc pas besoin de quitter la pièce pour mettre un air égayant. Ainsi, Spirou, et lui-même, seraient rassurés en écoutant de la musique douce ensemble.

Afin que le sommeil revint, Fantasio choisit une musique douce et apaisante et se réinstalla doucement dans le lit. Spirou l'embrassa tendrement tandis que Fantasio mit ses bras autour de ses épaules. Son compagnon en fit de même et tous deux se caressèrent le dos tout en s'allongeant dans leur lit. Bercés par la musique, leur baiser et leurs propres caresses, ils se sentirent tomber à nouveau dans les bras de Morphée.

«-Spirou, murmura Fantasio d'une voix douce

-Oui Fantasio?

-Quoiqu'il puisse nous arriver dans le futur, je t'aimerai toujours.

-Je sais, dit Spirou en souriant, Je t'aimerai toujours aussi Fantasio.»

Sur ces mots, les deux amants s'endormirent apaisés dans leur cocon rassurant. Mieux encore, ils ne firent aucun cauchemar et sourirent dans leur sommeil.

C'était vrai, peu importait les aventures tournant parfois à la mésaventure, les criminels qui avaient souvent essayé de les tuer ou encore les persécuteurs et leurs jugements infondés à leurs sujets.

Rien ne les séparerait jamais car ils seraient toujours ensemble pour le meilleur et pour le pire. Et être ensemble était tout ce qui comptait pour eux.

ET VOILÀ! Bravo à tous ceux qui sont restés jusqu'au bout. Vous avez eu beaucoup de courage.

Si cette série d'OSs vous a intéressé jusqu'ici, rassurez-vous le prochain sera bien plus joyeux.

À bientôt!