Je suis QUOI ?!

Venir au Palais Impérial n'avait jamais été dans le top vingt des occupations préférées de Boya.
Lorsque Fangyue était au pouvoir, il le tolérait pour aller la voir.

Lorsque les héritiers présomptifs s'étaient entre-tués pour monter sur le trône après elle, il avait été contraint d'y venir aussi bien pour rappeler à tous que malgré sa naissance, il ne voulait PAS être empereur, tout autant que pour calmer un peu tout le monde avant qu'il ne reste réellement plus personne de la lignée et qu'il soit contraint et forcé par défaut de reprendre le flambeau.

Le gagnant avait été un cousin dans la quarantaine qui avait un humour un peu tordu, était dramatiquement pragmatique, bon militaire et étrangement… humain.

Alors, parce que le nouveau Empereur était curieusement supportable, Boya ne se faisait pas trop prier pour venir aux banquets organisés pour une raison ou une autre. Surtout quand il s'agissait d'une raison joyeuse comme le passage à l'âge adulte d'un prince ou d'une princesse. C'était toujours amusant de voir ceux qui étaient considérés comme des enfants jusque là se faire harceler par des parents avides de leur faire épouser leur propre progéniture.

"- Majesté."

"- Boya Daren ! Je ne pensais pas que vous viendriez." Souriait l'Empereur tout en faisant signe à un serviteur d'approcher un siège pour Boya.

Le maitre de JingYun s'assit près de l'Empereur avec soulagement. Il avait été blessé quelques jours plus tôt. Si la cicatrisation des chairs allait vite, les os mettaient plus de temps à se ressouder. Il boitait donc encore assez bas malgré les bons soins de QingMing.

Le demi-démon l'avait longuement grondé pour ses blessures. QingMing se comportait souvent comme une mère poule avec son ami.

"- Alors, qu'avez-vous de neuf à me raconter, Boya Daren ?"

"- Pas grand-chose, Majesté. La vie de Maitre de JingYun est assez répétitive dans son originalité."

L'Empereur eut un petit rire amusé.

"- Et chez vous ? Je n'ai pas encore été informé de la naissance d'un enfant. Vous commencez à prendre de l'âge."

Boya approchait la quarantaine.

"- Il faudrait encore que je sois marié, Majesté. Ce qui n'est pas le cas."

Le Maitre de Toute la Chine releva le nez de sa tasse de thé, les yeux ronds. Comment ca qu'il était pas marié son cousin ? Mais sa coiffure ? Depuis des années, il avait abandonné le simple chignon haut des célibataires pour une coiffure infiniment plus raffinée qu'il lui aurait été de toute façon impossible de se faire seul. Tout le monde était persuadé qu'il était marié depuis près de dix ans.

L'Empereur allait poser une question lorsque les jeunes de la cours se présentèrent finalement un à un devant lui. En échange de prêter allégeance au trône et à la dynastie, l'Empereur leur reconnaissait leur existence et leur offrait un petit cadeau. La tradition existait depuis toujours.
Lorsque tous les garçons furent passé, les jeunes filles se présentèrent à leur tour. Elles jouaient de la prunelle devant les princes et les célibataires bien né quel que soit leur âge, même bien trop vieux pour elles. Mais aucune n'avait le moindre geste envers Boya alors qu'il était l'un des meilleurs partis de la salle. Boya en était soulagé. Il n'avait jamais été intéressé par les femmes. Lorsqu'elles avaient cessé de lui faire des avances, il en avait été affreusement soulagé. Sans doute était-il trop vieux maintenant. Ca lui allait très bien. Pourtant, les gamines tout juste considérées comme des femmes n'hésitaient pas à sourire à des célibataires de trois fois leur âge.

Bref.

Une fois les derniers jeunes gens officiellement acceptés parmi la cours, l'Empereur retourna à ce qui l'intéressait, à savoir son étrange cousin si éloignée des réalités de la vraie vie.

"- Vous n'êtes pas marié mais votre coiffure est bien élaborée."

"- C'est juste QingMing qui m'a demandé de me coiffer comme ça. Il adore s'amuser avec mes cheveux."

Le chasseur avait levé les yeux au ciel. Son petit sourire indulgent était étrange sur son visage toujours sévère.

L'Empereur étrécit les yeux, suspicieux.

"- Oui, vous avez toujours été très proche de QingMing Daren depuis que vous avez sauvés l'Empire.

"- C'est mon meilleur ami ! Et puis il passe son temps à cuisiner pour moi alors si faire mumuse avec mes cheveux peut lui faire plaisir, je ne vais pas protester. Ce n'est pas grand-chose."

"- Je vois… Il cuisine pour vous alors ?"

"- Tous les soirs oui, quand je rentre à la maison."

"- Quand vous…. Mais vous habitez ensemble ?"

Boya avala une tasse de thé.

"- Ho oui ! Il m'a proposé il y a longtemps de s'installer dans sa maison. Elle est grande et il y est tout seul avec ses shishen. On s'entends bien alors pourquoi refuser ? C'est pratique pour tous les deux."

"- Je vois." Répéta l'Empereur.

Un ministre s'approcha avec un message qu'il donna à l'Empereur. L'homme le lut avant de soupirer.

"- Boya Daren, le devoir m'appelle. N'hésitez pas a profiter de la fête."

"- Je ne suis venu que pour vous, Majesté. Je vais rentrer à la maison. Il est rare que je puisse rentrer aussi tôt, QingMing sera content.

"- Votre ami sera ravi."

Le sourire de Boya était large. Bien sur que QingMing serait content. Il était son meilleur ami du monde entier après tout. Passer du temps avec lui et ce qu'il osait appeler leur petite famille même s'il n'en avait sans doute pas le droit était toujours un plaisir.

Boya avait sauvé les deux jeunes princes de leur stupidité plus que du démon qui avait voulu les bouffer. Les deux jeunes hommes étaient penauds. Plus d'avoir faillit se faire tuer à cause de leur entrejambe bien trop énergique que parce qu'ils avaient eut besoin de se faire sauver par le chasseur de leur père.

Ils avaient tenté de jouer de leur rang pour forcer Boya à garder le silence mais le chasseur n'en avait eut que faire. Il les avait attrapé par le col pour les trainer jusqu'à l'Empereur sans la moindre pitié.

C'était ce qui expliquait que le Seigneur soit très occupé à crier sur ses deux imbéciles de rejetons. Voulaient-ils noyer la dynastie dans la honte ? Voulait-ils voir le trône se ridiculiser ? Ils avaient faillit mourir pour les seins de quelque courtisane ? Si leur entrejambe les démangeait à ce point, il allait les marier avant le changement de saison ! En attendant, ils étaient confinés dans leurs palais jusqu'à ce que leur père leur pardonne. Et puisqu'ils s'ennuyaient, leur professeurs allaient les faire trimer du lever au coucher du soleil. L'Empereur ne les laisseraient pas se vautrer davantage dans le stupre et la débauche !

Silencieux un peu à l'écart, Boya attendait que l'Empereur finisse de jouer son rôle de père. De temps en temps, le chasseur de JingYun hochait la tête. Il faisait un peu pareil quand les enfants de QingMing faisaient n'importe quoi.

Finalement, des gardes entrainèrent les deux princes dans la plus grand détresse pour subir leur punition. Ils n'avaient jamais été battu, il était temps qu'ils finissent par comprendre que toute action entrainait une réaction. La bastonnade ne serait pas monstrueuse évidemment, mais une dizaine de coups de bâtons leur ferait rentrer plus efficacement dans le crane le niveau de stupidité qu'ils avaient atteint.

Une fois seul avec Boya, l'Empereur se laissa tomber sur un lit de jour. Il invita Boya à s'y asseoir de l'autre coté de la petite table. Un serviteur leur apporta du thé, du vin de pèche puis se retira avec célérité.

"- Ha, ces enfants seront toujours un problème." Soupira l'

"- Ils sont à un âge difficile." Confirma Boya.

Le chasseur ajouta un peu d'alcool dans le thé de l'Empereur.

"- Vous devez en voir de toutes les couleurs au temple avec vos shidi, Boya Daren."

"- Pardonnez-moi de dire cela, Majesté. Mais nos disciples sont mieux éduqués que les enfants de la noblesses. Ils apprennent très tôt que toute action à des conséquences qu'ils doivent assumer."

L'Empereur grogna.

"- J'aurais dû vous envoyer tous mes rejetons."

"- Nous en aurions pris soin, Majesté. Soyez en sûr. Il est toujours difficile d'être assez dur avec ses propres enfants."

"- A croire que vous en savez quelque chose, Boya Daren."

"- Moi ? Ho non ! Mais je vois les enfants de QingMing. Ils sont gâté pourris.

L'Empereur était une fois de plus stupéfait.

"- … les enfants de QingMing Daren ? Je ne savais pas qu'il était marié et père !"

"- Il n'est pas marié et il est maman !" Rit Boya sans le moindre complexe. "Ses renardeaux sont souvent des catastrophes naturelles. Heureusement que je suis là pour l'aider."

Cette fois, l'Empereur était perdu. Que… Quoi ? Maman ? Pas marié ?

"- Vous m'avez perdu, Boya Daren.

"- QingMing est un demi-renard, vous le savez."

L'Empereur avait eu la chance de voir le maitre du nord sous sa forme vulpine et meme intermédiaire. Les deux étaient impressionnantes.

"- Heu… oui ?"

"- Il peut aussi changer de sexe complètement, ou juste modifier une partie de son anatomie. Il a voulu avoir des petits et les a eu."

"- … et qui est le père ?"

"- Je n'en sais rien, je ne lui ai pas demandé. Je n'oserais pas."

"- Mais… Vous l'aidez à les élever ?"

"- Bien évidemment ! Il m'a demandé. Et puis j'étais là pour leurs naissances. A chaque fois, je suis là pour lui tenir là main."

L'Empereur était de plus en plus perplexe sur la relation des deux hommes.

"- Vous m'aviez dit que vous habitiez ensemble, oui."

"- Je me suis installé chez lui après la fête qu'il a organisé pour me présenter à tous ses shishen et rencontrer mon Zongzhu, mon Shifu et mes shidi."

"- … Une fête ? Il a organisé une fête ?"

Boya reprit un peu de thé, un sourire très tendre aux lèvres.

"- Il m'a proposé d'être mon meilleur ami pour toujours. J'ai accepté bien sûr. Alors il a organisé une fête, histoire que nous puissions rencontrer les familles l'un de l'autre avant de prêter serment d'amitié pour toujours. QingMing a toujours été un solitaire rejeté par les siens. Je peux comprendre qu'il ait eut besoin de quelque chose d'officiel pour être rassuré d'avoir quelqu'un de son côté pour toujours." Ca lui avait fait plaisir aussi.

C'était pour lui aussi la certitude d'avoir un vrai ami pour toujours avec lui. Un serment, c'était toujours important. Ils avaient juré de prendre soin l'un de l'autre, entre autre. Boya avait été extatique que son ami veuille de lui à ce point.

L'Empereur ne savait pas s'il devait éclater de rire ou être consterné.

Qu'est ce que…. Boya était-il à ce point à l'ouest ou avait-il été abusé ?

"- Majesté !"

L'Empereur soupira.

"- Il faut que j'y aille, Boya Daren. Revenez me voir à l'occasion !"

"- Je n'y manquerai pas, votre Altesse."

Boya s'inclina devant l'Empereur avant de retourner à JingYun pour s'occuper de ses shidi. QingMing ne l'attendait pas à la maison avant la nuit.

La rencontre suivante entre l'Empereur et Boya eut lieu quelques semaines plus tard dans les jardins du palais.

Le maitre présentait les jeunes séniors qu'il allait laisser de faction auprès des prêtres du palais pour les six mois à venir. C'était une habitude. Il y avait toujours une phalange de disciples de JingYun dans les murs du palais pour agir dès que nécessaire. Boya aussi avait passé six mois dans la caserne des jeunes chasseurs quand il avait eut vingt ans. C'était pendant son séjour au palais qu'il avait vraiment passé du temps avec Fangyue.

Il arrivait parfois que des amourettes se nouent entre disciples et nobles. Ces mariages expliquaient aussi l'étroitesse des relations entre JingYun et l'Empire. Nombreux étaient les descendants de cultivateur parmi les nobles.

"- Majesté."

Les disciples se prosternèrent pour imiter leur shixiong.

"- Boya Daren. Il y avait longtemps que vous ne nous aviez pas amené de la chair fraiche !"

Les jeunes disciples rougirent.

"- Ce sont des bons petits. Ils connaissent leur métier."

"- Si vous les avez formé, je n'en doute pas une seconde." Approuva encore l'empereur.

Boya donna encore quelques ordres aux disciples qui mourraient d'angoisse que l'Empereur soit resté pour assister à cette étrange relève de la garde.

Les anciens disciples étaient prêt à retourner à JingYun après leurs six mois au Palais. Ils s'inclinèrent devant l'Empereur puis saluèrent leur shixiong, leurs shidi puis il fut l'heure pour eux de partir.

L'Empereur invita Boya à le suivre dans les jardins une fois que plus personne n'eut besoin de lui.

"- Comment allez-vous, Boya. Vous n'êtes pas venu depuis un moment."

"- Mes excuses, j'ai été très occupé. Les nouveaux shidi de l'année viennent d'arriver, QingMing a été malade et mon Shifu a décidé de me former à la gestion financière. J'ai très peur qu'il ne veuille que je prenne sa place quand il prendra sa retraite."

"- Ca n'a pas l'air de vous faire plaisir. Normalement, les gens tueraient, et tuent, pour avoir des promotions."

"- J'aime être un chasseur, Majesté. Je crois que je deviendrais fou à rester derrière un bureau à longueur de journée."

L'Empereur pouvait comprendre. C'était ce qu'il faisait et avait régulièrement l'impression de devenir fou lui-même.

"- Comment va QingMing Daren ?" L'homme venait très peu au palais. L'Empereur l'aimait bien mais il n'était que marginalement toléré par la plus par des nobles à cause de ses origines. "A-t-il été blessé ?"

"- Non, sa dernière grossesse qui est un peu plus difficile que les autres. De plus, il n'aime pas quand je m'éloigne trop quand il est dans les derniers jours." L'Empereur faillit avaler ses dents. Il avait toujours du mal à accepter qu'un mâle puisse être maman. "j'ai toujours du mal à quitter le lit le matin quand il est dans cet état-là."

"- … Parce que vous partagez le meme lit ?" L'homme était incrédule.

Boya s'empourpra affreusement.

"- Bah, c'est plus simple. Les renards blancs sont grégaires. Il n'aime pas dormir seul. Et puis ça laisse de la place aux petits quand ils sont assez grand pour quitter la tanière maternelle."

L'Empereur eut soudain un sourire égrillard. Il donna un petit coup de coude au chasseur.

"- Avouez, Boya. Vous couchez avec lui, n'est-ce pas ?"

Cette fois, le chasseur était écarlate. Il voulait juste aller se cacher.

"- Nous sommes… Amis avec bénéfices. Et puis, les renards blancs sont à la fois très sensuels, très timides et ont des besoins très forts. Je me contente d'aider un ami."

Voilà voilà…

L'Empereur n'en pouvait plus.

Il partir d'un immense éclat de rire.

"- Boya… Vous n'avez pas besoin de travestir votre mariage avec QingMing Daren ainsi vous savez. Pas devant moi. Je serais bien le dernier à vous reprocher d'avoir réussit à trouver votre bonheur, aussi étrangement que ce soit."

"- Mais… mais nous ne sommes pas mariés !" Protesta encore Boya, perdu.

"- Boya Daren… enfin…

"- Majesté !"

L'inquiétude croissante sur le visage de Boya commençait à rendre l'Empereur perplexe.

"- Venez avez moi."

Il l'entraina une fois de plus dans son bureau, demanda du thé et de l'alcool puis chassa serviteurs et gardes.

Boya s'envoya le thé assaisonné derrière la cravate, les mains tremblantes. Qu'est ce que l'Empereur racontait ? Il n'était pas marié ! Aucune femme ne l'avait jamais intéressé alors qu'est ce qu'il racontait ?

"- Boya Daren… Reprenons voulez vous ? QingMing Daren vous coiffe en homme marié. Vous vivez avec lui dans sa maison. Vous dormez dans son lit. Vous avez des relations sexuelles avec lui. Vous élevez ses enfants avec lui. Il vous a demandé votre main et vous avez accepté"

Boya protesta faiblement. QingMing ne lui avait jamais demandé sa main.

"- C'est juste qu'on est ami…"

"- Qu'est ce qu'il vous a dit précisément ?"

"- …Qu'il voulait passer sa vie avec moi et qu'il serait heureux si j'acceptais… si j'acceptais… lui ?"

"- … Boya… C'était une demande en mariage. Vous avez meme eut droit à une cérémonie devant votre temple et sa famille !"

"- Mais… mais…"

"- Comment étiez-vous habillés ?"

"- …Avec nos uniformes ?"

"- Comme il se doit pour des membres éminents d'une secte."

"- …."

"- Boya. Il faut que vous voyez les choses en face. Vous êtes mariés avec QingMing Daren depuis des années, vous avez des enfants avec lui que vous élevés et vous êtes très heureux comme ça."

Mais Boya ne l'entendait plus vraiment. Il y avait comme un bruit blanc dans ses oreilles.

Marié ? Lui ? Avec QingMing ? C'était lui le père de leurs renardeaux ? Il ne s'était jamais posé la question. Il était juste heureux que QingMing le laisse les élever avec lui, lui qui n'avait jamais été attiré par les femmes et n'aurais jamais pensé pouvoir avoir des enfants autrement qu'avec une fille.

"- … C'est pour ca qu'ils m'appellent "Baba ?". Il avait toujours cru que c'était juste une affectation charmante.

Elle lui réchauffait le cœur et le faisait se languir tout autant que les petits de QingMing ne soient pas réellement ses enfants.

La timidité étonnée dans la voix de Boya brisa le cœur de l'Empereur.

"- Mais… QingMing Daren ne vous en a jamais parlé ?" Boya avait été marié par accident ? Pire, par surprise ? Lui avait-on mentit ? "N'avez-vous jamais comprit que vos enfants sont les vôtres ?" le renard démon avait-il d'autres amants ?

"- Et bien… je n'y ai jamais réfléchit. "avoua-t-il.

Depuis dix ans, il s'était laissé vivre dans un train-train confortable et rassurant. QingMing lui avait offert ce dont il avait rêvé depuis toujours. Ou au moins, depuis la mort de sa mère : une famille, une place, un endroit où il se sentait bien, où personne n'attendait rien de lui. Il avait accueillit chaque petit avec un étonnement heureux. Il avait tenu la main de QingMing à chaque naissance. Il l'avait aidé à les allaiter grâce aux sorts du renard. Il les aimait comme s'ils étaient les siens. Et voila qu'on lui expliquait qu'il n'avait jamais comprit ? Qu'ils étaient les siens ? Il n'avait jamais demandé a QingMing s'il avait d'autres amants que lui. Le renard était un renard. Le chasseur était partit du principe qu'il ne pouvait sans doute pas se retenir. Après tout, QingMing flirtait avec tout ce qui bougeait. Alors… Ses enfants de cœur étaient vraiment ses enfants ?

Ils étaient vraiment mariés ?

Il avait été… si stupide ! Si idiot de ne pas comprendre !

Non, il n'avait pas voulu comprendre de peur d'être déçut.

L'Empereur avait raison.

Ils vivaient ensembles, ils étaient mariés, ils avaient des enfants…

"- Majesté, si je puis me retirer."

"- Boya Daren, ca va aller ?"

"- Oui !" Il avait un grand sourire timide. "J'ai besoin d'aller parler à mon QingMing."

"- Alors filez, Boya Daren. Mais tenez moi au courant, d'accord ?"

"- Je n'y manquerais pas, Majesté."

Boya s'inclina sommairement avant de filer à toutes jambes.

Il rejoint JingYun a toutes vitesses pour appelez Xue TianGou pour qu'il ouvre un portail pour lui. QingMing n'était pas en état de lui ouvrir. Leur plus jeune renardeau allait naitre d'ici quelques jours à peine. QingMing était tellement dilaté que Boya espérait des jumeaux.

Lorsque le portail s'ouvrit, il marcha presque sur le tengu qui s'écarta de justesse pour éviter de se faire piétiner.

Qu'est ce qui arrivait à Boya ?

Le chasseur se débarrassa de son uniforme à toute vitesse pour le remplacer par les robes confortables qu'il portait toujours à la maison. QingMing n'aimait pas l'odeur de son uniforme.

Propre comme un sou neuf, il se rua auprès de son renard qui dormait avec leurs petits autour de lui.

"- Baba !"

Le plus grand de leurs renardeaux, un petit garçon de neuf ans, se sortit de la tanière pour venir se serrer contre lui.

Le cœur de Boya menaça de lui sortir de la poitrine. C'était ses petits. Maintenant qu'il prenait le temps, il retrouvait son visage dans celui de chacun de leurs petits. Ils avaient tous son nez droit, les yeux doux de leur maman, les lèvres fines de leur père… Non c'étaient bien ses enfants.

Boya souleva son ainé pour le serrer très fort contre lui.

"- Je vous aime tellement mes trésors."

Le petit garçon resta figé. C'était bien la première fois que leur papa le lui disait. Parfois, il en doutait à mesure qu'il grandissait. Leur papa était toujours là pour lui et leur maman, mais il était toujours sur la réserve. Leur maman leur disait que c'était le caractère de leur papa. Mais ca manquait. Ça manquait de câlins pour les petits renards qu'ils étaient. Ça manquait d'amour.

"- Baba ?"

"- Je vous aime." Répéta-t-il avant de s'asseoir sur le bord du lit énorme où dormait QingMing.

Son fils se serrait contre lui de toutes ses forces.

"- Je t'aime aussi, baba."

Le cœur de Boya se fendait autant qu'il se gonflait de tendresse. Les autres renardeaux se réveillèrent l'un après l'autre, contents de voir leur baba. Ils ne tardèrent pas à réclamer eux aussi des câlins. Ils étaient rare de la part de leur baba. Ils savaient tous qu'il les aimait mais..

Boya finit par avoir les larmes aux yeux d'être noyé dans l'amour de ses enfants.

S'il avait su… S'il avait compris….

Il avait été stupide.

Maintenant, est-ce que QingMing avait gardé le silence exprès ou n'avait-il pas comprit ? Ou pire… avait-il eut peur qu'il les abandonne s'il avait compris ? Connaissant QingMing, sans doute un mélange de tout ça.

"- Boya ?"

QingMing venait de se réveiller, gêné par les mouvements sur le bord de la tanière.

"- Comment te sens-tu, QingMing ?"

"- Je suis fatigué. Les petits sont très agités."

Boya fit quelque chose qu'il n'avait jamais fait jusque-là. S'il avait toujours été un soutient pour le demi-renard, il n'avait jamais été impliqué comme devait l'être un père.

Il posa la main sur le ventre de QingMing pour lui transférer un peu de qi et calmer le renardeau à venir.

QingMing resta stupéfait par le geste de son ami. Même s'ils étaient mariés depuis près de dix ans et que Boya était un époux exemplaire, il n'avait jamais été particulièrement affectueux ou prévenant. QingMing n'avait jamais cherché à le forcer. Il était déjà tellement heureux qu'ils soient mariés… leurs enfants étaient si beau ! Il n'aurait jamais espéré qu'ils soient suffisamment compatibles pour avoir des petits. Le premier était arrivé totalement par surprise. Depuis, QingMing en avait porté un tous les dix-huit mois ou deux ans. Ils avaient sept petits. Il attendait le huitième avec impatience. Une fille peut-être cette fois ? Il voulait une petite princesse. Il voulait l'appeler Fangyue.

"- Tu as besoin d'encore du repos, QingMing. Je vais m'occuper des enfants pour le diner."

QingMing était presque inquiet. Qu'est ce qui se passait ?

Boya entraina leurs petits avec lui jusqu'à la cuisine. Les enfants étaient si heureux que leur papa s'occupe d'eux !

Lorsque Boya revint dans la chambre, il avait à la main un lourd plateau de diner pour son renard et lui.

"- Les enfants sont lavés, nourris et couchés. J'ai joué avec eux avant de les coucher. Ils étaient épuisés." Ils devraient rester dans leurs chambres. Meme le plus jeune devrait dormir dans le lit qu'il partageait avec son frère tout juste plus âgé que lui.

"- … Qu'est ce qui se passe, Boya ?" Toute cette sollicitude en venait à grandement inquiéter QingMing qui n'avait pas besoin de stress additionnel dans son état actuel.

"- J'ai eu une discussion fascinante avec l'Empereur, QingMing. Qui m'a ouvert les yeux sur beaucoup de choses." De la peur passa sur le visage de QingMing à la grande tristesse de Boya. "Préfères-tu qu'on discute maintenant ou veux-tu manger d'abord ?"

Le pauvre demi-renard avait l'estomac trop noué pour manger aussi Boya posa-t-il le plateau sur une petite table. Il retira ses chaussures pour venir prendre son mari dans ses bras.

Le demi-démon s'était raidit. Était-ce le prélude au départ de Boya ?

"- QingMing… Pourquoi ne m'as-tu jamais dit clairement que nous sommes mariés et que les petits sont les miens."

Le nordiste battit stupidement des paupières une longue minute, incapable de comprendre ce que Boya venait de dire.

Finalement, il lâcha un couinement nonsensique qui le surpris autant que Boya.

"- P… Pardon ?"

"- J'ai toujours cru que nous étions juste des amis avec avantages, que tu avais pris pitié de moi quand tu m'as accueillit chez toi, quand tu m'as offert une famille. Je ne savais meme pas que les petits étaient les miens" Et comment aurait-il put le savoir quand il n'avait meme pas comprit qu'ils étaient mariés.

"- Mais… mais… Boya, nous sommes mariés ! Tu étais là ! Tu as accepté ma demande !"

"- Je n'avais pas compris, QingMing. Je pensais que nous étions juste amis." Répéta Boya sans colère, juste un peu de tristesse dépitée. "Et puis… pour le mariage, nous n'étions meme pas en rouge !" Comment aurait-il pu savoir ? Pas une seule fois, pas à un seul moment quiconque n'avait parlé clairement de mariage.

Des larmes étaient montées aux yeux de QingMing.

"- Tu… Tu veux me quitter ? Nous quitter ?"

"- Quoi ?" Encore une fois Boya était perdu. Les quitter ? Mais pourquoi ? "Mais pourquoi je voudrais ca ? Pourquoi je voudrais perdre mes enfants et mon mari ?"

"- Parce que tu ne savais meme pas que c'était le cas ?"

Boya l'embrassa comme il ne l'avait jamais fait. Le chasseur embrassa son démon comme un amoureux embrassait sa moitié et non simplement sur la joue.

"- Je suis parfois aveugle aux choses les plus importantes, QingMing. Tu aurais dû me dire clairement ce que tu voulais de moi. Tu sais que je ne suis pas brillant quand des sentiments sont en jeu."

"- Ho, Boya…"

"- Mais maintenant que je sais… est-ce que tu veux bien m'épouser pour de vrai cette fois ? Juste tous les deux. Sans personne. Juste nous deux et….QingMing ?" Le demi-démon venait de lâcher un coassement de douleur que Boya connaissait bien. "Je vais chercher MiChong."

"- Attends !" Supplia QingMing en le rattrapant au vol "Attends…"

"- Je reviens immédiatement, mon renard." Boya prit son visage entre ses mains. "Je t'aime, Anbei QingMing. Et je suis heureux d'être ton mari et le père de tes enfants."

Il s'enfuit des mains de QingMing pour aller chercher la petite shishen.
Toute la maison s'organisa très vite par habitude.
Sha ShengShi s'occuperait des autres petits s'ils se réveillaient, Xue TianGou et Kuang HuaShi obéissaient aux ordres de MiChong pour la délivrance et Boya restait près de QingMing.

En général, le chasseur se contentait de prendre sa main dans la sienne et d'attendre. Cette fois, il s'assit dans son dos et le garda dans ses bras pour qu'il s'appuie contre lui.

Avec un soutien inattendu de la part du père du bébé, la naissance se passa bien plus vite que toutes les autres. Les deux renardeaux nouveau-nés s'endormirent dans les bras de leur mère moins d'une heure après le début des contractions.

Quelque chose c'était passé pour que Boya s'intéresse enfin pleinement à sa famille, au grand plaisir et au grand soulagement des shishen.

Boya leur demanda de faire venir leurs ainés auprès d'eux pour qu'ils soient tous ensembles.

QingMing pleurait doucement dans les bras de son mari.

Il était heureux.

Boya sourit à ses… à leurs enfants qui se roulèrent tous contre eux dans leurs poils. Il se pencha pour embrasser encore QingMing sur la tempe.

Leurs deux nouvelles boules de poils étaient superbes.

"- Il faudra que je trouve un cadeau pour l'Empereur." Sans lui, il n'aurait toujours pas comprit.

Sans lui, il aurait continué à vivre sa vie non avec sa famille mais en parallèle de la leur.

"- Je vous aime tellement mes amours…"

Il était marié, père et heureux.

Il ne lui aurait jamais fallut que dix ans pour le comprendre.

Parfois, Yuan Boya n'était pas très brillant.

NOTES

Boya et QingMing sont mariés avec des enfants.
Boya n'était pas au courant