Correctrice : Clina
Personnages : Ikki du Phoenix, Esméralda
Ship : Esméralda/Ikki
Type d'écrit : romance, angst
Titre : Onirisme
La lumière matinale frôlait son visage cherchant à l'éveiller. Ikki grogna et il se retourna pour fuir la luminosité de l'aurore et profiter un peu plus longtemps de son sommeil. Il était un petit dormeur, n'ayant besoin que d'une poignée d'heures pour se reposer. Mais quand il dormait dans un lit aussi confortable et qu'il se sentait aussi serein, il appréciait en profiter un peu plus longtemps. C'était tellement rare ces moments de plénitude et de paix. Alors il était hors de question qu'il sorte du lit aussi tôt ce matin. Le monde n'était pas à sauver après tout, ni son petit frère. Il passa un bras sous l'oreiller voisin au sien et il soupira enfonçant son nez dedans. L'odeur était douce et agréable. C'était un mélange léger de fleurs printanières. Il connaissait cette senteur. Il reconnaissait toujours son odeur, à elle. Un léger sourire naquit sur ses lèvres alors qu'il profitait un peu plus longtemps du moment. Il savait où elle était et ce qu'elle faisait. Étrangement elle se levait toujours avant lui.
Le Phoenix bailla doucement, mais il conserva les yeux fermés. Privé de la vue, il se concentra sur ce que ses autres sens pouvaient lui apprendre. Il pouvait sentir son parfum enivrant et pourtant léger, qui se mélangeait lentement aux senteurs du petit-déjeuner. Ikki pouvait l'entendre s'affairer dans la cuisine pour préparer le repas matinal tout en chantant de sa voix mélodieuse et douce. C'était un son des plus agréables au réveil. Il avait conscience aussi de la légère chaleur des lieux, mais qui n'avait rien de comparable avec la chaleur aride de l'île de la Reine Morte où il s'était entraîné. Non ici c'était une température douce et agréable qui réchauffait lentement ses muscles et sa peau. Il se sentait bien et étrangement apaisé. En fait, il pouvait se dire heureux. Et il savait qu'il devait cela à l'Ange, qui veillait sur lui et qui l'attendait dans la cuisine pour partager le petit-déjeuner. Ce moment suspendu dans l'éternité du temps, Ikki prit quelques minutes de plus pour le savourer. Il était bien dans cet entre-deux, ce moment unique entre le sommeil et l'éveil, où l'esprit pas encore totalement actif se complaît à prolonger les rêveries de la nuit.
Finalement avec un petit soupir de bien-être, il ouvrit les paupières. Il papillonna quelques instants pour s'habituer à la luminosité matinale de la pièce. Un autre soupir lui échappa. Pour une raison inconnue, son esprit ne semblait pas avoir envie de se lever. C'était comme si quitter la chaleur douillette de son lit allait provoquer un enchaînement moins agréable de faits. C'était ridicule. Il le savait. Roulant sur son dos, Ikki prit le temps de s'étirer un peu et d'observer le rideau qui voletait doucement sous la légère brise matinale. Il faisait assez clair dans la pièce baignée de lumière solaire. Le Phoenix se concentra à nouveau sur les bruits venant de la cuisine et sur sa bien-aimée. Même si elle ne possédait pas de Cosmos comme lui, il avait toujours eu la capacité de sentir sa présence et de savoir comment elle allait. Et son bonheur à elle primait sur tout le reste pour Ikki. Elle était son grand amour et ce qu'il avait de plus précieux, qu'il chérissait le plus. S'il avait survécu à son entraînement c'était grâce à ses bons soins à elle. La surnommer Ange n'avait au fond rien d'anodin dans sa tête.
Après quelques secondes de plus, Ikki repoussa la couverture et il sortit du lit. Il était temps d'aller saluer son bel Ange et de profiter d'une nouvelle journée de paix à ses côtés. Pieds nus sur le plancher, il avança silencieusement vers la porte. Il ne désirait pas se faire repérer trop rapidement pour avoir le loisir d'admirer la jeune femme quelques minutes. Il aimait graver son image parfaite dans son esprit, prenant le temps de savourer chaque matin la chance qu'il avait de l'avoir à ses côtés pour le restant de sa vie. Un désagréablement mais très éphémère pincement mordit brièvement son âme. Mais il chassa l'impression rapidement. Il voulait profiter de ses rituels matinaux en compagnie de son âme-sœur. Il s'inquiéterait plus tard du reste. Pour Ikki ne comptait que l'instant présent qu'il savait précieux et unique. Quand le moment était passé, rien ne pouvait permettre de le revivre si ce n'était le souvenir qu'il imprimait en nous. Et pour que cette réminiscence soit parfaite, il fallait ouvrir tous ses sens pour se gorger de tous les minimes détails qu'il pourrait percevoir. Le Phoenix désirait graver pour l'éternité la beauté de ce tableau dans son esprit, pour ne jamais l'oublier. C'était une sensation presque vitale qu'il ne s'expliquait pas vraiment.
Poussant la porte, il s'arrêta dans l'embrasure et il admira le joli spectacle qui s'offrait à lui. Elle était de dos, préparant de toute évidence la fin du petit-déjeuner. La table était déjà mise pour eux, et le chant des oiseaux lui parvenait par la fenêtre ouverte. Le soleil offrait à sa chevelure blonde des reflets dorés et brillants. Elle s'était attachée les cheveux en une tresse lâche comme à chaque fois qu'elle cuisinait. Ikki s'appuya contre le mur et il la regarda s'activer avec soin et précision, un léger sourire tendre ornant les lèvres du Phoenix. Elle portait une chemise bleu foncé trop grande pour elle, sûrement une des siennes, au-dessus d'un short en jeans qu'il devinait plus qu'il ne voyait réellement. Elle était pieds nus elle aussi, une habitude quand elle était chez eux. Sa voix basse et mélodieuse chantonnait un air qu'il ne reconnaissait pas, mais qu'il appréciait parce que c'était elle qui le chantait. Il y avait quelque chose de surréaliste à la scène, mais Ikki ne pouvait dire d'où lui venait cette sensation. La cuisine ne faisait qu'un avec le séjour et le tout donnait sur une terrasse. La porte-fenêtre était d'ailleurs ouverte. C'était une pièce de vie moderne et pratique, meublée et décorée avec soin. Il y avait même un bouquet de fleurs au milieu de la table. Il se sentait chez lui ici, parce qu'elle était là. Quand il regarda à nouveau vers elle, il croisa son beau regard émeraude qui le fixait avec tendresse. Elle avait un joli sourire amoureux accroché à ses lèvres rosées. Ikki se fit la réflexion qu'elle était parfaite et très belle.
« Bonjour Ikki. J'ai cru que tu ne te lèverais pas aujourd'hui. », le salua-telle avec humour.
« Bonjour Esméralda », se contenta-t-il de répondre en avançant dans la pièce. « Cela sent bon, comme toujours quand tu cuisines. » Il fut ravi de la voir légèrement rougir alors qu'elle essuyait ses mains et qu'elle s'approchait de lui presque timidement.
« J'espère que ce sera bon dans ce cas. Je t'ai préparé tout ce que tu aimes pour le déjeuner. », répliqua-t-elle alors qu'Ikki s'arrêtait face à elle.
Le Phoenix ne répondit pas directement. Il prit le temps de détailler son joli minois aux traits fins. Il avait la sensation étrange qu'il devait se gaver de sa vision autant que possible en cet instant, pour ne jamais oublier le moindre détail de son apparence physique. Il admira le jeu de lumière dans ses pupilles émeraude, qui le regardaient en retour avec tout son amour pour lui. Ses yeux étaient magnifiques et brillant de tellement d'émotions positives et de tendresse pour sa personne. Certains jours, il se disait ne pas mériter son affection. Puis son regard glissa sur sa peau nacrée et légèrement rosie sur ses joues. Instinctivement, il leva la main et il caressa sa joue avec toute la douceur qu'il pouvait mettre dans ses gestes pour elle. Sous ses doigts, il put constater à nouveau la fraîcheur et la douceur de sa peau. En inspirant, il pouvait sentir son léger parfum de fleurs printanières. Esméralda fit un pas de plus et elle se retrouva prisonnière de ses bras puissants, alors qu'il penchait la tête pour enfouir son nez dans sa chevelure dorée. Ses mèches blondes le chatouillèrent un peu. Et Ikki ferma les yeux, se gorgeant au maximum de sa présence, de son odeur et de la chaleur de son corps blotti en sécurité contre le sien. Il la protégerait toujours. Il veillerait toujours sur elle.
« Je suis certain que ce repas sera fabuleux. Tu es une cuisinière hors pair. », déclara-t-il en s'éloignant d'elle pour mieux la regarder. Il remarqua son joli sourire. « En quel honneur ai-je droit à un tel petit-déjeuner ? »
« Parce que tu as de nouveau protégé notre planète. », répondit-elle. Et Ikki fronça légèrement des sourcils, surpris par la réponse. Mais il n'eut pas le temps de se questionner plus que cela. « Et parce que je t'aime. » Lentement, Esméralda se mit sur la pointe des pieds pour lui voler un baiser. Leurs lèvres se frôlèrent avec délicatesse alors qu'Ikki fermait les yeux …
Et le Phoenix n'avait pas besoin de rouvrir les yeux pour savoir ce qui l'attendait. C'était à chaque fois la même chose. Pourtant, ravalant la tristesse et la douleur qui lui mordait l'âme et son cœur meurtri, il fit l'effort de soulever ses paupières encore lourdes de fatigue. La pièce lumineuse de vie avait laissé place à une chambre d'hôpital sombre et impersonnel. Il n'y avait plus chant des oiseaux, ni odeur de bon petit repas préparé avec amour. Il ne restait que l'odeur aseptisée des médicaments et le bruit constant et régulier des machines médicales. Le froid s'abattit subitement sur son être et un frisson parcourut son corps. Les ténèbres étaient toujours présentes, preuve qu'il faisait toujours nuit. Et Esméralda n'était plus là, au creux de ses bras à lui offrir son amour et sa tendresse. C'était à chaque fois le même scénario. Une larme solitaire roula le long de sa joue alors qu'il fixait le plafond sombre au-dessus de sa tête. Il aurait aimé rester plus longtemps dans son rêve. Il aurait aimé que ce ne soit pas un rêve. Il aurait voulu vivre ensemble cette vie-là, simple et pourtant si merveilleuse en bien des points. Mais ce n'était possible que dans ses rêves maintenant.
Un soupir lui échappa. Et Ikki s'assit lentement sur le lit. Son corps le faisait souffrir comme après chaque bataille. La tristesse restait ancrée en lui, avec les remords et la culpabilité. Pourtant il y avait un vague réconfort dans sa situation misérable et douloureuse. Il pouvait sentir le Cosmos de ses quatre frères. Et les savoir vivants eux aussi allégeait un peu sa peine. Avec un regard pour la fenêtre close, Ikki se dit qu'il aurait aimé rester inconscient plus longtemps pour profiter à nouveau de la chaleur de l'amour d'Esméralda. Elle lui manquait. Et les seuls moments qu'il pouvait partager avec elle étaient ceux-là, aussi brefs puissent-ils être : c'était quand il était dans cet entre-deux monde, entre l'inconscient suite au combat et l'éveil. C'était comme si elle le ramenait à la vie à chaque fois, lui promettant que lors de son prochain combat elle serait à nouveau là pour veiller sur lui, tel l'Ange qu'elle avait toujours été à ses yeux. Une seconde larme silencieuse roula sur sa joue alors qu'il fixait le ciel étoilé par la fenêtre.
« Je t'aime aussi, Esméralda. », murmura-t-il dans le silence. Et même si cela était impossible, il avait l'impression qu'elle pouvait l'entendre et qu'une légère caresse frôlait sa joue tiède et humide de larmes. Mais ce n'était qu'une illusion… Cependant c'était tout ce qui lui restait d'elle, le rêve d'une vie normale et simple et ses souvenirs pour retracer ses doux traits dans son esprit.
