Attention, ce chapitre contient une scène violente.


CHAPITRE 23 : Incident au bar

Les petites bulles pétillèrent sur sa langue un bref instant. Le liquide froid coula dans sa gorge, et ruissela sur son menton. Le contenu de la chope disparut en un rien de temps et celle-ci atterrit sur le comptoir avec force. Malgré son amour pour l'alcool, Zoro n'y trouva pas de plaisir. La bière était bonne, certes, mais quelque chose l'empêchait de la savourer pleinement comme il le devrait. Une sorte de mauvais pressentiment si l'on puit dire. Nami était au cœur de ses tourments, bien entendu… comme depuis le début qu'ils avaient commencé à être plus que des nakamas…, non, il devait être franc avec lui-même, c'était depuis qu'il avait posé les yeux sur elle. Mais aujourd'hui, plus que les autres jours, et le fait qu'elle soit enceinte, y était pour beaucoup. Désormais, lorsqu'ils accostaient sur une île, il ne pouvait s'empêcher d'être plus vigilant et plus protecteur envers elle. Il voyait bien que cela la contrariait, mais c'était plus fort que lui. Pour l'avoir expérimenté, porter la vie la rendait vulnérable, et il avait sa part de responsabilité.

Cependant, la navigatrice en avait eu plus qu'assez de son chaperonnage, et l'avait gentiment congédié en lui offrant une belle somme pour aller se rincer au bar. Et sans taux d'intérêt s'il vous plait ! Voilà qui prouvait qu'elle souhaitait ardemment se débarrasser de lui pour quelques heures. En d'autres circonstances, il aurait sauté sur l'occasion, avec méfiance certes, mais en étant ravi. Or, là, il avait dû accepter à contrecœur, avec en échange, la certitude que Robin l'accompagnait bien. Et voilà qu'il buvait autant de bières qu'il le désirait, sans y prendre goût.

Ce genre de comportement ne lui ressemblait pas…

- Je vous ressers ?

Zoro leva les yeux de sa chope pour voir le barman qui l'observait en attendant sa réponse. Avec un vague grommellement qui manifestait son accord, il lui tendit le contenant vide. Le temps que l'homme lui remplissait une autre tournée, le bretteur porta la main à son haramaki pour sentir le den den mushi qui se cachait à l'intérieur et s'assurer ainsi de sa présence. Tant que la bestiole restait silencieuse, il n'y avait pas à s'inquiéter. Une chope pleine réapparut sous ses yeux et l'épéiste se dépêcha de tremper ses lèvres dans le liquide amer, avec l'espoir d'y noyer ses incertitudes.

La porte dans son dos s'ouvrit pour laisser entrer un nouveau client, ce qui n'était en rien anormal pour un bar où les gens allaient et venaient régulièrement, et en général il n'y prêtait que peu d'attention. Cependant, lorsque la personne posa le pied dans l'établissement, un changement, imperceptible pour la plupart, s'opéra dans l'atmosphère. S'il n'en montra rien à l'extérieur, Zoro fut instantanément aux aguets. Les intentions de ce nouvel individu n'étaient pas encore clairement définies, mais sa force en revanche, se distinguait très bien. Ce n'était pas n'importe quel touriste ou citoyen de cette ville.

Les pas s'avancèrent tranquillement vers le bar, puis la personne vint s'assoir sur le siège vacant à sa droite. Zoro glissa un bref regard dans sa direction, et vit une jeune femme accoudée au comptoir. Juger le physique des gens n'était pas quelque chose qu'il pratiquait, mais si le pervers de cuisto était là, il tomberait certainement aux pieds de cette femme. Elle était grande, la peau bronzée avec des formes généreuses, et des longs cheveux blonds comme les blés, attachés en queue de cheval. En somme, elle avait du charme. Cependant, il n'était pas du genre à s'arrêter sur ce détail.

La jolie blonde commanda un verre de gin et le barman fut bien trop heureux d'accéder à sa requête. Pendant un moment, elle sirota tranquillement sa boisson et Zoro ne prêta plus attention à elle.

- Ce sont de beaux katanas que vous avez-là.

Le nez dans sa bière, l'épéiste lui jeta une œillade en biais pour voir si elle s'adressait bien à lui. Effectivement, elle s'était détournée pour lui faire face, et affichait un sourire charmeur.

- Humph… merci.

Pourvu qu'elle n'entame pas la conversation… Il ne se sentait clairement pas d'humeur à papoter. En général, son air bougon et ses réponses laconiques suffisaient à dissuader les gens de s'intéresser à lui. En général… sauf qu'il y avait des exceptions, comme Luffy, Nami, sans qui, il ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Et puis il y avait cette femme, à son grand regret.

- Ce sont des armes que je trouve fascinantes par leur simplicité, mais qui a demandé un travail d'une extrême complexité. L'élégance mêlée à la sobriété. Cependant, un katana, aussi bien affuté soit-il, n'est rien sans un épéiste digne de ce nom…

C'était une façon étrange d'aborder les gens, et bien qu'il ne définirait ses sabres en de tels termes, Zoro ne pouvait pas la contredire sur ce point. Et justement, quand il crut que cela ne pourrait pas être plus bizarre, la jeune femme se pencha vers lui, envahissant son espace vitale, si bien qu'il put sentir son souffle chaud lui caresser l'oreille. Il se raidit aussitôt, détestant par nature les contacts physiques avec les personnes qu'il ne connaissait pas.

- Et il se trouve que j'ai un gros faible pour les hommes maniant l'épée… surtout quand ils sont aussi séduisants.

Une main impudente vint se poser sur sa cuisse et remonta lentement, avec aplomb, vers son entre-jambe. Passé le moment de stupéfaction, Zoro intercepta l'intruse d'une poigne de fer sur le poignet gracile. Il se ficha bien de sa voir s'il lui faisait mal ou non. Cette femme était un peu trop directe à son goût, et il n'y avait que dans ce genre de situation où cela le dérangeait (enfin tout dépendait de la personne, surtout si celle-ci était rousse avec de grands yeux noisette). Ce qui le mit encore plus en rogne, car en plus de ne pas être intéressé, il était en couple.

Il reposa sa bière et tourna la tête vers la jeune femme avec un regard assassin. Cela ne parut pas la refroidir car elle demeurait toujours aussi près de lui, à quelques centimètres de son visage et lui souriait avec amusement. Son agacement monta d'un cran. Zoro maintint le contact visuel et replaça la main de la blonde près de sa propriétaire.

- Désolé mais je ne suis pas intéressé, alors allez respirer l'air de quelqu'un d'autre, gronda-t-il.

Cependant quand il la relâcha, elle lui ressaisit aussitôt et la serra dans la sienne.

- Je m'appelle Maya, se présenta-t-elle sans se démonter.

- Je m'en fiche ! s'énerva le bretteur en arrachant sa main de la poigne de la jeune femme comme si elle venait de le brûler. J'ai déjà quelqu'un dans ma vie ! Tu perds ton temps.

Cela sembla enfin calmer les ardeurs de la dénommée Maya, qui recula quelque peu, mais dont le sourire restait intact. Au moins, Zoro se sentit mieux après avoir retrouvé son espace. Maya croisa une jambe parfaitement galbée sur l'autre, exposant sa peau halée, et posa le coude sur le comptoir pour reposer son menton dans sa main. En revanche, elle le détaillait toujours comme si elle allait le dévorer, ce qui le mettait franchement mal à l'aise.

- Hum… je crois que non.

Hein ? Qu'est-ce qu'elle lui chantait celle-là ? Il en avait connu des gens avec un excès de confiance en eux, mais là ça tenait de l'exceptionnel.

- Et tu veux que je te dise pourquoi ?

Sa première réponse fut non et il ouvrit la bouche pour lui en faire part ainsi que la renvoyer paître de façon peu aimable, mais elle le devança. Maya se repencha vers lui, plus près encore cette-fois, ses lèvres à quelques millimètres des siennes et le fixa droit dans les yeux.

- Parce que tu es assis là, en compagnie d'une femme magnifique alors que ta copine rousse a rendu son dernier soupir, il y a plusieurs minutes de cela.

Un long frisson glacé lui traversa l'échine. Non, elle se moquait de lui, elle cherchait à lui faire peur. Mais… comment savait-elle qu'il s'agissait de Nami ? Non, c'était surement une coïncidence ! Nami était avec Robin, elle allait bien. Qu'importe, elle avait dépassé les bornes en suggérant que la navigatrice avait péri. Il voulut se reculer brusquement mais une force invisible l'en empêcha. Une étrange brume rosée s'échappa de sa bouche lorsqu'elle parla et elle s'infiltra contre son gré dans ses narines. Tout à coup, il se sentit bizarre, sa tête était légère comme s'il avait trop bu, et son esprit était tout embrumé.

- C'est quand même dommage pour elle… elle était mignonne pourtant… Et dommage aussi pour le bébé… Cornélius n'est pas du genre à se montrer clément, même envers une femme enceinte.

Sa voix mielleuse résonna dans sa tête et quand le sens de ses paroles atteignit son cerveau, le sang de Zoro se glaça. Cette fois, ce ne pouvait pas être une coïncidence, elle parlait bien de Nami. Cependant il se refusait à croire qu'elle soit morte, ce n'était pas possible !

- Vois le bon côté des choses, plus rien ne t'empêche de t'amuser un peu avec moi désormais, si c'est ça qui te bloquait, susurra-t-elle en passant une main le long de son visage.

Ses mâchoires se contractèrent à son contact. Tout son être s'insurgeait à sentir ses doigts glisser sur sa peau, à l'écouter planifier des choses qui le révulsaient. Pourquoi était-il incapable de bouger ? est-ce que ça avait un lien avec la brume rose qu'elle lui avait soufflé au visage ? S'agissait-il d'une capacité d'un fruit du démon ? Maya continua de lui caresser la joue, puis ses cheveux et ensuite ses boucles d'oreille. Si seulement il pouvait remuer le bras, il lui trancherait la main sans hésiter.

Bientôt, sa main descendit le long de son cou puis continua plus bas sur son torse, où elle toucha sa peau dénudée de ses pectoraux sans vergogne. Elle se mordit la lèvre, et il lut l'envie dans ses prunelles émeraudes. En retour, Zoro se débattit plus ardemment contre la brume ensorcelante qui lui engourdissait l'esprit. Maya fit effleurer ses lèvres contre sa joue alors qu'elle lui caressait le torse sous son yukata.

- J'adore quand mes proies me résistent, ça rend les choses beaucoup plus piquantes. Malheureusement cela ne dure jamais bien longtemps… mais elles n'y peuvent rien, c'est mon pouvoir qui finit par avoir raison d'elles… tout comme toi dans quelques minutes. Pour ton information, j'ai mangé le fruit du parfum. Je peux produire différentes fragrances pour manipuler l'esprit des gens, mais mon préféré, c'est celui des phéromones. Ou comme certains l'appellent, le filtre d'amour…

Non ! Elle ne pouvait le contraindre à faire ça ! Il devait impérativement rompre le charme qu'elle usait sur lui. La main poursuivit sa descente en passant sur son haramaki pour filer toujours plus bas.

- Je dois t'avouer que j'ai hâte qu'il fasse effet pour que l'on commence à s'amuser tous les deux. Tu verras, quand tu seras devenu docile, ça te plaira énormément, et tu ne penseras même plus au corps sans vie de ta femme. Ne t'en fait pas, je pari que Cornélius aura conserver sa tête en souvenir, histoire de récolter la prime qui va avec. J'espère qu'il y aura un petit supplément pour le bébé dans son ventre…, ronronna Maya contre ses lèvres, prête à l'embrasser.

Intérieurement, il bouillonnait de rage. Ignoble, cette femme était ignoble. Au moment où ses doigts arrivèrent sur son entre-jambe, Zoro se concentra au maximum pour chasser la brume. Sa volonté d'acier créa une brèche et il s'engouffra dedans sans attendre. Seule une partie de son corps retrouva sa mobilité, et il leva le bras pour la saisir à la gorge. Surprise par l'attaque, Maya écarquilla les yeux avant qu'il ne l'envoie valser à l'autre bout de la pièce. La brume se dissipa enfin se son cerveau et l'épéiste fut à nouveau libre de ses mouvements. Les quelques clients qui se trouvaient dans le bar, observèrent la scène, complètement ébahis, alors que la jeune femme se redressait maladroitement d'entre les tables et les chaises qu'elle avait renversé dans sa chute. Dès l'instant où Zoro dégaina son précieux Wado Ichimonji, les personnes venues boire leur bière tranquillement, s'enfuirent comme s'ils avaient le diable aux trousses. Seul le barman tenta de s'interposer, mais un regard du bretteur suffit à le faire reculer, pour aller se cacher dans la remise.

Rien ni personne ne pourrait l'empêcher de faire la peau à cette garce. Elle voulait s'amuser avec lui ? eh bien il allait lui laisser un souvenir inoubliable de leur rencontre ! Enfin… si elle survivait. Et ensuite, il traquerait ce type qu'elle appelait Cornelius, car si jamais il avait levé la main sur Nami, Zoro s'assurerait de l'envoyer personnellement en Enfer, de la plus douloureuse manière qui soit.

L'assurance de la jeune femme vacilla quand elle vit le bretteur s'avancer vers elle avec une lueur meurtrière dans le regard. Elle usa de son pouvoir pour envoyer une épaisse brume verdâtre sur lui, mais il la traversa sans sourciller, son sabre (qu'elle admirait tant) à la main, dont la pointe frôlait le sol. Maya fit deux nouvelles tentatives qui se soldèrent toutes par un échec cuisant, et l'inquiétude la gagna. Par dépit, elle dirigea ses effluves vers deux hommes qui se cachait derrière une table renversée, dans un coin. Ils se tordirent de douleur en inhalant la brume noire puis leurs corps furent pris de spasmes, leur peau se mit à blanchir pour devenir livide et leurs yeux se noircirent entièrement. Leur musculature se développa également et doubla de volume, tout comme leur taille, mais le processus de mutation semblait avoir affecté leur esprit. Les lèvres retroussées au-dessus de longue canines pointues, les deux hommes grondèrent tels des animaux en fixant l'épéiste. Ils se jetèrent sur lui mais Zoro fut plus prompt à réagir et contre-attaqua sans peine.

D'un vif coup de lame, les pauvres bougres qui n'avaient rien demandé, tombèrent face au sol dans une giclée de sang qui s'échappa de leur poitrail.

- C'est tout ce dont tu es capable ? demanda sombrement Zoro. Tu m'avais promis de l'amusement…

La jolie blonde fut décontenancée par l'évincement éclair de ses pions, mais elle se ressaisit et sortit de ses poches, deux poings avec des lames en acier telle de longues griffes tranchantes, avant de les enfiler. De la fumée s'échappa de sa peau et elle prit une grande inspiration pour la capter dans son intégralité. Comme pour les deux hommes, sa musculature doubla de volume, mais contrairement à eux, elle restait maitresse d'elle-même.

Zoro eut juste le temps de la voir fléchir les jambes avant qu'elle ne s'éclipse d'un bond. Son pouvoir avait dopé ses capacités physiques, pour la rendre plus rapide, si bien qu'il avait du mal à la suivre du regard. Elle chercha à l'induire en erreur en bondissant dans tous les sens, comme le ferait Luffy, pour ne pas voir quand surviendrait l'attaque. Soudain, elle apparut sur sa gauche, de son côté aveugle, et lui envoya un coup de poing qu'il parât avec le plat de sa lame. L'acier de leurs lames crissa, mécontentes de n'avoir rien à trancher, mais la pointe d'une de ses griffes s'approcha dangereusement de son œil intact. La force décuplée de la jeune femme, le fit glisser sur plusieurs mètres, et elle recommença de plus bel, en enchainant les frappes sans relâche dans l'espoir qu'il se fatiguerait. Zoro encaissa chaque coup, de temps en temps, une griffe réussissait à lui entailler la chair de façon superficielle, mais il attendait le moment opportun où une faille apparaitrait dans son schéma d'attaque.

Même s'il ne le montrait pas, les effets de son maudit parfum se faisait sentir. Son corps était plus lourd, ses muscles le tiraillaient douloureusement et sa vision se floutait, mais la colère lui faisait passer outre tout cela. Par de simples mots, cette femme avait éveillé quelque chose de dangereux en lui, et plus le temps passait, plus la bête sanguinaire s'impatientait.

L'occasion se présenta enfin ! Zoro effectua l'une de ses techniques à un sabre, avec la ferme intention de lui infliger une blessure léthale. Cependant, Maya esquiva au dernier moment et elle eut le culot de lui rire au nez.

- Bah alors ? Je te croyais meilleur que ça, Roronoa Zoro. En tout cas, c'est que laisse entendre ta prime, mais apparemment, elle est largement surcotée ! Au moins, c'est de l'argent facile pour moi !

Au dernier mot de sa phrase, les griffes métalliques de sa main droite s'enfoncèrent dans son flanc, transperçant la chair comme du beurre. Le sourire de la blonde s'élargit alors que le visage de l'épéiste s'assombrissait.

- Ce n'est pas étonnant que tu n'ais pas réussi à sauver ta copine et ton bébé. Je paris qu'elle a prononcé ton nom avant de mouri…

Un gargouillis incompréhensible ponctua sa phrase. La main de Zoro venait de se refermer autour de sa gorge fine et il la serra étroitement, sous les grands yeux ébahis de Maya. Ses griffes étaient toujours logées dans ses côtes, et elle réalisa qu'il avait baissé sa garde volontairement pour la piéger. En une fraction, elle croisa son regard et elle fut prise d'effroi. A cet instant, ce n'était plus un homme qui lui faisait face, mais monstre qui la toisait froidement. Elle voulut lui envoyer un coup de poing de son autre main, mais l'épéiste fut plus rapide cette fois. Les griffes se brisèrent comme du verre sans qu'elle n'ait le temps de le voir bouger et soudain, sa main se décrocha de son poignet, pour tomber au sol. Un flot écarlate jaillit de la coupure, souillant le parquet de l'établissement, et la chasseuse de prime poussa un hurlement qui resta bloqué dans sa gorge strangulée. La douleur la fit se débattre dans tous les sens, contre la prise qu'il exerçait sur son cou. Avec ses mouvements désordonnés, des gouttes de sang giclèrent un peu partout sur ses vêtements, il en sentit même sur sa figure. Les lames qui l'avaient transpercé, lui lacéraient l'intérieur de son flanc, mais Zoro demeura inflexible. Ses doigts se contractèrent un peu plus autour de la chair molle, écrasant la trachée et la jugulaire où le pouls de la jeune femme palpitait follement. Un craquement sinistre se fit entendre, les yeux de jade se révulsèrent, puis les gargouillis s'estompèrent. Le corps de Maya convulsa une dernière fois et ses membres retombèrent mollement.

Zoro planta la pointe de son sabre dans le sol et saisit le poignet encore intact de la blonde pour pouvoir retirer les griffes de son flanc. Une fois libre, il la laissa tomber par terre sans ménagement, où elle atterrit sans vie. Depuis qu'il avait rejoint l'équipage de Luffy, rares étaient les fois où il tuait ses ennemis de sang-froid, sans leur laisser la moindre chance de survie, qui plus est, à main nue. Mais cette femme était allée trop loin, elle avait tenu des propos impardonnables, n'ayant aucune pitié pour un enfant innocent, et ça, il ne pouvait le tolérer. Son erreur avait été de ne pas lui demandé où était Nami, mais rien ne dit qu'elle lui aurait répondu en toute franchise.

Désormais, il n'avait plus qu'une seule idée en tête, trouver Nami et ce Cornélius.

Il essuya les taches de sang sur son visage d'un revers de manche et rengaina son katana. Lorsqu'il quitta l'établissement, des cris paniqués résonnèrent à l'intérieur après que des gens y soient entrés, à la recherche d'éventuel blessés. Zoro entendit certain appeler la Marine, mais il s'en ficha, et se dépêcha de remonter la rue en scannant chaque recoin, la main sur le pommeau de son sabre. Pourvue qu'il ne soit pas trop tard ! pria-t-il intérieurement. Il espéra même que Maya ait menti et que la navigatrice faisait son shopping de façon insouciante en compagnie de Robin. Quand elle allait le voir, nul doute qu'elle allait l'incendier pour se balader couvert de sang, avec une plaie béante et non soignée. Jamais il n'aurait cru penser ça, mais, qu'est-ce qu'il ne donnerait pas en cet instant pour l'entendre lui hurler dessus, la voir se mettre en colère, ou même recevoir un de ses coups de poing.

Son den den mushi n'avait pas sonné, peut-être était-ce une bonne nouvelle ? Car si elle avait eu le moindre ennuie, elle l'aurait appelé, non ? du moins, c'est qu'il espérait.

- Zoro !

Malheureusement, tout son optimisme s'évapora quand la voix de Zeus le héla. Encore plus quand il releva la tête pour le voir arriver vers lui à toute vitesse, l'air soucieux, et surtout, désespérément seul. Il avait fait promettre à ce satané nuage de ne jamais quitter leur navigatrice et de la protéger quoi qu'il en coûte, alors s'il était là, sans sa maîtresse, c'était qu'il s'était passé quelque chose de grave.

Sa poigne autour de la poignée de son sabre se resserra. Si jamais…

- Où est Nami ?! bombarda-t-il d'amblé.

Le nuage fit la grimace et le mauvais pressentiment qu'il avait, empira.

- Parle !

- On a été attaqué par des chasseurs de primes…

Si dans les secondes qui suivaient, il lui confirmait la version de la chasseuse de prime, Zoro mettrait cette ville à feu à sang jusqu'à temps d'avoir retrouvé le dénommé Cornélius.

- Nami a été blessée, et elle est sur le point d'accoucher. En ce moment même, Sanji est en train de la ramener au navire avec Chopper. Il m'a demandé de tous vous prévenir et de vous dire de revenir car les communications ont été brouillées. J'ai déjà averti Robin, Ussop et Franky. Ils se chargent de retrouver Luffy et Brook. On doit se dépêcher !

La seule information que l'épéiste retint de tout cela, fut que Nami allait accoucher. Ce qui était beaucoup trop tôt ! Merde ! Il aurait dû rester avec elle ! Zeus commença à partir mais Zoro resta immobile.

- Qu'est-ce que tu fais ?! Il faut qu'on les rejoigne pour lever l'ancre !

- Qui est-ce qui l'a blessé ? demanda froidement le bretteur.

- Quoi ?! Je… je ne sais pas son nom… c'était un homme assez grand…

La soie de la poignée de son sabre crissa sous l'étau de sa main. Cornélius.

- Mais Sanji lui a déjà réglé son compte.

A cet instant, Zoro ne saurait dire si ce n'était pas pire que de savoir ce sale type toujours en train de sa balader librement. Bien sûr que non, c'était son égo amoché qui parlait. Le cuisinier avait fait ce qu'il fallait, et heureusement qu'il avait été là pour elle, sans quoi, les conséquences auraient pu être plus grave. Mais il n'empêche que le jeune homme aux cheveux vert le prenait très mal. Il accepta finalement de suivre Zeus, et mit sa fierté de côté pour le bien de Nami.

A suivre...