Un de mes chapitres préférés ❤️
Préparez-vous à une overdose de glucose (et pas mal de angst aussi, sinon c'est pas drôle).


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CHAPITRE 25

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Lorsque Marinette ouvrit les yeux, un étrange sentiment s'empara d'elle. Un sentiment de peur et d'angoisse oppressait sa poitrine, et elle avait la désagréable impression d'être observée. Elle comprit brutalement ce qui n'allait pas : elle n'était plus dans sa chambre. Son environnement familier semblait s'être volatilisé.

Un léger courant d'air la fit grelotter. Où était-elle ? L'endroit était plongé dans le noir le plus complet, et le silence qui y régnait était assourdissant. Une odeur de mousse assaillit ses narines. Un étrange bruissement parvenait à ses oreilles sans qu'elle ne parvienne à en déterminer l'origine.

Lorsque ses yeux s'habituèrent à la pénombre, un frisson parcourut son échine des pieds à la tête. Elle avait reconnu cette cathédrale de verdure, ainsi que la capsule qu'elle distinguait devant elle.

Elle était dans l'antre du Papillon.

Que faisait-elle ici en pleine nuit ? La dernière chose dont elle se souvenait était le moment où elle était montée dans sa chambre avec Adrien. Où était-il passé ?

Elle voyait très clairement à présent. Complètement déstabilisée par ce soudain changement d'environnement, elle jeta vivement un regard autour d'elle et constata qu'elle était absolument seule. Des centaines de papillons d'un blanc immaculé voletaient autour d'elle. En levant une main, elle découvrit qu'elle était recouverte de sa combinaison rouge à pois noirs. Pourquoi était-elle transformée ? Et dans ce cas, où était Chat Noir ?

Un mauvais pressentiment lui tenaillait les tripes.

Soudain, une lumière vive aveuglante emplit tout l'espace et une détonation résonna dans l'antre, faisant trembler la plateforme sur laquelle elle se tenait. Avant qu'elle n'ait pu comprendre ce qui venait de se passer, un mouvement dans sa vision périphérique la fit sursauter. Elle se retourna vivement, la main sur son yo-yo, mais lorsqu'elle reconnut la personne qui se dressa devant elle, son visage perdit toutes ses couleurs.

Devant elle, se tenait... le Papillon.

Ladybug sentit son cœur tressauter sous sa poitrine.

Non. Ce n'était pas possible.

Gabriel Agreste était en prison. Chat Noir et elle avaient vaincu le Papillon et lui avaient repris son Miraculous. C'était Maître Fu qui était en possession du bijou magique à présent. Le Papillon ne pouvait pas se tenir là, devant elle.

Ce n'était pas possible.

CE N'ÉTAIT PAS POSSIBLE.

Le Papillon s'avança vers elle, un sourire carnassier suspendu à ses lèvres. Ladybug était pétrifiée sur place, incapable de bouger. Son cerveau carburait à toute vitesse, cherchant une explication rationnelle à la présence de leur ennemi, mais elle n'en trouvait aucune. Le Papillon s'avança encore, et lorsqu'elle voulut reculer d'un pas, elle découvrit avec étonnement que son corps refusait de coopérer.

- ATTENTION MA LADY !

Avant qu'elle ne comprenne ce qu'il se passait, un éclair noir bondit sur le Papillon, le forçant à s'écarter d'elle. Chat Noir venait de s'interposer entre eux et se redressa, l'air hostile.

- Je te préviens, Papillon. Si tu touches à un seul de ses cheveux... grogna Chat Noir avec une grimace qui dévoilait ses canines acérées.

Son bâton était déplié et Chat Noir s'était placé devant elle en position de défense.

- Tout va bien, ma Lady ? demanda-t-il, l'air inquiet.

Complètement sonnée, Ladybug acquiesça faiblement.

Qu'était-il en train de se passer ? Pourquoi étaient-ils à nouveau en train de combattre le Papillon ? Ils l'avaient déjà vaincu ! Toute cette histoire n'avait aucun sens.

Chat Noir bondit à nouveau en direction de leur ennemi, toutes griffes dehors.

- Tu ne fais pas le poids contre moi, mon pauvre Chat Noir, annonça le Papillon d'une voix mielleuse. Tu ferais mieux de m'obéir sagement et de me donner ton Miraculous !

- JAMAIS ! cria Chat Noir avant de lui asséner un coup de bâton.

Le Papillon para son attaque et recula de quelques pas. Chat Noir leva son bâton déplié devant lui, prêt à riposter, mais le Papillon se saisit de sa canne et en sortit une fine lame qu'il brandit devant lui, tenant Chat Noir en joue. La respiration de Chat Noir se fit soudain plus hachée.

- Tu ne pourras pas protéger éternellement ta chère Ladybug, asséna le Papillon avec un sourire de triomphe.

- C'est ce qu'on va voir, grinça Chat Noir en courbant l'échine, son bâton serré dans ses deux mains.

Chat Noir se mit en position de défense, mais au lieu de l'attaquer frontalement, le Papillon prit son élan et sauta par-dessus Chat Noir qui étouffa une exclamation avant de se retourner vivement. Leur ennemi venait d'atterrir derrière sa partenaire qui restait figée sur place.

Ladybug contemplait la scène avec effroi ; pourquoi n'arrivait-elle pas à bouger ? Elle devait réagir et aider Chat Noir ! Son coéquipier était en danger ! Elle était en danger !

- Ladybug ! Attention, derrière toi ! Fais quelque chose ! cria Chat Noir, de plus en plus inquiet de ne pas la voir réagir.

Ladybug voulut s'éloigner le temps de retrouver ses esprits mais son corps humain ne répondait plus.

- LADYBUG ! ÉCARTE-TOI !

Chat Noir se précipita vers elle, mais le Papillon avait déjà brandit son fleuret et attaqua. Tout se passa si vite que Ladybug n'eut pas le temps de réagir. Elle vit l'épée approcher d'elle à toute vitesse et elle s'attendait à tout moment à sentir la fine lame transpercer son corps. La voix de Chat Noir lui parvenait en fond sonore, comme s'il s'adressait à elle la tête sous l'eau. Elle n'eut que pour réflexe que de croiser ses deux bras devant elle en guise de protection. Tremblante, elle ferma les yeux, redoutant l'impact.

Rien ne se produisit.

Ce n'est que lorsqu'un gémissement de douleur se fit entendre qu'elle se risqua à rouvrir les yeux, et la scène qu'elle découvrit figea son sang dans ses veines. Son cœur s'arrêta.

Chat Noir se tenait devant elle, face au Papillon, ses deux bras écartés et la respiration tremblante ; ses yeux étaient équarquillés et un mélange de stupeur et de terreur se lisait dans son regard d'émeraude. Son bâton gisait un peu plus loin à ses pieds.

Il avait visiblement fait barrage avec son propre corps pour la protéger.

Ladybug baissa les yeux et réalisa brutalement que la lame qui lui était destinée avait transpercé la poitrine de son coéquipier de part en part.

Tout son être se glaça d'horreur.

Non.

Tout mais pas ça.

Imperturbable, le Papillon retira sa lame d'un mouvement sec et du sang gicla de la poitrine de Chat Noir qui tomba à terre comme une poupée de chiffons, inerte.

- CHAT NOIR ! hurla-t-elle. NON ! CHAT NOIR !

Sa voix se brisa en même temps que son cœur.

Chat Noir ne se releva pas. Une flaque d'un rouge sombre se forma sous son corps inanimé et commençait à s'étendre, colorant l'herbe de la plateforme.

- CHAT NOIR ! NON ! NE ME LAISSE PAS ! N-Ne me laisse p-pas... hoqueta-t-elle, le souffle court.

Ladybug tomba à genoux à côté de lui et s'empressa de le prendre dans ses bras, sa vision brouillée par les larmes.

Son pire cauchemar venait de se produire sous ses yeux.

Tout était de sa faute.

Elle le serra tout contre elle dans une étreinte emplie de désespoir, son corps secoué par de violents sanglots. La transformation de son coéquipier s'évanouit soudain et Adrien apparut en même temps que Plagg, qui jeta un regard à la fois horrifié et désolé au corps inerte de son porteur dont le visage perdait progressivement ses couleurs. A la vision du T-shirt d'Adrien maculé de sang, l'estomac de Ladybug se serra si violemment qu'elle était à deux doigts de rendre.

- Non, Adrien... reste avec moi je t'en prie...

Le sang d'Adrien colorait progressivement son costume, laissant des traces plus sombres qui se mêlaient à sa couleur rouge vif, mais elle n'en avait que faire.

Elle venait de le perdre pour toujours.

Ladybug avait souvent craint le jour où son coéquipier se sacrifierait pour elle et ne se relèverait pas, tout en espérant que ce jour n'arriverait jamais.

Le Papillon venait d'assassiner son partenaire.

C'était un véritable cauchemar.

Le nœud coincé au fond de sa gorge se liquéfia et elle fondit à nouveau en larmes, un trou béant à la place du cœur.

- Adrien... pleura-t-elle, son visage enfoui dans ses cheveux blonds. Adrien, relève-toi, je t'en p-prie...

- A-Adrien ?

Ladybug releva la tête pour découvrir le Papillon, figé dans une position de stupeur : il fixait Adrien d'un air choqué. Un sentiment de rage et d'injustice se mit à bouillir dans ses veines.

- Ne jouez pas les innocents, vous saviez très bien que vous combattiez contre votre fils et que vous venez de lui ôter la vie !

- N-Non, je... balbutia-t-il, visiblement surpris. Je... j-je ne savais pas, je...

- ARRÊTEZ ! hurla Ladybug, une vive fureur la consumant.

Elle serra Adrien plus fort contre elle, le cœur brisé. Tout son corps pulsait de douleur. Elle avait mal, si mal qu'elle en avait le tournis. Une infime partie d'elle avait l'espoir que tout ceci n'était qu'un immense mal-entendu de l'univers, qu'Adrien n'était pas mort et qu'allait ouvrir les yeux et se relever. Elle aurait donné n'importe quoi pour entendre une de ses blagues sortir de sa bouche, même la plus stupide. Elle ne voulait pas croire qu'elle l'avait perdu à tout jamais. Mais le corps d'Adrien restait désespérément inerte, et son visage était de plus en plus blême à mesure qu'il se vidait de son sang dans ses bras.

- Adrien... murmura-t-elle tout contre lui, complètement désespérée, son corps secoué de sanglots silencieux.

Sa vision se brouilla. Etait-elle en train de perdre connaissance ? Elle se sentit soudain comme happée dans un tourbillon et elle serra Adrien de toutes ses forces contre son cœur, inconsolable.

.oOo.

Au 12 rue Gotlib, un hoquet d'horreur réveilla brutalement Marinette, bloquant momentanément sa respiration. Elle se redressa en sursaut, le souffle court, tremblant comme une feuille. Tout était flou autour d'elle. En passant sa main sur son visage, elle se rendit compte qu'elle pleurait à chaudes larmes. Sa poitrine se soulevait et se dégonflait de façon complètement anarchique, et elle avait bien du mal à se calmer.

Elle leva ses deux mains tremblantes et les observa : aucune trace de sang. Comment était-ce possible ?

Marinette ne comprenait plus rien. Des larmes d'angoisse continuaient de couler le long de ses joues et elle peinait à contrôler sa respiration complètement saccadée. Elle finit par prendre conscience de son environnement et réalisa qu'elle était dans sa chambre, assise dans son lit.

C'était seulement un rêve.

Un très mauvais rêve.

Marinette se sentit instantanément plus légère. Encore tremblante, elle poussa un très long soupir pour tenter de se calmer et se tourna spontanément vers son coéquipier pour vérifier que son cauchemar ne l'avait pas réveillé.

Son soulagement fut de courte durée : Adrien n'était pas à côté d'elle.

Une vague de panique s'empara à nouveau d'elle et elle tourna vivement la tête de droite à gauche, les larmes coulant de plus belle.

- Adrien ?! Adrien ! appela-t-elle en s'extrayant maladroitement des couvertures.

Elle se pencha au bord de sa mezzanine mais seul l'écho lui répondit.

- ADRIEN ! cria-t-elle, sa voix noyée de chagrin.

- Marinette ! fit soudain une petite voix fluette à côté d'elle. Marinette ! Qu'est-ce qui t'arrive ?

Tikki et Plagg s'étaient visiblement réveillés et voletaient autour d'elle, une lueur d'inquiétude brillant dans leurs grands yeux.

- C-C'est A-Adrien... il est... il est... bégaya-t-elle en fixant à nouveau ses mains tremblantes, persuadée de les voir maculées de sang.

Marinette descendit l'échelle de la mezzanine avec des gestes fébriles tout en continuant d'appeler son coéquipier mais sa chambre était désespérément vide. Elle ne pouvait plus s'arrêter de pleurer, la panique et le chagrin obscurcissant totalement son cœur et ses pensées.

- Adrien... sanglotait-elle sans pouvoir s'arrêter.

- Marinette ! Marinette, écoute-moi ! fit Tikki, la voyant paniquer. Calme-toi ! Adrien est là ! Il est sur la terrasse !

- S-Sur la... t-terrasse ? hoqueta Marinette, les yeux écarquillés, comme si elle avait du mal à comprendre ce que lui disait Tikki.

Les deux kwamis acquiescèrent avec un sourire encourageant, tout en se demandant ce qui avait bien pu mettre Marinette dans cet état.

- Oui, il est sorti prendre l'air tout à l'heure. Tu dormais si bien qu'il n'a pas voulu te réveiller.

Sans attendre, Marinette grimpa frénétiquement l'échelle et poussa le velux qui menait à la terrasse. Lorsqu'elle passa sa tête à l'extérieur, elle fondit à nouveau en larmes en apercevant Adrien de dos, bien vivant, accoudé à la balustrade. Il s'était emmitouflé dans un plaid et semblait contempler le calme de la nuit. Marinette l'appela tout en se hissant à travers la lucarne, mais ses gestes étaient si désordonnés et paniqués qu'elle trébucha.

Lorsqu'il entendit son nom, Adrien se retourna vivement avec un tendre sourire, mais en voyant l'expression terrifiée de Marinette et ses joues baignées de larmes, il se précipita vers elle et la rattrapa in extremis avant qu'elle ne s'étale de tout son long sur le plancher de la terrasse. Il la prit dans ses bras avec toute la délicatesse dont il put faire preuve et l'attira contre lui, le cœur serré de la voir dans cet état. Marinette tremblait des pieds à la tête et semblait plongée dans une détresse incommensurable. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer ? Marinette écrasa son visage contre son épaule et la façon dont elle agrippa son T-shirt de pyjama à pleines poignées dans son dos lui brisa le cœur. La sentant grelotter contre lui, Adrien s'empressa de retirer le plaid de ses propres épaules pour l'emmitoufler dedans du mieux qu'il le put.

- Marinette, qu'est-ce qu'il y a ? demanda Adrien d'un air plus qu'inquiet. Marinette ? Tu me fais peur, dis-moi ce qui ne va pas ?

Mais Marinette était bien incapable d'aligner deux mots intelligibles. Tout son corps était secoué de sanglots qui lui coupaient complètement la respiration. Adrien la serra contre lui tout en passant sa main dans son dos en cercles qui se voulaient apaisants ; il n'aimait vraiment pas la voir dans cet état et ne comprenait pas ce qui pouvait bien avoir déclenché une telle détresse chez elle. A défaut de trouver les mots pour la consoler, Adrien pressa ses lèvres contre sa tempe et les y laissa un instant. Chacun des violents sanglots qui secouaient les frêles épaules de sa coéquipière lui déchirait un peu plus le cœur, et il se sentait complètement démuni face à l'immensité de son chagrin. Marinette semblait si inconsolable qu'Adrien se demandait s'il ne devait pas aller réveiller ses parents, mais il ne pouvait décemment pas la laisser seule.

Au bout d'un long moment, Marinette finit par se redresser, sans pour autant lâcher Adrien. Elle s'était complètement recroquevillée dans son étreinte et refusait de quitter le cocon rassurant que formaient ses bras pour le moment. Elle plongea son regard d'azur ruisselant de larmes dans les yeux d'émeraudes d'Adrien qui lui adressa un tendre sourire, et pour la première fois depuis son horrible cauchemar, le visage de Marinette s'éclaira faiblement.

- Ça va aller, ma Lady ? demanda Adrien, l'inquiétude perçant clairement dans le ton de sa voix tout en continuant à passer sa main dans son dos et sur sa joue. Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu veux m'en parler ?

Marinette détourna le regard. Des images de son cauchemar lui revenaient par flashs et un violent frisson parcourut son échine.

- C'était a-affreux, hoqueta-t-elle. Tu te b-battais contre le Pa-apillon, j-je n'arrivais p-pas à bouger, tu t'es interposé pour me p-protéger et d'un coup d'épée, il t'a... il t'a...

Marinette déglutit en serrant son poing sur sa propre poitrine, à l'endroit où la lame du Papillon avait traversé le corps de Chat Noir de part en part dans son cauchemar. Les mots restaient coincés dans sa gorge.

- Tu es tombé à t-terre, reprit-elle vaillamment. Je te tenais d-dans mes bras, tu ne bougeais plus, il y avait du sang partout, t-tu t'étais dét-transformé et j-je...

Adrien tentait de faire sens des informations que Marinette lui délivrait de manière désordonnée, mais lorsqu'il finit par prendre conscience de la violence du cauchemar qui avait visiblement hanté la nuit de sa coéquipière, son coeur descendit d'un étage et il lui déposa un nouveau baiser sur la tempe, ses deux bras noués autour d'elle comme s'il cherchait inconsciemment à la protéger de ses songes.

- Ma Lady, ce n'était qu'un mauvais rêve. Je suis là, je suis bien vivant, je peux te l'assurer, dit-il d'une voix feutrée, comme s'il craignait de l'effrayer un peu plus.

Pour toute réponse, Marinette enfouit son visage dans le creux du cou d'Adrien, essayant tant bien que mal de calmer sa respiration irrégulière. Elle posa sa tête contre sa poitrine, comme pour s'assurer que son cœur battait toujours et qu'il était bien vivant.

- J'ai cru que je t'avais perdu pour toujours, souffla-t-elle encore tremblante.

Son cauchemar lui avait semblé si réel qu'elle semblait avoir beaucoup de mal à concevoir qu'Adrien était là, bien vivant devant elle.

Adrien sentit Marinette nouer ses bras autour de sa taille et le serrer contre elle, comme pour le dissuader de s'évaporer dans la nuit.

- Je ne sais pas ce que je deviendrais sans toi, renifla-t-elle tout contre lui.

Cette phrase toucha Adrien en plein cœur ; il n'en revenait pas de voir à quel point Marinette tenait à lui au point d'en faire des cauchemars et d'être totalement dévastée à la simple idée qu'il ne soit plus de ce monde. La façon dont elle s'était recroquevillée dans ses bras, la tête tout contre son cœur et refusait de le lâcher lui déclencha une envolée de papillons dans l'estomac.

Jamais au cours de son existence quelqu'un ne lui avait prouvé aussi ardemment qu'il comptait. Que sa présence n'était pas superflue et embarrassante.

Aux côtés de Ladybug, il s'était toujours senti utile, important, et surtout : libre.

Mais aux côtés de Marinette, il se sentait... aimé.

Sa coéquipière avait bouleversé sa vie et son coeur de la meilleure façon qui soit, et plus les jours passaient, et plus il prenait conscience que ses sentiments pour elle avaient dépassé le stade de l'amitié depuis longtemps et que son coeur ne battait que pour elle.

Une vague d'affection lui caressa le cœur qui se mit à pulser plus rapidement sous sa poitrine, et un sourire irrépressible apparut sur ses lèvres. Il déposa plusieurs baisers sur les joues pour la rassurer et chasser ses larmes. Lorsque Marinette finit par se redresser, elle semblait un peu calmée, visiblement soulagée de le voir bien vivant devant elle. Adrien colla son front contre le sien et lui lança un regard qui se voulait réconfortant, tout en caressant tendrement ses joues encore humides du bout du pouce.

A défaut de trouver les mots, il voulait lui signifier par ses gestes qu'il était là, et qu'il serait toujours là pour elle.

- Ça va mieux, Princesse ?

Marinette acquiesça timidement, son regard planté dans celui d'Adrien, comme si elle craignait qu'il ne disparaisse si elle rompait ce contact visuel ne serait-ce qu'une seconde.

Ils restèrent un long moment dans les bras l'un de l'autre, le cauchemar de Marinette se dissipant peu à peu dans son esprit. Adrien la berçait doucement tout contre lui, enivré par leur proximité, et vérifiait de temps à autre que sa coéquipière se sentait mieux, mais Marinette semblait apaisée. Adrien plongea son regard lumineux et empli d'affection dans le sien et le visage de Marinette s'empourpra. La main qu'Adrien passait tendrement sur sa joue la rassurait et lui provoquait en même temps une sensation plus qu'agréable sous sa poitrine.

Un peu calmée par les gestes tendres d'Adrien, Marinette réalisa brutalement que leurs visages étaient très proches. Sa respiration accéléra à nouveau, et sa fébrilité n'avait soudain plus rien à voir avec la terreur qu'elle avait ressentie quelques instants plus tôt. Elle se perdit dans le regard affectueux et encore un peu inquiet d'Adrien, ses joues se parant de leur plus jolie teinte de rose. Adrien esquissa un sourire radieux, et Marinette ne put que fondre devant son expression à la fois douce et emplie d'amour. D'amour pour elle. Adrien la regardait comme si rien d'autre n'existait autour d'eux, comme si elle était la seule personne sur Terre, et ce regard intense la remua jusqu'au plus profond d'elle-même. Elle avait déjà vu ce regard chez Chat Noir lorsqu'elle revêtait le costume de Ladybug, mais la façon dont Adrien la fixait de ses yeux d'émeraude la transperçait littéralement. Le cœur battant frénétiquement sous sa poitrine, elle vit Adrien approcher un peu plus son visage du sien, semblant hésiter. Ses gestes étaient délicats, comme s'il craignait de la briser plus qu'elle ne l'était déjà par ce cauchemar. Malgré tout, face aux pommettes légèrement rouges de Marinette (est-ce que la couleur était réellement dûe au froid ?) et son regard d'azur étincelant dans la nuit qui semblait l'encourager, toutes ses bonnes résolutions volèrent en éclat et Adrien ne put s'empêcher de combler tout doucement les quelques centimètres qui les séparaient. Lentement, très lentement, le cœur fracassant sa cage thoracique, il avança son visage et il pressa délicatement ses lèvres contre celles de Marinette avec une infinie tendresse. Le temps sembla s'arrêter.

Marinette eut l'impression que son cœur explosait de bonheur sous sa poitrine. Transportée, elle ferma les yeux et répondit timidement à son baiser, un feu d'artifice explosant dans son cœur. Toute la douleur qu'elle avait éprouvée quelques instants plus tôt s'était envolée.

Tous deux se perdirent dans cette étreinte, dans ce baiser maladroit gorgé d'émotions qui ressemblait beaucoup à leur relation : à la fois tendre et complice, parfois brouillonne mais toujours emplie de respect, d'un esprit de protection farouche l'un envers l'autre, et surtout, d'énormément d'amour. Ce baiser le plus doux du monde avait le goût salé de leurs larmes, et le goût joyeux de leur rire à la fois gêné et heureux de ce qui était en train de se produire, mais surtout, il avait le goût de toutes leurs aventures et de ce lien unique que personne d'autre ne pouvait comprendre.

Et pour la première fois de sa vie, Marinette ne pensa plus à rien. Plus d'appréhension. Plus de scénarios catastrophe. Rien. Elle se laissa porter par le moment. Les lèvres d'Adrien tendrement pressées contre les siennes avaient fait fondre le peu de raison qui lui restait et elle s'abandonna complètement dans ses bras.

Lorsqu'ils se séparèrent pour reprendre leur souffle, un sourire tendre illumina le visage d'Adrien. Le jeune homme était encore un peu sonné, à la fois euphorique et incrédule par ce qui venait de se produire. Une expression nouvelle apparut sur son visage radieux, quelque part entre les sourires polis et chaleureux d'Adrien et les sourires taquins et joueurs de Chat Noir. C'était un sourire à la fois réservé et exubérant, à la fois ému et rayonnant. Ce sourire fit accélérer le rythme cardiaque de Marinette qui se perdit dans le regard immensément vert d'Adrien. Tous deux se fixèrent longuement, sans savoir comment réagir après un tel moment, avant d'être pris par un fou-rire à la fois gêné et libérateur.

- ENFIN ! s'exclamèrent soudain deux voix derrière eux.

Adrien et Marinette sursautèrent et se séparèrent précipitamment, les joues légèrement rouges d'avoir été pris la main dans le sac, avant de tourner vivement la tête pour comprendre d'où venaient ces voix.

- Tikki ! Plagg ! s'écrièrent-ils à l'unisson en repérant leurs deux kwamis les épiaient d'un air ravi depuis le bord de la lucarne.

- Je rêve ! fit Adrien, mi-amusé mi-incrédule. Vous nous espionnez maintenant ?

Tikki et Plagg ne cherchèrent même pas à nier ; un grand sourire narquois était suspendu à leurs lèvres et ils échangèrent un regard pétillant de malice. Ils se mirent à virevolter autour de leurs porteurs tandis que Marinette enfouissait son visage dans le T-shirt d'Adrien, les joues plus rouges que jamais, ce qui arracha un rire amusé à son coéquipier.

- Je suis si contente pour vous ! pépia Tikki.

Pour toute réponse, Adrien lança un regard tendre à Marinette et entrelaça ses doigts avec les siens avant de déposer un baiser sur leurs deux mains nouées.

Ils restèrent un instant enlacés, pressés l'un contre l'autre sous la couverture d'Adrien, tous deux rayonnants de bonheur. Le corps de Marinette était encore parfois secoué par un sanglot occasionnel mais elle semblait bien plus apaisée. La main réconfortante qu'Adrien passait tendrement dans son dos la calmait. Lorsqu'il la vit essuyer ses yeux d'un revers de sa manche de pyjama en essayant de se ressaisir et de retrouver une certaine contenance, il l'embrassa sur la tempe en resserrant son étreinte autour de sa taille.

- Jamais tu ne me perdras, ma Lady, dit-il tendrement.

- Tu me le promets ? lâcha Marinette dans un souffle.

- Promis. Tu ne crois tout de même pas que tu vas te débarrasser de moi aussi facilement, Buginette ? fit-il avec un clin d'œil complice. Une fois que tu as adopté un chat errant, tu l'as dans les pattes à vie.

Cette phrase eut pour effet d'arracher un petit rire étouffé à Marinette qui ne put s'empêcher d'esquisser un faible sourire à travers ses dernières larmes, son cauchemar s'estompant doucement. Adrien continuait à passer tendrement sa main dans son dos tout en la serrant contre lui. Il aimait tellement ce contact ; il voulait passer le reste de sa vie dans ces bras qui l'enveloppaient toujours de beaucoup d'amour.

- Vous n'allez tout de même pas en faire tout un fromage, intervint Plagg avec nonchalance. Techniquement, c'est tout de même la troisième fois que vous vous embrassez.

Marinette et Adrien se lancèrent un regard interloqué, avant que Marinette ne comprenne de quoi Plagg parlait : elle réalisa brutalement que leur premier baiser avait eu lieu lors de leur bataille contre Dislocoeur lorsqu'ils étaient au collège, et qu'elle avait embrassé Chat Noir - Adrien ! - pour rompre le mauvais sort. Ce moment lui apparut sous un tout autre jour, et son visage s'enflamma en rejouant la scène dans son esprit. Si elle avait su à l'époque que c'était en réalité Adrien qu'elle avait embrassé, jamais elle ne s'en serait remise. Sans parler de leur bataille contre Oblivio après laquelle ils avaient spontanément échangé un baiser alors qu'ils avaient tous les deux perdu la mémoire. Avec le recul, Marinette comprenait mieux ce baiser qui l'avait scandalisée à l'époque, et ne put s'empêcher de se dire que, quelle que soit la réalité alternative dans laquelle ils se trouvaient, à présent qu'elle savait qui se cachait sous le masque de son coéquipier, ce baiser ne l'étonnait plus. Sans leurs masques ni identités secrètes, ils étaient instantanément tombés amoureux l'un de l'autre ce jour-là, et le coeur de Marinette fit un soubresaut à l'idée que le Chat Noir et la Coccinelle étaient peut-être véritablement des âmes-soeurs.

De son côté, Adrien semblait être en train de réaliser la même chose, même s'il ne se souvenait d'aucune des deux scènes. Tant pis si ces deux baisers avaient été effacés de sa mémoire. C'était de ce baiser-là dont Adrien voulait se rappeler. De ce moment au creux de la nuit sur la terrasse de Marinette où leurs lèvres se sont effleurées. Ce moment qu'aucun akuma ni Miraculous Ladybug ne pourra leur enlever.

- Du coup, j'imagine que tu vas pouvoir remettre au mur toutes les photos d'Adrien que tu as cachées au fond de ton tiroir ? intervint innocemment Plagg, les ramenant brutalement à la réalité.

- PLAGG ! s'écrièrent Marinette et Tikki à l'unisson, tandis que le kwami de la destruction se tordait de rire face au visage gêné et de plus en plus rouge de Marinette.

Adrien esquissa un sourire amusé.

- Oh, tu n'aurais pas dû les enlever, ça ne me gênait pas tu sais, dit-il affectueusement avant de se tourner vers son kwami. Plagg, arrête de la taquiner, le gronda-t-il gentiment. Je suis au courant que Marinette avait des photos de moi au mur. Elle a toujours été fan de mode, tu sais bien que c'est une créatrice de talent.

- Oh my sweet summer child... murmura Plagg entre ses dents tandis que Marinette enfouissait son visage contre la poitrine d'Adrien sans oser le corriger.

Elle avait eu beaucoup trop d'émotions pour le moment.

- Ok, Ok. ça ne t'embêtera pas que je mentionne le tas de photos de Ladybug que tu as planqué au fond d'un sac, alors ? continua Plagg en prenant un air innocent.

Adrien piqua un fard mais il se rassura en voyant que le visage de Marinette avait pris la même couleur que le sien.

- Plagg, ça suffit, laisse-les tranquille, les pauvres ! le réprimanda Tikki, tandis que Plagg affichait un sourire satisfait.

Adrien et Marinette échangèrent un drôle de regard, tous les deux cramoisis, avant d'éclater de rire. La gêne qui planait entre eux se dissipa totalement, et ils se blottirent l'un contre l'autre, réalisant encore avec peine à quel point leur monde venait d'être bouleversé de la meilleure façon qui soit.


Certain.e.s d'entre vous l'avait deviné : c'était un cauchemar (ouf).
Ce chapitre est écrit depuis bien longtemps et j'avais tellement hâte d'y arriver !
Et la suite contiendra beaucoup d'amour, évidemment (mais pas que).

Extrait du chapitre suivant :

- Je crois que c'est mon endroit préféré au monde, vocalisa soudain Ladybug en contemplant la ville endormie en contrebas.
- Au sommet de la Tour Eiffel ? Moi aussi c'est un de mes endroits préférés, fit Chat Noir d'un air rêveur.
Ladybug se retourna vivement et lui adressa un regard malicieux.
- Je croyais que c'était dans mes bras ? répondit-elle, les yeux pétillants d'espièglerie.

Bug Out!