Sa malédiction était tranquille ces derniers temps. Alors qu'il passait le plus clair de son temps libre dans la forêt interdite afin de ne tuer personne par mégarde, il n'avait pas ôté la vie à des plantes ou des animaux innocents depuis quelques semaines. Il sentait qu'il commençait à s'habituer à la vie à Poudlard ainsi qu'au mode de vie que requérait cette existence. Il lui suffisait de considérer tous les habitants de l'école comme des pions et il ne tuait personne. Il avait l'habitude de cet état d'esprit qu'il avait également à Alvarez.
Sentant que sa puissance était sous son contrôle, Zeleph passait plus régulièrement au milieu des élèves pratiquant le sort du bouclier afin de voir de lui-même ce qu'il en était. Se fier à Natsu pour la résistance du bouclier était certes très pratique, mais des fois il était bien de le constater de lui-même.
- Tu n'es pas suffisamment concentré, Drago Malefoy, dit lentement Zeleph en examinant du regard le bouclier de l'adolescent qui peinait à l'entourer entièrement.
Il fit mine de ne pas voir le regard peu amical que l'élève lui lançait.
- A quoi penses-tu lorsque tu lances ce bouclier ?
- Au bouclier qui doit m'entourer, répondit Malefoy avec évidence.
- Pense à ta protection, fit Zeleph.
Il contourna le garçon et se dirigea vers le tableau noir derrière son bureau. Il saisit la craie qui était posé sur ce dernier et dit :
- Votre attention, s'il vous plait.
Même s'il n'avait pas parlé fort, tous les élèves cessèrent immédiatement de pratiquer la magie pour se tourner vers lui. Après toutes ces semaines d'enseignement, ils avaient fini par comprendre que Zeleph n'était pas du genre à parler fort – contrairement à son frère qui se révélait facilement agité. Pour l'entendre et ne pas risquer de perdre des points, il fallait être prêt à ce que sa voix résonne à tout moment. Alors que ce n'était pas quelque chose de volontaire, le mage noir trouvait que c'était une excellente chose car cela leur apprenait à être plus attentif à ce qui se passait autour d'eux. Peut être qu'à force, certains élèves pourraient réagir à des attaques surprises tant ils lui portaient de l'attention inconsciemment.
- Faire de la magie n'est pas un acte réfléchit. Tout du moins, c'en est un lorsqu'on ne souhaite pas faire de la magie puissante. La vraie, celle qui est capable d'anéantir des vies d'un claquement de doigts, se repose sur les émotions et l'instinct de survie.
Il écrivit au tableau « EMOTIONS » et « INSTINCT DE SURVIE ».
- Vous êtes jeunes et couvés, alors vous n'avez jamais été confronté à des situations mettant votre vie en péril. Ceux qui se sont déjà retrouvés dans une telle situation savent de quoi je parle : lorsque vous craignez de mourir, votre magie se révèle beaucoup plus puissante, comme vous ne l'avez jamais vu en classe. C'est parce que vous ne vous concentrez pas sur la technique, sur la formule, sur le mouvement de votre baguette… mais plutôt sur ce que votre sort fera et ce qu'il vous permettra de faire une fois réussi.
Les élèves se lancèrent des regards dubitatifs, exceptés Harry Potter, Hermione Granger et Ron Weasley. Cela ne surprenait pas Zeleph.
- A l'origine, la magie était ancrée dans le quotidien de tout un chacun. Il leur suffisait de penser à ce qu'ils voulaient que la magie fasse pour qu'elle s'exécute immédiatement. Pas de baguette magique et de mouvement compliqué. Pas de formule à rallonge. Uniquement une extension du corps. Quand vous voulez faire un pas avec votre jambe gauche, vous ne pensez pas à le faire. C'est instinct. Cette manière de pratiquer la magie s'est perdue avec le temps mais cette magie, elle est en vous. Elle, elle n'a pas évolué. Les sorciers l'ont adapté et modulé à ce qu'ils voulaient qu'elle soit. Je ne vous demanderai pas de changer votre manière d'envisager la magie mais simplement, plutôt que de vous concentrer sur comment le bouclier doit fonctionner, de penser qu'il faut que vous vous protégiez d'une attaque venue de derrière.
Hermione leva la main. Zeleph la regarda et, habitué à ce comportement, Hermione savait qu'il l'autorisait à parler.
- Comme vous l'avez dit, on n'est pas habitué à réagir instinctivement. Nous n'avons pas été confronté à des situations de vie ou de mort… Alors c'est difficile d'imaginer qu'on doive se protéger d'une attaque imaginaire.
- C'est pourquoi nous allons vous attaquer par surprise tandis que vous pratiquerez le sortilège.
Des halètement de surprise résonnèrent dans la salle de classe.
- Ce ne sera rien de douloureux. Mais votre cerveau va rapidement s'habituer à se faire attaquer par surprise et à réagir en conséquence. Avant que vous ne vous en rendiez compte, vous vous concentrez sur votre protection et non sur comment doit être votre bouclier. Vous pouvez reprendre.
Incertains, les élèves se remirent en position et recommencèrent à pratiquer, leurs yeux suivant du regard les deux professeurs, s'attendant à des attaques surprises.
En voyant cela, Zeleph se dit qu'il y avait encore beaucoup de chemin avant qu'ils ne parviennent à un résultat satisfaisant. Les sorciers, contrairement aux mages, étaient bien trop conditionnés à respecter des consignes stricts pour utiliser leur magie. Tout en eux était calculé minutieusement. Le moindre petit mouvement de baguette avait été pensé pour être le plus optimisé possible et donner le meilleur résultat possible. Le souci était que cette manière d'envisager la magie les avait considérablement affaibli. Ils se concentraient tellement sur leurs mouvements de baguette qu'ils en oubliaient la magie elle-même.
Dans ces circonstances, Harry Potter était incapable de faire face à Voldemort qui avait suivi son enseignement rigoureux durant des mois. Il maitrisait ces concepts et sa magie n'en était que plus forte. A ce rythme là, les sorciers perdraient la guerre à venir. Zeleph ne se souciait pas vraiment de qui gagnait ou qui perdait, à dire vrai. Il avait vu tant de guerres défiler sous ses yeux et tant de personne souffrir qu'il y était insensible. Il avait même une pensée plutôt fataliste sur le destin des Hommes à s'entretuer. La seule raison pour laquelle il se préoccupait de cette guerre était parce que ça lui permettait de passer du temps avec Natsu.
- Ça s'annonce comment ? lui demanda Natsu en murmurant.
- Il vaudrait mieux qu'ils ne rencontrent pas Tom pour l'instant, se contenta de dire Zeleph.
Le dragon slayer grimaça.
- Pourquoi ils bloquent comme ça ? Ils ont l'habitude d'utiliser plein de magie, alors ça devrait pas être si dur que ça pour eux de faire ce type de magie…
Zeleph regarda la moue boudeuse de Natsu.
- Les sorciers et les mages n'ont pas choisi les mêmes directions pour pratiquer la magie. Eux ont préféré être multitâche et permettre à tout le monde d'atteindre le même niveau par un conditionnement des méthodes. Les mages, eux, ont préféré se spécialiser dans une seule branche mais à la perfectionner par les sentiments. Ce qui rend leur magie facilement incontrôlable et destructrice.
Natsu se gratta l'arrière de la tête en riant d'un air gêné.
- Le maitre a tellement de dettes à cause de nous. On est connu pour être la guilde la plus destructrice !
Zeleph esquissa un sourire. Il pouvait compatir avec le maitre de Fairy Tail. Quand il voyait à quel point la magie de Natsu pouvait être destructrice, il ne pouvait qu'imaginer les dégâts engendrés par les autres.
- Professeur ?
Zeleph et Natsu tournèrent leur attention vers Hermione qui venait de les interpeller.
- Quand allons-nous passer au prochain sort ? Ça fait des semaines que nous pratiquons celui-là. Nous avons nos BUSE à la fin de l'année et ça ne va pas porter que sur le sort du bouclier mais sur d'autres choses, notamment les créatures et comment s'en défendre…
Zeleph trouvait cette question étrange. Après tout, cette fille n'était elle pas une amie proche de Harry Potter et, de ce fait, croyait que Voldemort était de retour, prêt à déclencher une guerre ?
- Nous ferons un chapitre sur les créatures après celui-ci, dit Zeleph.
Cela sembla suffire à la jeune fille car elle hocha la tête d'un air satisfait avant de retourner à sa pratique du sort. Soit elle considérait les examens comme plus important que la guerre à venir, soit elle sous estimait l'importance d'avoir un excellent bouclier pour se défendre. Il penchait plutôt pour la deuxième option. Il avait entendu parler de la réputation de la maison Gryffondor.
La fin du cours arriva. Les élèves rangèrent leurs affaires avant de s'en aller pour leur prochain cours. Tous, sauf Harry Potter qui fit signe à ses amis de les attendre à l'extérieur de la salle. Zeleph se demanda s'il comptait enfin lui demander ce qu'il voulait savoir et surtout, ce qui l'avait incité à le suivre durant des semaines aux côtés de ses camarades.
- Professeur, vous pensez qu'on a vraiment besoin d'avoir un bouclier aussi solide ? demanda Harry, perplexe.
- On peut gagner une guerre avec deux sorts : un bouclier et une attaque. Cependant, pour ce faire, il faut maitriser ces deux sorts à la perfection.
- Il me faudrait quel sort d'attaque, alors ?
Zeleph le regarda de haut en bas durant de longues minutes, pensif. Pendant ce temps-là, Natsu s'occupait d'effacer le tableau et de réaligner les tables, comme s'il ne voulait surtout pas être mêlé à cette conversation. Il fallait dire que ce n'était pas son domaine de prédilection. Lui, il se contentait de foncer dans le tas de toutes ses forces. Sa magie de dragon slayer lui apportait déjà suffisamment de protection. Ayant hérité d'une peau plus solide, il était plus difficile de le blesser. Et même si cela le rendait très malade, il pouvait manger l'élément qui l'attaquait. Ou répliquer avec toute sa puissance, sans se soucier de sa propre vie. C'était quand on ne se souciait pas de sa vie qu'on survivait plus facilement, étant moins distrait par la pensée de se protéger des attaques ennemies.
- Cela dépend de ta magie de prédilection, dit finalement Zeleph en se dirigeant vers son bureau
Il entreprit de ranger les papiers se trouvant sur celui-ci, fermant la discussion. Mais Harry Potter était déterminé à en apprendre plus, alors il le suivit jusqu'au bureau et lui demanda :
- Comment je peux savoir ma magie de prédilection ?
- Par la méditation. Pour l'instant, tu n'as pas assez de magie en toi pour qu'elle se déploie librement. Les sorciers ont rarement suffisamment de magie en eux pour qu'elle se déploie librement, à dire vrai. C'est au bout de longues heures de méditation que cette magie fera surface toute seule.
- Méditer ? répéta Harry, sceptique.
- Méditer, acquiesça Zeleph. Méditer te permettra d'augmenter ta capacité à stocker l'aethernano, ces particules présentes dans l'air qui te permettent de pratiquer la magie. Quand ta réserve est vide, tu ne peux plus pratiquer de magie et plus ta réserve est grande, plus puissante est ta magie. Cette puissance accumulée va par la suite donner naissance à ta magie de prédilection. C'est une magie qui s'utilise sans baguette, avec ces émotions et cet instinct dont je vous parlais tout à l'heure.
- C'est pour ça qu'on ne voit jamais vos baguettes ?
Zeleph se contenta de hocher la tête, bien qu'avec réticence car il se doutait de la question qui suivrait. Et sans surprise, Harry la posa :
- Alors c'est quoi, votre magie de prédilection ?
Comme le ministère de la Magie a effacé toute trace de son existence du monde sorcier, Zeleph se dit qu'il pouvait être honnête. De toute façon, les sorciers avaient une magie qui y ressemblait, bien qu'elle ne donnait pas vraiment une conscience profonde aux objets. Ils étaient uniquement capable de bouger et de dire quelques vagues paroles. C'est une magie qui est apparue bien après qu'il ait créé ses démons. Cela lui arrivait de se demander si les sorciers ne s'étaient pas inspirés de ses créations pour inventer ce type de magie. Il avait conscience d'avoir posé les bases de nombreuses magies par le passé grâce à ses travaux et ses créations.
- La magie vivante.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Cela permet de donner une conscience à des objets inanimés.
Sans surprise, Harry n'eut aucune surprise.
Zeleph ne considérait pas sa capacité de tuer comme étant sa magie de prédilection car après tout, c'était une malédiction. Si sa malédiction venait à disparaître, il ne serait plus capable de tuer inconsciemment.
- Moi c'est la magie de feu ! dit Natsu avec un grand sourire.
- Merci pour vos réponses, professeur.
Zeleph se contenta de hocher la tête.
Harry s'en alla, laissant les deux frères Dragnir seuls.
- Il n'a toujours pas avoué qu'il te traquait, dit Natsu.
Zeleph hocha une nouvelle fois la tête.
- Ce n'est pas grave. Lorsqu'il aura eu la réponse qu'il cherche, il cessera.
Le mage noir se demandait s'il avait bien fait de dire tout cela à Harry.
A plusieurs centaines de kilomètres de Poudlard, un homme entouré de deux femmes arrivèrent dans un grand salon peuplé par quelques individus. La plupart portait un masque couvrant leur visage sauf un, qui était assit sur une chaise ressemblant davantage à un trône. A ses pieds, un gigantesque serpent qui sifflait d'un air dangereux. Pour autant, l'homme et les deux femmes ne semblaient pas le moins du monde effrayé.
- A qui ai-je l'honneur ? demanda Voldemort, ses yeux rouges luisant d'une certaine curiosité.
L'homme s'avança. Au creux de son bras se trouvait un épais volume marron sur lequel il était possible de lire « END ». Il s'y agrippait, déterminé à ne le lâcher sous aucun prétexte.
- Je me nomme Mard Geer. Et voici Kyka et Seila. Lord Voldemort, connaissez-vous le mage noir Zeleph ?
Un grand sourire ornait ses lèvres. Pour délivrer END de son sceau et avoir la chance de voir leur créateur et maitre, il était prêt à tour, y compris à s'associer à l'ennemi des sorciers dont il avait tant entendu parler.
