Chapitre 20

Je me réveille et me rends compte que je me sens bien, pas autant que juste après notre partie de sexe mais tout de même assez. Je ne ressens peut-être pas d'émotion mais je ressens parfaitement les bienfaits physiques.

« T'es réveillé ? Chuchoté-je.

Je pourrais ouvrir les yeux pour vérifier mais je ne le fais pas, j'ai commencé à dormir sur son torse mais j'ai bougé, probablement parce que j'avais un peu trop froid sur lui.

« Ouais, répond-il.

« Si j'avais su que c'était ça, le sexe, je t'aurais sauté dessus dès la première fois que je t'ai vu, lui confié-je.

« Je crois que la première fois que tu m'as vu, c'était à la cafétéria. Je suis certain qu'une bonne partie de nos camarades auraient adoré te voir à l'action.

Je ricane avant de m'emmitoufler dans la couette pour me repositionner à moitié sur lui. L'idée de recommencer me tente assez alors je demande :

« On pourrait recommencer...

« On n'a pas le temps, si tu veux rentrer avant que Charlie ne se réveille, me prévient-il.

« Comment tu sais quand Charlie se réveille, de toute façon ? demandé-je en me redressant pour le regarder.

« Je suis sûre que tu trouveras par toi-même.

Je fronce les sourcils.

« Alice ? Elle voit des choses et tu lis dans les pensées...

Je me laisse tomber sur lui.

« Je serai frustrée, si je pouvais.

« Allez, debout, ricane-t-il. On va petit-déjeuner avant de te ramener chez toi.

Une fois que nous sommes débarbouillés et habillés, nous descendons et entrons dans la cuisine. Emmett et Rosalie sont déjà là, debout près du bar-comptoir, leur tasse est vide devant eux. Edward se dirige vers le frigo, quand il passe près d'Emmett, celui-ci le tape dans le dos.

« Bravo champion, rit-il. Trois fois, pour une première fois, c'est quelque-chose.

« Emmett, grogne Edward pour toute réponse.

« Trois fois, quoi ? Demandé-je.

Emmett me lance un sourire goguenard. Rosalie le frappe derrière la tête, il lui sourit en retour.

« J'ai bien le droit de l'embêter, c'est ce que font les grands frères. 'fin bon, tu es encore loin du record, petit frère.

« Emmett, grogne Edward. Qu'est-ce qu'on a dit à propos du respect de la vie privée ?

« Trois fois, de quoi ? Répété-je.

« Trois fois que tu es monté au septième ciel, sourit Emmett.

Edward ferme les yeux et soupire.

« Vous avez entendu ? M'étonné-je. Je n'ai même pas... crié comme dans les films euh... vous savez lesquels. Votre villa est superbe et tout mais l'isolation phonique est à chier.

« Un défaut de construction, fait Emmett en haussant les épaules.

« Ignore-le, souffle Rosalie.

Elle semble... moins me détester. Bon, je ne suis toujours pas sa plus grande amie mais on a avancé.

« Café ou chocolat chaud ? Me demande Edward.

« Chocolat.

Il laisse les tartines de beurre de côté et s'occupe à faire mon chocolat chaud.

« Dis-moi, déesse de la luxure, fait Emmett en appuyant ses coudes sur le comptoir. Tu regardes souvent du porno ?

Je lève les yeux au ciel.

« Non, j'en ai jamais vu, en fait. Le sexe ne m'a jamais intéressée avant. Avant... de découvrir ce que ça faisait.

Je hausse les épaules.

« Alors, comment sais-tu que les femmes crient, là-dedans ?

« Et comment toi, tu le sais ? Renvoyé-je.

Il m'offre un grand sourire.

« C'est toi qui a dit qu'elles le faisaient.

Je soupire. Ce n'est pas un combat que je gagnerai.

« J'en ai jamais vu mais j'ai entendu en passant près de la chambre d'un mec, à l'internat de mon ancien lycée, ce qu'il regardait était assez éloquent.

« Tu peux nous faire une petite imitation ? Réclame-t-il.

Je le fixe d'un air mauvais. Emmett a décidé qu'il voulait m'embêter, ce matin et je pourrais trouver quelque-chose pour me venger.

« Tu n'as pas des trucs à faire ? Demande Edward à Emmett.

Edward pose nos bols sur la table de la cuisine en fusillant son frère du regard. Edward repart immédiatement, pour les tartines pendant que je m'installe.

« Non, je suis prêt pour partir au lycée. Est-ce qu'on l'emmène ?

« Non, répond Edward en revenant avec les morceaux de pain. Je la ramène chez elle. Pourquoi penses-tu que tu nous sommes levés si tôt ?

« Le retour avant que papa ne sache que tu as découché, s'amuse Emmett. Très vilain, ça, déesse de la luxure.

« Déesse de la luxure ? Je n'ai eu qu'une relation dans ma vie – pour l'instant – et toi ?

« Tu ne peux même pas compter jusque là, sourit-il avec fierté.

Je lève les yeux au ciel. Les mecs et leur fierté mal placée.

« C'est donc toi, le dieu de la luxure, renvoyé-je.

« Je prends ça pour un compliment, sourit-il.

Je trempe une tartine dans mon chocolat et remarque qu'Edward n'a qu'un bol de chocolat devant lui.

« Tu ne manges pas de tartines ? Lui demandé-je.

« Je déjeune léger, le matin.

« Le midi aussi, lancé-je.

« Je n'ai pas beaucoup d'appétit, c'est à cause de ma maladie.

« Oh.


Nous venons de terminer de déjeuner à la cafétéria du lycée, je me dépêche de poser mon plateau suivie par Edward puis je l'entraîne avec moi dans la salle du club de théâtre. Elle est située au fond d'un couloir, là où personne ne va jamais à part les membres du club de théâtre. Je pousse Edward contre le mur, il se laisse sagement faire, un petit sourire sur le visage.

« Bella, j'ai bien une petite idée de ce que nous faisons ici mais tu sais que le club se rejoint ici à 13h30, le mercredi ?

« Ça nous laisse un peu plus de dix minutes, lui fais-je remarquer. Faudra que tu sois plus rapide qu'hier. Je veux essayer un truc.

Je commence à défaire sa ceinture mais il m'arrête en prenant mes poignets.

« Et s'ils arrivent en avance ? Demande-t-il.

« Ils auront un beau spectacle, fais-je en haussant les épaules. Et puis, ce n'est pas excitant, le risque d'être surpris ? En plus, tu vas le savoir, si quelqu'un arrive.

« Peut-être que je ne dirai rien pour qu'il nous découvre, fait-il en arquant un sourcils.

Il relâche mes poignets, je lui souris et défais sa ceinture.


Edward s'est rhabillé juste à temps avant qu'un membre du club de théâtre n'arrive. Le gars sursaute parce qu'il ne s'attendait pas à trouver quelqu'un dans la pièce.

« Qu'est-ce que vous faites ici ? Demande-t-il.

Il a l'air impressionné par Edward. Je me rappelle à temps avoir dit à Edward que je ne savais pas mentir, il n'est pas l'heure de lui prouver le contraire, alors je tente de mal mentir :

« Hum... Edward, qui est là, voulait... il hésite à rejoindre votre club. Alors, euh, je l'ai accompagné pour qu'il puisse savoir comment ça marche.

Edward me regarde amusé.

« C'est ça, confirme-t-il en hochant la tête.

« Oh, euh... bah... c'est un peu tard, maintenant. Les inscriptions sont fermées.

« Je m'en doutais, déclare Edward, mais je voulais être sûr. Merci quand même.

C'est au tour d'Edward de m'entraîner avec lui, il nous arrête dans un couloir vide, il s'adosse au mur et me tient contre lui, face à face.

« Tu ne sais vraiment pas mentir, souffle-t-il amusé. Il va falloir t'entraîner pour faire mieux que ça.

Il m'embrasse.

« Surtout si tu as l'intention de faire d'autres petites expériences du même genre au lycée ou dans un endroit où l'on risque d'être surpris.

Je souris, mutine.

« Je te renverrai l'ascenseur, ce soir, sourit-il.

« Je ne peux pas découcher tous les soirs, ça va finir par se voir.

« Je viendrai, m'assure-t-il. Laisse ta fenêtre ouverte.

J'arque un sourcil.

« Je suis bon en escalade, s'amuse-t-il. Et il y a un arbre en face de ta fenêtre.

« Comment le sais-tu ? Fais-je avec suspicion.

Il me sourit.

« Tout le monde sait où le chef Swan habite, répond-il.


Je commence à me poser de sérieuses questions quand je retrouve ma chambre, le soir-même. Le livre "Faîtes ressurgir le bon en vous" est à nouveau sur mon bureau, à côté des autres. Déjà, comment les voisins ont su que c'était le mien ? M'ont-ils espionné en train de le mettre dans leur poubelle ? Pourquoi se sont-ils senti obligés de le remettre à mon père ? Ce livre va me rendre folle. Je prends un feutre, gribouille la page de couverture et le balance derrière l'ordinateur portable. Je fais mes devoirs puis regarde des vidéos sur internet. Mon regard se pose sur les préceptes de Nálson mais je décide que j'ai bien le temps avant de lire le dernier précepte.


« Papa, je suis amoureuse.

Charlie interrompt son geste et repose sa fourchette sur son assiette.

« Mh, eh bien, c'est bien je suppose. Est-ce que tu es en train de me demander de te laisser passer un week-end à Phœnix ?

Je plisse les yeux. Quel est le foutu rapport ?

« Pour retrouver ton petit-ami de là-bas, précise-t-il quand il voit ma tête.

« Ah, non.

J'ai complètement oublié que je m'étais inventé un petit-copain pour le journal du lycée et que Charlie l'avait lu.

« J'ai rompu avec lui, y a un petit moment déjà. J'étais pas vraiment amoureuse de lui.

« D'accord. Donc tu es amoureuse d'un autre garçon, à Forks ?

« Ouais mais pas amoureuse comme une amourette de lycée, hein. Amoureuse amoureuse.

Je peux presque voir les rouages s'activer dans l'esprit de mon père alors qu'il me fixe incrédule.

« Tu es en train de doucement me faire comprendre que ce garçon... est plus vieux que toi ? Assez pour que je m'inquiète ?

Je retiens un rire.

« Non papa, il a 17 ans.

Je vois le soulagement transparaître sur ses traits.

« Tant mieux, je n'ai pas envie de le mettre en garde à vue pour détournement de mineur sur ma propre fille.

Je grimace un peu mais je ne réplique pas.

« Qui c'est, ce garçon ? Le petit Cullen qui t'a accompagné au bal ? Edward, c'est ça ?

« Ouais, c'est lui.

Il hoche la tête.

« Le Dr Cullen, son père, est un bon médecin, commente-t-il. On a de la chance qu'il aie choisi notre hôpital. Lui et sa femme sont des gens biens et leurs enfants ne causent jamais de problème.

Je pense que c'est sa façon à lui d'approuver ma relation avec Edward. Je ne lui parle pas encore du mariage, bien sûr, c'est trop tôt. Il faut d'abord qu'il se fasse à l'idée que sa fille a une relation amoureuse tout à fait sérieuse. D'ici quelques jours, je lui annoncerai la grande nouvelle.


J'ai laissé ma fenêtre ouverte, changé mes draps pour être sûre de leur fraîcheur. Quoi d'autre ? Me demandé-je en faisant le tour de ma chambre. Je pense que c'est bon. Je m'installe sur ma couette, vêtue d'un débardeur et d'une culotte et lis le dernier précepte de Nálson en attendant l'arrivée d'Edward. S'il n'a pas oublié.

Précepte 7
La longue descente en enfer

Lorsque les chaînes de ta manipulation seront fermement verrouillées autour de ta cible, il est temps pour toi de l'entraîner vers les ténèbres. C'est à ce moment que tu dois commencer à renverser la vapeur pour faire sombrer ta cible dans une longue descente en enfer.

Je ferme le livre sans lire le reste du chapitre. C'est...

C'est mal.

Bien plus que mon idée de départ, quand je prévoyais de juste l'abandonner quand j'en aurais eu assez de le manipuler. Ce n'est plus d'actualité puisque nous allons nous marier et signer un contrat de mariage. C'est comme deux contrats en un seul, un double piège et s'il ne règle jamais sa dette envers moi pour ce mariage, il me sera redevable jusqu'à sa mort.

Je me rends bien compte qu'avec ma maladie, je pourrais lui faire du mal malgré moi, sur un coup de folie, prendre un couteau et le poignarder, par exemple... ou le mordre jusqu'à ce qu'il meurt comme pour Will. Je sais que je représente un risque pour sa vie mais je ne veux pas volontairement lui faire du mal et c'est ce que ce précepte préconise. Hors de question de suivre ce précepte. Ce livre m'a bien aidée mais à présent, je vais suivre mon propre chemin pour continuer à manipuler mon petit-ami.

Un bruit et un mouvement attire mon regard à la fenêtre, je vois des mains agrippées au rebord de ma fenêtre puis Edward la traverse comme il peut. Une fois debout dans ma chambre, il se frotte les mains et me sourit.

« J'ai eu peur que tu m'aies oubliée, chuchoté-je.

Je pose le livre sur ma table de chevet et lui souris quand il s'assoit sur mon matelas.

« Jamais

Il caresse ma joue et se penche pour m'embrasser. Il se défait de sa veste et retire ses chaussures. Je me décale pour lui faire de la place dans mon lit simple. Nous nous embrassons un moment. Il pose sa tête sur son bras plié pour la garder haute et me regarder.

« Est-ce que ton père va bien ? Demande-t-il.

Je fronce les sourcils.

« Tu veux vraiment qu'on parle de mon père, là, maintenant ? Fais-je en arquant un sourcil.

Il glisse son doigt sur mon nez.

« C'est difficile pour lui, en ce moment, justifie-t-il.

« Tu entends ses pensées ?

Il hoche la tête.

« Son adjoint est mort, c'est normal qu'il se sente mal. Et puis, pourquoi tu me demandes si tu connais déjà la réponse.

« Je me demandais seulement si tu t'en étais rendue compte.

« Ouais mais je ne peux rien y faire. Et je ne sais toujours pas si c'est moi qui l'aie tué ou pas. Je ne me vois pas le réconforter si je suis responsable de la mort de son adjoint.

« Il n'y a pas que Will, il y a toi aussi.

« Moi ?

« Il est vraiment perturbé de savoir qu'il n'est pas ton père. Il a l'impression qu'il peut te perdre à tout moment.

« Il ne le fera pas parce qu'il reste quand même mon père. Il m'a élevée et tout ça.

« Peut-être que ça le rassurerait si tu le lui disais.

« J'crois que je lui ai déjà dit mais je lui redirai, si tu veux.

Edward me sourit et caresse ma mâchoire avant de m'embrasser.

« J'ai pensé à toi toute la journée, susurre-t-il.

« J'étais avec toi à toutes les pauses, lui signifié-je.

« Je sais, sourit-il contre ma joue, mais quand je n'étais pas avec toi.

« Ah oui ?

« Mh, mh, confirme-t-il.

« Eh bien, moi aussi, confié-je. Je pensais justement à toi avant que tu n'arrives.

« Tu n'étais pas en train de lire ?

« Je devais mais tu m'en as empêché.

« Oh, je vais devoir me faire pardonner, alors.


Je remets ma culotte avant de me réinstaller contre Edward. Je n'ai eu le temps que d'enlever son t-shirt avant qu'il ne descende pour me titiller. Nous nous embrassons un moment puis je finis par m'endormir dans ses bras, la taille du lit ne me laisse de toute façon pas le choix. Il me réveille le lendemain matin avec sa main qui parcourt mon corps. Je regarde l'heure sur ma table de chevet.

« L'alarme allait sonner dans trois minutes, lui indiqué-je.

« Ne suis-je pas un meilleur réveil ? S'enquiert-il.

Je tourne la tête pour fixer ses iris ambrés.

« Si, souris-je. Assurément.

Ravi de ma réponse il m'embrasse.

« Charlie est parti travailler alors je peux rester avec toi mais je devrais partir bientôt, j'ai laissé ma voiture chez moi.

« Tu es venu à pieds ? M'étonné-je.

« Un peu de marche ne fait pas de mal, s'amuse-t-il.

Nous nous levons, il part récupérer son t-shirt que j'ai balancé au hasard et qui a atterri près du fauteuil de mon bureau. Il se baisse et se relève pour l'enfiler. Son regard se pose sur mon bureau puis sur ma table de chevet.

« Tu as deux "Crime et châtiment" ?

Ah, je n'apprends pas de mes erreurs, visiblement. Je récupère le livre sur ma table de chevet avant qu'il se décide à le prendre pour vérifier.

« Ouais, on m'a offert celui-là sans savoir que je l'avais déjà.

« Ce livre-là est moins épais, remarque-t-il en pointant celui que je tiens.

« C'est écrit plus petit.

Je souris et hausse les épaules.

« Je devrais les ranger quelque-part, ça fait longtemps qu'ils traînent.

J'ouvre le tiroir de ma table de chevet, jette les préceptes de Nálson dedans avant de prendre les autres et les y ranger par dessus.

Edward ramasse celui derrière mon ordinateur et fronce les sourcils en le voyant gribouillé.

« Tu n'as pas aimé celui-là, apparemment.

Je le récupère.

« Chaque fois que je le jette, il réapparaît, justifié-je. Il m'a énervée.

Je le jette dans ma corbeille.

« Il ne mérite pas d'exister.