CHAPITRE 1 : La Rencontre

S'il avait su, par avance, à quel point sa vie allait basculer après avoir tourné à ce coin du château, il est possible que Drago, serait parti en courant et retournée directement dans la salle commune de Serpentard.

Mais il n'avait aucune idée de ce qui l'attendait au tournant. Aucune idée du chagrin, et finalement de la joie, qu'il ressentirait suite à ce virage pour atteindre le couloir, et pourtant, la salle commune des serpentards étaient le dernier endroit de tout Poudlard où il souhaitait être à ce moment précis. Même la tour Gryffondor semblait plus attractive en comparaison. En fait, non. Si le choix lui avait été donnée, il serait retourné avec les siens plutôt que de mettre un seul pied dans le territoire gryffondorien. Mais étant donné sa haine pour cette maison en particulier, et la leur à son égard, ce n'était pas peu dire. La fête que Pansy s'employait d'organiser, depuis plusieurs mois, battait son plein et Draco ne sentait pas vraiment sociable, ce soir. Il a déjà donnée, le temps où il faisait des apparitions comme on l'attendait de sa part – après tout, il était préfet en chef et sans oublier, le capitaine de l'équipe de quidditch de Serpentard - était révolu le jour où il n'était plus le centre d'attention.

Ce qui veut dire qu'il aurait passé un temps bien plus considérable à boire un punch fade et à repousser les avances de Pansy qu'il n'aurait voulu l'admettre. Parce qu'il était le centre d'attention de la plupart des serpentards. Surtout depuis qu'il est préfet en chef, mais même avant sa septième année, il a toujours été une sorte de célébrités chez les Serpentard, de par son nom, sa fortune, la position de sa famille dans le cercle proche du Seigneur des Ténèbres, pour ses compétences au quidditch - (bien qu'il n'ait pas encore battu Potter à l'attrapage du vif d'or, il avait sécurisé plusieurs victoires pour Serpentard face à Serdaigle et Poufsouffle, au fil des années) – et, auprès de la gente féminine, pour son apparence.

Il était, comme son ennemi de toujours Harry Potter, relativement petit et léger – une exigence pour un bon attrapeur – mais son corps mince avait tout de même une forme de nervosité dans sa musculature et avec ses cheveux gris argenté et ses yeux étranges et pâles, il faisait évidemment tourner toutes les têtes sur son passage. Il n'était pas un dieu bronzé même avec le meilleure effort d'imagination, mais son apparence était agréable à sa façon. Et spécialement lors de rares – extrêmement rares – occasions où il souriait … Pas un sourire suffisant, qu'il arborait une bonne douzaine de fois par jour, mais quand il souriait vraiment, ce qu'il a fait, probablement, une douzaine de fois depuis sa première année à Poudlard – l'effet en était tout simplement éblouissant.

A cet instant précis, il ne souriait pas. En réalité, il était sur le point de grogner, alors qu'il repensait à la dernière tentative éhontée de Pansy, de le séduire. C'est déjà assez grave de savoir que sa famille attendait de lui qu'ils se marient, ensemble, peu de temps après l'obtention de leur diplôme – après tout, le pedigree de Pansy était impeccable – il ne souhaitait pas sauter dans l'océan de souffrance qui l'attendait en s'attachant à elle maintenant. Leur mariage serait un mariage arrangé et même s'il s'y soumettrait, il refusait de donner une quelconque validation à Pansy en sortant avec elle, avant leur mariage. Le fait qu'il est reçu l'ordre de son père de l'accompagner à chaque bal de l'école était déjà épouvantable. Passer du temps avec elle, volontairement, n'était pas une possibilité.

Il ne le ferait pas.

Point.

Erk. Avec son sale visage de carlin minaudant et petite …

Qu'est-ce que c'était ?

Il s'était arrêté brusquement, la tête penchée d'un côté, pour écouter. Au détour du virage, retentit le bruit d'une porte qui s'ouvre et se referme – la salle de potions ? – et puis des pas – au moins deux personnes, courant dans le couloir et ricanant par intermittence de manière à peine étouffés. Crabbe et Goyle peut-être ? Il ne les avait pas vu à la soirée maintenant qu'il y pensait.

Il est resté là un moment jusqu'à ce que les bruits disparaissent, reconnaissant qu'ils ne l'aient pas vu, qui qu'ils soient, surtout si c'était bien Crabbe et Goyle. Il faut reconnaître qu'il était parfois utile d'avoir deux grands et très dévoués crétins faire le sale boulot même si traîner avec ces deux-là n'était pas un plaisir pour Drago.

Mon dieu, qu'ils étaient stupides.

Et que faisaient-ils dans une salle de classe vide après le couvre-feu ? Commettre de petits actes de vandalisme ? Probablement. Si c'était ça, il devrait les couvrir en blâmant Peeves parce qu'ils étaient trop bêtes pour rejeter la faute sur quelqu'un d'autre. C'était déjà arrivé. Et quelle salle de classe, ces deux idiots, avaient-ils décidées de vandaliser ? Pourquoi celle de leur directeur de maison ? Franchement, si c'étaient comme ça qu'ils s'éclataient, pourquoi diable ne pas cibler McGonagall ou cette folle de Trelawney ?

Ah oui, c'est parce qu'ils sont stupides.

Il secoua la tête d'exaspération. Qu'a-t-il fait pour mériter d'avoir ces deux imbéciles comme « amis » ? Il n'y avait pas un seul élève de la maison Serpentard s'approchant un tant soit peu de son intelligence, et Drago, qui ne s'embarrasse pas de fausse modestie, le savait pertinemment. Et comme il ne veut pas se rapprocher des autres maisons, les conversations intellectuelles étaient un luxe qu'il avait depuis bien longtemps abandonné. Le meilleur moyen qu'il ait trouvé pour échapper à ses camarades de maisons intellectuellement limité, était de se faufiler dans la bibliothèque et de se plonger dans bon livre, de temps à autre. C'était vers cette dernière qu'il se dirigeait, actuellement. Il était sûr, comme le couvre-feu était passé, que la bibliothèque serait déserte, comme il préfère de toute façon.

En particulier cette nuit, il était sûr que personne n'y étudiait.

Voici toutes les pensées qui le traversait lorsqu'il tourna au coin et entra dans le couloir qui abritait la salle de potions.

Il s'arrêta subitement. Ses yeux semblaient être attiré par la porte de la salle de potion.

Ce qu'il vu ensuite, même s'il ne le savait pas à l'époque, changera sa vie.

Alors qu'il regardait, la porte, qui avait été fermée par quelqu'un qu'il avait entendu sortir de la pièce plus tôt, s'ouvrit à nouveau et une fille à moitié trébuchante, sorti dans le couloir.

Pas n'importe laquelle.

La préfète en chef.

Granger.

Alors que Drago la regardait, sidéré, elle faillit tomber au sol, mais réussit à s'accrocher au montant de la porte et à s'y tenir. Elle contourna ensuite très soigneusement la porte jusqu'à ce que son dos soit posé contre le mur de pierre, s'appuyant lourdement contre celui-ci.

Elle avait une sale tête. Son uniforme était froissé, ses cheveux en désordre, un large hématome commençait à apparaître sur une de ses joues, un filet de sang écarlate s'échappait d'un coin de sa bouche. Ses deux bras étaient étroitement enroulés, de manière protectrice, autour de son abdomen, et sa respiration était saccadée et irrégulière.

Drago l'observa un long moment, alors qu'elle se tenait là, s'appuyant contre le mur avec ses yeux fermés. Puis il comprit, et il expulsa l'air de ses poumons alors qu'il réalisait exactement ce que cela signifiait.

Crabbe et Goyle – il était maintenant sûr que c'était eux – ont battu la préfète en chef. Mon dieu. Ils étaient dix fois plus stupides qu'il ne le pensait. Ils allaient être renvoyés pour ça ! Comment diable allait-il réussir à les couvrir ?

Finalement, est-ce qu'il voulait vraiment les couvrir ?

Son premier instinct aurait été de protéger les siens – enfin d'abord lui et ensuite les siens. Mais ça – l'idée que deux brutes de la taille de Crabbe et Goyle attendant dans un coin pour battre une fille – même Granger – le révulsait. C'était juste … bas. Même si Saint Potter ne le croirait pas, Drago avait une sorte de code moral, et taper une fille n'en faisait pas partie. Jouer brutalement au quidditch était une chose cela faisait partie du jeu les filles qui rejoignaient les équipes de quidditch le savaient parfaitement, mais ça – deux monstres comme Crabbe et Goyle s'associant délibérément pour battre une fille – n'allait définitivement pas. Peu importe qui est la fille.

Finalement, ses jambes ne la supportant plus, elle glissa le long du mur pour atterrir durement, en position assise, réprimant un cri de douleur. Elle baissa la tête en avant, mais pas assez vite car Drago eut le temps de voir des larmes coulées sur ses joues abimées.

Il s'approcha et s'accroupi à côté d'elle.

— Granger

— Dégage. Malfoy. Répondit-elle sans même lui adresser un regard.

Il du combattre l'envie de laisser cette foutue sang de bourbe assise là, continuer son chemin et oublier complètement qu'il avait vu ça. Après tout, il n'avait pas besoin de complication dans sa vie. Ce n'était pas son problème.

Sauf que ça l'était. Elle était préfète en chef et lui préfet en chef et ses deux foutus crétins étaient impliqués. Alors c'était son problème. Oh, oui.

— Granger, répéta-t-il avec une voix qu'il voulait douce.

Finalement, elle releva la tête pour le regarder dans les yeux et il ajouta :

— Que s'est-il passé ?

Elle ne dit rien et continua de le fixer. Ou essaya, du moins. Ses yeux étaient empreints à trop de douleur qu'ils étaient à peine menaçant. Il essaya à nouveau :

— Est-ce que c'était Crabbe et Goyle ? Bien qu'il en connaisse la réponse.

Elle se remis à regarder le sol et chuchota très faiblement un « oui ».

Une autre pensée s'insinua dans son esprit et le troubla alors qu'il la regardait attentivement, ses vêtements froissés et déchirés par endroits.

— Granger, est-ce qu'ils ont … enfin … est-ce qu'ils ….

— Mon dieu, non !

Elle pleurait. Elle avait bien compris ce qu'il voulait dire, avec une véhémence à laquelle il ne s'attendait pas. Elle se retourna, de nouveau, face à lui et son visage était déformé par le dégoût.

— Je préfèrerais mourir !

— Bien. Alors qu'est-ce que tu faisais ici, seule ?!

Il explosa, frustré de toute cette situation, et surtout, cela suscitait en lui des sentiments plus que contradictoires. Il n'était pas censé se préoccupé de la Sang-de-Bourbe, putain, c'est n'importe quoi ! Son seul problème aurait été de faire en sorte que cela ne s'ébruite pas et sauver la peau inutile de ses deux camarades de maison. Il devrait se préparer à Obliviate la fille en face de lui. Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser que Crabbe et Goyle étaient allés trop loin cette fois. Vraiment trop loin.

— Tu sais très bien que tu es en territoire ennemie, ici, Granger, rajouta-t-il sans pouvoir se calmer.

— Ce n'est pas comme si j'étais venu pour m'amuser. Je patrouillais.

— Patrouiller …. Seule ? Où est ton putain de partenaire de patrouille ? Où est Weasley ?

Tous les vendredis et samedis soirs, les préfets devait patrouiller dans les couloirs du château, à tour de rôle, passer le couvre-feu, et le préfet et la préfète en chef n'en étaient pas exemptés. Mais toujours, deux préfets, de la même maison le plus souvent, patrouille ensemble. C'était plus qu'une habitude, c'est une règle. Notamment destiné à empêcher un tel événement. Pourquoi diable Granger avait-elle patrouillé seule ce soir ?

— C'est la Saint-Valentin, chuchota-elle avec une amertume non dissimulée. Ron avait de meilleur chose à faire, ce soir.

Pendant un temps, la seule chose que Drago était capable de faire était de la fixer, atterré.

— Mais … mais Weasley est censé être un de tes meilleurs amis. Je ne laisserai pas Pansy patrouiller seule, et je n'aimerai pas …

Il se reprit brusquement et se tut. Il en avait presque trop dit. Il se reprit en main avant de demander :

— Alors pourquoi Weasley ne s'est pas trouvé un remplacement ?

— Tout le monde a des projets pour ce soir, Malefoy. Tout le monde.

— Tout le monde sauf toi, la corrigea-t-il, incapable de résister à lancer une pique, même maintenant.

Il y eut à nouveau cet éclat dans son regard.

— Je ne vois personne à ton bras.

— J'ai eu mon rendez-vous avant le couvre-feu. Je suis gentleman comme ça.

Au mot « gentleman », Hermione émit un grognement moqueur – mais le son se transforma en un halètement douloureux et elle se replia, la tête baissée sur ses genoux relevés, les bras toujours étroitement enroulés autour d'elle, serrant son corps de manière protectrice.

— Granger, où as-tu mal ?

Pas de réponse.

— Bon, je t'emmène chez Pomfresh. Je suis préfet en chef donc je suppose que je n'ai pas vraiment le choix en la matière.

Sa tête se releva à ce moment et il était surpris de voir de la panique dans ses yeux.

— N'essaie même pas, Malefoy ! Je ne peux pas y aller !

— De quoi tu parles ? Regard toi, Granger, tu es clairement blessée. Pas que je m'en soucie, mais en tant que préfet en chef, j'ai un certain devoir envers …

— Dégages putain avec ton devoir !

Répondit-elle paniqué et en colère contre Drago. Il ne pouvait pas s'en empêcher – sa mâchoire tomba littéralement d'étonnement. Il n'avait jamais imaginé qu'elle était d'utiliser un tel langage. Pas la petite Granger. Bon Dieu, et ensuite ?

— Je ne vais pas aller à l'infirmerie. Tu ne comprends pas ? Patrouillée seule est contre les règles. J'aurais des problèmes pour ça, et Ron en aurait de plus grave de m'avoir laissé seule. Et Harry deviendrait furieux contre Ron et … ce serait l'enfer ! Je pourrais perdre mon poste pour ça et je ne pourrais pas le supporter ! Et… pourquoi je te dis tout ça ? Pourquoi je me confie à la seule personne qui adorerait que tout ceci arrive.

De nouvelles larmes se sont mis à couler de ses yeux et elle posa de nouveau son front sur ces genoux en se marmonnant qu'elle était stupide.

Drago réfléchit vite. Voilà comment couvrir ce petit et moche incident. Elle lui offrait sur un plateau d'argent !

— On se calme Granger. Je ne dirai rien si tu ne le veux pas. Après tout, j'ai mes propres raisons d'avoir envie que cela ne se sache pas.

— Tu veux dire que tu pourras protéger les deux cauchemars que tu appelles amis, toujours la tête sur ses genoux.

— Comme si tu n'aurais pas fait pareil pour Potter et Weasley. Tu as bien dit, une minute plus tôt, que tu ne voulais pas que Weasley ai des problèmes – et à mon avis, il devrait en avoir des problèmes ! Ce n'est que sa faute.

— Ce n'est pas entièrement sa faute. Ce n'est pas lui qui … qui … qui m'a … enfermé dans une salle de classe vide et …

Elle s'interrompit, apparemment incapable, ou peut-être qu'elle ne voulait pas, exprimer ce qu'elle venait de vivre. Finalement, elle réussit à se reprendre, après un moment :

— De toute façon je ne protégerai pas Harry et Ron s'il avait fait quelque chose comme ça. Même à toi.

— Bien, bah … Merci Granger, je suis touché.

En disant cela, il se leva, puis se pencha, la saisissant sous les bras et, sans ajouter un mot, la souleva.

En disant cela, il se leva, puis se pencha et l'attrapa sous les bras et, sans ajouter un mot, la remit debout sur ses pieds. Il était sur le point de lui offrir de la raccompagner à mi-chemin de la tour Gryffondor – une concession extraordinaire qu'il était prêt à faire.

Apparemment, le fait de la tirer ainsi empiré ses blessures, car elle cria de nouveau comme elle l'avait fait plus tôt en tombant au sol, mais cette fois, elle n'a pas pris la peine – ou n'a pas pu – étouffer son cri. Et puis ses jambes ne la supportant plus, une nouvelle fois, et elle s'effondra en avant, droit sur lui, sa tête s'écrasant contre son épaule alors qu'elle commençait à glisser inexorablement vers le sol.

— Merde, Granger.

Il leva les deux bras, l'attrapant par la taille, la tirant fortement et instinctivement contre lui pour arrêter sa chute. Elle cria à nouveau, étouffé cette fois par le tissu de sa chemise. Réalisant qu'elle n'allait en aucun cas se tenir debout toute seule, il la fit redescendre lentement vers le sol, l'allongeant sur le dos, sans se rendre compte de la manière dont il lui tenait la tête avec sa main, la protégeant des dalles froides et dures du sol du château.

— Granger, marmonna-t-il en se penchant sur elle – ses yeux étaient fermés, son visage tendu par la douleur, ses bras étaient toujours enroulés autour d'elle, même maintenant. Il rajouta « c'est quoi ce bordel ? »

Elle ouvrit les yeux et prit un moment pour se concentrer sur lui. Sa respiration était rapide, tellement faible qu'il se demandait si de l'air atteignait réellement ses poumons.

— Ma … Mal … Malefoy, haleta-t-elle, apparemment avec beaucoup d'effort, ça fait mal de res … res … respirer.

— Merde, merde, merde, marmonna Drago dans sa barbe, inexistant. Oh, putains d'idiots, qu'est-ce que vous avez fait ?

Retournant son attention sur Hermione, il glissa doucement sa main sous sa tête et l'attrapa par le menton, l'obligeant à maintenir un contact visuel.

— Granger, dit-il, même si cela va à l'encontre des intérêts de ma propre Maison, je vais te suggérer - fortement - de reconsidérer ta visite à l'infirmerie. Je peux te faire léviter. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, c'est vraiment très sérieux.

Pourtant, bien qu'apparemment à peine consciente, elle secoua la tête du mieux qu'elle pouvait.

— Non, murmura-t-elle. Malfoy. Non.

— Il va falloir que tu me laisses voir les dégâts, alors.

Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle réalisa ce que cela impliquait, et elle se serra plus fort dans ses bras, ses bras se resserrant sur sa cage thoracique, juste en dessous de sa poitrine. Drago sentit sa colère revenir.

— Qu'est-ce que tu crois, Granger, que la blessure va disparaître toute seule ? Quelqu'un doit regarder, et si tu refuses toujours de voir Pomfresh, je vais devoir le faire.

Elle ferma à nouveau les yeux, des larmes s'échappant toujours de ses yeux pour venir couler sur les côtés de son visage et se perdre dans le désordre de ses cheveux.

— Cà doit être fait, dit Draco, autant à lui-même qu'à elle.

Il écarta doucement mais fermement ses bras de son corps. Les tenant pressés contre le sol de chaque côté d'elle, il demanda :

— Puis-je te faire confiance pour garder tes bras sur le côté, ou préfères-tu que je t'immobilise ?

Ses yeux s'ouvrirent à nouveau, la peur et la méfiance se lisaient clairement dans son regard malgré l'obscurité.

— Ne ... tu... n'oseras pas, réussit-elle à articuler ses respirations difficiles.

Il haussa les épaules.

— Fais comme tu veux, Granger, mais reste tranquille. En disant cela, il saisit l'ourlet de son chemisier blanc.

Qui diable portait son uniforme un samedi soir ? En patrouille ou pas, d'ailleurs. Pas étonnant qu'elle soit sans plan le jour de la Saint-Valentin. Il remonte le chemisier vers le haut, révélant son corps mince, révélant …

— Oh, mon Dieu, murmura-t-il d'un ton de dégoût.

Il savait que Crabbe et Goyle étaient peut-être allés trop loin cette fois-ci, mais maintenant, voyant à l'étendu des blessures, il en était sûr. Il lui vint à l'esprit pour la première fois qu'elle aurait pu littéralement en mourir – en fait, à première vue, cela pourrait encore arriver. Et qu'est-ce qui lui arriverait si elle mourait sous sa surveillance ? Il eut une vision brève mais intense de lui-même portant le cadavre de Granger à l'infirmerie, et les réactions que cela provoquerait. Personne ne croirait qu'ila essayé de l'aider. Il serait tenu responsable de sa mort. Il serait expulsé. Il serait envoyé à la putain de prison d'Azkaban ! Il réalisa que ce n'était pas seulement les culs de Crabbe et Goyle qui étaient en jeu, le sien l'était désormais aussi.

Oh, ces deux salopards vont payer pour ça.

Et à bien y penser, Weasley aussi.

Sa cage thoracique était meurtrie. Une tache massive, laide sur sa peau, était douloureuse rien qu'à regarder. De toute évidence, elle avait plusieurs côtes cassées ; cela expliquait également ses difficultés respiratoires. Il pouvait voir une des fractures – un bout d'os poussant contre sa peau. Si l'un de ces fragments lui avait perforé le poumon...

Il sentit son estomac se retourner.

Il détourna ses yeux de ce corps écorché et les releva vers son visage. Elle se battait inconsciente, ses yeux se fermèrent presque, puis se rouvrirent en sursaut, comme un enfant luttant contre le sommeil.

— Granger, dit-il en se penchant pour que leurs nez se touchent presque, voulant attirer son attention, et surpris à l'instabilité de sa propre voix.

— Male...foy.

Oh, oui, elle se battait. Elle se battait dur pour rester éveillée, alerte.

— Ça va faire mal. Je dois te trouver quelque chose à quoi t'accrocher.

Il regarda autour de lui avec agitation – ce n'était pas du désespoir, ce n'était pas le cas - ou si c'était le cas, c'était entièrement dû au fait que si elle mourait, il était bel et bien baisé. Ce n'était sûrement pas qu'il s'inquiétait d'une putain de Sang-de-Bourbe – mais avant qu'il ait pu trouver quelque chose à mettre dans ses mains, il la sentit serrer fort son poignet.

— Toi, murmura-t-elle d'une voix rauque. Tenir à … toi.

Il cligna des yeux avec étonnement. Donc, apparemment, elle ne pensait plus clairement.

— Très bien, alors, dit-il, perdu. Si c'est ce que tu veux, Granger.

Il libéra son poignet, puis serra sa main, enroulant fermement ses doigts dans les siens. Avec son autre main, il chercha sa baguette et plaça la pointe légèrement contre la cassure qu'il pouvait voir. Elle tenait fermement sa jupe de l'autre main.

— Compte jusqu'à trois, murmura-t-il. Un... deux...

Finalement, il ne dit "trois", il a juste marmonné rapidement les mots du sort de guérison. Il y eut un craquement, étonnamment fort dans ce couloir désert, alors que l'os se remettait en place. La bosse disparue, laissant sa peau lisse, bien que toujours gravement meurtrie. Quand il regarda son visage une fois de plus, il vit qu'elle s'était évanouie, sans doute à cause de la douleur causée par la compression de sa côte.

C'était probablement mieux pour eux deux, décida-t-il. Tant qu'il parvenait à la réveiller à nouveau, quand le moment était venu.

En attendant, il avait encore beaucoup de travail à faire. Il passa lentement sa baguette d'avant en arrière sur son corps, pour être averti avec une petite pluie d'étincelles vertes chaque fois que la baguette détectait une blessure. De cette façon, il découvrit encore une côte cassée et deux fêlées. Une fois ceux-ci réglés, sa respiration est devenue beaucoup plus facile, même si elle n'avait pas repris conscience.

Les dégâts majeurs étant désormais réparés, il commença le processus minutieux de guérison de ses nombreuses contusions. Une fois fini, il baissa sa chemise, les bleus qui couvraient son abdomen s'étaient estompés et coloré de jaune comme des blessures vieilles de plusieurs semaines, et Draco était épuisé. Il était presque sûr qu'elle aurait encore de la douleur, mais en ce qui le concernait, elle pouvait très bien vivre avec ça. Cela pourrait lui servir de rappel concernant sa stupidité de patrouiller seule sur le territoire de Serpentard. Il a délibérément laissé l'ecchymose sur son visage et sa lèvre coupée. Qu'elle les guérisse elle-même si elle en avait l'envie - et le talent - de le faire. Il espérait plutôt que ce ne serait pas le cas.

Il savait qu'elle voulait cacher cet incident à Potter et Weasley, mais personnellement, il pensait qu'ils devraient savoir. Weasley ne mériterait pas de vivre dans l'ignorance béate des dégâts causés par son irresponsabilité. Il devrait être obligé de faire face au fait que sa stupidité avait presque coûté la vie à l'une de ses meilleurs amis. Abandonner ses fonctions de préfet étaient déjà assez pénibles - Granger avait exprimé sa crainte de perdre son insigne à cause de cela, mais de l'avis de Draco, c'était Weasley qui devrait perdre le sien. Depuis la cinquième année, Draco avait pris ses fonctions de préfet très au sérieux. Bien sûr, il utilisait parfois son statut à son avantage et en profiter sur les autres étudiants - quel genre de Serpentard serait-il s'il ne le faisait pas ? - mais se dérobait-il à ses devoirs ? Jamais.

Donc, c'était déjà assez grave que Weasley ait abandonné ses fonctions de préfet. Mais pire encore, il n'avait pas rempli son devoir en tant qu'ami. Ce que Drago ne comprenait tout simplement pas. Il était encore là, cet instinct de Serpentard de protéger son propre clan. Quoi que les autres Maisons puissent dire d'autre à propos des Serpentards, personne ne pouvait les accuser de ne pas se soutenir. Il suffit de regarder Rogue, un exemple de la loyauté féroce et de la protection des membres de sa maison. Drago eut un petit sourire narquois à cette pensée. Bien sûr, les autres étudiants râlaient, gémissaient et appelaient cela du favoritisme. Mais les serpentards devaient rester unis. Existait-il une alternative alors que les trois quarts de l'école – y compris les professeurs – les détestaient ?

Draco aurait pris des risques pour protéger à peu près n'importe quel membre de sa Maison, et particulièrement pour ses camarades de septième année, qu'il connaissait le mieux et depuis plus longtemps. Merde, c'était ce qu'il faisait en ce moment, n'est-ce pas ? Risquer son propre cul pour guérir Granger, pour que les professeurs ne sachent jamais ce que (ces putains de crétins !) Crabbe et Goyle lui avaient fait, ce soir. Et le problème, c'est qu'il ne reconnaissait même pas à Crabbe et Goyle comme des amis. Juste... des associés qui se sont avérés utiles parfois. À bien y penser, n'avait pas vraiment d'amis parmi ses camarades serpentard (un véritable ami devrait être capable de le suivre intellectuellement, et aucun d'entre eux ne le pouvait), mais même ainsi, comme il l'avait dit à Granger plus tôt, il n'en aurait envoyé aucun patrouillant seul en territoire ennemi. Donc il ne pouvait tout simplement pas imaginer avoir un véritable ami – un ami que l'on aimait réellement – et il apparaissait, même d'un point de vue étranger, que les membres du trio d'or s'aimaient - et pourtant ils ne se souciaient que peu d'elle. L'envoyer comme ça, seule vers le danger – et même si Weasley n'avait honnêtement pas vu le danger, alors il était aussi stupide et aveugle que pauvre et laid - juste pour qu'il passe une soirée à embrasser une greluche. Ce n'était pas comme si la Belette avait une relation sérieuse. Draco s'en ferait un devoir de savoir concernant Weasmoche et la greluche pour avoir plus de munitions pour ses railleries.

Il secoua la tête avec lassitude. Les Gryffondors n'avaient aucun sens pour lui. Cela n'avait aucun sens.

Mais en parlant des Gryffondors, la question se posait maintenant de savoir quoi faire de ce spécimen en particulier. Il était bien sûr hors de question qu'il la ramène à sa chambre. En tant que préfet en chef, il avait droit à une chambre privée, mais il devrait la porter jusqu'à la salle commune des Serpentard pour y arriver. La salle commune dans laquelle la fête de Saint-Valentin de Pansy battait sans aucun doute son plein. Non pas qu'il aurait consenti à avoir une sang-de-bourbe dans sa chambre de toute façon, à bien y penser. Non, sa chambre n'était définitivement pas une option. Et ils avaient déjà déterminé que l'infirmerie n'était pas non plus une option.

Très bien, sa chambre alors ? Non, c'était à l'autre bout de l'école et en haut d'une centaine de marches. Beaucoup trop loin le risque de croiser quelqu'un en chemin était trop grand. Comment diable s'expliquerait-il ? Pourrait-il la réveiller et la renvoyer seule à la tour de Gryffondor ? De cette façon, même si elle rencontrait un adulte, elle pourrait simplement et honnêtement déclarer qu'elle revenait de sa tournée - s'ils vérifiaient la liste, ils verraient qu'elle était effectivement inscrite pour ce soir. Ils verraient aussi que Weasley était inscrit, et ensuite il aurait des ennuis s'il s'était soustrait à son devoir, ce qui, Drago pensa-t-il avec véhémence, ce serait une bonne chose dans l'ensemble.

Mais non... d'une manière ou d'une autre, il n'arrivait pas à se résoudre à la laisser en liberté à l'école avec ses blessures, encore fraiches. Ayant été celui qui l'avait guérie, il ne pouvait s'empêcher de ressentir désormais un certain sentiment de responsabilité à son égard. Il était sûr que cela s'atténuerait assez rapidement, mais pour ce soir – juste pour ce soir – il ne l'abandonnerait pas comme ses soi-disant amis l'avaient fait. D'autant plus que Crabbe et Goyle étaient toujours là quelque part, causant, Dieu seul sait, quel genre de méfait. Ils pourraient être n'importe où dans l'enceinte de l'école. Si elle devait les rencontrer encore ...

Il ne pouvait pas supporter l'idée.

Alors, où diable pourrait-il l'emmener ? Ils ne pouvaient pas rester ici au milieu d'un couloir rempli de courants d'air. En fait, ils étaient déjà là, dans le couloir, exposés, depuis bien trop longtemps. C'était juste une pure chance personne ne soit arrivé comme Crabbe et Goyle retournant aux dortoirs de Serpentard, Rogue, Rusard ou ses trois fois damnés chat. Il ne pouvait pas s'attendre à ce qu'une telle chance dure plus longtemps. Mais que faire ?

Il était assis à côté du corps immobile d'Hermione, sa tête baissée dans ses mains, réfléchissant sérieusement. Il leva la tête maintenant, et la première chose que ses yeux aperçurent fut la porte ouverte du laboratoire de potions, la même porte par laquelle il avait vu la préfète en chef trébucher, à moins d'un mètre cinquante.

Cela ferait l'affaire, décida-t-il. Pour une nuit, ça ferait l'affaire. Il la fit entrer et fermi la porte derrière eux, et les chances qu'ils soient trouvés par quelqu'un à l'intérieur étaient minces. Ce ne serait pas confortable, mais ce serait sécurisé. Dommage que la salle sur demande soit presque aussi loin que la tour de Gryffondor, pensa-t-il avec regret, alors qu'il la prit dans ses bras et se leva. Il ne se rendit compte que plus tard – bien plus tard – qu'il n'avait même jamais envisager de simplement la faire léviter à travers la porte. Il avait été trop occupé à ruminer le fait qu'une pièce qui est censé fournir tout ce dont une personne a besoin à un moment donné soit stationnaire ; si c'était véritablement une salle sur demande, elle devrait pouvoir se déplacer dans l'école afin qu'en cas de besoin désespéré comme ça, il aurait pu s'en servir. Son esprit ainsi occupé, il l'avait simplement soulevée comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.

Il la porta à travers la porte dans la pièce sombre et avec un sort murmuré (le septième année avait commencer à pratiquer la magie sans baguette, récemment), fit claquer la porte et la verrouilla derrière eux.