Voici la traduction de "Demon and Angel Professors", une série de OS écrits par Ghostinthehouse sur archiveofourown, et qui a été réalisée avec son autorisation. Cette série est composée de multiples arcs courts entrecoupés de one-shots, et la totalité des écrits seront publiés ici. Les personnages sont récurrents d'un arc à l'autre.

Toute ambigüité entre être humain et être occulte/éthéré est complètement délibérée.

Je vous souhaite une bonne lecture !


Arc 01 - 01 Rattrape moi quand je chute

Le Dr Fell éveille chez ses étudiants en Littérature un instinct de protection. Il y a une douceur, une sorte d'innocence angélique dans son apparence et ses actes, depuis ses vestons démodés jusqu'à la manière identique dont il s'épanche sur son cher époux Anthony et sur ses livres. Le consensus général veut qu'aucune bonne âme n'imaginerait faire du mal à ce cher Dr Fell.

Le Dr Crowley terrifie ses étudiants en Botanique. Il rage autant sur eux que sur ses plantes, un éternel rictus tordant sa bouche sous ses lunettes noires, et a l'habitude de se vautrer sur sa chaise avec insolence. Le consensus général veut que personne ne verra jamais rien de bon en lui, et qu'il n'a jamais dit ni fait quoi que ce soit pour laisser penser qu'il se soucie de quiconque.

Certains étudiants marginalisés n'en sont pas si sûrs. Trop souvent, le Dr Crowley fait fuir les bigots et harceleurs de son fameux regard assassin en passant « par hasard » pile quand la situation est sur le point de sérieusement déraper. (Personne n'a jamais été assez effronté ou courageux pour affronter ce regard ou protester.) Mais ce n'est pas comme s'il restait ensuite pour s'assurer que tout va bien, comme le Dr Fell le fait quand il diffuse les problèmes par son arrivée distraite. (Personne n'a jamais été assez courageux pour se retourner contre le Dr Fell. Tous savent que la totalité des étudiants se dresserait pour le défendre.)

Alors, quand le bruit court que le Dr Crowley a attaqué le Dr Fell, leurs étudiants sont horrifiés mais pas surpris. Horrifiés qu'on s'en prenne à leur bien-aimé Dr Fell. Pas surpris que cette personne soit le diabolique Dr Crowley.

« Il l'a saisi par la veste, l'a plaqué au mur et lui a grogné dessus, confirme un des témoins. Et le Dr Fell a été si courageux. Il l'a juste doucement repoussé ! »

Aucun ne précise avoir fui quand le Dr Crowley a tourné son regard assassin vers eux. Une réaction si commune ne va rien apporter aux rumeurs, après tout.

Ce n'est que lorsque les étudiants ont décampé que Crowley penche la tête pour déposer un bref baiser sur la joue d'Aziraphale, avant de laisser son ange l'aider à se stabiliser sur ses jambes assaillies de crampes. « Merci, mon ange, siffle-t-il.

— Ce n'est rien mon cher. » Une étincelle d'espièglerie adoucit les yeux d'Aziraphale. « Tu réalises, bien sûr, la manière dont mes élèves vont interpréter ça ? Je vais être sous leur protection pendant des semaines et nous n'aurons plus un moment à nous sur le campus.

— Dis-leur que ton cher époux te protègera », rétorque Crowley, un éclat malicieux dans son propre regard, avant de s'éloigner avec nonchalance.

Plus tard, chez eux, ils en rient ouvertement et parient sur le temps que mettront les étudiants de premier cycle à réaliser qu'ils sont mariés.

« Ton tour de donner un indice, mon ange », dit Crowley d'une voix traînante. Il est étendu, les pieds sur les genoux d'Aziraphale.

Ce dernier sirote son thé avec délicatesse. « Oh, mon cher, je n'arrête pas d'en donner. Tu dois être bien coquin car ils ne semblent jamais comprendre où je souhaite en venir. Si tu racontais les mêmes anecdotes, peut-être ?

— Pas mon style, mon ange. Tu le sais. » Crowley décale ses jambes avec une légère grimace.

« Non, peut-être pas. Tu préfères toujours le geste à la parole. » Aziraphale pose sa tasse afin de masser les jambes de Crowley.

Celui-ci vide le fond de son verre de vin et laissa sa tête retomber en arrière. « Je n'avais pas l'intention de m'écrouler sur toi pour autant. C'était bien rattrapé. J'apprécie que tu n'm'aies pas laissé m'écraser par terre. Ils ne m'auraient jamais laissé oublier ça.

— Mon cher, répond Aziraphale, tu as toujours été ce que je pouvais attraper de mieux. Pourquoi te laisserai-je tomber ?

— Ce serait pas ma première chute. » Crowley ondule avec précaution jusqu'à ce que leurs têtes soient proches. « Viens-là, toi. Embrasse-moi et laisse-moi te tenter avec un diner tardif. C'est moi qui offre, tant que c'est livré. Je t'en dois une. »

Aziraphale rend le baiser reçu plus tôt et va chercher le téléphone. « Oh, Crowley, espèce de vieux serpent. Ne change jamais. »