Chapitre 8 : Séduction
Clarke ne cesse de penser à Lexa de toute la fin des vacances. Elles ne se revoient pas jusqu'à la rentrée. Lexa travaille beaucoup d'après Olivia et Clarke n'ose pas la déranger. Elle ne sait pas trop ce qu'elles sont encore l'une pour l'autre. Elle aimerait plus que tout qu'elle devienne sa petite amie mais elle ne l'a jamais connue avec une et ses doutes sont plus forts que son espoir. Elle renonce tant de fois le doigt sur le bouton d'appel, à imaginer comment elle pourrait lui demander des nouvelles, un rendez-vous, n'importe quoi de la façon la plus normale possible. Et puis elle s'imagine sans voix ou bégayante ou Lexa moqueuse ou indifférente et elle renonce. Elle se trouve bête d'agir ainsi, ou de ne pas agir plutôt, mais elle sent que la brune lui plait trop et elle préfère y croire le plus longtemps possible, même s'il n'y a finalement rien, que d'avoir la confirmation qu'il n'y a en effet rien, au moins de la part de Lexa. Elle s'agace d'elle-même jusqu'à la colère, parfois, tant elle se découvre timorée dans les jeux de la séduction, elle qui n'hésite jamais à foncer dans le tas pour défendre ce en quoi elle croit. Pour autant, elle ne parvient pas à oser et les jours s'écoulent sans rien y changer.
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La rentrée arrive et Clarke se retrouve rapidement prise à nouveau dans les cours et les devoirs. Ses résultats aux examens de décembre sont très bons et elle compte bien continuer ainsi mais son esprit se laisse facilement distraire par des images d'une certaine brune sexy en diable et des baisers qu'elles ont partagés. Olivia la surprend régulièrement le nez en l'air, perdue dans ses pensées, avec un sourire idiot sur le visage. Le plus souvent, elle lève les yeux au ciel, la bouscule de l'épaule et en rit avec elle. Parfois, elle s'assoit à côté d'elle pour l'écouter parler sans fin de Lexa ou la laisser la harceler de questions à son sujet. Clarke ne remarque jamais l'inquiétude qui fronce les sourcils de sa compagne de chambrée quand elle se détourne pour retourner à ses devoirs. Et, inquiète, Olivia l'est. Elle connait bien Lexa. Si, par le plus grand des hasards, elle avait vraiment flashé sur la petite blonde, elle ne l'aurait pas laissée sans nouvelles de toute la fin des vacances. Elle est de celles qui n'hésitent jamais, qui ne savent que trop tout ce que la vie peut vous retirer en un instant et qui profitent donc de chaque instant sans attendre. Elle ne sait pas ce qu'elle veut à Clarke mais vue la famille à laquelle celle-ci appartient, elle doute fortement que cela puisse n'être que du bien. Pourtant, sa loyauté première va à Lexa, alors elle se tait, malgré son attachement grandissant pour Clarke, qu'elle découvre de jour en jour si humaine sous sa fierté de façade et si fragile malgré sa force indéniable face aux mauvais coups de la vie.
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Le week-end approche et une sortie est prévue avec la petite troupe. Samedi matin, Clarke ne tient pas en place. Elle passe des heures à essayer et rejeter toutes les tenues qu'elle met habituellement pour ces moments-là. Elle veut que Lexa la remarque mais sans en faire trop. Telle tenue est trop banale, telle autre trop boomer, la suivante trop suggestive, l'autre pas assez. En début d'après-midi, exaspérée de l'entendre farfouiller dans son placard et râler aussitôt après, Olivia l'embarque pour une virée shopping. Elles vont au centre commercial le plus proche et y passent finalement plusieurs heures. En effet, Clarke ne se montre pas plus satisfaite de ce qu'elle voit dans les boutiques que de ce qu'il y avait dans sa penderie. Enfin, dans un des derniers lieux où Olivia la traine, elle trouve un haut à sa convenance. Il est noir, en similicuir brillant, sans manches et s'attache dans le cou, lui laissant le dos nu. Ce n'est pas trop de saison mais le bar où ils sortent ce soir fait aussi boîte de nuit et il y fait généralement plutôt trop chaud que trop froid. Et puis elle pourra toujours mettre son cuir par-dessus. Pour le bas, elle a déjà le pantalon idéal, noir aussi et parfaitement moulant, juste où il faut.
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Le soir arrive enfin et les amis se retrouvent tous au point de rendez-vous. Quoique, pas tout à fait, Lexa manque à l'appel. Il est encore tôt, cependant, et elle n'a appelé personne pour annuler. De toute façon, elle est très souvent en retard, ils en ont l'habitude. Clarke ne se sent pas totalement à son aise dans la tenue qu'elle a choisie, d'autant que, sans Lexa pour détourner son attention, elle se rend compte qu'elle attire beaucoup de regards et elle n'en a pas l'habitude. Son maquillage est un peu plus poussé qu'à l'ordinaire, surtout pour les yeux qui se détachent tels deux fragments de ciel d'été en cette froide soirée de fin janvier. Alors, sans forcément le faire de façon délibérée, elle boit un peu plus qu'à l'accoutumée. Quand Lexa arrive enfin, affichant son habituel air d'indifférence blasée, Clarke a déjà abandonné une bonne partie de ses inhibitions. Elle n'a d'yeux que pour Lexa et celle-ci s'en rend bien compte. Non qu'elle avait beaucoup de doute à ce sujet mais elle est ravie de voir que l'hameçon planté durant les fêtes s'est enfoncé bien profondément. Elle avance, féline, tirant sur le fil lentement mais sûrement, d'un battement de cils à un sourire en coin. Et Clarke se laisse capturer avec la plus grande candeur, abandonnant son cœur et ses lèvres à la séductrice.
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Clarke reste une seconde paralysée de sentir à nouveau les lèvres tendres et brûlantes sur les siennes. Elle en a tellement rêvé durant la fin des vacances qu'elle n'ose croire que cela arrive à nouveau dans la réalité. Mais Lexa se montre si entreprenante qu'elle se met rapidement à répondre de même. Elle perçoit vaguement les plaisanteries du groupe d'amis auprès d'elles mais elle s'en moque éperdument. Elles doivent agacer Lexa cependant car celle-ci l'entraine plus à l'écart. Elle ne voudrait pas que ce qu'elle a prévu pour ce soir soit gâché parce que Clarke se sentirait gênée de la réaction du groupe. Elle essaie aussi de se cacher à elle-même que les sensations provoquées par son baiser avec Clarke ne sont que des réactions automatiques de son corps avec une jeune femme aussi charmante que la blonde mais elles échappent trop à l'habituel pour qu'elle y parvienne. Jamais aucune de toutes celles qu'elle a mises dans son lit n'a provoqué ne serait-ce que la moitié de ce qu'elle ressent en ce moment. Elle préfère donc s'arracher des lèvres délicates qui menacent de l'ensorceler définitivement pour amener Clarke sur la piste de danse.
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De sa place, Olivia a tout vu, tout observé. Elle a bien tenté d'attirer Lexa à part pour lui parler. Mais celle-ci, se doutant bien que son amie trouverait moyen de la convaincre de renoncer à sa vengeance, l'a évitée avec soin toute la soirée. La nuit est bien avancée désormais et l'heure approche à laquelle chacun s'en retourne de son côté. Lexa hésite. Elle pourrait faire durer le jeu encore quelques semaines, pour être sûre que l'attachement de Clarke soit total avant de lui arracher le cœur. Mais elle lutte contre une voix en elle qui se révolte contre son plan. Elle a beau tenter de rester convaincue depuis leur première rencontre que la blonde est comme ses parents, une part d'elle l'apprécie et la perçoit pour ce qu'elle est vraiment. Si elle fait durer, elle sent bien qu'elle pourrait renoncer. Pire, se laissait entrainer à s'attacher elle aussi à cette jeune femme qui est loin de la laisser aussi indifférente qu'elle le souhaiterait. Alors elle se décide. C'est ce soir ou jamais. Elle plonge son regard dans celui de Clarke, esquisse un sourire qui se veut incertain avant de se mordre doucement la lèvre inférieure et de faire un petit signe vers la sortie en tirant délicatement sur les mains qu'elle a prises dans les siennes. Clarke trébuche presque, n'osant croire à ce que sous-entend Lexa, avant de la suivre avec empressement. Les battements de son cœur s'affolent, sa respiration s'accélère et elle sent ses mains devenir moites dans celles de Lexa.
