Genres : Romance, Amitié, Humour
Rating : M
Disclaimer : One Piece appartient à Eiichiro Oda.
relationships are hard and love is difficult
acte 1
i. plus on est fou, plus on ri
Il est précisément 14:56 et Luffy n'en peut déjà plus. Il est sur le point de se décomposer sur place ou bien de partir en courant, sous les regards intrigants des autres élèves et de son professeur. Mais l'excitation est bien trop puissante, bien plus qu'il ne l'aurait cru. Il est vrai que le jeune homme est habituellement quelqu'un de turbulent - qu'on qualifierai même de pile électrique - mais à présent, Luffy ne se souvient pas d'avoir atteint un taux d'adrénaline aussi élevée. Peut-être la fois où son grand-père l'ai amené dans un parc d'attraction de pirates et qu'à l'âge de 8 ans, Luffy cru mourir d'une crise cardiaque ? À vrai dire, il se souvient que le coup sur la tête de papi Garp l'ait instantanément calmé.
Non, aujourd'hui est tout autre chose. Le cours se termine dans pas très longtemps, mais le jeune étudiant à l'impression de vivre les quatre minutes les plus longues de sa vie. Après avoir regardé ton téléphone, fermé son ordinateur, gribouiller sur la table, s'être endormi d'une chrono seconde, puis re-éveillé par la voix portante de son professeur, Luffy se rend compte qu'il est déjà 15 heures et que le cours est terminé. Sans perdre plus de temps, le jeune homme à l'agilité assez étonnante bouscule les élèves, saute les marches trois par trois et sort en furie de l'amphithéâtre.
Liberté ! Il ne lui reste qu'une seule chose à faire avant de passer aux choses sérieuses : rejoindre son partenaire de crime. Et heureusement pour lui, Luffy connaît le chemin pour se rendre dans la section biologie intégrative et physiologie végétale (quel nom à dormir debout, sérieux) par cœur. Ussop en a fait son sanctuaire vu qu'il est major de sa promo et par la même occasion son meilleur ami aussi. Et même s'il n'a clairement rien à faire ici, les étudiants en biologie ce sont habitués à sa présence bruyante mais attachante. Oui, Luffy à une certaine notoriété au sein de la faculté.
"Ussop !" Beugle Luffy, tout en courant dans un couloir.
Malgré les regards de quelques élèves, cela ne l'empêche pas de continuer sa course jusqu'à la dernière salle de classe. Essoufflé d'avoir parcouru une aussi grande distance en si peu de temps, Luffy glisse sur le sol mais se rattrapage à la porte grande ouverte.
"U... Ussop..." Réussit-il à dire en reprenant son souffle.
Deux personnes présentes dans la salle se tournent vers lui, mais ne lui prête pas plus d'attention que ça, alors qu'une troisième semble chuchoter quelque chose derrière elle. Aussitôt, une tête assez familière se pointe devant Luffy et celui-ci s'exclame de plus belle :
"Ussop ! Allez, on y va ! Vite !"
"Yes ! Attends-moi !"
Le prénommé range à la va vite ses affaires dans son sac à dos et s'approche de la porte, essayant de rattraper Luffy qui lui est déjà parti en courant dans la direction opposée.
Beaucoup se demande et cela de plus pas mal d'année, comment Ussop fait-il pour supporter un meilleur ami aussi épuisant que Luffy ? Sauf que la chose dont les gens ne sont pas au courant c'est que le jeune homme est un poil autant dérangé que lui. Pas autant, il ne faut pas abuser, mais Ussop a aussi son petit taux de folie. Il est, et que Dieu le garde, le pire menteur compulsif que la terre est connue. Un peu trop froussard sur les bords quand il s'agit de faire face à un vigile de 1m90 en boîte de nuit, il est toujours partant pour suivre Luffy dans n'importe quel galère - mème s'il regrette instantanément. Et c'est bien ce qu'il lui arrive à l'instant, après être sortie du bâtiment de biologie et bientôt de la faculté.
"Luffy, je ne comprends pas pourquoi tu sembles autant excité..."
Les deux jeunes hommes marchent à présent côte à côte, après avoir couru quelques mètres. La sortie de l'Université est assez proche et ils se désistent rapidement à prendre le bus, pensant que cela sera plus rapide à pied pour faire leur course au lieu de rentrer chez eux.
"Mais ça va être trop bien ! J'ai invité plein de monde et j'ai trooooop hâte que tu vois la viande que je vais acheter." Luffy tend ses mains devant lui tout en imageant quelque chose d'assez imposant. "Elle est énorme comme ça, mec !"
"Attend, attend. Plein de monde, c'est à dire ?"
Ussop n'a pas l'air très emballé. Pas pour la soirée, il a toujours aimé participer à des événements sociaux. Ça lui permet de discuter avec plein de monde, de faire connaissance et de raconter ses menso— ses histoires palpitantes à qui veut l'entendre. Comme Luffy, Ussop est quelqu'un de très social. Mais quand il question du nombre de personnes, cela devient une autre affaire. Pas qu'il ait peur de la foule, loin de là ! Mais plutôt d'une certaine demoiselle au doux nom de Nami et qui s'avère être leur colocataire. La jeune femme au tempérament assez trempée ne sera pas ravie de voir un stade de foot rentrer chez elle. Est-elle même au courant que ces deux colocataires aient prévu une soirée chez elle ? Dur à dire.
"Bah euh... je sais pas, beaucoup de personnes."
"Combien, Luffy." Reprend Ussop en plissant ses yeux et en rapprochant son long nez du visage de son meilleur ami.
Celui-ci commence à drôlement transpirer, tout en détournant le regard, s'entend une certaine culpabilité monter en lui.
"Hm... Hmmm..." Luffy se gratte la tête et recule son visage. "Je te jure que je sais pas ! Mais il y aura Sanji, ça va être trop cool."
Entendant ce prénom qui lui est familier, Ussop se calme un peu et semble réellement ravi.
"Oh, c'est vrai ? Il va pouvoir voir notre appartement. Trop cool !"
Luffy hoche la tête, fière d'avoir pu éviter le pire. Il se considère quelque fois comme un génie incompris. Parce qu'il sait qu'Ussop aime bien Sanji, du moins qui ne l'aime pas ? À part un certain personnage à la touffe aussi verte que nature, mais passons. Cela fait un moment que leur ami cuisinier n'a pas montré le bout de son nez et les deux jeunes hommes sont aux anges suite à l'idée de le revoir. Habitant à l'autre bout de la ville il est assez dur de tomber sur lui par hasard, surtout que son emploi du temps ne lui facilite pas la tâche. Mais depuis sa grande nouvelle, Luffy est sûr et certain de le voir plus souvent - et quel plaisir pour son estomac, Sanji cuisine comme un Dieu et gratuitement en plus. Vous ai-je dis à quel point les étudiants étaient des gens fauchés et affamés ?
"Mais pour ce qu'il s'agit du nombre de personne, je ne sais pas toi, mais moi je tiens à ma vie ! Si jamais Nami nous trucide je n'hésiterai pas à te balancer."
Comme si cela empêcher l'autre. Dans tous les cas, Ussop aurait tout raconter à Nami. Mais tout de même, il préfère prévenir que guérir histoire d'avoir bonne conscience.
"Ouais... il faut qu'on trouve une solution."
Luffy se gratte le menton et les deux, tout en marchant en ville, se mettent à réfléchir longuement.
"Qu'est-ce que Nami aime bien..." Chuchote Ussop, sourcil froncés et tête pensante.
Soudainement, Luffy pose sa main sur son torse et l'arrête. Il pointe devant lui, de l'autre côté de la rue, et voit un distributeur d'argent. Un silence s'installe pendant quelques instants avant que les deux se regardent, puis accours vers la machine.
Oui, Luffy et Ussop sont sûrement dans le négatif, mais ils savent que leur colocataire à un certain vice pour les billets bien verts et bien lisses. Alors un de plus glissé dans sa poche, ça ne fait pas mal ! Espérons pour eux qu'elle soit d'humeur convenable afin d'accepté une telle manigance.
Il est assez tard, à présent. Peut-être dans les alentour de vingt-deux heures trente. Robin n'a aucune raison particulière de se lever de son canapé. Verre de vin en main, elle observe silencieusement le mur de son salon. Pas que cela soit réellement étrange, Robin aime bien rester dans le silence à rien faire. Mais il s'avère que ces amis habitants un étage plus haut aient organisé une petite soirée afin de fêter la fin du premier semestre et que, au même moment, la jeune femme ait reçu un message des plus déplaisant. Du haut de ses 24 ans, elle n'est pas du genre à être facilement démoralisé ou impressionnée. Elle en a déjà tellement vue - venant de son vécu ou bien de ses amis plus loufoques les uns que les autres - qu'il est rare qu'elle ait déjà ressentis quelque chose de puissant comme la colère, la mélancolie ou même un coup de foudre. Mais à présent, ce n'est pas de la tristesse qu'elle ressent, mais quelque chose de beaucoup plus complexe. Peut-être de l'incompréhension ? Du dédain ? Ou de la pitié ? Oui, ce message lui fait beaucoup pitié.
Son téléphone, posé à côté d'elle, se remet à biper. Pansant avoir reçu un autre message aussi perturbant que l'autre, Robin sent son ventre se serré. Cependant soulagé, elle aperçoit que ce sont que ses amis.
FC chapeaux de pailles
Monkey D. Luffy: yoooooo robin !!
t où on t'attend
jai faim à la moooooort
Cutty Flame: Il a SUPER faim, Robin
Zoro Rorona: perso je suis en retour.
j'arrive.
Quand Zoro dit qu'il arrive, ça ne signifie pas toujours ce qu'il emploie (et même s'il habite au même étage que Luffy, Ussop et Nami, il réussira quand même à arriver en retard). Robin se décide finalement de finir son verre d'une traite et de répondre qu'elle est également en route. Avec une certaine élégance malgré son moral à plat, la jeune femme se lève de son canapé et commence à mettre ses chaussons. Nul besoin de s'apprêter d'une façon particulière, elle s'attend à retrouver un Luffy en pyjama et un Ussop faisant des soins capillaires. Une dernière pause devant son miroir se situant dans l'entrée, Robin sort de chez elle et ferme simplement sa porte - aucun habitant de la résidence ne risque de la cambrioler.
S'avançant dans le couloir pour prendre l'ascenseur, la jeune étudiante regarde une dernière fois son téléphone. Elle re-sourit doucement à la remarque de Franky puis, comme par réflexe, relie le message maudit juste pour être sure, au cas où, qu'elle est bien tout compris.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent, celui-ci monte d'un étage, puis le dépose à destination. Arrivé dans le couloir de Luffy, les mots re-défilent devant ses yeux.
Messages
Haguar D. Sauro: Cc ma petite Robin!
Cest ton vieux tonton, comment tu vas ? Il faudrait quon sappelle rapidement, j'ai pas de super nouvelle à t'annoncer...
Les messages de Sauro ont toujours étés quelques peu dramatiques. La musique venant de l'appartement de ses trois amis résonne de plus en plus dans ses oreilles.
Haguar D. Sauro: Ta mère biologique à fait un grave accident, Je suis à l'hôpital avc elle, si tu veux passer...
Cest important pour elle
Bisou ma puce
"Oi, Robin."
Une voix masculine l'extrait de ses pensées. Elle range rapidement son téléphone puis regarde devant elle. Son ami Zoro se tient devant l'appartement de Luffy en lui faisant un signe de main, avec une énorme bouteille d'alcool.
Soudainement, la porte s'ouvre et Luffy y sort en trompe. Il cri joyeusement le prénom de Zoro, lui prend la bouteille des mains puis re-rentre aussi vite qu'il est sorti.
" Hé !" Et la seule chose que l'athlète de kendo réussit à dire avant de souffler dans sa barbe.
Elle qui pensait passer une soirée assez banale et calme, Robin se sent un peu mal à l'aise. Elle aurait aussi dû reporter de l'alcool, c'est un peu malpoli de venir les mains vides. Mais elle relativise, les occasions de se racheter ne manquent pas. Robin fait rapidement la bise à Zoro, puit les deux rentrent enfin. Elle est assez surprise de le voir à l'heure et « bien habillé » si elle peut dire. Non pas qu'il soit un expert en mode, mais il est rare de voir le jeune homme quitter ses joggings de sport. Aurait-elle vraiment zappé le fait que cette soirée soit un peu plus branchée qu'elle ne le pensait ?
Quand les deux voisins ferment la porte, ils découvrent un monde assez impressionnant. La musique - sortie des grosses enceintes de Franky, elle les reconnaît - résonnent fortement dans leurs oreilles. Des gens sont installés un peu partout, sur les deux canapés, le comptoir de la cuisine, le petit balcon et même par terre. Robin ne reconnaît qu'une personne sur trois et Zoro semble avoir la grande envie de rentrer chez lui.
"Nami va le tuer." Reprend Zoro, avec un certain dédain.
"Tu m'étonnes."
La jeune femme se force à sourire, c'est un fait. Non pas qu'on lui oblige, elle se dit tout simplement que sourire est un bon moyen pour faire disparaître ses problèmes et passer une bonne soirée. Un sourire et deux teqpafs - trois, à la limite.
Laissant Zoro enlever sa veste, Robin fait un petit tour essayant de trouver quelqu'un. C'est à peine si elle réussit à ne pas trébucher sur un invité. D'après leurs têtes, leurs façons de parler et de boire, elle en déduit qu'ils sont un peu près tous des étudiants. Luffy à une telle capacité à se faire des amis - et des ennemis aussi, il a une trop grande bouche - que cela étonne toujours Robin.
Arrivée devant la cuisine, elle soulève le petit rideau en perle la séparant du salon et s'approche du comptoir. Il y a un peu moins de monde, deux, trois personnes, mais aucune tête que la brune ne reconnaisse. Elle scrute silencieusement l'alcool devant elle puis décide de juste s'asseoir sur une chaise en hauteur et respirer quelques instants.
Les mots « mère biologique » et « accident » résonnent dans sa tête.
"Miss Nico !"
Derrière elle, elle remarque rapidement la présence de Franky - on ne peut pas le louper. Souriant et quelque peu alcoolisé vu ses joues rouges, il s'approche d'elle et lui plante un bisou sur la joue assez vif.
"Alors, qu'est-ce que tu en penses ?" Reprend-il en prenant la pose.
Fièrement, Franky a.k.a son voisin du premier étage et homme à tout faire (quand quelqu'un de l'immeuble à un problème avec un lavabo ou un chat disparu, il débarque aussi vite que l'éclaire) montre fièrement sa nouvelle chemise à fleurs ouverte.
"C'est hideux. Tuez-moi."
Son ami rigole au sarcasme de Robin et se met à boire un verre de whiskey coca posé sur la table. Il y a des fois où l'excentricité de Franky l'impression réellement. Comme la sociabilité de Luffy, son ami à la crête bleu à une manière à lui de se démarquer des autres. Et quand cela part un peu dans l'étrange, elle préfère en rire qu'en pleurer. Franky est réellement quelqu'un de cool. Il inspire les gens - comme Luffy, Ussop et Chopper qui lui vouent un véritable culte - communique avec eux avec une certaine essence, est débilement drôle, mais à ce côté grand frère que tout le monde aime. Ils ont aménagés en même temps au premier étage, lors de leur première année. Robin était d'abord peu réceptive en face de ce gros colosse, il faut dire, Franky est impressionnant à première vue. Grand, musclé et grande gueule, Robin avait du mal. Mais il l'a aidé quelque fois quand son évier était bouché ou bien que son micro-onde faisait des siennes. Elle a aussi découvert qu'ils ont pas mal de points communs malgré tout et l'arrivé de Luffy et les autres dans la résidence les a fortement rapprochés.
"Tu veux boire un truc ?" Demande-t-il en s'essuyant la bouche avec le dos de sa main.
"Non, ne t'inquiète pas. Je vais me faire un teqpaf."
À l'annonce du mot « teqpaf », Franky secoue son index devant elle en répétant des "Non, non, non." Il fouille dans son sac à dos, posé non loin par terre.
"Je vais t'en faire un, regarde." Après quelques secondes, il y ressort une espèce de petit mécanisme en métal, pas plus grande qu'une main.
Robin hausse un sourcil, intriguée.
"Qu'est-ce ?" Demande-t-elle.
"Ma super nouvelle invention. On va être millionnaire, baby." Il lui explique que c'est un « coupe citron » fait main et qu'il va lui concocter le meilleur teqpaf de sa vie.
Franky est dans un BTS d'ingénieure mécano. Il aime bien - adore - construire des trucs. C'est un peu son dada depuis qu'il est tout petit. Et il a réellement du talent, enfin quelque fois, mais Robin pense qu'il ira loin c'est sûr. Du charisme, des muscles et une clé à molette, si ça ne marche pas il pourra toujours se reconvertir en star du porno.
Alors son ami se met à mettre sa machine en marche mais malheureusement, pour le grand malheur de Robin (notez l'ironie), son « coupe citron » ne fonctionne pas et éclabousse un peu près tout partout. Sous le rire et les moqueries taquines de la jeune femme, Franky se résout à prendre un couteau et à servir deux shots de tequila. Ni une, ni deux, les deux étudiants boivent d'une traite leur alcool. Cela réveil un peu plus Robin et lui donne plus de facilité à sourire.
"Alors dis-moi, ça s'est bien passé ton examen ?"
Robin hoche la tête en croissant ses jambes. "Oui j'ai bien l'impression. Enfin, je l'espère. Le professeur Clover à la main un peu lourde sur son stylo rouge."
Étudiante en master de recherche archéologique, la jeune femme est plutôt sereine en ce qui concerne son avenir. Elle aime ce qu'elle étudie plus que tout au monde, même si ses professeurs ont tendance à lui mettre beaucoup de pression. Elle a quelque fois le sentiment de tenir la réputation de son Université sur son dos. Ils sont certains qu'elle finira par travailler pour le ministre de la Culture ou pour l'INRAP. Alors que Robin préférerait finir ses jours sur une île déserte avec un verre de vin et un bon livre.
"Bah pourquoi tu tires cette tronche, alors ?"
Le tac au tac de Franky a toujours le don de la déstabiliser.
"Comment ça ?" Répond-elle, frôlant l'innocence mal déguisée.
"Je sais pas. J'ai l'impression que ça ne va pas fort. T'es quand même venue en chausson, quoi."
Premièrement, Robin n'était aucunement au courant qu'il y avait un dress code et, deuxièmement, elle aime bien ses pantoufles. Elles sont super confortables quand on a littéralement envie de sauter par la fenêtre.
"Mais non..." Robin essaye de rigoler doucement en hochant des épaules. " Je vais SUUUUPER bien."
Les deux ne parlent plus pendant un moment, laissant la musique du salon remplir le silence.
"Ok..." Franky grimace exagérément, comme s'il était sur le point de vomir. "Ne redit plus jamais ça, s'te plait."
Par la suite, et peur que son amie ne sorte une corde et un tabouret de sa poche, le jeune homme lui ressert deux autres shots au plus vite. Il trinque avec Robin et boit d'aussitôt.
"Tu sais, j'ai un certain talent caché en psychanalyse. On dit que je suis une oreille qui écoute bien."
Et Robin ne peut pas le nier, Franky est un excellent « grand frère » pour tout le monde.
"On a toute la nuit." Reprend-il en observant Robin reprendre son troisième shot.
ii. comment gâcher sa colocation en deux étapes
Luffy vit dans ce grand appartement avec Ussop et Nami, au deuxième étage. Quatre chambres, une salle de bain, un balcon sur le point de tomber en ruine et un salon sans dessus dessous. Au premier, Robin et Franky vivent respectivement chez eux et quelque fois, Zoro les envies. Non pas que partager son espace privé avec Chopper le dérange - il adore ce type - mais vivre en face du trio de choc n'est pas tous les jours faciles. Avec les cris de Luffy à longueur de journée et les interventions à l'improviste d'Ussop chez lui, il n'y a bien que Nami qui relève un peu le niveau - même s'il la suspecte de lui piquer des trucs en cachette.
Malheureusement pour lui, sa meilleure amie ne semble pas être dans les parages. Il aurait bien aimé voir sa tête devant ce vacarme, ça l'aurait bien diverti. Non pas que la discussion qu'il entretient avec Johnny et Yosaku soit ennuyante à mourir - il adore ces types aussi - mais il regrette peut-être le fait de ne n'être pars rester dans son canapé avec Chopper. Son colocataire, en première année de médecine, ne se laisse jamais le temps de se reposer. Il bosse sans cesse comme un acharné et Zoro prend quelque fois soin de lui ramener un truc sucré à bouffer, histoire qu'il se motive ou qu'au contraire, se repose. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que Zoro est sûrement l'une des personnes les plus loufoques de sa résidence. C'est même un miracle qu'il soit toujours en vie. Son existence ne tient qu'à un fil depuis bien longtemps : vu son échec de vie, l'énorme cicatrice sur son torse faite par un couteau et son sens de l'orientation plus que merdeux qui l'a une fois amené dans le quartier de dealer le plus chaud de la ville - Grey Terminal, vraiment n'y aller pas - Zoro a une vraie bonne étoile.
La cicatrice et le point de drogue sont étrangement liés.
"Et là, je lui ai foutu une de ces raclés mon pote !" Yosaku imite un coup de poing bien placé. " Bam ! Dans les chicots !"
"Puis moi je l'ai pris comme ça et..." Johnny, subitement, passe son bras sur le cou de son ami Yosaku et le sert. " J'ai fais « tu fais moins le malin hein, petit puceau va ! »."
Yosaku commence à tousser et à taper son ami dans tous les sens. "T-trou du cul, tu... tu m'étrangle !"
Bon, peut être que cette soirée en vaut la peine ? Ces deux-là ont toujours le don de le faire rire.
Du coin de l'œil, le jeune homme aperçoit Robin et Franky discuter dans la cuisine. Lui qui pensait que ces deux amis du dessous étaient les plus normaux, les voir enchaîner un mètre de shots sans pause lui fait se rendre compte que la barre est vraiment basse. Luffy est incontrôlable sur la piste de danse (s'il y en a vraiment une, disons sur la table basse) et Ussop discute avec un mec. Et pas n'importe quel mec, non :
Sanji.
Et il ne sait pourquoi, mais Zoro a une soudaine envie de le faire chier. Alors il s'excuse auprès de Johnny et Yosaku, puis se rapproche du coin « jeux d'alcool » où les mauvais perdants se transforment en alcooliques. Sirotant son septième verre de vodka pur, il aperçoit les regards de Sanji et d'Ussop se tourner vers lui.
"Qu'est-ce que tu fous ici toi ?"
Le blond, toujours accompagné de son air condescendant, s'allume une cigarette et le fixe.
"Bonsoir à toi aussi."
Ça doit faire un certain moment que Zoro ne l'a pas vu, deux ou peut être trois semaines. Et il ne sait s'il se serait bien gardé de le revoir. Les deux se connaissent depuis un peu plus de quatre ans (ajouté Luffy et Ussop) et le temps a eu raison de leur raison. Pendant quelques années Zoro avait une envie folle de lui faire la peau et de le virer de son cercle d'ami qui n'était déjà pas très grand. Il adorait particulièrement cette période puisque les deux s'évitaient comme la peste, mais ne fut plus amusé quelques mois après. Il avait étonnamment besoin de voir son visage, ne serait-ce qu'une fois tous les deux jours, histoire de pimenter son quotidien.
Zoro ne dirait pas qu'il est ravi de sa présence ici, ça serait mentir. Mais il est quelque peu satisfait à l'idée de lui faire fermer son clapet.
"Qui l'a invité ?" Demande-t-il en se tournant vers Ussop.
Ce qui agace légèrement le blond, mais venant de lui, il a vu bien pire.
"Sûrement pas toi..." Ussop plonge sa tête dans son verre et part immédiatement, sentant que l'ambiance se chauffe et qu'il aimerait éviter de se prendre une casserole sur la tête.
"Je suis venu visiter les lieux." La voix de Sanji à quelque chose d'autoritaire, même si après ces longues années, les deux jeunes hommes ont appris à se marcher dessus sans vraiment faire de mal à l'autre. "Ça te pose un problème ?"
"Tu parles trop." Zoro prend une bouteille de vodka et en verse dans son verre, avec très approximativement zéro délicatesse. Il tend ensuite le verre à Sanji et plante son regard dans le sien. "Tiens. Bois."
Et après un moment de doute, où Sanji semble réfléchir, celui-ci prend le contenu et essaye de le vider d'une traite. Mais son visage se crispe et l'ex cuisinier ne manque pas de montrer son dégoût. Zoro a envie de sourire, mais il se retient. Alors il décide de finalement prendre Sanji par la nuque et de le faire avancer vers le balcon.
"Allez viens, on va parler toi et moi."
"Lâche-moi, taré."
Leur relation est beaucoup moins subtile que les gens peuvent le croire. Elle n'a pas commencé de la manière des plus classiques, mais leur amitié n'est tout de même pas très dure à percevoir. Il y en a toujours un pour repérer l'autre parmi une foule de personnes, laissant un regard s'attardant un peu trop longtemps. Le fait aussi que leurs disputes n'en sont pas vraiment unes, mais plus des conversations qui tournent aux sous-entendus et aux taquineries. Depuis près d'un an, les deux peuvent enfin se parler sans envenimer les choses jusqu'au point de non-retour. Sanji ne peut pas nier que derrière cette énorme cicatrice et cet air intimidant, Zoro a un grand cœur et une loyauté gravée dans la pierre. S'en est presque dégoûtant à quel point il a un bon fond.
Parce qu'il ne veut peut-être ne pas se l'avouer, mais les moments « temps-mort » avec Zoro sont peut-être l'une des choses qu'il préfère au monde. Entre ces brefs instants de menaces de mort et de tentatives de meurtres, il arrive que le temps s'allonge un peu plus et laisse place à quelque chose de nouveau. Comme les moments assez silencieux où les deux se retrouvent assis dans le même bus, assez proche pour que leurs épaules se touchent, parlant de tout et de rien : du fait que le père adoptif de Sanji refuse qu'il mette un pied de plus dans son restaurant...
"Il veut que j'arrête de me reposer sur mes lauriers et qu'il était hors de question que je reprenne le Baratie. T'y crois toi ?"
... Ou du prochain tournois de kendo qui bouffe la santé mentale de Zoro.
"Je sais pas si je vais y arriver cette fois. Mais bon. On verra."
Arrivé au balcon, les deux se faufilent entre les gens. Du coin de l'œil, Zoro reconnaît Law assit sur une table (un mec un peu louche en médecine, mais d'après les dires de Chopper il est assez sympa pour lui passer ses cours) et Luffy en face de lui, déjà dans un état second. Les deux semblent avoir une conversation quelque peu animée par la seule présence du locataire des lieux.
Sanji, accoudé sur la rambarde, sort une autre cigarette de son paquet. Mais avant qu'elle ne touche ses lèvres, Zoro prend son poignet avec une certaine désinvolture et lui arrache la cigarette des doigts pour la placer derrière son oreille. Le blond lève ses yeux au ciel et range son paquet.
"Assez pour ce soir tu ne penses pas, cuistot ?"
"T'es ma mère ?" Reprend Sanji sans malice, mais la voix à peine inaudible derrière les bruits de fond de la musique ou des voix des invités.
"Non putain." Grogne Zoro, s'imaginant presque ce que ça donnerait et à quel point cette idée le répugne.
Sanji ricane alors et prend une dernière petite gorgée d'alcool fort, puis offre le verre à Zoro. Sans hésiter, celui-ci le fini d'une traite avant de poser le gobelet vide derrière lui, sur la rambarde.
"C'est quand même gentil de ta part de t'en soucier. Mais t'es sûr que tu ne t'es pas cogné quelque part ?"
Avant que Zoro ne puisse répondre par un autre tacle, la porte vitrée s'ouvre en grand et Ussop y sort, quelque peu affolé. Luffy, sur le point de tirer sur le joint que Law lui tend, se retourne vers lui.
"Luffy ! Alerte rouge ! Je répète : alerte ROUGE !"
