v. règle numéro une : ne jamais parler aux inconnus
Luffy et Zoro ont pas mal de choses en commun. Comme leur amour pour la nourriture et l'alcool, leur capacité à dormir plus de huit heures par nuit et leurs deux neurones qui subsistent à survivre devant le peu de bon sens que leurs cerveaux possèdent. Ils sont du genre à agir sur un coup de tête avant de réfléchir et partagent, malgré eux, une indifférence concertante pour la faculté. Zoro a lui aussi une grande envie de s'enfuir en courant à chaque cours qu'il participe, mais sait pertinemment qu'il se perdrait dans tous les cas et reviendrait à son endroit d'origine : cet amphithéâtre maudit. Le problème étant qu'il n'est pas si nul que ça dans ce qu'il fait et que, s'il y mettait plus du sien, Zoro pourrait largement réussir. Mais trois heures assit sur une chaise à prendre des notes d'un truc qu'il oubliera aussitôt sorti n'est pas quelque chose le faisant vibrer.
Lui, ce qu'il aime, c'est l'adrénaline, l'esprit de combattivité et le sentiment d'accomplissement après avoir gagné un tournoi.
Malgré le fait que sa relation avec son père soit un chouilla compliqué, Zoro est bien conscient de son influence sur lui. Depuis petit il l'admire et a une irrésistible envie de lui ressembler sur tous les tableaux. Que cela soit dans sa façon de voir les choses, les chiffres incalculables qui arrivent tous les mois dans son compte en banque ou bien sa popularité au sein de la communauté de kendo. Le jeune homme n'a pas envie de l'égaler, cela serait insultant pour lui comme pour son père. Il veut le dépasser, lui prouver qu'il est bien plus qu'une simple ombre et que, lui aussi, malgré son tempérament plus sanguin que son paternel, est capable de grande chose. Zoro a encore du chemin à faire mais il sait qu'il est sur la bonne voie. Du moins, c'était ce qu'il pensait avant le début de l'année dernière.
Face à la défaite, même sa petite sœur Perona qui, habituellement ne lui adresse même pas l'heure, l'avait réconfortée.
"T'inquiète, tu connais papa. J'suis sure qu'il s'en bat les couilles." Avait-elle dit en face time, tout en remettant une cinquième couche de rouge à lèvre. Habitant à l'autre bout du monde et organisant des événements de rave party, Perona n'a jamais vraiment le temps de prendre des nouvelles de sa famille - excepté pour demander de l'argent ou bien afin d'avoir une validation pour les prochaines photos qu'elle devrait poster sur Instagram.
Et ce fut le cas, puisque son père n'avait pas relancé le sujet. Il fut même un tantinet rassurant en conseillant Zoro sur son futur.
"Ce n'est peut-être pas fait pour toi."
Et le jeune homme cru qu'on lui avait percé le ventre avec un katana. Mihawk se voulait compatissant et essaya, malgré lui, de trouver quelque chose correspondant un peu plus aux attentes de son fils. Tout ce qu'il voulait, ce que Zoro réussisse dans la vie. Sauf que le jeune homme n'était pas de cet avis. Faire du kendo, c'est la seule chose qu'il aime. Il est indiscutablement doué en ça, peu de personne peuvent le contredire et s'il arrêtait du jour au lendemain, Zoro ne sait pas s'il retrouverait la force de se lever tous les matins. Alors il essaya de se persuader le plus possible, de travailler d'arrache-pied et de rendre fière son père. Mais le prochain tournoi arrive à grand pas et depuis, le jeune homme refuse catégoriquement de voir son père. Il ne veut pas de sa pitié, ni de sa fausseté. Zoro veut lui prouver qu'il est capable d'entreprendre beaucoup de chose sans aide et mieux que lui.
En se dirigeant en dehors de l'Université, un mercredi après-midi, le jeune homme aux cheveux verts s'empressa alors de se rendre à son entraînement. Il dépassa rapidement le secrétariat, le campus puis la sortie. Mais au moment de rejoindre le parking, quelque chose attira son regard. Assit à l'arrêt de bus, de l'autre côté du trottoir, une jeune femme semblait lancer des regards autour d'elle. Après quelques secondes de réflexion, Zoro remarqua l'homme à ses côtés, paraissant l'embêter plus qu'autre chose. Sa voix aiguë et rêche résonna jusqu'à ses oreilles et ses mots lui donnèrent mal à la tête.En se dirigeant en dehors de l'Université, un mercredi après-midi, le jeune homme aux cheveux verts s'empressa alors de se rendre à son entraînement. Il dépassa rapidement le secrétariat, le campus puis la sortie. Mais au moment de rejoindre le parking, quelque chose attira son regard. Assit à l'arrêt de bus, de l'autre côté du trottoir, une jeune femme semblait lancer des regards autour d'elle. Après quelques secondes de réflexion, Zoro remarqua l'homme à ses côtés, paraissant l'embêter plus qu'autre chose. Sa voix aiguë et rêche résonna jusqu'à ses oreilles et ses mots lui donnèrent mal à la tête.
"Mais si, rappelle-toi. On s'était croisés la dernière fois Hiyori. Allez, donne-moi ton numéro !"
Les passants ne leur prêtèrent pas grand intérêt et Zoro resta silencieux pendant un moment, observant la scène.
"Je... Je ne sais pas. Vous devez vous tromper, désolé."
La jeune femme, aux cheveux bleu turquoise et au style très épuré serra son sac contre elle et focalisa son regard sur son téléphone. Sûrement un moyen de lui montrer qu'elle fut occupée ou bien afin de supplier ses amis de lui sortir de ce pétrin.
Habituellement, Zoro aurait sûrement continué son chemin. Son envie de s'entraîner fut plus forte que tout et s'il ne se défoula pas dans les minutes qui suivirent, il risquait probablement de mal dormir cette nuit. Mais quelque chose lui tordit le ventre. Il repensa à toutes les fois où il aperçut des témoignages assez angoissants de jeunes femmes se faisant emmerder dans la rue sur internet et aux saintes paroles de Sanji sur le fait d'être un gentleman et de toujours aider une femme en détresse. Peut-être quand faisant cela, il sera fier de lui, d'une certaine manière.
Alors Zoro regarda de gauche à droite avant de traverser la route et s'avança vers l'arrêt de bus. Ses pas furent rapides, mais convaincants. Il n'y avait pas de quoi avoir peur. L'homme aux côtés de la fille semblait crapuleux et si cela dégénérait, Zoro ne se retiendrait pas de lui foutre un coup de poing bien placé. Oui, il avait grandement besoin de décompresser.
"Allez Hiyori, on peut faire connaissance ! J'suis quelqu'un de gentil tu s—"
"Hé. Tu es là. Depuis tout à l'heure je t'attends."
Les deux personnes retournèrent subitement leur attention vers Zoro. Il était arrivé comme une fleur, sac à dos tenant sur une épaule avec un air quelque peu menaçant (il ne faisait jamais exprès).
La jeune femme resta bouche bée pendant un instant ne savant pas quoi dire, sûrement aussi confuse que l'homme à ses côtés. Le silence devenu gênant et Zoro maudit Sanji de lui donner des idées pareilles. Peut-être qu'au final, elle n'avait pas besoin d'aide ? Il fut sur le point de regretter son geste de chevalier charmant, mais continua tout de même :
"Je... Je t'ai appelé plusieurs fois mais tu ne répondais pas." Zoro pointe le téléphone de la prénommée Hiyori, qu'elle tenait dans sa main. "Kuina nous attend. Tu viens ?"
Il claqua silencieusement sa langue, se demandant pourquoi « Kuina » fut le premier prénom lui étant venu en tête.
"T'es qui toi ?"
L'homme en face de lui avait tout l'air d'être quelqu'un de malhonnête. Il lui manqua quelques dents, ce qui donna envie à Zoro de se moquait de lui et ses cheveux violets furent témoin d'un manque de bon sens de sa part. Puis ne parlons pas de l'odeur, le jeune homme repéra facilement quel type de personne était cet homme. Sûrement le genre à rester cloîtré chez lui sans avoir d'interaction sociale avec quiconque et à suivre les femmes dans la rue sans qu'elles ne donnent leur consentement.
"Et toi t'es qui ?" Répliqua Zoro, en fronçant ses sourcils.
Il n'a jamais eu de tact ou de politesse avec les gens. Rajouté à cela une envie soudaine de se battre et vous obtiendrez un Zoro mal poli et prêt à se jeter sur le premier venu.
"D-désolé ! Mon téléphone n'avait plus de réseaux." La jeune femme se lève du banc sur lequel elle était assise et remet la manche de son gilet en place. "Allons-y... Basil ?"
Elle s'approcha de Zoro et lui emboîta immédiatement le pas, laissant l'homme aux cheveux violet penaud. Il observa d'un mauvais œil l'étudiant, mais sembla plus gêné par la situation qu'autre chose. Avant de s'éloigner définitivement, Zoro lui lança un dernier regard glacial et continua son chemin.
"Merci beaucoup. Merci, vraiment !"
Tout en marchant, Hiyori avait chuchoté. Mais un soulagement immense pouvait se faire entendre dans sa voix. Elle fut assez grande pour fixer Zoro dans les yeux et son aura était beaucoup plus rayonnante qu'il y a quelques instants. Il aimait bien son style, avec ses cheveux vibrants et ses habits quelque peu décalés. Zoro ne l'avait jamais vu dans le coin, mais il se dit qu'une fille comme cela ne passait pas inaperçu.
"De rien."
"Non vraiment, tu m'as sauvé la vie. Ce type... Ça fait plusieurs fois qu'il n'arrête pas de me suivre. Je ne savais pas comment m'en débarrasser."
Zoro remit lui aussi la bretelle de son sac à dos proprement et observa du coin de l'œil le parking universitaire s'éloigner de plus en plus de lui. Il n'allait tout de même pas abandonner cette fille à quelques mètres de son harceleur, n'est-ce pas ?
"C'est rien, t'inquiète."
Hiyori le regarda pendant un moment et sourit poliment. La gratitude se reflétait sur elle, comme un nez au centre d'un visage et Zoro se sentit quelque peu mal à l'aise. Il ne méritait pas tant d'éloges, surtout pour quelque chose d'aussi banale et qu'il mît du temps à vouloir faire. Pour Sanji, ce fut sûrement beaucoup plus naturel. Le genre de bonne action qu'il fit trois fois par jour, juste par pur gentillesse et par bienveillance. Était-ce donc ça d'être un bon samaritain ?
"Je vais aller au prochain arrêt de bus et faire un détour. Je pense qu'il ne pourra pas me suivre jusqu'à là." Zoro s'arrêta et fut secrètement soulagé de cette nouvelle. Il n'avait donc pas besoin de trop marcher avant d'atteindre sa voiture et partir d'ici en furie. Mais il fut quelque peu déconcerté par ces grands yeux bleus le regardant et ce sourire attendrissant lui étant destiné. "Et désolé pour le « Basil », c'est tout ce que j'ai pu trouver sur le coup."
"Zoro."
Il avait rapidement regardé l'écran de son téléphone afin de voir l'heure et ne fut pas attention à la main d'Hiyori serrant la bretelle de son sac en maille.
"C'est mon nom."
"Merci infiniment, Zoro. Encore une fois."
Il hocha la tête, en signe d'adieu et dit avant de partir :
"À plus."
Sa silhouette traversa la route et la jeune femme ne put détacher son regard de lui pendant de longues secondes.
Les jours suivants se ressemblaient inlassablement. Avec les entraînements, le jeune homme avait à peine le temps de voir qui que ce soit, excepté évidemment Chopper quand celui-ci n'était pas occupé à faire son rapport de stage chez le Docteur Hiluluk. Zoro le suspecta d'être un charlatan et avertissait son colocataire plusieurs fois sur l'authenticité de son diplôme et si oui ou non son stage sera validé par ses professeurs. Mais Chopper semblait prendre un plaisir fou à pratiquer son métier de rêve avec le Docteur le temps de quelques semaines, alors il jeta l'éponge.
Excepté quelques apparitions à l'Université et plusieurs aller-retours entre son appartement et l'épicerie du coin, Zoro ne faisait pas grand-chose. Exténué par ses entraînements, il rentrait généralement chez lui assez tard et dormait jusqu'au lendemain sans dire un mot. Luffy lui envoya plusieurs messages l'invitant à des soirées qui, d'après ces dires, étaient les soirées de l'année - elles le sont toutes avec lui - mais il n'avait ni le temps, ni l'envie. La seule fois où il hésita à rentrer chez lui un peu plus tard fut quand Sanji l'appela en lui demandant de venir le chercher en voiture. Une manifestation en ville avait créé quelques problèmes de circulation de bus et le blond se retrouva penaud devant son école, à attendre un miracle.
"Prend le métro." Avait-il répondu en sortant de la faculté.
"Viens juste me chercher, j'te dis."
Depuis que Zoro avait eu sa voiture (fraîchement payer par son père, mais ça, il se le garde bien de le dire), le jeune homme était devenu un taxi ambulant pour tous ses amis. Mais il accepta de seulement prendre Nami avec lui puisque son sens de l'orientions n'est pas à négliger et quelques fois, très rarement, Sanji fut également chanceux. Cependant, il n'y avait pas de raison particulière.
Quelques élèves le dépassèrent et il emboîta le pas, pressé de sortir d'ici. Mais à nouveau, comme il y a quelques jours, un je-ne-sais-quoi attira son attention. Debout comme un piquet à regarder les alentours, le type chelou aux cheveux violet se tenait devant l'arrêt de bus. Il semblait impatient, presque agacé et ne cessa de faire les cents pas comme s'il attendait quelqu'un. Zoro sentit sa mâchoire se contracter et rien que le voir lui donna presque la gerbe.
"J'suis occupé là, je te laisse."
"Zoro, si ne tu viens pas ici dans les dix m—"
Il raccrocha instantanément.
L'étudiant se sentit presque coupable de laisser le blond tout seul, mais il se dit que ça lui ferait bien les pieds. Il ne sait pourquoi, mais Zoro ne pouvait pas laisser ce type impudemment traîner ici. Il regarda rapidement, lui aussi, si la fille de la dernière fois n'était pas dans les parages.
Assit sur un poteau, de l'autre côté de la route, le jeune homme observa et attendu que quelque chose se passe. C'est en voyant l'heure défilé sur son téléphone qu'il se rendit compte d'à quel point son comportement était aussi bizarre que cet harceleur. Il comprit qu'avec le problème de circulation, Hiyori ne se pointera peut-être pas et que les deux hommes en face à face ne verraient pas le visage de la jolie femme d'aussitôt. Alors Zoro souffla, remit son sac sur son dos et quitta les lieux.
Une nouvelle semaine débuta et quand Zoro sorti de son cours, il trouva l'arrêt de bus désert. Peut-être que le type chelou s'était fait une raison ou bien que les flics l'eussent embarqué pour harcèlement ou possession de trucs bizarres dans son historique de recherche internet (Zoro avait déjà tracé un portait assez détaillé et flippant de lui). Il ne s'attarda plus sur cette affaire et continua sa vie, tranquillement. Excepté le jour où, cheveux violets était de retour, se tenant devant l'entrée de l'Université.
Quelques étudiants s'attardaient sur lui, intrigués de voir un tel spécimen devant eux. Certains s'attendirent à recevoir des flyers pour une association quelconque sur le don du sang ou bien à se faire accoster lourdement par un mec flippant. Mais il attendait simplement là, à la recherche de quelqu'un. Et Zoro fut à deux doigts d'intervenir tout en lui demandant de quitter les lieux. Parce qu'il sût parfaitement qui cet homme attendait et quel était son but. Cependant, avant qu'il n'aille le menacer, des cheveux bleu turquoise lui sautèrent au visage.
Hiyori, casque sur les oreilles, s'avançait vers la sortie sans faire attention aux gens se trouvant autour d'elle. Plus elle avança et plus elle se jeta dans la gueule du loup. L'homme l'avait aperçu et un sourire assez dérangeant se dessina sur son visage. Si Zoro voulait agir, ce fut maintenant ou jamais.
"Hé, toi."
Il avait accouru vers elle, bloquant sa route.
Hiyori, surprise, enleva son casque et le regarda quelque peu perplexe. Elle n'avait pas changé depuis la dernière fois et il fallait être complètement aveugle pour passer à côté d'elle sans lui jeter un regard.
"Oui ?" Demanda-t-elle, en haussant un sourcil.
Zoro resta penaud pendant quelques secondes, puis espéra qu'en vu de son étrange et grande générosité ces derniers temps, son karma allait enfin être bon.
"Fais attention." Il avait pointé son pouce derrière lui. "Je crois que quelqu'un t'attend devant la sortie."
Hiyori ne comprit pas tout de suite et cru d'abord à une mauvaise blague. Ces derniers temps, les gens aimaient bien piéger de parfais inconnu pour quelques likes sur internet. Mais elle pencha tout de même sa tête sur le côté et son regard s'éteignît instantanément en apercevant son harceleur devant l'Université. Elle resserra une nouvelle fois la bandoulière de son sac et grimaça.
"Ah, euh…" Puis son regard tomba à nouveau sur Zoro et une certaine étincelle se refléta dans ceux-ci. "Oh. Mais c'est toi, le mec de la dernière fois !"
Il était rare que des gens oublient le visage de Zoro. Avec ses cheveux d'une couleur particulière et son air nonchalant, il s'était fait à l'idée de ne pas paraître inaperçu. Mais le jeune homme ne le prit pas en mal.
"Viens, passe avec moi. On va essayer de l'esquiver."
Hiyori n'eut le temps de rajouter quoique ce soit. Zoro avait déjà emboîtait le pas, tout en se faufilant entre les élèves et leurs cigarettes. La jeune femme le suivit assidûment et cacha sa joie sous un regard perplexe et inquiet. Effectivement, l'homme de la dernière fois ne la quitta pas du regard. C'est en arrivant dans la rue qu'elle l'aperçut s'approcher d'elle et son cœur se serra. Parce qu'elle ne voulait en aucun cas faire une scène devant tout le monde ou impliquer Zoro dans ses problèmes - même si elle fut réellement ravie par son action.
"Hiyori ! C-c'est moi ! Ton numéro, il me le faut, dis !"
Et elle eut le mauvais réflexe de se retourner vers lui. Il avait poussé plusieurs passants afin de se faufiler le plus facilement possible, ce qui l'a rendu encore plus anxieuse.
"Mince..." Avait-elle murmuré.
Zoro s'aperçût de la scène et envisagea toutes les possibilités étant à sa disposition. Quelles étaient les chances pour lui de gagner une bagarre face à ce mec ? Peut-être 80%, 100 s'il était avec Luffy. Mais il restait tout de même 20 minimes pour-cent et c'était une terrible idée de botter le cul de quelqu'un devant son Université. Alors il s'abstenu de toute violence - par miracle - et serra juste sa mâchoire en s'approchant d'Hiyori. Il passa son bras sur son épaule et avec plus de force que nécessaire, l'ordonna d'avancer.
"On bouge."
Et les deux traversèrent la route, sans faire attention aux beuglements de l'homme ou bien du bras musclé de Zoro sur les épaules larges d'Hiyori.
En passant sa clé dans la serrure de son appartement, Zoro repense vaguement à toute cette histoire.
Voilà quelque chose qu'il pourra raconter à Perona afin de la dissuader de rentrer seule le soir après ses festivals. L'idée qu'elle soit loin, sans personne qu'elle ne connaisse vraiment, l'inquiète depuis pas mal de temps. L'époque où ils étaient encore très jeunes et qu'il ne cessait de se battre avec les enfants qui embêtaient sa sœur à cause de son style vestimentaire semble être à des années lumières. Mais il connaît déjà sa réponse. Elle va sûrement le remballer en lui disant de se mêler de ses affaires et de consulter un psychologue pour ses tendances à vouloir se battre avec tout le monde - ce qui n'est pas totalement faux.
Quand il rentre enfin chez lui, Zoro surprend Chopper en train de mettre ses chaussures, prêt à sortir.
"Bonsoir." Dit-il, en balançant son sac vers l'entrée.
"Enfin tu es là ! Allez, fais vite. Luffy et les autres nous attendent !"
Quand Chopper est excité comme il l'est actuellement, ce n'est jamais bon signe.
Le plus grand regarde l'heure sur la pendule accrochée au salon et remarque l'heure quelque peu tardive. C'est un jeudi soir et son envie de sortir est approximativement proche de zéro.
"Où ça ?"
"Tu n'as pas oublié quand même..."
Un silence s'installe subitement et Chopper souffle, tout en mettant sa grosse doudoune.
"Le groupe de Kid fait un concert ce soir. Tu sais... le truc qu'on a prévu depuis deux semaines ?"
Zoro a sûrement dû oublier, ou mieux, il a dû s'en foutre complètement. Non pas qu'il n'aime pas ce que fait Kid - tout le monde adore - mais le jeune homme avait autre chose en tête. Comme par exemple ses entraînements de kendo intensifs ou sauver des demoiselles en détresse.
"J'suis crevé." Il baille longuement tout en s'approchant de Chopper et lui ébouriffe les cheveux. "Amusez-vous bien."
Mais pour Chopper, cette phrase sonne plus comme un couteau planté dans le dos qu'une excuse. Alors il s'agrippe à Zoro et commence à lui faire les yeux doux.
"Zoro... s'il te plaît, viens ! Ça va être super bien et tout le monde serra là."
Le jeune homme aux cheveux verts essaye de se défaire le plus possible, mais il faut croire que Chopper a beaucoup plus de force qu'on ne le pense.
"S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît !"
Et Zoro fait l'immense erreur de le regarder dans les yeux. Ceux-ci sont suppliants, humides et incroyablement trop mignons pour résister à quoique ce soit : son arme fatale. Même lui, du haut de son 1m81 et ses 75 kilos de muscles ne peut résister face à ça.
"Hmf." Zoro grimace, contractant tout son corps afin de ne pas céder, mais finit par souffler en regardant sur le côté. "Bon. Ok."
Et Chopper se retient de sauter de joie même si son contentement est clairement visible à des kilomètres.
"Super !" Réplique-t-il, en imitant les mimiques de Franky.
"Je vais d'abord prendre une douche. Attends-moi."
Même si l'étudiant en première année de médecine ne voulait faire aucune remarque, il est vrai que l'odeur de transpiration de Zoro n'est pas très agréable. Mais l'idée d'attendre encore plusieurs minutes avant de partir ne le réjoui pas tellement.
"Mais les autres nous attendent..." Il gigote légèrement, essayant de se sortir de cette situation. "Je... je vais y aller moi, d'accord ? À plus !"
Mais avant que son colocataire ne prenne ses jambes à son cou, Zoro s'approche de son sac à dos et y sort un sac plastique. Le genre de sac plastique reconnaissable entre tous, surtout en vu de sa sucrée et douce odeur : des pâtisseries venant d'Whole Cake Bakery. Chopper n'est pas le seul à avoir des armes redoutables. Et après une bataille de regard entre lui, le sac plastique, la pendule accrochée au mur et, à nouveau le sac plastique, Chopper cède à son tour et se précipite vers les pâtisseries.
"Ta technique ne marche pas du tout !" Le jeune garçon commence à déballer la nourriture et à la poser sur la table à manger. "C'est vraiment vicieux de ta part, tu sais ?"
Zoro sourit doucement et se dirige vers la salle de bain. Voilà une soirée qui s'annonce encore plus mouvementée que ces deux dernières semaines.
vi. règle numéro deux : tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler
Quand Sanji arrive enfin à trouver une chaise dans la terrasse du bar, il essaye de la poser le plus délicatement possible entre Zoro et Usopp . Il fait maintenant presque nuit et les tables autour d'eux sont pleines à craquer. Il faut croire que lui et ses amis ne sont pas les seuls à avoir eu l'idée de sortir ce soir. Et même s'il aimerait penser le contraire afin de déconstruire quelques clichés, il semble n'y avoir que des étudiants prêts à boire jusqu'à ce que mort s'en suive. Tout le monde paraît assez excité et de bonne humeur. C'est exactement ce dont il avait besoin après ce début de semaine intensif. Sanji est conscient qu'il va sûrement regretter de boire autant demain matin, devant son plan de travail, mais cela est un problème qu'il règlera un autre moment.
"Qu'est-ce que vous voulez boire ?" Demande-t-il, en sortant un paquet de cigarettes de sa poche.
De l'autre côté de la table, Luffy se prépare à déballer une longue liste d'alcools différents, mais Usopp le coupe immédiatement.
"Attendez ! J'ai une idée."
Et généralement, quand Usopp a une idée, il est préférable de l'écouter d'une seule oreille. Mais il faut croire que tout le monde est assez aventureux ce soir. Même Nami, qui d'habitude esquive ses plans tordus, se voit écouter Usopp religieusement.
"Qu'est-ce que c'est ?" Demande Chopper pour tout le monde.
"On va faire un petit jeu..."
Luffy saute presque sur sa chaise et rejoint la curiosité de Chopper en posant ses bras sur la table.
"Un jeu !" Cri les deux garçons, à l'union.
Quelques personnes tournent leurs têtes vers eux, croyant faire affaire à des étudiants déjà soûls.
"Chacun son tour, nous allons dire avec combien de personnes nous avons couché jusqu'ici. Et celui ayant le plus de conquêtes paye la tournée !" Usopp a toujours des idées étranges et croit être un génie incompris. "On veut des noms évidemment, sinon ce n'est pas drôle."
"C'est nul." Reprend Zoro en croissant ses bras.
"C'est toi qui es nul."
En voyant Usopp lui tirer la langue, il ne rajoute rien. Essayer de déconstruire son égo ne sert à rien apparemment.
"Trop bien !" Reprend Luffy en se frottant les mains, déjà prêt à entendre les histoires des autres.
Mais pour Sanji, c'est autre chose. Allumant sa cigarette, il n'ose à peine poser un regard sur Nami se trouvant à sa droite et fait comme si de rien n'était. Depuis quelque temps, le blond à l'impression d'être un agent spécial gardant un secret d'état. Dissuader les autres de faire ce jeu serait incroyablement suspect venant de sa part, puisqu'il est toujours le premier à se vanter de ses coups d'un soir. Alors il garde la tête basse pendant un moment et attend que son tour passe, réfléchissant à une tactique pour se sauver de ce pétrin.
"Zoro a raison, c'est grave nul." Nami s'accoude sur la table en tenant sa tête grâce à sa main. "Mais vas-y, commence. On t'écoute grand génie."
Et il n'en fallait pas plus pour qu'Usopp se racle la gorge - tel un grand orateur - et commence son monologue. "Alors... Il y a évidemment cette mannequin que j'ai rencontré à New York il y a deux ans, très charmante et très populaire. Puis la fille d'un ministre avec qui j'ai match sur Tinder, une actrice de comédie musicale l'an dernier avec un corps de rêve, vous vous souvenez ? Puis—"
"T'as oublié Alvida en terminale. Tu sais, ta première panne sèche ?" Coupe Zoro, froidement mais avec un soupçon de taquinerie.
Et suite à ça, Luffy explose de rire, tout en se souvenant de cette histoire ayant fait le tour de son lycée.
"Oh merde, je m'en rappel !" Rejoint Sanji, hilare lui aussi.
Et Usopp a une envie folle de se cacher sous la table ou bien de foutre une baffe à ses trois amis. Parce que, évidemment, qu'il se souvient de cette histoire. Ce n'est pas le genre de chose que l'on oubli, surtout quand c'est la première expérience sexuelle d'un adolescent en pleine puberté. Et quand on a un meilleur ami comme Luffy - deja populaire et ne savant pas garder sa langue dans sa poche - il est difficile que cela passe inaperçu. Usopp avait subi les moqueries d'un peu prêt tout le monde, même des surveillants de son lycée, pendant un mois entier. Cependant, la donne avait rapidement changé quand Alvida était revenue quelque temps plus tard complètement métamorphosé et faisant de l'ombre aux filles les plus populaires. Mais elle resta toujours aussi exécrable et si le jeune homme regrette bien quelque chose dans sa vie, c'est d'avoir fait cette énorme erreur.
"Oui, bon... Alvida, oui..." Murmure-t-il entre les rires de tout le monde. "Et Kaya, évidemment."
"Il était revenu... quoi ? 5 minutes après ? Il a tellement été rapide, qu'il n'a même pas eu le temps de remettre son pantalon."
Usopp donne un léger coup sur le crâne de Zoro, rouge comme une tomate. "Arrête de raconter des bobards, c'est à ton tour !"
Le jeune homme aux cheveux verts décide de ne rien relever en entendant le mot « bobards » - sachant que c'est bien culotté venant de sa part - et grogne en se massant le haut de sa tête.
"Refais plus ça." Il se remet comme il faut sur sa chaise et réfléchi pendant un moment, avant de dire sèchement. " Sept."
Tout le monde le regarde avec des yeux ronds, attendant qu'il rajoute quelque chose. Mais après plusieurs secondes de silence, Zoro reste muet comme une tombe.
"Des prénoms, débile." Reprend Sanji en lui soufflant la fumée de sa cigarette sur le visage.
"Sept. C'est tout ce que vous allez savoir."
"T'es vraiment pas drôle." Nami remarque son téléphone vibrer sur la table et regarde rapidement le nouveau message qu'elle vient de recevoir.
Nouveaux messages
Robin: Je suis avec Franky.
On arrive bientôt.
Le temps qu'elle lui réponde qu'ils sont déjà tous installés et qu'elle peut prendre son temps vu la vitesse à laquelle ils ne sont pas prêts de commander à boire, c'est au tour de Sanji.
"Hum..." Celui-ci écrase son mégot de cigarette dans le cendrier posé sur la table. Il n'y plus d'issue possible et le blond décide de tout simplement faire abstraction de quelques conquêtes. De toute manière, ce n'est pas ça qui fera grandement diminuer son nombre. "Par où commencer ?"
"Par où commenceeeer ?" Imite Luffy, de façon moqueuse, tout en mimant l'air hautain que peut se donner Sanji quelque fois.
Sous les ricanements de Chopper et Usopp, le blond poursuit : "Il y a Adele, une serveuse que j'ai rencontré quand je bossais l'été dernier au « Mermaid Café », Viola mon ex, une fille... je connais plus trop son nom, je crois que c'était Maria. Puis Kalifa, aussi."
Nami grimace en entendant le dernier prénom et se demande ce qu'elle a mérité pour que cette sorcière la suive partout, quotidiennement.
"On ne t'a pas demandé de raconter ta vie."
Sanji se tourne vers Zoro, en fronçant les sourcils.
"Il y a aussi Pudding, la mère de Zoro, puis—"
Il est soudainement coupé par le coup de pied de son ami dans sa chaise et tombe à la renverse. Tout le monde se remet à rigoler et malgré son envie de faire mordre la poussière à Zoro, le blond se sent soulager de cette interruption. Plus personne n'a son attention tournée vers lui et il a excellemment réussi à esquiver le nom de la rousse : mission accomplie.
"À moi ! À moi !" Luffy tente de se lever, beaucoup trop excité par l'idée de participer au jeu. Mais Usopp, l'air lasse, le retient par le bras et le colle à sa chaise. "Alors, euh..."
Il y a bien des choses que Luffy oubli. Comme ses cours, payer ses factures ou bien baisser l'abattant des toilettes après ses petites affaires. Alors avec beaucoup de concentration, il essaye de se souvenir de chaque personne ayant eu la chance - ou bien le malheur - de croiser sa route. S'il y a bien quelque chose que Luffy ne veut pas, c'est que quelqu'un lui vole la place de numéro un dans ce jeu. Il est assez mauvais perdant quand on y pense.
"Il y a... Aphelandra, Camie, et Marguerite. Hum..." Il plisse ses yeux en massant son crâne, comme s'il était dans une grande réflexion. "Monet, puis... Porche. Rebecca aussi ! Sadi, je crois ? Sh... shiraho-truc. Et Ulti, et Wanda et..."
La liste commence à s'allonger de plus en plus, devant l'air ébahi des autres. Tout le monde sait que Luffy à la particularité de se familiariser avec n'importe qui. Il est ce genre d'aimant qui attire les gens vers lui, que les autres le veuille ou non. Cela a ses avantages, comme ses inconvénients. Mais personne n'avait remarqué à quel point le brun pouvait être aussi populaire. Sanji est à deux doigts de retomber de sa chaise face à tous ses prénoms et se demande bien ce que les gens lui trouvent. Et il est malheureusement certain que Luffy ne ment pas - comme pour certain. Ce n'est pas son genre.
"... Voilà, je crois que c'est tout. Ah non, il y a Boa aussi !"
"Oui, bon, on a compris !" S'énerve Sanji, rallumant une deuxième cigarette.
Et tout le monde grimace face au prénom « Boa ». Cette femme ne leur rappelle que de sombres et mauvais souvenirs. Seul Luffy semble relativiser, mais ça, c'est une histoire pour plus tard.
"Qu'est-ce qu'elles peuvent bien toutes te trouver ?" Demande Nami, réellement intriguée et inquiète par la question. "Tu es fauché, feignant, têtu et n'a aucun sens de la mode."
"Tu veux vraiment savoir ?" Tout le monde se retourne vers Usopp et suit son regard... dirigé vers l'entrejambe de Luffy.
"Beurk, arrêtez !" Le pauvre Chopper est sur le point de recracher sa boisson qu'il n'a pas encore bu, sous l'hilarité de ses amis.
Et après quelques blagues de mauvais goût, tout le monde se met d'accord sur le gagnant. Excepté Nami, qui tiens à rajouter son grain de sel. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut parler de ses expériences sexuelles désastreuses en public.
"Oh non, Nami ! On ne veut pas t'entendre, tu couches toujours avec les pires spécimens de la ville."
Et malgré lui, Usopp a raison. Ce n'est pas une fierté, mais la jeune femme a toujours le don de se retrouver dans le lit (ou toilette, ruelle et recoin bizarre dans un parc) de mecs très étranges. Peut-être que si elle arrêtait de se mettre dans des états pas possibles, son pourcentage de chance de trouver un garçon potable augmenterait drastiquement.
"Écoute, moi au moins mes histoires sont réelles." Elle range une de ses mèches de cheveux derrière l'oreille et continue : "Voyons..."
Et là, trou noir. Rien ne lui vient. Pourtant, elle est bien certaine d'avoir une liste bien remplie - pas autant que Luffy, mais tout de même. Mais aucun nom ne lui vient instinctivement. Nami aperçoit des visages, plus ou moins plaisants pour certain, mais tout reste flou. Et cela lui donne des sueurs froides.
"Attendez, je les ai sur le bout de la langue..."
"C'est bien ce que je disais ! Regardez, ils sont tellement disgracieux qu'elle ne s'en souvient même plus."
"Tais-toi Usopp !" La jeune femme grogne, en fermant ses yeux. Voilà peut-être un signal clair et précis, celui de lui dire d'arrêter de boire et de prendre de la drogue. Mais avec un entourage comme le sien, ce n'est pas si facile que ça. "Il y a... ce mec... puis... lui..."
"Ah oui, « lui ». On voit très bien de qui tu parles, effectivement."
Elle se redresse subitement et fait face à Usopp, avec fierté. "Si, putain ! Je me souviens ! Il y a au moins Pauly, Absalom et Sanji !"
Au loin, un bruit de verre tombant par terre resonne. Quelque peu maladroite, la serveuse s'excuse auprès des clients et s'approche de la table de Luffy et des autres. Mais voyant le silence pesant et l'atmosphère étrange s'étant installé, elle décide de faire demi-tour et de prendre une autre commande.
"Absalom ?" Demande Luffy, le visage renfrogné. "Dégeu."
"Sanji !?"
Et le prénommé rentre sa tête dans ses épaules, les joues rouges, face au choque de ses amis. Ce n'est définitivement pas comme ça qu'il pensait commencer sa soirée. Lui qui avait réussi à sauver les meubles, la personnalité sanguine de Nami lui a joué des tours.
Et au vu de son visage également rouge, elle ne s'attendait également pas à faire ce genre de révélation
