Maître des âmes

Chapitre 5 :

Antre magique

Longuement, Alexander et Carlisle avaient discuté avec le médicomage Mirass, retraçant tout ce qu'il s'était passé depuis son accident au niveau médical. La présence du vampire s'était vite révélée salvatrice, celui-ci capable de donner bien plus d'informations au médicomage en tant que médecin. Le jeune homme devait avouer qu'il y avait de nombreuses choses sortant de leurs bouches qu'il ne comprenait pas avec ce jargon médical. En revanche, il avait noté que les deux hommes se comprenaient parfaitement et s'entendaient bien. Le médicomage Mirass ne semblait pas gêné le moins du monde d'être face à un vampire et à un médecin non-magique et cela soulageait Alexander. Si les créatures magiques et les minorités magiques étaient beaucoup mieux traitées aux États-Unis qu'au Royaume Unis, les relations et les préjugés étaient encore difficiles pour beaucoup et cela allait dans les deux sens. Il avait craint de voir Carlisle être maltraité, ce qu'il ne souhaitait vraiment pas. Il avait bien vu que le médicomage Mann n'avait pas été enthousiaste en les accueillant. Heureusement, le médicomage Mirass semblait indifférent à cela et le fait qu'il ait étudié aussi dans le monde non magique s'en ressentait assurément.

Ils discutèrent longuement, le médicomage prenant des notes supplémentaires pour son dossier, très précis dans certaines questions. Ce fut au tour de Carlisle d'être un peu perdu lorsqu'ils abordèrent la partie magique de cette situation. Ils évoquèrent l'éveil de son hypersensibilité magique, de ses effets sur les transports magiques mais aussi sur le reste. Alexander expliqua ce qu'il avait déjà constaté avec sa magie et son instinct, confirmant un peu plus qu'il s'agissait bien de ça. Il avait aussi l'impression que ses sorts étaient plus rapides et plus vifs, plus puissants mais il n'était pas certain.

Toutes les questions posées, ils passèrent à l'examen, le médicomage faisant allonger son patient sur une table d'auscultation, sortant sa baguette pour commencer. Ce fut sans réticence que le sorcier expliqua ce qu'il faisait, répondant aux questions de Carlisle. Le vampire ne cacha pas qu'il était franchement jaloux de voir qu'il pouvait faire des examens semblables à un scanner, une IRM, des radios, des analyses de sangs ou autres de tout type très facilement et sans matériel avec ses sorts. C'était beaucoup plus rapide et moins complexes que dans son hôpital. Alistair lui expliqua pourtant que ce n'était pas si simple, qu'il s'agissait de sorts très difficiles à lancer, fatiguant et que contrairement aux machines, le taux d'erreur était plus élevé si le sort était mal lancé. C'était aussi pour cela que les examens les plus complexes étaient fait plusieurs fois pour assurer le résultat. Le sorcier était partagé entre les deux méthodes, disant que parfois, il préférait la version non magique et parfois, il préférait sa magie suivant les cas même s'il ne pouvait user que de la seconde ici. L'avantage avec la magie était qu'il pouvait faire des examens plus précis de certaines zones.

Là encore, il fallut un moment pour tout faire, Alexander se prêtant aux petits tests qu'on lui fit passer. Cela n'arrangea pourtant pas son mal de tête et lorsqu'il termina, le médicomage fit apparaître une potion pour lui, expliquant à Carlisle ce dont-il s'agissait. Le vampire fronça le nez à l'odeur du breuvage, amusant l'adolescent. Le temps qu'elle agisse, les deux soignant échangèrent un peu sur les traitements magiques, le vampire très intéressé d'en savoir plus.

- Je peux confirmer les résultats que vous aviez déjà eu, fit le médicomage après un moment. Vous vous en sortez très bien compte tenu du traumatisme subi. Le problème des migraines, de la fatigue et des malaises occasionnels pourraient rester comme s'estomper peu à peu, venir par épisode. On ne peut pas réellement prévoir comment cela évoluera malheureusement. En revanche, nous pouvons mettre en place un traitement adapté pour traiter les symptômes lorsqu'ils viennent. Vous pouvez avoir des potions pour les maux de têtes et les migraines, des toniques pour les épisodes de fatigue. Mais le plus important restera de vous reposer dans ces moments là.

- Il n'y a aucun moyen de guérir les séquelles ? demanda Carlisle.

- Pas que nous ayons découvert malheureusement, répondit-il. Ce genre de dommage est aussi méconnus chez nous que chez vous et bien entendu, tout aussi délicat à appréhender et traiter. La récupération est déjà exceptionnelle vu ce qu'il s'est passé, même pour le monde magique. Mais vous avez une magie assez puissante alors je pense qu'elle vous a aidé.

- Ce ne serait pas la première fois, remarqua-t-il.

- Le bon côté est que je ne détecte pas de séquelles ou de dégâts autre que cela. Et surtout, je ne détecte pas de dommage sur votre magie. C'est même plutôt le contraire. Des cas de déclenchements de nouveaux dons après un traumatisme de ce genre ont déjà été noté mais cela reste extrêmement rare au niveau mondial. Il y en a certainement un peu plus de cas non recensés mais ça reste exceptionnel. C'est donc méconnu et il faut surveiller pour ne rien manquer d'important. Je vous conseille d'être attentif comme vous l'êtes déjà avec votre magie. Cela serait peut-être une bonne idée de tenir une sorte de journal où noter les sensations ou les choses qui pourraient avoir changé, avec des dates. Comme ça, si cela évolue avec le temps, nous pourrions avoir des repères et une chronologie pour comprendre. Je fais des recherches sur ce genre de sujet aussi, j'aimerai vous demander si je pourrais vous suivre pour voir ça avec vous ? Cela pourrait être très utile.

- Uniquement si les données sont anonymes si jamais vous les partagez avec d'autres ou présentez des résultats. Je tiens à ma vie privée mais je comprend aussi que ce genre de cas ne cour pas les rues.

- Bien sûr, j'établirai un serment pour vous l'assurer, répondit-il avec le sourire. Je pense que nous voir deux fois par an, à la fois pour votre suivis et pour voir l'évolution pourrait être bien. Et vous pouvez également me contacter n'importe quand si vous avez des questions ou si vous constatez quelque chose, que vous avez besoin d'une consultation.

Ils en discutèrent encore un moment, le médicomage donnant plus de détails sur ce qu'il fallait surveiller, ce qui pouvait être important et surtout, les signes qui devaient le pousser à venir le voir, qui pourraient démontrer des symptômes négatifs. Il demanda aussi à Carlisle de veiller sur lui et le vampire promit qu'il le ferait, touchant Alexander. La consultation terminée, Alexander et Carlisle repartirent, le vampire comprenant cette fois pourquoi il s'effondra en arrivant dans la maison de Charlie. Ils apparurent dans le salon d'où ils étaient partis et il soutint le jeune homme tremblant et vacillant sur le champs. Sans lui demander son avis, il l'avait soulevé dans ses bras et amené à sa chambre, la chose facile avec sa force. Alexander fut rapidement allongé dans son lit et il resta à ses côtés. Il le surveilla le temps qu'il reprenne ses esprits et que son malaise s'apaise, que son mal de tête diminue.

- Le médicomage a raison quand il dit que tu devrais renoncer à ces transports, remarqua-t-il lorsqu'il fut mieux.

- C'est quasiment incontournable dans le monde magique et dans certaines situations. La société magique est très construite mais les structures ne sont pas aussi répandues que dans le monde ordinaire. Il y a souvent énormément de route à faire pour aller d'un endroit à un autre. Cette clinique, par exemple, est unique dans le pays. Il y a d'autres hôpitaux mais celui-ci est particulier. Si je dois prendre l'avion à chaque fois que je dois voir un médicomage généraliste, ça n'en finira jamais.

- Pourquoi cette clinique ? Il n'y a rien plus près ?

- La médicomagie est une discipline très complexe. Elle demande beaucoup de puissance et de connaissance, d'habilité magique. Les spécialistes compétents sont encore plus rares. Il y a énormément de charlatanisme dans ce domaine, peu de lois pour le réglementer. Il faut faire attention quand on choisi un médicomage. Cette clinique est l'une des meilleures du pays, avec des médicomages lourdement assermentés, compétents, avec des qualifications prouvées, un règlement et une éthique à respecter et des médicaments certifiés. Cela n'est pas si facile à trouver dans ce monde.

- Je vois. Pourquoi ne pas les faire venir ici comme ils le proposent dans ce cas ? Cela t'épargnerait ces malaises.

- Dans une ville comme Forks, ce genre de chose se ferait vite remarquer. Les allées et venues d'étrangers qui arrivent d'on ne sait où et repartent sans laisser de trace se feront remarquer. Je ne veux pas faire venir plus de sorciers que nécessaire chez Charlie. Je suis déjà un grand risque qu'il découvre quelque chose et il n'y a pas besoin de plus. Je suis déjà en train de chercher un endroit sûr et discret pour ça. Cela ne devrait plus être très long. Je n'aimais déjà pas les transports magiques avant, c'est encore pire maintenant.

- Je comprend. Tu pourrais organiser ça chez moi si tu veux. Une maison de vampires devrait convenir. J'y ai un cabinet qui pourrait servir pour ça et c'est isolé dans les bois en périphérie de la ville.

- C'est gentil Carlisle mais non. Je vais m'en charger.

- Tu es sûr ?

- Oui ne t'en fait pas. De toute façon je n'ai rien de prévu avant un bon moment maintenant. Cela me laissera le temps de trouver le bon endroit pour faire venir le médicomage sans problème. Ne t'inquiète pas pour ça.

- Bon très bien. Merci de m'avoir permis de t'accompagner. J'ai appris énormément de choses aujourd'hui, sourit-il.

- Ce n'est rien. Et puis j'ai comme l'impression que ça a pas mal aidé le médicomage aussi.

Ils parlèrent de cette sortie encore un moment, Carlisle restant jusqu'à être certain que Alexander allait bien. Puis il s'en alla, lui ordonnant presque de passer le reste de la journée à se reposer, faisant sourire l'adolescent. Ce fut au début de la semaine suivante que Alexander reçu des nouvelles des gobelins. Comme attendu d'eux, ils avaient fait très vite. Ils lui confirmaient tout d'abord que tout été en ordre avec ses affaires, lui faisant un rapport complet de leur état. Ils lui signifiaient aussi que le Ministère de la magie Britannique, ainsi que Dumbledore et d'autres de leur côtés avaient tenté de recourir aux gobelins de Gringotts Londres pour tenter de le retrouver. Ils avaient demandé des informations sur lui, sur ses possibles visites chez eux, sur ses mouvements bancaires… Le Ministère, comme Dumbledore, avaient tenté de mettre la main sur ses affaires en vertu d'un quelconque pouvoir de tutelle sur lui, en vertus de leur sois-disant lois ou tentant d'user de leur pouvoir pour cela. Mais ils n'avaient rien eu et ils lui assurèrent qu'ils ne donneraient rien à personne.

Alexander n'en fut pas surpris. Ils devaient le chercher depuis qu'ils s'étaient aperçus de sa disparition et cela devait dater de son anniversaire. Il s'était arrangé pour leur donner du mal mais il savait qu'on finirait par le retrouver. Il n'était pas stupide. Un jour ou l'autre, on le retrouverait ou il serait forcé de se montrer pour une raison ou une autre. Le plus important pour lui était d'être près au maximum d'ici là. Et il semblait que les gobelins lui avaient trouvé de quoi avancer. Comme il l'avaient demandé, ils avaient sélectionné quelques propriétés pour lui à Forks. Très intéressé, il s'était assis pour regarder ça avec grand intérêt. Il y avait quelques propositions et toutes étaient issues du monde non magique.

Les seules terres considérées comme magiques ici étaient celles des Quileutes. Il n'y avait rien d'autre dans les parages parce qu'il n'y avait jamais eu de sorciers ou d'autres êtres, capables de rendre un domaine magique, qui s'étaient installés ici. La maison des Cullen était considérée comme terrain magique elle aussi mais elle ne le serait plus s'ils déménageaient. Elle ne l'était que s'ils y étaient ou que d'autres êtres magiques leur succédaient. Il y avait eu ainsi des maisons magiques à Forks avec des gens ou des familles de passage mais rien qui n'ait été permanent. Il n'y avait donc aucune maison ou propriété magique dans les environs.

Seulement, Forks ne manquait pas de biens à vendre, les gens ayant tendance à quitter progressivement ce genre de petite ville. Seulement, il voulait aussi faire du bien qu'il achèterait une vraie propriété magique qu'il pourrait protéger avec puissance, ensorceler avec puissance. Et il y avait des règles pour changer une propriété non-magique en propriété magique. Premièrement, il ne devait pas y avoir d'habitation magique possible dans un large rayon. Deuxièmement, dans le cas d'une ville majoritairement non-magique sans structure ni organisation magique établie, comme à Forks, la propriété choisie devait être à l'écart des non-maj, à l'abri des regards. Troisièmement, l'acquéreur devait avoir les moyens de la faire protégé correctement. Il fallait aussi que cela ne soit pas aux dépends des non-maj. Si un non-maj voulait également la propriété convoitée, il devait lui laisser. Il y avait ainsi toute une liste d'exigences pour convertir une maison ou une terre non-magique.

Heureusement pour lui, il était en mesure de remplir ces exigences et il y avait des biens correspondants à ces règles autour de Forks. Il scruta les possibilités répertoriées par les gobelins. Toutes étaient des maisons ou des terres autour de la ville, en forêt. Il y avait des cabanes de chasseurs ou des maisons forestières abandonnées depuis longtemps, à vendre pour une bouchée de pain. Il regarda et examina chaque proposition et il n'eut pas besoin de beaucoup de réflexion. L'une des maisons lui tapa immédiatement dans l'œil d'une part parce qu'elle lui plaisait beaucoup et qu'elle rassemblait toutes les caractéristiques qu'il recherchait et d'une autre parce que son instinct le poussait vers elle.

C'était une grande maison de forêt avec des airs de chalet, entièrement bâtie de pierre et de bois sombre. Elle était déjà vaste et il pourrait la rendre encore plus vaste avec la magie. Elle avait un grand garage, une immense terrasse en partie couverte, un atelier… Elle était assez éloignée du centre de Forks pour que personne ne vienne par hasard et elle était perdue en forêt, cachée entre les arbres. Il y avait aussi des terres tout autour qui lui permettraient de l'isoler encore plus en posant une frontière magique pour que personne n'y mette le pied sans autorisation. C'était parfait. Il y avait des travaux à faire, l'endroit à l'abandon et en vente depuis longtemps semblait-il.

Bien qu'emballé par le descriptif et les photos, il sortit son ordinateur portable pour essayer de voir s'il pouvait trouver des informations sur sur internet. L'endroit était non magique donc c'était possible. Il trouva la propriété sans trop de mal, lisant tout ce qu'il pouvait dénicher. La famille qui la possédait était partie vivre à l'autre bout du pays et n'en voulait plus. Elle était à vendre depuis une quinzaine d'années et son prix avait chuté en conséquence d'autant plus qu'elle n'avait pas été entretenue. Visiblement, on n'en voulait pas parce que le peu de monde qui voudrait acheter à Forks était rebuté. Cela parce que la maison et le grand terrain, avec ses obligations d'entretien, coûteraient cher, parce qu'elle nécessitait de gros travaux et aménagement, parce qu'il n'y avait pas de route bétonnée y menant et aussi parce qu'elle jouxtait la réserve Quileute et que cela ne semblait pas plaire à de potentiels acheteurs. Mais tout cela n'avait aucune importance pour lui. Il avait les moyens pour les rénovations et l'entretien auquel la magie participerait énormément. Il se fichait de la route et encore plus du fait d'être à côté de la Réserve.

Il se donna une nuit de réflexion mais finalement, il écrivit aux gobelins pour qu'ils se chargent de la vente en gardant son identité secrète. Au maximum, il protégerait cet endroit. Les gobelins ne diraient rien tant qu'il était juste avec eux. Les rares qui connaîtraient le lieu et sa véritable identité seraient sûr et les autres ne le connaîtraient qu'associé à son pseudonyme. Les gobelins étant assurément les meilleurs contacts lorsqu'il s'agissait d'affaires et de commerce, il leur demanda aussi de le mettre en relation avec une entreprise magique qui pourrait rénover correctement la maison. Puis il leur demanda si une fois fait, ils pourraient protéger la propriété avec les anciens enchantements. Il savait qu'ils étaient les meilleurs pour ça, qu'ils avaient enchanté nombres de lieux magiques, dont des allées sorcières, des Ministères, le MACUSA… Cela coûterait cher mais c'était le mieux qu'il puisse trouver.

Comme attendu, les gobelins eurent très vite conclus l'affaire avec en plus un rabais conséquent dans la négociation. La magie aidant, la procédure de vente fut bouclée en quelques jours. Très heureux, Alexander avait gratifié les gobelins d'une très généreuse commission. Il reçut les titres de propriétés et les clefs. Il lui suffit d'officialiser de sa signature magique et des ses sceaux Potter et Black pour être officiellement propriétaire du domaine de Rael. Il choisit ce nom lui même bien qu'il fut incapable de dire d'où cela lui vint ni pourquoi.

Cela officiel et les clefs en main, il se rendit sur place. Il lui fallut un moment pour gagner la propriété, prenant d'abord le bus jusqu'à arriver en périphérie de la ville avant de marcher un bon moment en forêt, une carte entre les doigts. S'il n'y avait pas de route bétonnée, il y avait un vieux chemin de terre laissé à l'abandon. Il n'eut qu'à le suivre et finalement, il arriva devant la maison. Elle avait vraiment besoin d'être remise à neuf mais elle n'en n'était pas moins magnifique à ses yeux, surtout quand il réalisa que c'était sa première maison bien à lui. Son foyer restait chez Charlie mais avoir ce refuge était une chose incroyable pour lui. C'était à lui totalement et c'était la première fois qu'il obtenait une telle chose.

La maison était immense. Son bois sombre et ses pierres grises étaient abîmés et usés, couvert de mousses présentes partout dans cette forêt humide. Une grosse cheminée en sortait, à moitié effondrée. La porte d'entrée se trouvait sur un grand perron couvert, prolongé par une petite terrasse encadrant la grande double porte. N'importe qui d'autre y aurait vu une ruine, lui y voyait un paradis. Sortant sa baguette, il entra, près à réagir si quelque chose s'effondrait parce que, objectivement, le risque était élevé. Il s'y promena un moment et il n'eut aucun mal à imaginer ce qu'il allait faire et à quoi servirait chaque pièce. Il aurait toute la place nécessaire ici.

Ce fut assis sur les marches de sa demeure qu'il écrivit à l'entreprise magique recommandée par les gobelins pour solliciter leurs services, expliquant grossièrement le projet et ce qu'il désirait. La première chose était de prendre rendez-vous pour en discuter, voir s'ils accepteraient le chantier et établir un contrat magique. Un contrat qu'il demanda aux gobelins là encore. Grâce au portoloin postal, il put transmettre sa demande instantanément. Il reçut une réponse deux jours plus tard, positive pour sa plus grande joie et il en renvoya une autre avec un portoloin qui s'activerait pour ceux qui signeraient un premier accord de confidentialité qu'il leur faisait parvenir. Il les rencontra au domaine de Rael et il eut le plaisir de voir une société où travaillaient des sorciers mais aussi des êtres magiques, la chose agréable à voir dans le monde de discrimination qu'il ne connaissait que trop. Mais ce n'était pas si surprenant pour une entreprise recommandée par les gobelins.

Ils passèrent la journée à établir le projet précis pour la maison et ses alentours puis le contrat et ses accords de confidentialités furent signés, l'acompte versé. Alexander, venu sous glamour pour se protéger davantage, se montra généreux pour obtenir du bon travail mais aussi pour qu'ils commencent tout de suite et terminent au plus vite. La patron ravi lui assura que tout serait respecté et qu'une dizaine de jours suffiraient grâce à la magie. Ce qu'il se passait sur ces terres seraient caché par magie et ainsi il n'avait pas à craindre que qui que ce soit se rende compte des travaux.

Comme annoncé, dix jours plus tard, les travaux étaient terminés et ce fut avec excitation qu'il rejoignit sa propriété pour la livraison. Le patron et son architecte étaient là mais il n'y fit pas attention en arrivant, une fois de plus sous glamour. La maison était magnifique, comme neuve. Le bois très humide qui avait commencé à se dégrader était de nouveau parfait, les pierres propres et bien jointes, le toit impeccable… Une petite place pavée avait été construite à l'avant, menant au perron ainsi qu'au garage. Il manquait encore de personnalisation et de décoration mais il avait l'intention de faire ça lui même avec le temps. Le principal était que la demeure était comme neuve, prête à être aménagée pour servir.

Ils entrèrent pour visiter et Alexander fut ravi par le résultat. Pour le moment, il n'y avait ni meuble ni décoration. On entrait par un grand hall qui traversait le rez de chaussé et les deux étages de la maison. Une cheminée magique reliée au réseau et sécurisée donnait là. Au rez de chaussé il y avait un grand salon, une salle à manger, une cuisine magique déjà équipée ainsi que des réserves. Il y avait un vaste jardin d'hivers aux parois de verre ainsi que la salle d'entraînement. De l'extérieur, c'était une pièce moyenne, aveugle et aux épais murs de bois et de pierres. De l'intérieur, c'était un espace aussi vaste que la grande salle de Poudlard aux murs translucides donnant une vue splendide sur la forêt. Elle était renforcée avec puissance, adaptée à l'entraînement magique de haut niveau.

Au sous-sol, il y avait des caves, un laboratoire de potions et d'autres réserves. Deux escaliers distincts menaient aux étages. Le premier ne montait qu'au premier, conduisant à la bibliothèque et au bureau. Le second allait vers les chambres. Chacune avait un dressing et une salle de bain. Et enfin, tout en haut, il y avait un grenier. Dehors, à l'arrière, se trouvait une grande terrasse dont la moitié était couverte d'un toit soigné. Le garage était assez grand pour accueillir au moins trois voitures et en mezzanine, il y avait un atelier. Les pièces étaient spacieuses et hautes de plafond, claires avec des fenêtres, la maçonnerie et le bois apparent.

La forêt environnante devait rendre la maison sombre mais des sorts avaient été posés pour donner l'impression que bien plus de lumière naturelle entrait par les fenêtres. Toute la maison était enchantée pour s'entretenir toute seule, rester propre et se réparer d'elle même au besoin. Alexander avait opté pour le haut de gamme des charmes domestiques, voulant être tranquille avec cela. Tout était parfait et il clôtura le contrat en payant sa facture, remerciant le patron et ses ouvriers pour leur travail. Le lendemain, les gobelins venaient enchanter le domaine tout entier. Un peu paranoïaque, il leur demanda de vérifier que les ouvriers n'avait pas laissé de sorts indésirables. Ce n'était pas le cas heureusement. Le domaine fut ensorcelé, sa frontière faîtes pour détourner les indésirables et leur attention de la zone. Ils terminèrent de rendre ce domaine magique, de l'isoler des non maj et de ceux qui n'étaient pas invités. Le summum pour Alexander fut d'apprendre qu'il était possible de poser un enchantement pour qu'il puisse voler sur ses terres sans être vu au-delà. Il devait juste veiller à ne pas sortir des limites. Bien sûr, il fit poser cet enchantement.

Cela fait, il avait sa maison magique et il en fut infiniment ravi. Il ne lui restait plus qu'à l'aménager et la décorer. Il ferait cela dans les temps à venir et il s'était procuré les catalogues de toutes les enseignes magiques possibles pour pouvoir commander ce qu'il voulait. Il n'était pas pressé pour cela et il avait l'intention de faire ça à sa manière et à son goût, anticipant avec plaisir. Cela lui ferait un bon passe-temps pour se détendre. Le plus urgent était d'aménager la salle d'entraînement magique et pour cela, il n'aurait qu'à commander un peu de matériel comme des mannequins enchantés et des cibles. Le laboratoire de potion était aussi une priorité pour ses études. Puis le salon pour pouvoir recevoir et ensuite la bibliothèque toujours pour étudier. Le reste viendrait petit à petit.

Ce fut la même semaine qu'il reçut l'autorisation de conduire à nouveau et cela tomba à pic puisque la semaine suivante, son quatre quatre flambant neuf était livré. Il attira quelque peu l'attention de part le fait évident qu'il était haut de gamme mais Alexander s'en fichait pas mal, heureux comme un enfant à Noël d'avoir sa voiture. Cela aiderait énormément. Ce jour là, Jacob était là avec lui, excité lui aussi par l'événement. Billy et Charlie avaient ris en les regardant monter en voiture ensemble pour aller se promener en forêt avec l'engin, euphoriques comme des enfants courant vers un nouveau terrain de jeu.

Ce fut pourtant le soir même qu'il prit le temps de poser des sorts sur sa voiture. Il savait bien qu'un tel véhicule polluait et cela le dérangeait. Il avait cherché comment faire pour régler ça. Il n'avait pas encore trouvé toutes les solutions mais il avait trouvé un sort de purification de l'air qu'il posa avec soin, s'assurant que les gaz rejetés par le moteur seraient épurés et ne pollueraient pas. Il voulait essayer de trouver quelque chose pour le carburant aussi mais il n'avait clairement pas les connaissances pour ça. Cela demanderait plus de temps et de recherches. Un sort d'épuration de l'air était simple et c'était déjà bien pour commencer.

Il posa également des sorts antivol, des protection en cas d'accident et des sortilèges pour qu'elle ne se détériore pas et se répare seule au besoin. Seulement, cette partie ne concernait pas toute la voiture. L'électronique et la magie ne faisant pas bon ménage, il n'avait pu poser cette magie que sur la carrosserie, la structure et la partie purement mécanique de la voiture ainsi que les pneus. Avec le temps, il avait bien envie de chercher comment faire pour régler ça mais ce n'était pas pour tout de suite. Il dut se contenter de ce qu'il pouvait déjà faire et heureusement, là encore, il ne s'agissait que de sorts assez simples qu'il pouvait poser facilement. Jacob, passionné de mécanique, avait promis de lui montrer comment faire pour entretenir sa voiture lui même bien qu'il admette ne pas s'y connaître pour la partie électronique de la chose.

Bien sûr, au milieu de tout cela, il avait continué à étudier et à travailler durement. Cela avait demandé du temps mais finalement, il reçut une autre nouvelle très attendue. Ce jour là, il était à la maison en train d'étudier dans sa chambre lorsque l'on toqua à la porte. Charlie travaillait, c'était un jour de cours pour Jacob et il n'attendait personne. Il veilla donc à avoir sa baguette avant de descendre voir, ses réflexes de protections et de prudences bien ancrés désormais. Il sut bien avant d'arriver à la porte que c'était un sorcier dehors. Il le sentait comme il sentait l'approche d'Hedwige ou ces énergies magiques avec sa nouvelle sensibilité. Il sortit sa baguette, attentif et prêt à réagir. Il entrouvrit la porte, tendu mais il se relaxa en reconnaissant l'homme qui était là, vêtu d'un costume non-maj de qualité, d'un long manteau et d'un chapeau. Il ouvrit complètement :

- Auror Icard, salua-t-il.

- Seigneur Potter, rendit-il avec une légère inclinaison respectueuse du torse. Veuillez m'excuser de venir à l'improviste chez vous. La Capitaine m'envoit pour vous donner des nouvelles d'outre atlantique. Elle aurait aimé venir elle même mais elle n'a pu se libérer.

- Comment le pourrait-elle avec la masse de travail qui est sienne ? sourit-il doucement. Je vous remercie. Laissez moi un instant, nous irons ailleurs pour discuter.

L'auror approuva et il rentra rapidement, laissant un mot à Charlie qui ne tarderait plus. Il attrapa son manteau et ses clefs avant de sortir et d'emmener l'auror avec lui dans sa voiture, l'invitant à monter avant de se mettre en route pour le domaine de Rael. Il y eut d'abord un moment de silence léger entre eux, Alexander ravi de revoir cet homme qui avait beaucoup aidé à son arrivée.

- J'espère que vous n'avez pas trop de travail, dit-il pour engager la conversation.

- Vous savez ce que c'est, surtout en ce moment, s'amusa l'auror.

- Je m'en doute.

- Maître McAster nous a informé, moi et la Capitaine, ainsi que le Président, de ce qui vous est arrivé en arrivant ici.

- Risible n'est-ce pas ? releva-t-il en serrant les dents. Une voiture non-maj m'a eu.

- Il n'y a aucune honte. Ce genre de chose arrive et vous aviez de quoi avoir l'esprit préoccupé par d'autres problèmes. Il n'y a que les imbéciles et les arrogants pour penser qu'ils sont à l'abri de tout magie ou non. Vous êtes-vous remis ?

- Oui. J'ai eu beaucoup de chance et il semble qu'une fois encore, ma magie m'aime assez pour me protéger de son mieux.

- La Magie vous aime, c'est évident, sourit-il.

- Je ne sais pas pourquoi, soupira-t-il. Quoi qu'il en soit, je vais bien même si j'ai du retard à rattraper maintenant. J'ai eu beaucoup de chance qu'il ne se passe rien pendant mon amnésie et j'ai eu beaucoup de chance de tomber sur des gens bienveillants. Je n'avais jamais eu autant de chance de ma vie.

- Est-ce pour cela que vous avez décidé de rester dans cette ville non-maj ? demanda-t-il en regardant l'extérieur d'un œil critique.

- Le genre, la nature, le peuple ou tout ce que vous voulez de ce type n'a pas d'importance à mes yeux. Je me sens bien ici et j'y ai trouvé un foyer. C'est tout ce qui compte pour moi et il faut avouer que c'est plus discret pour passer inaperçu au monde magique. Je dois encore gagner du temps avant de réapparaître.

- Vous pouvez rester dans l'ombre aussi longtemps qu'il vous plaira. Vous connaissez notre position. Elle n'a pas changé.

- Je suis heureux de l'entendre. Je ferai de mon mieux si jamais les problèmes arrivaient ici.

- Nous n'en doutons pas une seconde, assura-t-il. Est-ce que cela ira ici ? Je me suis renseigné. Il y a un coven vampire et une tribu potentiellement métamorphe.

- J'ai déjà un contact avec l'un et l'autre. Un contact amical avec la tribu. Quand au coven, il se trouve que son chef est aussi le médecin qui m'a sauvé la vie. Je suis ami avec lui. Il sait, comme son clan, que je suis un sorcier mais cela s'arrête là. Je doute d'avoir des problèmes avec eux un jour. Je ne les connais pas encore très bien mais j'ai un bon sentiment. Ils sont paisibles et ne font pas d'histoire. Quand aux non-maj, soyez assuré que je suis bien décidé à ne jamais briser le secret magique.

- Là dessus aussi nous n'avons pas de doute. Vous avez prouvé que vous étiez responsable et conscient des choses. Nous espérons seulement que cette vie ne sera pas trop complexe à gérer pour vous. Il n'y a rien de magique par ici.

- C'est pour ça que j'ai acquis ce domaine, dit-il alors qu'ils arrivaient sur ses terres en forêt. Je viens à peine d'en faire l'acquisition, de le réaménager et de le terminer. Il a été converti en propriété magique et protégé par les gobelins. Il me fallait un endroit pour pratiquer la magie et recevoir des êtres magiques sans prendre de risque. J'avais l'intention de communiquer cette adresse au MACUSA cette semaine.

- C'est une bonne nouvelle. Cela sera en effet bien plus simple et sûr pour vous. Si vous le voulez, je pourrais communiquer l'information et la mettre dans votre dossier au MACUSA.

- Vous avez bien assez à faire, je m'en chargerai. Je dois le faire pour plusieurs institutions de toutes façon.

Un instant plus tard, ils arrivaient en vue de la maison. Alexander se gara devant elle avant de mener l'auror à l'intérieur. Ils gagnèrent le salon encore vide, le jeune homme s'en excusant, conjurant deux fauteuils pour qu'ils puissent s'installer.

- Ici, nous sommes tranquilles, remarqua-t-il.

- C'est un endroit charmant bien qu'inhabituel pour un sorcier, s'amusa l'auror.

- Vous savez ce qu'on dit sur moi : je ne fais rien comme personne, rit-il en le faisant sourire. Alors dîtes moi ? reprit-il ensuite plus sérieusement.

- Comme nous pouvions nous y attendre, votre disparition n'est pas passée inaperçue. Cependant, elle n'est pas encore connue du public.

- Vraiment ? J'ai peine à croire que le Ministère et Dumbledore aient réussi à garder ce genre d'information secrète si longtemps, ironisa-t-il en l'amusant.

- Ils l'ont pourtant fait. Vous avez de toute évidence très bien fait les choses et camouflé les traces lors de votre départ. D'après nos informations, ils ignorent encore si vous êtes parti de vous même ou si vous avait été capturé.

- Pourtant, Dumbledore a des espions chez Voldemort. Il l'aurait su s'il m'avait capturé. D'autant plus que Voldemort n'aurait pas attendu pour le faire savoir.

- Et bien il semblerait qu'il y ait des rumeurs selon lesquelles le Seigneur des Ténèbres vous aurait capturé et qu'il vous retiendrait dans un lieu secret. On ne sait pas d'où viennent ces bruits mais certains disent aussi que vous êtes atrocement torturés, qu'il se venge sur vous. D'autres disent qu'il pense se servir de vous comme monnaie d'échange contre quelque chose. D'autres encore disent que vous l'avez rejoint ou qu'il tente de vous forcer à le faire. Mais il n'y a ni source confirmée, ni réelle information vérifiée.

- Je vois. Je parie que Voldemort en est à l'origine.

- Qu'est-ce qui vous fait penser ça ? Ne serait-ce pas à son avantage de faire savoir que vous êtes partis ?

- À première vue oui et il s'arrangera certainement pour que cela se sache lorsque ça lui conviendra. Mais pour l'instant, il peut se servir de ça pour obliger le Ministère et l'Ordre à se concentrer sur ma recherche, voir, à les conduire dans des pièges en faisant courir les bonnes rumeurs. Ils pourraient organiser des sauvetages et tomber dans le piège.

- Je vois.

- Mais ça ne marchera pas.

- Pourquoi ?

- Personne du sois-disant côté de la lumière n'aurait le cran d'attaquer un repère de Voldemort pour venir me secourir. Il n'y aura même pas de tentative de sauvetage même si j'étais vraiment là bas.

- C'est à ce point ? releva-t-il écœuré. Après tout ce qu'ils ont fait pesé sur vous ? Vous ont demandé ?

- Oui. Je ne suis pas partis sans raison. Aucun camp ne vaut mieux que l'autre là bas. Quoi qu'il en soit, Voldemort profitera de la situation pour semer la zizanie là bas et tendre des pièges, essayer tout du moins. Que cela fonctionne ou pas, ça focalise l'attention ailleurs que sur les choses qu'il veut garder secrètes.

- Et loin de l'endroit où vous vous trouvez réellement également, nota-t-il.

- Oui. Je doute qu'il le voit comme ça mais ça me couvre aussi pour un temps.

- Cela mis à part, ils ne négligent aucune piste. Ils ont fait des recherches du côté des gobelins qui n'ont répondu à aucune question. La seule chose qu'ils peuvent réellement savoir, c'est que vous êtes toujours en vie. Sans cela, ils auraient pu accéder à vos biens ou au moins à un testament que vous auriez laissé. Ils ne peuvent pas êtres certains mais ils semblent le croire.

- Ils ont bien trop peur que je sois mort et qu'il n'y ait plus personne pour faire face à Voldemort. Cela les terrifie et même si je l'étais, ils préféreraient mettre la tête dans sable et s'enfoncer dans le déni. Ils sont maître en la matière.

- Je veux bien vous croire. Depuis peu, ils font des recherches à l'étranger. Ils ont commencé par les pays européens mais nous n'avons pas beaucoup d'informations là dessus. Ils ont demandé au MACUSA si vous aviez tenté d'entrer dans le pays, d'entrer en contact avec nous, de demander de l'aide ou autre chose de ce genre. Nous avons tout dénié bien entendu. Nous savons qu'ils ont demandé au Conseil Canadien également, ils ont dénié aussi. Soyez assuré que l'accord que nous avons passé est scrupuleusement respecté.

- Je n'en doute pas, sourit-il. Et pour les réfugiés dont nous avions parlé ? demanda-t-il.

- Nous ne pouvons le faire savoir ouvertement comme vous le savez mais le bruit commence à courir et les premiers se sont présentés il y a peu. Là encore, nous faisons comme nous l'avions convenu.

- Le fait que je sois à l'origine de ça…

- A été gardé secret comme vous le souhaitiez ne vous en faîte pas.

- Bien. Savez-vous comment cela se passe là bas ?

- Cela n'a pas beaucoup évolué pour le moment. Il y a des manœuvres plus ou moins visibles pour le public, des escarmouches, des manigance dans l'ombre. Les uns et les autres étendent leur influence au Ministère et dans tout les endroits clefs. Il y a de petits combat discrets mais rien de significatif pour le moment. Pour l'instant, il semble que, hormis vous retrouver pour le camps de Dumbledore, le principal objectif des uns et des autres soit l'influence et le recrutement de plus de monde que ce soit du côté des créatures magiques ou des sorciers. Ils tentent à l'étranger en ce moment. Il est fort probable que plusieurs pays européens aient été approché mais ce genre de tractations se font dans l'ombre et nous n'avons pu en savoir davantage. Des pays, des groupes aussi. Le MACUSA ainsi que le Conseil Canadien l'ont été mais ont laissé porte close bien sûr.

- Quel camps est venu ?

- Les deux, répondit-il.

- Ce n'est pas surprenant. Donc pour le moment, c'est relativement calme.

- Oui même si les prémices sont bien là et que personne n'est dupe. Les combats ont commencé et l'anarchie règne sous une cape de contrôle.

- Cela n'est pas nouveau, soupira-t-il.

- Dans tout les cas, nous n'avons aucune information qui pourrait porter à croire qu'ils ont une piste sur vous. Vous n'avez pas à vous faire pour cela. Avec un peu de chance, la guerre sera terminée avant qu'ils n'aient l'occasion de vous trouver.

- Même si c'est le cas, ce ne sera pas terminé. Si Dumbledore et compagnie gagnent, ils me chercheront encore jusqu'à me trouver. Si Voldemort gagne, il ne s'arrêtera pas au Royaume Unis même si ça peut prendre du temps.

- D'où les précautions que vous avez prises.

- Exactement. Je ne veux pas me battre pour le Royaume Unis. Ni un camp ni l'autre n'est valable là bas et personne n'est décidé à changer les choses. Cela n'aurait aucun sens. Quelque soit le camps qui sortira vainqueur, le pays va s'effondrer et une part de la population sera persécutée. Il n'y a que la manière et la part de gens protégés qui change. Malheureusement, temps que les gens n'auront pas la volonté de changer ça, de choisir une troisième voie, rien ne finira bien. On ne peut pas changer tout un pays seul. Et s'ils comprennent cela et se lèvent, ils n'auront pas besoin de moi. Si Dumbledore et ses pantins gagnent, moi et nos amis, sourit-il, peuvent encore user des lois internationales pour se défendre de leur influence. À coup sûr, une victoire pour eux, avec l'influence de Dumbledore à la Confédération, leur ouvrira la porte pour étendre leur influence à l'étranger. Le monde magique tout entier est à une période délicate avec l'expansion du monde non-maj. Quelque part, ce qu'il se passe au Royaume Unis est le prémisse du dilemme qui va se poser pour tous bientôt.

- C'est un fait, soupira l'auror. Et celui qui gagnera pourra étendre un peu plus ses idées.

- Oui. Contre Dumbledore et les autorités « officielles », nous aurons encore les lois et la diplomatie pour défendre notre indépendance et notre liberté de choisir. Mais si c'est Voldemort qui gagne, il n'y aura aucune loi qui tienne. C'est pour ça que j'ai fait ce que j'ai fait.

- Et nous pourrons tous vous en être extrêmement reconnaissant, qu'il gagne ou pas, fit l'auror. Ceux qui savent vous en sont déjà reconnaissant.

- J'espère que nous n'aurons pas à nous en servir et que si cela arrive, cela se passera bien.

L'homme lui sourit et ils discutèrent encore un moment de la situation et de la guerre britannique. Puis l'auror repartit, empruntant sa cheminée toute neuve. Un peu plus d'une semaine après cela, ce fut une autre réponse qui lui parvint. Ce jour là, il était occupé à décorer le domaine de Rael. Les bibliothèques qu'il avait commandé étaient arrivées et par l'intermédiaire des gobelins, il avait fait rapatrié la totalités des livres de son héritage. Il y avait ceux qui avaient été stocké dans ses coffres et ceux de ses demeures. Heureusement que les gobelins pouvaient y accéder avec sa permission et que, comme toujours, moyennant finance, on pouvait leur demander beaucoup de choses de ce genre. Ils étaient allés chercher les livres pour lui et lui avaient fait livrer.

Il était donc en train d'installer son immense bibliothèque, heureux de l'avoir fait agrandir en constatant la gigantesque masse de livre qui était sienne. Il le savait mais le voir physiquement était bien plus impressionnant. Les gobelins avaient eu la bonne idée de les garder triés par thème comme ils l'avaient été dans les diverses bibliothèques. Il ne lui restait plus qu'à fusionner ces bibliothèques en rangeant et à trier les quelques livres qui ne l'étaient pas. Il était occupé à cela lorsqu'une vive lumière blanche attira son attention . En une fraction de seconde, sa baguette était dans sa main et il s'avança entre ses étagères, gagnant le centre de la vaste pièce. Là, il découvrit un bison se tenant au milieu de sa bibliothèque. Un bison ou plutôt, un patronus bison. Il était éclatant, sa lumière magnifique et apaisante, l'animal très impressionnant.

Comprenant qu'il n'y avait pas de danger, sachant qu'un patronus ne pouvait pas lui faire de mal, il s'approcha, s'autorisant un sourire émerveillé. La créature de lumière blanche était vraiment splendide. Il tendit une main sans pour autant aller jusqu'à la toucher. De lui même, l'animal combla la distance qui restait, poussant délicatement son imposant nez dans sa main. Il le caressa, se demandant d'où il venait. Il ne connaissait personne qui avait un patronus bison. Il comprit cependant quand l'animal changea de forme, se transformant en boule de lumière. Elle alla se poser sur la grande table qui trônait là avant de s'évanouir. À sa place se trouvait alors un message. Un peu stupéfait de voir un objet transmis avec un patronus, il commença par l'inspecter de ses sorts pour s'assurer qu'il n'était pas piégé. Il savait que l'on pouvait envoyer des messages par patronus, il l'avait fait pour contacter les Abeytu, mais il ignorait qu'on pouvait envoyer des objets. Puis cela le frappa : les Abeytu. Peut-être que cela venait d'eux ?

Une fois sûr que le parchemin n'était pas piégé, il le prit, lisant, souriant en constatant ce que cela était. C'était bien un message de la tribu Abeytu et même de leur chef : Dyani. Elle expliquait avoir reçu son message. Elle acceptait sa demande et l'invitait à leur rendre visite à la prochaine pleine lune. Elle expliquait que le message était un portoloin qui s'activerait cette nuit là et que s'il acceptait, il n'aurait qu'à le prendre. Il n'y avait guère plus d'information. S'il craint un moment que ce soit une mauvaise idée, ne sachant rien de ces gens et de leurs intentions, il prit rapidement la décision d'y aller. L'énergie du patronus avait été une bienveillance et d'une sincérité bouleversante. Ce nouvel instinct puissant qu'il avait avec la magie était d'accord et c'était lui qui avait initié le contact. Il voulait vraiment les rencontrer et il espérait qu'ils lui apprendraient au moins l'animagus.

La pleine lune ayant lieu la semaine suivante, il eut le temps d'y penser mais cela ne le fit pas changer d'avis. Ne voulant pas inquiéter Charlie au cas où cela prenait du temps, il lui expliqua qu'il allait aller à Seattle pendant un jour ou deux parce qu'il devait aller y régler des affaires administratives après le retour de sa mémoire et son établissement définitif à Forks. Le shérif le comprit sans problème même si ses inquiétudes habituelles à son sujet se montrèrent. La chose fut pourtant prévu et si jamais il rentrait plus tôt, Alexander se disait qu'il resterait au domaine de Rael.

Quelques jours plus tard, il avait donc rejoint sa maison magique pour partir de là, y laissant sa voiture bien à l'abri dans son garage. Il s'habilla simplement pour l'occasion, passant un jean, une chemise, un pull et une paire de basket. Il ajouta un long manteau et une écharpe, le temps encore bien frais en ce mois de mars. Les Abeytu résidaient dans le même état mais plus au sud. C'était tout ce qu'il savait, leur localisation exacte n'étant pas communiqué sans leur accord. Dés que la nuit fut complète et que la lune se leva, le portoloin s'activa et il le prit.

Comme toujours à présent, il n'eut pas l'occasion de voir son point d'arrivé qu'il tombait sur un genoux, la tête fendue d'une migraine atroce, ses sens troubles. Il lutta pour se reprendre, anxieux de se retrouver dans une position de faiblesse dans un lieu inconnu avec des étrangers. Il porta une main à sa tête, luttant plus encore lorsque sa sensibilité lui fit comprendre que quelqu'un s'approchait. Pourtant, il ne se sentait pas en danger. Une main délicate de posa sur son épaule et il sentit une vague d'apaisement le parcourir.

- N'ayez crainte, fit une voix. Vous êtes en sécurité, assura-t-elle.

Il la cru sans trop savoir pourquoi et il respira jusqu'à ce que sa vision s'éclaircisse. Lorsqu'il put regarder de nouveau, il trouva devant lui une dame âgée qui avait tout de l'amérindienne traditionnelle telle qu'il se l'imaginait avec ses cheveux gris tressés ornées de plumes. Elle lui souriait, accroupie devant lui, son visage ridé incroyablement doux. Il se détendit en plongeant dans ses yeux gris, l'énergie de la dame si paisible qu'il fut certain qu'elle disait vrai.

- Veuillez m'excuser pour cette entrée, commença-t-il en grimaçant un peu. Je suis allergique aux transports magiques, s'amusa-t-il en percevant quelques rires autour de lui. Je suis Alexander White. Merci pour votre réponse et pour votre invitation.

- Soyez le bienvenu, répondit la dame. Je suis Dyani, la chef de la tribu des Abeytu.

Il lui sourit et la remercia à nouveau, respirant profondément pour se reprendre. Il regarda autour de lui, la lueur d'un gigantesque feu de camps attirant son regard. Autour de lui, il y avait de nombreuses personne ressemblant là encore à l'idée qu'il se faisait d'amérindiens. Certains étaient armés de lances mais ils étaient appuyés dessus avec nonchalance, détendu alors qu'ils l'observaient. Ils étaient visiblement dans une forêt, dans un vaste creux de terrain où il distingua de nombreux grands tipis et autres aménagements et décorations. Il se reprit progressivement et se remit sur ses pieds, vacillant un peu alors que la chef en faisait autant.

- Je vous remercie de m'accorder cette visite, sourit-il en balayant les gens de la tribu du regard.

- Les belles âmes sont les bienvenues, sourit la chef. Votre patronus, votre cerf, était vraiment extraordinaire. Je n'avais jamais vu de patronus aussi pur et puissant que celui là.

- Votre bison m'a également énormément impressionné, répondit-il. Il était magnifique.

- Venez vous asseoir. Nous avons à discuter il me semble. Vous êtes notre invité.

Il s'avança avec elle et elle l'invita à s'asseoir sur un tronc d'arbre non loin du feu. Les autres semblèrent reprendre leurs activités autour d'eux quelques personnes venant s'asseoir avec eux. Ce qui semblait être un repas, de la musique, des danses et des discussions se montrèrent bientôt un peu partout autour du foyer même si tout les regards passaient sur lui.

- Cela faisait longtemps que nous n'avions pas reçu d'étrangers, s'amusa la chef. Pardonnez leur curiosité.

- Je suis tout aussi curieux alors il n'y a aucun mal, répondit-il en les faisant sourire.

Il remercia à nouveau gentiment lorsqu'on vint lui offrir à boire et à manger, percevant facilement la bonne ambiance générale et la gentillesse même s'il y avait aussi de la méfiance, ce qui était tout à fait légitime. Au plus les jours passaient et au plus sa sensibilité devenait claire. Et à chaque fois qu'il s'était retrouvé ainsi entouré de magie, de personnes magiques depuis qu'il l'avait, il percevait plus de choses. Il lisait des ambiances d'instinct et ça aidait beaucoup. Ici, c'était bien et doux. Il n'aurait su réellement expliquer ce qu'il ressentait mais il le savait. C'était une chose assez étrange.

- Votre premier message expliquait que vous souhaitiez apprendre de nous, releva la chef. Rares sont ceux qui sont aussi francs et directs dans leurs intentions lorsqu'ils viennent à nous. En général, on souhaite d'abord faire notre connaissance, découvrir notre culture.

- C'est aussi mon cas, répondit-il. Mais la vérité est que ma première motivation est de vous demander votre enseignement et je n'aime pas le mensonge. Je préfère être honnête. Je voudrai aussi vous découvrir c'est certain, apprendre à vous connaître mais ce n'est clairement pas cela qui m'a poussé vers vous à l'origine. Je ne mentirai pas là dessus. Veuillez m'excuser si cette demande et cette approche vous offensent.

- Il n'y a guère d'offense, fit un autre vieil homme.

- Il est rare que les sorciers de votre origine fassent preuves d'une telle franchise et d'une telle honnêteté. C'est appréciable.

- Nous demandons à être contacté par patronus pour une bonne raison, reprit la chef. Savez-vous pourquoi ?

- Parce qu'ils vous permettent de lire la personnalité de leur lanceur, leur nature générale, leur signature magique…, répondit-il.

- En effet. Le vôtre était assurément celui d'une personne bienveillante et bien intentionnée, courageuse et chevaleresque, dit-elle.

- Je m'efforce de l'être, sourit-il.

- Que souhaitez vous apprendre ? questionna-t-elle.

- Je voudrai apprendre la transformation animagus et je me suis laissé dire que vous étiez expert en la matière, dit-il en les faisant sourire par ce fait connu de tous.

- Notre enseignement n'est pas nécessaire pour cela, remarqua une autre ancienne. Votre peuple sait comment faire, il connaît la potion.

- C'est vrai mais… je n'ai jamais été convaincu par cette potion même si j'ignore pourquoi, dit-il. Je sais aussi que chez vous, cette transformation est beaucoup plus profonde… signifie beaucoup plus. Je veux l'apprendre de cette manière, je veux en savoir plus que simplement apprendre à me transformer.

- Pourquoi ?

- Cette transformation a une immense valeur pour moi, sourit-il. Ce n'est pas juste un pouvoir ou une capacité, c'est… un lien avec des personnes que j'ai aimé, dit-il avec une certaine tristesse.

Il en demandait beaucoup à ces gens, il le savait. Ils méritaient qu'il soit honnête avec eux et disent pourquoi il était là. Il était conscient que pour une telle tribu amérindienne, les animagus ou la transformation animale faisait partie de leur identité profonde, de leur héritage. Ce n'était pas rien que de leur réclamer un tel enseignement.

- En quoi est-ce un lien ? demanda-t-on alors.

- Mon patronus, le cerf, ce n'est pas juste mon patronus. C'était aussi la forme animagus de mon père. Très jeune, lui ainsi que son meilleur ami qui était un frère pour lui et qui fut mon parrain magique plus tard, ainsi qu'un autre de leurs amis, ont appris cette transformation. Ils en étaient immensément fiers et ça faisait partie de leur identité. Ils ne l'ont pas appris pour le pouvoirs ou ce genre de chose. Ils l'ont appris parce qu'un autre de leurs amis cher était un loup-garou. Il vivait mal sa condition et il vivait très mal les pleines lunes. Alors ils ont appris à se transformer pour pouvoir l'accompagner en forêt ces nuits là. J'ai toujours trouvé ça très beau. Être animagus était une chose formidable pour eux, ils adoraient ça. Malheureusement, mon père est mort lorsque j'étais un bébé, il a donné sa vie pour moi.

- Tel le cerf fidèle à sa famille et près à tout pour la protéger, fit doucement la chef.

- Oui. J'ai fait apparaître mon patronus avant de savoir que c'était aussi son animagus. Cela était déjà un lien puissant avec lui pour moi. Je n'ai connu mon parrain que très tard dans ma vie, il aimait mon père comme un frère. Il voulait m'apprendre cette transformation. Ce n'était pas juste pour la capacité en elle même là encore, c'était pour avoir une chose en commun, c'était pour renouer un lien, c'était pour me transmettre quelque chose dont-ils étaient fiers. Seulement, mon parrain est mort à son tour, en me sauvant la vie lui aussi. J'aimerai apprendre cette transformation pour tenir la promesse qu'on s'était faîte de le faire, pour qu'ils soient fier de moi, pour avoir quelque chose d'eux et ne pas oublier.

Il se tut un instant, son regard perdu dans les flammes, un silence respectueux autour de lui.

- Il y a cela mais ce n'est pas la seule raison, dit-il en regardant Dyani. J'ai reçu énormément de bienveillance, d'amour, de loyauté et d'affection, de soutient et de confiance de la part d'animaux. J'ai eu plus d'amis parmi eux que parmi mes semblables et ils m'ont appris tellement. J'ai une harfang des neiges, Hedwige. Elle est ma meilleure amie, elle est comme une petite sœur à mes yeux et elle a veillé sur moi depuis notre rencontre. J'ai eu des aventures assez effrayantes avec des animaux mais chacune d'elle m'a appris énormément. Et j'ai eu des aventures magnifiques aussi. Je leur dois beaucoup et j'aimerai avoir l'occasion de mettre un pied dans leur monde, de mieux les connaître. Je sais que la transformation animagus peut faire ça.

- Ce sont de bonnes raisons, fit un ancien.

- C'est vrai, ce sont de bonnes raisons, approuva la chef. Très bien, nous vous apprendrons à une condition.

- Laquelle ? demanda-t-il un peu tendu.

- Pourriez vous nous présenter votre sœur harfang ?