Jour 1 :

Pottertober : "Tu es un sorcier, Harry !"

Kinktober : "Filet du Diable"


POTTERTOBER

1er Octobre | Balcon de la salle commune des Gryffondors, mai 1977 | 500 mots | Wolfstar. | 1ère participation

— T'as du feu ?

Remus était bourré. Les paupières lourdes, les boucles en vrac et les lèvres tachées par les cocktails que Marlène préparait comme si sa vie en dépendait. Entre ses dents, la cigarette s'agita quand il posa la question et le regard de Sirius s'arrêta sur le jaune du papier contre le blanc d'une canine un peu décalée. Merlin ce qu'il l'avait reluquée cette pauvre canine. Des années entières à guetter son apparition au coin d'un sourire, sur le moelleux d'une lèvre inférieure quand il réfléchissait. Il déglutit et tapota ses poches dans l'espoir d'y trouver son briquet. Rien.

— J'te l'ai passé tout à l'heure et tu m'l'as jamais rendu, répondit-il en expirant sa fumée.
— Merde… J'ai dû le filer à quelqu'un, grogna Remus en palpant une nouvelle fois l'avant et l'arrière de son jean.

Les manches de sa chemise étaient remontées jusqu'au coude et le regard de Sirius se perdit sur les lignes argentées qui se croisaient sur la peau tannée de ses avant-bras, sur la façon dont les tendons et les muscles bougeaient dessous. Sa cravate rouge et or était attachée autour de son poignet en un bracelet de fortune. Derrière eux, la soirée des septième année battait son plein. Il se força à ouvrir la bouche pour évacuer la tension qui s'amassait derrière ses incisives à l'idée de les planter là, de passer sa langue sur les cicatrices pour savoir si la peau y était aussi douce qu'elle en avait l'air. Amis. Ils étaient amis. Ils ne seraient rien de plus. Pas après l'incident avec Rogue.

Remus poussa un soupir et fit jouer la cigarette entre ses dents, comme s'il pesait le pour et le contre de ce qu'il allait dire. Du coin de l'œil, Sirius le vit hausser les épaules avant qu'une main, bien trop chaude et aux doigts bien trop longs, vienne envelopper l'arrière de son crâne. Une expiration tremblante lui échappa quand les iris dorés de Remus se posèrent dans les siens.

— Bouge pas, marmonna-t-il, la cigarette vacillant une fois de plus.

D'une pression, il inclina la tête de Sirius en arrière et pressa le bout de sa clope contre le tison de la sienne. Ses joues se creusèrent quand il tira sur le filtre avec force pour encourager le tabac à prendre. En réponse Sirius tira sur la sienne, illuminant la braise plus violemment et un sourire paresseux étira les lèvres de Remus, le filtre de sa clope toujours coincé entre ses dents. Sirius expira par les narines et regarda la fumée s'amasser entre eux avant que Remus recule pour cracher son propre nuage. — Merci, Pads.

— T'sais que t'as une baguette ? T'es un sorcier, j'te rappelle, Remus.

Un éclat de rire répondit à son observation et Remus extirpa la cigarette d'entre ses lèvres pour tapoter la cendre avec un sourire narquois.

— Hmm… Mais tes joues rougissent pas comme ça quand j'allume ma clope avec ma baguette, Pads.

Oh merde. Sirius détourna le regard avec un soupir excédé. Remus Lupin aurait sa peau.


1er Octobre | Grimmauld Square, 3 Novembre 1959 | 500 mots. | Seconde participation.

Quelque part dans Londres, un cri perça la nuit. Entre les arbres du parc, pour qui savait où regarder, la lueur vacillante d'une bougie était visible au travers d'une fenêtre au verre dépoli. Deux silhouettes s'affairaient autour d'une troisième allongée. Le front luisant de sueur et les dents serrées, Walburga Black essayait. Elle faisait de son mieux mais, malgré les mises en gardes et les conseils, rien n'aurait pu la préparer à la douleur qui vrillait son ventre. Son regard se braqua dans les yeux sombres d'Orion qui serrait sa main dans la sienne. L'odeur de la sauge et des multiples potions qui trônaient, ouvertes, sur la table de chevet ne suffisait pas à effacer celle du sang qui commençait à couvrir les draps entre ses cuisses. Comme un mantra, elle répétait les mots de sa propre mère : Les Black ne pleurent pas. Les Black ne ploient pas. Garde la tête haute.

À bout de souffle, épuisée, elle se laissa retomber contre l'oreiller quand vint la délivrance. Un cri, faiblard, traversa le silence de la pièce et les trois adultes présents prirent une inspiration de concert. L'Héritier des Black venait, enfin, de voir le jour.

Quelques heures plus tard, le corps encore tout endolori, elle se pencha au-dessus du berceau. Le visage encore tout chiffonné par l'expérience qu'il venait de vivre, son fils dormait. Les poings serrés autour de l'ourlet de sa petite couverture et les sourcils légèrement froncés, il semblait mécontent d'avoir été tiré de son cocon de chaleur et de silence. Après de longues heures de pleurs incessant, il avait fini par s'endormir au soulagement de sa mère. Walburga l'observa avec attention, l'un de ses doigts venant effacer le pli entre ses sourcils avant de replacer la couverture correctement sur lui. Elle n'avait jamais voulu être mère. N'avait jamais eu d'autre choix. L'inquiétude lui rongeait le ventre en pensant à ce qu'il se passerait si… La sage-femme avait grimacé en découvrant la signature magique de l'enfant. Faible. Trop faible pour un sorcier. Trop faible pour un Black.

Toute sa vie, elle s'était efforcée d'être parfaite, de suivre à la lettre les ordres de son père et les conseils de sa mère. Elle avait porté les robes étouffantes, tenu son dos droit à s'en briser les vertèbres, avait appris les arts de la table et comment tenir une maison à la perfection. Elle s'était laissé courtiser par les bonnes personnes, s'était marié avec celui qu'on avait désigné pour elle. Elle n'avait fait aucune vague, aucun remous. Son regard se durcit en se posant sur l'enfant, probablement déficient, qui venait de sortir de son ventre. Elle pinça la joue de son fils qui ouvrit des yeux surpris avec un son pitoyable. Le regard, encore bleu, du nourrisson semblait vide d'intelligence. Elle n'en braqua pas moins ses yeux dans les siens.

— Tu seras un sorcier, mon fils.

Elle ne le laisserait pas ruiner des années de perfection en souillant son héritage. Elle avait travaillé trop fort, trop donner pour en arriver là.


KINKTOBER

1er Octobre | Filet du Diable | 500 mots | Wolfstar
TW : Dom/sub, Shibari, restrictions sensorielles.

Il ne voyait rien. Il n'entendait rien. Il ne sentait rien.

Le monde ne se résumait qu'à l'emprise des cordes sur sa peau, la sensation de l'air frais sur son sexe humide et celle incroyable d'étourdissement qui l'étreignait à chaque pression du pied de son amant contre sa jambe. Suspendu au milieu de leur chambre, Sirius tournoyait avec lenteur.

Remus avait passé une demi-heure à tisser le lassis de cordes qui s'entrelaçaient sur sa peau avant d'enfin le suspendre. Le sentiment de légèreté qu'il avait ressenti quand son corps s'était soulevé du sol n'avait été étouffée que par la brûlure délicieuse des cordes contre son épiderme. Par la sensation d'être maintenu en un seul morceau par la grâce des liens de jute qui s'enroulaient autour de ses membres. Perdu dans un monde où rien n'existait en dehors de son propre derme, il inspira sèchement par les narines quand le sort qui avait émoussé ses sens fût levé.

Tout lui parvint d'un coup.

L'odeur de sexe, capiteuse, qui régnait dans la pièce, supplantée uniquement par le parfum de la peau de Remus, juste devant lui. Le grincement des cordes, sa propre respiration saccadée, entrecoupée de gémissements piteux, le rire suffisant qui s'échappa des lèvres de son amant. Il ouvrit les yeux. Sur le parquet, allongé sous lui, Remus l'observait avec fascination. Ses lèvres étaient étirées en un sourire tendre que son regard éclipsait complètement. Il y avait de la révérence dans les yeux dorés qui parcouraient son corps. Remus le regardait toujours de la même façon dans ces moments-là. Il avait toujours l'air un peu étonné, un peu étourdi, comme s'il n'en revenait pas vraiment. Comme si la simple idée qu'il ait le droit de faire ça, qu'on lui en donne la permission, dépassait l'entendement.

— Alors, Trésor ? On est où ?

Au-dessus de sa tête, l'orbe lumineux était d'un vert vif, mais Remus tenait toujours à s'assurer vocalement que Sirius allait bien, malgré le sort relié à son collier qui, en toute circonstances, renseignait le sorcier sur l'état de son amant. Deux doigts, à la peau couverte de cicatrices argentées, s'insérèrent sous le bâillon et le tirèrent hors de sa bouche. Sirius déglutit laborieusement et cligna des yeux avec langueur. Il peinait à faire le point, à rassembler ses pensées éparses. Un nouveau gémissement lui échappa, plus pitoyable encore que les précédents et Remus soupira en remplaçant le bâillon par ses doigts. La langue de Sirius s'enroula autour de ses phalanges avec empressement alors que la seconde main de son amant se refermait sur son érection douloureuse. Ses yeux se remplirent de larmes. Il était si proche. Un sursaut agita sa carcasse et les cordes grincèrent. Il l'avait bien cherché.

— Rappelle-moi ton safeword, Trésor ? demanda Remus en retirant ses doigts.

Un filet de bave s'étira sur le menton de Sirius qui rassembla ses dernières forces pour marmonner d'une voix tremblante.

— Devil's snare.
— C'est bien… Tu sais… Tu peux toujours réclamer poliment pour ce que tu veux, Trésor.
— Plutôt crever.

Le sourire de Remus se fit carnassier.